« Le plus grand crime depuis la deuxième guerre mondiale a été la politique étrangère des Etats-Unis. »
Ramsey Clark
Ministre de la Justice des Etats-Unis sous la présidence de Lyndon Johnson
Chacun son histoire. Chacun ses histoires.
Je n’attends pas des médias capitalistes une commémoration pour des centaines de milliers de camarades assassinés de sang froid et dans le silence médiatique total dans les montagnes de l’Amérique centrale. Je n’attends pas des médias une commémoration des 300.000 à 500.000 membres du PKI liquidés en trois mois en Indonésie juste avant les élections qu’ils allaient gagner. Je n’attends pas des médias capitalistes une commémoration de l’effondrement des murs du Palais de la Moneda. Je n’attends pas des médias capitalistes une commémoration du Timor Oriental.
Non, je n’attends rien des médias capitalistes. Ils font trés bien le travail qu’on leur demande. La preuve : vous qui me lisez (à quelques rares exceptions) vous êtes gênés et mal à l’aise par mon usage répété du mot "capitaliste". Comme si je sortais des entrailles de la terre avec la voix d’Arlette Laguiller. Vous auriez préféré "libéral", ou quelque chose comme ça, n’est-ce pas ? C’est fou ce qu’ils ont réussi à vous conditionner...
En attendant, je commémorerais à ma manière la Managua rouge et noire, le toit de l’ambassade US à Saigon et ces chiens de Yankees en train de fuir par hélicoptère. Et si j’ai un sourire au coin des lèvres tous les 1er janvier depuis 1959, c’est bien à cause d’un barbu, mais ce n’est pas le père Noël.
Je ricanerais lorsqu’on m’opposera les crimes de Khmers « Rouges » car je me rappelerais que ce sont les soldats Vietnamiens (communistes, donc) qui ont renversé ces fous furieux de Khmers en 1979. Et que ce sont les Etats-Unis, de Carter à Reagan, qui ont soutenu ces Khmers « rouges » (tout comme ils ont soutenu les Taliban avant de changer d’idée). Ce qui me fait poser la question : pourquoi les Khmers Rouges figurent-il dans « Le Livre Noir du Communisme » alors que leur place est autant dans le « Livre Noir du Capitalisme » ? Juste parce qu’ils avaient le mot « rouge » dans leur nom ? C’est vous dire la profondeur de l’analyse des histrions du communisme.
Je sourirais en mon for intérieur lorsque j’entendrais Kouchner blatérer encore une fois de plus sur « l’ingérence humanitaire », car je reverrais les troupes cubaines (communistes, donc) partir à la défense de l’Afrique dans les années 70 puis se retirer en n’emportant avec elles que leurs morts. Nelson Mandela en a déclaré qu’il s’agissait du seul et unique cas d’une armée qui est intervenue sur le continent pour effectivement aider un peuple (déclaration de N. Mandela au journal Granma, Juillet 91).
"Aujourd’hui, comme chaque jour, 200 millions d’enfants dormiront dans la rue. Pas un seul n’est cubain" clame fièrement, et à juste titre, un panneau à la Havane. "Qu’est-ce que tu veux que ça nous fasse ?" lui rétorquent les partisans d’un marché libre et non entravé, "parce que nous ce qu’on veut savoir c’est combien coûte un iPhone là-bas". Pauvres types. La fin du monde serait là devant leur porte qu’ils en oublieraient d’appeler les pompiers, trop occupés qu’ils seraient à comparer leurs portables.
Pourtant, 10.000 morts par jour (pour ne parler que de ceux-là), c’est 73 millions depuis la chute du mur de Berlin. Tous les 50 ans, près de 200 millions. Ce ne sont pas là des chiffres de « fatalités », des chiffres « d’accidents », des chiffres de « si on avait su » ou de chiffres « qu’est-ce qu’on peut y faire ? ». Ce sont des chiffres « vous le savez », des chiffres « vous pourriez le résoudre assez facilement », des chiffres « c’est moins compliqué que d’envahir un pays, inventer de nouvelles armes ou envoyer un homme sur la lune ». Ce sont des chiffres « on s’en fout » et/ou des chiffres « qu’ils crèvent ». C’est, dans le meilleur des cas et défendu par le meilleur des avocats de la mauvaise foi, un cas de non-assistance à personne en danger.
Certes, la part de responsabilité de l’individu dans chacune de ces morts est infime. Mais une part de responsabilité, aussi infime soit-elle, multipliée par 200 millions fait de chaque défenseur de ce système pas loin d’un assassin à part entière.
Les partisans du capitalisme auront un minimum de crédibilité lorsqu’ils exigeront à haute et intelligible voix l’abolition de la durée légale du travail (idée contre-productive socialiste). Les partisans du capitalisme auront un minimum de crédibilité lorsqu’ils refuseront de partir en vacances en « congés payés » (invention incitant à la fainéantise socialiste). Les partisans du capitalisme auront un minimum de crédibilité lorsqu’ils déclineront une augmentation de salaire obtenue par une grève menée par un syndicat (action dommageable socialiste). Ah, si les augmentations n’étaient accordées qu’à ceux qui font grève... On verrait alors se retourner plus de vestes qu’à un Congrès du PS.
Mais ils ont eu tellement peur avec le « communisme » qu’ils ont accepté quelques concessions ces dernières décennies dans quelques pays stratégiques. Mais, comme on dit, « chassez le naturel et… »
A présent, certains parlent d’assimiler le communisme au nazisme. A examiner les alliances qui se sont nouées avant, pendant et après la guerre contre le nazisme, la formule capitalisme = nazisme serait infiniment plus proche de la réalité. Et tout le grand patronat français de l’époque ne me contredirait pas et les 20 millions de morts soviétiques sur le front de l’Est m’approuveraient en silence. Communisme = nazisme ? On se demande alors par quel miracle les rues en France portent des plaques au nom de « Gabriel Péri » et non de « Goering ». Par masochisme, peut-être ?
Ce qui ne « les » empêche pas d’insister pour faire lire la lettre de Guy Môquet dans les écoles. Seulement voilà : si l’histoire dans les écoles était correctement enseignée, les élèves comprendraient assez vite que ceux qui réclament aujourd’hui la lecture de cette lettre auraient plus que probablement fait partie hier des dénonciateurs du jeune Guy. Car il y a bien plus de communistes qui sont morts pour la « liberté » que d’habitants de Neuilly.
Peut-être suis-je trop optimiste, mais j’y vois une bonne nouvelle car, après tout, leur fébrilité à vouloir effacer toute trace de ce qui fut leur plus grande résistance pourrait signifier tout simplement que leur peur est revenue.
Alors capitalistes, vous pouvez agiter vos principes (violés hors caméras), vos lois économiques (risibles de naïveté), tous ces trucs que vous invoquez pour vous donner un petit vernis moralisateur et camoufler votre véritable nature, vous pouvez même réécrire l’histoire et noircir tous les tableaux, moi en tous cas, je suis sûr et certain d’au moins d’une chose : je n’ai jamais entendu crier « vive le capitalisme » devant un peloton d’exécution nazi.
Viktor Dedaj
Tous les chemins mènent à Rome, ouais, sauf si on les prend en sens inverse.