La vie du Parti
Pierre Laurent l’a encore répété tel quel ce matin sur RTL : le candidat du PCF pour la présidentielle de 2012, ce sera Jean-Luc Mélenchon. Bravo la démocratie !
Ce n’est pas la « Conférence nationale », réunie ce week-end à Montreuil, qui va le contredire. Cette instance est principalement composée de membres des directions nationale ou départementales ou de camarades désignés par elles.
Elle va valider le programme « partagé » de « gauche » élaboré sans les communistes et le « paquet électoral » pour 2012.
Les longs marchandages pour se répartir les circonscriptions avec le Pg en disent long sur la « nouvelle façon de faire de la politique » du « Front de gauche ».
C’est peu de dire que le choix de s’aligner derrière le socialiste, mitterrandien et maastrichien qu’est Mélenchon ne passe pas dans le Parti. La vague de rejet est sensible dans tout le Parti malgré tous les artifices pour écarter les camarades de la décision : censure de l’information, intervention directe du secrétaire national, absence d’impulsion des débats etc.
André Chassaigne, candidat à la candidature du Front de gauche, a raison lorsqu’il écrit qu’en définitive, ce n’est pas une question de nom mais une question de démarche et de contenu.
C’est pour cela qu’il a annoncé qu’il se rallierait au choix de la Conférence nationale.
C’est pour cela que nous maintiendrons au vote des communistes, les 16, 17 et 18 juin, ma candidature, une candidature présentée collectivement (par 7 membres du CN, deux secrétaires fédéraux, des dizaines de secrétaires de section… n’en déplaise à l’Huma qui falsifie mes propos).
La direction nationale entend réussir le tour de force d’esquiver tout débat de fond sur la stratégie politique.
Elle a annulé le congrès ordinaire prévu initialement en juin 2011. Les communistes n’ont pas pu définir d’objectifs, en lien avec le mouvement populaire, pour les élections de 2012, ni de programme, sur la base desquels nous aurions pu envisager tout type d’alliance pour ces élections difficiles.
Non, se défiant de l’avis des communistes, derrière le nom de Mélenchon, la direction veut imposer une ligne politique bien précise.
Le « Front de gauche » n’a rien de rassembleur. La méthode Coué pour gonfler les résultats électoraux de 2009 et 2010 n’y change rien. C’est une alliance étriquée avec des partis qui ne représentent rien dans la société.
C’est la poursuite de la stratégie de « métamorphose » du PCF, massivement refusée par les communistes, en un parti comme les autres, enfermé dans les institutions, aligné derrière la social-démocratie, résigné à logique réformiste de l’Europe « sociale ».
Le Front de gauche, c’est la poursuite de l’effacement de l’organisation, des positions révolutionnaires du PCF, la transformation du PCF en groupes de colleurs d’affiche pour Mélenchon, en syndicat d’élus, en organisateur de débat de « spécialistes ».
L’électoralisme du Front de gauche dévalorisera encore la portée historique du vote communiste qui était lié, qui l’est encore avec notre action dans les luttes.
Mélenchon a compris l’aubaine de « l’offre politique » de la direction du Parti pour reproduire, en petit, en farce, l’opération de Mitterrand dans les années 70 qui a réussi à prendre 3 millions de voix au PCF.
Il faut donner un autre signe que ce choix de la résignation. C’est le sens de ma candidature. Des milliers de communistes, des dirigeants d’organisation du PCF ont la volonté de se battre, de faire vivre et de renforcer leur parti dans la lutte des classes. Il faut que cela se sache.
Quand j’entends Pierre Laurent et d’autres dire que Mélenchon, ce serait le « choix de la raison », cela me révolte.
Dans tous les déplacements que j’ai pu faire ces dernières semaines, j’ai rencontré des communistes, des salariés, des agriculteurs qui sont à l’avant-garde des luttes, des jeunes qui aspirent à combattre le capitalisme pour changer de société.
L’attente est immense d’un Parti communiste qui parle clair, qui soit offensif, sans compromis. Ce qu’a représenté historiquement notre parti, à qui notre pays doit toutes ses avancées sociales et démocratiques que le pouvoir au service du capital est en train de remettre en cause, est quelque chose de très fort. Le souvenir de Georges Marchais revient souvent. Le capitalisme est en crise. Il est désavoué massivement.
Quand trois millions de personnes manifestent pour la défense de la retraite à 60 ans, que 75% de la population condamne la politique du pouvoir sarkozyste, comment rester aligné sur plus petit dénominateur commun de la « gauche » et ne viser que 2012 ?
Espérer « tirer à gauche le PS », on a déjà donné après 1981 et 1997! C’est renier nos positions, affaiblir le mouvement social. Ce qui ne change rien pour moi à la nécessité de battre Sarkozy.
Comment pouvons-nous laisser aussi, après le vote de classe à 55% contre la Constitution européenne, le système recycler et dénaturer, avec le FN, l’opposition à l’UE du capital, à l’euro, à l’application des traités et directives désavoués par les peuples ?
Toute notre protection sociale, nos services publics, l’avenir de notre industrie et notre agriculture en dépendent.
Des axes politiques clairs sont nécessaires pour renforcer le Parti, pour retourner à la porte des entreprises, défendre des positions de rupture, y compris dans les syndicats, en bas des cités, pour transformer la colère en luttes.
Là est la raison d’être de notre engagement de communiste, liée à notre perspective de changement de société, le socialisme.
Certains communistes peuvent ne plus y croire et vouloir faire autre chose que le PCF. C’est leur droit et je les respecte. Mais alors qu’ils ne cherchent pas à détourner ce que représente le PCF !
Voilà ce que nous exprimerons à la Conférence nationale, puis avant le vote des communistes, conscients d’être à contre-courant de l’idéologie qui y sera dominante, mais aussi de la nécessité du renforcement de notre parti.
Par Vive le Parti Communiste Français