Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 11:39

 

 

 

 

 

Athènes ne privatisera pas la compagnie publique d'électricité

 

Athènes ne privatisera pas la compagnie publique d'électricité  

Crédit photo © Reuters

ATHENES (Reuters) - Le nouveau gouvernement grec va suspendre le projet de privatisation de la compagnie publique d'électricité PPC, première société de services aux collectivités, a annoncé mercredi son ministre de l'Energie.

"Nous arrêterons immédiatement toute privatisation de PPC", a dit Panagiotis Lafazanis à la télévision grecque.

Le précédent gouvernement avait adopté l'an passé un texte de loi visant scinder une partie des activités de PPC et à la privatiser dans le cadre d'un programme de libéralisation du marché de l'énergie.

Le nouveau Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a dévoilé mardi un gouvernement resserré essentiellement composé d'adversaires de longue date des mesures d'austérité imposées à la Grèce par ses créanciers internationaux qui témoigne de sa volonté de ne pas revenir sur ses promesses de campagne.

(Angeliki Koutantou, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 11:25

                                                                lvres en ligne 1027

 

 

                                   PREMIERE  ABOLITION DE L'ESCLAVAGE...

 

 

Libres et sans fers. Paroles d'esclaves
EAN : 
9782213677811
Parution : 
04/02/2015
300pages
Format :
135 x 215 mm
Prix public TTC: 
18.50 €
Libres et sans fers. Paroles d'esclaves

Ils s’appellent Cécilia, Maximin Daga, Jean-Baptiste ou Lindor… Tous sont esclaves en Guadeloupe, à la Réunion et en Martinique dans la première moitié du XIXe siècle. Ils s’expriment, « libres et sans fers », selon l’expression consacrée des tribunaux, lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres. Leurs témoignages inédits racontent le quotidien de ces hommes, femmes et enfants, soumis aux châtiments les plus rudes qui entretenaient la terreur et provoquaient parfois la mort.
Ces précieux fragments de vie éclairent les conditions de vie des esclaves sur les plantations et en dehors, les liens qui les unissent à leurs pairs (solidarité mais aussi violence) ou à leurs maîtres et commandeurs, leur culture et les moments privilégiés où ils peuvent échapper aux impératifs de leur statut. Ni rebelles obsédés par la destruction de la société coloniale ni aliénés, ils projettent une humanité digne face à des maîtres qui le plus souvent refusent de renoncer au pouvoir absolu sur cette main-d’œuvre jusqu’au bout assimilée à leur propriété.

Frédéric Régent est maître de conférences à l’université Paris 1-Panthéon- Sorbonne. Il est rattaché à l’Institut d’histoire de la Révolution française et à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (CNRS, ENS, Paris 1).

Gilda Gonfier est directrice de la médiathèque de la ville du Gosier (Guadeloupe) et consacre des recherches aux procès d’esclaves.

Docteur en histoire, Bruno Maillard est chercheur associé au CRESOI/ Université de la Réunion, chargé d’enseignement à l’université de Paris-Est Créteil et conseiller scientifique au sein de l’association Protea.

Ce livre existe en version numérique
Partager cet article
Repost0
28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 11:14

 

 

 

 

                                                        4 février 1794

                   première abolition de l'esclavage

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 07:45

 

 

 

Stage de polyphonies corses animé par jacky micaelli
Du  Lundi 23 Février au Samedi 28 Février 2015

Couvent st'Dominique de CorbaraFrance - Haute-corse - L'ile-rousse (20220)http://www.stjean-corbara.com/ Corbara (20220)
© - stage de polyphonies corses animé par jacky micaelli

BULLETIN D’INSCRIPTION

Stage « POLYPHONIES CORSES »
COUVENT DE CORBARA
du - 23 au 28 février 2015

Le stage est organisé par U Ponticellu.
Ce stage est animé par Jacky Micaelli. Organisé autour d’un répertoire de polyphonies sacrées et profanes, il est ouvert aux débutants ainsi qu’aux chanteurs confirmés
Attention : Il est indispensable de se munir d’un enregistreur
Vous devez contacter vous-même le couvent pour réserver votre hébergement en suivant ce lien http://www.stjean-corbara.com/
Il est impératif de lire le règlement du couvent car nous partageons la vie des frères pendant 6 jours en respectant ce règlement .

NOM ……………………………………………………………………………..
PRENOM …………………………………………………………………………
ADRESSE …………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………
TELEPHONE …………………………………………………………………….
E- MAIL …………………………………………………………………………..
Experience du chant ou //et de la polyphonie corse …………………………………………………………………..

Prix du stage 260 euros (adhésion à rajouter de 20 euros pour l'année )– sans hébergement
En cas d’annulation 1 mois avt la moitié de la somme sera remboursée ou sera mise en avoir pour un prochain stage , si annulation au dernier moment pas de remboursement

Droit à l’image Oui
Non
Horaires : 10h à 12h et 15h30 à 18h
A ces heures de presence , il faut rajouter le temps du travail personnel afin de travailler individuellement avec son enregistreur .Un jour dans la semaine est consacré au travail personnel en autonomie .

Lieu
Couvent de Corbara
Ile Rousse

Date …………………………. Signature
Bulletin à renvoyer, accompagné du règlement par chèque à l’ordre de « U Ponticellu »,
Nadine CESARI 117 rue benoit malon 13005 Marseille 06 71 86 34 46
cesarinadine@yahoo.fr

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 07:37

 

                                                                      Terre Corse

 

 

                     fl-che-copie-1.gif            http://terrecorse.tumblr.com/

 

 

Forti saremu si saremu uniti (Pascal Paoli)

Adresse de la CGT à la Chambre de commerce, à la Chambre des métiers, à toutes les professions portuaires ainsi qu’à toutes les entreprises de Corse qui travaillent avec la SNCM

Alors que le chômage continue de progresser partout dans le pays, la liquidation de la SNCM serait un séisme social pour la Corse.

La CGT prend à travers cette lettre ouverte l’initiative d’une rencontre samedi prochain à la Chambre de Commerce de Bastia.

Toutes les propositions et les initiatives qui permettent à la compagnie de poursuivre son activité ainsi que toutes les entreprises travaillant avec la SNCM doivent être étudiées.

Des milliers d’emplois sont en jeu. Malgré des analyses parfois divergentes, aujourd’hui la priorité de tous est d’éviter que des centaines voir des milliers d’emplois risquent d’être supprimés et toute l’économie de la Corse durement affectée.

