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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 15:01

 

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Armement et corruption : le ministre de la défense souhaite rouvrir tous les dossiers

Le ministre de la Défense Panos Kammenos a dit qu’il voulait rouvrir tous les cas traitant des achats d’armement, récents et anciens, et souhaiterait amener devant la justice ceux qui ont détournés des millions d’euros aux frais de l’Etat grec.



Panos Kammenos, ministre de la défense

Panos Kammenos, ministre de la défense

Dans une interview à la station de radio Alpha, Kammenos a dit que "Tous les fichiers seront rouverts. Aucun ne sera négligé. Nous ne prévoyons pas de cacher quoi que ce soit. Il y aura une transparence totale. Nous ne pouvons pas avoir le peuple grec qui saigne d'un côté et de l'autre en voir d'autres qui font la fête avec les fonds issus de l'armement. Si des cas doivent se retrouver devant la justice, ils iront."

Le ministre a noté que les états-majors des forces armées ne devraient pas gérer les programmes d'armement. "Ce n'est pas possible d'avoir chaque conseiller du ministre [de la défense] devenir le gestionnaire de systèmes d'armes - en tout cas, la moitié d'entre eux est en prison" a-t-il dit.

Interrogé sur les programmes qui concernent les sous-marins, il a dit qu'ils étaient nécessaires, mais que cela n'empêchera pas le gouvernement de localiser les individus qui ont fait perdre des millions à l'Etat. "Bien sûr, nous ne nous arrêterons pas à Tsochatzopoulos [l'ancien ministre de la Défense]" a-t-il dit, "il a payé pour tout ce qu'il a fait, mais il y en a d'autres. Personne ne va bénéficier de l'immunité, je peux vous l'assurer."

Source : thetoc.gr
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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 13:51

 

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A Gaza
La patience face à l’impuissance !

Photo de Ziad Medoukh.
Photo de Ziad Medoukh.
Photo de Ziad Medoukh.
Photo de Ziad Medoukh.
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A Gaza
La patience face à l’impuissance !
Ziad Medoukh

Presque six mois après la fin de la nouvelle agression israélienne contre la bande de Gaza en juillet-août 2014, la situation reste très grave à tous les niveaux, surtout sur le plan humanitaire et économique, pour plus de 1,8 millions de Palestiniens de Gaza toujours isolés et enfermés, malgré, partout dans le monde, la mobilisation internationale contre les crimes israéliens et malgré les promesses internationales de reconstruction rapide.
On peut dire que la situation actuelle dans la bande de Gaza est stagnante, rien ne bouge, rien ne change, sur tous les niveaux. Les choses n’avancent pas: ni au niveau de la reconstruction, ni au niveau de la réconciliation, ni au niveau politique, mais le sentiment qui domine c’est l’absence de perspectives pour l’avenir.
Les habitants de Gaza essayent de montrer leur capacité à dépasser cette période difficile à travers une vie plus ou moins normale, mais sur leurs visages on lit la tristesse, voire l'inquiétude d'une population impuissante qui vit toujours sous blocus et qui est toujours enfermée dans une prison à ciel ouvert.

Cette situation touche toute la population gazaouite souffrante, qui se voit abandonnée à son sort par une communauté internationale silencieuse.
Actuellement, plus 20.000 personnes qui ont perdu leur logement suite à l’agression israélienne de l’été dernier, et qui vivent dans des centres d’accueils ne parviennent pas à réparer les pièces de leurs maisons détruites, car les matériaux de construction n’entrent pas suffisamment, par ordre militaire israélien.
Au début de février 2015, le bureau des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens-UNRWA- a décidé de suspendre ses aides financières et alimentaires aux sans abris et aux milliers de personnes qui ont perdu leurs maisons et leurs biens, ce qui aggrave la situation, notamment pour les quelques 70.000 personnes qui ont loué des appartements auparavant payés par l’organisation internationale.
Ces sans abris, soit ils ont dressé des tentes à côté de leurs maisons détruites pour y vivre, même dans des conditions inacceptables, surtout avec l’hiver, soit sont retournés vivre dans les centres d’accueil dans des conditions plus graves.
En outre, les pays et les organisations internationales ne versent pas l’argent pour les projets de reconstruction, seulement 10% de cet argent promis lors de la conférence internationale sur la reconstruction de la bande de Gaza au Caire, en octobre dernier, est arrivé.
On peut dire, que six mois après, aucun projet de reconstruction personnel ou public n’a commencé.
Le gouvernement israélien refuse pour le deuxième mois consécutif de transmettre les recettes des impôts à l’autorité palestinienne, cette dernière se trouve incapable de payer les salaires de ses fonctionnaires, parmi eux, 130.000 de Gaza, ce que rend l’économie dans la bande de Gaza chaotique.
En plus, dans la bande de Gaza, pénurie d’électricité et de carburants, pénurie d’eau et de gaz. Il manque beaucoup de médicaments et de produits alimentaires à cause du blocus.
Six mois, après, rien ne semble différent pour les Palestiniens de Gaza, toujours à la recherche d'une solution politique et pas seulement humanitaire, suite à leur résistance remarquable contre les armes de l'aviation, de la marine et la force terrestre israéliennes. Le blocus dure depuis plus de huit ans, les passages et les frontières avec l'extérieur sont souvent fermés par ordre militaire israélien et les produits alimentaires et autres qui entrent à Gaza sont rares. Les autorités israéliennes ouvrent le seul passage commercial qui relie la bande de Gaza à l’extérieur deux ou trois fois par semaine pour permettre l'entrée de 200 camions et quelques convois humanitaires. Parmi ces camions, 5 à 6 seulement contiennent des matériaux de construction, souvent destinés aux projets internationaux. Ce passage se ferme sous n’importe quel prétexte, par décision israélienne, sans prendre en considération les besoins énormes de la population civile.
L’armée israélienne viole presque tous les jours l’accord du cessez le feu, et ne respecte pas la trêve. Souvent, les chars israéliens mènent des incursions dans la bande de Gaza, les soldats contrôlent toujours les zones tampons sur les zones frontalières et tirent sur les paysans. La marine israélienne empêche l’extension de la zone de pêche et tire aussi sur les pêcheurs palestiniens et leurs bateaux.
Au niveau de la réconciliation, la division est toujours là, et la tension se poursuit entre les différents partis et mouvements palestiniens qui pourraient amorcer le début de la reconstruction de la bande de Gaza. Malgré la création du gouvernement d'union nationale dans les territoires, et malgré la solidarité interne et les signes d'union lors de la dernière offensive israélienne, les points de divergence prédominent actuellement entre ces partis, empêchent la réconciliation palestinienne de progresser et retardent les projets de reconstruction.
Sur le plan politique, aucune résolution dans l’immédiat, à part la mobilisation et la solidarité populaire avec les habitants de Gaza, les gouvernements et les organisations internationales semble fermer les yeux sur ce qui se passe dans cette région sous blocus.
Les habitants de Gaza sont toujours dans l’attente d’une solution, d’un changement .Avec leur patience exemplaire, leur volonté remarquable, et leur persistance quotidienne, ils attendent la levée du blocus, l’ouverture des passages et des frontières qui les relient à l'extérieur, la fin de leur souffrance, et le jugement des criminels israéliens.
C’est vrai que les Palestiniens de Gaza sont toujours confiants et déterminés, ils continuent de résister et d’exister, même à côté des ruines de leurs maisons détruites, avec leur seule arme, le courage. Ils espèrent un changement radical, une solution politique qui leur permettrait enfin de vivre libres sur leur terre.
       La question qui se pose à la fin : jusqu’à quand les Palestiniens de Gaza vont-ils encore patienter ?

