l'Huma - Dimanche de cette semaine......
l'Huma - Dimanche de cette semaine......
"La politique dénuée de culture et d'imaginaire est condamnée à l'ordre de la conjoncture"
Mahmoud Darwich
Le festival Régions en Scènes, organisé par le Cercle de Midi Paca/Corse, se conclura à Bastia le samedi 15 février.
Au programme :
- un apéro d'abord, au Théâtre à 11H00, offert par la Mairie à tous les participants.
- ensuite, 4 spectacles, dont vous trouverez le détail ci-après.
Peut-être aurons-nous besoin d'1 ou 2 bénévoles avec voiture (pas de conflit possible avec les chauffeurs de taxi puisque c'est gratuit !) pour véhiculer qques personnes entre les différents lieux et pour les raccompagner à l'avion le dimanche. Si besoin, je vous ferai signe.
( VIRGINIE)
Samedi 15 février > Bastia
-> Théâtre de Bastia / 14h00 Spectacle jeune public (et tout public !)
Un Caillou dans la botte Cie Traversant 3
Texte de Simon GRANGEAT Mise en scène et jeu : Clément ARNAUD Création graphique : Rodolphe BRUN Création des marionnettes : Géraldine BONNETON Musique : Ulrich BECOUZE Création Lumière : Ludovic Bouaud Régie Lumière: Robert Magurno Scénographie : Yves PEREY
Sous le regard extérieur de : Emma UTGÈS. Nikolaï OGROUSKY entre en scène. Logre ose enfin, pour la première fois, prendre la parole publiquement, pour raconter sa vérité. Aidé de marionnettes, de décors, de petites imageries populaires, il va nous rejouer le célèbre conte du Petit Poucet et nous raconter ce quil a vécu il y a fort longtemps en retraçant cette fameuse histoire, caillou après caillou. Depuis les temps les plus reculés, nous avons toujours cru savoir exactement ce qui sétait produit cette nuit-là, dans la maison au milieu de la forêt... Seulement, nous navons été informés que du point de vue du Petit Poucet, lennemi juré de logre qui laura mené droit à son déshonneur et à sa perte. Nikolaï OGROUSKY souhaite ainsi apporter la preuve de son innocence et de la malignité de Poucet, le petit.
-> Boulodrome de Lupino / 15h30
Les Pieds Tanqués Artscénicum Théâtre
De Philippe CHUYEN Avec : Sofiane BELMOUDEN, Philippe CHUYEN, Gérard DUBOUCHE, Thierry PAUL Musique : Jean-Louis TODISCO Costumes : Corinne RUIZ Décor : Christophe BROT.
Grâce à une mise en scène pour le moins innovante, le public pourra assister à deux spectacles à la fois : une partie de pétanque au sein dune pièce de théâtre ! Ce boulodrome sera bientôt le lieu dune conversation animée sur la guerre dAlgérie... Les quatre boullistes, tous français mais dorigines diverses, ont tous une histoire en lien avec cette guerre. Rythmée par le son dun accordéon, la pièce gagne en tension et les paroles des personnages se libèrent. Chacun tentera de faire vivre sa mémoire, avec dautant plus de passion que sa blessure liée aux « événements » sera ravivée. Malgré leurs oppositions ou leurs instants de connivence, tous voudront finir la partie sur ce terrain qui les lie au-delà de tout sujet de discorde.
-> Salle polyvalente de Lupino / 17h00
Plateau musique : Spiri2All (Bonus RéZo), Iraka
Spiri2All
Un bonus RéZo !
Philippe Guerrini Matthieu Pomelat
Créé en 2008 et représentant quasi-unique du rap en Corse, Spiri2All défend avec générosité lidée dun rap engagé et militant, porteur de révolte et de sens !
Iraka
Iraka : chant/slam Etienne CHAFFOIS : guitare Samir GUENNAOUI : batterie/ human beatbox Nicolas BERTRAND : machine/choeur.
Iraka commence la musique à la fin de la décennie 1990. Après plusieurs projets collectifs et trois albums, il souhaite porter certains de ses textes sur scène et sentoure de trois musiciens aux univers musicaux variés : un guitariste, un beatboxer et batteur et un machiniste et choriste. En 2011 et 2012, le quatuor donnera vingt-cinq concerts. En janvier 2013, la voix du succès se confirme : Iraka est sélectionné dans la catégorie « Chanson/world » comme lunique lauréat des Inouïs du Printemps de Bourges retenu pour la région PACA.
-> Théâtre de Bastia / 21h00
LEnfant sauvage Cie 7e Ciel
Texte de Bruno CASTAN Mise en scène : Marie PROVENCE Avec : Sonia PINTOR I FONT, Jean-Jacques ROUVIÈRE, Flavio FRANCIULLI, Philippe LEVY Lumière et musique : Damien THILLE Son : Etienne FORTIN Chorégraphie : Jean-Jacques SANCHEZ Scénographie : Sonia MIKOWSKY Costumes : Catherine OLIVEIRA.
Lhistoire de Victor de lAveyron nous est devenue familière grâce au célèbre film de François TRUFFAUT. Cet enfant sauvage, qui a survécu pendant douze ans à lécart de la société, est capturé dans une forêt par des chasseurs. Grâce à sa découverte, on espère bien dans le milieu intellectuel arriver à clarifier la dualité de linné et de lacquis. Mais la capacité de Victor à communiquer ne saméliore pas et il sera très rapidement déclaré idiot. Assisté de sa bonne, le docteur VILLENEUVE décide pourtant dentreprendre avec patience la lente éducation de lenfant, basée sur la répétition et léveil aux sensations. Un récit aux allures de conte, empli de tendresse, dhumour et de cynisme.
Samedi 8 février
introduction au débat
Michel Stefani
Chers camarades,
Les dernières annonces présidentielles font de 2014 une année charnière du quinquennat. Deux élections auront lieu dans les prochains mois : les élections municipales, les 23 et 30 mars, et les élections européennes le 25 mai.
Vingt mois après l'élection de François Hollande et la mise en place du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, les résultats sont là et contribuent à ce que leur popularité soit au plus bas, notamment l’aggravation du chômage. L’ANI qui encourage aux licenciements, un nouveau recul du droit à la retraite, 20 milliards de cadeaux supplémentaires au patronat avec le CICE, une augmentation injuste de l'impôt sur le revenu et de la TVA sont les mesures les plus négatives retenues après la capitulation sur le Traité européen Merkozy. Les quelques avancées enregistrées ne pèsent pas lourd en face. L’austérité et la pression sur les revenus salariaux l’emporte largement.
L’effervescence préélectorale et le débat sur l’inscription de la Corse à l’article 72 de la Constitution, la fusion des départements, Corse du Sud et Haute Corse, indépendamment du charcutage des cantons digne d’un Charles Pasqua, ne peuvent ici faire oublier que le cap des 18 000 chômeurs a été franchi. La précarité ne cesse d’augmenter et le nombre de personnes dont les revenus sont sous le seuil de pauvreté suit cette courbe montante.
