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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 13:37

 

Social-Eco - le 2 Janvier 2014

Transport

SNCM : Jean-Marc Ayrault attise la grève
 

Tous les bateaux de la compagnie maritime sont à quai depuis hier. Les marins sont ulcérés de voir le premier ministre entériner une nouvelle étape de la casse de leur outil de travail.

Pas un chat sur les quais d’embarquement à Marseille. En dehors du Danielle-Casanova qui achevait dans l’après-midi une croisière en Méditerranée pour la Saint-Sylvestre, tous les bateaux de la SNCM sont restés amarrés hier. À l’appel de toutes les organisations syndicales (CGT, CFDT, CGC, SAMMM), sauf le Syndicat des travailleurs corses (STC), proche des nationalistes, la grève est, même la direction en convient, « très suivie » : le taux de mobilisation atteint même les 100 % dans certaines catégories de personnel comme les officiers, par exemple. Les marins se prononceront sur la reconduction du mouvement ce jeudi matin à l’occasion d’une assemblée générale.

Dans un courrier adressé à Patrick Mennucci, candidat PS à la mairie de Marseille, et rendu public mardi soir, Jean-Marc Ayrault a promis un apport supplémentaire de 30 millions d’euros de l’État afin de « permettre de couvrir les besoins de trésorerie estimés nécessaires par l’entreprise pour l’année 2014 ». Mais derrière cette ouverture de pure forme, dans un contexte où la délégation de service public accordée au titre de la continuité territoriale entre la Corse et le continent est attaquée par Corsica Ferries et où la compagnie maritime, passablement fragilisée depuis sa privatisation en 2005 sous le gouvernement Villepin, se trouve au bord du dépôt de bilan, le premier ministre réclame des mesures drastiques. Alors que les 2 600 salariés et leurs centaines de collègues licenciés ont déjà payé les pots cassés d’une privatisation au profit exclusif de Walter Butler, Jean-Marc Ayrault demande « la mise en place dans des délais désormais rapides des mesures de redressement prévues par le plan et le pacte social ». « Ces mesures sont l’un des éléments clés du succès de cette stratégie », écrit-il.

Un nouveau coup de poignard

Pour la CGT, largement majoritaire à la SNCM, le courrier du premier ministre ressemble à un nouveau coup de poignard car il confie toutes les clés à Veolia Environnement, la multinationale qui contrôle la compagnie maritime via Transdev, sa filiale commune avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC). « C’est de l’enfumage électoral », estime Frédéric Alpozzo, représentant syndical CGT, qui ajoute qu’avec cette annonce « on revient en arrière de six mois ». « On est en train de demander aux salariés d’accepter de mettre en œuvre des départs volontaires, des réductions de postes donc d’emplois, sans que l’État et les actionnaires respectent leurs engagements industriels, notamment sur la commande de quatre nouveaux navires », dénonce le syndicaliste. Selon Maurice Perrin, le délégué CFE-CGC de la SNCM, les déclarations du premier ministre « cachent en réalité l’abandon du plan 
tel qu’il a été voté par l’ensemble des actionnaires ». Ce programme prévoyait notamment des suppressions de postes sans départs contraints, mais aussi des investissements dans la flotte avec une commande de quatre nouveaux navires aux chantiers navals de Saint-Nazaire. « Veolia et Transdev ne doivent pas avoir droit de vie et de mort sur la SNCM », s’insurge encore le responsable syndical en regrettant que le gouvernement « reporte sine die toute recherche d’un actionnariat futur ».

Pour permettre une sortie de Veolia Environnement du capital de la SNCM, les syndicats ont pourtant une solution : ils appellent à la mise en place d’un « actionnariat public d’intérêt général » avec la Caisse des dépôts et les collectivités, aux côtés de l’État (25 %) et des salariés (9 %). La proposition permettrait de ne pas ajouter au cataclysme social pour la compagnie maritime une mise en péril des chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire. Elle a été appuyée, il y a quelques jours, dans un courrier adressé à Jean-Marc Ayrault et signé par huit élus communistes des Bouches-du-Rhône et de Corse (dont Gaby Charroux, député maire de Martigues, Isabelle Pasquet, sénatrice des Bouches-du-Rhône, Dominique Bucchini, président de l’Assemblée de Corse, Jean-Marc Coppola, vice-président de la région Paca) : ils réclament une table ronde avec les représentants de toutes les collectivités locales qui pourraient s’engager dans le projet, mais jusqu’ici, le premier ministre fait la sourde oreille.

La direction de la SNCM va porter plainte contre Corsica Ferries. "Nous allons engager une procédure contre Corsica Ferries. Nous considérons qu'il y a une distorsion de concurrence, et que nous ne travaillons pas avec les mêmes règles", a indiqué Pierre Jaumain, porte-parole de la compagnie. Cette annonce fait suite à une assemblée générale dans la matinée à Marseille au siège de la société, au cours de laquelle les syndicats ont demandé à la direction de reprendre à son compte cette plainte déjà déposée par la CGT-marins auprès de la Commission européenne. Le syndicat majoritaire avait indiqué le 20 décembre avoir saisi la Commission européenne "pour aide d'Etat illégale aboutissant à des pratiques anticoncurrentielles", en référence à une "aide sociale directe" aux passagers d'environ 180 M EUR dont aurait bénéficié depuis 2002 la société privée Corsica Ferries.

 

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