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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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28 janvier 2007 7 28 /01 /janvier /2007 13:44
                                            SNCM
Walter Butler, mangeur de boîtes
Spécialiste des reprises d'entreprises en difficulté, ce financier signe un bilan très mitigé.
Par Grégoire BISEAU in « LIBERATION »vendredi 19 janvier 2007

Petite devinette : qu'y a-t-il de commun entre le PSG, la compagnie maritime SNCM, César, le leader mondial du costume de déguisement, ou encore France Champignon ? A priori rien. Sauf que ces entreprises ont dans leur capital un dénommé Walter Butler. Son métier ? Faire de l'argent avec des entreprises dites en difficulté. Dans le jargon de la finance moderne, la boutique de Monsieur Walter (ButlerCapitalPartners) s'appelle un fonds de retournement. Comprenez : ce fonds d'investissements s'est fait comme spécialité d'acheter des entreprises mal en point, de les restructurer vite fait bien fait, puis de les revendre, si possible plus cher. La totalité de l'opération ne doit pas dépasser sept ou huit ans.

Lumière médiatique. Jusqu'à cet été, monsieur Butler vivait tranquillement caché, à l'abri des médias. La reprise mouvementée de la SNCM puis celle du PSG dans la foulée l'ont fait sortir du bois. Son entourage confessait que l'homme n'était pas insensible à cette nouvelle lumière médiatique. Sauf que le début de saison calamiteux du PSG et la bataille juridique autour de la SNCM ont quelque peu compliqué le plan de com. Mais ces déboires n'ont pas empêché l'homme d'affaires, né au Brésil d'un père américain, de continuer.
Coup sur coup, il vient d'annoncer le rachat de l'activité européenne de fils industriels du groupe Rhodia et a pris le contrôle de 51,8 % du capital du groupe de messagerie Sernam, ex-filiale de la SNCF. Un investissement de 10,7 millions d'euros. Cédée en 2005 par la SNCF après y avoir injecté 503 millions d'euros, la Sernam a une réputation épouvantable. Pas un seul exercice profitable dans sa triste existence. Mais après le chèque signé par la SNCF et un plan social (200 emplois supprimés sur 2 000), le groupe n'est plus très loin des bénéfices. D'où la réaction de la CGT qui a dénoncé «un cadeau royal» à Butler. «Il ne faut pas exagérer ; si c'était le cas, il faut se demander pourquoi il est le seul à vouloir investir dans la société», défend un cadre de la Sernam.
L'ADN de Walter Butler est pour le moins hybride. Enarque, passé par le cabinet de François Léotard quand celui-ci était ministre de la Culture, il part ensuite se réfugier aux Etats-Unis apprendre le métier de banquier d'affaires chez Goldman Sachs. En 1990, il revient en France pour fonder son premier fonds d'investissements. Il croise le chemin de tous les grands parrains du business français : Bernard Esambert, Alain Minc, François Pinault... avec qui il fera plusieurs coups. Son passage dans les entreprises laissera des traces mitigées.
Chez César, on jure que le résultat est très positif. Au bord du dépôt de bilan en 2001 pour cause de croissance mal digérée, la PME (1 470 employés) pète aujourd'hui la forme. La contrepartie ? En l'espace de quatre ans, toute la production française a été délocalisée en Chine et à Madagascar. Même l'usine de l'île Maurice a été fermée l'an dernier. Pas assez compétitive. «Butler ne m'a jamais imposé une nomination ou le recours à tel ou tel consultant», assure Benoît Pousset, le patron de César. Ca donne quoi, alors, une discussion avec Walter Butler ? Pousset se souvient de ce dialogue. «Si c'était votre argent, vous remettriez au pot de l'entreprise ?» demande Butler au jeune patron. Et Pousset de répondre : «J'aimerais bien avoir cinq millions d'euros à ma disposition.»
Bradage d'Etat. Coprésident d'Ipsos, Jean-Marc Lech n'a pas que des mots tendres pour celui qui a été son actionnaire pendant un an et demi. «Au bout de quelques mois, on a appris que Butler cherchait à nous vendre à un concurrent», raconte-t-il. Finalement, Ipsos échappera à la fusion et ira en Bourse. Et Butler fera une jolie culbute.
Pour être sûr d'entendre des noms d'oiseaux, il suffit d'aller frapper à la porte de la Compagnie méridionale de navigation (CMN), le concurrent de la SNCM. «Malgré sa bonne éducation, M. Butler n'a aucune parole. Il est là pour se gaver de subventions publiques et ensuite faire la culbute», assure un cadre de la compagnie qui est convaincu que, derrière la privatisation de la SNCM, se cache un déplorable bradage d'Etat. On aimerait bien avoir la version de M. Butler. Malgré nos demandes répétées, il a refusé de nous répondre.
Qui a dit que les fonds d'investissements étaient transparents ?

N.D.L.R.
Marie-George propose, dans son programme, la re-nationalisation de la SNCM


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