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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 12:28

 

 

Clio

 

Clio, la muse de l'Histoire

 

 

Colloque de l’ANACR 2B, « Histoire et mémoire de la Résistance ,  Bastia, 26 mai 2014

 

Georges RAVIS-GIORDANI

 

L’esprit de résistance en Corse

 

Dans la préface à son livre La Crise de la culture, Hannah Arendt  fait référence au livre de René Char, Feuillets d’Hypnos, écrit pendant les années de résistance. René Char écrivait :

 « Archiduc me confie qu’il a découvert sa vérité  quand il a épousé la Résistance. Jusque-là il était un acteur de sa vie, frondeur et soupçonneux. L’insincérité l’empoisonnait... Une tristesse stérile peu à peu le recouvrait. Aujourd’hui il aime, il est engagé, il va nu.... ».

 

Reprenant cette image, H. Arendt écrit : 

 

«  Dans cette nudité, dépouillés de tous les masques – de ceux que la société fait porter à ses membres aussi bien que de ceux que l’individu fabrique pour lui-même dans ses réactions psychologiques contre la société – ils avaient été visités pour la première fois dans leur vie par une apparition de la liberté, non certes parce qu’ils agissaient contre la tyrannie et contre des choses pires que la tyrannie – cela était vrai pour chaque soldat des armées alliées – mais parce qu’ils étaient devenus des challengers, qu’ils avaient pris l’initiative en main et par conséquent, sans le savoir ni même le remarquer avaient commencé de créer entre eux cet espace public où la liberté pouvait apparaître »

 

Et elle revient à René Char :

 

« A tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s’asseoir. La place demeure vide mais le couvert reste mis »

 

On pourrait évoquer aussi ce qu ‘écrit A. Camus dans l’Homme Révolté :

« En même temps que la répulsion à l’égard de l’intrus, il y a dans toute révolte une adhésion entière et instantanée de l’homme à une partie de lui-même ».

 

Je pourrais aussi évoquer ce passage d’Un Destin philosophique dans lequel Jean-Toussaint Desanti raconte comment il est passé de la résistance passive à la résistance active le jour où, devant le Commissariat du Panthéon il a vu des enfants juifs, parqués sur le trottoir en attente d’une déportation dont ils ne devaient pas revenir.

Je pourrais aussi évoquer le témoignage de quelques résistants qui disent comment ils sont entrés en résistance. Pierre Messmer par exemple ; je cite

«  Pour moi le glas a sonné lorsque j’ai entendu à la radio la voix chevrotante de Pétain annonçant l’armistice ».

 

Ou encore Geneviève de Gaulle-Anthonioz : «Pour moi le début de la résistance ne fut pas l’appel du 18 juin que je n’ai pas entendu mais l’intervention du maréchal Pétain à la radio.... J’avais 19 ans, je n’arrivais pas le croire. A tel point que j’ai dit à mon père « C’est un type de la 5e Colonne qui se fait passer pour la Maréchal ».

 

Pour Dominique Lucchini, « Ribeddu », c’est un incident, une querelle avec un soldat italien qui le jette au maquis. On pourrait citer bien d’autres exemples du même type.

 

On le voit, le point de départ c’est souvent un choc émotionnel, un détail concret qui fait apparaître tout d’un coup comme radicalement inacceptable la situation dans laquelle on se trouve plongé.

Ces témoignages disent tous que l’entrée en résistance, tout au moins dans les deux premières années de la guerre, a été un choix personnel, une aventure  dans laquelle on s’engage sans savoir où elle va nous mener mais en tout cas parce qu’il n’est pas possible de faire autrement. Ils disent mieux que je ne saurais le faire  ce qu’était cet esprit de résistance, on pourrait presque dire l’instinct de résistance. Ils nous permettent de mieux comprendre pourquoi ces hommes et ces femmes ont pu aller, au péril et au prix de leur vie, jusqu’au bout de leur engagement.

Pour d’autres, le cheminement a été plus long et plus complexe. Pour le commandant en retraite François-Marie Pietri, ancien combattant, officier sorti du rang, la seule préoccupation en 1940 c’est d’éviter à tout prix que la Corse soit annexée par l’Italie ; il pense alors que Pétain et son gouvernement peuvent être le bouclier contre cette annexion, et c’est dans cet esprit qu’il crée la Légion corse, rassemblement de militaires s’engageant à se battre si besoin était contre cette annexion. Il va même jusqu’à se rendre à Vichy, où il prend des contacts avec le gouvernement pour obtenir des appuis et des armes. Son cheminement va passer  par une série de désillusions : l’entrevue de Montoire d’abord en octobre 40, puis le retour de Laval comme chef du gouvernement en avril 42 et enfin l’invasion des troupes italiennes en novembre 42. Progressivement donc, la Légion corse va prendre le chemin de la lutte armée et  le commandant Pietri va mettre sur pied dans sa région de San Gavino di Carbini, un maquis qui jouera un rôle dans les combats de septembre 1943.

Chez François Geronimi, né dans une famille de militaires, lycéen en 1940, le cheminement combine le patriotisme, héritage familial, et la révolte de l’adolescent contre le père, englué dans son attachement d’officier et d’ancien combattant au Maréchal. 

Peu à peu, au fur et à mesure que la situation devient plus claire, au fur et à mesure que le rapport des forces se modifie, ces engagements individuels vont faire place à des engagements qui, tout en restant toujours individuels et uniques, vont obéir à des mouvements collectifs. C’est à ceux-là que je voudrais m’attacher.

 

***

 

Peut-on éclairer la Résistance en Corse en la confrontant à ce que nous savons de l’histoire et de la société de l’île ? N’étant pas historien, je me suis efforcé de faire une lecture ethnologique des travaux que j’ai pu consulter ; ceux d’H. Chaubin, S. Gregori, F. Pomponi, A. Rovere.

 

L’histoire de la Corse c’est celle d’une terre marquée depuis toujours par sa proximité géographique et culturelle avec l’Italie. C’est aussi celle d’un peuple intégré à la nation française dans une période cruciale de leur devenir, à l’une et à l’autre, le moment de leur histoire où la Corse et la France essaient de construire une nation dans la liberté.

Avant l'unification de 1860, qui estompe les différences entre les régions italiennes, on sait faire clairement, en Corse, la distinction entre  d'une part la Toscane, ou les Etats du Pape, régions avec lesquelles les relations économiques et culturelles sont permanentes, connotées à l'image positive d'une italicité proche, et, d'autre part, Gênes, l'ancienne  puissance dominante, vis à vis de laquelle les sentiments sont de ressentiment. Quand l'Italie fasciste revendique la Corse, c'est la France qui devient le pôle d'altérité positif, et d'autant plus que l'on est au lendemain de la guerre de 14-18 qui, par le sang versé, a resserré les liens entre l'île et la nation. Inversement, chaque fois que les Corses se penchent, dans le bilan de deux siècles de Corse française, sur la colonne "débit", l'italianité de la Corse peut redevenir un fantasme tentateur.

A la fin des années 1930, la revendication irrédentiste de l’Italie fasciste sur la Corse est d’autant plus menaçante que la Corse n’est pas intégrée physiquement au continent et qu’il y a dans l’île un mouvement politique qui prête une oreille complaisante à ces prétentions. Ce mouvement, bien que très minoritaire, faisant fond sur une aspiration naturelle à la reconnaissance de la culture et de la langue, dispose de moyens d’expression qui ne sont pas négligeables. Si la revue Corsica antica e moderna ou la page corse du journal de Livourne Il Telegrafo ne sont lues que par quelques abonnés, la revue A Muvra et son almanach annuel pénètrent dans beaucoup de foyers. Mais il faut minimiser l’influence de l’idéologie irrédentiste : elle ne touche avant la guerre que quelques milieux intellectuels. Elle prépare en revanche la collaboration en lui fournissant une justification idéologique.