Même Pierre Chaubon au Cuntrastu de dimanche dernier a été incapable de démontrer la pertinence de la réforme institutionnelle ou constitutionnelle pour s’attaquer radicalement à cette urgence sociale. Les champs d’intervention relèvent, selon lui, de dispositions ordinaires comme le CICE et l’ensemble des dispositifs prévus par la loi ou annoncés, voire par l’ADEC, s’agissant de la gestion des entreprises ou de leur « compétitivité ». Il reconnaît que la croissance retrouvée permettrait de relever ce défi mais il contredit cette affirmation en ignorant les effets de la politique d’austérité dont la déclinaison va jusqu’à toucher le « milles feuilles » institutionnel. C’est là que la jonction s’opère pour un façonnage spécifique en apparence mais identique sur le fond.
Il n'est plus question de décentralisation et encore moins de démocratie citoyenne ou participative mais uniquement de concentrer, de regrouper ... Face au diktat de la finance mondialisée nous avons, au contraire, besoin d'avancées démocratiques. La modernité c’est justement de faire en sorte que les citoyennes et les citoyens participent aux décisions à tous les échelons des institutions de la République, Etat, collectivités locales, sécurité sociale et dans les entreprises publiques et privées. C’est effectivement dans cette visée démocratique que nous préconisons des choix progressistes privilégiant l'intérêt humain contre la rentabilité financière.
Selon ces adeptes du « mouvement » institutionnel perpétuel (qui n’a rien de comparable avec le mouvement social), il faudrait réduire les dépenses des collectivités locales et réduire le nombre de communes, de départements et de régions. Force est de constater qu’il s’agit en priorité de renforcer l’austérité budgétaire, non d'accroître les moyens financiers des collectivités pour répondre aux attentes des plus démunis, pour améliorer l’accueil des étudiants, pour les transports en commun, le logement social, la santé, l’agriculture, la préservation de l'environnement.
L'exemple de la CTC permet d’éclairer la perversité de la rengaine poujadiste sur l’air des élus et de l’administration trop couteux pour le contribuable. Sur le budget primitif 2014, d’un montant de 680 millions d’euros, les moyens des élus (indemnités, frais de fonctionnement de groupe, formation) représentent 1,7 million d’euros 0,25 %. Quant aux dépenses de personnels (Salaires, cotisations sociales, formation) elles s’élèvent à 41,7 millions d’euros 6,1 %.
Le Medef et les milieux patronaux applaudissent. Le monde du travail, mal traité, est inquiet. Ce n’est pas un problème de sémantique pour savoir si le pacte de responsabilité est social démocrate ou social libéral. Ce qu’il faut voir c’est sa portée et un très grave recul pour notre modèle social et républicain s’il est mis en oeuvre. Que prévoit-il en effet ?
• Une baisse massive des revenus salariaux, qualifiés pour ce faire de « coût du travail », avec la suppression du financement par le patronat de la branche famille de la protection sociale. Cette mesure ajouterait 35 milliards d'euros aux 20 milliards déjà accordés au patronat au titre du CICE.
• Une nouvelle diminution du taux de l'impôt sur les sociétés sous la forme d’exonération d'impôt sur la hausse des marges.
• Une baisse drastique ,53 milliards d'euros, des dépenses publiques pour 2015, 2016 et 2017. Sont concernées, les budgets publics de l’État, l’assurance maladie et les dotations aux collectivités locales allouées avec un système de malus pour celles qui ne réduisent pas assez vite leurs dépenses
Les réformes institutionnelles annoncées participent de cet objectif : en accélérant là où c'est possible la suppression des emplois et des services publics, en concentrant les pouvoirs et en les éloignant encore des citoyens pour mieux piloter à la baisse la dépense publique.
100 milliards d'euros seront prélevées d'une manière ou d'une autre sur les revenus des ménages. C’est exactement le montant exigé par le Medef. Les conséquences en matière de creusement des inégalités vont être terribles, car outre les allocations familiales dont le devenir est aujourd'hui suspendu, les remboursements d'assurance maladie qui seraient encore diminués, ce sont tous les moyens des services publics nationaux, régionaux, départementaux et locaux qui seraient amputés.
Il s'agit bel et bien d'un compromis historique passé avec le Médef par le gouvernement, dont l'objectif non déclaré est d'augmenter les profits, au détriment des salaires, de la protection sociale et des dépenses de services publics. Le Président de la République fait ronfler les mots sur les contreparties mais le Medef répète qu'il n’est engagé à rien. Il faut même craindre que les négociations de branche soient l'occasion de nouveaux chantages pour monnayer davantage de flexibilité et de précarité.
Tous ces allègements servent des rentes indues au capital en tirant vers le bas la condition de milliers de salariés. En 20 ans le montant cumulé des réductions des cotisations patronales atteint les 250 milliards d'euros. Une étude économique récente estime que le « surcoût du capital », c'est à dire la part des dividendes et intérêts versés « qui ne rémunère ni un service économique rendu, ni un risque pris par le prêteur », se chiffre entre 94 et 140 milliards d'euros. Ainsi, la part des dividendes dans la valeur ajoutée est devenue supérieure à celle des investissements.
Nous assistons donc à une nouvelle offensive d'ampleur pour imposer une « aggravation » politique et idéologique qui ferait renoncer durablement à toute ambition de transformation sociale. Son objectif est de jeter les bases pour 2017 d'une nouvelle majorité politique qui n'existe pas aujourd'hui à gauche, pour soutenir un projet politique dont la forme et le contenu seraient similaires à la coalition Allemande et à sa politique. Nous entendons relever ce défi.
Notre objectif doit être de convaincre notre peuple qu'un autre chemin est possible pour la France, pour la gauche, comme nous avons su le faire en 2005 sur le TCE ou en 2010 sur les retraites. Il s’agit d'ouvrir une autre voie, pour sortir de cette impasse et redresser le pays. En ce sens, nous sommes bien plus qu'une opposition de gauche à cette politique et nous voterons contre ce pacte mais nous sommes indissociablement pour une alternative portée par toutes les forces populaires de la gauche contre la voie sans issue de l'austérité.
Dans les mois à venir, nous serons donc sur tous les fronts avec la volonté de construire en toutes circonstances les rassemblements les plus larges possible, sans jamais opposer le travail pour cette alternative de gauche et tous les rassemblements qui permettront d'avancer sur une voie nouvelle. Le périmètre de ces rassemblements ne sera peut-être pas toujours identique, l'essentiel est qu'ils permettent d'encourager la mise en mouvement du plus grand nombre.
Je viens de dire les raisons de notre opposition au pacte de responsabilité. Cela appelle une très grande campagne d'explication. Chaque terrain de lutte doit être utilisé pour démontrer l'injustice et inefficacité de ce pacte pour imposer une autre politique économique et sociale. Notre campagne contre le coût du capital, lancée à la Fête de l'Humanité, est d'une brûlante actualité. Elle est la réponse aux arguments du Medef relayé aujourd'hui par l’Élysée. Elle trouve de l'écho dans le monde syndical avec la campagne lancée par la CGT sur le même thème, et chez de nombreux acteurs de la gauche sociale et politique.
