BHL, petit télégraphiste d'Israël à Benghazi
A Jérusalem (occupé), le 2 juin dernier, Bernard-Henri Lévy (BHL) a vendu la mèche en annonçant qu’il a remis un message du Conseil national de transition (CNT) à Benyamin Netanyahou l’informant que la Libye entretiendrait « des relations normales avec Israël » (1) si l’insurrection l’emportait.
Une base israélienne à la frontière algérienne ?
On sait qu’à chaque voyage en Cyrénaïque (Est de la Libye), BHL s’emploie à persuader le CNT de l’intérêt d’entrer en contact avec Tel-Aviv et qu’il n’hésite pas – selon ses dires - à évoquer la « grandeur d’Israël » devant des insurgés perplexes (2). Quelques dirigeants rebelles se sont laissés convaincre car la présence de conseillers militaires israéliens à Benghazi – des juifs d’origine libyenne ou maghrébine, dit-on – a fini par bruiter. Le document douteux, remis au gouvernement libyen par un officier de renseignement ukrainien, selon lequel le CNT accepterait l’installation d’une base militaire israélienne dans le Djebel Akhdar, près de la frontière algérienne – non démenti par les rebelles - peut maintenant être interprété comme un appel du pied (3).
On imagine la consternation - voire la panique - des chefs de l’insurrection qui ne s’attendaient pas à ce que leur décision de nouer des relations avec Israël soit ébruitée de cette façon. Abdel Hafiz Ghoga, vice-Président du CNT, a aussitôt démenti avoir chargé l’activiste pro-israélien de quoi que ce soit. Trop tard, le mal était fait dans l’opinion publique arabe. Les initiateurs de l’opération s’en moquent. Leur but est de convaincre les Etats qui n’ont pas reconnu le CNT en raison de la présence Al-Qaïda en Cyrénaïque. Israël, disent-ils, n’accueillerait pas favorablement les propositions des rebelles si l’influence des djihadistes était aussi importante que les spécialistes le prétendent.
Prendre l’Egypte en tenaille
En visite officielle en Israël, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a avalé une nouvelle couleuvre en apprenant que le porte-parole de Benyamin Netanyahou avait confirmé les dires de BHL, son vibrionnant rival sur la scène libyenne. Le Premier ministre israélien qui reproche à la France de vouloir reconnaître la Palestine dans ses frontières de 1967, s’est fait un malin plaisir à remercier Nicolas Sarkozy pour l’intervention militaire française en Libye. Pour Netanyahou, le renversement du Colonel Mouammar Kadhafi permettrait à Israël de s’approvisionner plus facilement en pétrole - une denrée lui manquant cruellement - et l’avantage de prendre l’Egypte en tenaille en cas de conflit.
Gilles Munier.
Notes :
(1) Libye : BHL confie un message à Netanyahou (Europe 1 – 2/6/11)
http://www.europe1.fr/International/Libye-BHL-confie-un-message-a-Netanyahou-570017/
(2) Scènes de la vie dans la Libye libre, par Bernard-Henri Lévy (Le Point -13/3/11)
Ce texte est de Gilles Munier
(3) Une base militaire israélienne en Libye près des frontières avec l’Algérie (Ennahar Online – 19/5/11)
http://ennaharonline.com/fr/news/7455.html
Gilles Munier adhère en 1968 à des organisations gaullistes et milite depuis son retour en France, en 1971, au sein de l'Association de solidarité franco-arabe (ASFA), pour la libération de la Palestine et en faveur de liens de la France avec des régimes arabes, en particulier ceux d'Algérie, d'Irak et de Syrie.
Il s'installe en Bretagne en 1978 où il anime l'Association pour les échanges Bretagne-pays arabes (APEBA), puis Bretagne-Coopération Internationale (BCI) présidée par Jean-Yves Le Drian, maire socialiste de Lorient.
En octobre 1990, il va à Bagdad pendant l'affaire des otages et en revient avec 9 Français qui y étaient retenus. Il milite ensuite pour la levée de l'embargo contre l'Irak et le retour des entreprises françaises sur le marché irakien en participant à la création de l'Association franco-irakienne de coopération économique (Afice), soutenue par les anciens ambassadeurs de France à Bagdad, et Roselyne Bachelot, député RPR. Gilles Munier a été reçu à 5 reprises par le président Saddam Hussein.
De 1974 à 2003, Gilles Munier a organisé de nombreux voyages en Irak pour des parlementaires, des journalistes, des universitaires et des chefs d'entreprise, notamment sur le front de la guerre Iran-Irak, au Kurdistan irakien et pendant l'embargo. Il a quitté Bagdad en avril 2003, quelques heures avant le bombardement américain, avec une délégation des "Volontaires de la paix", composée de militaires français spécialistes des armes de destruction massive, venus dénoncés les mensonges de la propagande occidentale.
Il était membre de la Conférence de Bagdad organisée deux fois par an par Tarek Aziz, à destination des groupes de soutien à l'Irak venus d'Europe, de Russie, d'Inde ou d'Amérique latine.
En juillet 2003, il a reçu des menaces de mort sous la forme d'une lettre contenant une balle de 22 Long Riffle avec la mention: "La prochaine n'arrivera pas par la poste". L'auteur des menaces, un pro-israélien, dont la cave était bourrées d'armes et de munitions, n'a été condamné qu'à une peine symbolique.
Gilles Munier est - depuis 1986 - le secrétaire général des amitiés franco-irakiennes.
site: www.resistance-politique.fr