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 13:37

 

 

 

 

 

 

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 12:25

 

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Décès de la romancière algérienne Assia Djebar, membre de l'Académie française


L'écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l'Académie française, est décédée vendredi à 78 ans dans un hôpital parisien, trois ans après avoir été pressentie pour le prix Nobel de littérature, a annoncé samedi la radio publique algérienne.
La romancière, qui était également cinéaste, sera enterrée, selon ses voeux, dans son village natal de Cherchell, en Algérie, la semaine prochaine.

(07-02-2015 - Avec les agences de presse)

***

Assia Djebar, née Fatma-Zohra Imalayène à Cherchell le 30 juin 1936 et décédée le 7 février 2015 à Paris, est une historienne et une écrivaine algérienne d'expression française, auteure de romans, nouvelles, poésies et essais. Elle a écrit également pour le théâtre, et a réalisé plusieurs films. Assia Djebar est considérée comme l'une des auteurs les plus célèbres et influentes du Maghreb. Elle est élue à l'Académie française en 2005.

« J’écris, comme tant d’autres femmes écrivains algériennes avec un sentiment d’urgence, contre la régression et la misogynie. » (Assia Djebar)

Assia Djebar naît dans une famille de petite bourgeoisie traditionnelle algérienne amazigh. Son père, Tahar Imalhayène est un instituteur (issu de l’École normale d’instituteurs de Bouzaréah) originaire de Gouraya. Sa mère, Bahia Sahraoui, appartient à la famille amazigh des Berkani (issue de la tribu des ait Menasser du Dahra). Assia Djebar passe son enfance à Mouzaïaville (Mitidja), étudie à l'école française puis dans une école coranique privée. À partir de 10 ans, elle étudie au collège de Blida, faute de pouvoir y apprendre l'arabe classique, elle commence à apprendre le grec ancien, le latin et l'anglais. Elle obtient le baccalauréat en 1953 puis entre en hypokhâgne au lycée Bugeaud d’Alger (actuel lycée Emir Abdelkader).
En 1954, elle entre en khâgne au lycée Fénelon (Paris). L'année suivante, elle intègre l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres, où elle choisit l'étude de l'Histoire. Elle est la première algérienne et la première femme musulmane à intégrer l'École. À partir de 1956, elle décide de suivre le mot d'ordre de grève de l'UGEMA, l’Union générale des Étudiants musulmans algériens, et ne passe pas ses examens. C'est à cette occasion qu'elle écrira son premier roman, La Soif. Pour ne pas choquer sa famille, elle adopte un nom de plume, Assia Djebar; Assia, la consolation et Djebar, l'intransigeance. Elle épouse l'écrivain Walid Carn, pseudonyme de l'homme de théâtre Ahmed Ould-Rouis puis quitte la France pour l'Afrique du Nord.
À partir de 1959, elle étudie et enseigne l'histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la Faculté des lettres de Rabat. En parallèle, aidée par l'islamologue Louis Massignon, elle monte un projet de thèse sur Lella Manoubia, une sainte matrone de Tunis.
Le 1er juillet 1962, elle retourne en Algérie. Elle est nommée professeur à l'université d'Alger. Elle y est le seul professeur à dispenser des cours d’histoire moderne et contemporaine de l'Algérie. Dans cette période de transition post-coloniale, la question de la langue de l'enseignement se pose. L'enseignement en arabe littéraire est imposé, ce qu'elle refuse. Elle quitte alors l'Algérie.
De 1966 à 1975, elle réside le plus souvent en France, et séjourne régulièrement en Algérie. Elle épouse en seconde noce Malek Alloula.
Pendant une dizaine d'années, elle délaisse l'écriture pour se tourner vers un autre mode d'expression artistique, le cinéma. Elle réalise deux films, La Nouba des Femmes du Mont Chenoua en 1978, long-métrage qui lui vaudra le Prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise de 1979 et un court-métrage La Zerda ou les chants de l'oubli en 1982.
En 1999 elle soutient sa thèse à l'université Paul-Valéry Montpellier 3, une thèse autobiographique, une thèse sur sa propre oeuvre : Le roman maghrébin francophone, entre les langues et les cultures : quarante ans d'un parcours : Assia Djebar, 1957-1997. La même année, elle est élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Depuis 2001, elle enseigne au département d'études françaises de l'université de New York. Le 16 juin 2005, elle est élue au fauteuil 5 de l'Académie française, succédant à Georges Vedel, et y est reçue le 22 juin 2006. Elle est docteur honoris causa des universités de Vienne (Autriche), de Concordia (Montréal), d’Osnabrück (Allemagne).
Les œuvres d'Assia Djebar ont été traduites en 21 langues. Assia Djebar vit en France et aux États-Unis, où elle enseigne la littérature française.

Œuvres principales

La Soif, roman (1957)
Les Impatients, roman (1958)
Les Enfants du Nouveau Monde, roman (1962)
Les Alouettes naïves, roman (1967)
Poèmes pour l'Algérie heureuse, poésie (1969)
Rouge l'aube, théâtre (1969)
Femmes d'Alger dans leur appartement, nouvelles (1980)
L'Amour, la fantasia, roman (1985)
Ombre sultane, roman (1987)
Loin de Médine, roman (1991)
Vaste est la prison, roman (1995)
Le Blanc de l'Algérie, récit (1996)
Ces voix qui m'assiègent: En marge de ma francophonie, essai (1999)
La Femme sans sépulture, roman (2002)
La Disparition de la langue française, roman (2003)
Nulle part dans la maison de mon père, roman (2007)

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 12:08

                                                                  MARE-NOSTRUM-copie-1

 

 

 

                                                                  NAPLOUSE.jpg

                 
Des jeunes Palestiniennes affrontent les soldats des forces d'occupation lors d'une manifestation près de Naplouse contre la colonisation.
(Photo prise le vendredi 06 février 2015 par le correspondant local d'Assawra)

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 09:54

 

                                                                           MARE-NOSTRUM-copie-1

 

 

BHL a trouvé une blonde pour faire le « printemps » en Algérie.
Jacques-Marie BOURGET

La Tunisie s’est remise sur pieds par la vertu d’un peuple qui a su se montrer exemplaire, la Libye reste brisée et en état de chaos, l’Egypte est à nouveau sous les verrous d’une dictature militaire. Pourtant les néoconservateurs -américains et européens- eux qui ont installé sur ces terres arabes les tréteaux de la tragédie, ne sont pas encore à bout de souffle. Ils n’ont pas renoncé et en veulent encore plus.

Avec pour fanal Bernard-Henri Lévy, le ludion qui leur sert de tête de gondole, le syndicat des « néocons » n’observe pas de relâche, et prépare ses nouvelles guerres.

Avec de l’argent qui vient du Qatar, et les idées de Washington -validées à Tel Aviv- ouvrir un nouveau chantier de « révolution » est possible. Les deux prochains objectifs ? Provoquer un « printemps algérien ». Et que cette besogne ne vienne pas freiner un autre atelier en cours, recoller une Libye en morceaux et confier le pouvoir à des islamistes « acceptables ». C’est-à-dire des djihadistes discrets aux barbes biens taillées. Au lecteur sceptique je recommande la lecture des souvenirs d’Hillary Clinton « Hard Choices », les programmes, celui qui a raté et ceux à venir sont imprimés à l’intérieur.

Comme un chien pour trouver la truffe, il suffit de suivre BHL pour savoir où les choses doivent se passer. Bêtement, en novembre dernier, il s’est fait coincer en Tunisie. Par des citoyens qui ne veulent plus entendre parler de lui alors qu’il festoyait avec Wahid Burshan, un américano-libyen, un pion de la CIA programmé pour contrôler le futur pouvoir sur le trône de Kadhafi. Chassé et devenu plus discret, le philosophe en creux a alors fréquenté les acteurs réunis à Genève pour une fantasmatique « réconciliation nationale » en Libye. La démocratie n’a pas de prix et les bonnes affaires, celles de demain, pas davantage. Le bonus d’être riche -comme notre ami BHL qui porte si bien le plus beau décolleté de Paris- c’est que l’on n’a pas à travailler. Avec du temps libre pour imaginer la mort que l’on peut provoquer chez les autres. Outre refaire la Libye à l’aide de leur super glue, BHL et ses amis visent un autre grand chantier, colossal, démolir l’Algérie et la reconstruire façon Hollywood.

