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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 15:03

                                                                       MARE NOSTRUM-copie-1

 

Egypte : peine de mort pour près de 700 pro-Morsi

lundi 28 avril 2014, par 

Le chef des Frères musulmans en Egypte Mohamed Badie a été condamné à mort lundi en même temps que quelque 700 partisans présumés du président islamiste destitué Mohamed Morsi.
Le même tribunal, dans la ville de Minya, dans le centre du pays, a par ailleurs commué en prison à vie la majeure partie des peines capitales qu’il avait prononcées il y a un mois pour plus de 500 autres partisans de la confrérie.
Ces personnes jugées dans les plus grand procès de masse de l’Histoire récente, selon l’ONU qui s’en était ému fin mars, sont accusées d’avoir participé à des manifestations violentes à Minya, le 14 août, le jour même où quelque 700 manifestants pro-Morsi tombaient sous les balles des policiers et soldats au Caire.

(28-04-2014 - Avec les agences de presse)

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 14:52

                                                                              lvres en ligne 1027

 

Karl Marx. Les thèses sur Feuerbach

Collection "Mille marxismes"

Auteur: Labica Georges

Parution : Avril 2014
Pages : 188 pages
Format : 115 x190
ISBN : 9782849504130


Présentation

 

Ce célèbre texte de Marx, rédigé en 1845, est un des plus petits documents philosophiques : soixante-cinq lignes, distribuées en onze «thèses», dont la plus longue compte treize lignes et la plus brève, une ligne et demie.

 

À quoi attribuer sa fortune ? Il en va de ces notes comme des aphorismes de Nietzsche ou des -carnets de Valéry : le regard étranger découvre, dans l’apparente spontanéité de l’écriture, dans sa déconcertante concision, sa propre disponibilité et comme une invite à la libre coproduction du sens.

 

Marx, en réalité, règle ses comptes avec ce qu’il appelle sa «conscience philosophique d’autrefois ». Il refuse désormais de se contenter du rôle de spectateur.

 

Il voit dans ce qu’il regarde autour de lui, des besoins et des projets, du travail et de l’imagination, qui renvoient à une économie, à une culture, à une histoire, c’est-à-dire à une société déterminée.

 

Ce livre nous fait pénétrer au sein du laboratoire de Marx, au moment où il engage une révolution théorique qui n’a pas fini de faire parler d’elle, ainsi qu’en témoigne le retentissant, perdurable et quasi obsessionnel écho de la 11e thèse sur Feuerbach : « Les philosophes ont seulement interprété différemment le monde, ce qui importe, c’est de le changer. »

 

La suite est connue, l’œuvre sera poursuivie sous le signe, pour l’essentiel, de la « critique de l’économie politique », du Manifeste du Parti communiste et du Capital, du 18 Brumaire et de La guerre civile en France. À noter que cet avenir-là, nous le connaissons, mais pas Marx…

 

Après avoir participé à la lutte de libération nationale du peuple algérien, Georges Labica enseignera la philosophie à l’université de Nanterre. Il a notamment dirigé Le Dictionnaire critique du marxisme (avec Georges Bensussan), PUF, 1982, 2003.

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 12:53

 

                                                                     MARE NOSTRUM-copie-1

 

Syrie : Bachar el-Assad candidat à l’élection présidentielle

lundi 28 avril 2014, par as sawra

Le président syrien Bachar el-Assad a annoncé lundi sa candidature à la présidentielle du 3 juin, un scrutin qualifié de "farce" par l’opposition et l’Occident et qui doit aboutir sans surprise à sa réélection.
"Moi, le citoyen Bachar Hafez el-Assad, souhaite me porter candidat au poste de président de la République syrienne", a-t-il indiqué dans une lettre lue par le président du Parlement Mohammad al-Lahham. Bachar el-Assad, au pouvoir depuis 2000, est engagé depuis trois ans dans une guerre sanglante contre les rebelles qui veulent sa chute. Septième candidat à se présenter, le président de 48 ans, dont la famille dirige la Syrie d’une main de fer depuis plus de quarante ans, doit être réélu au terme de ce scrutin qui sera organisé dans les zones contrôlées par le régime.
Début mars, le Parlement syrien a voté une loi qui exclut de facto une participation de l’opposition en exil à la prochaine présidentielle et ouvre la voie à la réélection de Bachar el-Assad, dont le départ est la principale revendication de l’opposition. "Je demande à l’ensemble des citoyens syriens de s’abstenir de tirer en l’air en signe de joie, quelle que soit l’occasion, d’autant plus que la Syrie va connaître les premières élections de son histoire moderne", a affirmé le président Assad, cité par la présidence. "Ceux qui souhaitent exprimer leur joie et leur soutien à tout candidat à la présidentielle doivent se comporter avec un sens de la responsabilité nationale et en se rendant aux urnes à la date fixée", a-t-il ajouté. La guerre en Syrie a fait plus de 150 000 morts et plus de neuf millions de déplacés et de réfugiés.

                                                           

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 12:35

                                                                               LA-CGTSIGLE2.jpg

 

 


Droit de réponse

Communiqué. Prière d’insérer.

 

 

Déclaration scandaleuse du patronat Corse de l’hôtellerie de plein air qui demande le licenciement des 2000 salariés de la SNCM.

 

La CGT de Corse condamne les déclarations scandaleuses du patronat de l’hôtellerie de plein air. (Corse matin du samedi 26 avril). Ces personnes ne veulent ni plus ni moins que jeter au pôle emploi les 2000 salariés de la SNCM dont 800 sont domiciliés en Corse. Pour ces messieurs donneurs de leçon, tous les maux dont souffre l’économie en Corse viendraient des salariés de cette compagnie.

 « La seule chose à faire est de changer le personnel qui est la seule cause de l’état de cette compagnie ». Avec de telles déclarations extrémistes ces patrons appelés socioprofessionnels montrent leurs vrais visages de haine envers des salariés qui se battent pour l’emploi, mais aussi contre le dumping social qui casse les statuts et les conventions collectives nationales.

Le rêve de ces messieurs comme c’est malheureusement souvent le cas dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme si l’on en croit les études sur le travail au noir, est d’avoir en Corse des salariés sans droits. Ces travailleurs low cost venus aujourd’hui de Roumanie ou du Portugal souvent pas déclarés et corvéables à merci seraient des modèles à suivre.

Ces patrons voient déjà dans une future compagnie régionale qu’ils appellent de leurs vœux une réponse à leurs attentes. « La compagnie régionale peut être une issue, à la condition sine qua none qu’elle soit expurgée de ce personnel ». Cette déclaration scandaleuse qui est un acte de guerre sociale a au moins le mérite d’être claire et de montrer le vrai visage de ces patrons de choc. Alors que l’Europe tente de briser les services publics avec les conséquences sociales et économiques catastrophiques que l’on mesure, notamment dans les liaisons maritimes entre l’Italie et la Sardaigne, (privatisation et triplement des tarifs) que les marins de la SNCM acceptent un nouveau plan social réduisant de 500 postes les effectifs et de nombreux acquis sociaux, ils doivent en plus subir les diatribes de ces patrons !!! Quelle honte !!

Ce dont souffre la Corse, ce n’est pas de salariés trop payés comme le proclament ces

 « socioprofessionnels » mais au contraire de travailleurs formés et bien rémunérés aussi bien dans les transports que dans tous les secteurs, pouvant ainsi faire vivre normalement leur famille en Corse. En fin de compte le contraire de ces salariés low cost si souvent employés abusivement dans l’hôtellerie. Non messieurs, ce modèle là qui enfonce des dizaines de milliers de Corse dans la précarité nous n’en voulons pas.