Le 30 novembre 1938, des députés italiens réclament ouvertement l’annexion de la Corse, de la Tunisie et de la Savoie, déclenchant quelques jours après une vive réaction des Corses : plusieurs dizaines de milliers de personnes, (20 000 à Bastia) se rassemblent pour entendre ce qui est resté dans l’histoire sous le nom de « Serment de Bastia » :

 « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir français. »

 

La déclaration de guerre de l’Italie à la France, le 10 juin 1940, suivie 15 jours après par la signature d’un armistice et l’arrivée d’une délégation italienne chargée  d’appliquer l’armistice, attisent les craintes d’annexion. Au mépris ancien pour le travailleur immigré italien s’ajoute maintenant le ressentiment et la rage que leur inspire cette déclaration de guerre annoncée alors que la France était déjà vaincue et ces « vainqueurs » qui en quinze jours de guerre ont été repoussés sur tous les fronts. Ils y ont même perdu, dans les Alpes, le fort construit à grands frais au sommet du Mont Chaberton (3 000 m.) qui menaçait  Briançon.

Face à cette menace, le régime de Vichy se présente comme le rempart contre cette menace d’annexion. Certains, les plus nombreux, font confiance au Maréchal. D’autres, peu nombreux, placent leurs espoirs dans l’Angleterre qui continue la lutte et dans ce général inconnu qui l’a rejointe.

La situation est d’autant plus complexe que la Corse accueille sur son sol  17 000 Italiens dont un certain nombre sont d’antifascistes qui ont fui le régime de Mussolini ; d’ailleurs, en 1939, 500 d’entre eux ont demandé à être incorporés dans l’armée française. Sommés de souscrire une déclaration de loyalisme à l’égard de la France, la très grande majorité des Italiens signent cette déclaration.

Telle est donc la situation de la Corse. Rien, pendant les années qui vont suivre, ne va dissiper cette inquiétude qui, au contraire va aller en grandissant, surtout après l’entrevue de Montoire (oct. 40)  et plus tard le retour au pouvoir de Laval (avril 42) dont on connaît les liens qui l’unissent à Mussolini.

Cette appréhension fonde paradoxalement à la fois l’adhésion à Vichy et l’attention à ce qui se passe du côté de l’Angleterre. Elle va être, pour les Corses, le ciment de la Résistance.

 

 

***

 

Je voudrais maintenant en venir à examiner ce qui dans la société corse telle qu’elle était en 1940, donne à la Résistance sa coloration propre.

 

Notons tout d’abord qu’en 1940 la démographie de la Corse est celle d’une société relativement jeune : 45 % de la population a moins de 30 ans et, bien entendu pour les hommes, les classes de 40 à 65 ans sont réduites par les pertes subies pendant la guerre de 14-18.  Le contraste est donc fort entres les classes « jeunes » et les classes « vieilles ». Ce n’est pas là un trait original, il est propre à toute la France, mais il est important dans une société où le pouvoir, familial et politique, est traditionnellement entre les mains des plus âgés.

Sylvain Gregori note que ces classes jeunes sont délaissées par le système des clans qui fonctionne sur le vote groupé familial dont la décision revient aux chefs de famille. Il souligne toutefois que le Parti communiste a, dès les années 20, commencé à s’intéresser aux jeunes, en particulier à travers les mouvements sportifs les plus populaires (football et cyclisme) tout au moins dans les villes où il a une implantation, certes modeste.  Il cite le cas de « l’Avenir cycliste » ajaccien  qui a pour président Nonce Benielli, ou le « Le Vélo Club » de l’Ile Rousse dirigé par un communiste. A. Rovere insiste avec raison sur la force d’attraction que le PCF dans les années 1930 pouvait présenter pour des jeunes avides de nouveauté dans une société encire patriarcale. Il cite le cas de ce jeune homme, ouvrier à l’arsenal de Toulon qui en arrivant en vue de son village, « pour signifier à tous et d’abord à mon père que j’étais un homme libre », entonnait l’Internationale.

C’était encore plus vrai pour les jeunes femmes, comme le montre ce témoignage tout en nuances de Jéromine Benielli, élève institutrice à l’Ecole Normale d’Ajaccio  à la fin des années 30 :

« Je suis une jeune fille bien élevée, habillée correctement, mais cette jeune fille bien élevée se permettra d’aller aux réunions communistes, de quêter dans la rue pour les réfugiés espagnols. Il faut du cran pour se démarquer des autres dans un pays où l’on vit beaucoup sous le regard du quartier, du village. L’émancipation sexuelle ? Ça ne nous traverse pas l’esprit. Aller aux réunions politiques c’est déjà très mal vu. Les quelques-unes qui se retrouvent dans ces réunions politiques sont des filles sages et non des dévergondées. Au siège du Parti, nous sommes deux ou trois. Une camarade de promotion puis une d’une autre promotion. Peut-être cinq jeunes filles au maximum »

 

 Ce mouvement va, bien entendu, s’amplifier avec le Front Populaire. En 1938, la JC compte 500 membres.

Cette jeunesse va prendre une part importante à la Résistance.

Dans les villes les enseignants jouent un rôle important dans l’évolution des esprits des lycéens.  Au sein du Parti communiste, en janvier 1941, Pierre George (Colonel Fabien) vient en Corse pour mobiliser la JC, qui, après son passage, devient de plus en plus active, notamment dans la distribution de tracts et le travail de mobilisation des lycéens suppléant même le Parti qui tâtonne à la recherche d’une ligne qui va aboutir en mai 1941 à la création du Front National. Ajoutons à cela que, à partir de 1942, la mise en place de « la Relève » puis du STO va orienter vers les maquis un grand nombre de jeunes hommes. Ce sont eux qui vont constituer l’essentiel des effectifs de la Résistance active et militaire.

 

***

 

Un deuxième trait caractéristique de la Résistance  c’est la place qu’y tiennent les élites issues du peuple que sont les enseignants, les militaires de carrière et dans une mesure moindre mais qu’il faudrait sans doute ré-évaluer, le bas clergé.

En ce qui concerne les instituteurs (ils sont plus d’un millier) leur prestige, dans les villages se fonde non seulement sur le savoir dont ils sont détenteurs mais sur les fonctions qu’ils occupent dans l’administration et la vie quotidienne des communautés ; et aussi sur les services qu’ils rendent à l’occasion pour faciliter une démarche, pour aider un enfant en difficulté  ou au contraire pour pousser un élève doué.

N’oublions pas surtout que les journées d’école commençaient par une leçon de morale et d’éducation civique et que c’était là l’occasion pour le maître ou la maîtresse  d’exalter l’amour de la patrie ; la grande mais aussi la petite car les instituteurs avaient dans leur boite à outils pédagogique des manuels rédigés par des enseignants corse pour apprendre l’histoire et la géographie de la Corse.

C’est la même chose dans les villes, pour les professeurs, à ceci près qu’ils exercent leur influence sur des jeunes gens en âge de manifester, de s’engager ; faisant du lycée de Bastia un centre actif de la Résistance.

La liste serait longue de ces enseignants, hommes jeunes pour la plupart, frais émoulus de l’Ecole Normale ou des concours. Ils ont fourni les cadres du front National après avoir, pour certains d’entre eux animé et structuré dans les années trente le mouvement syndical : Jacques Bianchini, issu d’une famille de paysans est aussi fondateur du syndicat des travailleurs agricoles ; Laurent Salini a contribué à l’implantation de la CGT à Ajaccio ;  Eugène Comiti est secrétaire du SNI et de la Ligue des droits de l’homme ; Antoine et Ange Stromboni et Séraphin Mondoloni sont membres de la CGTU.

Quant au clergé, nous savons peu de choses sur la part qu’il a prise à la résistance. Rappelons que Mgr Rodié, qui quitte Ajaccio en 1938, était résolument anti-irrédendiste. Mgr Llosa semble avoir navigué entre les écueils, mais le bas clergé donne des exemples de résistance. Maurice Choury évoque les deux curés de Cargèse et de Marignana qui aidèrent Pierre Griffi à trouver un lieu sûr pour installer son poste de radio. De même, à Sollacaro, le curé joue les médiateurs pour faire libérer plusieurs jeunes gens arrêtés par les Italiens.