Sur le pays des « martyrs » BHL ne cache plus ses idées. Lors d’un colloque tenu en avril 2012 à Marseille, notre nouveau Fanon, notre théoricien de la liberté a détaillé les rêves de son clan. Pour un pays, l’Algérie, qui donc, selon le mari d’Ariel : « n’est pas un pays arabe ni islamique mais un pays juif et français, sur un plan culturel ». Ajoutant que pour sauver son destin, celui tracé par BHL et son orchestre, l’Algérie devra passer par la case « printemps » (1). Voilà donc la feuille de route, l’agenda marouflé croco de celui qui tire sa fortune d’un vieux commerce de bois d’Afrique.

C’est une règle connue, les soldats, les gendarmes et policiers, les agents de l’ordre avancent toujours par deux. Dans sa mission, celle de rendre le monde meilleur, BHL a trouvé une âme sœur. Tant mieux, Soumeya Abdelatif est séduisante et blonde et riche. Cette égérie, qui se présente comme « médecin algérien », partage beaucoup de qualités de son ami BHL. Comme lui elle n’est pas philosophe, comme lui elle dort dans des draps de soie, comme lui elle adore la démocratie selon Bush, sur le modèle de l’Irak. Officiellement, l’élégante qui habite Paris, est vice-présidente de l’Institut Robert Schuman. Marquons un petit stop sur ce Schuman qui, avec Jean Monnet est présenté comme le « père de l’Europe », et remarquons que si Monnet n’a été qu’un agent américain, le grand Robert s’est fait remarquer en figurant sur la liste des ministres du maréchal Pétain. C’est dire que l’Institut Schuman n’est que le relais des volontés américaines pour l’Europe.

Pour mieux cadrer la photo de notre bienfaitrice et maîtresse en démocratie, un petit recul s’impose. Soumeya, la princesse Europe, est née en Algérie d’un père qui tenait une pharmacie dans une petite ville des hauts-plateaux. Mais c’est à Alger que notre fleur va s’épanouir, en devenant une intime de Bouteflika. Si convainquant que la rumeur algéroise prétendait que la muse était capable de faire nommer ou révoquer les ambassadeurs... Miracle de la pharmacie, le papa va vite se retrouver à la tête d’une jolie fortune, avec confortable bateau en Espagne et biens immobiliers en France.

Médecin plus douée pour l’anatomie que la physiologie, Soumeya pratique peu l’art d’Hippocrate. Elle y préfère la diplomatie qui est souvent celui d’hypocrites. La diplomatie et l’art militaire, on la retrouve à Paris suivant le cursus de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHDN), avec la crème française des penseurs de guerres, mais aussi quelques barbouzes. Elle n’est pas dépaysée puisqu’en Algérie elle compte de bons amis au sein des services secrets, le DRS. Dans le Journal Officiel de la République Française du 18 janvier 2005 on peut lire l’arrêté qui précise la qualité de l’ancienne auditrice, Soumeya.

Son destin est désormais l’Europe, le dialogue Nord-Sud, la paix et le développement. Et l’Institut Schuman est satisfait de mettre en devanture une militante venue d’une riche diversité.

Outre les ballades sur les hippodromes, comme lors du Grand Prix de l’Arc de Triomphe, le destin du monde est vraiment le job de Soumeya. Assez vite elle devient un joli poisson dans l’aquarium de Thierry de Montbrial qui, lui aussi, lutte pour le monde libre, c’est-à-dire américain. L’élégant Thierry est un pilier du groupe de Bildenberg, club fermé de maitres de la planète, ceux qui comptent dans l’axe du bien, le politico-financier. Faut-il préciser que ce « club » a été créé pour imposer les choix de Washington à l’Europe. Désormais, Soumeya orne aussi les barnums mondiaux organisés par Montbrial, elle est sur toutes les photos. Ça fait joli. Un de ces forums est le World Policy Conference, un lieu où l’on imagine le monde idéal, selon Goldman- Sachs. Des hommes et des femmes qui se réunissent plus facilement à Monaco qu’à Roubaix.

C’est lors d’un de ces colloques de Soumeya rencontre le professeur Abdul Latif Abdulla Al-Meer, un économiste spécialisé dans la direction des banques islamiques du Qatar. Ce savant va ouvrir les portes des palais de Doha à Soumeya. Bientôt, à l’invitation d’Hassan Ben Jassem, dit HBJ, premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la dictature qatarie, l’homme le plus riche du monde, Soumeya prendra l’habitude de passer quelques vacances au Maroc. Même si, aujourd’hui, le furieux HBJ n’est plus au pouvoir, notre médecin algérien reste personna très grata à Doha. Ce qui fait une recrue supplémentaire pour la dream team, l’équipe du Qatar façon hand-ball, pour refaçonner le monde. Faut-il spécifier que BHL est l’avant-centre de cette équipe ?

Pour le dialogue, la paix et la compréhension, la réconciliation, notre héroïne se dépense, d’Abidjan à Crans-Montana, il faut que ce monde apprenne enfin à vivre. Normal pour une vice-présidente chargée du « dialogue Nord-Sud pour les pays Arabes et la Méditerranée ». Quand, selon l’aveu fait par BHL à Marseille, les propriétaires du « printemps arabe » décident de cibler l’Algérie, Soumeya joue à domicile. Elle a gardé une solide relation avec Saïd Bouteflika, « Monsieur frère » qui, sauf éclats de voix, ne peut refuser grand-chose à la jolie « toubiba ». Et voilà que ses amis européens lancent un raid sur l’Algérie, l’idée de tenir des colloques comme on tient une arme. L’un d’eux, prévu à Oran, a pour but de « définir et formaliser une éducation interculturelle à la Citoyenneté démocratique active et aux Droits de l’homme en réponse aux défis du XXIe siècle ». L’affaire n’est pas mince, elle a surtout pour objectif de démontrer aux algériens qu’ils sont loin d’avoir atteint les standards philosophiques convenables, ceux établis par Bush ou son ami Richard Perle. Qu’ils doivent donc faire un effort. Du genre « printemps ». Mais les colloques ne suffisant pas et les activistes européens mettent le grand braquet. Cette fois on promet à toute association qui se formerait en Algérie sur le thème de « la défense des droits de l’homme », une subvention de 50 à 150 000 euros. L’annonce de cette ingérence étrangère fait pas mal de bruit dans la presse d’Alger trop stupide pour comprendre le message altruiste. Heureusement Soumeya a des amis à Alger, et BHL le ministre français des Affaires étranges, en a aussi. Au palais présidentiel le révolutionnaire sans révolution compte même quelques oreilles. Le malheureux Saïd, le frère du Président, est sommé de se montrer poli, et de parcourir le catalogue de bienfaits promis par BHL, Soumeya et leurs amis. Et c’est sous leur pression que les algériens ont exigé du nouveau pouvoir tunisien qu’il laisse un strapontin de ministre aux religieux d’Ennahdha.

Hélas en Algérie, le « printemps » rêvé par le BHL team, ne pourra pas bénéficier de l’effet de surprise. La mécanique qui a prévalu pour la Tunisie, l’Egypte et la Libye est éventée. Qu’elle est-elle ? Par le biais des réseaux sociaux on utilise et canalise la juste et saine colère d’un peuple désespéré. On la fait monter en puissance, on l’assiste. Quand les révolutionnaires, les vrais, le premiers et authentiques, mettent à bas le régime, les agents d’influence, les voleurs de révolte, débarquent pour mettre en place de vrais amis à eux. Par exemple des Frères Musulmans, des hommes sûrs qui feront couler le pétrole vers les bons barils (2). La mécanique a fonctionné en Tunisie, mais les citoyens ont repris la parole. Elle a marché en Egypte, jusqu’au coup d’état de Sissi qui a emprisonné l’américano-égyptien Morsi. Elle marchera demain en Libye si la coalition qui agit sous logo BHL - financée par le Qatar- parvient à établir ses barbus au pouvoir.

