Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 09:47

Jean-Jacques Candelier député PCF du Nord

«  Fier d'être communiste ! »

I.C. a rencontré J-J. Candelier, qui a succédé à Geo Hage en 2O07 dans la l6ème circonscription du Nord. Si le P.R.C.F ne partage pas ses appréciations sur le P.C.F. et le Front de Gauche - d'autant que Mélenchon a refusé tout discussion avec nous - les points de convergences sont nombreux et importants par ailleurs...


I.C. : Comment prend-on la succession d'un député comme Geo Hage qui sut .défendre l'identité communiste contre la mutation réformiste, rester proche de la classe ouvrière du Douaisis et associer l'internationalisme prolétarien (il a été décoré par Cuba socialiste) au patriotisme français ?

J-J.C. : J'ai beaucoup d'estime pour Geo, mais je ne suis pas du genre à trop regarder dans le rétroviseur. J'essaie constamment d'être à sa hauteur. Comme lui, je suis fer d'être communiste.

Concernant l'internationalisme prolétarien, je suis de près à l’Assemblée les relations diplomatiques avec des pays comme Cuba et la Corée du Nord pour contrer les tentatives impérialistes de dénigrement et de déstabilisation. L'attitude de la France envers la R.P.D.C. commence à changer, on évoque l'établissement de relations diplomatiques. La position des U.S.A. envers Cuba évolue aussi, mais il faut maintenir la pression pour l'arrêt total du blocus. Il reste du chemin à parcourir ! J'ai bien entendu ma propre vision de la classe ouvrière et de la riposte qu'il faudrait mener contre la politique sarkoziste. Par exemple, tous ensemble, dans une grève générale d'une semaine, nous pourrions enterrer la réforme U.M.P du système de retraite ! De même, le blocage de toutes les raffineries de France aurait permis de sauver le site de Dunkerque. Ce n'est pas ce que font les syndicats. Dans le Douaisis, je suis à la disposition de tous les travailleurs sans distinction. Contre la casse de l’emploi et des services publics, nous ne gagnons pas toujours, mais chaque combat non mené est perdu d'avance.

Enfin, concernant le patriotisme, mon vote le plus important est le refus de l'approbation du traité de Lisbonne au Congrès de Versailles, en 2008. Si toute la gauche avait refusé cette fuite en avant dans le capitalisme européen, nous aurions pu nous opposer au projet de Sarkozy et du M.E.D.E.F..

I.C. : Le P.R.C.F. considère que la mutation réformiste du PCF est irréversible. Aux régionales, le P.C.F a semblé écartelé entre les listes PS et le Front antilibéral, que Mélenchon souhaite transformer en « Linke » française. Par-delà les  différences d'approche sar l'avenir du PCF, l'unité d'action que propose le P.R.C.F. te paraît-elle possible entre les vrais communistes ?

J-J.C. Bien entendu ! l’unité d'action est non seulement possible, mais souhaitable pour gagner. Au PC.F., la stratégie électorale des régionales s’est faite à géométrie variable, mais cela découle des statuts : il revient aux fédérations des régions de trancher à leur niveau. Globalement, la ligne du Front antilibéral souhaitée par la direction est largement majoritaire. II s’agit d'une démarche de rassemblement. Unis dans les urnes comme dans les luttes. Ce n'est pas idiot. Le référendum sur la Constitution européenne avait cristallisé deux orientations opposées à gauche. Désormais, il faut, à mon sens, donner un plus grand contenu de classe au Front de gauche, qui est encore purement électoraliste, mettre la barre plus haut et gagner en lisibilité avec des propositions simples et assumées, comme les nationalisations et la gestion démocratique par les salariés. Le P.C.F. reste le pivot de ce Front, le dernier obstacle à la création d'un parti ouvertement social-démocrate de gauche, d'un parti de gauche (nom du parti de Mélenchon !) ouvertement réformiste. Je suis profondément attaché au P.C.F. en tant qu'outil, quand bien même il n'est plus officiellement léniniste depuis très longtemps.

I.C. : Le P.R.C.F. considère que l'U.E. étant structurée pour criminaliser le communisme, détruire les nations et les acquis, il faudra en sortir pour produire en France, pour le progrès social, la coopération internationale et le socialisme, Le P.C.F. croit au contraire « l'Europe sociale » possible. Comment les marxistes peuvent-ils se retrouver dans l'action malgré cette divergence stratégique ?

J-J.C. : Je pense qu'il faudrait donner à voir concrètement la société que nous voulons construire, aux niveaux français, européen et mondial. On peut facilement se retrouver sur des mots d'ordre comme l'abrogation de tous les traités européens existants. C'était d.'ailleurs une revendication du P.C.F. et du Front de gauche aux européennes. La Suisse n'a jamais fait partie de I'U.E. et n'en meurt pas ! Mais pour être crédibles aux yeux de la population, qui souffre comme jamais de l'U.E. et de sa politique dévastatrice sans entrevoir de sortie possible, nous devons aussi clairement expliquer vers quoi nous voulons aller. La coopération internationale ALBA (l’Alliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) est à méditer pour construire une Europe des peuples.


I.C. : Tu as relayé une demande du C.O.U.R.R.I.E.L. en interpellant le Gouvernement sur le basculement patronal de notre pays au tout-anglais. Comment passer à l'offensive sur ce terrain linguistique vital pour l'existence même de la Nation et néanmoins sous-estimé par le mouvement ouvrier ?

J-J.C. ' Tout d'abord, permets-moi de féliciter les associations qui défendent la langue française. Leur travail est important. C'est vrai que le problème est politique. J'ai saisi officiellement le Ministre de la Culture (procédure de la question écrite). Au sein du groupe G.D.R. de l’Assemblée, j'ai proposé qu'une séance publique réservée à l'évaluation et au contrôle des politiques publiques soit programmée sur le sujet.

Cela aurait le mérite de contraindre le Gouvernement à rendre des comptes et de sensibiliser les députés de tous les groupes. Par ailleurs, je travaille au dépôt d’une demande de commission d'enquête, qui serait chargée « d'enquêter sur les dérives linguistiques actuelles en France, notamment l'envahissement de l’Anglo - Américain, et de réfléchir aux mesures qui s’imposent aux pouvoirs publics pour défendre et promouuoir la langue française ». Le texte est en préparation avec le C.O.U.R.R.LE.L.. Mais cette lutte est l'affaire de chacun : les politiques ne règleront le problème seuls. J'en appelle donc à la vigilance citoyenne, car il ne s’agit pas d’un combat d'arrière-garde nationaliste, mais d’un combat patriotique pour préserver notre mode de vie, actuellement mis à mal. Le calamiteux débat sur l'identité nationale aurait eu un sens s’il s’était agi de défendre nos acquis et non de rendre les étrangers responsables de tous les maux ! La société française ne fait que souffrir du capitalisme mondialisé, broyeur d'humanité et d'identité.

Par Réveil Communiste  
Partager cet article
Repost0
23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 09:40
Marc Vandepitte pour cubanismo
(article édité ici tel qu'il est visible sur le blog de Nicolas Maury)
Cuba: réduction d'un demi-million d'emplois dans le secteur public
L’annonce qu’on va supprimer un demi-million d'emplois publics à Cuba a battu le tambour dans les médias occidentales. Est-ce une rupture avec le socialisme ? Et comment faut-il comprendre cette mesure?

Le 13 septembre la Centrale des travailleurs de Cuba (CCT) a annoncé que l'emploi dans les entreprises publiques sera fortement réduit. D'ici à avril 2011, un demi-million d'emplois seront supprimés et, plus tard peut-être encore autant. Les plans ont été préparés minutieusement pendant des années et ont été suffisamment discutés. En août ils ont été annoncés par le président Raúl Castro devant le Parlement.

 

La Période Spéciale

Pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter dans l’histoire récente de l’île.(1) La chute du mur de Berlin en 1989, la fin de l'Union soviétique deux ans plus tard et une intensification du blocus économique ont provoqué une crise économique sans précédent à Cuba : le commerce extérieur a été réduit à moins d'un quart et le PIB (la richesse qu’un pays produit chaque année) a diminué de 35%. Les conséquences pour la population étaient graves: dans les années 1991-1994 qui furent très difficiles, les Cubains ont souffert de la faim, il y avait des interruptions de courant jusqu’à 16 heures par jour, il n'y avait presque pas de transports publics, etc. C'était comme une guerre en temps de paix, ce qu’on a appelé la « Période Spéciale. » Presque tout le monde était convaincu que la fin de la révolution était imminente. La probabilité d’un éclatement était presque égale à cent pourcent. Cela n'est pas arrivé, mais le pays en a eu pour quinze ans avant de revenir au niveau de 1989.
Cuba: réduction d'un demi-million d'emplois dans le secteur public

 

Un certain nombre de blessures se sont fait sentir jusqu’aujourd’hui. L'agriculture et une bonne partie de l'industrie ont été perturbées complètement. Une série de secteurs ne marchaient qu’à une fraction de leur capacité. Puisqu'il n'y avait pas de licenciements en masse, comme c'est l'usage dans une économie capitaliste, il se produisait un degré élevé de sous-emploi : plus de vingt pour cent des travailleurs dans le secteur public étaient surnuméraires. Mais ce qui affectait le plus l'économie, c'est le fait que la monnaie nationale, le peso, s'effondra complètement. C’était et c’est d'autant plus grave que l'île est très dépendante du commerce extérieur, un commerce qui à son tour est fortement entravé par le blocus économique. Dorénavant le pays devait se maintenir dans le marché mondial à partir d'une position extrêmement faible et vulnérable. Afin de pouvoir disposer d’un maximum de devises le gouvernement a établi une nouvelle monnaie, le CUC, d'une valeur d’un peu plus de un dollar. Bien que ce système de double monnaie évita que les plus faibles durent endosser la crise, il ne pouvait pas empêcher qu’il se produise un abîme entre les Cubains qui disposent des devises, parce qu’ils travaillent dans le secteur du tourisme ou parce qu’ils ont de la famille à l'étranger (environ 60% de la population), et les autres compatriotes.

