Le Trio Joubran - Watch today’s top amazing videos here
Une cote d'amour qui ne fléchit pas. Cinq mois après leur concert au Théâtre de la Ville, en hommage au poète Mahmoud Darwich, mort le 9 août 2008 à Houston (Etats-Unis), le Trio Joubran s'est encore produit devant une salle comble à Paris. Le 20 mars, à La Cigale, les trois frères palestiniens emportent le public dans les méandres de l'oud, le luth oriental dont ils maîtrisent chacun tous les secrets, et pour lequel ils savent ouvrir bien des chemins.
Chez les Joubran il y a donc Samir, Wissam (né en 1983, à Nazareth, premier luthier du monde arabe diplômé de l'Institut Stradivari, à Crémone, en Italie) et Adnan (né en 1985, à Nazareth), qui les a rejoints en 2004. Le trio s'est installé en France où Samir et Wissam Joubran avaient donné leur premier concert au festival Les nuits atypiques de Langon (Gironde), en 2002.
Les Joubran ont une égale admiration pour Mahmoud Darwich. Pour célébrer celui qui disait que la poésie est d'abord musique, le Trio Joubran a donné un concert le 11 mars à Haïfa (Israël) et un autre à Ramallah (Palestine) le 13 mars, jour de naissance de Mahmoud Darwich. L'Autorité palestinienne, qui avait décrété un deuil officiel de trois jours après sa mort, a décidé, désormais, de fêter cette date comme journée nationale pour la culture. Le récital du trio, accompagné avec une délicatesse très affinée par le percussionniste palestinien Youssef Hbeisch, semble presque une ode au poète disparu, tant celui-ci est présent.
La voix enregistrée de Mahmoud Darwich, nue ou accompagnée par le trio et les percussions, déclame les vers qui défilent, traduits en français sur un panneau blanc accroché en fond de scène : "Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : sur cette terre se tient la maîtresse de la terre, mère des préludes et des épilogues. On l'appelait Palestine. On l'appelle désormais Palestine. Ma Dame je mérite la vie, car tu es ma Dame." Un drapeau palestinien apparaît sur le tissu, sous les mots. La salle applaudit.
"Nous avons deux combats à mener. L'un pour notre carrière et l'autre pour la paix en Palestine, la fin de l'occupation", déclarait Samir Joubran autrefois. Même si, aujourd'hui, le trio souhaite d'abord que l'on se déplace pour sa musique et ne veut plus entendre parler d'empathie à son égard, amertume, rage et espoir affleurent à chaque instant, autant sur scène que dans la salle.
Le répertoire varie d'un concert à l'autre. Il mélange celui du disque A l'ombre des mots (World Village/Harmonia Mundi), enregistré avec la voix et autour de la poésie de Mahmoud Darwich, et celui de Majâz (World Village), le précédent. Majâz signifie "métaphore". Quand Samir Joubran a demandé au poète comment il expliquerait par une formule simple ce qu'est une métaphore, celui-ci avait simplement répondu "l'ombre des mots".
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