Elle doit nous permettre de rassembler sur des contre-propositions. Je pense notamment à la remise à plat de toutes les exonérations fiscales et de cotisations sociales des entreprises et à notre projet de loi interdisant des licenciements boursiers. À nos propositions de modulations des cotisations sociales pour l'emploi en lieu et place des cadeaux sans contre partie, à la mobilisation du crédit bancaire à taux réduit voire nul pour financer la relance d'activités utiles et matières d'emploi. Nous voulons réunir en juin, avec le Front de gauche, avec toutes les forces politiques, syndicales, associatives qui veulent être partie prenante de cette démarche, des Etats généraux de la justice fiscale porteurs d'une autre logique contre les gâchis du capital. Allocations familiales, hôpitaux, remboursements, retraites, indemnisation chômage... tout est sur la table. La bataille du financement, le principe même de la cotisation patronale et de l'universalité des droits, les acquis fondamentaux du Conseil national de la Résistance sont au centre de cette initiative.
Ce sont en vérité des choix de société qui sont en cause. Oui, il est utile et juste de consacrer une part importante de la richesse créée par les travailleurs à leur vie en bonne santé, à leur bien-être. Inversement alimenter les dividendes des gros actionnaires ne sert pas l’intérêt général. C’est évident pour les services publics qui sont gravement menacés par l'annonce des 53 milliards de réduction de dépenses publiques et les réformes institutionnelles envisagées. Les services publics sont la condition indispensable de l'émancipation et de la liberté de choix pour tous. C'est l'antidote contre toutes les inégalités qui ravagent la société. Culture, éducation, enseignement supérieur, recherche, sport ... dans tous les cas il s’agit de l’épanouissement de chacun. La journée de mobilisation du 6 février partageait cet objectif en rejetant le pacte Hollande.
En 2010, Nicolas Sarkozy identifiait déjà dans les collectivités locales un double verrou à faire sauter : celui du maintien d'un haut niveau de dépenses de services publics et d'investissements publics ; celui d'une proximité démocratique qui rendait difficile de s'y attaquer. Ce fut le fameux thème du « mille-feuilles » reprit aujourd’hui par le gouvernement et l’Elysée. L'offensive va désormais être maximum dans la foulée de l'adoption de la loi sur les métropoles. Et c’est cette opportunité qui mêle ratification de la charte des langues régionales et réforme institutionnelle que certains tentent ici de saisir pour accélérer la mise en œuvre de la délibération de l’Assemblée de Corse du 26 septembre 2013. Cette option, si elle devait aboutir, écarterait de fait la possibilité de consulter les Corses par référendum.
Les mêmes expliquent que le redécoupage des cantons en Corse pourrait de ce fait être mis entre parenthèse le temps que le Comité stratégique qui s’est réuni récemment avec la Ministre Lebranchu aboutisse à des propositions concrète sur l’architecture institutionnelle de la Corse. Au-delà du caractère spécifique qu’elle tient de son statut particulier la Corse sera soumise aux mêmes évolutions dont l’objectif principal est de réduire le volume de l'investissement public, avec des conséquences désastreuses pour les populations.
C'est l'égalité dans la République qui est directement mise en cause par ces projets à tel point que pour mener ces réformes, François Hollande entend renouer avec une action présidentielle lui permettant de diriger et d’arbitrer par ordonnances. Nous n'accepterons pas les regroupements autoritaires de collectivités. Nous voulons des collectivités de plein exercice, et non des relais sous tutelle austéritaire. Nous voulons des collectivités où les citoyens décident, où les élus sont respectés parce qu'ils construisent leurs choix de gestion avec eux. Voila pourquoi, nous exigeons la consultation par référendum pour toute mesure de portée institutionnelle et constitutionnelle.
Ces questions sont évidemment partie prenante de la campagne électorale. L’incursion dans celle de Bastia du Maire de Bonifacio en atteste. Et les camarades de la section de Bastia ont eu raison de réagir. La question c’est moins d’affirmer que nous sommes contre ces réformes mais d’en éclairer le contenu dévastateur pour l’intérêt populaire. Il n’y a pas d’un côté les modernes qui sont dans le mouvement (à ne pas confondre avec changement) et les archaïques qui seraient dans le statuquo.
Pour Jean-Charles Orsucci, je résume, ces municipales doivent être l’occasion de peser sur le gouvernement à propos de la réforme institutionnelle et en fonction des résultats de travailler une recomposition politique incluant une partie de la droite et la mouvance nationaliste dans toutes ses composantes. Dans cette perspective la municipalité sortante (qui en 2003 à soutenu le « non » au référendum) n’est pas à ses yeux celles qui doit poursuivre l’œuvre entreprise depuis 1968 même s’il reconnait la qualité de sa gestion. Son choix se porte sur le tandem Tatti Degentili avec lequel il partage la même vision de la Corse sans toutefois préciser ce qu’elle implique du point de vue de la relation avec la France. Il ne dit pas non plus comment la victoire de la gauche qu’il prétend ainsi vouloir à Bastia serait possible sans la liste PRG PCF.
C’est dans ce contexte que l’accord de premier tour à Porto Vecchio est intervenu soulevant des interrogations. Gardons nous de fustiger les camarades et prenons le recul nécessaire de l’analyse et de la compréhension des choses. Partout les communistes ont été appelés à se prononcer en tenant compte de la diversité des situations locales et d’agir en fonction sans que cela ne se traduise par des divergences sur le sens de nos engagements, le respect des valeurs progressistes et l’affirmation de l’action démocratique avec nos alliés. Dans tous les cas nos choix répondent à un double objectif battre la droite et proposer une politique municipale de gauche.
C’est la dessus que le débat doit porter avec nos détracteurs qui cherchent à opposer la pertinence de nos positions non par rapport aux politiques publiques locales mais sur les évolutions institutionnelles ou constitutionnelles de la Corse avec en toile de fond un large consensus entre élus pour les obtenir. Et si effectivement Bastia restait le siège des archaïques hostiles à la réforme l’arrivée aux affaires d’une municipalité recomposée à la sauce Jean Charles Orsucci les ravirait. Dans cette boîte à Pandore politicienne est dissimulé le cœur de l'affrontement politique. Autrement dit, d’un côté la réduction drastique des dépenses de service public qui se dessine avec des effets négatifs pour les populations et de l’autre côté la mise en œuvre de politiques publiques innovantes, faisant le choix du service public, de la solidarité, de l'égalité et du développement pour tous. C'est évidemment ce dernier choix que nous défendons et qui structure notre démarche dans chaque commune où nous présentons des candidats.
Ce choix est celui de majorités municipales ancrées à gauche et pour cela comptant un nombre important d’élus communistes pour résister aux injonctions d'austérité du gouvernement. Nous combattons pour cette raison avec détermination la droite et l’extrême droite car le service public, l'égalité sans discrimination, la solidarité nationale sont leurs premières cibles. Ce qui se joue, en effet, ce sont les services publics de proximité, la justice et la solidarité, l’innovation et le développement, la ville pour tous et la démocratie, l’innovation écologique et la préservation de l’environnement.