 

De la marge pour des nouvelles initiatives

Pour l'économie cubaine jusqu’à la première moitié de cette décennie c’était « marche ou crève ». Progressivement il y a eu de nouveau de la marge pour arranger les choses. Fidel Castro a donné le signal de départ en novembre 2005. Il lança alors une attaque frontale contre la corruption généralisée et annonça des mesures. C'était un an et demi avant qu'il tombe gravement malade. Au cours de l'été 2007, le président par intérim Raúl Castro renoua le fil et dénonça le manque d'efficacité dans l'économie. Il lança une vaste consultation de la population dans le but d’adapter le modèle économique aux nouveaux défis et circonstances historiques. De cette enquête sortaient de nombreux plans, mais en 2008-2009 il y eut deux éléments négatifs d'importance. À l'automne 2008 en quelques semaines trois ouragans causèrent des dégâts sans précédent. La perte a été estimée à 20% du PIB. Puis vint la crise économique et financière. Elle a frappé l'île très fortement en raison de sa position faible dans le marché mondial. Il y avait une pénurie de devises temporaire, mais aiguë. À l'été 2010 ce problème aigu était sous contrôle. En dépit de ces éléments négatifs et de graves problèmes dans certains secteurs comme l'agriculture, l'économie obtenait des résultats plus que suffisants : pour la période 2004-2009 il y a eu une croissance annuelle moyenne de 6% contre 3,6% en Amérique latine.(2) Il y avait donc de la marge pour de nouvelles initiatives et le moment était venu de s’attaquer aux défis structurels. Nous avons traité cette matière d’une manière détaillée dans un rapport de Février 2010. (3) Ici nous traçons les grandes lignes et à la fin nous abordons les mesures annoncées.
Cuba: réduction d'un demi-million d'emplois dans le secteur public

 

Deux défis fondamentaux

Le défi le plus fondamental de la révolution est l'écart entre le domaine économique d’un côté et le domaine social, culturel et intellectuel de l’autre côté. En ce qui concerne les trois derniers domaines, l'île atteint un niveau comparable à un pays riche moyen. L'économie, toutefois, a le profil des pays relativement pauvres dans la région. Cela reflète les priorités du projet socialiste partant d'une base économique faible et d’une position fragile dans le marché mondial. Le développement social élevé, culturel et intellectuel suscite des attentes élevées, mais il manque de base économique et cela crée des frustrations dans la population. Vous êtes un grand pianiste mais vous n'avez pas de piano à queue, vous êtes chirurgien mais ne disposez pas de votre propre voiture, vous êtes ingénieur mais vous n'avez pas de Gsm ou ordinateur portable ... Ce fait est renforcé par l'effet de démonstration du tourisme. L'appareil photo numérique, un iPod ou un téléphone portable, ce sont des choses les plus naturelles pour un touriste, mais elles sont pour la majorité des insulaires pratiquement hors d'atteinte. Ce luxe écrase les Cubains.

Ce sentiment de frustration dans la sphère de consommation a un impact significatif dans la sphère de production. Comment inciter les gens à travailler efficacement si, avec le salaire, on ne peut acheter des articles de luxe convoités, ou bien parce que la rémunération est trop faible ou parce que la vente de ces produits est interdite? Comment par exemple à une température de plus de trente degrés et une humidité élevée motiver les jeunes hautement qualifiés à travailler dans l'agriculture, bien que l'emploi soit assuré? En ce sens, Cuba est un petit peu victime de son propre succès.

Un deuxième défi fondamental est lié avec les conséquences de la Période Spéciale. Le salaire, qui est payé en pesos, est pratiquement sans valeur par rapport au dollar et à la CUC. Ceux qui n'ont que des pesos doivent payer des prix impossibles pour une paire de chaussures, un morceau de viande en dehors de la ration de base, ou, par exemple, un micro-ondes. Que tu travailles dur ou pas, tu n’entreprendras pas grand chose avec ton maigre salaire. En d’autres mots, il n'y a plus de lien direct entre l'emploi, le salaire et le pouvoir d'achat. Une telle situation est hautement désavantageuse pour la motivation au travail. Pourquoi ferais-tu de ton mieux si avec ton effort tu ne peux pratiquement rien acheter? C’est pourquoi pas mal de Cubains recourent à des activités illégales afin d’obtenir des CUC supplémentaires et ainsi il se produit un système généralisé de «débrouillardise». De ce fait, les travailleurs cubains risquent de s’aliéner de la vie économique. Ils ne se sentent plus responsables pour le produit final ou pour la prestation de service et se sentent encore moins propriétaires des moyens de production, ce qui est pourtant un des principaux piliers du socialisme.
Cuba: réduction d'un demi-million d'emplois dans le secteur public

 

Les réponses à ces défis

Cette situation est intenable à long terme. Le salaire doit être davantage lié au dévouement et aux résultats. A la lumière de ces événements le gouvernement a pris une série de mesures depuis 2008, à savoir une augmentation de salaire dans l'éducation, l'introduction de la rémunération selon la quantité et la qualité de travail apporté, et la possibilité d’exercer deux emplois. Depuis l'année académique 2009-2010 les emplois étudiants sont autorisés. Dans un nombre croissant d'entreprises, le salaire est lié à l'effort individuel de l'employé, c’est à dire l’assiduité et la ponctualité. Ces mesures sont un bon début, mais ne suffisent pas. Voilà pourquoi on est passé à une vitesse supérieure : la restructuration d’une partie importante de l'économie publique. L'objectif est quadruple: donner un nouveau job aux salariés en excédent, une plus grande décentralisation de la production, une autonomie plus grande pour les producteurs locaux, et last but not least, faire en sorte que les gens considèrent leur emploi comme première source de revenus correspondant à leurs besoins réels.

Dans ce but, vers la fin de mars 2011, le gouvernement cubain veut transférer un demi-million de personnes employées dans le secteur public vers d'autres secteurs ou les faire travailler selon d’autres statuts. Récemment, le gouvernement a fait de sérieux investissements dans un certain nombre de secteurs, y compris l'extraction du pétrole, la construction, la biotechnologie, l'industrie pharmaceutique et le tourisme. Cela concernera une part importante des travailleurs d'Etat. En ce qui concerne les autres statuts, on pense aux coopératives, le travail à son propre compte, l’usufruit ou la location de terres, etc. En outre, les règles seront assouplies. Les gens qui travaillent pour leur propre compte seront en mesure d'emprunter de l'argent et auront accès à la sécurité sociale, ils pourront embaucher des gens et pourront passer des contrats avec le gouvernement. Mais bien sûr ils devront payer des impôts.

Le transfert d'emplois vers d'autres secteurs ou selon d'autres statuts, sera effectué d’une manière progressive et sera basé sur les compétences des salariés concernés. L'ensemble du processus sera codirigé par le syndicat (CTC). Il veillera à ce que le processus se déroule d'une manière ordonnée et sociale. Pour que le processus réussisse, le CTC souligne qu’un changement de mentalité est nécessaire. Au cours de la Période Spéciale, l'emploi et le salaire étaient garantis indépendamment du dévouement ou la performance de l'employé. Mais à ce moment-là, il n’y avait pratiquement pas d'alternative d’emploi. Cette situation a changé et à partir de maintenant on tiendra compte du dévouement et/ou du résultat.
Comme Raúl Castro l'a déclaré laconiquement: « Nous devons effacer l'image selon laquelle Cuba est le seul pays du monde où l'on peut vivre sans travailler ».

 

Mise à jour du modèle socialiste

Réduire le secteur de l'État avec un demi-million d'emplois, c’est à dire un huitième du total, aura certainement des conséquences profondes. Mais Cuba n’en est pas à son premier essai. Dans les années quatre-vingts, on a déjà organisé un transfert de 300.000 travailleurs agricoles des fermes d'Etat vers des coopératives. A ce moment-là, environ 200.000 personnes ont commencé à travailler à leur propre compte. Et au début de cette décennie un peu plus de 100.000 travailleurs de l'industrie de la canne à sucre ont été recyclés dans d'autres secteurs. Dans l'histoire de la révolution cubaine, on n’a jamais abandonné quelqu’un à son sort, même dans les périodes les plus difficiles. La terminologie utilisée par certains médias à propos des mesures actuelles, que le gouvernement cubain « jetterait des centaines de milliers de personnes à la rue » est donc totalement injustifiée.
Cuba: réduction d'un demi-million d'emplois dans le secteur public

 

En Février, nous avons écrit que vu « les grands défis du pays, nous devrons nous attendre à toute une série de réformes ». Maintenant ils ont mis ce projet en route. Cela ne signifie pas que la révolution cubaine change de modèle ou de route ou qu'elle envisagerait de le faire, mais signifie, pour reprendre les mots de Raúl, qu’on va chercher «le modèle économique qui est favorable pour le pays » et qui «peut garantir l'irréversibilité du système sociopolitique ». Cela signifie également que la révolution ne persiste pas dans des schémas sclérosés, mais que par contre elle répond et réagit avec souplesse aux défis et aux circonstances.

 

Ressources

Discours prononcé par Raúl Castro, le 1er août 2009.
Discours prononcé par Raúl Castro, le 1er août 2010.
Communiqué la Centrale des travailleurs de Cuba, CTC, du 13 Septembre 2010.
Rapport de Reuters le 14 Septembre 2010.

Notes

(1) Pour un traitement détaillé de cette période, voir M. Vandepitte, Le pari de Fidel. Cuba entre le socialisme et le capitalisme?, Berchem 1998.

(2) Les chiffres sont tirés du CEPAL, l'organisme de l'ONU qui traite du développement socio-économique de l'Amérique latine et les Caraïbes.

(3) M. Vandepitte, ‘Qu'en est-il de la révolution cubaine après Fidel Castro?’.
Cuba: réduction d'un demi-million d'emplois dans le secteur public
Par Réveil Communiste  
Partager cet article
Repost0
23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 09:20

                                                        MARE NOSTRUM-copie-1

                                                                  Animation2 PCL

                   LE LIBAN :Entre la guerre civile et l’agression israélienne

(Extraits du rapport du Comité central du PCL)

Le Comité central du Parti Communiste libanais a discuté, durant la session qu’il a tenue en août 2010, les développements de la situation politique dans le monde et au Liban, et il a publié un long rapport duquel nous avons tiré les extraits suivants:

La situation actuelle dans la région arabe marque la fin du statu quo qui avait prévalu pendant les derniers mois, à cause des défaites subies par le projet étasunien, tant en Afghanistan qu’en Irak, mais aussi celles subies par Israël depuis son agression contre le Liban (2006) et Gaza (2008).

En effet, à la suite du retrait partiel de l’Irak et en prévision des élections de novembre prochain, les Etats-Unis de Barak Obama tentent de recourir à la politique de “la guerre préventive” déjà utilisée par G W Bush et, ce, afin de conquérir de nouveaux marchés et de nouvelles zones d’influence pouvant les sortir de la crise dans laquelle ils s’embourbent de plus en plus. Et, puisqu’un conflit mondial est impensable, l’administration étasunienne, suivie en cela par Israël, vient de mettre au point une politique d’attaques partielles et de guerres civiles (confessionnelles et ethniques) dans le but d’améliorer les conditions de leur présence (économique, surtout) au Moyen Orient et, en particulier, dans le Golfe arabique et l’Afghanistan où la découverte du pétrole, en plus du lithium et autres minéraux de valeur avait redonné un nouvel élan à la colonisation de ce pays déjà très important d’un point de vue stratégique pour contrer l’avance de la Chine ou de l’Inde, ou encore l’élargissement de l’influence russe.

