Clio, la muse de l'Histoire
site: Bahchich info http://www.bakchich.info/Guy-Moquet-massacre,09598.html
Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, deux profs, s’attaquent à la mémoire d’un mort dans un bouquin dégoutant.
C’est une règle connue des braqueurs, ils savent que c’est idiot de se pointer à la caisse tout seul. Alors ils y vont à deux.
C’est ce que font Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, deux profs qui s’attaquent à la mémoire d’un mort ; dans un bouquin dégoutant : « L’Affaire Guy Môquet, Enquête sur une mystification officielle ». Surtout ne l’achetez pas. Le métier de ces Stone et Charden de l’industrie du livre, c’est de dire des saloperies sur les communistes. Ils vivent sur ce thème comme la tique sur le labrador. Et on attend bientôt leur somme nobelisable : « Les communistes sentaient mauvais ».
Le postulat du bouquin c’est que ses auteurs sont des gens sérieux. La preuve, ce sont eux qui le disent. Leur premier principe est d’accepter, comme témoignage sûr, tout ce qui provient de la parole des flics, normal puisque la carrière du professeur Berlière suit l’histoire de la police comme le tender la loco.
Pendant la moitié du bouquin les Roux-Combaluzier de l’usinage de l’histoire nous montrent qu’être coco est vraiment ce qu’il y a de pire. Et la conclusion tombe : Môquet étant communiste, ce gamin n’est vraiment pas un bon héros. Moi j’en conclus : heureusement que les nazis l’ont flingué avant qu’il ne devienne secrétaire général du Parti !
Quand, en 1940, Daladier décide d’emprisonner les députés et un paquet de militants du PCF, dont ceux qui seront fusillés plus tard, avec Môquet, à Châteaubriant, quelle est la réaction de nos amis historiens : c’est bien normal puisque ces arrestations sont conformes à la loi. Loi scélérate ? Non, il fallait bien enchrister les mauvais Français, membres du parti de l’étranger.
Revenons au petit Guy dont ce livre est la troisième mort après la deuxième, infligée par Sarkozy. Nos deux greffiers nous disent que Môquet n’est pas « résistant » puisqu’il n’a jamais attaqué les Allemands. Pas besoin d’être docteur, comme Elizabeth Teissier, et de gaspiller l’argent du CNRS pour écrire ça.
En 1940, et il était bien seul, Môquet s’est contenté d’appeler à la mobilisation contre Pétain et son État français. À la mobilisation contre ceux qui ont volontairement perdu la guerre, au motif que mieux leur convenait Hitler que le Front populaire. À ce propos lisez absolument l’extraordinaire livre de Lacroix-Riz, « Le Choix de la Défaite » (Armand Colin 2006). De l’histoire lourde.
Donc Môquet, fusillé à 17 ans le 27 octobre 1941, résistant à Vichy, c’est-à-dire au statut des juifs, à la chasse aux francs-maçons, à la politique de collaboration, n’est pas un « résistant ». Ce sont nos Ginger et Fred qui nous l’écrivent. Môquet, lors de son passage à la Préfecture de Police de Paris aurait été torturé. Ça va pas !? Des flics qui torturent ! La maman de Guy, qui a vu son fils en prison, affirme qu’il l’a été, et en a vu les résultats.
Heureusement nos deux démystificateurs sont là pour nous dire que « non, Môquet n’a pas été malmené » puisque sa mère n’a pas assisté à la scène. « Une gifle, peut être », ont-ils le culot d’écrire sans savoir ! D’ailleurs nos auteurs récusent tout témoignage qui sorte de la bouche d’un coco. Pis, d’un fils ou petit-fils de coco. On ignore ce que faisaient les parents de Berlière et Liaigre, mais ils sûrement ont un passé vachement bien.
voir absolument le site ....
http://www.historiographie.info/
Site d’Annie LACROIX-RIZ, ancienne élève de l'école normale supérieure (Sèvres), agrégée d'histoire, docteur-ès-Lettres, professeur d'Histoire contemporaine à l'université Paris VII-Denis Diderot.
et en particulier son excellent article qui élimine bien des idées reçues:
Le PCF entre assaut et mea culpa : juin 1940 et la résistance communiste