Pour la CGT

A Mandrichi.

La lettre ouverte:

Appel de la CGT pour des propositions communes afin de sauver la SNCM et les milliers d’emplois.

Samedi 31 janvier 10H Chambre de Commerce de Bastia.

Objet : Adresse de la CGT à la Chambre de commerce, à la Chambre des métiers, à toutes les professions portuaires ainsi qu’à toutes les entreprises de Corse qui travaillent avec la SNCM.

Madame, monsieur,

La situation de l’emploi dans le pays en général et en Corse en particulier ne cesse de se dégrader. Dans notre île plus de 20000 personnes sont inscrites à pôle emploi et plus du double occupent des emplois précaires et à temps partiel.

Notre région souffre cruellement d’emplois qualifiés.

Dans ce contexte déjà très dégradé, la perspective d’un dépôt de bilan de la SNCM et de ces 2000 emplois directs et au moins autant d’emplois induits serait une catastrophe économique et sociale pour notre région.

Malgré les différences d’analyses qui peuvent exister entre la CGT et d’autres acteurs économiques, il nous parait urgent et utile de nous rencontrer afin d’agir ensemble. La situation est trop grave.

Nous restons persuadés malgré nos différences que nous pouvons ensemble trouver les solutions pour sauver la compagnie SNCM, ses emplois directs et indirects et éviter ainsi un séisme social à la Corse.

Nous convions tous les acteurs concernés à se rencontrer samedi 31 janvier à 10H à la Chambre de Commerce de Bastia.

Pour la CGT

Le secrétaire départemental A Mandrichi.

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 07:27

                                                                     cerveau animé

 

 

La « grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République » : quelle efficacité ? quelle laïcité ?
Mardi 27 janvier 2015

On doit certainement observer avec intérêt la « grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République », présentée le 22 avril par Najat Vallaud-Belkacem1, laquelle, parlant sous l’autorité du premier ministre, exprimait le point de vue du gouvernement socialiste néolibéral tout entier. Un gouvernement lui-même héritier non pas de Jaurès, certes, mais des gouvernements socialistes précédents, qui ont mené en matière d’Éducation (de moins en moins) nationale, notamment sous la houlette parfois musclée de personnalités comme Alain Savary, Lionel Jospin ou Claude Allègre, une politique de dénigrement et de démolition de l’école républicaine et plus généralement du système public d’enseignement, qui s’est chevillée dans une remarquable continuité avec celle de leurs prédécesseurs et de leurs successeurs de droite.
Et voilà qu’on découvre ce que tous les enseignants savaient depuis longtemps, que certains essayaient en vain de dire dans les réunions avec les chefs d’établissement ou les inspecteurs et que les décideurs haut placés refusaient d’entendre malgré les avertissements2 : que l’école issue des mutations qui lui avaient été imposées depuis les années 1960, et en même temps battue des vagues de la crise et réduite au « Débrouillez-vous » par l’État, était devenue un lieu favorable aux fanatismes et aux violences. Sans oublier des causes bien connues telles que l’insuffisance de moyens là où ils sont nécessaires, on aimerait entendre aussi des analyses fondamentales familières aux salles des professeurs et développées dans tant de publications sur papier ou en ligne : qu’en substituant à l’école de la transmission de savoirs méthodiquement organisés, qui certes était loin d’être parfaite, l’école dans laquelle selon la formule qui inspirait la loi Jospin, « l’apprenant construit lui-même son propre savoir », on laissait les enfants livrés à eux-mêmes, c’est-à-dire entièrement déterminés par leurs inégalités sociales et que, dès lors, on faisait de l’école le docile reflet de la société néolibérale ; qu’en substituant à des contenus simples et clairs des emballages prétentieux et parfois fumeux, tout en maintenant l’angoisse de la note, de l’examen, de la sélection baptisée orientation, on fabriquait plus que jamais l’échec scolaire et donc la désespérance sociale ; et voilà qu’on finit par constater, grande découverte, qu’une école qui ne livrait au mieux qu’un saupoudrage de connaissances atomisées fabrique naturellement des esprits dénués de sens critique, incapables d’exprimer clairement leurs opinions, leurs raisons ou leurs impressions, et donc un terrain favorable à tous les fanatismes.
Le gouvernement Valls, se penchant sur l’école, revient-il donc sur les erreurs de ses prédécesseurs ? Bien entendu, on peut se demander ce que valent les annonces. Par exemple, quand il est dit que « tout comportement mettant en cause… l’autorité du maître fera l’objet d’un signalement systématique… au chef d’établissement » et qu’« aucun incident ne sera laissé sans suite », on doute jusqu’où ira cette bonne résolution quand on pense à tous les enseignants qui habituellement ne sont pas soutenus par leur hiérarchie parce que le mot d’ordre est « Pas de vagues. Étouffez l’affaire » C’est bien au nom du « Pas de vagues » que Lionel Jospin avait laissé proliférer le foulard dans les établissements et c’est bien en opposition avec sa politique qu’avait été votée la loi de 2004.

Mesures d’exception et conception d’ensemble

Mais l’important est la conception d’ensemble des « onze mesures » : certaines sont des mesures d’exception, ce qui peut se comprendre vu la gravité de la situation : « Un plan exceptionnel de formation continue » pour les enseignants et personnels d’éducation ; « Des ressources pédagogiques nouvelles ». « Accélérer la mise en œuvre du plan de lutte contre le décrochage » (mais on ne se demande pas si les élèves qui décrochent peuvent ne pas décrocher dans une école dans laquelle il est si difficile de s’accrocher). D’autres mesures concernent l’accompagnement des jeunes pendant leur scolarité (« création de nouvelles places d’internat ») « vers l’insertion et l’emploi », ce qui est fort bien sous réserve que les fonds à cette fin soient effectivement débloqués. D’autres encore, non moins souhaitables, ambitionnent de faire contrepoids aux inégalités sociales (« Renforcer les actions contre les déterminismes sociaux et territoriaux »). Tout cela tourne autour de l’école.
Et à l’intérieur de l’école même, quels sont les changements annoncés ? Une restauration de la discipline, avons-nous vu ; la création d’« un parcours citoyen », intégrant l’enseignement moral et civique qui doit entrer en vigueur en septembre 2015, pouvant comporter « des ateliers débats et philosophiques ». Mais quid dans le reste, c’est-à-dire dans l’essentiel des activités scolaires, en français, en histoire, en mathématiques, en physique, en langue vivante, etc. ?