La situation politique libanaise

-Durant l’année en cours, le Liban a connu une accalmie intérieure due au rapprochement saoudo-syrien qui avait engendré, en 2009, un certain consensus dont l’expression la plus claire fut la formation, sept mois ,après les élections législatives (mai 2009) d’un gouvernement dit “d’union nationale” dans lequel se sont retrouvées la majorité (Saad Hariri- Arabie saoudite) et l’opposition traditionnelle (Hezbollah-Syrie)..

-Ce consensus, engendré par les circonstances régionales, a dicté aux forces politiques libanaises, antagonistes en principe, un certain attentisme et une certaine tempérence, malgré qu’elles n’étaient pas satisfaites de suivre une telle solution et qu’elles attendaient une occasion propice pour y mettre fin.

-Il va, donc, sans dire que cette atmosphère consensuelle n’était pas ,créée dans le but de permettre aux antagonistes de trouver une solution aux problèmes litigieux; au contraire. Le contenu politique du programme

gouvernemental n’a pas mis fin aux divisions intestines concernant “la légitimité des armes de la Résistance”, les relations avec la Syrie ou les Palestiniens présents au Liban. Pis encore, les deux parties en présence ne sont pas arrivées à un point de vue commun en ce qui concerne les réseaux d’espions israéliens, surtout que ce problème fut tout de suite camouflé par une surenchère confessionnelle de la part de tous.

Ainsi, au moment même où la tension se fit sentir sur le plan régional, la situation intérieure libanaise entra dans une nouvelle phase, très dangereuse sur plus d’un plan:

-Une escalade israélienne, politique et militaire, contre le Liban: menaces et préparatifs militaires (manoeuvres sur les frontières, nouvelles troupes, survol du territoire libanais, tirs à Aadaïssa, problèmes sur la “ligne bleue” tracée par l’ONU) en vue d’une agression qui tiendra lieu d’une revanche et permettra à Israël de reprendre les rennes en main et, par suite, de mettre à exécution son plan visant à liquider la cause palestinienne.

-Une tentative de la part des Etats-Unis de changer certaines clauses de la résolution 1701, dans une perspective visant à garantir une aide inconditionnelle à Israël tout en contrant le mouvement de la Résistance en cas de conflit avec lui.

-Une escalade politique accompagnée d’une autre, confessionnelle, sur plus d’un titre: les armes de la Résistance, la FINUL, les espions, l’infiltration par Israël du réseau des télécommunications…

-L’accusation, par certains, du Hezbollah (chiite) d’avoir préparé et exécuté l’assassinat de Rafic Hariri (ex président du Conseil, sunnite), de manière à soulever une tempête confessionnnelle pouvant être suivie parune nouvelle guerre civile..

-Une tentative visant à pousser la Résistance, une fois de plus comme en mai 2008, à utiliser ses armes dans une bataille de rues, ce qui faciliterait l’agression israélienne.

-“Irakiser” le conflit politique libanais, c’est-à-dire faire en sorte qu’un conflit sunnite-chiite éclate au Liban et se propage à partir de ce foyer vers l’Iran et le Golfe en général.

Le Sommet tripartite

Ces développements ont exigé des solutions assez rapides, dont la tenue du Sommet tripartite entre les chefs de la Syrie, de l’Arabie saoudite et du Liban.

Il est nécessaire de s’arrêter sur certains points qui ont accompagné la tenue de ce Sommet et les conséquences qui en ont découlé:

a) Le Sommet ne fut pas à la hauteur des attentes; il ne put donner une solution au problème du tribunal international pour lequel il fut tenu.

b) Le communiqué final ne contient que des généralités concernant la nécessité de poursuivre le dialogue, de mettre en exécution le contenu des accords de Taëf et de Doha, de maintenir le

“gouvernement d’unité nationale”…

c) Rien ne fut dit à propos du tribunal international, ce qui a laissé supposer l’absence de toute entente ou consensus à ce propos, comme si quelqu’un voudrait garder un précieux alibi pouvant être utilisé contre le Hezbollah ou l’Iran.

d) Le Sommet renforça la division et les tutelles de l’Arabie saoudite et, surtout, de la Syrie don’t le rôle s’en trouva renforcé.

e) Il ne fut qu’une tentative visant à retader la déflagration intérieure, en attendant les développements dans la région, surtout qu’il fit suite à une activité saoudienne qui avait commencé aux Etats-Unis et qui s’était poursuivie en Egypte, Syrie et Jordanie, proposant des solutions, non seulement au problème libanais, mais aussi et surtout à ceux de l’Irak, de l’Iran et de la Palestine.

Donc, une lecture minutieuse de la situation intérieure libanaise durant les prochains mois permet d’évaluer dans quel sens irait la solution sur le plan palestinien, et la couverture dont elle aura besoin pour être acceptée, mais aussi quelle seront les conséquences des menaces israéliennes contre le Liban ou des répercussions du “tribunal spécial pour le Liban” (TSL): des développements très mouvementés et une situation de crise aigüe..

 

C’est pourquoi le PCL insiste, une fois de plus, sur la priorité de garantir la paix civile face au projet américano-israélien qui constitue le danger principal dans la région. Il attire aussi l’attention sur les dangers de plonger le Liban dans une guerre confessionnelle dans le but d’affaiblir et de diviser la société libanaise, ce qui faciliterait la réalisation de l’objectif israélien de mettre fin à la Résistance patriotique libanaise et au rôle joué par le Liban dans le conflit arabo-israélien.

Les positions du PCL

Partant du fait que l’agression et la guerre civile constituent les deux faces d’un même projet, le PCL affirme qu’il ne serait pas neutre dans un tel conflit; bien au contraire. Il trouve nécessaire de se préparer à faire face à de telles éventualités, à partir de ses positions de parti démocratique et résistant.

a-Voilà pourquoi, le CC appelle toutes les organisations à mettre au point les plans nécessaires afin de prendre part à la lutte, tant politique qu’armée, contre toute agression israélienne.

b-Il demande expressément au gouvernement de revoir les statuts du TSL, surtout que ce tribunal a perdu son intégrité, par suite des interférences étasuniennes et autres dans ses activités, mais aussi à cause de l’affaire des faux témoins (reconnue par l’actuel président du Conseil, Saad Hariri) et des accusations, étayées, lancées par le Hezbollah contre Tel Aviv.

c-Il attire l’attention sur les dangers que pourrait encourir la Résistance, si elle se laisse entraîner dans le conflit intérieur qui ne profitera qu’aux meurtriers et à ceux des Libanais inféodés à Israël et aux Etats-Unis.

La guerre civile a, aujourd’hui comme hier, un seul promoteur; cependant, elle n’aboutira que si une autre partie est entraînée dans son sillage. Les commanditaires d’une telle guerre intérieure connaissent très bien le talon d’Achille du Hezbollah, à savoir la contradiction entre son rôle dans la Résistance et ses structures confessionnelles (chiites); voilà pourquoi ils tentent d’utiliser la faille confessionnelle pour porter un coup mortel au rôle. D’où la responsabilité du Hezbollah, qui se trouve aujourd’hui dans les premières positions, de tenter de colmater la faille et de préserver le rôle de la Résistance, en refusant de s’immiscer à nouveau dans un conflit intérieur qui ne fera que l’entraîner là où il ne doit pas être..

Bien plus, et par-delà le “tribunal spécial pour le Liban” (TSL), le PCL trouve que la situation d’exacerbation confessionnelle ne fait qu’augmenter les instincts de violence, à tel point qu’une petite querelle peut dégénérer en guerre entre les confessions: l’exemple de ce qui s’était passé dans le quartier Borj Abi-Haïdar (Beyrouth) est très flagrant à ce propos, puisqu’il a abouti à trois mort et des dizaines de blessés, sans oublier les dégâts matériels…

La guerre confessionnelle n’a d’autre aboutissement que l’exacerbation des haines et un surplus de destruction. Elle est basée sur les instincts de violence qui annihilent tout sentiment d’appartenance nationale, et se termine toujours par un consensus qui prépare de nouveaux rounds de violence.

D’où, pour le PCL, la nécessité de lier le projet de la Résistance à celui du Changement démocratique, à partir d’un projet démocratique de réformes politiques, qui réorganisera la situation intérieure, non sur la base des divisions confessionnelles qui encerclent la Résistance, mais des bases d’appartenance nationale.

Seul un tel programme pourra garantir une envergure nationale à la Résistance face à tout projet d’agression de la part d’Israël ou à toute tentative de guerre intérieure libano - libanaise.

Le PCL tentera, dans l’état actuel des faits et à partir de sa vision patriotique et du rôle qu’il a toujours joué au sein de la Résistance contre le projet étasunien-israélien, de faire en sorte que son projet devienne le projet de tous les Libanais; et, ce, à partir des points suivants:

1 – Mener une large campagne politique visant toutes les forces et les personnalités du Liban. Le but: les mettre devant leurs responsabilités en ce qui concerne la garantie de la paix civile afin de mieux faire face au nouveau projet des Etats-Unis et d’Israël contre notre pays.

2 – Faire front commun avec les forces patriotiques et progressistes avec lesquelles le PCL s’est toujours opposé au projet américano-israélien.

3 – Créer une atmosphère politique et populaire pouvant faire pression dans le sens d’empêcher la guerre civile qui se profile, tout en dénonçant les objectifs (étasuniens, surtout) visant à utiliser le TSL en tant qu’outil au service du projet des Etats-Unis et d’Israël.

 

Pour ce faire, il est nécessaire d’agir sur plus d’un plan, avec les forces politiques, les intellectuels, les syndicats et organisations populaires, mais aussi d’utiliser tous les moyens de lutte, depuis le communiqué, le tract, le sit-in et les manifestations, et jusqu’à la tenue d’un congrès national.

 

 

Partager cet article
Repost0
22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 14:28

                                                                        MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

Mohammed Arkoun, passeur entre les cultures, pionnier d’une islamologie contemporaine critique et de lectures nouvelles de l’Islam a tiré sa révérence dans la nuit du 14 au 15 septembre à Paris. Un personnage clef d’une conscience islamique contemporaine a quitté la scène. Avec lui, une voix importante s’éteint. Une voix, qui invitait ses interlocuteurs de toutes confessions à changer de perspective, les confrontant avec leur propre impensé, avec le domaine de l’ombre, leur posant des questions tues depuis longtemps.
Par Dr Ursula Gunther*, islamologue

Mohammed Arkoun était né en février 1928 à Taourirt-Mimoun, en Grande Kabylie, dans une modeste famille. Il apprit très jeune et douloureusement, qu’en tant que berbère dans une Algérie colonisée, il était marginalisé de deux manières puisqu´il ne parlait – dans un premier temps –, ni la langue du colonisateur ni celle du Coran. Grâce au soutien d´un oncle, il put faire ses études secondaires en oranie, puis poursuivre des études de littérature arabe à l´université d´Alger. Elles furent complétées par celle du droit, de la philosophie et de la géographie. Agrégé en langue et littérature arabes à la Sorbonne, il consacrera sa thèse à Miskawayh, pour démontrer l’existence d’un humanisme arabe jusque-là nié par l´Occident.

