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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 09:48

- le 17 Janvier 2014

L’oseille. L'éditorial de Claude Cabanes
 

Le président de la République a donc déclaré :

«Les possédants sont possédés par ce qu’ils possèdent.» Non, non, vous n’y êtes pas, ce n’est pas François Hollande qui a livré cette saisissante formule, mardi dernier à l’Élysée. C’était le général de Gaulle, il y a bien longtemps… Un ange passe…

Et ce n’est pas non plus dans cet état d’esprit – cruel à l’égard des maîtres de la fortune que le premier ministre était, hier matin, devant les micros de France Inter. Au contraire même, puisqu’à l’occasion de la revue de presse, il s’en est pris à une analyse de notre journal, qui s’inquiétait vivement de « la fin des cotisations familiales », à hauteur de plus de 30 milliards d’euros. Nous répondons au fond dans les colonnes voisines à sa remarque, peu fondée. Mais c’est le moment, précisément, d’indiquer à Jean-Marc Ayrault que l’exercice de son esprit critique à notre égard est, certes, parfaitement légitime et sans limites, mais l’est beaucoup moins l’ostracisme dont est victime l’Humanité, qui n’a jamais été autorisée à interroger le chef de l’État au cours de ses conférences de presse. Les micros sont verrouillés. C’est dommage. Car cela donne du grain à moudre à ceux qui estiment qu’en très haut lieu, on s’efforce d’effacer du « paysage » général les communistes et leur journal… On ne peut pas le croire, n’est-ce pas ?

Parce que, de l’autre côté, les encouragements ardents ne manquent pas à la ligne libérale tous azimuts. À droite, les petits capitaines de l’UMP se congratulent en douce ; certes, ils se chamaillent, mais ce n’est pas nouveau, ils se chamaillaient aussi avant, mais pour l’essentiel, c’est leur victoire : le « pacte Hollande » (autrement dit libérer le capital de toutes les entraves), c’est aussi leur « pacte », leur dogme et leur politique, leur dogme et leur politique de fond. Au point qu’un quotidien confidentiel affirme : « Il n’y a plus de gauche en Europe » (ce qui est aller un peu vite en besogne, nous sommes là, Mesdames, Messieurs…). À Bruxelles, on sable le champagne à la Commission européenne après la prestation de mardi. Berlin exulte. Les fantômes de Tony Blair et de Gerhard Schröder reprennent du service. Chez nous, les éditorialistes, chroniqueurs, professeurs et experts en tout genre exultent de cet orage « moderne et postmoderne » qui fait trembler l’Élysée… Évidemment, chacun en vient à admettre une donnée fâcheuse : François Hollande n’aurait pas pu se faire élire sur son programme du 14 janvier. Il s’est fait élire sur une autre ligne, dite désormais « socialiste »… Cette sorte de hiatus porte en lui de nouveaux désastres politiques et électoraux.

Les grands patrons, eux, ne boudent pas leur plaisir et ils s’avancent en rangs serrés pour mettre leurs pas dans les pas de François Hollande. Hier, la fournée a été dense : Henri de Castries, d’Axa ; Serge Papin, de Système U ; François Davy, de Foncia ; Jean-Laurent Bonnafé, de BNP Paribas ; Jean-Paul Agon, de L’Oréal, etc.,ont fait savoir leur enthousiasme. Comme on dit dans les bureaux du Medef : « Une telle baisse des charges, on n’avait jamais vu ça… » Et tout ce joli monde est unanime pour estimer, comme le premier ministre, qu’il ne peut pas y avoir de « machin » bureaucratique pour vérifier les « contreparties » : par exemple, que le nouveau pactole ne servira pas à arroser les actionnaires… L’observatoire des garanties amusera la galerie. Bref, ce ne sera pas « prends l’oseille et tire-toi », comme on disait autrefois au cinéma ? Qui sait ?

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