 

la CGT continuera de se battre aux côtés des salariés de la SNCM pour que ce cauchemar de modèle social de travailleurs sans droits ne soit jamais la norme sociale ni en Corse ni ailleurs.

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 07:22

 

 

 

kpl2.pngProgramme électoral du Parti communiste luxembourgeois (PCL/KPL) pour l’élection du Parlement européen du 25 mai 2014

Repris par vivelepcf puis par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/, depuis le site du PCL/KPL

 


Le Parti communiste luxembourgeois est resté communiste. La majorité de ses membres a refusé la dissolution dans la « gauche » (« Dei Lenk »), mélange local de Front de gauche et de « Linke ». Ils ont refusé le virage réformiste et une de ses traductions : la conversion à l’intégration dans l’UE.


Nos camarades abordent l’élection européenne du 25 mai 2014 avec une position toujours clairement de rupture avec l’UE, « structure servant depuis sa fondation exclusivement les intérêts des grandes banques et des consortiums ».


Le vote pour le KPL rend possible aux Luxembourgeois l’expression de leur refus de l’impérialisme et des guerres de l’UE, des politiques nationales de casse sociale et économique s’appuyant sur elle, l’expression de la nécessité, pour les travailleurs, de gagner la dissolution de l’Union monétaire et de l’euro, celle de l’UE elle-même.


Pour le PCL/KPL, « l’UE n’est pas réformable ». Une coopération mutuellement avantageuse pour les peuples d’Europe passe par des luttes parallèles contre les politiques nationales au service du capitalisme, pour la disparition de l’UE.

 

Pour une Europe de paix, de solidarité et de justice sociale

Adopté le 22 février 2014 par la Conférence nationale du KPL

Le 25 mai aura lieu, dans les pays de l’UE, l’élection du Parlement européen. Cette «représentation populaire» est censée représenter les intérêts des peuples des pays membres de l’Union européenne et déterminer la direction de sa politique. En réalité, la politique de l’UE est fixée par les directoires des banques et des consortiums et formulée au cours de tractations entre les gouvernements des pays les plus puissants de l’UE dans des lois et directives auxquelles le Parlement européen n’a qu’à donner son approbation. Les représentants des intérêts des banques et des consortiums agissant comme lobbyistes dans son environnement ont beaucoup plus de pouvoir et d’influence que les députés élus.


Contrairement aux affirmations de ses politiciens et partisans, l’Union européenne ne constitue ni un projet pour les travailleurs, ni une union pour la paix ou un havre de démocratie, de liberté et de progrès.


L’UE est depuis la fondation, en 1951, de son prédécesseur, la CECA, une structure servant exclusivement les intérêts des grandes banques et des consortiums ; elle est en contradiction avec les intérêts vitaux des travailleurs. Cette union visait, dès le début, uniquement à assurer aux propriétaires des banques et des consortiums les meilleures conditions pour s’assurer des profits toujours plus grands. Toutes les décisions prises par l’UE et ses précurseurs (CECA, EURATOM, CEE), y inclus la suppression des barrières douanières dans l’espace Schengen et l’introduction de l’Euro, ont toujours été subordonnées à ce but.


L’UE n’est pas l’Europe


L’Union européenne prétend parler et agir au nom de l’Europe. Ce faisant, elle affecte volontairement d’ignorer qu’une série d’Etats du continent européen n’appartiennent pas à l’UE, soit parce que ses dirigeants ne les estiment pas «dignes» d’en faire partie, comme par exemple la Turquie, ou bien parce que cette appartenance leur est déniée, comme à la Russie ou à la Biélorussie. Par contre l’UE pousse l’Ukraine à nouer des liens plus étroits avec elle, en exploitant les états d’âme anti-russes d’une partie de la population, afin de pousser sa zone d’influence jusqu’aux frontières de la Fédération de Russie, limitant ainsi l’influence de la Russie au territoire de l’ancienne URSS.


Cette prétention de représentativité politique de l’UE s’exprime surtout à travers l’usage courant, consistant à remplacer la dénomination «UE» ou «Union européenne» par «Europe». Dans le média on dénomme avec une belle suffisance les «élections du Parlement européen», «élections européennes», et ce quoique les citoyens de nombreux Etats européens n’ont ni droit vote, ni rien à voir avec ce parlement.


Aussi bien dans le fonctionnement que dans les procédures décisionnaires de l’UE, les principes démocratiques continuent de faire défaut. Les décisions du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’UE, gravées dans le soi-disant traité de Lisbonne, ont étayé le développement de l’UE en tant que bloc économique, politique et militaire qui s’oppose aux intérêts des peuples, et particulièrement des travailleurs, en activant surtout la libéralisation des marchés, une concurrence accrue, le démontage et la privatisation des services publics dans l’intérêt de conglomérats privés, ainsi que la militarisation de l’Union.


Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’UE réunis derrière des portes fermées se montrent incapables de prendre des mesures efficaces mettant fin à la crise capitaliste. Ils apparaissent désemparés face à la désindustrialisation croissante de régions entières et à la destruction massive et continue de places de travail. Les plans de réduction des déficits d’Etat, de limitation des spéculations sur les marchés financiers, ou de réduction du chômage, annoncés à grands frais de manière grandiloquente, se sont révélés absolument inefficaces.


Préparation de nouvelles guerres


La militarisation renforcée de l’UE et l’accroissement des interventions de troupes des pays de l’UE hors de son territoire montrent que le danger augmente de voir ses dirigeants chercher une nouvelle fois, 100 ans après le début de la première guerre mondiale, une échappatoire dans la guerre. Au lieu d’investir de l’argent pour résoudre les problèmes sociaux croissants dans l’UE, on gaspille toujours davantage pour l’intervention de troupes, les programmes d’armement et l’achat des dernières machines de guerre comme les avions de transport militaires ou les drones. Le Luxembourg participe à l’achat d’avions de transport militaires type A400M, dont le prix s’est accru entre-temps à 200 millions d’euros la pièce, et devra en outre supporter des millions d’euros de coûts supplémentaires pour l’entretien de la flotte d’A400M. Et, cerise sur le gâteau, Le Luxembourg participera également, ainsi que le veut la coalition gouvernementale actuelle, à d’autres projets d’armement comme l’achat de drones. Ces programmes pèseront plus encore sur le contribuable luxembourgeois que l’achat du transporteur militaire.


Les prétendues missions de l’UE en Méditerranée, dans la Corne d’Afrique et dans différents autres pays d’Afrique n’ont guère contribué à y amener la paix, mais bien favorisé ou provoqué des conflits supplémentaires.


L’allégation, diffusée à l’occasion de l’obtention du prix Nobel de la paix, comme quoi l’UE aurait contribué depuis la fin de la 2ème guerre mondiale à la sauvegarde de la paix en Europe, est un mensonge. Les troupes de l’UE ont en réalité été engagées depuis les années quatre-vingt-dix dans des guerres et conflits militaires notamment en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Kongo, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Centrafrique, en Somalie et au Soudan. L’attaque de la France et du Royaume-Uni, pays membres de l’UE qui leur accorda sa bénédiction, sur la Libye, a servi à porter au pouvoir des forces islamistes radicales. Suite à ce renversement de régime, les islamistes radicaux purent augmenter leur influence sur nombre de pays voisins, attisant les conflits larvés comme en Syrie, au Mali et dans d’autres pays de la région.


Le but de ces opérations militaires est clairement défini : il s’agit de s’assurer des marchés, des ressources naturelles et des voies de transport des marchandises et des richesses minières. En profitent les banquiers et les conglomérats, mais c’est les travailleurs qui en payent le prix. Elles sont, en particulier pour les fabricants d’armes sis en UE, une abondante source de profits exceptionnels.