Ainsi et après avoir étudié la période classique, il concentra ses recherches à l’Islam contemporain. Professeur d’histoire des idées arabes à Paris Vincennes, il sera nommé, en 1980, directeur du département d’arabe et d’histoire des idées islamiques à Sorbonne Nouvelle. Dans le même temps, il dirigea la revue Arabica, dont il élargit le champ et la notoriété.

Nommé professeur émérite en 1993, il poursuivit avec dynamisme ses enseignements en tant que professeur invité dans les universités européennes et américaines. Il parcourut également d´autres régions du monde, allant jusqu´en Indonésie pour y animer des conférences très attendues. Parfait polyglotte, il assurait ses conférences indifféremment en anglais, en arabe ou en français. A relever également son engagement pour l’Institut des études ismaïliennes de Londres en tant qu’enseignant et membre du conseil de surveillance.

Repenser l’Islam

Mohammed Arkoun dont l´œuvre a été distinguée par quantité de Prix, aspirait à repenser l’Islam en tant que système culturel et religieux. Cette critique de la raison islamique s’effectue, de son point de vue, par des changements radicaux de perspective. Il exigeait également la pluralité du sens, même si cela entraîne la fin de clarté et de l´unité. Pour lui, les changements de perspective ne pouvaient être introduits qu´en appliquant à l’islamologie les sciences sociales et humaines de même que leurs méthodes qu´il complétait et élargissait par ses propres concepts.

Avec cette approche, il quitte le ghetto méthodologique de l’islamologie et développe des contre stratégies. Ce qui ne rencontre pas forcément l´adhésion des islamologues « traditionnels ». Il s’agit, par exemple, de son exigence d’une islamologie appliquée ou du concept théorique du fait islamique et coranique et celui des sociétés du Livre/livre, de l’impensé et de l’impensable. Cela a eu une influence considérable sur son approche du Coran et de ses lectures. Il a vite appliqué l’analyse de l’imaginaire développée par l’École des Annales à des sociétés musulmanes et a la pensée islamique.

La pensée de Arkoun et les concepts créés et travaillés pendant sa vie de chercheur sont complexes. On peut les décrire à l’aide de la métaphore d’un rhizome ou du motif des étoiles infinies des faïences maures : un enchevêtrement d’aspects bifurquant, dont on peut difficilement cerner l’origine et qui se ramifient davantage tout en créant de nouvelles conjonctions.

C’est surtout le rhizome qui correspond au changement de paradigme qui était considéré comme urgent par Arkoun : une approche globale remplace le regard dualiste, la pluralité remplace les éléments détachés. Le tout s’accomplit seulement dans une pluralité de sens et en plusieurs couches.

Mohammed Arkoun n’était pas seulement un intellectuel perspicace et un humaniste de profonde conviction. Doté d´un sens de l’humour très subtil, il était aussi un conférencier passionné et charismatique et un enseignant engagé. Il se sentait „proche de tout ce qui était capable d’ouvrir des nouvelles routes à l’intelligence“ et se considérait comme „un intellectuel révolté´´. Le monde musulman et occidental ont perdu en cet éclaireur non seulement un homme de principes, mais aussi une irremplaçable voix qui leur traçait le chemin à parcourir pour se comprendre et se compléter au lieu de s´affronter. Homme de dialogue aux idées fécondes, son action, sa pensée, ne furent malheureusement pas toujours appréciées à leur juste dimension dans le monde musulman et particulièrement dans son propre pays, ce qu´il regrettait secrètement. Il faudra également encore beaucoup de temps, y compris aux islamologues et orientalistes occidentaux pour prendre la mesure de son apport et cesser de voir en lui l´iconoclaste qui entreprit de remettre en cause leurs visions étroites et leur monopole. Il me confiait un jour : « Je suis un allumeur de brasiers » et c´est bien vrai que l´islamologie s´éclairera longtemps encore des feux de la réflexion qu´il aura, ici et là, nourrie de sa fertile pensée.

* Islamologue allemande, le Dr Ursula Gunther est spécialiste de la pensée de Mohammed Arkoun. Elle a consacré de nombreuses recherches à son œuvre.

Partager cet article
Repost0
22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 13:49

 Bande annonce du film  "HORS la LOI" de Rachid Bouchareb

 

                                                         SITE: RUE 89

                                                                      

On a enfin vu le polémique « Hors la loi » de Bouchareb

(De Cannes) Quel film derrière les funestes polémiques ? « Hors la loi », de Rachid Bouchareb, a été montré ce matin à la presse avant la projection officielle dans la soirée. S'il est moins inspiré qu'« Indigènes », le film fait la lumière sur une période ambiguë des histoires française et algérienne à travers un drame familial.

Précédé par une douteuse polémique initiée par le député UMP des Alpes-Maritimes Lionnel Luca, le « Hors la loi », de Rachid Bouchareb, objet de tous les commentaires depuis plusieurs semaines, a enfin déroulé ses bobines vendredi au festival de Cannes. (Voir la bande-annonce) .

Ambiance des grands jours dès potron-minet… Escadrons de gendarmerie installés partout sur la Croisette, fouille minutieuse des journalistes à l'entrée de la projection matinale de 8h30 (celui qui porte un blouson avec plusieurs fermetures Eclair est très, très emmerdé) et attente un rien fébrile dans la salle.

« Hors la loi » : lumière sur des zones d'ombre de l'Histoire

Quatre ans après « Indigènes », salué à Cannes par un prix d'interprétation collectif, Rachid Bouchareb poursuit son flash-back nécessaire, direction les zones d'ombre de l'Histoire nationale et le rapport de la France avec ses enfants d'Algérie, période coloniale.

Dans un cinéma français si souvent frileux et timide face à son passé qui ne passe pas, l'activisme de Bouchareb et de ses acolytes (en premier lieu Jamel Debbouze, co-producteur) fait judicieusement tache dans le paysage.

Contrairement à ce que laissait supposer l'indignation de Luca et consorts (consécutive à une lecture supposée du scénario), « Hors la loi » n'est pas consacré au massacre de Sétif, le 8 mai 1945.

Seul le début du film (un petit quart d'heure) met en scène les « événements » sanguinaires, longtemps dissimulés sous la chape de plomb de la mauvaise conscience nationale.

L'histoire racontée par le film prend ses racines le 8 mai et bien plus tôt encore (un prologue met en scène l'expropriation d'une famille algérienne en 1925) mais, d'un point de vue strictement fictionnel, elle commence après.

Bouajila, Zem, Debbouze : guerre fratricide

« Hors la loi » raconte l'itinéraire en leur temps de trois frères : Saïd, Messaoud et Abdelkader. Arrêté pour activisme suite au massacre de Sétif, ce dernier (Sami Bouajila, impeccable) croupit de longues années à la prison de la Santé, à Paris. Il y consolide son engagement aux côtés du FLN.

Messaoud (Roschdy Zem), soldat de l'armée française, combat en Indochine. Saïd (Jamel Debbouze), lui, décide de quitter l'Algérie et de s'installer en France. Il trouve « refuge » dans le bidonville de Nanterre et comprend rapidement que le meilleur moyen de faire du fric est de s'adonner à diverses magouilles du côté de Pigalle. Les trois frères se retrouvent, mais n'empruntent en rien le même chemin. 

« Hors la loi » suit leur destin à Paris, jusqu'à la déclaration d'indépendance de 1962. Bouchareb, entre autres, met en scène l'activisme des militants FLN, prêts à tout pour entraîner leurs frères dans leur lutte. Impôt révolutionnaire, « pression » sur les compatriotes qui rechignent à militer et, pour certains, bossent en tant que fonctionnaires lambda pour la police française, assassinat des traîtres qui s'opposent à leurs options jusqu'au-boutistes.

Ambiguïté partout

Une cause juste justifie-t-elle tous les moyens ? La guerre exclut-elle tout sentiment ?

Si « Hors la loi » retrace une époque très peu fréquentée (euphémisme) par le cinéma français, montre les exactions policières et l'oppression, il cherche surtout à rendre compte des cas de conscience de ses personnages, aux prises avec une lutte à tout point de vue « fratricide ».

Les affrontements et contradictions qui rythment les relations entre les trois frères reflètent une période ambiguë.

Bouchareb ne s'adonne en aucun cas à la description de combattants indépendantistes parés de toutes les vertus. Plus subtil, le cinéaste donne à voir l'ambivalence déchirant son microcosme familial et, à travers elle, les difficultés à venir de l'Algérie indépendante.

De l'Algérie et des Algériens, dans leur pays et en France. De quoi alimenter plusieurs films à venir…

Même si « Hors la loi » souffre d'une certaine raideur didactique et, formellement, paraît moins inspiré qu'« Indigènes », son importance ne fait pas l'ombre d'un doute.

Quant aux polémiques déjà mentionnées, elles semblent encore plus absurdes après avoir découvert le film. Les manifestations organisées aujourd'hui à Cannes pour protester contre sa présence en compétition n'y changeront rien.

 

 

 

                                                                                 

                                                  SITE: RUE 89
Partager cet article
Repost0
22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 13:23

Les partis communistes européens entre « transformation-liquidation » et renouveau.

 

Cet article constitue une introduction à une série d’études par pays, le cas de l’Espagne étant traité dans ce numéro. Article publié par

 

tout

1989-1991 : l’idéologie capitaliste sonne la « fin de l'histoire », la fin du « communisme ». Elle a trouvé un écho au sein des partis communistes eux-mêmes. Les vagues gorbatchéviennes, avant cela eurocommunistes, l’institutionnalisation de ces partis avaient préparé le terrain.

Dans tous les partis communistes d’Europe, des groupes dirigeants, qu’ils s’intitulent « rénovateurs », « réformateurs », « refondateurs », « modernisateurs » s’appuient sur le sens apparent de l’histoire pour engager un processus de rupture avec les fondements de l’organisation communiste.

 

Selon leur propre histoire, l’état de leur organisation, son lien avec le mouvement de classe, les partis communistes n’ont pas tous évolué au même rythme ou dans la même direction. Deux conceptions divergentes, d’abord floues, se précisent et s’affrontent. L'une s’intègre dans une gauche institutionnelle d’accompagnement du capitalisme. L’autre défend la théorie marxiste, l'organisation issue du léninisme et sa place dans la lutte des classes.