L’Algérie reste un os charnu. La presse y est globalement libre, les élections sont crédibles. Il est facile de parler de gérontocratie mais pas de dictature. Reste la corruption, les luttes des clans pour le pouvoir, le poids des services de renseignement et celui du club des généraux. Des réalités qui obscurcissent l’image de l’Algérie. A tel point que, si demain Doha et son équipe américaine parvenaient à placer au pouvoir Abassi Madani, le gourou du Front Islamique, l’Europe et l’Amérique trouveraient-là un fantastique progrès démocratique.

Jacques-Marie BOURGET

(1) https://www.youtube.com/watch?v=CEbO2TyB-wI

(2) « La face cachée de la Révolution tunisienne » Mezri Haddad, éditions Apopsix

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 09:14

  Clio                                                                                                  

Clio,la muse de l'Histoire

 

   Libres de couleur et esclaves deviennent citoyens en République 

fl-che-copie-1.gif                        HUMA.fr

 

 

Frédéric Régent
Vendredi, 6 Février, 2015
293730 Image 0
©The Granger Collection NYC/Rue
La Révolution française a accordé aux esclaves la citoyenneté, 
le 4 février 1794. En 1802, cette citoyenneté de tous les hommes de couleur est supprimée par Napoléon Bonaparte. Entièrement rétablie en 1848, elle est à nouveau supprimée par Pétain sous le régime de Vichy...
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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 16:11

 

                                                                                EUROFRANKENSTEINpg.jpg

 

 

 

Ukraine : Un pas de plus vers la guerre

L’Ukraine a voté une résolution désignant la Russie comme: « pays agresseur » et appelé l’ONU à engager une procédure pour désigner les Républiques de Donetsk et Lougansk comme : « des organisations terroristes ». De plus le Parlement ukrainien a appelé la « communauté internationale » à adopter de nouvelles sanctions contre la Russie et à fournir à l’Ukraine une assistance militaire. En adoptant une telle résolution le Parlement a entériné le caractère juridique de « l’agression russe ». Cette démarche devrait être suivi de la rupture des relations diplomatiques.

Mieux, le bloc parlementaire qui soutient le Président Porochenko propose de modifier la charte de l’ONU pour exclure la Russie du conseil de sécurité ! Dans le même temps, la loi dite de « lustration » qui avait pour but de lutter contre la corruption est progressivement mise en sommeil pour permettre de réintégrer tous les militaires et agents des forces de sécurité. Il s’agit de préparer l’union nationale dans le cadre d’un affrontement contre la Russie.

L’agressivité croissante du pouvoir ukrainien est liée à la dégradation de la situation sociale intérieure et à l’échec des tentatives de reconquête de l’Est de l’Ukraine. Reconquête qui s’appuie sur les actions de bombardement visant à terroriser la population civile. Ces actions sont menées essentiellement par les groupes néo-nazis intégrés aux forces du Ministère de l’intérieur tandis que l’armée ukrainienne rechigne de plus en plus à être engagé, ce qui est marqué par de nombreuses désertions. La guerre est donc le moyen, pour le pouvoir de Kiev, de ressouder la population autour des oligarques.

Ces oligarques qui préparent la guerre entretiennent un climat nauséabond de russophobie et surtout d’antisoviétisme. Ainsi, le premier Ministre Iatseniouk, vient-il de déclarer qu’en 1941 c’était l’URSS qui avait agressé l’Allemagne nazie et l’Ukraine. Cette falsification de l’histoire est une nécessité pour justifier la politique agressive de l’impérialisme US et Européen vis-à-vis de la Russie. Pas étonnant, mais scandaleux, qu’un Ministre polonais affirme que c’est l’Ukraine qui a libéré les camps de concentration, alors que c’est l’armée soviétique qui a libéré la majorité des camps.

La justification des crimes du nazisme ouvre la voie à la renaissance de cette idéologie meurtrière. Pas étonnant non plus, mais toujours scandaleux, que le chef de l’Etat russe V. Poutine n’ait pas été convié aux cérémonies de la libération par l’Armée Rouge du camp d’Auschwitz alors qu’y paradait le Président ukrainien Porochenko, un véritable criminel de guerre qui soumet son peuple à la dictature des groupes fascisants se réclamant de ceux qui furent de 1941 à 1945 les auxiliaires de la Shoah en Ukraine.


                     source:http://www.sitecommunistes.org/

                                                    nazi-ukraine-vadim-troja-che

        

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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 15:58

                                                                    EUROFRANKENSTEINpg.jpg

 

 

 

 

 

                             La pompe à phynance
                                     
                           Syriza cernée

vendredi 6 février 2015, par Frédéric Lordon


On savait que l’expérience Syriza serait une leçon de choses en politique, la mise à nu, toutes technicités juridico-financières envolées, des ressorts fondamentaux de la puissance et de la souveraineté. De ses confiscations dans des institutions aussi. Nous y sommes – et encore plus vite que prévu.

Comme on pouvait s’y attendre également, le lieu névralgique du rapport de force se trouve à Francfort, à la Banque centrale européenne (BCE). Ce qu’aucun article des traités européens ne permet juridiquement – mettre à la porte un Etat-membre – c’est la BCE, hors de toute procédure, par une opération entièrement discrétionnaire sans aucun contrôle démocratique, qui le peut. Et qui vient d’en donner l’avant-goût, dix jours à peine après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement malséant, porté par un mouvement populaire ayant le front de réclamer la fin de l’absurde tourment auquel le pays a été soumis par notre chère Europe, un pays en situation de crise humanitaire [1] – au cœur de l’Union européenne (UE) et, plus encore, par l’Union ! –, un pays pour lequel, après quelques autres, il faudrait maintenant songer à formaliser juridiquement l’idée de persécution économique – et nommer les persécuteurs. Là contre, le peuple grec s’est donné un gouvernement légitime, mandaté pour faire cesser cet état de persécution. Un gouvernement souverain.

Lire aussi Serge Halimi, « La gauche grecque peut-elle changer l’Europe ? », Le Monde diplomatique, février 2015.Comme on le sait depuis longtemps, depuis le début en fait, à la question de la souveraineté, la réponse européenne est non. Saint Jean-Claude bouche d’or, qui ne loupe pas une occasion, a livré sa vision terminale de la politique : « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » [2]. Et le peuple grec est invité à crever la gueule ouverte, mais démocratiquement, c’est-à-dire d’après les traités.

Il doit être assez clair maintenant que la leçon de choses a à voir avec deux conceptions radicalement différentes de la démocratie : la démocratie comme asservissement aux traités, contre la démocratie comme souveraineté populaire. Sous la formulation alternative de « passer sous la table ou la renverser », il s’agissait bien de nommer ce point de bifurcation qui verra, selon sa résolution, l’une ou l’autre de ces conceptions l’emporter. On s’y dirige à grande vitesse et, portant au jour la vérité hors-traité des traités, la BCE vient de montrer à tous de quel bois démocratique l’Union se chauffe.

Le chantage de la BCE, ou la nudité du rapport de force Retour à la table des matières

Ce que les opérations ordinaires de la politique monétaire ont usuellement pour propriété de voiler apparaît ici en pleine lumière : dans les procédures techniques du refinancement se trouve repliée toute une vision du monde et, comme toujours, c’est en situation de crise qu’elle se révèle pleinement. Couper la ligne du refinancement aux banques grecques n’admet ici aucune justification proprement monétaire. N’était-ce pas d’ailleurs par un geste souverain – car la souveraineté ne disparaît jamais complètement : elle migre – que la BCE avait décidé de détendre ses propres règles et d’admettre en collatéraux les titres de la dette grecque quoique tombés hors de la catégorie investment-grade ? C’est par un geste également souverain, mais inverse, qu’elle vient de revenir discrétionnairement sur cette facilité, manière évidente de faire savoir au gouvernement grec que, précisément, dans les dispositions qui sont les siennes, il n’est plus du tout question de lui faire la vie facile.

