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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 10:37

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Georges Katrougalos : « Le front de l’austérité se fissure, il faut en profiter »
Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
Vendredi, 30 Janvier, 2015
L'Humanité
Photo : Patrick Nussbaum
Georges Katrougalos, ministre 
de la Fonction publique et 
de la Réforme de l’État
Photo : Patrick Nussbaum
Georges Katrougalos, ce nouveau membre de l’exécutif affiche ses priorités : réintégrer 
les fonctionnaires licenciés et mettre fin au clientélisme, qui ronge l’administration publique.

Athènes (Grèce), envoyée spéciale.Nommé mardi dans le gouvernement d’Alexis Tsipras, Georges Katrougalos nous a reçus hier, faisant patienter, le temps de l’entretien à l’Humanité, l’expert de la « Task Force » attaché jusqu’ici au ministère pour contrôler la bonne application des mesures d’austérité. Que deviendra, dans les semaines qui viennent, ce représentant de la troïka ? « La Commission européenne s’est dite prête à coopérer avec le nouveau gouvernement grec en lui offrant son appui technique », nous répond l’expert français. « Nous sommes ouverts à tout appui technique pour mettre en œuvre les choix politiques pour lesquels nous avons été élus », ­rétorque, affable, mais ferme, le nouveau ministre.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, était jeudi à Athènes. Vendredi, c’est le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, qui doit rencontrer le nouveau gouvernement. Les représentants des institutions européennes, qui fustigeaient Syriza avant les élections, accourent aujourd’hui à Athènes. Est-ce le signe que la victoire de la gauche anti-austérité bouscule déjà l’échiquier européen ?

Georges Katrougalos : C’est clair. Avant les élections, nos adversaires politiques nous disaient que le principe même d’une renégociation de la dette était exclu. « On ne revient pas sur un accord conclu », répétaient-ils. Il semble désormais que la logique impose aux deux parties de renégocier. Tout simplement parce que le résultat des mémorandums, des politiques d’austérité, est un échec cinglant ! Ces politiques antisociales produisent des effets économiques désastreux ! La victoire de Syriza a déjà des ­répercussions sur le continent. Deux grands camps se dessinent désormais. Le premier est celui de ceux qui veulent poursuivre les politiques d’austérité : la droite dure allemande et ses alliés des pays du Nord. L’autre camp rassemble les partis de la gauche européenne, à laquelle appartient Syriza, et des forces montantes comme Podemos. Potentiellement, ce camp peut s’élargir à certains sociaux-démocrates, s’ils réalisent que l’identification absolue avec les politiques de la droite conduit à l’effondrement, comme cela s’est produit en Grèce avec le Pasok. Pour être clairs, nous ne reconnaissons pas dans les choix de François Hollande une politique de gauche. Mais nous disons qu’il faut profiter des fissures dans le front de l’austérité pour rechercher des appuis et affirmer nos positions. Les Allemands ne peuvent plus continuer à imposer leurs choix à toute l’Europe.

Vous êtes en première ligne pour stopper les politiques d’austérité, puisque la troïka exigeait, au début des programmes d’austérité, la suppression, avant 2015, de 150 000 postes de fonctionnaires sur les 667 000 que comptait la fonction publique grecque. Combien de postes ont été effectivement supprimés ? Allez-vous réintégrer les salariés licenciés ?

Georges Katrougalos : Nous allons réintégrer tous ceux qui ont été licenciés. On a parlé de 20 000 licenciements, mais le nombre réel est certainement moindre. En ce qui concerne le noyau dur de l’État, d’après les premiers rapports que j’ai pu consulter, 3 500 fonctionnaires travaillant dans les ministères ont été mis à la porte. Mais il faut ajouter à ceux-là, par exemple, tous les personnels licenciés à la suite de la fermeture brutale de la radiotélévision publique ERT. Nous allons changer cela.

Les mémorandums sont morts. Vous ne reconnaissez donc pas la légitimité de la troïka ?

Georges Katrougalos : Ce n’est pas exactement une question de légitimité. La troïka est là pour contrôler l’application d’un programme que nous contestons.

Comment comptez-vous mettre un terme au clientélisme, qui s’est imposé comme un mode de fonctionnement 
au gré des alternances entre le Pasok et Nouvelle Démocratie ?

Georges Katrougalos : Ce sera un axe essentiel pour rebâtir un État de droit. Nous avons besoin d’un système d’évaluation clair et efficace. Pas pour justifier des licenciements, comme cela a été conçu jusqu’ici, mais pour améliorer notre administration. Sans chasse aux sorcières, nous tiendrons un discours clair aux fonctionnaires sur tout ce qu’il faut changer. Nous associerons les syndicats à ces changements, pour briser le système clientéliste et reconstruire l’État sur des bases saines.

Vous êtes constitutionnaliste. La loi fondamentale grecque, que le précédent gouvernement voulait expurger de toute garantie sociale, doit-elle rester en l’état ?

Georges Katrougalos : Cela fera l’objet d’un débat dans le gouvernement et au sein de Syriza. Mon point de vue est qu’il faudra une constituante. Lorsqu’un pays doit faire face à une grave crise, comme ce fut le cas en France en 1958 au moment de la guerre de décolonisation algérienne, il doit se doter d’institutions lui permettant de surmonter les difficultés. Nous avons besoin d’une constitution nouvelle, d’une quatrième République grecque fondée sur la démocratie directe. Avec, par exemple, la possibilité de révoquer les élus corrompus, la reconnaissance de l’initiative populaire pour les lois ou les référendums. Sur le terrain social, aussi, il faudra étendre les garanties déjà existantes. L’élaboration même de cette nouvelle constitution devrait être un exercice de démocratie directe, comme en Islande.

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