 

Dans la plupart des pays de l’est (à l’exception notable de la République tchèque), les directions sabordent les PC en quelques mois. Des PC se reconstituent difficilement, dans un contexte de criminalisation du communisme. Le plus grand parti communiste d’Europe de l’ouest leur a emboîté le pas, le PCI, abandonnant son nom, est devenu maintenant un « parti démocrate » à l’américaine, laissant sur sa gauche un groupement hétéroclite « Refondation communiste » (PRC). Le parti suédois a également changé de nom et de ligne sans aller jusqu’au même point.

 

En Grèce, au Portugal (ou au Luxembourg), la réaffirmation d'une ligne communiste finit par l’emporter dans l’organisation historique. Les éléments réformistes s’intègrent dans de nouveaux groupements de « gauche ».

 

Dans la plupart des pays qui ont connu des partis communistes forts, et on peut considérer que c’est le cas de la France, l’affrontement traverse toujours les partis historiques. Les contradictions s’accusent entre la stratégie des groupes dirigeants et ce que continuent à représenter ces partis, leur identité, les luttes animées par les militants. Confusion et ambiguïté demeurent.

 

Les similitudes sont grandes entre les options suivies par les directions dans les années 90 et 2000, en Italie (PRC), en Espagne, en France… Elles sont marquées par la priorité accordée à la participation aux institutions (ex : aux gouvernements Prodi, Jospin), par l’acceptation du cadre européen de l’UE du capital, par d’importants abandons théoriques, par la recherche de la dilution des partis communistes dans une gauche recomposée ou la séparation historique avec la social-démocratie est supprimée. Izquierda Unida en Espagne (« Gauche unie »), Linke en Allemagne (« Gauche »), « Fédération de la gauche » (après l’échec de la « Gauche arc-en-ciel ») en Italie, « Front des gauches » en Belgique, « Front de gauche » maintenant en France... marquent partout la ligne d’effacement, de disparition des partis communistes d’Europe.

 

En 2004, la création du Parti de la gauche européenne a institutionnalisé ces connivences. Le PGE est un parti politique européen financé par la Commission européenne pour promouvoir « l'idée et l'intégration européennes ». Il ne vise non pas à coordonner les partis dans leur diversité mais bien, par sa nature même de parti européen, à promouvoir, depuis sa création en 2004, la création de « sections nationales du PGE » acquises à l'idée qu'une « autre Europe sociale, écologique et solidaire » est possible. Le PGE, autour de cette ligne clairement réformiste, européiste et liquidatrice, adapte ensuite sa tactique à l'état d'avancement du processus de liquidation dans chaque pays: en Espagne et en Italie, il répond aux échecs par la fuite en avant: « refondation » d'Izquierda Unida et projet « Fédération de la Gauche », inspiré de l'expérience espagnole, en Italie, pour tuer dans l'œuf les projets de reconstruction des PC. Le PGE soutient en Allemagne et en France la création de « Partis ou de coalition de gauche ». Au Portugal et en Grèce, il appuie des « Blocs de Gauche » (Portugal) ou « Coalitions de gauche » (Grèce) contre les Partis communistes de masse et de classe. En République Tchèque, il soutient les tendances droitières dans le Parti communiste.

 

Mais vingt ans après 1989, le vent de l'histoire tourne. Le capitalisme connaît des crises de plus en plus profondes. L’idée du socialisme est revalorisée dans les masses. Le discours d’autoflagellation de dirigeants communistes sur les « valises de plomb » que traineraient les partis communistes ne portent plus.

 

Les expériences réformistes ont connu des échecs flagrants que leurs promoteurs ne peuvent plus attribuer au passé. Les partis héritiers de la tradition communiste qui se sont fondus dans la « gauche » ont participé à la gestion loyale du capitalisme. Ils ont perdu tout ou partie de leur identité et de leur raison d’être pour les travailleurs.

 

Les désastres électoraux se sont succédé, malgré les recompositions électoralistes. La Gauche unie espagnole a chuté à 3%. Le regroupement de la “Gauche arc-en-ciel” italienne a divisé par 3 les anciennes voix communistes. Le cas allemand correspond à une situation très particulière.

 

Les partis communistes qui assument et font vivre leur identité communiste ne sont pas condamnés à l’échec électoral au contraire : entre 8% et 10% en Grèce, entre 7 et 11% au Portugal, autour de 12% en République Tchèque, 35% à Chypre (en Russie de 15 à 20%).

 

Dans les luttes sociales intenses que connaissent leurs pays, les partis communistes grecs et portugais sont à l'avant-garde en portant un projet d'alternative politique résolument antagoniste à celui de la droite, de la social-démocratie et de l'UE.

Ils contribuent à l’existence d’un mouvement syndical de classe quand les syndicats historiquement liés au PCI et au Parti communiste espagnol, la CGIL et les Commissions ouvrières, n’en finissent plus de glisser dans l’accompagnement. Au PGE correspond étroitement la Confédération européenne des syndicats, la CES, qui est, entre autres, l’un des plus influents suppôts du traité de Lisbonne.

 

Le besoin de partis communistes plus forts face au capital s’exprime de plus en plus nettement. Le processus de disparition des partis communistes et de ce qu’ils représentent, concerté avec le PGE, n’est pas une fatalité.

 

Une alternative existe qui refuse le cadre strictement européen, qui respecte la diversité nationale des partis communistes et ouvriers tant qu'ils partagent les mêmes principes organisationnels et idéologiques, portent une alternative anti-impérialiste et anticapitaliste (donc anti-UE).

Une coordination des Partis communistes se met progressivement en place. Elle rassemble des partis communistes de masse en pleine expansion (Afrique du Sud, Inde voire Japon), des partis à l'avant-garde de la lutte de classe en Europe (Portugal, Grèce), des partis représentant encore pour des millions de personnes la résistance à la restauration capitaliste (République Tchèque, Russie), des Partis acteurs des mouvements révolutionnaires en Amérique Latine (Cuba, Venezuela). Des rencontres internationales sont organisées, des appels lancés. La direction du PCF reste pour l’instant presque toujours aux abonnés absents. Cela peut et doit changer. 

 

Entre la ligne du PGE et une ligne communiste, il n'existe pas de troisième voie. La ligne PGE a échoué sur tous ses objectifs avoués, électoral et social, hormis sur un, plus caché et pourtant non secret, celui d’anesthésier le mouvement communiste. La nécessité de notre temps est au contraire de faire vivre et de renforcer les partis communistes.

 

Nous ferons tout notre possible pour mettre en avant les points d’appui que peuvent représenter pour l’avenir du PCF les expériences du mouvement communiste international.

Par Vive le Parti Communiste Français  
Partager cet article
Repost0
22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 13:13

CGT: Union départementale de DE HAUTE CORSE 

 

Communiqué

avec prière d’insérer     

 

LA CHAMBRE DES COMPTES MENACEE DE DISPARITION

UN MAUVAIS COUP POUR LA CORSE

           

En 2009, dans le cadre de l'élaboration du projet de réforme des Juridictions Financières (JF), l'ancien premier président de la Cour des comptes, M. Philippe SEGUIN, s'était engagé publiquement, notamment par voie de presse, à ce que la Corse conserve une chambre des comptes (CRC) de plein exercice.

Aujourd'hui, à l'heure où le Parlement entame l'examen du projet de loi de réforme des JF, force est de constater que l'engagement pris par M. Philippe SEGUIN est relégué aux oubliettes.

 

1 – La réforme envisagée va entrainer la suppression des petites chambres des comptes et notamment celle de Corse

 

Dans sa forme actuelle, au titre de la rigueur budgétaire et d'une pseudo-rationalisation des moyens,  le projet de loi arrêté par la commission des lois de l'Assemblée nationale et les débats du 15 septembre 2010 de cette commission, vont aboutir à supprimer rapidement la CRC de Corse.

Sur ce premier point, deux constats peuvent être faits :

Ø       Alors qu'actuellement la France compte 26 CRC, 6 seulement d'entre-elles vont être supprimées. La Corse fait donc partie du très petit nombre de sacrifiés ;

Ø       Toutes les îles françaises disposant d'une CRC vont la conserver sauf la Corse. Ainsi, la Corse, vue de Paris, ne mérite pas ce à quoi ont droit la Polynésie, la Nouvelle-Calédonie, les Antilles et la Réunion.

 

2 – La réforme envisagée va se traduire, en Corse, par la quasi-disparition du contrôle des comptes des collectivités territoriales et de leurs groupements

 

Le projet de loi prévoit un relèvement des seuils de contrôle qui a pour objet de limiter le nombre de collectivités dont les comptes seront examinés à l'avenir. Ces seuils particulièrement élevés sont totalement inadaptés à la Corse.

Ils aboutiraient en effet, pour l'ensemble de l'île, à réduire à seulement une quinzaine le nombre de collectivités territoriales et de groupements de communes soumis à un contrôle de leurs comptes.

Un tel recul du contrôle des comptes publics, qui est sans précédent, serait une mauvaise chose pour la gestion publique en Corse.

 

3 – La réforme envisagée va conduire au « dépaysement », sur le continent, de l'examen des comptes des quelques collectivités territoriales et groupements qui demeureront, à l'avenir, soumis à un contrôle

 

 


 

La suppression de la CRC de Corse va entraîner le « dépaysement », sur le continent, des contrôles qui pourront entrainer la mise en cause de la responsabilité des principaux élus insulaires.

Ces contrôles seront ainsi réalisés depuis Marseille, comme il y a 50 ans lorsqu'administrativement la Corse était rattachée à la circonscription d'action régionale de Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Mais pourquoi pas imaginer qu'ils soient effectués directement depuis Paris, comme à l'époque où la Cour des comptes a été créée par Napoléon, c'est à dire il y a maintenant plus de 200 ans.

 

 

Pour l'ensemble des motifs évoqués, la réforme envisagée est totalement inadaptée aux réalités insulaires et aura des conséquences négatives pour la Corse. C’est une véritable provocation et cela traduit une forme de mépris envers les élus qui en décembre 2009, ont fait adopter par les assemblées délibérantes de l'île, à savoir l'Assemblée de Corse, le conseil général de la Haute-Corse et celui de Corse-du-Sud, unanimement, le maintien en Corse d'une CRC de plein exercice.

Manifestement, depuis Paris, la volonté affichée par les élus de Corse n'est plus que quantité négligeable.

 

En définitive, cette réforme a au moins un mérite. Celui de remettre parfaitement au goût du jour le tristement célèbre « baccala pè Corsica ».

 

A ce stade, nous appelons les élus locaux à se saisir de ce dossier et à défendre la CRC ainsi que le maintien du contrôle des comptes publics en Corse.

