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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 07:52

Braouezec, Zarka, Martelli, Fraysse… annoncent leur retrait du PCF : pourquoi maintenant ?

 

28 notables du courant « refondateur » ont annoncé leur intention de quitter le PCF dans la semaine suivant les élections régionales. Leurs déclarations de rupture se succèdent depuis à un rythme régulier : Braouezec, Zarka, Martelli, Fraysse...

 

A vrai dire, c’est une décision logique qui se situe dans la continuité de leur positionnement. Depuis une quinzaine d’années au moins, ils estiment que le PCF n’a plus de raison d’être. Ils théorisent sur la nécessité du « dépassement de la forme parti », en fait uniquement de la forme « Parti communiste », de la « matrice bolchévique », comme l’écrit Martelli.

 

Derrière les formules, les communistes ont pu mesurer la dérive politique.

 

En prétendant promouvoir la « démocratie participative », les « refondateurs » se détournent de l’organisation politique  révolutionnaire qui a seule permis à la classe ouvrière, aux salariés d’intervenir sur le champ politique essentiel, celui de la lutte des classes. Souvent élus ils s’intègrent au contraire dans le cadre institutionnel de la démocratie bourgeoise délégataire.

 

Ils sont partisans de longue date de l’intégration et du dépassement du PCF dans un « pôle de radicalité », à la « gauche » du PS. L’expérience des « collectifs antilibéraux » en 2006, dont ils ont été ardents supporters, a bien traduit l’esprit de clubs politiciens auquel ramène leur projet. Dans la pratique, cet affichage de « radicalité » coïncide avec une collaboration rapprochée avec le PS dans les cadres institutionnels.

 

Sur les positions de fond, les refondateurs poussent loin le révisionnisme. Le philosophe estimé, Lucien Sève, a théorisé sur le dépassement de l’objectif de propriété collective des moyens de production. Depuis les années 90, il va jusqu’à promouvoir le développement de l’actionnariat salarié. Ses thèses ont servi à justifier justifié les privatisations de l’ère Jospin, cautionnées par Hue, Buffet et Gayssot (France télécom, Air France…).

 

Logique, le départ des refondateurs ne représente pas non plus un grave affaiblissement pour le PCF. Certes, ces personnalités sont connues. Leur décision est largement relayée dans les media. Elles sont aussi, pour certaines, reconnues dans le Parti pour leur apport passé, notamment en tant qu’intellectuels communistes (Sève, Martelli). Mais les refondateurs n’ont jamais représenté un courant nombreux dans le Parti et notamment parmi les militants. Bien conscients de cette réalité, ils se sont bien gardés, encore au 34ème congrès, de soumettre au vote des communistes leur plate-forme alternative.

 

Non, la vraie question qui appelle l’attention des communistes est surtout : « pourquoi ils partent maintenant ? ».

Jusqu’à présent, tout en affichant leur rejet de la « forme PCF » et des désaccords avec la direction du Parti, la plupart des personnalités de cette mouvance avait décidé de rester dans le Parti, ne suivant pas les générations précédentes de « rénovateurs » et « reconstructeurs » jusqu’au bout de leur cheminement vers le PS.

Ils ne voulaient visiblement pas se couper des communistes et de l’héritage du Parti, dont ils se réclament. Il faut dire aussi qu’ils doivent principalement au PCF leur notoriété et leurs postes d’élu.

 

Qu’est-ce qui peut avoir changé aujourd’hui, au lendemain d’élections comme les régionales qui ne sont pas vraiment capitales ?

Et puis pourquoi partir maintenant au moment même où la stratégie de la direction du Parti colle de si près à leurs positions de toujours? Depuis la « Mutation », en passant par la « gauche plurielle », du Congrès de Martigues jusqu’aux collectifs antilibéraux, la direction du PCF les avaient suivis. Aujourd’hui, le « Front de gauche » fait bien directement écho au « pôle de radicalité » et semble le rejoindre.

 

Justement !

Sans doute les refondateurs ont-ils trouvé un nouveau cadre qui leur permet d’agir et de développer leur ligne en dehors du PCF.

A côté ou dans le « Front de gauche », ils peuvent espérer conserver un lien avec les adhérents du PCF et un cadre pour garder leurs positions d’élus, indépendamment de son appareil. Ceux d’entre eux qui ont des positions dans les fédérations du PCF ont annoncé pragmatiquement qu’ils y resteraient...

 

En même temps, dans le « Front de gauche », les refondateurs et leurs amis (ex : Clémentine Autain) ont intérêt à exister en tant que tels, avec maintenant leur FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique), pour ne pas être supplantés, dans la recomposition en cours, comme dans la course à 2012 par d’autres comme le Pg.

L’éviction de certains des leurs aux régionales (notamment en Ile-de-France et au second tour en Seine-Saint-Denis et dans le Val d’Oise) aurait été un avertissement.

 

Indépendamment du PCF, ils peuvent aussi œuvrer à l’élargissement d’un « Front de gauche » tout azimut. Dans une interview au Monde, Braouezec tend de nouvelles perches à des fractions du NPA, du PS et de l’Europe-écologie de Cohn-Bendit que le maire refondateur de Sevran, Stéphane Gatignon a déjà rejoint pour les régionales.

 

Enfin en quittant de façon bien orchestrée et médiatisée, ils participent à la campagne visant à donner l’idée d’une décomposition du PCF.

 

Garder, récupérer le mot « communisme », en se débarrassant de toute sa signification historique, en particulier en termes d’organisation, en jetant le PCF, c’est l’objectif politique théorisé par Roger Martelli. Certains pensent y arriver maintenant hors du PCF. D’autres pensent important d’y rester pour continuer à le vider de son identité révolutionnaire et accompagner sa dilution dans le « Front de gauche ».

 

Au contraire pour nous et, pensons-nous pour de nombreux communistes, le mot « communisme » a trouvé son sens par son histoire et les organisations qui l’ont fait vivre dans le combat de classe et dans la perspective du socialisme.

Nous le revendiquons plus que jamais en lien avec notre bataille pour faire vivre et renforcer le PCF.

                        site: Vive le Parti Communiste Français

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