
Manuel Valls voulait procéder à des conversions forcées à son archéo-libéralisme et obtenir une abjuration générale des principes de la gauche. Il a failli et n’avait plus qu’un abus de confiance (avec ce 49-3 si décrié par François Hollande) pour tenter d’imposer la loi Macron. La ligne de fracture s’est élargie dans ce qui était sa majorité entre des gouvernants du renoncement et des élus qui restent attachés au progrès social. Le hold-up tenté sur le socialisme et son histoire se termine en grand ratage. L’opinion le voit et les mantras répétés sur la folle modernité du texte porté par le ministre banquier se terminent en onomatopées.
Les dernières déclarations d’Emmanuel Macron trahissent son projet et une nouvelle fois son mépris des milieux populaires : « Si j’étais chômeur, a déclaré le banquier qui gagnait un million d’euros en quelques mois, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essaierai de me battre d’abord. Si j’étais chômeur, je serais inquiet, concentré et au combat. » De son bureau ouaté, entre deux tirades célébrant sa propre modernité, il juge donc les travailleurs privés d’emploi insouciants, décontractés et ne cherchant nullement un nouveau poste. Même Pierre Gattaz ne serait pas si arrogant, méprisant, loin des réalités.
Pour couronner cette séquence politique, il vient de nous apprendre qu’il n’était même plus socialiste. Le pays l’avait remarqué... L’échec ne sert pas toujours de leçon. Jeudi, devant l’Assemblée, le premier ministre, le souffle court, a persisté dans l’aveuglement devant la situation catastrophique du pays et dans l’exaltation des cadeaux qu’ils déversent sur le patronat, avouant seulement sa déception que la droite ne l’ait pas accompagné sur un texte qui décalque le discours des Sarkozy, Fillon et autres Lagarde. Restaient un laborieux plaidoyer et une énergie dissipée. Il devient urgent de tourner la page.