A l’intérieur des disciplines

Pas grand-chose. Le nouveau « parcours citoyen » prévoit seulement « l’enseignement aux élèves du jugement, de l’argumentation et du débat… Dans le second degré, toutes les disciplines doivent être mobilisées à cette fin. » Curieuse idée que de vouloir « enseigner » le jugement alors qu’il s’agit de le former, et de former le jugement critique. Le mot « critique », notion clef quand il s’agit de remédier au fanatisme, est d’ailleurs fort peu présent : une fois dans les « onze mesures » et une fois dans le discours qui l’accompagne. En revanche, les élèves de français en collège, puis en lycée, retrouvent l’« argumentation » et de « débat », panacées dont ils ont été largement abreuvés depuis les années 1990 et dont on a suffisamment constaté les dérives, purs exercices rhétoriques, voire sophistiques d’où il ressortait que l’important est de débattre pour débattre, éventuellement sans prendre le temps de bien connaître la question, et que finalement toutes les opinions se valent. Admettons néanmoins que sous une rédaction maladroite il s’agisse bien de former l’esprit critique : il est alors assez surprenant que le gouvernement entende tout d’un coup « mobiliser » à cette fin les disciplines, comme si ce n’était pas justement une de leurs fonctions essentielles, et donc permanente, dans l’école républicaine ; à moins qu’il ne reconnaisse implicitement, comme le constatent depuis longtemps tant d’enseignants au fil des réformes et des programmes, que cette fonction leur a été progressivement retirée, voire interdite.
À un moment, pourtant, Najat Vallaud-Belkacem, suivant les déclarations de François Hollande, s’intéresse à l’une d’elle, le français. En dehors des louables intentions affichées en direction des élèves allophones, le reste du propos ferait rire s’il n’était pas tragique. Sont mobilisées les institutions ministérielles (Direction Générale de l’Enseignement Scolaire, Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) et leurs appareils qui depuis des décennies ont programmé les réformes par lesquelles ont été soigneusement retardés les apprentissages des élèves, tant en lecture qu’en maîtrise de la langue. La seule contribution qui leur est demandée, ce sont des « études » qui n’engagent à rien, à moins qu’elle ne puissent autoriser quelque démolition supplémentaire. Pas un mot de discussion sur le passé, sur les dégâts produits par la méthode globale en lecture et sur la réduction du temps consacré à la lecture collective à haute voix. Pas un mot sur le fait qu’entre 1976 et 2004 un élève sortant du collège avait perdu 800 heures de français3. Pas un mot non plus sur l’interdiction, pendant de nombreuses années, de l’enseignement méthodique, suivi et systématique de la grammaire française, longtemps réputée répressive et réactionnaire, et qui a été remplacé par un enseignement par bribes, au fil de « séquences » où, autour d’un même thème ou d’une même œuvre, on abordait en saupoudrage des sujets et des exercices différents, ce qui était le plus sûr moyen de perdre les élèves et de favoriser la déconcentration. Pas un mot enfin sur la persistance de fait de cette « séquence » en collège, dans les instructions données aux jeunes enseignants à l’encontre des plus récents programmes. On sait pourtant qu’une vraie maîtrise de la langue, non seulement de ses structures, de leurs significations, mais aussi de son vocabulaire, est indispensable aussi bien pour désamorcer les conflits qui, mal exprimés, tournent facilement à la violence, d’autre part pour former cet esprit critique, esprit de nuance et de distinctions, que Najat Vallaud-Belkacem semble vouloir développer sous le nom de « jugement ».
Rien n’est dit non plus sur l’enseignement de la littérature française des siècles passés, décriée comme bourgeoise, ennuyeuse, périmée, à partir du moment où, dans les années 1960 et 70 un plus grand nombre d’enfants risquaient d’y avoir davantage accès, c’est-à-dire ceux précisément à qui elle pouvait ouvrir le plus d’horizons nouveaux. Dans la mesure où il était difficile de la supprimer d’un trait de plume, les réformes ont consisté à la circonscrire ou à la rendre inoffensive : au lieu de familiariser précocement les élèves à un usage de la langue littéraire, reflétant une pensée consistante, on l’a exclue de l’école primaire, on lui a opposé au collège la littérature de jeunesse. À d’autres niveaux, parmi d’autres offensives, sont intervenues les approches formalistes, certes intéressantes en soi, mais qui aboutissaient de fait à considérer comme secondaire le sens des textes, voire à l’ignorer. Dans tous les cas, il s’agissait de lutter contre une vision historique, c’est-à-dire politique, de la littérature : celle qui permet de comprendre comment des esprits se sont opposés à d’autres, soit dans le même siècle soit par-delà les siècles, de discerner ce qui les a divisés, ce qui a pu les unir aussi, tant sur le plan littéraire que, surtout, sur le plan philosophique, politique, social, religieux ; bref, ce qu’on appelle l’histoire des idées, tout ce qui dans l’enseignement du français contribue à forger l’esprit critique de l’adolescent pour les débats de notre temps. Certes ces tout dernières années un retour s’est fait au sens, à l’histoire, retour fragmentaire auquel les prophètes blanchis de la modernité ne se résignent guère. Mais les esprits qu’ils ont (dé)formés sont devenus adultes et beaucoup en veulent à ce français qui les ennuyait tant et auquel ils ne comprenaient rien. Dans un tel champ de ruines, il est louable de citer Voltaire. Mais la tolérance de Voltaire n’est pas la laïcité. Une référence suffit-elle à constituer une pensée organisée ? Et que révèle le fait que ce soient des massacres plutôt que l’école qui incitent les citoyens à le lire ?
Et ne parlons pas du saccage organisé des langues anciennes, malgré l’attachement que leur montrent les élèves de collège et leurs parents : n’est-il pas dangereux d’étudier une littérature qui, même si elle a été produite essentiellement par des hommes libres dans un monde peuplé d’esclaves, rencontre à peu près toujours, de façon plus ou moins visible et plutôt plus que moins, les problèmes relatifs à la justice, à la cité et à la religion ?