Des milliards pour les banques


L’UE a montré, au plus tard, depuis le début de la crise capitaliste en 2008, son véritable visage. Des centaines de milliards d’euros d’argent public furent dépensés pour le «sauvetage» des banques, en fait dans l’unique but de garantir les bénéfices de leurs propriétaires, les dividendes des actionnaires et les profits spéculatifs des boursicoteurs. Au cours de ce «sauvetage» bancaire, les Etats de l’UE se sont encore plus fortement endettés qu’ils ne l’étaient déjà auparavant.


Afin de réunir ces énormes montants, on extirpe toujours plus d’argent des poches du travailleur. Cela se fait par l’accroissement des taxes et impôts, la réduction des dépenses des Etats membres pour la santé, l’éducation et presque toutes les dépenses sociales, la privatisation des entreprises d’Etat, la flexibilisation des conditions de travail, les dérèglement des horaires de travail, l’allongement de la durée de vie au travail avec de soi-disant réformes des retraites, ainsi que l’exigence de mobilité des travailleurs suivant le bon vouloir et les intérêts des entreprises.


Surtout les pays de la zone Euro voient de plus en plus limiter leur souveraineté nationale. Les parlements nationaux ne peuvent plus décider librement des dépenses de l’Etat, car les budgets nationaux, soumis à des prescriptions précises imposées par la direction de l’Eurogroupe, doivent être présentés à Bruxelles pour approbation.

Les gouvernements nationaux pratiquent en concertation avec les dirigeants de l’UE un démontage social massif. Pendant que la «Troïka», organe de contrôle de la Commission de l’UE, de la Banque centrale européenne et du F.M.I., impose aux soi-disant «pays en crise» Portugal, Italie, Grèce, Espagne, toujours plus de nouvelles mesures de démontage social, la direction de l’UE s’efforce de rabaisser autant que possible les standards sociaux dans tous les pays de l’UE. La vraie mesure de cette harmonisation vers le bas est la situation des «pays en crise».


Afin de pouvoir réaliser cette politique autant que possible sans encombre, l’on démonte pas à pas dans les pays membres de l’UE les droits sociaux que le mouvement ouvrier a obtenu à la suite de dizaines d’années de combats lourds de sacrifices. Les règles du droit du travail encore en vigueur, qui empêchent l’exploitation capitaliste débridée, sont supprimées peu à peu. Le nouveau gouvernement DP-LSAP-Déi Gréng s’empresse à continuer dans cette direction.


L’Euro a exacerbé les problèmes


La création de l’union monétaire européenne et l’introduction de l’Euro, qui en résulte en tant que devise unique en 2001, a été critiquée et refusée par les communistes dès le début, car aucun effort n’avait été mis en œuvre à l’époque en vue d’une harmonisation des fiscalités, du niveau des prix et du revenu des travailleurs. 13 années plus tard, différents standards d’imposition et de taxation, de grandes différences de prix des biens et des services, ainsi que de grandes disparités salariales persistent dans tous les pays de la zone Euro. En même temps, donc depuis l’introduction de l’Euro, les prix des biens de consommation courante et des services, pour les terrains ainsi que pour le loyer ont sensiblement augmenté et, proportionnellement, les revenus des propriétaires de banques et entreprises également.


En conséquence de cette politique de l’UE, des entreprises et des secteurs industriels entiers furent mis à l’arrêt dans tous ses pays membres, tout comme la production et les surfaces agricoles furent réduites. Dans beaucoup de pays de l’UE la désindustrialisation et la désertification agricole avancent à grands pas. Ces pays sont obligés d’importer toujours plus de produits industriels et agricoles et de financer ces importations par des crédits. De plus, le transport, surtout routier, de ces marchandises sur des grandes distances nuit à la nature et à l’environnement.


L’exploitation des pays du tiers monde se poursuit sans relâche. Pendant que les pays dominants de l’UE se procurent, toujours plus à l’aide de moyens militaires, l’accès aux ressources naturelles de ces pays (l’on y exporte du même coup des marchandises), ce qui empêche leur développement économique autonome et paupérise progressivement la population des pays concernés. À l’exode d’émigrants des pays africains, asiatiques et latino-américains espérant, pour eux-mêmes et leurs enfants, un avenir meilleur qui en résulte, l’UE ne sait répondre que par un verrouillage accru de tout son territoire par des moyens militaires et des structures comme «Frontex».


Dans l’ensemble du domaine de l’UE, où l’on se voit comme pionnier de la démocratie et de la liberté, les droits démocratiques et citoyens sont de plus en plus limités. C’est particulièrement visible dans le droit au travail. Dans toute l’UE, plus de 26 millions de personnes n’ont pas de travail – ce chiffre ayant augmenté de plus de 10 millions depuis le début de la crise actuelle. En Grèce et en Espagne, plus de la moitié de la jeunesse est sans travail et privée ainsi de son droit à une existence et à un avenir autonomes.


Afin de réprimer la résistance contre ce démontage social permanent, l’on manipule ou suspend les droits démocratiques. Les dirigeants réagissent de plus en plus souvent par la force policière brutale à de paisibles manifestations.


Les négociations entre l’UE et les USA pour un accord de libre échange (Transatlantic Trade and Investment Partnership, TTIP), visent surtout à libérer de tout obstacle le flux de capitaux entre les USA et le territoire de l’UE. Les dirigeants européens veulent profiter en même temps d’un tel accord pour poursuivre leur dérégulation des conditions de travail et l’affaiblissement des syndicats en rendant des textes du droit du travail états-unien applicables dans l’UE. L’exemple de l’accord de libre échange de 1994 entre les USA, le Canada et le Mexique (NAFTA) démontre que des centaines de milliers d’emplois ont été perdus depuis. Le danger existe en outre que dans le cadre du TTIP des produits états-uniens à bas standard de sécurité et des produits génétiquement modifiés puissent être exportés librement dans les pays de l’UE.


Le KPL est persuadé que l’UE n’est pas réformable


Quoiqu’il faille obtenir au moins 16% de votes pour pouvoir envoyer un député luxembourgeois au Parlement européen, le Parti communiste luxembourgeois a décidé de participer à ces élections afin d’y obtenir le plus grand nombre possible de suffrages.


Le KPL profitera de la campagne électorale pour expliquer sa conception du caractère de l’Union européenne, ainsi que son évolution politique et économique. Contrairement à tous les autres partis du Luxembourg, le KPL est persuadé qu’il n’est pas possible de faire de l’UE, par de petites ou de plus grandes réformes, une organisation au service des intérêts des travailleurs. La politique du démontage social, de l’exploitation exacerbée, des privatisations et de la militarisation ne peut être stoppée que par des modifications fondamentales des rapports.


Le KPL s’engage afin que la propriété des grandes banques et des usines industrielles d’entrepreneurs privés qui travaillent uniquement pour l’accroissement de leur bénéfice, cette propriété donc, soit transférée au peuple entier, afin que les salarié(e)s puissent décider de la production, des investissements et des bénéfices. Ce n’est qu’après une modification fondamentale des rapports qu’il sera possible de créer sur le continent européen une structure à laquelle pourront appartenir tous ses Etats et dont les institutions agissent et décident dans l’intérêt des travailleurs.


Le KPL exige


- l’annulation du traité de Lisbonne ;

- le retrait de toutes les décisions portant sur le renforcement de l’UE comme puissance militaire, désarmer au lieu d’augmenter l’armement ;

- l’arrêt de toute décision de l’UE visant au démontage social et pouvant accroître le chômage de masse ;

- la dissolution de l’Union monétaire européenne et suppression de l’Euro en tant que monnaie unique ;

- le retrait de toutes les décisions de politique extérieure de l’UE qui contribuent à attiser ou accroître les tensions dans d’autres régions du globe et particulièrement au Proche et au Moyen-Orient ;

- l’abolition du concept de «forteresse Europe», instauration de règles communes à l’immigration et augmentation significative du budget alloué aux pays maintenus à ce jour en état de sous-développement ; uniquement la perspective d’une vie meilleure des gens dans leur pays natal fera baisser l’émigration ;

- l’arrêt immédiat des négociations sur un accord de libre échange entre l’UE et les USA.


