Clio,la muse de l'Histoire
SOURCE: Gilbert Remond
MITTERRAND ET LA GUILLOTINE
Du 1er février 1956 au 12 juin 1957, François Mitterrand, ministre de la Justice d'un gouvernement présidé par le socialiste Guy Mollet, a envoyé à la guillotine plusieurs dizaines de combattants algériens.
Dès février 1956, il accepte que des pouvoirs « dictatoriaux » soient accordés à Guy Mollet afin que celui-ci intensifie le guerre en Algérie. il se prononce aussi en faveur d'un recours aux exécutions capitales. Enfin, c'est son autorité que, le 17 mars 1956, sont publiées les lois 56-268 et 56-269 qui permettent aux tribunaux militaires d'appliquer - sans instruction préalable - la peine de mort aux combattants algériens pris les armes à la main.
Le 19 juin 1956, deux premiers condamnés sont conduits à la guillotine dans la cour de la prison de Barberousse, à Alger : Ahmed Zabana, un ouvrier soudeur de trente ans, rendu infirme par ses blessures, est exécuté à 4 heures du matin, et Abdelkader Ferradj, trente-cinq ans, exécuté sept minutes plus tard.
Le 11 février 1957, sont exécutés Fernand Iveton [2] et deux autres combattants algériens, Mohamed Lakhnèche et Mohamed Ouenouri.
François Mitterrand défend, en outre, le projet de loi accordant les pouvoirs spéciaux à l'armée, lesquels permettront au général Massu et à sa 10ème division de parachutistes d’organiser la répression à Alger : torture systématique, plus de 3.000 exécutions sommaires et 16 exécutions capitales ordonnées par les tribunaux d’Alger du 3 au 12 février 1957.
Entre 1956 et 1962, 222 militants du FLN ont été exécutés, le plus souvent au terme d’une parodie de justice.
Mitterrand a examiné 45 dossiers et, dans 80% des cas, il a émis un « avis défavorable » à un recours en grâce. [2]
[1] Fernand Iveton, ouvrier tourneur, militant communiste et syndicaliste, est arrêté le 14 novembre 1956 pour avoir déposé une bombe à l’intérieur des vestiaires de son usine, mais dont l’explosion était programmée pour ne pas faire de victimes. Il est condamné à mort et guillotiné. Son recours en grâce a été refusé par le président de la République sur avis défavorable de François Mitterrand.
[2] En comparaison, Robert Lacoste, ministre-résident en Algérie, qui passait pour un homme très dur, a été plus clément : il a accepté 11 recours en grâce sur une vingtaine de cas qui lui ont été présentés.