Nous appelons également le Gouvernement, dans la perspective de l'examen du projet de loi en séance publique à l'Assemblée nationale début octobre 2010, à garantir, pour la Corse, la préservation de la seule institution de contrôle des comptes publics présente dans l'île ainsi que le maintien du champ de compétence qui est actuellement le sien.

 

                             

            

Personne à contacter :                Daniel FABIANI - Secrétaire Départemental CGT de                                                        Haute Corse  - 06 13 40 20 40

Partager cet article
Repost0
21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 15:57

Eric-Woerth_pics_390.jpg

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/quand-eric-woerth-se-faisait-aider-81471

 

Ah ce bon Eric Woerth, un saint homme à l’entendre. Une âme de bon samaritain, toujours prêt à couper son manteau en deux... ou à distribuer des breloques. Je vous en ai retrouvé une de plus, tiens, qui va rappeler à notre bon souvenir combien cet homme avait ou être novateur au sein du RPR ou de l’UMP, en fricotant ouvertement avec l’extrême droite, alors qu’à ce moment-là un homme interdisait à ses troupes de le faire sous peine d’exclusion : un certain Nicolas Sarkozy, secrétaire du RPR. Un Eric Woerth politicien, vendant son âme au diable dans l’Oise, en Picardie, mais aussi à Paris. Tout le monde a oublié, depuis ses déboires, qu’au moment même où éclatait l’affaire Clearstream, sa directrice de cabinet s’appelait....Lahoud. La femme d’Imad Lahoud. Dans le monde des petits et grands coups tordus, il semble bien qu’Eric Woerth ait eu bien plus de capacités que celles qu’on lui soupçonne aujourd’hui. Et son mentor actuel une capacité supérieure encore à élaborer des coups autrement plus élaborés.

"En mars ne te découvre pas d’un fil"  : Eric Woerth, en mars 1998 se tricote un pull épais cousu de fil blanc en prévision des hivers à venir. Nous sommes en Picardie, où les hivers sont rudes, certainement, le fief de Jean-François Mancel, dont le Canard Enchaîné, il n’y a pas si longtemps avait rappelé les méthodes et les soutiens, dont celui de Louise-Yvonne Casetta, trésorière occulte du RPR par qui le scandale de la Mairie de Paris était arrivé. Mancel avait été condamné à 10 ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts alors qu’il était président du conseil général de l’Oise (avant d’être blanchi par la cour européenne !). Ses méthodes ? Et bien celles qui en rappellent d’autres : "Selon l’accusation, il aurait ordonnancé les dépenses de communication du département au profit de Roland Branquart, PDG d’Euro 2C, société qui réalisait et concevait le magazine départemental, « Jour de l’Oise ». Dans le même temps, Euro 2C aurait apporté son soutien financier à la société de parfums Séduire, dont Jean-François Mancel est alors actionnaire. Pour la justice, Mancel aurait ainsi favorisé Euro 2C afin d’obtenir des marchés publics auprès du conseil général, en échange d’une participation financière dans sa société de parfums. Condamné en 2000 à Beauvais, il avait été par la suite relaxé en appel à Amiens deux ans plus tard, avant que la Cour de cassation n’annule finalement cette dernière décision. Injoignable hier, le principal intéressé était, d’après son avocat, « très surpris par le jugement rendu »." Mancel gagnera en faisant appel à la Cour européenne, au final, et se paiera le luxe d’offrir à Emmaus son dédommagement (de 3000 petits euros) : il avait été blanchi sur vice de procédure et non sur le fond ! Un Mancel redevenu parlementaire, qui posait pourtant encore en janvier 2009 juste à côté de Woerth pour déclarer " : ’Oui, on peut aller à la messe et travailler le dimanche”, a t-il expliqué sur le ton de l’humour avant d’étayer son discours. ’Il ne s’agit pas de faire travailler tout le monde le dimanche mais que ceux qui le souhaitent”." Ces gens-là ont des contradictions évidentes, mais dont ils jouent au gré de leurs intérêts.
 
Au Conseil Général, haut lieu des empoignes locales, ça bataille sec, à l’époque, et surtout ça cogite beaucoup : aux dernières élections, les résultats ont donné 23 élus pour la Gauche, (avec 13 PS et 7 PCF) et 20 à la Droite (10 RPR, 9 UDF et 1 CPNT) rappelle Mediapart. Aux deux autres extrémités, Lutte Ouvrière en a empoché 3 ... et le Front National 11. Pour élire le président de Région, il n’y a donc pas quatre chemins : la droite doit s’entendre avec le FN, ce qu’elle va s’empresser de faire. Résultat, c’est l’UDF Charles Baur qui est élu, après des accords passés avec les troupes de Jean-Marie. Le journal télévisé de FR3 Picardie du 21 mars 1986 avec une Catherine Matausch en véritable punkette, en fait ses choux gras. Baur y parlait alors "d’un accord de majorité" plutôt honteux, sans évoquer une seule fois le nom du FN ! Baur, un beau cas d’espèce à vrai dire : "Charles Baur est un riche industriel doublé d’un notable qui, à part un maroquin ministériel attendu mais jamais proposé, a usé ses costumes sur bien des fauteuils à pouvoir. Il était dernièrement classé parmi les plus grosses fortunes de France (plus de 200 millions de francs), et il n’est pas du genre à descendre de quelques barreaux sur l’échelle" commente Libération. Woerth, déjà attiré par l’odeur de l’argent d’une des 200 fortunes de France ?
 
Baur a une famille et avait un oncle. Hélas pour lui, pourrait-on dire : "André Baur est un agent de change, traditionaliste, choisi par Xavier Vallat, commissaire aux Questions juives, pour devenir le vice-président de l’Ugif (Union générale des Israélites de France, créée sur injonction du régime de Vichy en 1941). Il est en fait le véritable responsable de l’organisation en zone occupée. En septembre 1941, Vallat prévient André Baur, comme les autres membres de l’Ugif : « Cela ira aussi peut-être au sacrifice momentané de votre honneur vis-à-vis de vos coreligionnaires qui ne comprendront pas pourquoi vous avez accepté cela. » Ces notables « bienfaisants », qui croient atténuer la douleur en l’accompagnant, ne font que faciliter la tâche au bourreau. Lorsqu’en août 1942 le commissariat aux Questions juives s’étonne que l’Ugif ait fourni, sans le prévenir, du matériel à divers camp d’internement, André Baur répond : « Les ordres que nous recevons des autorités allemandes doivent tous être exécutés d’extrême urgence. » En 1942, à des femmes tordues d’angoisse par les premières vagues de déportation, il assure : « Ne craignez rien madame, les Allemands ne fusillent que les communistes. » Il sera arrêté en juillet 1943 et finira à Auschwitz". L’anticommunisme du neveu a de bien étranges ramifications...
 
Mais cela n’a pas été sans peine, au Conseil Général, car pour vaincre les réticences de ses propres troupes dont certaines hostiles à l’association avec le FN, il a fallu ruser, et le maître d’œuvre du procédé s’appelait... Eric Woerth. Pour cela Woerth va ressortir un vieil activiste de l’OAS, qui avait déjà servi à faire élire Mancel, de son placard à naphtaline. L’homme, s’appelle Pierre Descaves ; bien connu ici : "Ancien putchiste à Alger en 1962, membre de l’OAS, groupe terroriste partisan de l’Algérie française, et créateur de "France-Résistance" qui n’a évidemment rien à voir avec les FFI. Un mouvement "patriotique" selon Descaves, qui fustige l’ordre établi : "les dirigeants sont corrompus, les cadres font preuve de couardise, de lâcheté et les troupes de complaisance complice", affirme le vieillard (77 ans en 2008) revanchard et nostalgique. Le forum du site n’attire pas les foules, à croire que les discours de 1962 ne passent plus du tout en 2008. Le site, en réalité ne prône qu’une chose : l’opposition à l’entrée de la Turquie dans la Communauté européenne" avais-je alors écrit en décrivant Amiens, où l’extrême droite a pignon sur rue, et le député local des amitiés nettes avec des admirateurs de Léon Degrelle.
 
Une grande gueule, ce Descaves, qui se répand dans l’hémicycle en diatribes contre.... Baur, racontant partout que si ça continue comme ça il se maintiendrait au second tour... ce qu’il fait, exactement ! Les élus de droite, bien entendu ne votent pas pour lui : mais le FN non plus, qui vote massivement pour Baur, selon les directives concoctées avec Woerth, qui passe dans un fauteuil. L’homme qui avait mis au point le stratagème n’était autre en effet que l’ex-trésorier de l’UDF... Eric Woerth, qui révélait-là des talents de duplicité... vis à vis de son propre groupe politique ! Au sortir de l’élection de Baur, fier de son coup, il déclarera "Nous avons pris nos responsabilités pour éviter de livrer la Picardie aux communistes et à leurs alliés trotskistes auxquels ils avaient promis une vice-présidence". Ah, le communisme chez les chrétiens, c’est toujours le couteau entre les dents ! Eviter le bolchevisme ! On est prêt à toutes les compromissions pour ça !!! Woerth est bien tailé dans de la pierre dont on a fait pendant des années la bonne vieille droite anticommuniste primaire : il a été louveteau, scout et catho (il l’est toujours). Manque plus que faire du cheval. Une bourgeoisie typique. Ah, c’est fait, via sa femme. En chapeau sur le turf. Une bonne vieille droite qui s’étripe en interne déjà avec la présence du FN : deux élus pestent contre ses alliances qu’ils jugent contraire au mouvement gaulliste : il s’appellent Séguin et... Sarkozy. Bayrou et Madelin, ainsi que Chirac joignent également leur voix à l"opposition de l’élection de Baur : ça ne fait pas bouger l’autre, chez Woerth, comme aurait dit Chirac. Il ne regrette pas d’avoir fait alliance avec le FN. D’ailleurs c’est à se demander s’il est capable de regrets en quoi que ce soit. Bon chrétien, mais avec des limites : il doit attendre le jugement dernier, pour ça, c’est sûr.
 
Il ira plus loin encore, faisant exactement la même chose pour la distribution des commissions ou des vices-présidences. A nouveau, la droite va culminer à 27 voix : le FN a encore suivi l’UDF et le seul CPNT. Au Figaro, le31 août 1998, Woerth déclare : "Nous avions délibérément voté pour (Charles) Baur avec un seul objectif : éviter que cette région ne soit donnée au Parti communiste". Comme le note en effet le site de Mediapart, "d’après les accords nationaux signés au sein de la gauche, la présidence de cette région doit revenir à un élu communiste". Woerth est bien un anticommuniste primaire, doublé d’un fieffé opportuniste, et pour ça n’hésite pas à s’allier au FN. Cela ne plaira pas toujours comme position intransigeante : Gilles de Robien, notamment, sera un peu plus digne, et votera à plusieurs reprises avec la gauche par défiance pure et simple du FN. Woerth s’en accommodera lui toujours. Sans aucun remords, à croire que quel que soit le sujet il n’en n’éprouve jamais. en 1999, la sainte alliance avec le FN s’effondrera lors du vote du budget où Baur peinera à rassembler ses 7 fidèles, et les 10 du RPR-UDF ? plus 2 ou 3 hésitants. Le budget sera alors rejeté avec 23 voix seulement à la droite et 27 à la gauche.
 
