Après l’austérité de Manuel Valls, aurons-nous à subir celle de François Tatti ?
Le conseil de la Communauté d’Agglomération de Bastia s’est réuni les 22 et 30 avril pour arrêter les comptes 2013 et établir le budget 2014. Ces réunions ont donné lieu à une confrontation très vive entre le président François Tatti et l’opposition de gauche.
François Tatti a repris ses arguments de campagne sur la “situation dégradée des comptes de la CAB”, ajoutant “que la situation était pire que ce qu’il avait imaginé”. Pourtant au conseil du 22 avril, les comptes 2013 ont été arrêtés à l’unanimité avec un excédent global de plus de 7 millions d’euros. Il n’y a donc aucun déficit à la fin de la mandature 2008/2013. Le débat s’est surtout cristallisé sur les comptes 2014. A partir d’une prévision budgétaire de 85 millions d’euros pour le budget principal et les budgets annexes de l’eau, de l’assainissement et des transports, François Tatti a pointé une insuffisance de capacité d’investissement de 1,35 million d’euros sur le budget principal dont le montant est de 50 millions d’euros. Pour lui ce serait une situation négative révélatrice de la dégradation des finances dont il rend responsable l’ancienne majorité, alors qu’il en a été membre et, à ce titre, voté tous les budgets. Il a annoncé avec gravité un audit des finances et des mesures de redressement.
Pour l’opposition, j’ai souligné que la gestion précédente avait permis de réaliser 117 millions d’euros de travaux dont les plus importants sont le stade Armand Cesari (désormais homologué Ligue 1 jusqu’en 2023), la modernisation des transports en commun (dont 43% des 3 millions de passages sont gratuits), la construction de la nouvelle station d’épuration des eaux usées à l’Arinella, l’aménagement de la zone d’aménagement économique d’Erbajolo d’une surface de 14 hectares, l’aide à la construction de plusieurs centaines de logements sociaux, l’extension du COSEC de Furiani, la construction de l’Office de Tourisme, pour ne citer que les travaux les plus importants.
Cet important programme d’investissements a été réalisé sans augmenter la pression fiscale depuis 2002, sans augmenter le prix de l’eau (qui est de 3,59 euros du m3 contre 4,15 euros pour la moyenne nationale), en maintenant une taxe d’enlèvement des ordures ménagères à environ 90 euros par an et par habitant pour un coût réel du service de 160 euros par an et par habitant. A noter que la fiscalité totale de la CAB (particuliers et entreprises) est, en 2012, de 344 euros par habitant contre 391 euros en moyenne des agglomérations comparables. En 2012, la CAB a investi 355 euros par habitant contre 245 euros pour les agglomérations comparables. Ce programme exceptionnel a été financé à 34% par le recours à l’emprunt et le reste par l’autofinancement et les subventions. Ces choix ont été faits par la majorité de gauche de l’Agglo, dont François Tatti a fait partie jusqu’au bout, avec le souci d’une gestion sociale: plutôt le recours à l’emprunt que la hausse des taxes et de la fiscalité.
Malgré l’excédent 2013 de 7 millions d’euros, le budget 2014 connaît une contrainte budgétaire très forte qui se traduit par ce manque à gagner de 1,35 millions d’euros pour l’investissement du budget principal. François Tatti a brandi ce chiffre à travers tous les médias pour incriminer l’ancienne majorité. Comme pour Bastia, il s’attribue les roses du bilan des réalisations mais laisse les épines aux autres. En réalité, la CAB, subit de plein fouet les mesures de réduction de la fiscalité accordées aux entreprises et des dotations de l’Etat aux collectivités prises par le gouvernement de François Hollande pour 2013. Et Manuel Valls annonce 11 milliards de réductions pour les 3 prochaines années. Ainsi, cette année la CAB voit son produit de la fiscalité des entreprises baissé de 442 mille euros et celui des dotations de l’Etat de 658 mille euros, une nouvelle ponction de 150 mille euros au titre du plan de “stabilité” de Manuel Valls est programmée.
Enfin, la facture 2014 que la CAB va payer au SYVADEC (dont François Tatti est le président) pour le traitement des ordures ménagères va augmenter de 200 mille euros, +4,6% par rapport à 2013 (4,5 millions contre 4,3) en raison de la hausse de la TVA. Au total, l’austérité budgétaire du gouvernement Hollande va réduire de 1,45 millions d’euros les recettes du budget principal de la CAB, -4,5% par rapport aux recettes de 2013. Cette somme est à rapprocher des 1,35 millions d’euros de déficit de la capacité d’investissement nette de la CAB. C’est bien l’austérité qui est la cause des contraintes budgétaires de la CAB. Mais cela François Tatti ne veut pas l’entendre, et pour cause. N’a-t-il pas fait alliance avec Emmanuelle Degentili, confirmée secrétaire nationale du PS en relation privilégiée avec Manuel Valls, champion de la gauche austéritaire, et avec Jean-Louis Milani, représentant de l’UMP qui pousse à la réduction des dépenses publiques?
Il est à craindre que les mesures budgétaires dites de “redressement” que François Tatti entend imposer à la CAB soient supportées par les personnels et les habitants. Plusieurs membres de la majorité “tattiste” ont demandé un audit des dépenses de personnel, d’autres ont parlé de “resserrer les boulons”, d’autres ont annoncé une remise en cause de la gratuité des installations sportives pour les clubs amateurs et ont écarté le logement social de leurs priorités. En commission des finances il a été évoqué une possible augmentation de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Toute la politique sociale est menacée par ces déclarations.
A l’austérité à la mode Valls s’ajouterait l’austérité façon Tatti. François Tatti entend-il trouver dans la poche des habitants 1,35 millions d’euros de marges financières que la politique d’austérité a supprimé à la CAB?
Nous appelons les personnels de la CAB et les habitants à se montrer très vigilants pour faire échec à toute remise en cause des acquis sociaux de la CAB. Ils peuvent compter sur les élus de l’opposition pour être à leurs côtés contre l’austérité, celle de Valls comme celle de Tatti.
Francis Riolacci, conseiller communautaire
Le 2 mai 2014