le 3 Juillet 2012
L'audit sur les dépenses publiques préconise un nouveau tour de vis pour répondre aux exigences de l'Union Européenne. Quatre personnalités avancent dans l'Humanité des propositions alternatives.
- L'éditorial de Patrick Apel-Muller
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La climatologie des marchés financiers bénéficie, avec le journal le Monde, d’un baromètre infaillible. Ainsi annonce-t-il, dans son numéro daté d’hier, « le tournant de la rigueur » et juge qu’« un audit qui (la) rend inévitable » a été publié avec le rapport de la Cour des comptes. Bel exercice que voilà, publié opportunément à la veille de la déclaration de politique générale de Jean-Marc Ayrault devant l’Assemblée et le Sénat ! Le volet diagnostic n’était pas de nature à réjouir le monde de la Bourse et de l’agio. La droite a accru la dette du pays de 900 milliards d’euros, non pas pour investir dans des industries d’avenir, non plus que pour qualifier les salariés et améliorer le bien-être de nos concitoyens, mais pour alléger la fiscalité des plus fortunés, consentir de mirifiques cadeaux aux entreprises et nourrir la fournaise des marchés financiers. Un bouclier fiscal plaqué d’or, des niches fiscales aménagées comme des palaces pour les spéculateurs immobiliers, des aides publiques distribuées sans vrai contrôle pour être agréable aux ténors du CAC 40… tout cela se paie, nous disent aujourd’hui les bons apôtres de l’austérité, et c’est au menu peuple des villes et des campagnes qu’ils entendent présenter l’addition. C’est là que l’exercice piloté par le premier président de la Cour des comptes, le socialiste Didier Migaud que Nicolas Sarkozy avait jugé adepte de sa religion économique, devient de l’illusionnisme de haut vol. Puisque l’austérité nous a plongés dans une quasi-récession, que la chute du pouvoir d’achat en 2011 a rendu la consommation atone et que l’amaigrissement des services publics fait la langueur de l’emploi, il faut doubler les doses, nous dit ce bon docteur. Et il met le paquet, recommandant d’ajouter à une hausse de la CSG une augmentation de la TVA (on croirait du François Fillon…), de réduire le nombre de fonctionnaires, mais aussi leurs salaires, mettre au régime sec les collectivités locales, la Sécurité sociale, tailler dans les dépenses sociales… Total réclamé pour 2013 : entre 33 et 38,5 milliards ! Arsenic et vieilles ficelles !
La Cour des comptes ne cache pas qu’elle vise un seul point cardinal, « la crédibilité vis-à-vis de ses partenaires européens comme de ses créanciers ». La panoplie de dispositions qu’elle avance est assortie, ton sur ton, avec le projet de pacte budgétaire européen, sorti quasi immaculé des dossiers d’Angela Merkel pour se nicher dans le maroquin de François Hollande. Austérité tous azimuts derrière un léger babil sur la croissance, voilà ce qui serait imposé au peuple et accordé aux géants de la banque. Une vis sans fin !
Avant que le gouvernement prenne pour argent comptant de telles prescriptions économiques, l’Humanité s’est tourné vers ceux qui échappent au pas cadencé de la pensée unique et proposent d’autres voies pour échapper à la dette, rendre l’emprunt vertueux, mobiliser les fortunes gâchées comme ces 172 milliards d’euros de niches fiscales et d’exemptions sociales accordées aux entreprises ces dernières années. Les mesures qu’ils avancent font bien meilleur ménage avec le credo de campagne de François Hollande en faveur de la croissance et avec les espérances de ceux qui ont choisi une majorité de gauche.