 

Les anciens militaires de carrière jouent également un rôle important.. Beaucoup d’anciens militaires, officiers subalternes sortis du rang ou sous-officiers, vivent leur retraite dans leur village où ils jouissent d’un réel prestige. Profondément patriotes, anciens combattants, ils assurent souvent des fonctions électives. Maréchalistes en 1940, parce qu’ils voient en Pétain le garant de l’unité nationale, ils adhérent à la LFC, mais ils vont progressivement prendre leurs distances avec un régime qui s’enfonce dans la collaboration.

En juin 1940, les officiers chargés d’encadrer les forces militaires stationnées en Corse ne mesurent pas l’ampleur de la débâcle et veulent continuer le combat.  A l’annonce de l’armistice, le général Mollard,gouverneur militaire de la Corse déclare à son état-major :

«  Je ne reconnais pas le gouvernement du Maréchal ; je refuse de capituler et je vais défendre la Corse »  

Il sera limogé et ne reprendra du service qu’à la Libération.

Devenus armée d’armistice, ces officiers vont continuer de songer à se battre si l’Italie annexait la Corse. 

En novembre 1942, quand arrive l’ordre de démobilisation de l’armée d’armistice, ils planquent les armes ou les sabotent. Un certain nombre de ces militaires de carrière  vont fournir les cadres de la Résistance lui donnant une coloration « militaire » plus prononcée que sur le Continent ; comme le capitaine Simon-Jean Giudicelli , d’abord responsable local de l LFC qui crée en 1943 le maquis de Chisà.

S. Gregori donne quelques chiffres : pendant l’été 1943, sur 26 postes de responsables militaires à l’échelon de l’arrondissement ou du canton, 18 sont occupés par des militaires.

 

***

 

Le troisième trait, qui est sans doute le plus important c’est le caractère essentiellement rural et villageois de la Corse des années 40 : 3 Corses sur 4 vivent dans des villages, souvent même dans des hameaux qui ne comptent que quelques maisons.

Autant dire que la dissimulation y est impossible.  Tout se sait, tout se voit et au quotidien, la Résistance n’est donc possible qu’à la condition que chacun  affecte à l’égard d’autrui  une solidarité constante ou au moins ce qu’on pourrait appeler une indifférence affectée et dans le pire des cas, une tolérance armée. Car celui qui s’aviserait de dénoncer serait vite suspecté, découvert et sanctionné.

 

Ce que je dis là ne vaut que pour la période des premières années où les Corses sont entre eux ; c’est ainsi qu’on peut comprendre que dans ces années-là des rapports de gendarmerie puissent signaler que,  à Ota, on a chanté l’Internationale dans un café, qu’à Aregno et Poggiolo le secrétaire de mairie organise l’écoute de Radio Londres, qu’à Montemaggiore on a crié « C’est De Gaulle qu’il nous faut, C’est Churchill qu’il nous faut, A bas Laval ». A ce propos le rapport de gendarmerie daté du 4 octobre 1942 dit très clairement les raisons multiples du mutisme que les habitants affichent devant les enquêteurs :

 

« La plupart des témoins entendus se sont montrés réticents pour des motifs divers (représailles, animosité envisagée, amitié, esprit du clan local qui semble dominer l’esprit national) »

 

 Dès que les troupes italiennes s’installeront dans l’île, et pénètreront dans chaque canton, dans chaque village, ce ne sera plus possible mais l’esprit de résistance va prendre une forme qui pour être moins éclatante n’en sera que plus profonde. D’autant plus que, depuis octobre 1942, la menace du STO touche un grand nombre de familles et solidarise les communautés.

C’est ainsi qu’à Campile, la population s’oppose à la réquisition de jeunes gens, en présence du sous-préfet de Bastia et des gendarmes qui n’insistent pas. La solidarité communautaire joue également dans un certain nombre de cas quand le rejet de l’ennemi, est assez fort pour faire oublier un moment les anciennes luttes de clans, les vieilles inimitiés de familles ; ou quand un enfant du village sait entraîner derrière lui tout le village. C’est le cas à Porri, dont François Vittori est originaire, ou à Silvareccio, autour de Dominique Vincetti. A Sollacaro, pendant l’été 1943, François Geronimi et d’autres jeunes sont arrêtés pour avoir affiché des tracts qui dénonçaient des jeunes femmes du village soupçonnées de relations avec l’occupant ; aussitôt la population se rassemble devant la caserne des soldats italiens pour demander et finalement obtenir leur libération. S. Gregori note avec justesse qu’ici la communauté avait à choisir entre deux solidarités et qu’elle a choisi celle qui était la plus difficile à assumer.

Parfois l’homogénéité sociale des villages et l’étroitesse des liens de parenté facilitent plus encore cette solidarité. C’est notamment le cas dans le Sartenais qu’évoque Maurice Choury dans son livre Tous bandits d’honneur. Nous sommes là en effet dans une région où les oppositions de classes sont fortes et anciennes et se traduisent dans l’organisation de l’espace et de l’habitat : les « sgio » habitent Sartène, les « pastori » les petits hameaux et « pasciali » du bas-Sartenais.

« Toute la population de l’Ortolo est dans la Résistance. Des familles entières consacrent toute leur activité au ravitaillement, à la sécurité des hommes du maquis (*). Des propriétaires, tel Jean-Paul Polidori envoient des vivres. A Granace, chez le vieux Pasquin Leandri, on est sûr de trouver le gîte et le couvert et des guides, le plus souvent pieds nus mais qui vous accompagnent dans tout l’arrondissement s’il le faut. A Carabona, porte ouverte chez les Pietri, chez François Quilichini, chez les Giorgi,où le fils répare un poste de radio clandestin. Dans ce hameau on poursuit pendant plusieurs jours l’instruction militaire des jeunes réfractaires. A Gianuccio, où l’ennemi n’a jamais osé paraître, on fait en plein jour des tirs d’essai de fusils mitrailleurs parachutés dans la région de l’Ortolo et le plateau d’Ovace. A Castello di Baracci, Rosine et Toussaint Nicolaï sont de vrais anges gardiens pour les membres du Comité d’arrondissement (...) Cette région constitue un tel point d’appui pour la Résistance que le Comité d’arrondissement envisage d’en faire un véritable réduit militaire.

(*) Familles Paul et Charles Tramoni à Yena, Martinetti à Tozza-Alta, François Tramoni à Picchiogona, Pierre Tramoni à Paccialella di Cagna, Nicolaï et Félicien Tramoni à Foce, François et Antoine Cucchi à Radicci, Lanfranchi et Bocognano à Cillo, Giovangigli à l’ Ospedale, Baptiste Marcellesi à Porto-Vecchio 

 

A Albertacce, dans une région qui n’est pas particulièrement caractérisée par les antagonistes de classes, le clivage entre « gaullistes » et « pétainistes »  recouvre la séparation entre le village principal et le hameau lointain de Calasima .

Quand commencent les parachutages destinés à armer les patriotes, il faut mobiliser tout un village et parfois même plusieurs villages, hommes et mulets pour réceptionner les armes, les postes de radio, et les acheminer en lieu sûr. Pierre Simi dans un rapport que cite S. Gregori, indique de façon précise et concrète comment le village de Casta se mobilise :

«  Les paysans de Casta non seulement guident les convois, mais mettent tout à notre disposition (10 décalitres d’avoine par jour pour les bêtes, une fournée de pain et un veau pour les hommes, tout le village est au courant). Les enfants font le guet, les femmes font le pain, les hommes de 15 à 60 ans vaquent ostensiblement à leurs affaires dans la journée. Les vieux conversent avec les Italiens, s’employant à connaître les heures et les directions des patrouilles, et chaque soir le même travail recommence ».

 

La Résistance se nourrit de ces liens de solidarité mais aussi des oppositions claniques et des inimitiés interfamiliales qui scandent la vie de ces communautés villageoises. 

Vichy avait affiché dès 1940 sa volonté de dépasser l’esprit de clan au nom de la réconciliation de tous les Français dans l’effort de  Révolution nationale. La Légion française des combattants, créée en août 1940, devait regrouper les anciens combattants et était conçue comme un des piliers de cette entreprise. A l’épreuve de la société corse il devait en être tout autrement et d’autant plus que dans la décennie qui précède la guerre les luttes politiques et sociales, l’essor du mouvement syndical, le Front populaire, l’émergence du Parti communiste ont aiguisé les oppositions claniques dans lesquelles, tout au moins dans les villages, ces luttes se sont exprimées.