La bataille est rude. Nous devons la mener avec le maximum de forces. C'est donc en toute transparence et en toute conscience des enjeux, en considérant nos responsabilités pour les populations, pour l'avenir du Front de gauche et pour rouvrir une perspective à gauche, que nous avons préparé ces élections municipales. À la faveur de cette mobilisation nous allons rencontrer des centaines de nos concitoyens et débattre avec eux, de leur vie et de la situation politique pour les convaincre de contribuer à l’élection d’élus communistes qui respecteront leurs engagements. Ces municipales peuvent ainsi être un moment important de renforcement du Parti.
Ce faisant nous n’avons pas voulu alimenter dans le Front de gauche le débat qui porte sur la question des alliances. Nous aurons à en tirer toutes les leçons après les résultats car il y a des conséquences, au-delà des institutions dans lesquelles nous siégerons, sur la stratégie du Front de gauche. Le fondement de cette stratégie est de construire une majorité alternative au pouvoir actuel de François Hollande. Il est incontournable. En revanche, le raisonnement selon lequel les alliances locales seraient contraires à cet objectif nous affaiblit, me semble-t-il, aux deux niveaux, local et national, où nous menons ce combat politique.
Pour les européennes, c'est pratiquement le même combat contre les politiques d'austérité et de dumping social que nous mènerons. L’engagement de cette campagne est urgent et la désignation d'Alexis Tsipras, le leader de Syriza en Grèce, comme candidat du PGE à la présidence de la Commission européenne nous encourage à accélérer cette campagne. Sinistrose, pessimisme, défiance à l'égard des grandes formations politiques et de l'Europe, forte droitisation de la société française : tel est le paysage inquiétant dégagé par un sondage Opinion Way réalisé pour le CEVIPOF en décembre 2013. Pour contourner cette difficulté la question d’une éventuelle sortie de l'euro est réactivée. Il s’agit là d’occulter l’exigence de contester le pouvoir de la finance pour faire reculer le chômage et la pauvreté et prendre le chemin d’une sortie de la crise.
Il faut combattre l'austérité, les diktats antisociaux de l'UE, la domination des marchés financiers, le mépris des souverainetés populaires. La France doit faire entendre ce message, refuser le chantage de la Commission, (son attitude avec la SNCM est éloquente) se battre pour une Union Européenne où les peuples souverains seraient associés dans une coopération solidaire.
Alexis Tsipras participera entre le 7 au 12 avril au lancement de la campagne nationale du Front de gauche. Nous travaillons à la constitution des listes avec le Front de gauche. Nos principes de discussion sont doubles : reconduire les sortants et répartir, entre composantes du Front de gauche, les nouveaux postes gagnables. Dans notre circonscription nous proposons de reconduire Marie Christine Vergiat et de désigner en seconde position un chef de file communiste. Pour passer à cette étape de discussion, le PG demande des règles d'utilisation du logo, notamment à Paris. La direction du Parti, Pierre Laurent, vous l’avez remarqué, ont répondu par l’apaisement.
L’avenir même du Front de gauche que nous avons créé ensemble est concerné et sa préservation passe non par l’affirmation partisane de propriété du logo mais par la confirmation de la démarche de rassemblement des forces populaires qui ont intérêt au changement. Les ravages de la crise, l'instrumentalisation politicienne des divisions dans la société créent une menace sérieuse pour de nouvelles flambées racistes. L'Europe en offre des témoignages quotidiens. C’est une dimension non négligeable de l’échéance du 25 mai.
Les attaques contre Christiane Taubira, la dédiabolisation orchestrée du Front national, la banalisation dans le discours politique de thèses racistes ou discriminatoires ont été des alertes préoccupantes. Le terreau des frustrations nourries par la crise et les promesses inexorablement vouées à leur non respect font que la défiance à l'égard de la politique grandit en donnant matière aux discours populistes et à l’abstention massive. L'affaire Dieudonné a agi comme le révélateur d’une banalisation inquiétante de l'antisémitisme alors que dans le même temps le poison du racisme est rependu pour diviser et opposer les victimes de la crise du capitalisme dont l’issue est souvent annoncée mais jamais confirmée.
Pour les communistes et le Parti communiste ce combat contre le racisme est une constante. En ce moment même, nous commémorons les événements du 8 février 1962 et le massacre du métro Charonne à Paris où les cadavres de neuf de nos camarades ont été relevés alors qu’ils manifestaient contre le terrorisme de l’OAS et pour la liberté du peuple algérien.
Egalement en relation avec la campagne pour les européennes il faut insister sur la riposte d'ampleur qu'il convient d'initier en faveur des droits des femmes. Les politiques annoncées vont directement les impacter alors qu’elles sont déjà les premières victimes de la précarité, du chômage, et des bas salaires. Les quelques améliorations enregistrées dans la récente loi sur l'égalité, sont loin de faire contrepoids aux dégâts provoqués par l'austérité. A cette situation s'ajoute désormais une offensive réactionnaire de très grande ampleur à l'échelle de l’Europe contre les droits des femmes, singulièrement le droit à l'avortement. Nous avions perçu les prémices de cette offensive dans les mobilisations réactionnaires et les arguments sexistes contre le mariage pour tous. Voila pourquoi la journée du 8 mars doit être l’occasion d’une forte mobilisation, d’initiatives multiples et rassembleuses.
Des stéréotypes bon chic bon genre ? Non à la manipulation des sciences sociales
Des vents de guerre froide soufflent sur les Olympiades hivernales de Sochi, ou plutôt sur les « Olympiades du tsar Poutine » comme les appellent à l'unisson les médias occidentaux. Les splendides prestations des athlètes du monde entier, qui se sont préparés pendant des années pour les jeux, passent au deuxième plan ou bien sont ignorées sauf si c'est un athlète national qui gagne. Tandis que s'assombrissent les Olympiades, fruit dun travail collectif colossal, on fournit des informations détaillées sur l'élimination des chiens errants à Sochi et sur le fait qu'à la cérémonie d'ouverture un des cinq anneaux olympiques ne s'est pas éclairé, en gardant l'apparence dun flocon de neige (funeste présage, auraient dit les antiques). En même temps est lancée l'alarme à un attentat terroriste qui pourrait bouleverser les Olympiades, après ceux qui ont eu lieu ponctuellement à Volgograd.
A Washington, où on sy entend en terrorisme, on a exprimé sa préoccupation pour un possible attentat à Sochi en décidant dintervenir militairement : le Mount Whitney, navire amiral de la Sixième flotte, a levé lancre de Gaète (Latium) pour entrer en mer Noire avec la frégate Taylor. Se tenant prêts à évacuer de Sochi les athlètes et les spectateurs étasuniens, les deux navires de guerre, flanqués d'unités géorgiennes, sexercent en attendant, aux limites des eaux territoriales russes.
Obama, Cameron et Hollande, vaillants défenseurs des droits humains par lesquels ils motivent leurs guerres et les massacres y afférant, ont fait comprendre qu'ils ne sont pas allés aux Olympiades parce qu'en Russie la propagande gay est interdite ; et Letta (président du Conseil italien, NdT) a promis de réaffirmer à Sochi la contrariété de l'Italie face à toute norme discriminatoire à l'égard des gays.