Illustration des contre-réformes

On pourrait ainsi dresser la liste des « réformes » (en fait des « contre-réformes » puisqu’il est enfin clairement apparu depuis quelques années que ce que les gouvernements néolibéraux, de droite ou prétendument de gauche, appelaient « réformes » étaient en fait des mesures réactionnaires4 qui, sous couvert de modernité, ont permis de désamorcer l’efficacité critique de l’école.
Ne prenons pour exemple, en rapport direct avec l’actualité qui nous occupe, que la démolition de l’enseignement de l’histoire. Comme en français, l’exploration pas à pas a été transformée en un parcours à marche forcée dans lequel, sans parler de l’histoire de la cité antique ou de la construction de l’État par la monarchie capétienne, des moments aussi importants que la Révolution ou le développement du mouvement ouvrier ne sont qu’un point parmi tant d’autres. Et on ne dira jamais assez à quel point les méthodes de l’école des Annales ont été mises au service d’une dépolitisation de l’enseignement de l’histoire par l’hypertrophie des thématiques et des tableaux d’ensemble. En faisant fonds sur la critique justifiée (car nos démolisseurs s’appuient toujours sur les bonnes intentions des progressistes angéliques) du personnage historique et du « roman national », en dénigrant l’événement, en privilégiant le « temps long », on arrive facilement à gommer tous les conflits : vues de loin, les journées de Juin 1848 ou la Commune ne sont qu’anecdotes dans l’histoire du capitalisme et de son développement ; la Russie soviétique n’est qu’une parenthèse avant le retour à l’ordre définitif de la société sans histoire, celle qui présente aux jeunes un avenir si peu prometteur. Étonnez-vous ensuite si, ne pouvant se situer par rapport à aucune filiation politique puisque de fait on ne leur en a réellement présenté aucune si ce n’est une sorte de résignation molle à l’ordre établi, ils se laissent séduire par le premier prêcheur venu.

Au lieu de la reconstruction du cœur même de l’école, indispensable à la lutte contre le fanatisme, que nous annonce Najat Vallaud-Belkacem ? la mise en place de nouvelles activités scolaires qui s’ajouteront à la charge de travail des élèves et des personnels. Certaines, telles que l’élaboration d’un journal ou d’un blog d’établissement, sont fort souhaitables, mais il n’est pas précisé si elles seraient obligatoires pour tous les élèves, et dans l’affirmative il n’est pas dit si cela ne rognera pas encore le temps nécessaire pour lire Zadig ou le Traité sur la tolérance. D’autres supposent carrément qu’à certains moments les activités d’enseignement doivent céder le pas à d’autres activités ponctuelles et spectaculaires (« semaine de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, semaine de l’engagement », « commémorations patriotiques, participation collective à des concours et à des “olympiades” »).

Formation de l’esprit critique ou embrigadement vertueux ?

On se demande alors s’il est bien question de former l’esprit critique de la jeunesse, ou s’il n’est pas question de répondre à l’embrigadement djihadiste par un autre embrigadement qui se voudrait vertueux, mais bien moins efficace parce qu’il pousse plus facilement à la révolte, du fait justement qu’il est imposé par l’autorité officielle. Il est prévu que « les projets d’écoles et d’établissements [vous savez, ces projets d’établissement issus du rapport Soubré qui sous Savary ont été un des premiers coups de pioche dans le système public d’enseignement et qui ont favorisé l’éclosion des communautarismes] détailleront les modalités de la participation active des élèves aux journées ou semaines » suscitées. Du côté des enseignants, promesse est donnée d’évaluer « systématiquement dans les concours de recrutement » « la capacité des candidats “à expliquer et à faire partager les valeurs de la République” », gage de bien-pensance qui avait soulevé à juste titre un tollé au temps de la réforme des concours en 2009, précisément parce que les professeurs n’ont pas à être des prêcheurs. Dans le même sens, c’est la célébration de la « culture de l’engagement », comme s’il était obligatoire pour un individu de s’engager et antirépublicain de ne pas le faire, comme s’il n’arrivait pas parfois qu’une action individuelle serve l’intérêt commun plus qu’une action collective, et surtout comme si l’engagement avait une valeur en soi avant de savoir pour quoi l’on s’engage et les raisons de s’engager. Voilà comment on forme les sinistres « rassemblements unanimes » dont parlait Jean-Claude Milner. Voilà surtout de quoi plaire aux entreprises, pour lesquelles un des critères d’« employabilité » est l’« aptitude à travailler en équipe », et qui trouveront ainsi une main d’œuvre docilement formée à l’occasion de ces nobles sujets.
Mais le sommet est atteint avec la participation obligée à des « rites » qualifiés de républicains » ; car les « onze mesures » ne craignent pas d’accoler ces deux mots en principe incompatibles, en citant pour illustration les « symboles de la République (hymne national, drapeau, devise) ». Si rites il y a, alors la déclaration de guerre à l’islamisme radical devient un affrontement de croyances et non plus une affaire de laïcité. Ou plutôt c’est bien une falsification de la laïcité, malgré l’hommage qui lui est rendu avec insistance, comme si elle était la simple conviction symétrique de l’islamisme radical : il ne s’agit plus d’armer l’intelligence des élèves contre tous les discours obscurantistes, mais d’opposer à l’offensive d’un discours religieux une éducation comportementale et une religion civile. Robespierre et Saint-Just l’ont tenté, avec le succès que l’on sait. Et le personnel socialiste, qui a pratiqué si docilement la collaboration de classe depuis 1983, n’a pas leur vertu.

Quelle efficacité pour ces mesures ?