A sa manière la structure clanique va contribuer à la naissance de l’esprit de résistance. Dans certaines communes, le maire landryste qui n’a pas (ou pas encore) été destitué par le Préfet mène contre la création de la LFC une lutte opiniâtre en dissuadant ses partisans d’adhérer à la Légion. Dans d’autres communes, au contraire, le maire landryste tente de noyauter la LFC.

S Gregori relate dans le détail le déroulement du conflit qui, de l’été 1940 au début de l’année 1942 oppose, à Venaco, le clan giacobbiste à la section locale de la LFC ; celle-ci vise la conquête du pouvoir municipal et accuse les giacobbistes d’être des « gaullistes ». Paul Giacobbi, protégé par le sous-préfet de Corte, Ravail (lui-même radical), manœuvre habilement, laisse aux jeunes du village, regroupés dans l’ »Association sportive de Venaco » le soin de mener une bataille d’escarmouches (graffitis, lazzis) contre la LFC et finit par éliminer ses adversaires. Ces péripéties s’inscrivent sur le fond ancien d’un républicanisme modéré mais solide, sur le prestige personnel de Giacobbi qui est, par ailleurs un des plus gros propriétaires fonciers du canton. Ils contribuent au développement de l’esprit de résistance en mobilisant chaque famille, chaque individu.

Comme le souligne S. Gregori, « il n’y a pas de place ici pour la zone grise »

Sauf exception, la solidarité familiale, nous le savons, est sans faille quand il s’agit de faire face à un adversaire étranger ; un résistant, dès lors qu’il est menacé, peut donc compter sur l’appui de sa famille, de ses parents, de ses amis, même s’ils ne partagent pas ses positions. S’ils les partagent, c’est sur cette base que se fait, de proche en proche le recrutement. Et c’est d’autant plus facile que le maquis  n’est que le prolongement du village ;  comme le fait remarquer A. Rovere, il n’y a pas de  maquis en Corse ; on prend le maquis « chez soi », avec les avantages que ça représente ; seuls les responsables à un niveau élevé circulent.

La répression qui s’exerce sur les familles renforce le processus. Quand Ribeddu prend le maquis, son père et trois de ses proches sont arrêtés, ce qui le conduit à se constituer prisonnier pour obtenir leur libération. En prison, il fera la connaissance de plusieurs militants communistes qui vont donner à sa révolte un contenu plus politique. Il s’évade un mois plus tard et rejoint un maquis... où il retrouve son père ! Il conclut son témoignage

«  Mes 38 jours de prison vont coûter cher à l’ennemi »

C’est sur la base de cette solidarité familiale et parentale que la Résistance recrute.

 

 C’est aussi dans ce cadre familial élargi que les femmes prennent une part active à la Résistance ; en tant que mères ou épouses, elles tirent même parti de leur statut, du respect qu’on leur doit pour protéger les maquisards, accueillir les cadres en mission arrivant du Continent, de Londres ou d’Alger,  cacher ou transporter armes et vivres.

Mais leur activité ne s’arrête pas là ; dans les villes, où le ravitaillement est défectueux, le marché noir omniprésent, elles savent se grouper pour protester et réclamer, faisant ainsi l’apprentissage de l’organisation collective. C’est ainsi qu’en septembre 1942, à Ajaccio, les ménagères menacent, si le ravitaillement n’est pas assuré, de s’en prendre elles mêmes aux magasins. A Bastia, les 22 et 23 mars 1943, elles manifestent, rejointes par les lycéens et une partie de la population contre les difficultés du ravitaillement, si bien que la manifestation rassemble entre 1 000 et 2 000 personnes ; la police intervient. A Corte, en juillet 1943, une femme appelle les autres à brûler les magasins.

 

***

Quel a été le ciment, ou plutôt le ferment, de cette Résistance qui a pu faire se lever, en septembre 1943 plus de 10 000 hommes pour aller au combat ?

 

Est-ce encore l’italophobie ? Sans doute a t-elle eu un rôle important pour entretenir, tout au long de ces trois années d’attente, le moral de la population. Mais elle joue moins au moment décisif, d’abord parce qu’au fil de l’année 1943, les Corse ont appris à faire la différence entre « les soldats du Roi », des hommes du peuple embrigadés de force dans l’armée et qui ne songent qu’à « tornare a casa » et « l’armée de Mussolini », les carabiniers et les chemises noires. En septembre 1943, c’est surtout les Allemands de la 90e Panzer Division (36 000 hommes aguerris et bien armés) qu’il faut combattre, tandis qu’une partie de l’armée italienne se range aux côtes des résistants et des troupes françaises. Et les troupes italiennes paieront un lourd tribut à ces combats : plus de 600 soldats tués.

Si la résistance s’est propagée dans toute l’île  comme le montre la carte des terrains de parachutage, c’est d’une part parce que le tissu social était formé essentiellement de ces petites communautés villageoises fonctionnant sur la principe de la solidarité antagoniste (même les citadins se référaient toujours à un village) et c’est surtout parce que  le PCF a su définir et imposer, avec le FN,  une organisation assez large et assez souple pour que tous les groupes et réseaux rattachés au Continent ou à Londres et Alger viennent s’y fondre ; cette unification, provisoire certes, mais nécessaire pour entraîner l’ensemble du peuple corse, ne devait pas durer au-delà de la Libération. On connaît la suite : très vite l’élimination politique de Giraud, et plus tardivement la bataille autour du pouvoir politique à partir des élections de 1945.

L’esprit de résistance devra aller habiter ailleurs, dans le travail de la mémoire et  de l’histoire. Et pour finir, sur une note grave mais une note d’espoir, un dernier texte de René Char : 

« Vous tendez une allumette à votre lampe et ce qui s’allume n’éclaire pas. C’est loin, très loin de vous que le cercle illumine ».

 

 

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 12:13

 