Il l'a déclaré quelques jours seulement après avoir fait officiellement les louanges à Dubaï, de « la position humanitaire des Emirats » et avoir exprimé des appréciations analogues à l'égard des autres monarchies du Golfe, dont les codes pénaux punissent les rapports consentis entre adultes de même sexe de dix ans de prison et, en Arabie saoudite, de flagellation ou de lapidation.
Ces mêmes monarchies, si appréciées par Obama et par les autres leaders occidentaux, se préparent maintenant à soumettre les immigrés à de non mieux précisés « tests médicaux » pour éviter que des homosexuels n'entrent dans les pays du Golfe.
La sortie dObama, Letta et autres leaders aux côtés des gays en Russie est donc totalement instrumentale. Comme l'est laccusation contre Moscou d'avoir trop dépensé pour les Olympiades et de vouloir les utiliser à des fins de propagande nationale, ce que font tous les pays qui les accueillent, à cause du mécanisme même de cet événement international qui devrait être profondément revu. Ces accusations, tout en ayant une base de vérité, ont un but bien précis : alimenter dans l'opinion publique un nouveau climat de guerre froide, correspondant à la stratégie USA/OTAN qui rencontre à Moscou une opposition croissante. Si Eltsine était encore au pouvoir en Russie, disposé à toute concession aux USA et à l'Occident, personne ne définirait Sochi comme « les Olympiades du tsar Eltsine ».
Selon un incontestable jugement de ceux qui, à Washington, établissent la note de conduite des gouvernants, Eltsine est inscrit dans la liste des « gentils », tandis que Poutine va dans celle des « méchants ». La liste où est choisi, chaque fois que c'est nécessaire, « l'ennemi numéro un » (comme l'ont été Saddam Hussein, Milosevic et Kadhafi), qui sert à justifier l'escalade militaire jusqu'à la guerre. La cible sur laquelle, chaque fois que c'est nécessaire, se concentrent les attaques politiques et médiatiques, en rendant ses défauts gigantesques pour cacher ceux bien plus gros de celui qui s'érige en tuteur des droits humains.
Manlio Dinucci
Edition de mardi 11 février 2014 de il manifesto
http://ilmanifesto.it/i-cinque-cerchi-di-ghiaccio/
Traduit de litalien par Marie-Ange Patrizio
L’impérialisme a pris la forme d’un nouveau colonialisme entre 1870 et 1914. L’action des gouvernements d’alors consistait à imposer leur hégémonie sur d’autres pays pour les exploiter économiquement en assurant un contrôle total des ressources énergétiques et des exportations, surtout de capitaux.
L’impérialisme a divisé le monde en ce qui représente encore aujourd’hui la grande division de la planète entre pays riches et pays pauvres.
Comment faire croire que l’ère de l’impérialisme est derrière nous alors qu’il y a encore un tiers-monde ? Pourquoi les peuples autrefois dominés n’ont-ils jamais été en mesure de prendre leur envol ? La vérité est que l’impérialisme n’a jamais disparu. Ceux qui dirigent le cours économique de nos sociétés modernes l’ont simplement camouflé sous les oripeaux d’un capitalisme censé nous apporter le progrès et la civilisation. Nous sommes face à un colossal mensonge.
Le système mis en place par ceux qui sont actuellement aux manettes est complexe. La politique impérialiste a évolué au fil du temps pour se transformer et devenir l’odieuse globalisation que nous connaissons. Pour faire la lumière sur ce sujet, il est nécessaire de comprendre le système économique dans lequel les pays les plus développés du monde ont décidé de vivre : le capitalisme. Ce système, basé sur la libre entreprise privée dans un marché libre, a comme moteur le profit. Et ces entrepreneurs, pour créer du profit, doivent investir des capitaux (ou investir dans les moyens de production, ou acheter de la main d’œuvre, etc.) pour produire un bien et le mettre sur le marché. Une fois ce bien vendu, il engendrera du capital. Une petite partie de ce capital servira à couvrir les frais occasionnés par la production et une autre partie reviendra enfin dans l’escarcelle de l’entrepreneur : c’est le profit.
La principale caractéristique de l’impérialisme est l’inégalité criante de la société. Dans la catégorie la plus basse, la moitié de la population mondiale possédait en 2013 moins de 1 % de la richesse totale. Dans la plus haute, les 10 % les plus riches détenaient 86 % des richesses mondiales, et le 1 % le plus fortuné représentait à lui seul 46 % des actifs mondiaux.
L’économie des pays riches se base sur l’exploitation. Les ressources minières de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie ne coûtent qu’à peine un dixième de leur valeur réelle du fait de la corruption, de l’endettement et de politiques visant à imposer la dévaluation des monnaies de pays déjà en situation de pauvreté. Pis, on emploie si besoin la force pour mettre en place des régimes, la plupart du temps dictatoriaux, qui contribueront à perpétuer ce cercle infernal au seul profit des pays riches… et des bourgeoisies compradores. Conséquences : les entreprises délocaliseront volontiers leurs entreprises dans ces pays en vue de diminuer les coûts de production (en exploitant au passage les autochtones) sans avoir les contraintes environnementales de leur développement.
Quelles peuvent être à long terme les conséquences d’un tel système ? Quand les barbares se firent de plus en plus menaçants aux confins de l’Empire romain, ce dernier aurait tout à fait eu les moyens de les combattre, mais les grands propriétaires terriens et les marchands qui constituaient le noyau économique de l’État ont rechigné à le faire car ils auraient dû payer plus de taxes pour financer l’effort de guerre en risquant au passage des dommages qui auraient pu ruiner leurs négoces. On peut aisément faire un parallèle avec les banquiers et les grandes entreprises d’aujourd’hui : ils contribuent à sucer le sang de la collectivité, de l’État par des mesures fiscales en leur faveur par le biais d’exonérations fiscales et autres paradis pour capitalistes (l’évasion fiscale est estimée à 26.000 milliards d’euros). La classe dominante agite aujourd’hui à l’envi la question de la dette pour accéder aux actifs de l’État et faire encore plus de profits. Les média jouent un rôle essentiel dans cette contre-révolution. Le démantèlement des services publics et les privatisations s’inscrivent dans ce cadre-là.
Ce système n’a cure des dommages qu’il cause aux plus faibles, catégorie dans laquelle on peut inclure en Occident les pauvres et ailleurs tous les exploités en prise avec les problèmes environnementaux et alimentaires quand ce ne sont pas tout simplement les guerres. Rien ne prédispose dans ces conditions à une société harmonieuse : les civilisations anciennes laissent la place à l’expression toute puissante de l’hégémonie occidentale aux niveaux militaire, économique, politique et culturel.
La croissance des États-Unis, l’imposition à des pays comme la Chine et le Japon du modèle occidental et la migration massive de populations sont les parties les plus visibles de ce processus. Les Européens considéraient comme prééminentes les conquêtes de leur propre civilisation dont ils se sont plus tard servie pour justifier l’esclavage et l’exploitation des Africains. Des hommes ont été vendus et marqués au fer rouge comme du bétail avant d’être séparés de leurs familles, achetés et privés de leur propre identité. La moindre révolte était réprimée dans le sang.