Dans une stratégie soigneusement graduée de la constriction, la BCE fait connaître sa force et ne met pas (encore) le système bancaire grec entièrement à genoux. Il reste à ce dernier une source de refinancement en la procédure exceptionnelle dite ELA (Emergency Liquidity Assistance). Mais d’une part cette procédure est plus coûteuse puisqu’elle fournit de la liquidité à un taux de 1,55 % contre… 0,05 % pour les procédures ordinaires. D’autre part l’ELA, en tant que programme « spécial », fait l’objet d’un strict contingentement en volume, de sorte que, la ligne étant susceptible à tout instant d’être brutalement coupée, le système bancaire grec, et le gouvernement derrière, sont installés dans la plus extrême précarité. Enfin, et peut-être surtout, les opérations ELA sont « déléguées » aux banques centrales nationales, en l’occurrence rejetées sur la Banque centrale de Grèce. La signification de ce mouvement de défausse est parfaitement claire, qui fait d’ailleurs écho aux orientations du QE (Quantitative Easing) récemment annoncé : il s’agit d’une stratégie de cantonnement. Désormais les titres de dette grecque ne finiront plus dans le bilan de la BCE elle-même, mais parqués dans celui de la Banque centrale grecque. L’avertissement est limpide : « n’imaginez pas une seconde que la menace à la sortie nous fera quelque effet, d’ailleurs nous sommes en train de créer les conditions pour que, à défaut de vous soumettre, vous preniez la porte avec vos propres encombrants ».

Nous savons donc maintenant jusqu’où va l’extrémisme libéral européen. Car Tspiras a beau en avoir considérablement rabattu, et renoncé aux annulations d’une dette pourtant insoutenable, la simple idée, à cadrage macroéconomique invariant, de réallouer la dépense publique d’une manière qui ne satisfasse pas pleinement à la conditionnalité de l’ajustement structurel est en soi une hérésie inadmissible. Certes le programme minimal d’urgence humanitaire (réaugmenter le salaire minimum et les plus basses pensions, réembaucher quelques milliers de fonctionnaires) ne pouvait se faire par simple réallocation au sein d’une enveloppe de dépense rigoureusement invariante. Certes encore, le surplus de prélèvement fiscal que Syriza a concédé devoir mettre en face est laissé à l’aléa de la capacité d’une administration fiscale extrêmement défaillante – s’il y a une seule « réforme structurelle » à conduire urgemment, c’est bien de ce côté qu’elle se trouve, tout le monde en convient, les Grecs au tout premier chef, il se pourrait même que Syriza, moins compromis que tous les autres partis dans le marécage clientéliste, soit le plus à même de la porter. Certes donc, le programme minimal appelle sans doute une extension du déficit ex ante.

Il n’est même pas certain que ce dernier se confirme en déficit ex post, bien au contraire. Avec un talent confirmé d’étrangleur, c’est l’UE et ses restrictions aveugles qui ont précipité la Grèce dans une dépression dont on ne trouve plus d’équivalent qu’en celle des Etats-Unis dans les années 1930. Si bien que ce que, par paresse intellectuelle, on nomme « la dette grecque » n’est en fait pas la dette des Grecs : l’explosion des déficits et l’effondrement de la croissance à partir de 2010 sont moins le produit de l’incurie grecque que d’un assassinat de politique économique administré par l’Union en guise de « sauvetage ». De sorte que lorsque les Etats-membres prêtent pour tenir la Grèce à flot, c’est en bonne partie pour écoper le naufrage qu’ils ont eux-mêmes causé. On pourrait dire par court-circuit qu’au travers de la Grèce, l’UE prête pour l’UE ! Splendide opération qui aurait toute sa place dans un théâtre de l’absurde – si l’on excepte les investisseurs dont certains, en dépit de la restructuration, auront bien profité au passage.

En tout cas la redistribution de pouvoir d’achat en direction de ceux dont on est bien certain qu’ils le dépenseront intégralement est la plus rationnelle des politiques économiques – mais d’une rationalité qui a depuis belle lurette déserté les esprits européens. C’est en vue du financement intermédiaire d’un déficit temporaire qui avait de bonnes chances de s’auto-couvrir que le gouvernement grec s’était tourné vers la BCE. Nous connaissons maintenant la réponse et nous savons quel degré d’aide les institutions européennes sont disposées à apporter au peuple grec, dont le tableau des misères devrait leur faire honte : nul.

Syriza abandonnée de tous Retour à la table des matières

Ce sont des salauds. Et ils sont partout. Reuters a rendu publique la teneur d’un rapport allemand préparé en vue de la réunion des ministres des finances du 5 février [3] : c’est non sur toute la ligne. Non et rien, les deux mots de la démocratie-européenne-selon-les-traités. Croit-on que l’Allemagne soit seule en cause dans cette ligne de fer ? Nullement – ils sont partout. Ni l’Espagne, ni l’Irlande, ni – honte suprême – la France « socialiste » ne viendront en aide à Syriza. Et pour une raison très simple : aucun d’entre eux n’a le moindre intérêt à ce qu’une expérience alternative puisse seulement se tenir : dame ! c’est qu’elle pourrait réussir ! Et de quoi alors auraient l’air tous ces messieurs d’avoir imposé en pure perte à leurs populations un traitement destructeur ? De ce qu’ils sont. Des imbéciles, en plus d’être des salauds.

On n’aimerait pas être à la place de Tspiras et de ses ministres : seuls et abandonnés de tous. Mais l’Union européenne se rend-elle bien compte de ce qu’elle est en train de faire ? Il y avait de sérieuses raisons de penser qu’une combinaison minimale de dureté en coulisse et d’amabilité en façade permettrait un faux compromis qui aurait vu de facto Syriza plier sur toute la ligne ou presque – à quelques concessions-babioles dûment montées en épingle. Entre le désir de rester dans l’eurozone, les effets inertiels du recentrage de campagne, le découplage des institutions politiques qui protège un moment les gouvernants, il était probable que Tspiras aurait choisi un mauvais compromis qui gagne du temps et, laisse l’espoir (qui fait vivre) d’une possible amélioration future.

Mais il y a des degrés dans l’offense auquel, sauf à abdiquer toute dignité, un chef d’Etat peut difficilement consentir. Et tout se passe comme si l’UE était en train de pousser elle-même la Grèce vers la sortie. En s’en lavant les mains naturellement. Mais en ne laissant guère plus d’autre choix au gouvernement grec – passer sous la table ou la renverser, on n’en sort pas... C’est-à-dire, quand les conditions minimales d’estime de soi ne sont plus réunies pour passer dessous, renverser – comme on sait, la position défendue ici de longue date tient que cette Europe n’est pas amendable et que « renverser » est la seule solution offerte à un affranchissement d’avec la camisole libérale.

Si jamais on en venait à ce point critique, les événements connaitraient un de ces emballements qui font l’histoire. Car tout devrait aller très vite : séparation immédiate de la Banque centrale grecque du Système européen des banques centrales (SEBC), répudiation complète de la dette, instauration d’un contrôle des capitaux, nationalisation-réquisition des banques. Dans une interview à laquelle on n’a probablement pas assez prêté attention, Yanis Varoufakis lâche une phrase qui vaut son pesant de signification : « nous sommes prêts à mener une vie austère, ce qui est différent de l’austérité » [4]. Et en effet c’est très différent, radicalement différent même. Entre la vie austère et l’austérité, il y a l’abîme qui sépare une forme de vie pleinement assumée et la soumission à une tyrannie technique. Car il est certain que la sortie de l’euro n’aurait rien d’un dîner de gala. Mais c’est faire de la politique, et au plus haut sens du terme, que de prendre à témoin le peuple et de lui mettre en mains les termes de son choix : nous pourrions bien, en effet, être plus pauvres un moment mais, d’abord, sous une tout autre répartition de l’effort, et surtout en donnant à cette « vie austère » la signification hautement politique d’une restauration de la souveraineté, peut-être même d’un profond changement de modèle socioéconomique.

