« Donne-moi ta montre, je te donnerai l’heure ! »
Un article de Jean Lévy
Cette plaisanterie, du temps de l’Occupation, exprimait le sentiment des Français sur le sens qu’ils donnaient à la « Kollaboration » franco-allemande.
Cette boutade, de nos jours, n’a pas pris une ride.
Comment qualifier autrement « l’aide » que doivent apporter les Etats européens à la Grèce ?
Le gouvernement allemand n’a pas caché l’objectif recherché : mettre la main sur ce petit pays. Des parlementaires ont même revendiqué des îles hellènes, voire l’Acropole, comme monnaie d’échange, des « changes », pourrait-on dire.
L’Union européenne a joint les actes à la parole. Sa Commission, ses experts sont envoyés sur place pour examiner, ou, mieux, contrôler, l’application concrète des mesures d’austérité renforcée prises par le Pasok.
La Grèce est donc mise sous tutelle par Bruxelles. La politique menée à Athènes relève désormais officiellement des autorités européennes. Mais l’Allemagne ne compte pas pour autant participer massivement à une aide financière des pays de la zone euro. Elle a imposé le recours au FMI pour compléter les prêts consentis aux finances grecques. Cette décision, jusqu’ici, rejetée par la France, comme humiliante pour l’Europe, va faire de la Grèce un vulgaire pays du tiers-monde qui, contre un emprunt consenti, doit se plier aux conditions du prêteur, celles d’une reddition totale, pieds et poings liés, de son économie. Par exemple, le Mali, pour être « aidé » par le FMI, doit se résigner, au détriment de cultures vivrières, à une monoculture, celle du coton, dont la récolte est obligatoirement exportée vers les multinationales au prix minimum dicté par celles-ci.
Et les Maliens sont contraints à la misère et à l’exode.
Cette perspective, qu’on croyait « africaine » va maintenant s’adapter à notre continent, à ses peuples, en commençant par la Grèce. Dans ce pays, la boutade de l’Occupation serait maintenant : « Donne-moi tes olives, je te vendrai l’huile ! »
C’est ainsi que « L’Europe nous protège ».
Il est vrai que la « protection », induit naturellement le « protectorat ». Ce terme n’était-t-il pas parfois utilisé dans le vocabulaire colonial pour désigner un territoire soumis à l’Etat dominateur ? Hitler lui-même nommait les pays conquis, telles la Tchéquie ou la Pologne des « protectorats » du Grand Reich Allemand
Serions nous revenus, avec l’Union européenne, soixante-dix ans en arrière ?
Nombre de Grecs se le demandent.
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