Sana, agence de presse syrienne
Damas : Le président Bachar al-Assad a accordé un entretien à la TV russe sur les derniers développements en Syrie et dans la région, les répercussions de toute éventuelle agression contre la Syrie, les relations avec Moscou, ainsi que la position de Damas vis-à-vis des sanctions occidentales. Répondant à une question sur la possibilité d'une agression de l'occident contre la Syrie et sur l'appui russe à Damas dans ce cas, le président al-Assad a indiqué : "Nous entendons de telles prétentions de temps en temps, en particulier au moment des crises qui opposèrent la Syrie à nombre de pays occidentaux au cours des dernières décennies; ils visent à resserrer l'étau sur la Syrie afin de la pousser à changer ses positions politiques". "La Syrie prend en considération toutes les éventualités, même celles qui ne sont pas citées par les médias. Or, lorsque la patrie est sujette à une menace à caractère militaire ou sécuritaire, peu importe l'équilibre des forces. Il est alors naturel qu'on défende notre pays sans se soucier de l'équilibre des forces", a précisé le président al-Assad. Il a affirmé que les calculs faits par les autres sur un éventuel scénario d'agression contre la Syrie ne sont pas faciles, parce que la Syrie, a-t-il souligné, est un pays ayant une position très spéciale du point de vue géographique, géopolitique, historique, etc... Elle est le carrefour de la majorité des composantes culturelles, religieuses, confessionnelles et ethniques du Moyen-Orient". Qualifiant la Syrie "point de rencontre de deux plaques sismiques", le président al-Assad a rappelé que "toute tentative d'ébranler la stabilité des plaques sismiques aboutira à un séisme énorme qui ébranlera toute la région et touchera jusqu'aux pays lointains". "Si le Moyen-Orient s'ébranle, le monde tout entier s'ébranlera et toute idée d'agression contre la Syrie coûtera au monde plus qu'il ne peut supporter; ce qui explique pourquoi, jusqu'ici, les choses semblent ailler vers la pression médiatique, politique et économique", a dit le président al-Assad. "Bien sûr, nous comptons sur la Russie, vu la relation historique entre les deux pays et parce que la Russie est une Grande Puissance et membre permanent au Conseil de Sécurité. La Russie a joué dès les premiers jours de la crise un rôle important et nous sommes en contact direct avec le gouvernement russe; nous lui expliquions en détails la situation, étant donné l'effet que peut laisser la situation en Syrie sur la situation au Moyen-Orient", a martelé le président al-Assad. Il a fait noter que la Russie, consciente des risques d'une intervention étrangère en Syrie, a joué un rôle important sur la scène internationale, tel que le recours tout dernièrement au veto au Conseil de sécurité. "Nous comptons sur la position russe et sur la poursuite de l'appui de la Russie, non seulement pour défendre la Syrie mais aussi pour défendre la stabilité dans le monde", a souligné le président al-Assad. Répondant à une question sur la gratitude manifestée par certains envers Moscou et le geste de certains qui avaient brûlé des drapeaux russes, le rpésident al-Assad a dit: "Je pense que tout citoyen syrien qui a le minimum de patriotisme, éprouve de la gratitude envers la Russie pour sa position au Conseil de sécurité, ajoutant: "Nous n'avons aucun différend sur les questions principales, par exemple la souveraineté de la Syrie, le rejet de toute intervention étrangère et la lutte contre les actes terroristes en Syrie", en réponse à une autre sur l'opposition qui pourrait s'asseoir autour de la table de dialogue. "Pour ce qui est de l'affaire des drapeaux, je ne pense pas qu'on puisse la mettre dans le cadre d'une action politique parce qu'elle ne représente pas l'opposition; elle est un acas isolé et individuel. Les auteurs seraient payés de l'étranger afin de compléter le grand mensonge véhiculé contre la Syrie par les médias étrangers et de montrer la Russie, comme un État se tenant aux côtés d'un État face à son peuple…c'est le jeu médiatique supposé de cet acte", a jugé le président. Par ailleurs, le président al-Assad a estimé que la décision de la Syrie serait plus exacte lorsqu'il y aurait des élections, de nouveaux partis, des élections de l'administration locale, et celles de