De nouveau la politique Retour à la table des matières

En tout cas pour la première fois depuis très longtemps, il y a à la tête d’un pays européen des gens qui savent ce que c’est vraiment que la politique – une histoire de force, de désirs et de passions –, soit l’exact contraire des comptables-eunuques qui gouvernent partout ailleurs, à l’image du têtard à binocles dont la couverture de L’Obs, qu’on créditerait ici volontiers d’un second degré inhabituellement fielleux, révèle qu’il est l’une des têtes pensantes de François Hollande.

[Incidemment, pour savoir à quoi ressemblent de vrais hommes politiques, c’est-à-dire des gens qui ont touché l’essence de la politique, une essence violente et forte, il faut regarder la tête des anciens directeurs du Shin Beth, le service secret israélien, interviewés dans le formidable documentaire Gate keepers, et qui, quoi qu’on pense par ailleurs de leur action [5], ont eu à agir en l’un des lieux de la planète où l’essence tragique du politique se donne à voir sous sa forme la plus haute. Et puis après admirer une photo de Michel Sapin. Ou le sourire d’Emmanuel Macron.]

Lire aussi Thierry Vincent, « Un espoir modéré, la crainte des coups tordus », Le Monde Diplomatique, février 2015.Il n’est pas inopportun de faire pareil rappel, car ce tragique-là plane aussi sur la Grèce, qui doit compter avec ses salauds de l’intérieur. Dans un article qui éclaire un aspect oublié de la situation grecque, Thierry Vincent [6] ne fait pas que remettre en mémoire le passé somme toute pas si lointain des colonels, mais la réalité très présente d’un appareil d’Etat gangrené pas seulement par la corruption ordinaire mais aussi par des forces sombres, substructure étatique constituée, comme toujours, autour des appareils de force, police, justice, armée, dont les connivences avec les néo-nazis d’Aube Dorée sont maintenant patentées, et où macèrent potentiellement les pires tendances factieuses. L’obsession économique finirait presque par faire oublier que le risque dominant auquel se trouve confrontée l’expérience Syriza est probablement politique, et tient moins à un rééchelonnement de dette mal fagoté qu’à ce que Thierry Vincent nomme les « coups tordus », et qu’il faudrait peut-être nommer « coup » sans autre qualificatif. Car voyons, dans les termes de notre alternative : passer sous la table, par quoi on entend ne rien obtenir de significatif, c’est épuiser l’idée même d’alternative progressiste en Grèce, et dégager la piste à la seule alternative restante – la pire. Mais renverser la table, c’est possiblement, par enchaînements successifs, entrer en confrontation directe avec le capital, et l’on sait de quelle manière les « démocraties » ont historiquement accoutumé de traiter ce genre de désaccord…

La preuve par Syriza ? Retour à la table des matières

A la remorque de la psychorigidité allemande, l’Europe des ahuris, les Juncker, Moscovici, Sapin, etc., radicalement ignorants de ce qu’est vraiment la politique, jouent en toute inconscience avec le malheur des peuples, sans le moindre égard pour les forces obscures qui commencent à tournoyer au-dessus d’eux. Il faut dire qu’en matière d’ahuris, ils se sont trouvé de fameux intellectuels organiques, à l’image de Bernard Guetta, par exemple, qui entame sur le tard une improbable carrière de situationniste – mais à l’envers. Guy Debord tenait que, dans la société du spectacle, « le vrai est un moment du faux ». Chez Guetta, c’est le faux qui est un moment du vrai. Il suffit en effet de reprendre sa chronique « La preuve par Syriza » [7] et d’en inverser méthodiquement tous les termes pour avoir une représentation d’assez bonne qualité de l’état de l’UE et des gauches européennes – là où la lecture littérale livre une fantasmagorie sous produits à courir tout nu dans les prés. Car nous sommes le 27 janvier, et Guetta voit l’aube européenne se lever dans l’arrivée simultanée de Syriza et du Quantitative Easing

Or il faut avoir bonne vue, ou bien l’aide de quelques sérotoninergiques, pour voir « s’annoncer de nouvelles politiques économiques européennes » au motif que la BCE, au terme de luttes intestines longtemps indécises, cinq ans après toutes les grandes banques centrales du monde, et ayant dû attendre une situation de désinflation patentée pour être juridiquement fondée à agir, a enfin lancé son programme à elle de Quantitative Easing. Dont on sait déjà qu’il ne produira pas grand effet.

Et l’aide de substances plus brutales encore est requise pour nous appeler à réaliser que « non, l’unité européenne n’est pas en elle-même un projet libéral ». « Ce n’est qu’un début », s’exclame le défoncé, « mais que la séquence est belle ». Quand les infirmiers auront achevé de l’embarquer, on ne retiendra que le titre de l’article manifestement écrit dans des conditions à faire peur à un cycliste, mais qui dit contre toute attente une chose très vraie : le caractère probatoire de l’expérience Syriza. En effet, il va bien y avoir une « preuve par Syriza ». Mais la preuve de quoi ?

Notes

[1] Voir Sanjay Basu et David Stuckler, « Quand l’austérité tue », Le Monde Diplomatique, octobre 2014.

[2] Jean-Claude Juncker, entretien, Le Figaro, 29 janvier 2015.

[3] « ECB cancels soft treatment of Greek debt in warning to Athens », Reuters, 4 février 2015.

[4] « Nous sommes prêtes à mener une vie austère », Le Monde, 25 janvier 2015.

[5] En l’occurrence, tous ceux qui ont vu le documentaire savent que ces anciens responsables des services secrets livrent une mise en accusation accablante de la politique des gouvernements israéliens depuis des décennies.

[6] Thierry Vincent, « Un espoir modéré, la crainte des coups tordus », Le Monde Diplomatique, février 2015.

[7] Bernard Guetta, « La preuve par Syriza », Libération, 27 janvier 2015.

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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 15:47

 

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Le missile de Draghi contre les résistances à l’austérité

L’institut d’émission annonce qu’il va couper les vivres aux banques grecques parce qu’Athènes refuse de se conformer aux engagements du pouvoir précédent sous tutelle de la troïka et de tirer un trait sur 
ses promesses électorales et ses premières décisions anti-austérité.

Il est 22 heures, mercredi 4 février. Réuni à Francfort au 35e étage de l’Eurotower, qui abrite la Banque centrale européenne (BCE), un petit groupe d’hommes vient de décider d’ouvrir le feu sur le peuple grec. On imagine leurs mines solennelles et satisfaites, comme celles de généraux sortant du bunker qui leur sert de quartier général après y avoir pris des décisions lourdes de conséquences mortifères. Dans la nuit francfortoise, le Conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de «tout faire» pour sauver le vieux «modèle» austéritaire en capilotade. Au risque de précipiter l’Europe dans un terrible engrenage et de faire le jeu de forces centrifuges qui menacent le projet européen. En chef de guerre, Mario Draghi a déclenché le missile de sa propre main : face au programme anti-austérité de Syriza, la BCE coupe les vivres au secteur bancaire hellénique.

