Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 08:30

CERVEAU

                                                                PALESTINEjpg-copie-1.jpg

 

Une loi ce ne peut pas être le Loto !

 samedi 21 juin 2014

Seul et unique pays au monde dans ce cas – une exception fran­çaise par­fai­tement contraire aux valeurs uni­ver­selles de la Répu­blique  – l’Etat français considère que les actions de boycott concernant Israël, afin d’exiger que ce pays applique le droit inter­na­tional, sont pas­sibles des rigueurs de la loi.

On notera bien : il s’agit, par ces actions paci­fiques et citoyennes, d’obtenir l’application du droit inter­na­tional, et rien d’autre que le droit. Comme hier des citoyennes et des citoyens ont pu boy­cotter l’Afrique du Sud pour qu’il soit mis un terme à l’apartheid. L’apartheid tombé et devant le linceul de Mandela, tout le monde – inclus en France – s’est félicité de ces actions. Au reste, per­sonne ne son­gerait à pour­suivre des appels au boycott concernant la Syrie, la Chine, la Russie ou naguère le Mexique. Mais s’agissant d’Israël, plus exac­tement de la poli­tique des diri­geants israé­liens, il y a déro­gation. Ce simple fait donne d’emblée à com­prendre que ce n’est pas la loi qui est en cause mais une volonté poli­tique qui est à l’œuvre.

La loi est bonne en effet : il s’agit – article 24 et sui­vants de la loi de 1881sur la presse – de condamner toute dis­cri­mi­nation, notamment eth­nique, contre une per­sonne ou un groupe de per­sonnes. De lutter contre tous les racismes en somme. C’est une loi qui non seulement est bonne mais qui est abso­lument nécessaire.

Ce qui est en cause, ce n’est donc pas la loi. C’est l’interprétation qui en a été faite par le poli­tique – en l’occurrence par la ci-​​devant Garde des Sceaux, Madame Alliot-​​Marie – qui a envoyé, via la direction des affaires cri­mi­nelles et des grâces, une cir­cu­laire aux Par­quets pour leur expliquer, contre tout bon sens, que des pro­duits boy­cottés ou des appels à les boy­cotter c’était du racisme pas­sible des rigueurs de cette loi, dès lors qu’Israël était en cause ! Cette aber­ration poli­tique aboutit à des aber­ra­tions juri­diques et plonge les magis­trats dans un désarroi évident. Pour l’heure, sauf dans deux cas, les procès qui ont eu lieu à partir de cette cir­cu­laire ont abouti à la relaxe des inculpés. Se pose donc un pro­blème sérieux : cette cir­cu­laire aboutit à ce que la Justice ne soit pas égale pour tous et que la loi ne soit pas pré­vi­sible dans ses effets. C’est ins­taurer en matière judi­ciaire le Loto… ou la rou­lette russe. Et c’est le résultat d’une cir­cu­laire poli­tique et uni­quement poli­tique. J’entends de « savantes » per­sonnes expliquer gra­vement – sans y croire un instant, bien entendu, tel­lement c’est ridicule et contraire au fonc­tion­nement de la Justice – que cette cir­cu­laire ne donnant pas des résultats équi­va­lents sur tout le ter­ri­toire, il ne fau­drait pas l’abroger mais attendre sim­plement qu’elle meure de sa propre mort.

On notera le courage de ces « savantes » per­sonnes ! Mais aussi leur incroyable désin­volture. Ou bien une cir­cu­laire est juste, et alors on la main­tient, ou bien elle est infondée, et alors on l’abroge. Comment dire et rendre la Justice autrement ? Comment les citoyens peuvent-​​ils s’y retrouver ? Et les magis­trats ? Et les juges ?

Il y a trop de tech­no­crates que le courage effraie, qui croient intel­ligent d’essayer d’éviter un obs­tacle et qui finissent étonnés que leur bateau se soit échoué. Car on ne peut esquiver les obs­tacles ou les pro­blèmes. On les affronte. Remarquez : ils ne risquent rien, eux. Ils conseillent – retenez le mot « conseil » – les ministres. Et si un ou une ministre trinque du fait de leur incon­sis­tance, peu leur importe ! Leur car­rière se déroulera sans pro­blème majeur. « Les ministres passent, les fonc­tion­naires restent » – vieux théorème de la haute fonction publique. Tout cela prê­terait à rire si ce n’était très grave car il en va du fonc­tion­nement de la Justice, de notre Répu­blique et de la Répu­blique elle-​​même. En effet, il y a une dis­tinction fon­da­mentale entre une ou des per­sonnes et un ou des pro­duits. Bien évi­demment. Nul besoin de sortir de l’ENA, de l’école nationale de la magis­trature ou de Poly­tech­nique pour com­prendre cela. Boy­cotter des pro­duits – on peut être pour ou contre – relève de la liberté d’expression que per­sonne ne peut fouler aux pieds dans notre Répu­blique et en Europe. Per­sonne. Pas même un « conseiller » de ministre. Depuis plus de deux ans le gou­ver­nement d’une autre majorité est en place. Malgré nos appels appuyés et sou­tenus il n’a tou­jours pas abrogé la cir­cu­laire Alliot-​​Marie.

Il est temps – plus que grand temps – que cela soit entendu là où c’est néces­saire : ça suffit les ter­gi­ver­sa­tions ! Au poli­tique de décider de la poli­tique pénale et de son appli­cation ! Abro­gation pure et simple de la cir­cu­laire Alliot-​​Marie ! Liberté d’expression ! Justice égale pour tous !

                        Jean-​​Claude Lefort Député honoraire

Partager cet article
Repost0

commentaires