l'Assemblée du Peuple. A une question concernant le début du dialogue national global, la formation par une partie de l'opposition d'un conseil à Istanbul et la possibilité de prendre langue avec, le président a répondu : "En premier lieu, le dialogue nécessite deux parties. Il est impossible de dialoguer avec une seule partie et si on veut dialoguer avec n'importe quelle partie, cette partie doit être en mesure ce dialoguer. En deuxième lieu, pour discuter avec une partie d'une manière politique et officielle, il est indispensable de déterminer les bases nécessaires". Dans ce contexte, le président al-Assad a posé des questions : "Est-ce que ces forces avec qui on doit dialoguer sont acceptées par le peuple syrien ? Sont-elles fabriquées par un État étranger ? Appellent-t-elles et acceptent-t-elles une intervention étrangère? Soutiennent-t-elles le terrorisme ? Un fois ces principes sont définis, on peut alors déterminer, si oui ou non nous allons dialoguer ensemble". A cet effet, il a affirmé que le peuple syrien est contre toute intervention étrangère et tout ce qui provient de l'étranger. "En ce qui concerne le conseil d'Istanbul, je peux dire que la réponse exacte vient du peuple syrien. Lorsque le peuple syrien accepte un conseil ou un organisme politique quelconque, l'État doit dialoguer. Nous traitons avec toutes les forces sur la scène syrienne parce que nous croyons que le dialogue avec ces forces est très important. C'est pourquoi, peu importe ce conseil tant que le peuple syrien est indifférent à son égard". Le principe juste est de prôner le dialogue, car, il fait obtenir des solutions qui aboutissent à la stabilité dans n'importe quel pays. Répondant à une question sur la possibilité pour la Syrie de résister longtemps aux sanctions économiques imposées par l'Occident et de bénéficier de l'aide de la Russie, le président al-Assad a dit "Cet embargo sur la Syrie est ancien en particulier le blocus économique et technique et technologique, et ce, depuis des décennies. "Moi, personnellement, je ne me souviens pas quand est passé une étape sans qu'il ait une sorte de blocus imposé par l'Occident. Cependant, cet embargo s'intensifie dans les moments de crises, c'est pour cela qu'on a décidé depuis /2005/ de s'orienter vers l'Orient", a-t-il précisé. Pour le président al-Assad, le blocus nuit au 1er lieu au peuple syrien et non pas à l'Etat, "Mais certainement ne peut étouffer la Syrie, car elle est un pays qui vit de sa production locale et exporte à l'étranger et elle dispose d'une production agricole et industrielle diversifiée". "Pour ce qui est des autres articles non produits en Syrie nous avons les pays voisins et nous sommes aussi capables de surmonter cet embargo à un taux considérable; donc, il nous faut s'adapter avec ce nouveau cas. A vrai dire, nous nous sommes déjà adaptés dans le passé avec des cas pareils pour pouvoir surmonter les aléas de cet état de siège", a-t-il ajouté. Et le président d'ajouter : "Nous avions constamment des rapports avec l'Occident durant les dernières décennies et peut-être depuis l'indépendance, bien que cet Occident occupait dans le passé notre région en particulier la France et la Grande-Bretagne, mais en réalité nous sommes une partie de cet Orient. Nous sommes de l'Orient et vous aussi vous l'êtes, comme l'Inde et la Chine qui sont de l'Orient et il se trouve qu'il ait beaucoup de pays dans le monde liés à la Syrie via de bons rapports que ce soit dans l'Orient ou en Amérique Latine". "En Asie il y a des puissances émergentes comme l'Inde, la Chine. Actuellement la Russie, joue rôle important au niveau mondial politiquement comme économiquement et dans les domaines techniques elle est un pays avancé, donc, les portes devant nous ne sont closes, car l'Occident n'est pas la seule alternative devant nous puisqu'il nous assiège. Heureusement qu'on a de bons rapports avec la majorité des pays du monde et il faut les exploiter dans ce sens", a-t-il dit. "Donc, les relations entre la Syrie et la Russie se sont considérablement développées et d'une façon accélérée après /2005/, quand nous avons décidé de nous orienter vers l'Orient, mais, je crois que cette crise va renforcer davantage cette relation bilatérale surtout dans le domaine économique, c'est ainsi que nous misons