En vérité, les onze propositions se caractérisent pas la confusion et l’équivoque. C’est évidemment le meilleur moyen de rassembler l’opinion, de faire oublier le fait que le terreau essentiel de l’islamisme dans le monde est la mise en œuvre des politiques néolibérales, et plus particulièrement en France la restrictions progressive et programmée des crédits publics et des droits sociaux de tous ordres. Pour éviter de distinguer les choses, mieux vaut faire appel à l’irrationnel. Mais alors, quelle efficacité ?
Par exemple, en mobilisant sans autre précision les « commémorations patriotiques », l’« hymne national » (ainsi appelé et non La Marseillaise, qui malgré ses couleurs guerrières se veut un chant de liberté) ou le « drapeau », Najat Vallaud-Belkacem semble confondre un peu rapidement la République et la France en tant que puissance militaire. Certes, la France peut en partie s’identifier au modèle républicain issu des Lumières, puisqu’elle a été la première historiquement à faire sa Révolution (référence qui, curieusement, ne figure pas dans les « onze mesures », ni dans le discours). Mais, qu’on le veuille ou non, la France a été aussi une puissance colonisatrice ; la propagande islamique utilise abondamment ce souvenir. Et il n’est pas sûr que les enfants d’Africains que la politique de la Françafrique a obligés à émigrer pour fuir la famine, s’ils ont certainement toutes les raisons d’adhérer aux principes républicains, soient prêts à rendre hommage sans distinction à la France en tant que puissance.
Il y aurait bien à dire aussi sur cette citoyenneté « européenne » qui, dès la première mesure, est mise sur le même plan que la citoyenneté française ; bien à dire quand on sait à quel point le gouvernement de l’Union Européenne échappe aux citoyens ; à quel point il s’identifie aux directives d’austérité qui sont la cause essentielle des révoltes de la jeunesse ; à quel point le refus du TCE par le peuple français en 2005 a été traité avec mépris par ses propres dirigeants et les dirigeants européens ; quand on sait aussi que la citoyenneté en Europe n’implique aucunement la laïcité et que celle-ci est une spécificité française.
Mais surtout, le langage ministériel confond, comme le font tant de commentateurs et de discoureurs bien intentionnés, les principes républicains avec des « valeurs ». Le mot est omniprésent dans les « onze propositions » comme dans le discours. Par définition, des « valeurs » sont relatives, peuvent valoir ici et non là, en un temps et non en un autre. Les principes républicains sont une construction politique soigneusement pensée, dont le but est que chaque individu retire de son appartenance à la république le maximum d’intérêt, de sécurité et de liberté ; ou pour dire les choses autrement c’est un compromis destiné à pacifier la loi de la jungle des intérêts individuels. On pourrait étendre aux principes républicains la formule de Catherine Kintzler5 à propos de la laïcité : c’est un dispositif rationnel. Contrairement à toute une mystique dans laquelle les hommes de 89 pataugeaient déjà, et qui a envahi encore plus le discours politique sous l’influence du romantisme et avec l’émergence du catholicisme de gauche, ce n’est pas une affaire de sensibilité, ni de pitié, ni de charité, ni de cette « empathie » que le sirupeux projet de programme d’« Éducation morale et civique » soumis à consultation6 entend faire inculquer aux élèves, dans la lignée de l’autre projet, ô combien obscurantiste, de nouvelle version du « Socle commun de connaissances, de compétences et de culture »7. C’est une affaire de raisonnement, et même de calcul pratique, valable pour tous les hommes quelle que soit la couleur de leur peau, leurs origines ou leur situation géographique. Les principes républicains, comme la laïcité qui en fait partie, ne sont pas de bonnes vieilles coutumes d’un certain terroir particulier de climat tempéré : c’est ce qui permet que des citoyens puissent coexister tout en ayant des valeurs différentes, dès lors qu’elles n’oppriment pas l’individu. Si vous affirmez que ce sont des « valeurs » fortuitement transmises par tradition, ancêtres, parents, maîtres ou autre autorité quelconque, et encore plus si vous les pourvoyez de « rites », étonnez-vous qu’ici où là des élèves un peu plus audacieux opposent à vos « valeurs » celles qu’on leur a inculquées, ou qu’ils croient qu’on leur a inculquées, ou qu’ils ont choisies ou cru choisir.

Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem auraient donc beaucoup à faire pour que leur stratégie de « mobilisation » ait l’efficacité d’un vrai mouvement de fond. Mais ce serait redonner à l’école, et bien plus encore qu’autrefois, sa vraie fonction républicaine, qui est de former le citoyen libre et critique comme le proposait Condorcet. Un gouvernement socialiste le peut-il ? Pour cela, il faudrait qu’il renie son allégeance néolibérale et qu’il s’écarte du principe fondamental du patronat, qui est « Surtout pas trop d’instruction ! »8

  1. http://www.education.gouv.fr/cid85644/onze-mesures-pour-une-grande-mobilisation-de-l-ecole-pour-les-valeurs-de-la-republique.html []
  2. ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/rapport_obin.pdf []
  3. http://www.sauv.net/horaires.php []
  4. http://www.gaucherepublicaine.org/ respublica/la-reforme-des-universites-ou-la-coherence-des-contre-reformes/ 7387214 []
  5. http://www.mezetulle.net/article-existe-t-il-une-spiritualite-laique-38579412.html []
  6. http://eduscol.education.fr/consultations-2014-2015/events/programmes-denseignement-moral-et-civique/ []
  7. http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/la-reforme-des-programmes-scolaires-pour-faire-pire-que-la-droite/7387299 []
  8. http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/lecole-et-le-capital-deux-cents-ans-de-bouleversements-et-de-contradictions/7392111 []
Partager cet article
Repost0
27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 14:21

                                                                        intervention-du-golfe.jpg

                                                     Pont entre Arabie séoudite et Royaume de Bahrein:

                                                       intervention militaire  du CCG (2011)

 

SELON L'EXPRESS

Les petites manoeuvres de MAM au profit de l'Arabie Saoudite et du Koweit

source: L'EXPRESS

Par publié le 27/01/2015,

L'ancienne ministre UMP des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a déposé un amendement pour retirer toute référence aux deux pays du Golfe dans un passage du "rapport annuel sur la situation des droits de l'homme" du Parlement européen, portant sur l'application de la peine de mort dans le monde. ....


En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/politique/les-petites-manoeuvres-de-mam-au-profit-de-l-arabie-saoudite-et-du-koweit_1644662.html#xFXF43OhtKTbr3KX.99
Partager cet article
Repost0
27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 14:02

                                                                 cerveau animé

 

 


Le rouge et le tricolore
Le Monde.fr | 27.01.2015 à 09h38 •  Par Alain Badiou (Philosophe, dramaturge et écrivain)
 