La lecture de Lénine fit coïncider l’impérialisme avec le stade suprême du capitalisme. Et il ne s’agit pas d’une simple coïncidence de l’histoire comme certains historiens le soutiennent. C’est l’expression de la nature la plus profonde de ce système économique. Écrite lors du premier conflit mondial dont on s’apprête à célébrer le centenaire, l’œuvre de Lénine dévoile l'essence de l'impérialisme et démasque les politiques des puissances impérialistes, les causes profondes de la guerre impérialiste, la trahison des dirigeants sociaux-démocrates qui se sont rangés du côté des impérialistes et, enfin, indique aux travailleurs que l'avenir passe par le renversement de l'impérialisme. Selon lui l'impérialisme est le stade monopoliste du capitalisme. En donnant cette définition, il l'illustre par toute une gamme de faits concrets. Il brosse ensuite le tableau des principales caractéristiques de ce stade monopoliste :
Lénine décrit le processus de développement des puissances impérialistes. Il indique que l'exportation du capital donne un essor à l'annexion des territoires coloniaux et à l'oppression de millions de colonisés par la domination impérialiste. Les impérialistes se sont divisé le monde. Mais aucun partage du monde ne peut arriver à les satisfaire. La « loi du développement inégal », qui signifie que certaines puissances impérialistes prennent de l'expansion et dépouillent les autres, les pousse à exiger un nouveau partage du monde qui corresponde au nouvel équilibre des forces. C'est pourquoi l'impérialisme va de pair avec les guerres impérialistes. Lénine indique alors qu'avec l'impérialisme, tous les traits de parasitisme du capitalisme s'accentuent. Avec l'impérialisme, le capitalisme agonise et l'heure de la libération coloniale et de la révolution prolétarienne a sonné. Lénine explique aussi comment, dans les pays impérialistes, les surprofits réalisés par l'impérialisme sont utilisés pour corrompre une couche de la classe ouvrière, qui considère alors dans son intérêt d'être lié à celui de l'impérialisme.
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ! », clamait Jaurès dans son dernier discours, le 25 juillet 1914. C’était il y a un siècle, c’était hier...
Capitaine Martin
source:www.resistance-politique.fr
r
EXTRAITS D'UNE EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE
1948 marque la création de l'État hébreu, la première guerre israélo-arabe, et l'exode de plus de 700 000 Palestiniens. Des villages entiers sont laissés à l'abandon, voire effacés de la carte. Les Absents remonte le temps pour chercher où les discordes se sont transformées en guerre. L'écriture photographique sert donc un double propos. Documentaire, en ce qu'il archive des lieux d'Histoire, et humain, car l'absence des populations autochtones imprègne les images. Le travail de Bruno Fret a reçu le prix Roger Pic 2013, et sera l'une des productions exposées au Festival Circulation(s), dédié à la jeune photographie européenne, du 8 février au 16 mars.
© Bruno Fert
Al-Bassa. Longitude : 33°04'34" Nord, latitude : 35°08'27" Est. Le 14 mai 1948, certains habitants d'Al-Bassa ont été rassemblés dans la grande église du village avant d'être expulsés vers le Liban. Leurs descendants vivent encore dans le camps de réfugiés de Dbayeh près de Beyrouth. L'église d'Al-Bassa se trouve aujourd'hui dans une zone industrielle de la ville de Shlomit. La table qui fait office d'autel au milieu de la pièce témoigne d'une mystérieuse activité liturgique.
© Bruno Fert
Suba. Longitude : 31°47'5" Nord, latitude : 35°7'26" Est. Suba était un village palestinien construit sur les ruines d'une forteresse croisée. Des combats acharnés ont opposé des volontaires des Frères musulmans égyptiens aux unités sionistes qui tentaient de briser le siège de Jérusalem en 1948.
© Bruno Fert
Suba. Longitude : 31°47'5" Nord, latitude : 35°7'26" Est. Suba a été conquis pendant la nuit du 12 juillet 1948. Ses 720 habitants ont fui les combats ou ont été expulsés. À côté des ruines de Suba se trouve aujourd'hui le kibboutz Tzova.
© Bruno Fert
Majdal Yaba. Longitude : 32°04’51” Nord, latitude : 34°57’24” Est. La petite ville de Rosh HaAyin, près de Tel-Aviv, a été construite sur les terres de Majdal Yaba. De ce village arabe ne subsistent que les ruines du château croisé de Mirabel où les mariés se font photographier.
© Bruno Fert
Lifta. Longitude : 31°47’43” Nord, latitude : 35°11’47” Est. Les habitants de Lifta, près de Jérusalem, ont été expulsés ou ont fui les combats en janvier 1948.
© Bruno Fert
Kafr’Inan. Longitude : 32°55’22” Nord, latitude : 35°25’06” Est. Il ne reste que des pierres blanches du village de Kafr’Inan, en Haute Galilée. En 1948 et 1949, les villageois expulsés sont revenus à plusieurs reprises. En 1950, leurs terres ont été définitivement confisquées.
© Bruno Fert
Haïfa. Longitude : 32°48’46” Nord, latitude : 35°00’8” Est. Situé sur le mont Carmel, le quartier de Wadi Salib à Haïfa était occupé par des Arabes chrétiens et musulmans jusqu’en 1948. L’année 1959 a vu une révolte très dure des Juifs marocains qui avaient été installés là, dans ces maisons devenues insalubres.
© Bruno Fert
Haïfa. Longitude : 32°48’46” Nord, latitude : 35°00’8” Est. Des maisons abandonnées du quartier de Wadi Salib à Haïfa.
© Bruno Fert
Haïfa. Longitude : 32°48’46” Nord, latitude : 35°00’8” Est. Ancienne maison de la famille de l'écrivain Ghassan Kanafani dans le quartier de Wadi Salib à Haïfa.
© Bruno Fert
Qubayba. Latitude : 31° 53’ 35.19” Nord, Longitude : 34° 46’ 5.97” Est. Le village a été vidé de ses habitants lors de l’opération Barak le 27 mai 1948. En 1945, Qubayba était peuplé de 1 720 habitants. Une école primaire y avait été fondée en 1929.
© Bruno Fert
Lifta. Longitude : 31°47’43” Nord, latitude : 35°11’47” Est. Dans les années 1940, 3 000 musulmans vivaient à Lifta, en bordure de Jérusalem. 55 maisons, certaines très belles, sont toujours debout.
© Bruno Fert
Lydda. Longitude : 31°56’55” Nord, latitude : 34°53’20” Est. Des enfants jouent dans les ruines de Lydda, dans le centre-ville de Lod.
© Bruno Fert
Lifta. Longitude : 31°47’43” Nord, latitude : 35°11’47” Est. D’anciens habitants du village ont été au cœur d’une bataille juridique pour empêcher la construction d’un complexe de logements de luxe sur les ruines du village.
© Bruno Fert
Bayyarat Hannun. Longitude : 32°17'33" Nord, latitude : 34°51'41.55" Est. Bayyarat Hannun fut conquis lors de l'opération « Coastal Clearing » en avril 1948.
