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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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2 février 2017 4 02 /02 /février /2017 16:40

Georges Ravis-Giordani : "La société corse s'est alignée sur la France"

Analyse tres dialectique de Ravis Giordani que j'estime personnellement  sur le plan de l'etude sociologique
 
C'est bien par ce que la Corse se "continentalise" et se "boboise" au passage que l'affirmation identitaire est de plus en plus idéologique ( propre à tous les dangers)
Ca devrait faire reflechir in fine ceux qui veulent voter pour les Natios pour que "ca change" : en fait ils risquent de voter pour un mouvement qui ne fera que de la figuration idéologique
(des pantins en somme)  Le panneau indicateur en langue corse masque  l'aliénation  économique de l'ile au tout tourisme et à la  "residence-secondairisation" du territoire devenu la banlieue du Paris friqué . Ce ne serait pas trop grave si dans ces conditions les gesticulations  identitaire ne favorisaient pas l intolérance chez certains esprits peu éduqués
 
 
 
 
 
 
Ceux qui s'y connaissent disent de Georges Ravis-Giordani qu'il est une sommité. Originaire du Cap Corse par sa mère, normalien, professeur de philosophie et d'ethnologie, le chercheur aujourd'hui retraité a consacré une grande partie de ses travaux à la vie des bergers du Niolu dans les années 1960-1970.
À l'occasion de l'hommage qui lui était rendu à Bastia (lire par ailleurs), il revient sur son parcours et décrypte la société corse d'aujourd'hui.
Il y a eu des changements très importants depuis l'époque de vos recherches en Corse...
C'est vrai. J'ai débuté mes travaux dans une Corse qui commençait à se repositionner sur le plan politique, idéologique et culturel. Beaucoup de choses étaient à peine éveillées.
La situation aujourd'hui est complètement différente. J'ai connu une Corse rurale qui a maintenant presque disparu. Aujourd'hui, avec les avancées institutionnelles, nous sommes à la croisée des chemins. Les Corses ont plus de liberté de décider ce que peut être leur destin.
Dans le cadre de vos recherches sur la société pastorale corse, vous insistez sur la nécessité d'une mise en perspective plus large, pour éviter d'être autocentré...
Je pense qu'il fallait remettre cette société en perspective, au moins dans le cadre méditerranéen et en n'hésitant pas à franchir la mer pour aller vers des rives plus au Sud.
Il y a beaucoup de choses qui rapprochent les sociétés du Maghreb, dans leurs racines berbères et arabes, de la Corse.
Napoléon disait lui-même qu'il était né dans une région du monde qui était à mi-chemin entre l'Europe et ce qu'il appelait la Berbérie et que cela lui avait ouvert l'intelligence de mondes différents.
Cette ouverture n'est pourtant pas évidente dans la société corse d'aujourd'hui...
Elle manque totalement. Même au niveau de l'ouverture avec l'Italie. J'ai toujours souhaité qu'il y ait plus d'ouverture sur la Sardaigne car c'étaient deux sociétés différentes mais qui avaient quand même beaucoup de points communs, c'est dommage de ne pas avoir plus travaillé dans ce sens. Il n'y a pas dans la société d'aujourd'hui cette conscience de ce que nous avons de commun à partager avec d'autres sociétés, cela me préoccupe beaucoup.
Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Il y a, je pense, une crispation identitaire qui est liée à la difficulté d'envisager le futur, commune à l'ensemble du monde occidental. La crise frappe en Corse comme ailleurs et on peut y trouver des réactions et des espérances qui ne sont pas les bonnes. Je suis étonné de voir la montée du Front national en Corse, parallèlement à la montée du nationalisme, alors que l'on a longtemps cru les deux mouvements antagonistes. Quand je regarde dans mon village qui vote nationaliste et qui vote Front national, ce sont en partie les mêmes. C'est quelque chose qui était moins évident il y a trente ou quarante ans.
Pouvait-on prévoir cette évolution ?
On aurait dû comprendre qu'on s'exposait à cela en posant tous les problèmes sur la base du peuple corse dans son ensemble, toutes classes, toutes catégories sociales, toutes orientations politiques confondues. On ne pouvait ainsi qu'encourager les formes les plus primaires et les plus simplistes du communautarisme. On ne rend pas possible de décrypter un certain nombre de processus.
Quelles questions aurait-il fallu se poser ?
On aurait dû se demander qui avait intérêt à maintenir la Corse dans l'état de sous-développement dans lequel elle est longtemps restée ? Pour quelles raisons et de quelle façon on pouvait en sortir ? En mettant en avant quel mot d'ordre ?
Est-ce trop tard ?
Non, mais on a perdu du temps.
Quel regard posez-vous sur la société corse d'aujourd'hui ?
Tout a changé. La proportion de familles monoparentales est supérieure en Corse qu'en France continentale, ce qui est étonnant dans un pays où la famille était assez structurée et forte. Le nombre de divorces est le même que sur le Continent, tout comme la taille des ménages. Sociologiquement parlant, au cours de ces trente dernières années, la société corse s'est largement alignée sur la France continentale.
Il y a pourtant toujours des revendications identitaires...
Elles sont cependant plus idéologiques que sociologiques. Parce que sur le plan des moeurs, de l'alimentation, de l'éducation, il n'y a finalement pas tellement de différences. On mange la même chose, on a le même mode de vie. Et finalement, l'affirmation de l'identité est d'autant plus forte que l'identité ancienne se perd. C'est toujours comme cela : quand l'originalité d'une société se délite, on affirme idéologiquement son identité.
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