image: http://s2.lemde.fr/image/2015/01/27/534x0/4564082_6_4c44_le-philosophe-alain-badiou-en-2008-a-son_e0e1cb4ecc15e2d6f3fd4182d1502491.jpg
Le philosophe Alain Badiou en 2008 à son domicile parisien.
Aujourd’hui, le monde est investi en totalité par la figure du capitalisme global, soumis à l’oligarchie internationale qui le régente, et asservi à l’abstraction monétaire comme seule figure reconnue de l’universalité.
Dans ce contexte désespérant s’est montée une sorte de pièce historique en trompe-l’œil. Sur la trame générale de « l’Occident », patrie du capitalisme dominant et civilisé, contre « l’islamisme », référent du terrorisme sanguinaire, apparaissent, d’un côté, des bandes armées meurtrières ou des individus surarmés, brandissant pour se faire obéir le cadavre de quelque Dieu ; de l’autre, au nom des droits de l’homme et de la démocratie, des expéditions militaires internationales sauvages, détruisant des Etats entiers (Yougoslavie, Irak, Libye, Afghanistan, Soudan, Congo, Mali, Centrafrique…) et faisant des milliers de victimes, sans parvenir à rien qu’à négocier avec les bandits les plus corruptibles une paix précaire autour des puits, des mines, des ressources vivrières et des enclaves où prospèrent les grandes compagnies.
C’est une imposture de présenter ces guerres et leurs retombées criminelles comme la contradiction principale du monde contemporain, celle qui irait au fond des choses. Les troupes et polices de la « guerre antiterroriste », les bandes armées qui se réclament d’un islam mortifère et tous les Etats sans exception appartiennent aujourd’hui au même monde, celui du capitalisme prédateur.
Diverses identités factices, se considérant chacune comme supérieure aux autres, se taillent férocement dans ce monde unifié des lambeaux de domination locale. On a du même monde réel, où les intérêts des agents sont partout les mêmes, la version libérale de l’Occident, la version autoritaire et nationaliste de la Chine ou de la Russie de Poutine, la version théocratique des Emirats, la version fascisante des bandes armées… Les populations sont partout sommées de défendre unanimement la version que le pouvoir local soutient.
Il en ira ainsi tant que l’universalisme vrai, la prise en main du destin de l’humanité par l’humanité elle-même, et donc la nouvelle et décisive incarnation historico-politique de l’idée communiste, n’aura pas déployé sa neuve puissance à l’échelle mondiale, annulant au passage l’asservissement des Etats à l’oligarchie des propriétaires et de leurs serviteurs, l’abstraction monétaire, et finalement les identités et contre-identités qui ravagent les esprits et en appellent à la mort.

Identité française : la « République »

Dans cette guerre des identités, la France tente de se distinguer par un totem de son invention : la « République démocratique et laïque », ou « le pacte républicain ». Ce totem valorise l’ordre établi parlementaire français – au moins depuis son acte fondateur, à savoir le massacre, en 1871, par les Adolphe Thiers, Jules Ferry, Jules Favre et autres vedettes de la gauche « républicaine », de 20 000 ouvriers dans les rues de Paris.
Ce « pacte républicain » auquel se sont ralliés tant d’ex-gauchistes, parmi lesquels Charlie Hebdo, a toujours soupçonné que se tramaient des choses effrayantes dans les faubourgs, les usines de la périphérie, les sombres bistrots banlieusards. La République a toujours peuplé les prisons, sous d’innombrables prétextes, des louches jeunes hommes mal éduqués qui y vivaient. Elle a aussi, la République, multiplié les massacres et formes neuves d’esclavage requis par le maintien de l’ordre dans l’empire colonial. Cet empire sanguinaire avait trouvé sa charte dans les déclarations du même Jules Ferry – décidément un activiste du pacte républicain –, lesquelles exaltaient la « mission civilisatrice » de la France.
Or, voyez-vous, un nombre considérables des jeunes qui peuplent nos banlieues, outre leurs louches activités et leur manque flagrant d’éducation (étrangement, la fameuse « Ecole républicaine » n’a rien pu, semble-t-il, en tirer, mais n’arrive pas à se convaincre que c’est de sa faute, et non de la faute des élèves), ont des parents prolétaires d’origine africaine, ou sont eux-mêmes venus d’Afrique pour survivre, et, par voie de conséquence, sont souvent de religion musulmane. A la fois prolétaires et colonisés, en somme. Deux raisons de s’en méfier et de prendre les concernant de sérieuses mesures répressives.
Supposons que vous soyez un jeune Noir ou un jeune à l’allure arabe, ou encore une jeune femme qui a décidé, par sens de la libre révolte, puisque c’est interdit, de se couvrir les cheveux. Eh bien, vous avez alors sept ou huit fois plus de chances d’être interpellé dans la rue par notre police démocratique et très souvent retenu dans un commissariat, que si vous avez la mine d’un « Français », ce qui veut dire, uniquement, le faciès de quelqu’un qui n’est probablement ni prolétaire, ni ex-colonisé. Ni musulman.
Charlie Hebdo, en un sens, ne faisait qu’aboyer avec ces mœurs policières dans le style « amusant » des blagues à connotation sexuelle. Ce n’est pas non plus très nouveau. Voyez les obscénités de Voltaire à propos de Jeanne d’Arc : son La Pucelle d’Orléans est tout à fait digne de Charlie Hebdo. A lui seul, ce poème cochon dirigé contre une héroïne sublimement chrétienne autorise à dire que les vraies et fortes lumières de la pensée critique ne sont certes pas illustrées par ce Voltaire de bas étage.
Il éclaire la sagesse de Robespierre quand il condamne tous ceux qui font des violences antireligieuses le cœur de la Révolution et n’obtiennent ainsi que désertion populaire et guerre civile. Il nous invite à considérer que ce qui divise l’opinion démocratique française est d’être, le sachant ou non, soit du côté constamment progressiste et réellement démocrate de Rousseau, soit du côté de l’affairiste coquin, du riche spéculateur sceptique et jouisseur, qui était comme le mauvais génie logé dans ce Voltaire par ailleurs capable, parfois, d’authentiques combats.

Le crime de type fasciste

Et les trois jeunes Français que la police a rapidement tués ? Je dirais qu’ils ont commis ce qu’il faut appeler un crime de type fasciste. J’appelle crime de type fasciste un crime qui a trois caractéristiques.
D’abord, il est ciblé, et non pas aveugle, parce que sa motivation est idéologique, de caractère fascisant, ce qui veut dire strictement identitaire : nationale, raciale, communautaire, coutumière, religieuse… En la circonstance, les tueurs sont antisémites. Souvent le crime fasciste vise des publicistes, des journalistes, des intellectuels ou des écrivains que les tueurs estiment représentatifs du bord opposé. En la circonstance, Charlie Hebdo.
Ensuite, il est d’une violence extrême, assumée, spectaculaire, parce qu’il vise à imposer l’idée d’une détermination froide et absolue qui, du reste, inclut de façon suicidaire la probabilité de la mort des meurtriers. C’est l’aspect « viva la muerte ! », l’allure nihiliste, de ces actions.
Troisièmement, le crime vise, par son énormité, son effet de surprise, son côté hors norme, à créer un effet de terreur et à alimenter, de ce fait même, du côté de l’Etat et de l’opinion, des réactions incontrôlées, entièrement closes sur une contre-identité vengeresse, lesquelles, aux yeux des criminels et de leurs patrons, vont justifier après coup, par symétrie, l’attentat sanglant. Et c’est bien ce qui est arrivé. En ce sens, le crime fasciste a remporté une sorte de victoire.