Avec les autres partis communistes d’Europe, le KPL s’engage pour que l’UE dans sa forme actuelle soit dissoute, et que soit créée une nouvelle structure de collaboration régionale pour tous les peuples du continent européen dans l’intérêt des travailleurs.


Non à l’UE du démontage social et du capital financier


Pour une Europe de paix, de solidarité et de justice sociale

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 07:14

                                                                     cerveau animé

 

                                   Quatre papes et une République

Pas moins de quatre souverains pontifes sont réunis au Vatican: un Italien et un Polonais, morts. Un Allemand, retraité, et un Argentin, en fonction. Ils règlent une affaire épineuse de promotion professionnelle, l'accession des deux premiers au grade envié de saint. Le problème est exclusivement religieux. Le titre de chef d'État des impétrants n'a rien à voir avec cette cérémonie. Par contre, il est normal que les amis idéologiques de ces hommes, les catholiques, se sentent concernés et affluent par centaines de milliers.
La République française est une des plus anciennes institutions de la démocratie dans le monde. Elle tire sa force et son exemplarité de ses principes, dont la laïcité, qui la maintient en dehors de tous les courants religieux. Elle ne s'aventure pas plus sur leurs terrains qu'elle n'accepte leur ingérence dans les siens.
Un Premier Ministre de notre pays, fût-il Monsieur Manuel Vals, se doit de respecter ces principes. Même à titre privé, on ne représente pas la République à une fête religieuse.
S'il le fait, il en transgresse les fondements.LAICITE-copie-1.jpg

Jacques FRANCK 26 avril 2014

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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 13:40

                                                                         cerveau animé

 

 

 

Casino mondial

Prix des aliments et des matières premières : les banques inventent l’hyper-spéculation

par Eric Toussaint

 

Qui fait grimper le prix des matières premières, et notamment des produits agricoles ? Les banques, principaux spéculateurs sur ces marchés. Une nouvelle étape a été franchie : ces banques sont devenues propriétaires d’entrepôts de stockage de métaux ou de produits agricoles, de raffineries de pétrole ou de centrales électriques. Goldman Sachs ou JP Morgan interviennent sur les marchés financiers, mais peuvent également agir directement sur les stocks. Les banques françaises ne sont pas en reste, alors que l’Europe vient pourtant de voter un accord pour tenter de lutter contre cette hyper-spéculation.

Via leurs activités de trading, les banques sont les principaux spéculateurs sur les marchés de matières premières et de produits agricoles, car elles disposent de moyens financiers nettement plus élevés que les autres protagonistes en jeu. Une petite visite sur le site du Commodity business awards permet de découvrir une liste de banques et de courtiers qui jouent un rôle de premier plan sur le marché des commodities (marché des matières premières) [1], ou sur celui des produits dérivés basés sur ces commodities. Parmi ces banques, on retrouve le plus souvent BNP Paribas, Morgan Stanley, Crédit Suisse, Deutsche Bank et Société Générale.

Certaines banques vont d’ailleurs plus loin et se dotent d’instruments pour influer directement sur des stocks de matières premières. C’est le cas du Crédit Suisse qui est associé à Glencore-Xstrata, la plus grande société mondiale de courtage en matières premières : cette dernière contrôle en 2013 environ 60 % du zinc mondial, 50 % du cuivre, 30 % de l’aluminium, 25 % du charbon, 10 % des céréales et 3 % du pétrole [2]. Parmi les banques européennes, BNP Paribas est avec Deutsche Bank une banque des plus influentes sur le marché des commodities, elle joue un rôle clé dans le secteur des produits financiers dérivés sur les matières premières.

Quand les banques investissent dans les entrepôts de stockage

Plusieurs banques des États-Unis sont allées plus loin que les européennes dans la stratégie de contrôle d’une part du marché des commodities : JP Morgan, Morgan Stanley et Goldman Sachs. Par exemple, JP Morgan a importé aux États-Unis 31 millions de barils de pétrole au cours des quatre premiers mois de l’année 2013 ! Les banques des États-Unis sont propriétaires de raffineries de pétrole, de centrales électriques, de réseaux de distribution d’énergie, d’entreprises de stockage de métaux, de stocks de produits agricoles, d’entreprises d’exploitation de gaz de schiste…

Comment en est-on arrivé là ? La Fed, banque centrale des États-Unis, a autorisé en 2003 la banque universelle Citigroup à acheter la société de courtage Phibro, en expliquant qu’il était normal de compléter l’activité de la banque sur le marché des dérivés de commodities par la détention physique de stocks de matières premières (pétrole, grains, gaz, minerais…). Quant à Morgan Stanley et Goldman Sachs qui jusqu’en 2008 [3] avaient le statut de banque d’affaires, elles ont pu dès 1999, grâce à la loi de réforme bancaire qui a complété l’abrogation du Glass Steagall Act (la loi d’encadrement des banques, adoptée après la crise de 1929, pour séparer banques d’affaires et banques de dépôts), faire l’acquisition de centrales électriques, de tankers pétroliers et d’autres infrastructures.

Goldman Sachs fait grimper le prix de l’aluminium

C’est ainsi que Morgan Stanley possède des barges, des tankers, des pipelines, des terminaux pétroliers et gaziers ! De son côté, JP Morgan a acheté la division commodities de la Royal Bank of Scotland (RBS) en 2010 pour 1,7 milliard de dollars. Ce qui lui a permis d’acquérir 74 entrepôts de stockage de métaux au Royaume-uni comme aux États-Unis, tandis que la banque Goldman Sachs en détient 112. Ces deux banques détiennent donc ensemble plus d’entrepôts de stockage de métaux que Glencore (qui en possède 179) ! Détenir des entrepôts de stockage est fondamental notamment si une société ou un cartel de plusieurs sociétés (par exemple des banques) veut spéculer sur les prix en stockant au maximum pour faire monter les prix ou en déstockant pour les faire baisser.

C’est ce qui s’est passé concrètement sur le marché de l’aluminium depuis 2008. Selon une enquête menée par le New York Times, depuis que Goldman Sachs a racheté en 2010 les entrepôts d’aluminium à Detroit, le temps d’attente pour être livré en barres d’aluminium est passé de 6 semaines à 16 mois. Les prix ont nettement augmenté (alors que l’offre et les stocks d’aluminium sur le marché mondial se sont accrus), ce qui a provoqué de fortes réactions d’entreprises comme Coca-Cola et le brasseur Miller, gros consommateurs d’aluminium pour la fabrication des canettes… Rien qu’en revenus de stockage d’aluminium à Detroit, Goldman Sachs a engrangé 220 millions de dollars.

Un secteur de moins en moins rentable ?

Après avoir fait de plantureux bénéfices en manipulant les cours, les banques les plus présentes sur le marché physique des commodities ont adopté une stratégie de sortie. Trois raisons principales les ont poussées dans cette direction. Premièrement, les autorités de contrôle se sont rendu compte des manipulations auxquelles se sont livrées plusieurs banques. JP Morgan, Barclays, Deutsche Bank ont dû payer des amendes dans plusieurs affaires concernant notamment la manipulation du marché de l’électricité de Californie. JP Morgan a ainsi accepté de payer une amende de 410 millions de dollars dans cette affaire qui n’est pas terminée [4]. Les autorités américaines, sous la pression de sociétés concurrentes des banques et face à l’impopularité des banquiers en général auprès du grand public, envisagent sérieusement de limiter les activités des banques sur le marché physique des commodities.