                                                                       MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 

Treize hommes jugés pour agressions sexuelles en réunion, une première en Egypte

 par as-sawra

Treize hommes accusés d’avoir violé ou agressé sexuellement en réunion plusieurs femmes lors de manifestations au Caire vont être traduits en justice, une première en Egypte où la quasi-totalité des femmes disent avoir été un jour victime d’agression ou de harcèlement.
Les 13 hommes, dont un mineur, seront jugés pour "enlèvement, viol, agression sexuelle, tentative de meurtre et de torture", des accusations passibles de la peine de prison à vie, a annoncé le procureur général samedi. Jamais aucun un homme n’avait été traduit en justice pour viol en réunion auparavant.
Au même moment, de femmes manifestaient dans les rues du Caire contre le harcèlement et le viol. "Ne me dites pas comment m’habiller, dites leur de ne pas violer", pouvait-on lire sur des pancartes, tandis que des manifestantes scandaient "le peuple demande la mort des agresseurs". Les agressions sexuelles sont nombreuses en Egypte.
De nombreuses agressions ont eu lieu au cours de manifestations place Tahrir, épicentre de la révolte de 2011 où les Egyptiens se rassemblent régulièrement depuis.
Ce fléau, quasiment jamais puni, avait été médiatisé après plusieurs cas de femmes journalistes, notamment des étrangères, ayant été victimes d’agression et parfois de viols, selon des témoignages.
Rien qu’au cours des manifestations célébrant la victoire du nouveau président Abdel Fattah al-Sissi, soit en une petite semaine, au moins neuf agressions sexuelles se sont produites.
Les 13 suspects ont été arrêtés pour des évènements ayant eu lieu le 25 janvier 2013, lors de l’anniversaire des deux ans de la révolution, et les 3 et 8 juin 2014, alors que des millions de personnes étaient rassemblées place Tahrir pour célébrer l’élection puis la prestation de serment d’Abdel Fattah al-Sissi.
Les bureaux du procureur ont décrit ces attaques.
Le 3 juin, "Deux groupes de criminels sont allés sur la place et ont attrapé une femme et sa fille. Ils ont emmené la femme vers une mosquée non loin, où elle a été attaquée et déshabillée. Puis ils l’ont battue, et quand elle a tenté de s’échapper, de l’eau bouillante lui a été jetée dessus la blessant grièvement. Les agresseurs l’ont encerclée et l’ont attaquée sexuellement jusqu’à l’arrivée de la police".
Cinq jours plus tard, plusieurs femmes âgées de 17 à 42 ans ont été attaquées par le même groupe d’hommes. "Ils les ont séparées, puis les ont attaquées et battues, et ont même menacé d’enlever les enfants de l’une d’entre elles".
Deux hommes ont par ailleurs été arrêtés pour une agression le 25 janvier 2013.
Parmi les accusés se trouvent aussi 7 hommes qui avaient été arrêtés peu après l’agression d’une jeune étudiante lors des célébrations pour l’investiture de M. Sissi. Il n’est cependant pas clair si ces suspects sont directement liés ou non à cette attaque.
Le cas de cette jeune fille, dont l’agression a été filmée, vraisemblablement à l’aide d’un téléphone portable, a suscité un grand émoi et une vive colère en Egypte. Sur les images, qui ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, on la voit couverte de bleus avec des traces de sang, nue au milieu de la foule.
Le ministère public a affirmé que la police recherchait l’auteur de cette vidéo pour atteinte à "la moralité publique".
L’Egypte vient d’adopter sa toute première législation punissant spécifiquement le harcèlement sexuel, avec une série de sanctions allant de l’amende à la prison ferme.
Mais ces amendements ont été jugés "insuffisants" par un groupe de 25 associations de défense des droits de l’Homme, qui ont appelé à une "stratégie globale" pour lutter contre ce phénomène dont 99% des femmes affirment avoir été victimes, qu’elles soient vêtues "à l’occidentale" ou voilées, selon une étude de l’ONU parue en 2013.
Affirmant que "des agressions sexuelles horribles contre des femmes avaient entaché l’élection et l’investiture du président Abdel Fattah al-Sissi", Human Rights Watch souligne que "les femmes d’Egypte, et le monde, attendaient de voir ce que le président Sissi fera pour mettre un terme aux attaques et harcèlements sexuels".

(14-06-2014 - Avec les agences de presse)

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 09:43

 

 

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Les médias français de masse, dans leur vaste majorité et à quelques notables exceptions près, font malheureusement preuve d’un atlantisme débridé que même la plus élémentaire compassion ou tout simplement la vérité ne détournent pas de leur travail de manipulation des consciences. Le cas de l’Ukraine est une anthologie de propagande éhontée.


L’histoire des “membres de l’OSCE pris en otages” en est un exemple saisissant. Nos médias aux ordres de Washington l’ont répété à l’envie : “des membres de l’OSCE ont été pris en otages”… Ces dizaines de journalistes sur qui repose l’information de millions de citoyens ne se sont même pas donné la peine de vérifier sur le site de l’OSCE si ces “otages” étaient bien membres de l’OSCE. (OSCE= Organisation de Coopération et de Sécurité en Europe) 


Or en fait de membres de l’OSCE, il s’agissait de militaires allemands et européens travaillant pour la Bundeswher (armée allemande) dans le cadre d’un partenariat bilatéral signé avec les nouvelles autorités de Kiev. Les présenter à longueur d’article comme des membres de l’OSCE relève au mieux de l’incompétence crasse, au pire, c’est un mensonge volontaire et collectif grave.


Le récit d’un mensonge.

 

Le 25 avril, on annonçait dans les médias que plusieurs “membres de l’OSCE” avaient été pris en otage à Slaviansk par les “pro-Russes” : huit “observateurs européens” et leurs quatre accompagnateurs ukrainiens. Huit jours plus tard, le 3 mai 2014, les mêmes médias annonçaient en chœur la “libération des membres de l’OSCE et de leurs accompagnateurs ukrainiens pris en otage” et se félicitaient de leur bonne santé en les élevant au rang de héros.
Pendant plus d’une semaine, cette histoire sera l’occasion pour la vaste majorité des médias de laisser comprendre que les “pro-Russes” de l’est de l’Ukraine avaient séquestré des membres d’une organisation internationale faisant leur légitime travail. Il a été fortement insinué que la Russie avait une responsabilité importante dans cette “prise d’otage”. Le récit a été répété ad nauseam dans le cadre d’une vaste campagne de propagande anti-russe et de légitimation du sulfureux gouvernement de Kiev.

 

La vérité derrière le récit médiatique

 

Le problème, c’est que dès le 25 avril au soir, jour de “la prise d’otage des membres de l’OSCE”, Claus Neukirch , directeur adjoint du Centre de prévention des conflits de l’OSCE - un diplomate de premier plan de l’OSCE donc - tenait les propos suivants sur la première chaîne autrichienne, l’ORF :

 

  1. Les personnes retenues n’étaient pas membres de l’OSCE

  2. Compte tenu du fait que ce ne sont pas des membres de l’OSCE, celle-ci ne négocierait pas leur libération

  3. L’OSCE n’avait fait aucune estimation des risques encourus pour cette mission puisque… ce n’était pas une mission de l’OSCE (la journaliste semblait, déjà, avoir du mal à comprendre).

  4. Il s’agissait d’observateurs militaires européens œuvrant dans le cadre d’une mission militaire bilatérale entre l’Allemagne et l’Ukraine pour le compte d’une branche des forces armées allemandes, la "Zentrum für Verifikationsaufgaben der Bundeswehr" (Centre de vérification de la Bundeswehr)

  5. Fort logiquement, les négociateurs étaient les autorités allemandes.

La vidéo originale de l’interview de M. Claus Neukirch était visible directement sur le site de l’ORF, mais le lien y a été supprimé.

 

Le maintien d’une fausse version malgré le démenti officiel

 

Et pour cause : suite à ce démenti de bonne foi fait dans l’immédiat face à des propos erronés tenus par un journaliste, il n’y en aura plus d’autres.
Pas de démentis formels de la part de l’OSCE, de l’OTAN ou d’une quelconque chancellerie occidentale.
Seul le site du ministère des affaires étrangères russe indiquait qu’il ne s’agissait pas de membres de l’OSCE.
Les médias auraient pu aisément vérifier cette affirmation. Mais là encore aucune enquête sérieuse de la part de journalistes.
Le récit mensonger était lancé, il pouvait continuer son œuvre, parmi tant d’autres récits de propagande bellicistes qui risquent de détruire les dernières chances de résolution pacifique du conflit.

 

Un travail journalistique honnête aurait pu permettre de constater que sur le site de l’OSCE on ne trouvait :


- Rien sur cette prise d’otages. Etonnant pour une organisation comme l’OSCE de ne pas communiquer sur une prise d’otages potentiellement dangereuse pour la vie de ses membres. Un document interne et public de l’OSCE, 
"OSCE monitoring mission to Ukraine : The facts" en date du 28 avril, rédigé donc après la prise d’otages, ne fait aucune mention de quelconques otages de l’OSCE retenus en Ukraine. Une telle omission dans un document officiel traitant des “faits de la mission de surveillance de l’OSCE en Ukraine” rédigé trois jours après la date de “la prise d’otage” serait le moins bizarre.

- Pendant la semaine qui suivra le 25 avril, pas une ligne sur d’éventuelles négociations, ni commentaires sur l’état des otages. 

- Le 3 mai, rien non plus sur la libération de ces “otages”. Etonnant… les organisations internationales, les grandes ONG ou les medias communiquent fortement lorsqu’ils récupèrent leurs membres pris en otages.

- En fait si, on pouvait trouver ce communiqué :

"OSCE Chairperson-in-Office and Swiss Foreign Minister Didier Burkhalter expressed his gratitude to all participating States involved in the efforts for the release of the seven military inspectors and their Ukrainian hosts who were detained in Sloviansk by a group of armed individuals" (Le Président en exercice de l’OSCE et ministre des Affaires étrangères suisse, Didier Burkhalter, a exprimé sa gratitude à tous les Etats participants impliqués dans les efforts pour la libération des sept inspecteurs militaires et leurs hôtes ukrainiens qui étaient détenus à Sloviansk par un groupe d’individus armés) ; là encore, aucune mention de leur appartenance à l’OSCE.