L’arme que Mario Draghi, le président de la BCE, aimerait «de dissuasion massive» contre le peuple grec, consiste à suspendre le processus autorisant les banques du pays à se pourvoir en liquidités contre le rachat de bons du Trésor locaux par l’institut d’émission européen. Cette disposition d’urgence avait été prise dans le cadre du dernier plan dit de sauvetage européen pour maintenir la tête de l’économie grecque hors de l’eau. Seulement elle était associée à de très lourdes contreparties puisqu’il s’agissait pour Athènes de se conformer strictement à son engagement dans les superplans d’austérité, dont la mise en œuvre était étroitement surveillée par une troïka des bailleurs de fonds d’Athènes (UE, BCE, FMI). Désormais seule la banque centrale grecque sera autorisée à pratiquer et donc à garantir ces opérations d’urgence.

Quelle est la faute originelle qui valent ces foudres au peuple grec ? Il a fait preuve de la plus grande légèreté le 25janvier dernier en votant massivement contre l’austérité, partant du constat de plus en plus manifeste que loin de soigner son économie, celle-ci l’empoisonne consciencieusement depuis plusieurs années. On imagine les sueurs froides au sein de l’état-major de la BCE comme chez les gardiens du temple «austéritaires» européens. L’exigence de refonte d’un système qui prend déjà l’eau de toutes parts ne risquait-elle pas d’émerger trop fort et de se propager dans l’espace de la zone euro ? Tant les opinions observent d’un œil plutôt favorable les premiers pas d’Alexis Tsipras, le nouveau chef d’État grec, et de son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, sur la scène européenne. Tout comme elles semblent apprécier leurs premières annonces conformes à l’engagement anti-austéritaire qui les a portés au pouvoir.

La guerre de la BCE étant, comme l’autre, la prolongation de la politique par d’autres moyens, Mario Draghi entend bien signifier sur quelles conclusions doit chuter le compromis en cours de négociation autour d’un éventuel réaménagement de la dette d’Athènes : surtout ne déroger en aucun cas au cadre des mémorandums acceptés par le gouvernement grec sortant. Sinon la BCE fermera définitivement ce robinet à liquidités qu’elle s’apprête pourtant à ouvrir à fond pour répandre quelque 1 100 milliards d’euros sur les marchés financiers européens. «La Grèce ne cédera à aucun chantage», a aussitôt réagi Athènes en affichant sa détermination à poursuivre les négociations et en s’efforçant de rassurer sur sa capacité à fournir des liquidités à ses banques. Une solution que le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a toutefois aussitôt relativisé en creux en indiquant laconiquement que son pays «ferait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter un dépôt de bilan.»

Un document du gouvernement allemand qui présente ses exigences   ALLEMAND-MODELE.jpg

À Paris, le président Hollande s’est contenté, une nouvelle fois, de faire part formellement de son «respect pour le choix des électeurs grecs» sans pour autant désavouer le coup de force de la BCE. Tout au contraire. Celui-ci, a-t-il déclaré, «renvoie la responsabilité aux États européens. Et c’est légitime».

Les principaux inspirateurs de l’attaque sont en poste à Berlin. Le climat glacial qui a préludé hier à la rencontre entre le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, et son homologue grec en a fourni une sorte d’illustration sans appel. À leur sortie, les deux hommes n’ont pu faire part que de leur totale divergence de vues. «Nous sommes tombés d’accord sur le fait que nous ne sommes pas d’accord», a relevé avec humour Yanis Varoufakis.

Un document confidentiel émanant directement du gouvernement allemand et transmis à l’eurogroupe plaide résolument pour que les nouveaux dirigeants grecs tirent un trait sur leurs promesses électorales et la totalité des décisions annoncées depuis leur arrivée au pouvoir. Ce «papier» gouvernemental, que nous avons pu nous procurer via le quotidien autrichien Der Standard, souligne ainsi que «l’eurogroupe a besoin d’un engagement clair du gouvernement grec à réaliser des réformes importantes que les autorités précédentes avaient engagées avec l’argent de leurs bailleurs de fonds». Et d’énumérer point par point le détail des conditions à la pérennité de «l’aide» fournie à Athènes :

– Une poursuite du rôle joué par l’UE, la BCE et le FMI (la troïka) «dans la supervision et le contrôle de la mise en application des réformes».

– « Une déclaration » engageant la Grèce à «honorer ses engagements» à l’égard de tous ses bailleurs de fonds (BCE, FMI, FESF) «comme ceux lui ayant prêté de 
l’argent sur un plan bilatéral».

– Athènes se doit dans le courant de cette année d’avoir «un budget avec un excédent primaire de 3%. Lequel devra atteindre 4,5% dans l’année qui vient».

– Le nombre d’employés de la fonction publique doit «comme prévu être réduit de 150 000 postes».

– Le salaire minimum doit être maintenu à son niveau. Et les pensions de retraites plus étroitement liées au niveau des cotisations.

– La privatisation des ports, des compagnies qui fournissent l’énergie et des logements «doit être poursuivie avec pour objectif de verser cette année 2,2 milliards d’euros dans les caisses de l’État».

– Enfin la Grèce doit prendre des mesures pour aligner peu à peu les prix régulés de l’électricité «pour les particuliers et les petites entreprises sur ceux du marché». La chancelière, Angela Merkel, s’était déjà illustrée à l’occasion d’un précédent coup de force en 2011 contre les autorités grecques. En plein G20 de Cannes, elle était alors intervenue avec Nicolas Sarkozy pour convoquer George Papandréou, alors premier ministre grec, et lui conseiller de démissionner parce qu’il avait eu le mauvais goût de vouloir convoquer un référendum à l’issue incertaine (Papandréou sera remplacé pendant plusieurs mois à Athènes par un technicien, le banquier central Loukas Papademos). Interrogée sur la validité démocratique d’une telle démarche par une consœur de la radio publique allemande, elle s’était alors défendue en indiquant qu’il fallait faire en sorte que la démocratie soit «malgré tout aussi conforme au marché»…

Faire grandir la solidarité 
avec Syriza

Le missile envoyé mercredi par la BCE sur Athènes s’inscrit dans cette logique postdémocratique. Pour prévenir toute tentation de s’écarter de la doxa ordolibérale. Fondé sur la mise en concurrence des économies et des États, ce «modèle» porte en lui la résurgence des nationalismes. En premier lieu, en Allemagne où s’étalait hier à la une du quotidien populaire Bild (6millions d’exemplaires) un gros titre enjoignant aux Grecs de «payer leur crise eux-mêmes» et usant pour satisfaire la démonstration des raccourcis manipulateurs d’un «journalisme» de la démagogie, en s’appuyant sur une «une étude de la Bundesbank» qui prouverait que (sic) «les Grecs ont effectivement beaucoup plus d’argent que nous» (les Allemands – NDLR).

Il ne faut pas s’y tromper, cependant la brutalité avec laquelle agissent Draghi, Merkel et les partisans de la doxa ordolibérale, trahit aussi leur crainte de l’évolution des rapports de forces européens. Ils peuvent être isolés. Même en Allemagne. À côté de Die Linke qui a réagi en dénonçant hier avec force la décision de la BCE, le mouvement syndical (DGB) s’est prononcé contre la poursuite des politiques austéritaires et affiche sa solidarité avec Syriza. Une solidarité qu’il faut faire grandir aux quatre coins de la zone euro. Le défi n’est pas mince. Il s’agit ni plus ni moins de se sauver pour sauver l’Europe.

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La vérité des prix sur la dette grecque

Dépendance aux marchés financiers et austérité ont fait gonfler l’ardoise jusqu’à l’insoutenable. 
La renégociation engagée par le gouvernement d’Alexis Tsipras, qui entame une tournée dans l’UE cette semaine, doit constituer un premier pas pour rompre avec ce modèle, poison pour la Grèce et l’Europe.