Deuxièmement, les bénéfices que tirent les banques de leurs activités sur ce marché ont commencé à baisser depuis 2011-2012. Les prix des matières premières ont d’ailleurs tendance à se contracter. Et troisièmement, le capital dur (Core Tier 1) requis pour les investissements dans les entreprises de courtage pèse plus lourd que d’autres investissements (dettes souveraines par exemple). Du coup, comme les banques doivent augmenter leur ratio fonds propres/actifs pondérés, elles font le calcul qu’il vaut mieux se délester en tout ou en partie des investissements dans le marché physique des commodities [5]. Affaire à suivre.

Une dangereuse bulle spéculative

Il n’en demeure pas moins que les banques resteront très actives sur les marchés des dérivés de commodities et sur tous les segments des marchés financiers qui sont concernés par les matières premières. Leur capacité de nuisance est et restera tout à fait considérable si des mesures radicales ne sont pas prises.

Ces banques sont des acteurs de tout premier ordre dans le développement de la bulle spéculative qui s’est formée sur le marché des commodities [6]. Quand elle éclatera, l’effet boomerang sur la santé des banques provoquera de nouveaux dégâts. Il faut également prendre en compte le réel désastre, bien plus grave, pour les populations des pays du Sud exportateurs de matières premières. L’ensemble des peuples de la planète seront affectés d’une manière ou d’une autre.

Les affameurs sont les « investisseurs institutionnels »

La spéculation sur les principaux marchés des États-Unis où se négocient les prix mondiaux des biens primaires (produits agricoles et matières premières) a joué un rôle décisif dans l’accroissement brutal des prix des aliments en 2007-2008 [7]. Cette hausse des prix a entraîné une augmentation dramatique, de plus de 140 millions en un an, du nombre de personnes souffrant de malnutrition. Plus d’un milliard d’êtres humains (une personne sur sept !) ont faim.

Les affameurs ne sont pas des francs-tireurs. Ce sont les investisseurs institutionnels (les « zinzins ») : les banques – BNP Paribas, JP Morgan, Goldman Sachs, Morgan Stanley et, jusqu’à leur disparition ou leur rachat, Bear Stearns, Lehman Brothers, Merrill Lynch –, les fonds de pension, les fonds d’investissement, les sociétés d’assurances. Ou les grandes sociétés de trading comme Cargill. Les hedge funds ont aussi joué un rôle, même si leur poids est bien inférieur à celui des investisseurs institutionnels. Au niveau mondial, au début de l’année 2008, les investisseurs institutionnels disposaient de 130 000 milliards de dollars, les fonds souverains de 3000 milliards de dollars et les hedge funds de 1000 milliards de dollars.

Augmentation des prix de 183 %

Michael W. Masters, qui dirigeait depuis douze ans un hedge fund à Wall Street, a explicité le rôle néfaste de ces institutionnels dans un témoignage qu’il a présenté devant une commission du Congrès à Washington le 20 mai 2008. À l’occasion de cette commission chargée d’enquêter sur le rôle possible de la spéculation dans la hausse des prix des produits de base, il a déclaré : « Vous avez posé la question : est-ce que les investisseurs institutionnels contribuent à l’inflation des prix des aliments et de l’énergie ? Ma réponse sans équivoque est : oui. » Dans ce témoignage, qui fait autorité, il explique que l’augmentation des prix des aliments et de l’énergie n’est pas due à une insuffisance de l’offre mais à une augmentation brutale de la demande venant de nouveaux acteurs sur les marchés à terme des biens primaires (« commodities ») où l’on achète les « futures ».

Sur ce marché (également appelé « contrat à terme »), les intervenants achètent la production à venir : la prochaine récolte de blé, le pétrole qui sera produit dans 6 mois ou dans 5 ans. Dans le passé, les principaux intervenants sur ces marchés étaient des entreprises qui avaient un intérêt spécifique – lié à leur activité – pour un de ces biens primaires. Par exemple une compagnie aérienne qui achète le pétrole dont elle a besoin ou une firme alimentaire qui se procure des céréales. Michael W. Masters montre qu’aux États-Unis, les capitaux alloués par les investisseurs institutionnels au segment « index trading » des biens primaires des marchés à terme sont passés de 13 milliards de dollars fin 2003 à 260 milliards en mars 2008 [8] ! Les prix des 25 biens primaires cotés sur ces marchés ont grimpé de 183 % pendant la même période !

Il explique qu’il s’agit d’un marché étroit et qu’il suffit que des investisseurs institutionnels comme des fonds de pension ou des banques y allouent 2 % de leurs actifs pour en bouleverser le fonctionnement. En 2004, la valeur totale des « contrats futurs » concernant 25 biens primaires s’élevait seulement à 180 milliards de dollars. A comparer avec le marché mondial des actions qui représentait 44 000 milliards, environ 240 fois plus. Michael W. Masters indique que cette année-là, les investisseurs institutionnels ont investi 25 milliards de dollars dans le marché des futurs, ce qui représentait 14 % du marché. Au cours du premier trimestre 2008, les investisseurs institutionnels ont augmenté de manière très importante leur investissement dans ce marché : 55 milliards en 52 jours ouvrables. De quoi faire exploser les prix !

Le laxisme des autorités de contrôle

Le prix des biens primaires sur le marché à terme se répercute immédiatement sur les prix courants de ces biens. Ainsi, quand les investisseurs institutionnels ont acheté des quantités énormes de maïs et de blé en 2007-2008, la flambée des prix de ces produits a été immédiate.

A noter qu’en 2008 l’organe de contrôle des marchés à terme, la Commodity Futures trading Commission (CFTC), a estimé que les investisseurs institutionnels ne pouvaient pas être considérés comme des spéculateurs. La CFTC définit les « zinzins » comme des participants commerciaux sur les marchés (« commercial market participants »). Cela lui permet d’affirmer que la spéculation ne joue pas un rôle significatif dans l’envolée des prix. Une sévère critique de la CFTC est faite par Michael W. Masters, mais surtout par Michael Greenberger, professeur de droit à l’université de Maryland, qui a témoigné devant la commission du Sénat le 3 juin 2008. Michael Greenberger, qui a été directeur d’un département de la CFTC de 1997 à 1999, critique le laxisme de ses dirigeants qui font l’autruche face à la manipulation des prix de l’énergie par les investisseurs institutionnels.

Il cite une série de déclarations de ces dirigeants dignes de figurer dans une anthologie de l’hypocrisie et de la bêtise humaine. Selon Michael Greenberger, 80 à 90 % des transactions sur les Bourses des États-Unis dans le secteur de l’énergie sont spéculatives [9]. Son expertise est donc sans appel.

« Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires !  »

Le 22 septembre 2008, en pleine tourmente financière aux États-Unis, alors que le président Bush annonçait un plan de sauvetage des banques qui consistait à leur remettre 700 milliards de dollars (sans compter les liquidités qui ont été mises à leur disposition massivement), le prix du soja faisait un bond spéculatif de 61,5 % !

L’économiste français Jacques Berthelot montre lui aussi le rôle crucial joué par la spéculation des banques dans la montée des prix agricoles mondiaux. Il donne l’exemple de la banque belge KBC, qui a mené une campagne publicitaire pour vendre un nouveau produit commercial : un investissement des épargnants dans six matières premières agricoles. Le fonds de placement « KBC-Life MI Security Food Prices 3 » racole des clients avec un slogan cynique : « Tirez avantage de la hausse du prix des denrées alimentaires ! ». Cette publicité présente comme une « opportunité » la « pénurie d’eau et de terres agricoles exploitables », ayant pour conséquence « une pénurie de produits alimentaires et une hausse du prix des denrées alimentaires ».