 

Le mandat de l’OSCE était d’envoyer des observateurs civils, pas des militaires

 

Et pour cause : dans un autre document de l’OSCE, en date du 21 mars 2014, "Décision N° 1117 Déploiement d’une mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine", soit le mandat de la mission de l’OSCE en cours au moment des faits, il est précisé dans l’article 6 que ce sont 100 observateurs civils qui seront déployés en Ukraine ; il n’est aucunement question d’“observateurs militaires”.


6. La Mission spéciale d’observation sera constituée dans un premier temps de 100 observateurs civils qui travailleront, le cas échéant, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept en équipes. L’observateur en chef informera la Présidence, le Conseil permanent et le pays hôte des modalités concrètes, en fonction des besoins sur le terrain. Selon qu’il conviendra et en fonction de la situation, les effectifs de la mission pourront être augmentés de 400 observateurs supplémentaires au total. Les observateurs seront déployés initialement à Kherson, Odessa, Lvov, Ivano-Frankivsk, Kharkiv, Donetsk, Dniepropetrovsk, Tchernivtsi et Louhansk. La mission sera basée à Kiev. Tout changement au niveau du déploiement fera l’objet d’une décision du Conseil permanent.

 

Notons enfin, que seul EuroNews fournira une information précise le jour de la libération des “otages”, et encore, sur le prompteur en bas de l’écran : "L’OSCE se félicite de la libération des observateurs militaires européens” (“European military observers”) sans jamais mentionner qu’ils sont membres de l’OSCE.

 

On pourrait se dire à la lumière de la sociologie des médias qu’il s’agit là d’une malheureuse erreur : les médias voient leurs crédits coupés, en particulier pour les enquêtes longues portant sur les questions internationales, et sont enjoints à produire des nouvelles toujours plus vite dans un environnement hautement compétitif, d’où une forte tendance à se copier les uns les autres pour le bon comme pour le moins bon, les stagiaires et pigistes mal payés y sont surreprésentés, etc., etc.

 

Même si c’était le cas, constatons alors que “l’erreur” se transforme en une propagande répétée massivement pour convaincre le citoyen de suivre les ordres du bon maître, le persuader que le coupable et donc le mal dans tous les événements d’Ukraine serait la Russie et que le bien et la vertu seraient incarnés par l’Occident sous le drapeau de l’OTAN, et par son guide suprême : les Etats-Unis. Et malheureusement ça marche. Comme l’écrivait Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes, “64 200 répétitions font la vérité”.

 

C’est de la criminalité de clavier, car cette propagande a des conséquences lourdes : elle attise les haines, tend des situations déjà difficiles, crispe les camps sur leurs positions. Comment d’ailleurs les “fédéralistes” et “pro-Russes” d’Ukraine de l’est pourraient-ils percevoir autrement cette histoire des “otages de l’OSCE” sachant bien qu’il ne s’agit pas de membres de cette organisation ? Ils ne peuvent que se sentir visés par une campagne de désinformation coordonnée et délibérément orientée contre eux.

 

Comment les vrais et nécessaires observateurs de l’OSCE pourront-ils demain travailler sereinement sur le terrain ? Ce mensonge ne les met-il pas en danger ?
Le plus grave, c’est que le mensonge ici décortiqué n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Comment, alors qu’on travaille ainsi à diaboliser systématiquement les contestataires de l’est de l’Ukraine, pourra-t-on restaurer la confiance entre différentes populations de ce pays, sans laquelle il n’est pas de destin commun possible ?

 

Cet épisode rappelle le devoir de chaque citoyen tel que le formulait dans son discours à la jeunesse le grand Jaurès assassiné il y a 100 ans : “le courage c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ”.

 

Djordje Kuzmanovic est membre du bureau national du Parti de Gauche, président de la commission défense, co-référent pour la Russie et l'Ukraine


Source : http://blogs.mediapart.fr/blog/djor...

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 09:40

 

 

 

 

                                          La sieste

                                  Hamed Ouaïs (Égypte)

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 09:34

 

                                                                        cerveau animé

 

 

source: CoComagnanville:

Honduras-carton-rouge.jpg

Aujourd'hui 15 juin 2014, pour son premier match au Mondial de football brésilien, l’équipe de France affrontera le Honduras. Depuis le coup d’Etat qui s’y est déroulé le 28 juin 2009 contre le président progressiste Manuel Zelaya, ce pays connaît une répression politique et sociale ininterrompue tue par les grands médias.

 

Quant ils abordent la question de la violence dans ce pays, c’est pour reprendre sempiternellement la classification qui lui attribue les taux d’homicides les plus élevés en se limitant à en rendre responsables les redoutables bandes (les maras) et le crime organisé lié au narcotrafic.

 

Pourtant, le poids de la violence sociale imputable, par action et par omission, à l’action de l’État prend des proportions si énormes qu’elle finit par transpirer sur la scène internationale. Ainsi, le 28 mai dernier, plus d’une centaine de parlementaires états-uniens se sont inquiétés auprès du secrétaire d’État, John Kerry, des atteintes répétées contre les droits de l’homme, pointant notamment les assassinats d’enfants des rues ; ceux de journalistes (35 depuis 2009, dont trois au cours du mois dernier) ; de défenseurs des droits humains ; de paysans organisés ; de militants pour la reconnaissance de la diversité sexuelle ; de syndicalistes et en général de citoyens critiques et engagés politiquement dans la transformation de leur pays.

 

Piqué au vif, le président du Honduras, Juan Orlando Hernández, a décidé de se rendre jeudi 12 juin à Washington pour rencontrer « des fonctionnaires de haut niveau et réfuter les rapports sur les atteintes aux droits de l’homme envoyés par de ‘mauvais Honduriens’ afin de nuire à l’image du pays ». Par ce qualificatif, il vise directement« certaines organisations non gouvernementales qui instrumentalisent l’information à leur avantage dans le but d’obtenir des fonds pour pouvoir continuer d’exister [1] ». Il y a tout lieu de penser qu’en réalité, le président plaidera pour la continuité de sa propre politique, toute entière tournée vers une militarisation accrue du pays.

 

A quelques jours du match France-Honduras, c’est du Honduras qui résiste dignement que nous voulons parler. C’est aux Honduriennes et Honduriens qui luttent que nous voulons donner la parole.

 

Ont collaboré à l’élaboration de ce dossier des membres d’Alerte Honduras ; de France Amérique latine ; du Projet d’accompagnement au Honduras (PROAH) ; des journalistes indépendants (Hélène Roux et Benoit Hervieu). Que soient ici chaleureusement remerciés les journalistes, les membres d’associations de défense des droits humains et d’organisations populaires du Honduras qui ont apporté leur collaboration.

 

 

Pour en savoir plus, lien vers le site Mémoire des luttes :

Honduras : les droits de l'homme aux vestiaires

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 09:25

                                                                                 cerveau animé

 

 

                  Hubert Reeves : "le nucléaire ? Non merci !"

dimanche 15 juin 2014, par Hubert Reeves

Un grand débat se poursuit aujourd’hui sur la question de l’énergie nucléaire. Il y a, d’une part, la nécessité et l’urgence d’arrêter la marche du réchauffement climatique avant que la situation ne devienne ingérable. D’une façon plus quantitative, on estime la limite acceptable de rejet de carbone dans l’atmosphère à moins d’un million de tonnes depuis le début de l’ère industrielle. Nous en avons déjà rejeté cinq cent mille tonnes et nous en rejetons plus de dix mille tonnes par année. Ainsi, la date limite serait atteinte avant 2050. Plus tôt encore si nous continuons à augmenter notre consommation de gaz à effet de serre.
Par ailleurs, les risques et dangers des réacteurs nucléaires sont bien connus : stockage des déchets, attaques terroristes possibles, réchauffement des eaux de refroidissement des réacteurs. Serons-nous obligés, malgré les risques, d’investir massivement dans la filière nucléaire ? Cette chronique est une réflexion sur ce sujet à la lumière d’un événement récent qui a fait beaucoup de bruit aux États-Unis (voire l’article de la revue Nature du 15 mai 2014 intitulé : Un accident en attente d’arriver).

