Elections en Israël : les communistes et les forces anti-sionistes résistent à la droitisation de la société
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Des élections avaient lieu le 22 janvier en Israël. Dans un contexte de droitisation et de fascisation de la société coloniale israélienne, les communistes et les forces anti-sionistes résistent à la vague.
Radicaliser à des fins électoralistes la politique colonialiste israélienne – de la relance de la colonisation en Cisjordanie à l’offensive meurtrière contre Gaza en passant par les menaces contre l'Iran – pour radicaliser l’électorat majoritairement raciste du pays : le pari de la droite sioniste israélienne semble réussi.
Trop bien réussi même pour le Likoud (droite ultra-conservatrice) de Benjamin Netanyahu, allié cette fois au parti du néo-fasicste de Avigdor Liberman.
Le parti au pouvoir et son nouvel allié ne recueillent que 23% des voix et 31 sièges, soit une chute de 11 points et 11 sièges par rapport à 2009.
Au jeu de la fascisation, la droite extrême traditionnelle a trouvé plus radicale qu’elle. Une nouvelle extrême droite, encore plus sioniste et raciste, puisant dans un cocktail détonant d’un nationalisme « grand Israël » et d’un judaïsme ultra-orthodoxe.
Le parti dit du « Foyer juif » récolte 8,7% des voix et 11 sièges, profitant de l’espace ouvert par la droitisation de la vie politique israélienne.
Le consensus sioniste renforcé sur des positions radicales
Mais la véritable victoire de la droite radicale, c’est sans doute le renforcement, à 90% des suffrages exprimés, d’un consensus sioniste sur des bases encore plus radicales.
Les partis religieux conservent leur électorat de condition plutôt modeste ancré à Jérusalem (14% et 18 sièges), ferme sur ses positions racistes et traditionnalistes.
Des éléments droitiers comme l’ultra-libéral et militariste Yair Lapid (14% et 19 sièges) ou l’ex-faucon reconvertie au pacifisme intéressé Tzipi Livni (5% et 6 sièges) sont même arrivés à se positionner comme « centriste », une preuve de la droitisation de la campagne.
Plus à « gauche », la radicalisation de façade du discours social chez les travaillistes est allée de pair avec une radicalisation de l’option sioniste pure et dure. Alimentant le consensus dominant, ils restent en basses eaux (11% et 15 sièges).
A la gauche des travaillistes, le succès relatif de Meretz avec 4,5% des voix et 6 sièges révèle certes une radicalisation de la petite-bourgeoisie juive, notamment à Tel-Aviv, sur les questions sociales mais dans un horizon qui reste celui d’un « sionisme à visage humain ».
Les communistes et les forces anti-sionistes résistent
Dans ce contexte d’une société coloniale en plein repli chauviniste, les forces anti-sionistes ont résisté et totalisent 9,6% des voix.
Elles ont pu s’appuyer en partie sur le potentiel des luttes sociales inédites de 2011 contre les réformes libérales du gouvernement, mais surtout sur l’électorat israélien arabe, à la participation toujours faible (45% contre 66% nationalement).
Parmi les partis nationalistes arabes, la Liste arabe unie obtient tout de même 3,8% et 5 sièges ( + 0,6% et + 1 siège par rapport à 2009) et Balad 2,6% et 3 sièges ( + 0,2%).
Quant au Hadash, la coalition menée par le Parti communiste d’Israël, il a bien résisté avec 3,2% des voix et 4 sièges, manquant de peu la conquête d’un cinquième siège qui aurait été une première depuis 1977.
Le Parti communiste, seule force réunissant Juifs et Arabes
Dans un tel contexte, le résultat est d’autant plus à valoriser que le Parti communiste reste – tout comme le Parti communiste sous l’Afrique du sud d’apartheid – la seule force à compter dans ses rangs Juifs et Arabes et à proposer un discours anti-sioniste trans-communataire.
Le jour des élections, conscient de son score et de la nouvelle étape dans la droitisation du pays, le Parti communiste a publié une sorte de manifeste se terminant par ses mots évocateurs du combat à contre-courant du parti :
« Nous continuerons à : être pacifiste dans un pays qui reste une puissante occupante depuis 1967 ; être des partisans de la démocratie dans un régime qui chasse des populations de leurs terres, avec des lois qui bafouent les droits de l’Homme ; mettre en avant un projet de partenariat Juif-Arabe dans un système qui institutionnalise le racisme et la discrimination dans tous les domaines ; être la force dirigeante d’une lutte contre les privatisations et pour le droit des travailleurs à se syndiquer. Voilà le projet que nous avons porté tout au long de notre histoire ».
La coalition sortant du scrutin reste incertaine. Les dirigeants du Hadash ont lancé à faire barrage à Netanyahu, sans illusions. Le Likud devrait être en mesure de conduire un gouvernement de coalition plus à droite que jamais, préparant de nouvelles guerres en Palestine ou en Iran.
Le Parti communiste, à la sortie du scrutin, notait qu’il y a « peu d’espoir, dans un camp comme dans l’autre, d’un quelconque changement sur la question israélo-palestinienne et sur la fin de l’occupation israélienne »
Plus qu’aux combinaisons institutionnelles, c’est un appel à la lutte que lancent les communistes : « Ce que craint le gouvernement, c’est le retour de manifestations massives pour la justice sociale, comme ce fut le cas il y a un an et demi de cela ».
Plus que jamais pour les communistes d’Israël, la lutte pour la justice sociale passe par une véritable égalité entre Juifs et Arabes et la satisfaction du droit du peuple palestinien à disposer de lui-même, libéré de la colonisation et de l’occupation israélienne.