Du côté de la justice américaine, les spéculateurs sont dans leur bon droit. Paul Jorion, dans une tribune publiée par Le Monde, met en cause la décision d’un tribunal de Washington qui a invalidé le 29 septembre 2012 des mesures prises par la CFTC « qui visaient à plafonner le volume des positions qu’un intervenant peut prendre sur le marché à terme des matières premières, afin qu’il ne puisse pas, à lui seul, le déséquilibrer ».

Le « banditisme bancaire » à l’assaut des matières premières agricoles

Jean Ziegler, ex-rapporteur des Nations Unies sur le droit à l’alimentation, exprime les choses sans détour : « La crise financière de 2007-2008 provoquée par le banditisme bancaire a eu notamment deux conséquences. La première : les fonds spéculatifs (hedge funds) et les grandes banques ont migré après 2008, délaissant certains segments des marchés financiers pour s’orienter vers les marchés des matières premières, notamment celui des matières premières agricoles. Si l’on regarde les trois aliments de base (le maïs, le riz et le blé), qui couvrent 75 % de la consommation mondiale, leurs prix ont explosé. En 18 mois, le prix du maïs a augmenté de 93 %, la tonne de riz est passée de 105 à 1010 dollars et la tonne de blé meunier a doublé depuis septembre 2010, passant à 271 euros. Cette explosion des prix dégage des profits astronomiques pour les spéculateurs, mais tue dans les bidonvilles des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants. Une deuxième conséquence est la ruée des hedge funds et autres spéculateurs sur les terres arables de l’hémisphère sud. Selon la Banque mondiale, en 2011, 41 millions d’hectares de terres arables ont été accaparés par des fonds d’investissements et des multinationales uniquement en Afrique. Avec pour résultat, l’expulsion des petits paysans. » [10]

En février 2013, dans un rapport intitulé « Ces banques françaises qui spéculent sur la faim », l’ONG Oxfam France indique que les quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis (BPCE) – géraient, pour leurs clients, en novembre 2012, au moins 18 fonds qui spéculent sur les matières premières. « Il y a deux façons de spéculer, explique Clara Jamart, responsable de la sécurité alimentaire chez Oxfam France. En prenant des positions sur les marchés de produits dérivés de matières agricoles. Ou par ces fonds indiciels, qui suivent les prix des matières premières agricoles et les poussent à la hausse. » [11] La majorité de ces fonds ont été créés une fois qu’avait commencé en 2008 la crise alimentaire, dans le but manifeste de faire des profits en spéculant sur les aliments et d’autres commodities.

Spéculer sur la vie des gens est un crime

À Bruxelles, le Réseau financement alternatif a également dénoncé en 2013 l’implication de six banques actives en Belgique dans la spéculation sur la faim dans le monde. Environ 950 millions d’euros provenant de clients de banques belges servent à spéculer sur les matières premières alimentaires. Pour mettre fin à cet ordre des choses et mettre en place une alternative à la crise alimentaire, il est nécessaire d’interdire la spéculation sur l’alimentation – spéculer sur la vie des gens est un crime ! – et interdire aux banques et autres sociétés financières privées d’intervenir sur le marché des commodities (voir l’ensemble des propositions développées sur le site du CADTM).

Face aux crises alimentaires et environnementales actuelles, des changements radicaux sont indispensables et urgents. La sécurité alimentaire de tous passe par des prix agricoles stables qui couvrent les coûts de production et assurent une rémunération décente pour les producteurs. Le modèle des prix agricoles bas, promus par les gouvernements pour augmenter la consommation de masse de produits manufacturés et des services (tourisme, divertissement, télécommunications, etc.), n’est pas durable, ni sur le plan social ni sur le plan environnemental. Ce modèle bénéficie essentiellement aux grandes entreprises de l’agro-business, aux banques privées et, en détournant les attentes démocratiques des populations vers la consommation de masse, aux élites politiques et économiques des pays qui confisquent ainsi le pouvoir.

 

Éric Toussaint, maître de conférence à l’université de Liège, président du CADTM Belgique [12]

Cet article prolonge la série « Banques contre Peuples : les dessous d’un match truqué ! » parue en 2012-2013 sur le site du CADTM, ainsi que sous une autre version, la série Et si on arrêtait de banquer ?

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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 13:31

                                                             lvres en ligne 1027

 

 

 

 

Du Racisme français
Quatre siècles de négrophobie

Odile Tobner

 

 

Du Racisme françaisDepuis le Code noir (1724), rares sont les intellectuels ou les dirigeants français qui ont remis en question le socle raciste sur lequel repose notre regard sur les « noirs », africains ou antillais.

Les saillies négrophobes récentes d’Hélène Carrère d’Encaussse, Alain Finkielkraut ou Nicolas Sarkozy ne sont pas des « dérapages » malheureux, mais la continuité désolante de préjugés nourris depuis quatre siècles.

Qui, en France, sait que Saint-Simon, Bossuet, Montesquieu ou Voltaire ont commis, sur ces questions, des pages monstrueuses  ? Que Renan, Jules Ferry, Teilhard de Chardin, Albert Schweitzer ou encore le général De Gaulle leur ont emboîté le pas ?

Le pays des Lumières et des droits de l’homme n’aime pas se voir en ce miroir-là. Odile Tobner révèle pourtant que la négrophobie fait partie de notre héritage.

Il est temps de décoloniser les esprits. Enfin.

 

INFOS LIVRE

Titre : Du racisme français
Auteur : Odile Tobner

Date de publication : novembre 2007
Nombre de pages : 306
Format : 140 x 205 mm
Genre : Documents d’actualité, Françafrique
Prix : 19,80 €

ISBN : 978 2 35204 038 5

 

    editions: les arènes

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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 12:18

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Lucien Sève, la visée communiste revient plus fort encore à l'ordre du jour 
« Si c’est bien un communisme qu’on vise, dit Lucien Sève, alors oui vraiment c’est à « tout un chacun », et chacune, de le penser… Nul besoin d’être philosophe pour ça, je dirais même: surtout pas, s’il s’agit de cette philosophie qui se borne à interpréter le monde pour ne pas le transformer. En même temps, pas de démagogie: penser, ça s’apprend. « Tout homme est philosophe », a écrit Gramsci. En puissance, certainement. Mais en fait, sûrement pas, tant qu’on n’a pas appris cette chose cruciale qu’est le maniement des concepts scientifiques et des catégories philosophiques – par exemple, socialisme et communisme, ce n’est pas du tout la même idée. Et penser théoriquement, ça ne s’apprend avec personne mieux qu’avec Marx… D’où ma tétralogie, où je vise en permanence à une érudition largement accessible… » 
C'est toujours positif avec Lucien Sève, en ce sens qu'il permet de suivre le mouvement dans les réalités, et donc de les comprendre. 
Ainsi de la visée communiste... 
Voyons avec lui.
Michel Peyret
Lucien Sève "L’urgence historique de penser avec Marx le communisme" 
Entretien réalisé par Lucien Degoy
Vendredi, 30 Août, 2013
 