Et puis Eric Woerth fera son chemin, après l’Oise. Dans le sérail politique. En appelant des gens estimés compétents à son service, ou avec des CVs prometteurs, additionnés d’un petit coup de pouce familial ou politique : avec les trois éléments réunis, il y a une candidate. Comme par exemple une "bachelière de 16 ans, petite brune énergique aussi bien élevée que son prénom", nommée Anne-Gabrielle Heilbronner, fille de son papa, devenu patron du GAN après avoir servi loyalement Chirac. Il était son chef de cabinet quand il était ministre de l’agriculture. Anne-Gabrielle, qui a entre temps fait l’ENA, et était devenue inspectrice des Finances, avant de devenir la directrice de son cabinet lorsqu’il est nommé ministre de la Réforme de l’Etat dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, du 31 mars 2004 au 31 mai 2005. Juste avant aussi, elle était aussi devenue à 32 ans, le bras droit de Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino (relaxé en 2002 et 61 eme fortune de France...). Naouri, ex directeur du cabinet de Pierre Bérégovoy ! Bien avant cela, presque dix années auparavant, le 9 juillet 1991, Anne-Gabrielle Heilbronner s’était mariée. "Dans les salons cossus de l’Hôtel Thiers, place Saint-Georges, on s’interroge à mi-voix sur le mariage de ce petit Libanais fauché à cette riche héritière de la bourgeoisie juive cultivée, laïque et ultra-intégrée. Mais les chuchotements s’étouffent dans les replis des velours". Elle vient d’épouser un golden boy, un trader... c’est Imad Lahoud. Oui, lui, le falsificateur des fichiers de Clearstream.
 
Ah, le petit libanais des années flamboyantes, celle de 1990-2000 ! "L’aventure, en ce milieu des années 1990, c’est les hedge funds, ces fonds spéculatifs encore inconnus en France. Imad Lahoud monte en 1998 le fonds Volter : 40 millions d’euros hébergés dans un paradis fiscal, les îles Vierges, et gérés par HL Gestion. HL, comme Heilbronner et Lahoud. Le jeune homme a embarqué avec lui le beau-père oisif à la retraite et lui a confié la présidence du fonds. "Papa le trouvait brillant, intelligent, fascinant, parfois un peu encombrant, assure Anne-Gabrielle. Il y avait une véritable affection entre eux." La stature du haut fonctionnaire rassure les gros institutionnels - GAN, Fortis ou les AGF, qui investissent dans l’affaire. Mais quand la bulle des nouvelles technologies éclate, le fonds Volter s’effondre en trois jours, à l’été 2000. Fortis porte plainte en juillet pour escroquerie et usage de faux". La petite brune peut aller visiter quelques mois son flamboyant mari au parloir. Il a joué, mais là il a perdu, le Kerviel d’avant l’heure. A peine sorti, il se lance dans la fabrication d’un magazine de golf qui va laisser derrière lui un passif de 776 000 euros, alors qu’il en doit 400 000 au fisc pour l’affaire du fonds Volter. On ne se refait pas. Le 1er juin 2004 il entre pourtant chez EADS, où est déjà son frère, auprès de Gergorin... au moment même où sa femme est directrice du cabinet d’Eric Woerth ! Le 6 avril 2004, Gergorin reçoit l’ordre national du Mérite décernée par Dominique de Villepin, en présence de d’Arnaud Lagardère et de Pierre Bousquet de Florian, et en compagnie de... Marwan Lahoud, frère d’Imad, devenu directeur de la branche missiles d’EADS. Que ce monde de bons chrétiens fabricants d’armes est donc petit !
 
Un mois avant, en avril 2004, Jean-Louis Gergorin avait pris contact avec le juge Van Ruymbeke pour lui parler des listings Clearstream...fabriqués on sait par qui, désormais : par le mari de la femme qui dirige le cabinet d’Eric Woerth. Le 5 mai 2005, Eric Woerth et sa femme sont invités à dîner par Imad Lahoud, dont la propre femme dirige alors le cabinet du ministre. "le faussaire présumé a également déjeuné avec Bernard Casanova, alors proche de Bernard Squarcini, l’actuel patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et Brigitte Henri, qui travaillait alors avec le directeur central des Renseignements généraux (DCRG), Yves Bertrand" précise un rapport de 2008. Décidément ce monde est très petit : Woerth, Lahoud, Squarcini, tous ne mènent qu’à un seul homme, et ce n’est pas Villepin ! Dans le même rapport, on indique que Lahoud "fréquentait en 2004 et 2005 l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée François Pérol. "Comme révélé durant le procès par les avocats de Dominique de Villepin, Imad Lahoud a ainsi déjeuné quinze fois avec François Pérol, qui était à l’époque directeur-adjoint du cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie". Quinze repas, ça laisse le temps de causer de tout et de rien, logiquement.  Selon Mediapart c’était en effet très clair : Sarkozy avait été mis au courant AVANT Villepin du dossier Clearstream, et la dame qui le confirme, c’est la femme de l’accusé principal : "Ancienne directrice de cabinet d’Eric Woerth quand il était secrétaire d’Etat à la réforme de l’Etat (mars 2004-mai 2005), l’épouse d’Imad Lahoud a surtout ajouté ceci : "Je tiens à préciser par ailleurs qu’Eric Woerth était à l’époque trésorier de l’UMP, et qu’il voyait pour cette raison très régulièrement Nicolas Sarkozy, il avait donc la faculté, s’il désirait évoquer ce sujet avec Nicolas Sarkozy, de le faire très facilement. Je pense qu’il l’a fait, car Eric Woerth m’a dit que Nicolas Sarkozy n’en voulait pas du tout à mon mari à cette époque, puis il me l’a redit à l’été 2006." Elle en avait trop dit. Le vendredi 23 mars 2007, discrétement, Anne-Gabrielle Heilbronner-Lahoud rejoignait la SNCF. Mise sur une voie de garage ? Aiguillée vers le silence ? Ne comprend-t-on pas un peu mieux ainsi pourquoi Nicolas Sarkozy tient autant à son Woerth ?
 
Sur Clearstream déjà, qu’avait alors proposé comme défense Eric Woerth ? La même qu’aujourd’hui : le déni. "Interrogé par mail ce lundi sur les déclarations à la police de Mme Lahoud, le ministre du budget, Eric Woerth, a répondu lundi 28 septembre par la voix de sa conseillère pour la presse et la communication (c’est Chantal Farant), qui s’être entretenue avec lui des questions de Mediapart : « Bidon, de chez bidon, de chez bidon. Calomnies et mensonges. » Quant au fait qu’Imad Lahoud ait invité Eric Woerth, le 5 mai 2005, au restaurant L’Ami Jean, (tenu par Stéphane Jego) comme l’indique une note de frais saisie par la police, l’attachée de presse du ministre du budget a concédé : "Il a croisé en effet Imad Lahoud, mais en tant que mari d’une collaboratrice. Rien de plus." Le flamboyant mari de la directrice de cabinet d’Eric Woerth, finalement a été jugé sur l’affaire Clearstream et reconnu coupable d’avoir fabriqué les faux..."Le 28 janvier 2010, il est reconnu coupable de complicité de dénonciation calomnieuse, de faux, d’usage de faux et de recel d’abus de confiance et condamné à 3 ans de prison dont 18 mois de prison ferme et 40 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Paris. Il a fait appel de la décision". A l’époque du procès, Woerth n’avait pas la notoriété qu’il a aujourd’hui. On y pensera pour l’appel, peut-être... quand au Jego du resto, et de la "cambuse rock’n’roll de Stéphane Jégo" ("rock n’roll" en blouson !) on ne sait pas s’il est de la famille d’Yves Jego, l’inventeur d’un club appelé Fidelis, qui semble avoir donné des idées à Woerth, qu’il croisait régulièrement. "Les deux hommes, Eric Woerth et Yves Jego, ont très bien connu et ont tous deux travaillé pour un certain Jean-François Mancel, Président du Conseil général de l’Oise de 1985 à 2004". Ce n’est plus un petit monde, à ce stade, c’est un... gang. Avec comme fief l’Oise, qui vaut bien un hippodrome... (du Putois, qui sent mauvais désormais !).
 
Mancel et Woeth, une amitié durable en tout cas : en janvier 2009, ils s’écrivaient encore des mots doux d’un certain contenu à vrai dire :"cette lettre datée du 30 janvier 2009 - dont Libération ne publie pas de fac-similé - est adressée par M. Woerth (ministre du Budget de mars 2007 à mai 2010) à son mentor politique Jean-François Mancel, député de l’Oise, qui l’avait sollicité à propos du dossier de redressement fiscal de Pascal Pessiot, patron de la Société française des casinos (SFC). Dans ce courrier, M. Woerth écrit à M. Mancel qu’il a examiné, conformément à sa demande, la situation fiscale personnelle de M. Pessiot et qu’il préconise un dégrèvement, selon Libération.M. Pessiot, partisan de la libéralisation des jeux d’argent sur internet (effective depuis le 8 juin 2010), avait été condamné en mars 2007 à un an de prison avec sursis - avant d’être relaxé en mars 2009 - pour avoir participé à l’exploitation desites illégaux de jeux en ligne via des entreprises situées à Belize et aux Bahamas, explique le quotidien". Il n’y a pas : c’est un atavisme chez ces deux là, le rapport avec l’argent et le moyen d’en détourner, et du copinage et des protections qui vont avec...Pessiot, socialiste sous la gauche... et simple " homme d’affaires parisien de 57 ans"... pour une presse pas trop futée.
 