L’Etat et l’opinion

Dès le début en effet, l’Etat s’est engagé dans une utilisation démesurée et extrêmement dangereuse du crime fasciste, parce qu’il l’a inscrit au registre de la guerre mondiale des identités. Au « musulman fanatique », on a opposé sans vergogne le bon Français démocrate.
La confusion a été à son comble quand on a vu que l’Etat appelait, de façon parfaitement autoritaire, à venir manifester. C’est tout juste si Manuel Valls n’envisageait pas d’emprisonner les absents, et si on n’a pas exhorté les gens, une fois qu’ils auraient manifesté leur obéissance identitaire sous le drapeau tricolore, soit à se terrer chez eux, soit à revêtir leur uniforme de réserviste et à partir au son du clairon en Syrie.
C’est ainsi qu’au plus bas de leur popularité, nos dirigeants ont pu, grâce à trois fascistes dévoyés qui ne pouvaient imaginer un tel triomphe, défiler devant un million et quelques de personnes, à la fois terrorisées par les « musulmans » et nourries aux vitamines de la démocratie, du pacte républicain et de la grandeur superbe de la France.
La liberté d’expression, parlons-en ! Il était pratiquement impossible, durant tous les premiers jours de cette affaire, d’exprimer sur ce qui se passait un autre avis que celui qui consiste à s’enchanter de nos libertés, de notre République, à maudire la corruption de notre identité par les jeunes prolétaires musulmans et les filles horriblement voilées, et à se préparer virilement à la guerre contre le terrorisme. On a même entendu le cri suivant, admirable dans sa liberté expressive : « Nous sommes tous des policiers. »
Il est naturel en réalité que la loi de notre pays soit celle de la pensée unique et de la soumission peureuse. La liberté en général, y compris celle de la pensée, de l’expression, de l’action, de la vie même, consiste-t-elle aujourd’hui à devenir unanimement des auxiliaires de police pour la traque de quelques dizaines d’embrigadés fascistes, la délation universelle des suspects barbus ou voilés, et la suspicion continue concernant les sombres cités de banlieue, héritières des faubourgs où l’on fit autrefois un carnage des communards ? Ou bien la tâche centrale de l’émancipation, de la liberté publique, est-elle bien plutôt d’agir en commun avec le plus possible de jeunes prolétaires de ces banlieues, le plus possible de jeunes filles, voilées ou non, cela n’importe pas, dans le cadre d’une politique neuve, qui ne se réfère à aucune identité (« les prolétaires n’ont pas de patrie ») et prépare la figure égalitaire d’une humanité s’emparant enfin de son propre destin ? Une politique qui envisage rationnellement que nos vrais maîtres impitoyables, les riches régents de notre destin, soient enfin congédiés ?
Il y a eu en France, depuis bien longtemps, deux types de manifestation : celle sous drapeau rouge, et celles sous drapeau tricolore. Croyez-moi : y compris pour réduire à rien les petites bandes fascistes identitaires et meurtrières, qu’elles se réclament des formes sectaires de la religion musulmane, de l’identité nationale française ou de la supériorité de l’Occident, ce ne sont pas les tricolores, commandées et utilisées par nos maîtres, qui sont efficaces. Ce sont les autres, les rouges, qu’il faut faire revenir.
Alain Badiou est professeur émérite à l’Ecole normale supérieure. il a récemment publié Métaphysique du bonheur réel (PUF, 2014). Romancier, dramaturge, il est aussi un penseur engagé, intervenant régulièrement dans le débat public.
  • Alain Badiou (Philosophe, dramaturge et écrivain)


En savoir plus sur Le rouge et le tricolore

Partager cet article
Repost0
27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 13:57

 

 

  SOURCE [CVUH Diffusion]


Gilles Manceron a écrit :
Merci pour ce point de vue de Jacques Sapir.

Je ne suis pas sûr que Vladimir Poutine soit vraiment le symbole de la guerre défensive de l'URSS contre le nazisme, et, quant à Jacques Sapir, il ne laisse pas de surprendre depuis qu'il est intervenu le 12 octobre 2014 à la tribune du congrès de Debout la France de Dupont-Aignan et que son proche collaborateur Philippe Murer a rejoint le Front national pour devenir conseiller économique de Marine Le Pen
Nous vivons une drôle d'époque…
G. M.
Partager cet article
Repost0
27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 13:47

 

  Clio                                                                                                  

Clio,la muse de l'Histoire

 

27 janvier 1945

Libération du camp d'Auschwitz-Birkenau

 

Le 27 janvier 1945, tout en repoussant devant elles la Wehrmacht, les troupes soviétiques découvrent le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, à l'ouest de Cracovie (Pologne), aujourd'hui le plus emblématique des camps nazis.

Accueillies par 7000 détenus survivants, elles ont la révélation de la Shoah.

Camp de concentration classique devenu plus tard camp de travail forcé et camp d'extermination immédiate, destination principale des juifs de France, Auschwitz a pris une place centrale dans l'histoire de la Shoah, au point de fausser la vision que l'on peut en avoir. Il fait oublier que la majorité des cinq millions de victime juives ont été exterminées par d'autres moyens que le gaz (famine, mauvais traitements et surtout fusillades de masse).

André Larané

Auschwitz (propos d'un écrivain hongrois)
Libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, le 27 janvier 1945

« Cessez enfin de répéter qu'Auschwitz ne s'explique pas, qu'Auschwitz est le fruit de forces irrationnelles, inconcevables pour la raison, parce que le mal a toujours une explication rationnelle. Écoutez-moi bien, ce qui est réellement irrationnel et qui n'a pas vraiment d'explication, ce n'est pas le mal, au contraire : c'est le bien. »
Imre Kertész, écrivain hongrois, déporté à Auschwitz en 1944, prix Nobel de Littérature 2002, Kaddis a meg nem született gyermekért (Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas)

Un camp de concentration devenu camp d'extermination

Auschwitz (Oświęcim en polonais) se situe dans le gau de Haute-Silésie, dans le « Nouveau Reich », autrement dit dans une région polonaise annexée à l'Allemagne et non pas dans le « Gouvernement Général de Pologne » destiné à recevoir les Juifs et autres Polonais.