Les séries d'été de l'Humanité : Penser un monde nouveau Pour le philosophe, avec un capitalisme confronté à des crises ultra-profondes, les présupposés du communisme sont là. L’enjeu anthropologique est posé pour réactualiser la visée communiste.
Lucien Sève, agrégé de philosophie en 1949, a publié ses premiers travaux au milieu des années 1950, qu’il consacre à la philosophie universitaire française, adversaire impitoyable du matérialisme et de la pensée dialectique. Son engagement politique au Parti communiste lui fermera les portes de l’enseignement supérieur en dépit de la notoriété qu’acquièrent ses recherches qu’il consacre à la question de l’individualité et de la personne. Marxisme et Théorie de la personnalité (Éditions sociales, 1969) sera plusieurs fois réédité et augmenté. Durant les décennies ultérieures, l’histoire du matérialisme, la dialectique, les sciences de la nature et la bioéthique, l’anthropologie, la religion occupent une part notable de ses recherches, l’autre versant étant consacré à l’étude de la philosophie de Marx dont il traduit nombre de textes, à la théorie de l’État et à la question du communisme. Communisme, quel second souffle? (Messidor-Éditions sociales, 1990) développe ses conceptions sur la nécessité impérieuse d’une « refondation » du communisme et de l’intervention politique initiée en 1984. Il entend replacer paradoxalement Marx à la croisée des interrogations contemporaines: le politique, l’anthropologique, le philosophique, le communisme. Il s’investit alors dans le projet colossal d’écrire une tétralogie, Penser avec Marx, qui devrait lui demander une quinzaine d’années de labeur. Marx et nous inaugure la série (2004) aux éditions la Dispute. Vient ensuite l’Homme (2008). La Philosophie et le Communisme devraient suivre.
« Penser un monde nouveau », nous a suggéré cette série d’été de l’Humanité. Depuis que vous êtes entré en philosophie n’est-ce pas aussi votre propos? Penser la nouveauté, le renouvellement, osons le mot, la révolution?
Lucien Sève. Oui, osons le mot révolution, il en est grand besoin, mais pensons la chose à neuf, de cela aussi il est grand besoin. Quand j’ai commencé à penser, au lendemain de la guerre, il y avait – ça m’a énormément impressionné – une très grande pensée de la révolution communiste nécessaire. Marx, Lénine, Rosa Luxemburg, Gramsci, Jaurès, Lukacs, Mao… La plus ambitieuse action politique coïncidait avec la plus haute réflexion. Mais la visée communiste était alors immature, dans les faits et dans les consciences. Et alors qu’aujourd’hui elle revient plus fort encore à l’ordre du jour, où est la grande pensée actualisée du communisme? On la cherche… Or sans cela comment changer le monde? C’est mon souci d’origine, et c’est ce que je cherche à nouveau avec cette tétralogie Penser avec Marx aujourd’hui – je suis dans la longue écriture du tome 3 sur la Philosophie –, dont le dernier volume portera sur le communisme…
Dans quelle mesure cette tâche est aussi celle de tout un chacun? Faut-il être philosophe pour penser vraiment?
Lucien Sève. Si c’est bien un communisme qu’on vise, alors oui vraiment c’est à « tout un chacun », et chacune, de le penser… Nul besoin d’être philosophe pour ça, je dirais même: surtout pas, s’il s’agit de cette philosophie qui se borne à interpréter le monde pour ne pas le transformer. En même temps, pas de démagogie: penser, ça s’apprend. « Tout homme est philosophe », a écrit Gramsci. En puissance, certainement. Mais en fait, sûrement pas, tant qu’on n’a pas appris cette chose cruciale qu’est le maniement des concepts scientifiques et des catégories philosophiques – par exemple, socialisme et communisme, ce n’est pas du tout la même idée. Et penser théoriquement, ça ne s’apprend avec personne mieux qu’avec Marx… D’où ma tétralogie, où je vise en permanence à une érudition largement accessible…
« Apprendre », dites-vous avec Marx. Il est vrai qu’on parle désormais d’un « retour » de Marx, quoique ce retour soit très disparate. Y aurait-il autant de Marx que de lectures possibles de Marx?
Lucien Sève. Grave question. Je maintiens qu’hélas nous manquons dramatiquement d’une grande pensée actualisée du communisme, et pourtant il se fait beaucoup de travail théorique sur Marx. Mais pour une très grande part c’est sans cohérence globale, ça ne construit rien de bien utilisable parce que ça va dans des sens disparates. Par exemple, le thème majeur de l’aliénation est très heureusement redevenu d’actualité. Mais il n’a ni le même sens ni les mêmes conséquences pratiques selon qu’on a en vue l’aliénation telle que la pensait le jeune Marx dans les Manuscrits de 1844, c’est-à-dire comme une malédiction pesant on ne sait trop pourquoi sur le travail salarié, ou comme elle devient dans le Capital, la métamorphose des immenses puissances sociales humaines en forces aveuglément destructrices faute d’être appropriées par tous, ce qui met à l’ordre du jour un communisme… La pluralité des regards sur Marx est féconde, mais la pluralité des Marx est ravageuse. S’entendre davantage sur Marx, aux divers sens du verbe s’entendre, est une urgence majeure. Encore faut-il d’abord se lire… Qui dira le mal que nous font certaines exclusives concurrentielles?
À ce propos, il existe une école de pensée historique qui fait de Marx et de ses successeurs du mouvement ouvrier des utopistes, comme le furent avant eux de grands penseurs politiques. Vous récusez pourtant l’utopisme de Marx?
Lucien Sève. Voilà justement un bel exemple de divergence qui n’a nul lieu d’être. Parce qu’il y a trois choses incontestables à dire sur le sujet, et qui règlent la question. D’abord, l’évidente richesse de pensée des grands utopistes; chez Saint-Simon, Fourier, Owen, même dans un premier temps Proudhon, Marx apprend des choses dont certaines le marqueront jusqu’au bout, et qui peuvent encore nous donner à penser à nous-mêmes. Ensuite, la très grave limite de toutes les pensées utopiques, c’est-à-dire leur incapacité à résoudre la question décisive du « que faire? » – d’où l’espoir naïvement mis dans l’aide d’un riche philanthrope, voire de l’État bourgeois… C’est de cette démarche utopiste que Marx est l’impitoyable critique, comme l’a bien montré Jean-Jacques Goblot dans ses Essais de critique marxiste (1). Et en troisième lieu – c’est le plus important –, la façon dont Marx pense et nous invite à penser le futur: aux antipodes du vœu pieux, à partir du mouvement réel. Parce que, vue matérialiste historique capitale, les contradictions de toute formation sociale tendent à produire aussi des présupposés de son propre dépassement. Aujourd’hui même, à travers les pires gâchis capitalistes, du possible communisme s’esquisse dans une productivité réelle du travail sans précédent, un développement multiforme des individualités, une planétarisation de la vie sociale… Dans les Grundrisse, Marx écrit que si les conditions matérielles d’une société sans classes ne se formaient pas sous le masque dans la société actuelle, toute tentative d’en finir avec elle « ne serait que donquichottisme ». On veut savoir ce que sera le futur? Regardons bien ce qui mûrit au présent. C’est pourquoi faire de Marx un utopiste est pire qu’un contresens: une vraie faute politique.
Mais cette idée de présuppositions objectives ne relève-t-elle pas d’un déterminisme historique qui a été beaucoup reproché aux marxistes et à Marx lui-même (le capitalisme produirait fatalement ses propres fossoyeurs), et que le XXe siècle a bien mis à mal?
Lucien Sève. On peut certes la prendre en un sens naïvement déterministe régulièrement démenti par les faits… Mais ce n’est pas obligé, et pour l’essentiel ce n’était pas du tout le point de vue de Marx. Les présupposés objectifs du futur, ce sont des possibles, seulement des possibles, qui ne se déploieront pas tout seuls. C’est pour ça qu’il est si important que nous les percevions bien et les aidions à se développer, mais ils n’en sont pas moins de majeure importance, parce que sans eux le futur que nous rêvons resterait en effet à jamais un rêve. Est-ce que, par exemple, il y a dans la réalité présente des présupposés majeurs économiques, technologiques, sociétaux, politiques, culturels… d’une complète émancipation des femmes? Oui, et de maintes sortes. Ce qui ne rend pas cette émancipation fatale, ni facile, mais constitue un atout crucial pour parvenir à l’imposer.
Et qu’est-ce qui vous fait croire que cette émancipation et ce monde à venir ne peuvent être portés par le capitalisme lui-même? N’a-t-il pas démontré, en un siècle et demi et en dépit de ses monstruosités, des capacités d’adaptation, de plasticité qui lui ont épargné jusqu’ici toutes les fins qu’on lui prédisait?
Lucien Sève. Je tiens en effet pour capital de mesurer que nous sommes entrés dans la phase historique terminale du capitalisme, c’est pour cela qu’actualiser la visée du communisme est d’une telle importance. À moins de ça, on est complètement au-dessous de la tâche. Je connais par cœur les objections: ce serait sous-estimer ridiculement le dynamisme du capitalisme qui s’en sort toujours, ou encore les marxistes ont d’ailleurs passé leur temps à annoncer la chose sans qu’elle ne se produise jamais… De mémoire de rose, on n’a jamais vu non plus mourir de jardinier, et puis un beau jour… Pour autant qu’on puisse répondre en deux phrases à cette question colossale, je dirais qu’il y a deux groupes impressionnants de raisons de penser que vient bien la fin du capitalisme. D’abord, justement, il parvient à l’évidence de plus en plus mal à surmonter ses crises ultra-profondes: crise des dettes, crise d’efficacité, crise écologique, crise anthropologique, et par-dessus tout sans doute crise de sens historique. Et en même temps, on voit monter en nombre des présupposés d’un ordre social et planétaire de vaste mise en commun et gestion concertée de puissances sociales humaines en train de changer d’ordre de grandeur, qui ne peuvent d’évidence plus tenir dans la camisole dérisoire de l’appropriation privée et du pilotage de caste. Ce ne sera ni bref ni simple, nous sommes dans une zone de tempêtes historiques, mais on commence à voir nettement, en même temps que l’éventualité de catastrophes indicibles, une sortie lumineuse possible…
Justement, tout un pan de vos recherches a porté sur la théorie de la personnalité, sur les rapports interindividuels et leur évolution. Considérez-vous que le capitalisme a façonné un individu entièrement soumis à la loi de l’argent? Ou bien plutôt que cet individu est déjà mûr pour le communisme?
Lucien Sève. Le marxisme traditionnel ne voit en Marx qu’un théoricien du social. Je travaille depuis plus d’un demi-siècle à faire corriger cette dramatique erreur. Marx est un penseur de l’essentielle dialectique entre socialité et individualité humaines, donc des conditions de l’émancipation historique plénière de tous les individus, laquelle est le sens même du communisme marxien. Or, en cette matière, nous vivons un antagonisme extraordinaire entre deux tendances. Dans ses efforts pour émerger de ses crises, le capitalisme pousse à un point inouï à la fois le déchaînement de l’individualité marchande-concurrentielle et le sacrifice de masse des individus; de sorte que le genre humain est maltraité par lui d’aussi grave façon que la planète. C’est pourquoi je milite pour que la cause anthropologique soit prise au sérieux tout autant que la cause écologique. Nous vivons contradictoirement une montée multiforme, impressionnante de l’individualité autonome, qui va d’un accès sans précédent aux savoirs et la culture à une ardente exigence d’égalité en droits, d’une indépendance revendiquée envers tous les pouvoirs aliénants à un début de floraison d’initiatives pour prendre son sort en main. En ce sens, oui, sans se raconter d’histoires car les choses sont violemment contrastées, je pense que nous vivons le manifeste essor d’un présupposé majeur de communisme.
En fin de compte, l’individu communiste, ce serait un individu totalement émancipé?
Lucien Sève. Autant que le permettra le niveau de développement historique atteint, mais d’abord un individu pleinement développé comme producteur qualifié, citoyen compétent, individu inventif, apte à l’initiative autonome et concertée. Acteur d’une forme sociale où, comme il est dit dans le Manifeste communiste, « le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».
Quelle relation établir entre cette émancipation souhaitable des individualités et l’intervention politique concrète aujourd’hui?
Lucien Sève. Si l’on partage l’idée que le communisme c’est vraiment pour maintenant – un maintenant à l’échelle du siècle –, et que l’essor contrarié mais inarrêtable des individualités en est le présupposé le plus significatif, alors il y a d’évidence à en tirer des conséquences politiques révolutionnaires. Pour le dire d’une phrase, c’est vraiment le moment de prendre au sérieux comme on ne l’a jamais fait le mot d’ordre de Marx: « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » Veut-on savoir ce qu’il y a à changer dans nos idées et nos pratiques? Qu’on passe en revue tout ce en quoi la façon toujours dominante de faire de la politique se propose en fait d’apporter l’émancipation aux travailleurs. Tout ça tourne le dos au communisme, roule pour une façon de faire de la politique dont bientôt plus personne ne voudra… Pourquoi la cause communiste, d’une criante urgence historique en son principe, reste-t-elle depuis des décennies si peu mobilisatrice? Voilà la question qui doit obséder. J’avance une hypothèse: parce qu’on ne la traite toujours pas de façon vraiment communiste, c’est-à-dire en misant tout sur l’initiative responsable des acteurs sociaux eux-mêmes, le rôle de l’organisation n’étant autre que de les y aider. Il va y avoir trente ans, avançant devant ce qu’on appelait alors au Parti communiste le Comité central ce qui me paraissait être l’exigence d’une « refondation communiste », j’avais cru pouvoir dire: « Nous mourons de soif auprès de la fontaine… » Je le pense toujours.
(1) L’Utopie en débat. Éditions la Dispute, 2011, p. 187-203.