© Bruno Fert
Majdal Yaba. Longitude : 32°04’51” Nord, latitude : 34°57’24” Est. Tombe d'un cheik à l'emplacement de l'ancien cimetière de Majdal Yaba.
© Bruno Fert
Tel-Aviv-Jaffa. Longitude : 32°5’16” Nord, latitude : 34°46’11” Est. Situé près de la mer et au pied du Hilton, le cimetière Abdel Nabi a été construit en 1902 pour les habitants de Jaffa, avant la fondation de Tel-Aviv, en 1909.
© Bruno Fert
Lifta. Longitude: 31°47’43” Nord, latitude: 35°11’47” Est. Le village aujourd'hui est très fréquenté. Notamment par des Juifs ultra-orthodoxes qui se plongent dans l’eau sacrée du bassin (Mikvé). Des jeunes religieux ont aussi pris l’habitude de venir y flirter ou fumer des joints.
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Que se passe-t-il en Bosnie ?Vingt ans après une guerre fratricide, le pays connaît une révolte inédite dans un pays privatisé, bradé pour les intérêts d'une clique qui instrumentalise nationalisme et islamisme afin de mieux masquer leur allégeance au consensus néo-libéral.
Depuis ce mercredi 5 février, la Bosnie s'est embrasée. Des manifestations d'ouvriers mis au chômage dans la ville industrielle de Tuzla, puis une vague qui s'est emparée des villes de Zenica, Banja Luka, Mostar et Sarajevo, où le siège du gouvernement fédéral a été brûlé ce vendredi.
Certains parlent déjà de « printemps bosnien », d'autres de « révolte citoyenne ». La désorganisation des manifestations, les violences anarchiques menées par des supporteurs de football instrumentalisées par le pouvoir pour légitimer la répression, peuvent inciter à la prudence.
Mais la colère est grande, les promesses de l'indépendance trahies dans un pays où on compte 44 % de chômeurs (57 % pour les moins de 25 ans), un tiers de pauvres et qui perdu 600 000 personnes depuis l'indépendance, contraintes à l'exil sur cette terre de misère.
La révolte des ouvriers de Tuzla est significative dans un pays miné par vingt ans de fausses divisions ethniques, de terreur sociale sur fond de chômage de masse, et de privatisation d'un pays bradé à une clique de kleptocrates vassalisés aux seigneurs américains et européens.
A Tula, dernier vestige du multi-culturalisme en Bosnie, bastion industriel du pays, les cinq principales entreprises publiques ont été privatisées entre 2000 et 2008 : Dita (sel), Polihem (chimie), Guming (gomme), Konjuh (meubles), Aida (chaussures).
Dans toutes ces entreprises, les nouveaux propriétaires ont racheté les usines, vendu les biens mobiliers et immobiliers, cessé de payer les travailleurs et préférer se déclarer en faillite, poussant au chômage plusieurs milliers de travailleurs. Comment en est-on arrivé là ?
« Tout privatiser » dans le nouveau far-west bosnien : un patrimoine public bradé, le paradis des multi-nationales
A la fin de la « guerre civile », on estime que 100 à 200 000 bosniaques ont péri, la quasi-totalité des infrastructures sont détruites (40 % des ponts, 35 % des routes ...), des dégâts estimés entre 10 à 40 millions de $, soit deux à quatre fois le PIB du pays avant la guerre.
Dans un pays qui a vu son PIB divisé par 5 entre 1991 et 1996, la destruction-reconstruction a été la condition macabre de la relance de la croissance après la guerre, les prêts du FMI ont permis de financer des contrats juteux pour les entreprises locales et internationales.
Après son indépendance, la Bosnie a été placée sous la dépendance du FMI qui nommait le gouverneur de la Banque centrale bosniaque (!), tandis que la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) pilotait le programme de privatisation.
L'Agence de privatisation bosniaque a fixé un programme simple : « Tout privatiser », dans un pays où en 1991, dans l'ex-Yougoslavie 1 200 entreprises publiques contrôlaient les grands services publics et l'industrie lourde (même si 90 % des 26 000 entreprises étaient privées!).
Les élites bosniaques ont privatisé petit bout par bout, suscitant parfois l'impatience du FMI et de la Banque mondiale. D'abord les petites entreprises (1995-1999), puis les banques (1999-2000), l'industrie lourde (2000-2010), enfin les secteurs stratégiques (2010-2014).
La liste est longue des entreprises privatisées : aujourd'hui 100 % du secteur bancaire est privatisé et sous la coupe du capital étranger (autrichien, allemand), l'industrie lourde est vendue au capital étranger, comme le groupe métallurgique RMK Zenica racheté par Arcelor-Mittal.
Pour 2014, le gouvernement bosniaque a mis en vente des entreprises stratégiques, déjà ouvertes au capital étranger, où l'Etat est déjà souvent minoritaire : RMK Zenica, Bosnian Airways, Energopetrol (pétrole), BH Telecom ou la Fabrique de tabac de Sarajevo.
Bosnaljek est un autre cas tragique. Ce groupe pharmaceutique est un des seuls à dimension internationale, opérant dans 22 pays. Il appartient désormais à un fonds d'investissement croate.
Ce monopole privatisé fait ses profits sur le malheur du peuple bosnien : les Bosniaques dépensent en moyenne 90 $ par tête et par mois (un cinquième du salaire moyen!) pour les médicaments destinés à soulager les troubles mentaux, un record.
Quant à Aluminij, un des rares groupes bosniens « compétitifs », il appartenait encore à 44 % à l'Etat, 44 % aux « salariés ». L'aluminium est le premier secteur d'exportation de la Bosnie.
L'Etat a décidé de vendre ses parts et celles des salariés (donc 88 % du capital) pour 80 millions d'€ … alors que le groupe a engrangé l'an dernier 550 millions de revenus !
Les privatisations ont fonctionné comme une grande duperie populaire. Comme en Russie, en République tchèque, les entreprises privatisées ont émis des « bons » (vouchers) remis aux salariés, pour les faire participer au projet, correspondant à des supposées parts de l'entreprise.
Confrontée à une misère galopante, la valeur ridicule des parts, les salariés se sont empressés de les vendre à quelques entrepreneurs qui ont récupéré l'essentiel du capital : une maquette de la loterie du capitalisme, tout le monde a sa chance mais ce sont toujours les mêmes qui gagnent à la fin !
Pour les « élites » bosniaques, il fallait tout privatiser, mais en échelonnant ce programme : il fallait d'abord détourner les fonds des entreprises publiques les plus rentables, pour pouvoir racheter les autres, et enfin privatiser les « joyaux de la couronne » pour tout rafler !
La Bosnie est un nouveau far-west, comme doit le reconnaître le Commissaire européen à l'élargissement, Stefan Fule, le pays est caractérisé, je cite par « une politisation du secteur public, un haut niveau de corruption, la passivité face au détournement de fonds ».
Et pourtant, la Bosnie est toujours l'élève modèle du FMI qui lui a accordé un plan de 1,2 milliards d'euros en 2009, de 800 millions d'euros en 2012 pour achever les « réformes structurelles ».