Le grand cadeau d’une énergie inépuisable
Quand j’étais étudiant à l’université Cornell aux États-Unis, avec nos professeurs, nous étions tous d’ardents défenseurs de l’énergie nucléaire. Nous nous sentions les apôtres d’une cause qui allait apporter aux humains le grand cadeau d’une énergie inépuisable, la fin de la pauvreté dans le monde. Pourtant, un de nos meilleurs enseignants, Philipp Morrison, nous mettait en garde : "Le plus grand risque inhérent à cette filière, c’est la routine. On peut prévoir des sécurités contre les accidents provoqués par des machines - disait-il -, mais on n’est jamais à l’abri de risques causés par les hommes." J’ai eu plusieurs fois l’occasion de réaliser la sagesse de cette mise en garde. Les grands accidents nucléaires du passé, Tchernobyl, Three Miles Island..., ont été provoqués par des erreurs humaines.
Dans un centre de stockage nucléaire, le Waste Insulation Pilot Plant (WIPP), près de Carlsbad, dans le désert du Nouveau-Mexique, aux États-Unis, un (ou peut-être plusieurs) conteneur rempli de substances radioactives de longue durée s’est récemment fissuré. Il a répandu des quantités, encore inconnues mais vraisemblablement grandes, d’atomes radioactifs dans l’environnement, provoquant une panne qui a obligé le WIPP à se mettre en réparation pour dix-huit mois. Plusieurs hommes ont été irradiés, mais peu gravement. Ce centre de stockage, dont on garantissait qu’il était sécurisé pour des milliers d’années, est âgé de seulement quinze ans !
Après l’alerte, pour assainir l’air, un technicien, ouvrit manuellement un ventilateur. Celui-ci aurait dû s’ouvrir automatiquement..., mais il était débranché depuis des années. Et on constata alors que tout le système de ventilation avait des fuites majeures. Ces fuites furent colmatées deux semaines plus tard. Le gouvernement avait pourtant affirmé que de tels accidents étaient strictement impossibles...

Confiance excessive en soi-même
Le rapport des autorités fédérales sur cet incident n’est pas tendre. Il dénonce une ambiance de négligence généralisée, une atmosphère de complaisance provoquant des dérégulations des standards de sécurité. L’analogie fut faite avec les rapports de l’accident de Fukushima au Japon en 2012. On y retrouve les mêmes mots : hubris, confiance excessive en soi-même, non-respect des règles de sécurité et absence de prévoyance scientifique et technique. Le WIPP, qui, à ses débuts, manifestait une attitude et une sécurité exemplaire, s’est rapidement (15 ans...) détérioré. Il s’est laissé entraîner à des comportements humains typiques, avec leurs failles et leurs faiblesses. En particulier ceux qui naissent de la routine, de la médiocrité.
Cet accident et ses suites m’ont rappelé le message de mon vieux professeur. Après mes études, je suis arrivé à la conclusion que le nucléaire est une technique adaptée pour les étoiles, mais pas pour les humains. Les instances nucléaires françaises conviendront sans doute de l’importance des messages à tirer de cet événement. Mais tenant compte de l’usure du temps, pouvons-nous vraiment avoir confiance ? À elles de le prouver.

(14-06-2014 - Hubert Reeves)

Hubert Reeves (né le 13 juillet 1932 à Montréal, Québec, Canada) est un astrophysicien, communicateur scientifique et écologiste franco-canadien.
Ayant commencé sa carrière en tant que chercheur en astrophysique, il pratique aussi la vulgarisation scientifique depuis les années 1970 et s’avère aussi un militant écologiste depuis les années 2000.

http://www.hubertreeves.info/

**

Réactions :

Hubert Reeves a oublié deux paramètres fondamentaux intervenant dans les accidents cités : ce sont soit des entreprises privées, recherchant le profit maximum (aux Etats-Unis et au Japon) aux dépends notamment de la maintenance, soit une gestion non démocratique (et avec corruption ?) (Tchernobyl). Autrement dit, l’électricité nucléaire ne supporte ni la privatisation, ni la gestion bureaucratique. C’est un choix politique.

André Rousseau
Chercheur CNRS retraité

  source:http://www.assawra.

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 09:10

 

                                                                   CERVEAU

 

 

But de la coalition EIIL-Turquie-Arabie saoudite-Qatar [et Otan ?] en Irak
Mondialisation.ca, juin 13, 2014
Url de l'article:
http://www.mondialisation.ca/but-de-la-coalition-eiil-turquie-arabie-saoudite-qatar-et-otan-en-irak/5386871


En bref :

En Irak, l’armée régulière a vacillé et les villes de deux provinces, Ninawa [Ninive] et Salah ad-din, sont rapidement tombées devant l’avancée de DAECH [EIIL : État Islamique en Irak et au Levant], alors même qu'’il perdait ses positions dans la région d’Al-Anbar.

Cette nouvelle donne s’est produite grâce à la complicité de certains éléments de l’armée de l’ancien régime irakien et de partisans, dirigés par Izzat al-Douri [1], qui les ont rejoints.

Lequel, Izzat al-Douri, a troqué sécularisme et nationalisme contre une sienne armée qu'’il nomme « Naqchbandi »[2], dont la mission première est de combattre « la tutelle chiite et l'’occupation iranienne de l’Irak », contre monnaie sonnante et trébuchante venue de l’'Arabie saoudite et du Qatar, alors que la Turquie se contente de lui assurer de quoi « camper » sur son territoire.

Cette attaque surprise de « Naqchbandi », parrainée par la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, vise à renverser la situation en Irak, suite aux résultats des récentes élections législatives irakiennes et élections présidentielles syriennes, qui font que toute modification « politiquement négociée » paraît désormais sans espoir pour ces coalisés.

Le but : Rompre la continuité géographique des « alliés de la Résistance », sur l’axe Irak-Syrie-Liban, maintenant que Homs [Syrie] est libérée, afin de tenir de quoi négocier en agitant le spectre de « la partition de l’Irak ».

Autrement dit, un Irak tripartite fédéral contre une Ukraine tripartite fédérale en vertu d’une démographie similaire, parallèlement à la tentative d’'entrainer le PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan] dans la guerre en lui promettant un État kurde et la libération de son chef des prisons de Turquie.

La solution : Fédération Irak-Syrie, qui inverserait les règles du jeu, en attendant de fédérer le Liban et la Jordanie...

La partie d’échec se poursuit donc... à l'’internationale !

Nasser Kandil

11/06/2014 

 Source : Top News nasser-kandil

 

http://topnews-nasserkandil.com/topnews/share.php?art_id=3180

Article traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

 

[1] Informations incomplètes :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ezzat_Ibrahim_Al-Duri

[2] Naqchbandi : en principe, terme désignant des membres de l’ordre soufi de la Naqchbandiyya

Monsieur Nasser Kandil est libanais, ancien député, Directeur de TopNews-nasser-kandil, et Rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Binaa

 

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 09:01

                                                                     MARE NOSTRUM-copie-1

                                                                             palestine-ce-samedi.jpg

 

 


L’armée israélienne a tué un enfant palestinien de Gaza ce samedi 14 juin 2014

Un enfant palestinien de 7 ans a trouvé la mort ce samedi 14 juin 2014 dans la bande de Gaza suite à un bombardement israélien.
Il s’agit de l’enfant Ali Arour, originaire de Beit Lahya au nord de la bande de Gaza.
L’armée de l’occupation israélienne a mené trois raids ce samedi au nord et au sud de la bande de Gaza.
L’escalade militaire israélienne touche nos enfants et nos civils
Le gouvernement israélien veut exporter ses problèmes internes en attaquant la bande de Gaza, une région sous blocus israélien inhumain depuis plus de sept ans.
Ce gouvernement d’extrême droite poursuit ses attaques contre les civils palestiniens.
Devant le silence complice de cette communauté internationale officielle
Et devant l’absence des médias qui occultent cette réalité
Les médias qui parlent que de trois colons enlevés !
Combien de martyrs palestiniens faudra-t-il pour que bouge ce monde dit libre ?
La situation est de plus en plus difficile pour notre population civile dans cette région sous blocus : attaques, agressions et bombardements
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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 08:50

                                                                        cerveau animé

 

 

 

La coupe du monde dans l’intérêt de qui ? Des élites capitalistes brésiliennes ! Selon le Parti communiste brésilien.