sur la relation avec la Russie et l'aide russe dans les domaines politiques et encore sur la coopération économique entre la Syrie et la Russie", a-t-il assuré. Répondant à une question sur la répétition du scénario libyen par les ennemis de la Syrie, le président a signifié que la Syrie "n'est pas du tout la Libye et ne ressemble à aucun autre Etat, ni du point de vue géographique, démographique, politique ou historique. N'importe scénario de cette trempe serait certainement coûteux pour les autres Etats et il ne peut être applicable sur le terrain en Syrie". Evoquant la partie médiatique de cette crise, le président al-Assad a expliqué qu'au début des événements, il était difficile de convaincre les gens, même une partie des Syriens, de l'existence d'un complot tramé de l'extérieur contre la Syrie, il n'était pas possible de démontrer qu'il y avait des opérations militaires contre l'Etat, "puisque nous étions concentrés sur le front intérieur, cependant la question qui se pose, comment des centaines de martyrs dans les rangs de l'armée, de la police, et des services d'ordre ont été tuées? Est-ce que ont été tuées via des manifestations pacifiques, via les cris durant ces manifs, ou tout simplement ont été tuées à l'aide des armes, donc il s'agit de personnes armées. Mais, maintenant nous invitons des délégations médiatiques qui viennent sur le tas, pour voir de visu les faits réels.
La presse en Occident, en général, est partiale, non seulement pendant les crises, mais souvent, même dans les moments ordinaires. C'est une presse intentionnelle, disposant à l'avance des préjugés erronés sur les questions et généralement elle n'ira pas au fond des choses et parfois, elle exprime des agendas politiques dans la région sauf quelques exceptions", a-t-il mentionné. "Nous essayons maintenant d'inviter les médias occidentaux pour qu'ils constatent les faits sur le terrain, mais nous traitons avant tout avec les médias des pays amis, étant donné que ces médias jouent un rôle d'explication tout d'abord pour leurs opinions publiques locales afin d'aider leurs décideurs pour soutenir la position syrienne en démasquant le complot tramé contre la Syrie", a-t-il fait noter. Répondant à une question sur des parties qui aident les ennemis de la Syrie en se référant aux grandes quantités d'armes aux mains de ces ennemis, le président a souligné : "Au début des événements nous n'avions pas d'idée claire sur ces événements mais maintenant après sept mois de crise nous avons au moins une certaine conception, mais tout à fait complète. Et grâce aux interrogatoires et aux aveux des terroristes il devient plus clair et sans aucun doute qu'il ait de la contrebande d'armes à travers les frontières avec les pays voisins et le versement des fonds aussi en provenance des personnes de l'étranger". "Maintenant, nous disposons des données sur des personnes commanditaires qui supervisent ces opérations de l'étranger dans plusieurs états. Actuellement nous n'avons pas de renseignements sur le degré de relation entre ces personnes et les Etats, mais il est clair d'après la nature, le volume et les quantités des armes, que le financement n'est pas celui de personnes mais nous pouvons dire qu'il provient de ces Etats qui sont forcément derrière ces événements et dès que nous aurons d'amples informations sur cette affaire nous nous hésiteront jamais à démasquer les faits", a-t-il averti. Répondant à la fin à une question sur l'existence d'armes et de munitions de fabrication israélienne comme des bombes et des grenades, le président al-Assad était affirmatif en clarifiant qu'il existe "des armes de fabrications israélienne nous parviennent des frontières des pays voisins, ils font malheureusement des victimes dans les rangs de la police, de la sécurité et de l'armée, mais, je ne peux accuser ces pays d'implication dans ce trafic d'armes, car l'étendue des frontières rend le contrôle impossible, comme à l'instar du reste du monde, mais la qualité des armes favorise l'hypothèse que des Etats qui fournissent ce genre d'armes puisque nous avons trouvé même des roquettes anti-chars, donc, se ne sont pas des personnes qui équipent mais des Etats. Les personnes en réalité ne sont que des intermédiaires ou de joint-venture", a-t-il expliqué. A. A. & T. Slimani |