Pour rester dans le culinaire, la vieille ficelle picarde de Woerth n’était pas encore cassée pour autant : le 3 janvier 2010, un certain "président de conseil de surveillance de société, " et "président la Région Picarde de 1986 à 2004, maire de Villers-Cotterêts de 1958 à 1989 et député de l’Aisne de 1993 à 1997" reçoit une légion d’honneur. L’industriel était revenu au premier plan régional en 2009 pour "sauver la Picardie", le gouvernement ayant annoncé la future disparition des régions. Pour Baur, merci pour lui mais ça va plutôt bien malgré la crise : "absent du conseil régional depuis presque cinq ans, Charles Baur n’a pas perdu son temps ces dernières années. Selon un classement du magazine Challenge, sa famille se situait au 226 e rang des grandes fortunes de France en 2008. Une situation enviable que Charles Baur doit à la holding qu’il a l’honneur de diriger. Comir détient 40 % de Guy Degrenne (arts de la table), 22 % de Lafuma (textile et équipements sportifs) et 20 % de Sylis (solutions informatiques haut de gamme)". A parier qu’Eric Woerh, quand il va se promener autour de son chalet s’équipe en Lafuma et mange le soir sa fondue avec des couverts Guy Degrenne, et envoie ses fichiers le soir via une solution Sylis. La presse picarde commente, en janvier dernier, bien avant les casseroles actuelles, avec un superbe"c’est au titre du ministère du Budget d’Éric Woerth - qui a été l’un de ses vice-présidents à la Région - que cette promotion a été attribuée". Encore une breloque sur son chemin, celle-là passée inaperçue semble-t-il. Un bon samaritain, ou un Petit Poucet de la politique ?
 
Partager cet article
Repost0
21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 15:42

                                                                    MARE NOSTRUM-copie-1

 

cartelFiestaPCE2010Fête du PCE à Madrid: un oeil vers l'histoire glorieuse du Parti communiste, un oeil vers son rôle dans les luttes à impulser dans le présent

 

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

 

17,18 et 19 septembre 2010, à San Fernando de Henares, dans la banlieue rouge de Madrid, se déroule la 33ème édition de la Fête du Parti communiste d'Espagne (PCE).

 

Certes d'une ampleur réduite par rapport aux fêtes de masse que sont encore la Fête de l'Humanité ou d'Avante au Portugal, la fête du PCE reste toutefois une fête populaire, avec ses concerts, ses divers activités sportives et culturelles, et se maintient surtout comme fête politique, l'occasion pour les communistes et leurs sympathisants de se retrouver et de contredire ceux qui prédisent leur déclin inéluctable depuis plus de 30 ans.

 

La fête est aussi l'occasion de rendre visible le Parti communiste d'Espagne qui, pendant près de deux décennies, a été totalement occulté de la scène publique espagnole par la « coalition politique » dont il fait partie, Izquierda Unida (IU), qui est devenue avec le temps une nouvelle formation politique ayant vocation à se substituer au PCE qui l'avait créée. Comme le déroulement du volet politique de la fête le souligne, toutes les ambiguïtés ne sont pas levées à ce sujet.


 

Hommage aux grandes figures du communisme et du républicanisme espagnol


 

 

conmemoracionR La fête est profondément ancrée dans le rappel de l'histoire des communistes, de leur lutte conséquente pour la République, dans la Résistance au franquisme et pour la Révolution: les 3 R entre-mêlés qui seront un des symboles de la Fête du PCE 2010.

 

 

 

 

 

 

arbolesMemoriaL'initiative la plus originale revient sans doute aux « Arbres de la Mémoire »: chaque personne passant sous le stand qui y est consacré recevra une petite carte avec le nom d'un militant communiste victime du franquisme ainsi que quelques informations de base sur ce résistant. Il écrira ensuite un petit message à ce militant qu'il déposera au pied des arbres se trouvant à la fête. Charge à lui ensuite de se renseigner sur ce militant et de faire sien la trajectoire et le courage politique de ce résistant communistes.

 

 

dolores_ibarruri1.jpgLes organisateurs de la Fête ont décidé de marcher dans les pas de la « Pasionaria » Dolorès Ibarruri, elle qui disait: « Dans nos archives se trouvent les noms des commandants, des chefs militaires, des différents responsables de sections et cellules que nous rendrons publics un jour pour que notre peuple connaisse ces héros anonymes, ainsi que la lutte et les efforts du PCE pour en finir avec la dictature franquiste. S'il existe une autre force politique qui puisse présenter un bilan équivalent au nôtre, nous la saluerons avec respect et nous l'honorerons comme elle le mérite ».

 

 

MH01L'autre point fort du volet histoire de cette Fête du PCE 2010 sera l'hommage rendu au poète républicain et communiste Miguel Hernandez, pour ce qui aurait été son centième anniversaire s'il n'avait pas été victime de la répression franquiste: arrêté et condamné à perpétuité en 1940, il meurt de maladie, dans des conditions d'hygiène déplorables, en 1942. Autodidacte, s'insérant dans le courant poétique dit de la Génération des 27 avec, entre autres, Federico Garcia Lorca ou Vicente Alexandre, il reste un des plus grands poètes de langue espagnole du XXème siècle. C'est autant l'homme de lettres que le militant communiste qui sera mis à l'honneur au cours de la fête, un homme qui a fait sien le triptyque: Résistance-République-Révolution.


 

 

 

 

 

 

Luttes et institutions, PCE et Izquierda Unida: certaines ambiguïtés de la ligne de la direction actuelle maintenues


 

 

Pour ce qui est du présent, tous les principaux dirigeants du PCE et d'Izquierda Unida seront là, dont les secrétaires-généraux respectifs José Luis Centella et Cayo Lara, mais aussi les dirigeants des deux principales centrales syndicales du pays: Candido Mendez (UGT socialiste) et Ignacio Toxo (Commissions Ouvrières – historiquement proche du PCE).

 

RazonesParaHuelgaGeneral 01Ces quatre dirigeants majeurs présents à la fête se réuniront pour le débat structurant de la Fête: « Des raisons pour la Grève générale ». Sous un ton délibérément offensif, l'ambition de mettre en échec le plan du gouvernement Zapatero de casse des droits sociaux des travailleurs, restent certaines interrogations: pourquoi choisir comme date fondatrice de cette grève générale le 29 septembre, date de la journée européenne de mobilisation promue par la CES? Quelle possibilité pour un réel mouvement de grève générale à partir des directions syndicales de l'UGT et des CC.OO qui ont accompagné la casse sociale en Espagne depuis près de deux décennies jusqu'au dernier plan de rigueur?

 

Néanmoins, ce débat pose clairement la priorité des communistes: celle de la construction d'un mouvement social capable de mettre en échec le patronat et le gouvernement.

 

A noter un détail moins anecdotique qu'il n'y paraît au premier abord, les communistes ne sont présentés sur les questions de « lutte » ou d' « alternative politique » comme une des nombreuses forces en présence.

 

C'est le cas pour le projet d'Alternative sociale anti-capitaliste – ASA – dans lequel le PCE est mis sur un pied d'égalité avec IU et ATTAC. Projet qui comprend entre autres la nationalisation du secteur bancaire, une réforme fiscale plus progresive et la défense de l'Etat social et du système public des retraites.

 

Sur un seul débat, les communistes sont mis en avant ostensiblement et monopolisent toutes les places dans la rencontre: le débat sur les Institutions, appelé simplement « Les communistes dans les institutions ».

 

Sur le plan politique, nous avions signalé que le XVIIIème congrès du PCE de 2009 choisissait une solution de compromis après la débâcle d'IU aux législatives de 2008 et les voix qui se sont élevés en faveur de la sortie du PCE d'IU. Un pied dans la reconstruction du PCE, un autre dans la refondation d'IU.

 

Cette fête laisse supposer que cette dernière ligne aurait néanmoins pris l'initiative. En effet, le débat principal, si ce n'est le seul, à ce sujet aura comme thème: « Le processus de refondation d'IU ». Avec comme intervenants, entre autres, deux responsables nationaux du PCE: Marga Sanz, dirigeante communiste du Pays Valencian et José Manuel Mariscal, secrétaire du PC d'Andalousie.


 

 

International: liens privilégiés avec les Partis communistes d'Europe et solidarité avec Cuba et les processus révolutionnaires en Amérique Latine


 

 

Si sur le plan interne, toutes les ambiguïtés de la ligne actuelle de la direction du PCE restent apparentes lors de cette fête, sur les relations internationales qu'entretient le PCE notamment avec le mouvement communiste international, celles-ci se dissipent nettement.

 

 

En effet, au niveau européen, le PCE profitera de cette fête pour consolider ses liens fraternels avec les deux partis communistes qui participeront à la fête: le PC du Portugal (PCP) et le PC Grec (KKE). Leurs dirigeants Joao Pires et Dimitros Karagiannis, secondés par le député européen espagnol Willy Meyer et le dirigeant communiste allemand Gunter Phol,participeront au débat sur « La crise en Europe » patronné par le groupe parlementaire européen GUE/NGL.

 

Sur le plan international, la solidarité avec l'Amérique Latine, et le processus révolutionnaire actuellement en œuvre, sera un des points forts de la fête avec débats et stands rattachés. La solidarité avec Cuba sera particulièrement mise en avant, avec campagnes politiques, dont celle pour la libération des 5 de Miami, et participation de dirigeants cubains aux débats internationaux.

 

Le Parti communiste d'Espagne n'est pas mort, bien au contraire, cette première Fête du PCE depuis le XVIIIème Congrès – avec toutes les équivocités de la ligne adoptée – doit marquer le début de sa reconstruction!

 

Partager cet article
Repost0
21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 15:32

« Capitalisme, socialisme(s), communisme » : sur le livre de Léo Figuères (2)

 

« Des perspectives lucides pour l’avenir, pour un socialisme du XXIème siècle qui ne répèterait pas les erreurs du passé. »

 

capitalismesocialismescommunisme.jpg Le livre que Léo Figuères vient de sortir est d’une rare densité. L’ancien dirigeant du PCF retrace de façon synthétique les expériences socialistes du 20ème siècle, URSS, pays de l’est, Chine, Yougoslavie, Cuba... Il les pose au pluriel, du moins entre parenthèses, dès le titre : « Capitalisme, socialisme(s), communisme ».

Il exprime la volonté de reprendre le fil d’une « appréciation critique et équilibrée de ces expériences », abandonnée à partir du début des années 90 par le PCF avec la perspective socialiste elle-même.

Son analyse a postériori s’avère très critique sur les phases de l’histoire de l’URSS, sur la ligne stalinienne, sur « l’analyse très superficielle du stalinisme qui a suivi » jusqu’aux « liquidateurs » comme Gorbatchev et Chevarnadze. Mais il refuse de considérer que rien ne doit être retenu et qu’il faille « écarter le terme même de socialisme ».

Il propose au PCF de reprendre la « cause laissée en friche » du « socialisme à la française », « autogestionnaire », de la « démocratie poussée jusqu’au bout ». La démocratie est le critère, la question omniprésente dans tout le livre. On pourra considérer qu’elle reste un sujet de recherche et de réflexion pour toutes les expériences évoquées comme pour le présent, après la lecture du livre.

Que l’on partage ou non toutes les analyses de Léo, son étude constitue une base remarquable et remarquablement accessible pour poser la question essentielle aux révolutionnaires de notre temps : celle de la rupture, de la perspective socialiste.

 

Editions du Temps des cerises, mai 2010, 10 euros, en vente militante dans plusieurs sections et fédérations du PCF.

Partager cet article
Repost0