PARIS — Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a averti vendredi le président Nicolas Sarkozy que le "contexte social et politique" ne lui permettrait pas d'"imposer n'importe quoi" en matière de réforme des retraites.
"Le président de la République doit bien apprécier qu'il n'est pas dans un contexte social et politique pour imposer n'importe quoi", a déclaré devant la presse le leader de la CGT, dans une allusion à la lourde défaite de la majorité aux élections régionales il y a un mois.
Bernard Thibault s'exprimait au côté de la secrétaire nationale du Parti communiste français, Marie-George Buffet, après une rencontre de deux heures, au siège de la CGT, entre des délégations du syndicat et du parti.
Le chef de l'Etat "va devoir bien réfléchir sur la hauteur du curseur", autrement dit sur l'importance des changements qu'il entend opérer en matière de retraites, a ajouté le numéro un de la CGT.
M. Thibault a souligné "l'importance particulière, cette année" du 1er mai, en raison de cette réforme. "Les mobilisations auront une influence" sur le contenu de la réforme, "on peut avoir des manifestations de grande ampleur, ça comptera", a-t-il insisté.
Il a fait état d'un "très large consensus" entre les deux organisations sur "l'analyse de la démarche gouvernementale" et "les réponses" à apporter au déficit des retraites, Mme Buffet parlant de "convergences sur les solutions alternatives".
La numéro un du PCF a détaillé les propositions de son parti, à commencer par "le développement de l'emploi qualifié et bien rémunéré", générateur de ressources pour les régimes de retraite. "100.000 chômeurs de moins, c'est 2 milliards d'euros immédiatement" dans les caisses de retraite, a-t-elle déclaré.
Le PCF est aussi favorable à "des cotisations patronales qui tiennent compte de la valeur ajoutée" des entreprises, à la mise à contribution des revenus financiers pour un montant de "20 mds", et à "la fin des exonérations de cotisations patronales" qui rapporterait "30 mds".
Marie-George Buffet a rappelé que le PCF allait mener à partir du 1er mai "une très grande campagne d'explication" pour la défense des retraites, "de même niveau qu'en 2005 sur le Traité constitutionnel européen (TCE)", a-t-elle précisé.
"Ne faisons pas croire que nous serions dans un tunnel où la solution serait de travailler plus, travailler plus", a-t-elle lancé.
Elle a souhaité que, de la même manière qu'une intersyndicale appelle à défiler le 1er mai et recherche des convergences entre syndicats sur les retraites, "les forces de gauche se rassemblent sur un projet alternatif sur les retraites".
Tous deux ont jugé "paradoxal" que, selon M. Thibault, "les organisations syndicales soient privées de débat sur la question du financement des retraites" alors qu'une réforme est officiellement "justifiée par les impasses financières" des régimes de retraite.
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