Le sort qu’il conviendrait de réserver à la dette grecque sera tout en haut de l’agenda européen cette semaine, alors que le nouveau ministre des Finances hellène, Yanis Varoufakis, effectue une tournée des capitales européennes entamée par Paris, où il a rencontré hier soir son homologue français. Objectif : réduire le poids devenu insoutenable d’une ardoise qui s’élève à 315 milliards d’euros, soit 175% du produit intérieur brut (PIB). La volonté d’alléger ce fardeau et les premières mesures d’Athènes, prenant le contre-pied des plans d’austérité dont l’application était étroitement surveillée jusqu’alors par une troïka (UE, BCE, FMI) qui n’est plus la bienvenue dans la capitale grecque, sont pour le moins mal accueillies par les gardiens du temple ordo-libéral européen. Ceux-là naviguent depuis une semaine entre amabilités d’usage à l’égard des nouveaux représentants d’Athènes au Conseil européen et avis de non-recevoir. «Pas question de réduire la dette !» ont déclaré Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, comme la chancelière allemande. Et l’Élysée, s’il entend afficher une posture plus «conciliante», n’en fait pas moins connaître son intransigeance «pour le respect des engagements pris».

Sur la défensive, compte tenu de la sympathie que pourrait susciter l’engagement anti-austérité du nouveau gouvernement grec au sein des opinions publiques, les membres du club de l’Europe austéritaire n’hésitent pas à brouiller les cartes, martelant que les revendications du gouvernement Tsipras seraient soit «illégitimes» soit même «injustes» pour les contribuables des pays bailleurs de fonds, à qui serait, selon eux, présentée l’addition d’un abandon de créances. Intox et populisme. Ces manœuvres ne résistent pas à l’examen de la vérité des prix sur l’ardoise grecque.6902076179_b5a9761411_b

Intox sur l’origine de la dette. Elle constituerait, font valoir les communicants du modèle dominant, un problème typiquement grec. Et d’appuyer la démonstration en zoomant en permanence sur ces terribles travers locaux : la difficulté à faire rentrer les impôts, l’absence de cadastre, le clientélisme et la corruption de la classe politique, ou encore le «maquillage des comptes publics» à l’entrée dans l’euro. Ces problèmes sont réels et figurent d’ailleurs en bonne place sur la pile de dossiers que doivent étudier les nouveaux responsables hellènes. Ils ne constituent pas pour autant la source essentielle du surendettement du pays.

Les difficultés d’Athènes n’auraient jamais été portées à un tel paroxysme sans le krach financier de 2007-2008. «Le minotaure global» (1), selon le titre de l’ouvrage de l’économiste critique Yanis Varoufakis, ministre des Finances depuis une semaine, a dévoré les ressources de l’État. Début 2009, avant de sombrer dans la récession, la Grèce est passée en l’espace de quelques semaines « d’un taux de croissance parmi les plus élevés d’Europe à quasiment zéro», relève ainsi Varoufakis.

Avec le krach, le monde de la finance, gavé de titres à hauts rendements spéculatifs dont les cours s’effondraient, était devenu incapable de rembourser ses dettes. Comme toute l’Europe, Athènes vole alors à son secours. La gigantesque dette privée qui menace son secteur bancaire et financier est socialisée. Mais les dogmes de Maastricht et des traités européens, brièvement mis entre parenthèses pour réaliser l’opération, reprendront bien vite du service. Ils sont présentés comme le seul moyen de «discipliner les États» pour s’assurer du remboursement effectif de l’ardoise colossale contractée auprès de leurs bailleurs de fonds privés, ceux-là mêmes qui venaient tout juste d’être… renfloués. Conséquence : toute la zone euro entre dans les turbulences et singulièrement ses membres les plus fragilisés. Il est alors décidé de placer Athènes sous tutelle d’une troïka composée de la Commission européenne (CE), de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), qui n’accorde son aide au pays exsangue qu’en contrepartie de superplans d’austérité.

On connaît la suite : les mémorandums auxquels se sont soumis les gouvernements dits d’union nationale (droite et Parti socialiste), ont eu des effets ravageurs. Les salaires ont été amputés de 20 à 30%. Le pays s’appauvrit. D’où un terrible marasme qui va faire grimper toujours davantage une dette que les «purges» étaient censées faire diminuer. Loin de soigner le malade, les médicaments prescrits l’achèvent. La situation actuelle ne tient donc pas d’une faillite individuelle de la Grèce, comme l’affirment les communicants officiels, mais d’un échec collectif des dirigeants européens et de leur modèle austéritaire.

Des arguments nationalistes 
et anti-euro travaillent 
aujourd’hui l’opinion germanique

Arc-boutés en défense, les partisans de cette doxa se cabrent, n’hésitant pas aujourd’hui à jouer d’une dangereuse fibre populiste. En pointe sur le sujet, les dirigeants allemands affirment qu’en ne remboursant pas une partie de la dette, le nouveau pouvoir grec ferait les poches des contribuables de leur pays. «Ce qui ne va pas, c’est que ce sont ceux qui travaillent ailleurs qui paient. Je ne peux pas expliquer cela aux Allemands», s’emporte Sigmar Gabriel, ministre de l’Économie (SPD) du gouvernement Merkel, qui ne craint pas de se mettre ainsi à l’unisson des arguments ouvertement nationalistes et anti-euro qui travaillent aujourd’hui l’opinion germanique.

La réalité est pourtant loin d’épouser ces raccourcis démagogiques. Dans la panique en 2012, alors que le recouvrement de la dette grecque s’avérait déjà intenable, CE, BCE et FMI ont permis aux banques et autres investisseurs privés de sauver leurs meubles. Ces derniers ont pu se séparer de leurs titres hellènes à bon compte (à 50% de leur prix initial, alors qu’ils ne valaient quasiment plus rien sur le marché), transférant ainsi près de la totalité de la dette et de ses risques vers la sphère publique (européenne ou internationale).

Les créances grecques sont donc aujourd’hui entre des mains publiques, celles de la BCE, du FMI et, pour plus de 40%, du Fonds européen de stabilité financière (Fesf). L’Allemagne en détient à hauteur de 41 milliards d’euros, la France de 31 milliards (au prorata de leurs engagements au sein du Fesf). À cela s’ajoutent des prêts bilatéraux accordés à Athènes par Berlin et Paris en 2010 dans le cadre d’un premier dispositif dit de sauvetage. C’est là-dessus que s’appuient les dirigeants des deux principaux pays bailleurs de fonds pour justifier leur refus de couper dans l’ardoise grecque.

Mais les apparences sont très trompeuses. Le fisc allemand, par exemple, est objectivement un énorme «profiteur» de la crise grecque. Berlin a prêté en effet de l’argent à Athènes, à des taux certes très inférieurs à ceux, usuraires, du marché – ils ont atteint jusqu’à 18% pour les emprunts à dix ans en juin 2011 – mais bien au-dessus (entre 2 et 5%) de ceux auxquels il avait lui-même emprunté sur les marchés financiers pour alimenter le fonds de secours européen. Depuis près de deux ans, l’Allemagne se finance en effet sur les marchés à moins de 1,5%, et même à moins de 0,5% depuis l’automne dernier. Techniquement cette situation traduit un afflux de capitaux sur la place allemande. Autrement dit : une réduction du coût du capital emprunté par la puissance publique germanique. Au total, une étude sur ce thème réalisée par des économistes du groupe Allianz chiffre à 40 milliards d’euros les gains réalisés sur quatre ans par Berlin grâce à cette conjoncture ultrafavorable.

C’est là que se situe la plus grande faille d’un modèle européen placé sous la férule des marchés financiers : la mise en concurrence entre États s’est exacerbée dans la crise et c’est le plus fort, devenu le plus hégémonique, qui en tire les plus grands bénéfices. Voilà pourquoi les terribles déséquilibres intra-européens s’aggravent sous l’effet des purges de la troïka au lieu de se résorber. Voilà pourquoi ce modèle austéritaire alimente partout des dérives nationalistes. Très mauvais pour la Grèce, le programme d’austérité, relevait hier le ministre des Finances grecs en marge de sa visite à Paris, l’est aussi pour toute l’Europe.

(1) Yanis Varoufakis, The Global Minotaur, éditions Z, collection « Economic Controverses ».

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