Les questions en gras sont de G. Streiff journaliste de l’Huma. La structuration en paragraphes et les italiques sont de mon choix.
Paul Barbazange.
Quels changements sont nécessaires dans notre organisation ?
Hervé Poly : D’abord je pense qu’il ne faut pas faire de la question de la transformation du parti une forme de course de vitesse vers un pseudo modernisme qui cacherait dans les faits un recul idéologique.
Je ne pense pas, par exemple que la nouvelle carte du parti où l’on supprime la faucille et le marteau et ce sans aucun débat, soit une avancée transformatrice. Les symboles sont porteurs de sens, et le nôtre traduit notre ancrage du mouvement politique révolutionnaire. Vouloir le faire disparaître apparait de manière tout-à-fait légitime comme une volonté : celle de rompre avec un courant d’idées qui est l’essence même de notre organisation.
Les transformations du parti doivent pour moi être en prise avec le parti et avoir pour préalable notre volonté d’un épanouissement démocratique des militants à la base. Or, la réforme des statuts va à l’encontre de cette exigence, on peut faire toutes les déclarations de bonnes intentions, mais dans les faits, ce qui est proposé au travers des nouveaux statuts s’avère tout le contraire.
La modification de la clef de répartition financière des quatre organisations structurantes de notre parti pose un grave problème. Passer de la règle financière des quatre quarts [cellule, section, fédération, direction nationale] à une nouvelle règle de trois [section, fédération et direction nationale] entérine la mort des cellules et assèche de fait de 17% les finances de nos organisations de base. Il s’agit là d’une faute politique lourde qui s’assimile à la nouvelle bureaucratie du futur fonctionnement de notre parti.
Nous ne sommes plus en l’espèce dans une transformation mais dans une liquidation de nos organisations de base. On croit bien faire mais c’est prendre le parfait contre-pied de ce que désire l’immense majorité des communistes. La "cellule" doit rester l’organisme "vivant" de notre parti.
Comment renouveler notre activité avec le monde du travail ?
Hervé Poly : Sur la question de l’entreprise force nous est de constater que nous avons fortement reculé dans la vie des cellules à l’entreprise. La tâche est immense et reste une priorité difficile à mettre en oeuvre. Pourtant, une présence régulière, un contact étroit avec les organisations syndicales, peuvent permettre à terme de nous redéployer dans des lieux de travail éclatés où il est plus difficile d’être présents. Par ailleurs une présence régulière aux portes des boîtes, un contact étroit avec le monde du travail peut nous permettre de rendre visibles et plus pertinentes encore les interventions de nos élus. Avec nos élus, en charge des questions économiques nous nous employons, filière par filière, à prendre des points d’appuis pour faire des propositions offensives permettant le développement économique de notre région. C’est le cas sur la filière ferroviaire où d’ailleurs les militants communistes à la SNCF ont décidé de mutualiser leurs actions en créant un réseau de militants cheminots dans le Nord-Pas-De-Calais ; être à l’offensive idéologique, par exemple sur les questions industrielles, peut nous permettre à terme d’aller mieux dans nos combats sur cette question du travail politique à l’entreprise.