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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 14:23

                                                                     cerveau animé

 

 Hassane Zerrouky

J’ai regardé la vidéo. Hervé Gourdel est resté digne jusqu’au bout. C’est cette dernière image que je garderai de cet homme venu en Algérie parce qu’il aimait ce pays et ses habitants. Face à la caméra, il n’a pas supplié ses bourreaux. Pas un cri même quand ils se sont mis à trois pour le coucher par terre…

Bouteflika portera la responsabilité d'avoir permis à des criminels islamistes de retrouver la liberté de tuer. Bouteflika portera la responsabilité d'avoir permis à des criminels islamistes de retrouver la liberté de tuer.

 

En revanche, cette image est salissante pour l’Algérie, pour les islamistes bien sûr, mais aussi pour ceux qui en France et hors d’Algérie avaient choisi de regarder ailleurs quand durant ces terribles années 1990, des dizaines de milliers d’Algériens étaient massacrés par le GIA et quand ils ne mettaient pas ces crimes de masse sur le compte des forces de sécurité (il ne s’agit pas ici de défendre le pouvoir politique mais de pointer le doigt sur une réalité), dédouanant du même coup les vrais criminels et leurs commanditaires même quand ces derniers revendiquaient haut et fort leurs actes. Tout juste si on leur disait pas à partir de Paris : "Mais puisqu’on vous dit que ce n’est pas vous les coupables mais les militaires" !

Salissante pour ce pouvoir politique qui a fait croire aux Algériens à un traitement politique du terrorisme islamiste, et ce, à travers ces deux lois dites de concorde civile et de réconciliation nationale, sans que l’on oblige les tueurs amnistiés à demander pardon aux familles des victimes, et sans que dans le même temps, l’on rende justice aux familles de disparus. Il s’en est suivi une démobilisation de la société algérienne et des forces chargées de la lutte antiterroriste. A quoi bon disaient certains militaires et policiers si les terroristes neutralisées sont aussitôt amnistiés et remis en liberté. Gouri Abdelmalek, l’émir du groupuscule dit Jund al-Khilafa, qui a assassiné Hervé Gourdel, en a sans doute bénéficié, lui qui avait été condamné à cinq ans de prison en 1997 avant d’être libéré en 1999.

Salissante, par conséquent, pour ceux, parmi les politiques algériens, qui désignaient les djihadistes d’égarés et les invitaient à rentrer dans le rang alors qu’ils savaient pertinemment qu’ils ne le feraient pas. Et que dire de cette ouverture des espaces publics et des lieux de prière, et même du champ médiatico-politique, aux religieux, en particulier au profit de la mouvance salafiste dite i’ylmiya (scientifique), alors que dans le même temps, les autorités interdisaient tout rassemblement et expression publique aux courants politique et de la société civile porteurs d’une alternative moderniste et démocratique.

Salissante image, parce qu’à force de minimiser, de banaliser les crimes et les menaces terroristes, de faire croire aux Algériens que cela n’a rien à voir avec l’Islam avant vite de passer à autre chose, avec en toile de fond un refus de désigner les auteurs de ces actes et pointer la matrice idéologique (l’islamisme) qui les sous-tend, le pouvoir politique a poussé une frange d’Algériens à finir par s’accommoder des pires situations avant de les attribuer à on ne sait quel complot ourdi par l’Occident contre l’Islam. Et du même coup, voilà le "moudjahid" barbu (mais amnistié) conforté d’avoir combattu pour le bien au nom de Dieu et de son prophète. Et si l’on s’avisait à rappeler les crimes commis par ces islamistes à qui il n’a jamais été demandé d’exiger le pardon aux familles des victimes, on s’expose à des poursuites judiciaires conformément aux lois sur la concorde civile.

Pour conclure, cet assassinat, qui signe le sanglant acte de naissance de la branche algérienne de l’Etat islamique en Algérie, signe en même temps l’échec de cette politique dite de réconciliation nationale. Voilà donc le pouvoir politique confronté à une situation qui met fin à l’image qu’il s’efforce de construire sur le plan international, celle d’un régime politique ayant non seulement réussi à réduire l’islamisme armé grâce à sa politique de réconciliation adossée à celle d’être le seul pouvoir politique au Maghreb et dans le monde arabe en mesure de faire face à la menace islamiste. C’est peut être contradictoire, mais le constat est là : c’est la fin des illusions.

H. Z.

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