Il me semble important surtout dans la période actuelle d’arrêter d’utiliser l’expression « 5 millions de musulmans en France ». Ce chiffre est d’ailleurs régulièrement repris par l’extrême droite pour faire peur et donner une lecture communautariste des rapports sociaux. Comment ce chiffre de 5 millions a-t-il été établi ? Cela ne vient pas de l’INSEE car ce type de recensement n’est pas autorisé dans notre République (et c’est tant mieux) C’est en fait l’estimation de la totalité de tous les immigrés d’Afrique du nord et d’Afrique noire, et de tous leurs descendants se trouvant sur le sol français : au total ça fait bien 5 millions, en tenant compte du pourcentage de musulmans en fonction des origines par pays. C’est d’une violence symbolique sans nom pour tous ceux (nombreux) qui sont athées, ou ne pratiquent pas, ou simplement les musulmans qui veulent avant tout être reconnus comme citoyens français, et qui se retrouvent ainsi catégorisés par leur propre parti comme « musulmans » avant tout. L’inversion des situations est parfois une bonne pédagogie : imaginons que des églises soient vandalisées et qu’un parti publie un communiqué de condamnation en concluant : « les 55 millions de chrétiens français aspirent à vivre leur foi avec ouverture et paix... », cela choquerait ceux qui se verraient ainsi désignés d’office comme « chrétiens ». Au-delà de ces aspects, c’est une question politique : elle engage une vision de la société, le regard qu’on porte sur les jeunes issus de l’immigration, ce qui suppose de ne pas alimenter nous-mêmes les stéréotypes qu’on prétend combattre. Appliquer une telle simplification, qu’on n’oserait jamais appliquer pour les chrétiens, est une forme de discrimination.
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source: lafauteadiderot.net