Le camp est aménagé le 30 avril 1940 dans une ancienne caserne pour incarcérer les résistants polonais. Son commandement en revient à Rudolf Höss, lieutenant-colonel SS de 39 ans qui a déjà servi au camp de Dachau, près de Munich. Il introduit dans le nouveau camp le système de Kapos inauguré à Dachau, par lequel les SS arrivent à maintenir les prisonniers dans la soumission avec un minimum d'effectifs.

Les Kapos sont des criminels de droit commun chargés de surveiller les autres prisonniers et de les faire travailler. S'ils ne se montrent pas assez efficaces et donc brutaux, ils sont déchus de leur statut et renvoyés parmi les autres prisonniers, ce qui signifie pour eux une mise à mort quasi-immédiate et généralement atroce... De fait, les premiers prisonniers qui arrivent à Auschwitz sont trente Kapos allemands.  

Entrée du camp d'Auschwitz

Auschwitz et le travail forcé

Auschwitz I reçoit à partir de l'été 1941 des prisonniers de guerre soviétiques. Situé dans une région très industrialisée, le camp attire l'attention de la firme chimique IG Farben. Elle commence à implanter d'importantes usines à proximité du camp afin de faire travailler les détenus.

Convaincu que le travail contribue à assagir les prisonniers, Höss affiche au-dessus de la grille du camp la devise cynique inaugurée à Dachau : Arbeit macht frei (« Le travail rend libre »). Mais les prisonniers soviétiques ne résistent pas longtemps aux mauvais traitements et beaucoup meurent d'épuisement. 

Pour combler les vides dans un camp prévu pour plus de cent mille déportés, Himmler décide alors d'envoyer à Auschwitz essentiellement des Juifs. Ceux qui survivent au travail forcé, aux épidémies et à la terreur sont au final de toute façon exécutés... 

En 1942, une extension, avec des baraquements en bois (Auschwitz II), est réalisée près du village de Birkenau (Brzezinka en polonais), dans un terrain marécageux de 170 hectares. Là sont amenés les déportés destinés à une mort immédiate ou devenus inaptes au travail. Ils sont au début, comme dans les autres camps d'extermination, asphyxiés par les gaz d'échappement d'un camion, dans les bois jouxtant le camp. 

Un troisième camp (Auschwitz III) reçoit, comme Auschwitz I, les prisonniers destinés au travail forcé. La plupart sont affectés dans une usine chimique voisine de la firme IG Farben dédiée à la production de caoutchouc synthétique.

Josef Mengele, Rudolf Hoess, commandant d'Auschwitz, et Josef Kramer, commandant de Struthof puis Bergen-Belsen

Auschwitz, au bout de l'horreur

Fours crématoires du camp d'Auschwitz-BirkenauDans le camp d'extermination de Birkenau, Höss a bientôt l'idée de remplacer le gaz d'échappement par du Zyklon B, un insecticide à base d'acide cyanhydrique. Il s'agit de cristaux verts qui se gazéifient spontanément au contact de l'air !

À l'automne 1942, il fait construire quatre chambres à gaz capables de contenir chacune 2.000 victimes. Un industriel lui fournit autant de fours crématoires pour brûler au plus vite les cadavres de déportés.

Fours crématoires du camp d'Auschwitz-Birkenau ; les chambres à gaz sont au niveau du solCes fours doivent tout à la fois éliminer les corps, qui étaient au début ensevelis dans des fosses communes, et lutter contre une épidémie de typhus qui sévit dans le camp et affecte les gardiens autant que les déportés.

Du fait de ces équipements surdimensionnés qu'il faut bien utiliser, Auschwitz devient à partir du printemps 1943 le principal lieu d'extermination des Juifs (alors qu'environ 80% des victimes de la Shoah ont déjà été tuées). Vers Auschwitz vont être envoyés en particulier les déportés français, à partir du camp de transit de Drancy, au nord de Paris.

Auschwitz connaît une pointe d'activité à la fin de la guerre, au printemps 1944, avec l'extermination précipitée de 400.000 Juifs de Hongrie. Dans le camp, où sévissent 3.000 SS, on arrive en 1944 à exterminer et brûler les malheureux au rythme de 6.000 par jour. Un médecin diabolique, Josef Mengele, se rend par ailleurs célèbre en pratiquant des expériences insoutenables sur les déportés à des fins scientifiques.

Un médecin nazi examine les arrivants au camp d'Auschwitz-Birkenau et sépare ceux qui doivent être gazés de ceux qui doivent d'abord travailler
L'indicible vérité

En définitive, Auschwitz apparaît comme le seul camp où l'extermination est pratiquée de façon industrielle.

À leur arrivée, les convois de déportés font l'objet d'une sélection sur la « rampe juive », située entre le camp principal et Auschwitz-Birkenau : les uns, généralement les moins valides, sont immédiatement gazés et leurs cadavres brûlés ; les autres sont envoyés aux travaux forcés dans les chantiers ou les usines du complexe, après avoir été tatoués. Notons qu'Auschwitz est aussi le seul camp où les déportés destinés aux travaux forcés ont le bras tatoué du matricule qui deviendra leur seule identité officielle.

Rudolf Höss avant sa pendaison (25 novembre 1900, Baden-Baden - 16 avril 1947, Auschwitz)Auschwitz connaît une pointe d'activité à la fin de la guerre, au printemps 1944, avec l'extermination précipitée des Juifs de Hongrie.

Dans le camp, où sévissent 3.000 SS sous la férule de Rudolf Höss, on arrive en 1944 à exterminer et brûler les malheureux au rythme de 6.000 par jour.

Un médecin diabolique, Josef Mengele, se rend célèbre en pratiquant des expériences insoutenables sur les déportés à des fins scientifiques.

Environ un million cent mille Juifs sont morts à Auschwitz-Birkenau, auxquels s'ajoutent environ 300.000 non-Juifs. Oświęcim est aujourd'hui une ville polonaise presque ordinaire de 40.000 habitants.

Les journaux du lendemain de la libération du camp par les Soviétiques restent néanmoins muets sur cet événement et l'opinion publique mondiale ne prendra la mesure de la tragédie que bien après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Rudolf Höss, le metteur en scène d'Auschwitz-Birkenau, est jugé, condamné et pendu sur les lieux de ses forfaits sans un instant émettre un quelconque regret.

Publié ou mis à jour le : 2015-01-26 15:51:22

Partager cet article
Repost0