Le coût de l'occupation israélienne : l'économie palestinienne amputée d'un tiers par les restrictions israéliennes
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Selon la Banque mondiale, l'occupation israélienne en Cisjordanie coûte à l'économie palestinienne plusieurs milliards de dollars chaque année, privant délibérément un État palestinien, actuel et futur, de toute viabilité économique.
Le coût de l'occupation israélienne vient d'être quantifiée par la Banque mondiale dans son rapport « La zone C et l'avenir de l'économie palestinienne ».
La zone C, située en Cisjordanie est actuellement occupée par l’État israélien. Elle concentre les 300 000 colons israéliens qui s'approprient les ressources naturelles, en premier lieu la terre et l'eau. Ces territoires auraient dû être rendus à l'Autorité palestinienne en 1998. Ils ne l'ont jamais été.
Un tiers du PIB amputé, la moitié du déficit budgétaire : une stratégie de sape de l'économie palestinienne
Selon le rapport, « sans la capacité de mener à bien une activité économique déterminée dans la zone C, la région de la Cisjordanie restera sur-peuplée et arriérée, habitée par une population dont les interactions avec Israël seront caractérisées par le malaise, la rancœur et la frustration ».
La Banque mondiale caractérise le manque à gagner comme s'élevant à 3,5 milliards de $ par an, soit 35% du PIB palestinien, et une perte de 800 millions de $ dans les caisses de l’État, soit la moitié du déficit budgétaire palestinien.
Le rapport dénonce également les restrictions qu'impose Israël au développement de l'économie palestinienne dans au moins six secteurs : agriculture, exploitation des minerais de la Mer Morte, exploitation de mines et carrières, bâtiment, tourisme et télecommunications.
Ainsi dans l'agriculture, les restrictions israéliennes sur l'accès à l'eau et à la terre handicapent dramatiquement le développement de cultures palestiniennes auto-suffisantes, tandis que les colons israéliens peuvent, eux, se doter de cultures (dattes, grenades) d'exportation.
De la même façon, les minerais de potasse et de bromure de la Mer Morte constitueraient un atout décisif pour le décollage de l'économie palestinienne.
« La levée des restrictions aurait des avantages énormes pour l'économie palestinienne, lançant une nouvelle période de croissance durable », souligne le rapport qui précise que le chômage pourrait être réduit d'un tiers si Israel laissait l'économie palestinienne se développe.
Le rapport a été salué par les représentants de l'Autorité palestinienne comme une « analyse objective », dénoncée naturellement par le porte-parole du Ministère des Affaires étrangères israélien comme « incomplet et partial ».
Jeux et double-jeux autour du rapport : calculs sécuritaires et recherche de profits faciles en toute hypocrisie
Si le rapport constitue assurément un point d'appui dans la lutte palestinienne pour un État indépendant et viable, il ne doit pas masquer aussi les jeux et doubles jeux des grandes puissances occidentales, des pétro-monarchies du Golfe et des institutions internationales.
On se souvient de la visite du cheikh du Qatar à Gaza, du renforcement des liens historiques avec le Hamas et surtout des promesses d'investissement massifs en Palestine. Le Qatar entretient pourtant des relations cordiales avec l’État sioniste et soutient la rébellion syrienne contre le régime d'Assad.
Surtout, ce rapport tombe deux semaines après la visite de Tony Blair en Palestine. Représentant du « Quartet » (Union européenne, ONU, Etats-unis, Russie), il y a exposé un « plan pour l'économie palestinienne » soutenu par les capitaux nord-américains.
Dans ce plan, une insistance sur le « développement du secteur privé » pour relancer l'économie palestinienne, appelant Israel à « un assouplissement des restrictions », s'appuyant sur un plan d'investissement américain de 4 milliards de $ dans huit secteurs de l'économie palestinienne.
Outre le rapport de la Banque mondiale insistant sur le potentiel privé de l'économie palestinienne, un autre rapport du FMI souligne la non-viabilité des finances palestiniennes, dépendante des aides extérieures, faisant craindre un effondrement aux conséquences sociales et politiques imprévisibles.
Du côté des puissances occidentales, la recherche de profits faciles dans des secteurs encore peu exploités se couple à l'exigence sécuritaire dans le nouveau « Grand Moyen-orient », ce qui suppose d'éviter à tout prix dans la période un embrasement général en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza … sans pour autant remettre en cause frontalement le principe de l'occupation israélienne.
Vigilance face aux manœuvres derrière la publication de tels rapports mais aussi confirmation de l'infamie de l'occupation israélienne et de la nécessité politique de lutter pour le retrait immédiat des troupes d'occupation, des colonies des territoires palestiniens de Cisjordanie.