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27 avril 2014 7 27 /04 /avril /2014 11:52

 

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Chiffres du chômage : "Rompre avec cette politique qui conduit le pays dans le mur" (Olivier Dartigolles)

Alors que le chômage vient d'atteindre un nouveau record,  le nouveau ministre du Travail, F. Rebsamen, assure que le gouvernement Valls « va diminuer le nombre de chômeurs » sans préciser à quel horizon. Il est vrai que F. Hollande, lui-même, après s'être cassé les dents en promettant « une inversion de la courbe du chômage » pour la fin 2013, renvoie désormais à 2017 et à la fin du quinquennat toute évaluation en ce domaine.

Ces prophéties font le pari que la croissance mondiale va tirer, via les exportations, l'activité nationale et l'emploi, malgré une austérité renforcée. Pourtant, si on note une certaine accélération de la conjoncture en zone euro, en France, au contraire, l'indicateur du climat des affaires s'est tassé en avril, revenant au niveau auquel il stagne depuis décembre 2013, six points en dessous de sa moyenne historique. 

Le second pari postule que, grâce aux 30 milliards d'euros de baisses de cotisations sociales patronales accordées dans le cadre du « pacte de responsabilité » et du Crédit d'impôt compétitivité, les entreprises créeraient quelque 800 000 emplois supplémentaires d'ici à 2017. Cette façon de prétendre améliorer l'emploi en baissant le « coût du travail » est depuis longtemps un fiasco. 

Cette prétendue médication contre le chômage ne fait qu'accroître les profits disponibles, immédiatement absorbés par le « coût du capital » en dividendes, intérêts et placements financiers. Elle torpille le « modèle social français » en déresponsabilisant toujours plus les entreprises et en reportant sur le dos des salariés et de leurs familles le poids du financement des déficits. L'insuffisance de la demande et des qualifications que cela entraîne mine l'appareil productif et accélère les délocalisations.

Il faut rompre avec cette politique qui conduit le pays dans le mur et la gauche à l'échec. Cela exige de mobiliser l'argent des profits, des fonds publics et du crédit bancaire, jusqu'à la Banque centrale européenne, pour un nouvel essor des investissements matériels et de recherche conditionné par des objectifs chiffrés d'emplois et de formations correctement rémunérés, sous le contrôle des salariés et des populations.

                                               

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