Repris de AC, http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Avant la Coupe du monde de football, les pouvoirs publics brésiliens, les sponsors/multi-nationales, la FIFA de Blatter et Platini se sont inquiètés : et si le printemps des luttes brésilien venait contester cette fête de moins en moins populaire et toujours plus mercantile ?

La grève du métro de Sao Paulo, entamée le jeudi 5 juin, a fait monter la pression d'un cran : c’est la plus grande ville du pays, son poumon économique, la cité qui accueille le match inaugural dans la « Corinthians Arena ».

Grèves, manifestations dans tout le Brésil : une majorité de Brésiliens contre le Mondial

Le Brésil est en ébullition sociale, pas une semaine sans qu'une grève n'éclate. En avril dernier, 16 syndicats catégoriels représentant 4 millions de travailleurs se déclaraient prêts à mobiliser avant et pendant le Mondial pour réclamer des augmentations salariales.

Ce fut le cas non seulement des salariés des transports mais aussi des policiers, en grève depuis le 7 mai (pour la Police fédérale), comme les enseignants de Rio et de Sao Paulo depuis la fin du mois d'avril.

Du côté des mouvements sociaux, le « Mouvement des sans-abri » a mené des manifestations dans les rues des villes-hôtes, réunissant plusieurs milliers de personnes.

Il serait réducteur de faire de cette colère l'expression uniquement de mouvements catégoriels, isolés, à contre-courant. Une majorité de Brésiliens est mécontente de l'organisation de ce Mondial, plus de 54 % selon le dernier sondage, un comble au pays du football.

Il y a de quoi être en colère : la facture de 10 milliards d'euros en fait la Coupe la plus chère de l'histoire (trois fois plus qu'en Allemagne, en 2006).

Une facture payée à 85 % par l'Etat … pour des bénéfices exclusivement privés, puisque l'intégralité des 12 stades sera exploitée par des opérateurs privés.

Il est en de même pour les aéroports, ports, massivement cédés à des opérateurs brésiliens et internationaux. Une politique suicidaire pour le budget de l'Etat brésilien déjà grevé pour moitié (48%) par le paiement des intérêts de la dette : 230 milliards d'euros par an !

Et pourtant, il ne manque pas de besoins urgents dans un pays comme le Brésil où 3 millions d'enfants et adolescents sont exclus du système scolaire, où la santé privatisée se révèle incapable d'assurer les soins de santé dans des zones entières du pays … forçant la 6ème économie du monde à appeler les médecins cubains à la rescousse !

140615_bresil.jpg Le Parti communiste brésilien du côté des luttes contre cette « Coupe des élites capitalistes »

Le Parti communiste brésilien (PCB), héritier du parti communiste historique, se place résolument du côté des mouvements sociaux, des travailleurs en lutte, des 250 000 gens du peuple chassés de leur domicile, contre une Coupe du monde « élitiste, privatisatrice et anti-populaire ».

Dans toutes les initiatives, généralement organisées par des mouvements sociaux, que ce soit à Rio, à Sao Paulo, mais aussi à Goiania, Brasilia, on retrouve des drapeaux du PCB, agrémentés de banderoles où on pouvait lire entre autres : « FIFA go home ! ».

Le PCB a apporté récemment son soutien à la grève des travailleurs du métro de Sao Paulo, avec l'appel de solidarité lancé par sa branche syndicale « Unité de classe ».

Le Parti s'était également associé à l'appel lancé par 10 mouvements sociaux et populaires (dont celui des sans-abris) le 15 mai dernier pour organiser des manifestations sur six séries de revendications :

Logement (contre la spéculation immobilière), justice (contre les lois anti-manifestation), santé (plus d'argent pour la santé publique), éducation, transport (gel des tarifs), souveraineté (« FIFA go home »!).

 A la question « une Coupe pour qui ? », le PCB répond sans équivoque : pour les élites capitalistes du pays.

Un gouvernement de « gauche » et un ministre des sports (PC do B) qui condamnent « la démagogie de la rue » !

La dénomination du « Parti communiste du Brésil », qui participe au gouvernement, avec justement le poste de ministre des sports, ne doit pas tromper. Il ne doit pas y avoir confusion entre le PCB et le PC do B.  

Le PC do B est né d'une scission pro-chinoise de 1964 du PCB. Originairement sur des positions gauchistes, le PC do B a glissé depuis les années 1990 vers des positions d'accompagnement du développement capitaliste brésilien.

Alors que les deux partis communistes ont apporté leur soutien au départ à l'expérience Lula, le PCB s'en est vite distancié au vu de la continuité de la politique de libéralisation-privatisation, de soutien au patronat local, d'impérialisme régional poursuivie par le PT.

Le PC do B a fait quant à lui allégeance au PT, obtenant en échange des positions dans l'appareil d'Etat. Une de ces positions, aujourd'hui d'une grande importance, celle du ministère des Sports depuis 2003.

Le ministre actuel, Aldo Rebelo, est ainsi sur le devant de la scène depuis le début de l'année. Il se distingue par sa description idyllique de la Coupe du monde, sa dénonciation acerbe des manifestations ainsi que par sa foi dans les vertus économiques du Mondial.

Il serait vain de détailler toutes les dernières déclarations de Rebelo. La dernière : il se dit « confiant dans la fin de la grève des travailleurs du métro », saluant « la décision de la justice fédérale, qualifiant la grève d'abusive et demandant sa fin ».

Un bon attaché de presse du gouvernement Dilma … au ton étonnant pour quelqu'un qui porte l'étiquette « communiste ».

En effet, il y a un mois jour pour jour, il participait à l'émission télévisée « Bom dia ministro » (Bonjour ministre), où il prédisait un Mondial « qui sera celui de la fête et de la fraternisation » (sic), où « les manifestations seront des actes isolés » car « je ne crois pas que les gens veuillent que la Coupe soit perturbée par des manifestations violentes ».

Rappelant les manifestations de l'an dernier lors de la Coupe des Confédérations, il faisait noter que celles-ci n'ont pas empêché le déroulement de l'épreuve : on croirait entendre une voix familière, celle du « maintenant quand il y a une grève au Brésil, personne ne s'en aperçoit » !

Mais M.Rebelo a foi en … les forces de police : « je crois que les forces de sécurité vont faire leur travail et protéger l'intégrité des joueurs, des supporters ».

Il a foi en la loi également qui « préviendra les abus en termes de manifestations ». Abus comme des grèves des travailleurs du métro ?

Ce 1er juin, Aldo Rebelo en a remis une couche dans le Diario de Sao Paulo, qualifiant les protestations de « démagogie dans les rues », pestant contre les corporatismes, ces professeurs qui ont osé perturber un entraînement de la sainte Selecao. Exactement le discours de droite !

Certes, la situation est complexe, les manifestations ne sont pas exemptes de manœuvres politiciennes de la part de la droite traditionnelle, de coups bien calculés de la part de syndicats à la tradition corporatiste très puissante au Brésil.

L'arrêt à quelques jours de la Coupe du monde de la grève des policiers, puis celle des enseignants et enfin celle des travailleurs du métro hier incite à la prudence sur la vigueur de ce « printemps brésilien ».

Mais comment soutenir avec autant de zèle une Coupe du monde aussi impopulaire, aussi manifestement liée aux intérêts des grands groupes capitalistes brésiliens, aussi ouvertement entachée de détournement de fonds publics ?

La Coupe du monde a lieu. Avec les camarades du PCB, espérons que la compétition serve à réunir les travailleurs de tous les métiers, les exploités de toutes les villes d'un pays où la coupe est pleine … de corruption et des privatisations !

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 08:42

 

 

 

 

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