Il faut dire que la Bosnie est le paradis des multi-nationales : le pays connaît une « flat tax » pour l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés de 10 % (un record européen), un taux de cotisations sociales patronales de 10 %.
L’État garantit des exonérations fiscales totales si une entreprise exporte plus de 30 % de ses produits ou investit au moins 20 millions de mark en Bosnie : un énorme avantage pour nombre de grosses d'entreprises, ce qui fait de la Bosnie un paradis fiscal de fait au cœur de l'Europe !
L'islamisme bosnien, de la collaboration nazie au néo-libéralisme atlantiste
Mais qui sont ces élites kleptocrates qui s'enrichissent sur le dos du peuple bosniaque, qui vendent leur pays au capital étranger ? Ce sont les acteurs de la division de la Yougoslavie, les semeurs de haine religieuse et ethnique : les dirigeants du Parti d' Action démocratique (SDA).
D'où vient ce parti qui revendique fièrement son appartenance au « Parti populaire européen », ce symbole d'adhésion au néo-conservatisme, aux valeurs religieuses hypocrites professées par ses membres, à l'intégration à l'Europe supra-nationale.
Son histoire se confond avec celle d'Alija Izetbegovic qui a participé à la 'belle histoire' de l'islamisme yougoslave des années 1940 aux années 2000.
C'est à 16 ans qu'Izetbegovic participe à la fondation des « Jeunes Musulmans » (Mladi muslimani), une organisation calquée sur les Frères musulmans. On est en 1940, l'année d'après la Youglosavie est envahie par l'Allemagne nazie, dissoute, démantelée entre Serbie, Croatie et Monténégro.
L'Allemagne nazie peut compter sur l'organisation fasciste croate des Oustachis ainsi que sur les Jeunes musulmans bosniaques pour mener la chasse aux partisans yougoslaves, aux Juifs des Balkans et pour semer la terreur dans les campagnes bosniaques.
Sous l'égide du Grand mufti de Jérusalem, Hafj Amin al Husseini, sont organisés des bataillons bosniaques islamistes – auxquels participe Izetbegovic – la fameuse division Waffen-SS Handjar, qui allie la croix gammée au cimeterre des moudjahiddines.
A la libération, le nouveau pouvoir communiste condamne le collaborateur Izetbegovic à 3 ans de prison. Il se fait oublier, ré-active les réseaux islamistes de la guerre puis publie en 1969 la « Déclaration islamique », un manifeste totalitaire, au sens où Mussolini valorise le concept « totalitaire » pour qualifier l’État fasciste (« tout est dans l’État, rien en dehors »).
En effet, dans ce Manifeste, Izetbegovic proclame que « tout est religion », et la « fusion entre État et religion ». Il y affirme que son but est « l'introduction de l'Islam dans tous les domaines de la vie des individus, dans la famille et dans la société » ajoutant que « le Musulman n'existe pas en tant qu'individu indépendant ».
Si Izetbegovic proclame l'impossibilité d'instaurer un « État islamique » dans un pays qui n'est pas à majorité musulmane, il y prétend aussi l' « impossible coexistence pacifique entre religion islmaique et institutions non-islamiques » d'où la glorification du djihad contre les infidèles.
Ce manifeste a un impact limité, mais suffisant pour animer un renouveau du mouvement islamiste en Bosnie. Le pouvoir yougoslave, chancellant après la mort de Tito, décide de lancer un procès contre lui en 1983 et le condamne à 13 ans de prison sous motifs : « action contre la fraternité et l'unité, l'égalité entre nations, en vue de détruire la République socialiste de Yougoslavie ».
Les faits montreront la justesse de cette condamnation. En 1990, Izetbegovic profite de l'instauration du multi-partisme pour créer le fameux Parti d'Action démocratique (SDA). Il bénéficie alors d'une cote inédite en Europe et aux États-Unis, celle de l'« islamiste modéré » (sic).
Pourtant, Izetbegovic ne parvient pas à imposer son agenda néo-conservateur islamiste en Bosnie. En 1990, il est battu aux élections présidentielles par Fikrat Abdic, leader musulman modéré, favorable au maintien de l'unité de la Yougoslavie bien que membre du SDA.
Izetbegovic parvient de manière anti-démocratique à faire démettre Abdic par son propre parti et à le remplacer comme Président de la Bosnie. Un coup d’État sanctionné en 1992 d'une déclaration d'indépendance uni-latérale après un référendum démocratiquement gagné à … 99,5 % !
L'enchaînement des événements est limpide pour Izbetgevoic : seul un État à majorité musulmane peut imposer l' « Ordre islamique », ce qui n'est pas possible dans la Yougoslavie le sera dans la Bosnie indépendante, quitte à payer le prix du sang.
Sauf que la Bosnie était encore un Etat à minorité musulmane (à 44 %). La prochaine étape était le nettoyage ethnique, fomenter la guerre civile ethnique, dans un conflit fratricide où le but commun des nationalistes serbes, croates, bosniaques était la création d’États « ethniquement purs ».
Pendant la guerre civile, les nationalistes islamistes bosniaques vont accueillir plusieurs milliers de moudjahidin albanais, afghans, algériens financés par de l'argent saoudien et des Émirats.
Ils forment le noyau de la sinistre 7 ème Brigade musulmane qui brilla par ses atrocités. Izetbegovic va même recréer la « division Handjar », un hommage à la fameuse division de la SS à laquelle il a participé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Son projet n'est pas sans contradictions, jusque dans son propre camp.
La co-existence d'un nationalisme bosniaque n'est pas limpide avec celle de l'allégeance à l'umma islamique, celle de la défense de traditions islamiques complètement ré-inventées à concilier avec l'adhésion aux valeurs matérialistes de la révolution néo-conservatrice anglo-américaine.
Mais ce grand écart apparent, Izetbegovic va l'imposer. Cela passera d'abord par un Etat inexistant, divisé en deux républiques, laissant les « services sociaux » au secteur privé, à la religion, à la famille, cultivant le nationalisme xénophobe … pour mieux vendre le pays aux États-Unis, à l'Allemagne et à l'Arabie saoudite.
OTAN, Mark, FMI, Union européenne : un pays indépendant plus que jamais dépendant !
Loin de l'image fausse maintenue par les nationalistes, la Yougoslavie de Tito avait ancré la liberté religieuse, le multi-culturalisme égalitaire, la « fraternité et l'unité » (bratstvo i jedinstvo),encourageant la discrimination positive dans l'administration et les mariages mixtes.
Dans la Bosnie socialiste, à Mostar ou Sarajevo, les mariages mixtes comptaient pour plus de 30 % des Unions. Sous la Bosnie islamiste, les mariages mixtes furent condamnés, les « bâtards » mis au ban de la société, les amoureux maudits victimes des fatwas du Grand mufti.
Alors, cette fameuse « Bosnie indépendante », à quoi ressemble-t-elle ? A une féodalité vassalisée aux suzerains américain, allemand et saoudien.
On sait désormais que l'Allemagne (la RFA) a poussé de façon criminelle en 1990 pour forcer la sécession des Républiques yougoslaves – triomphant des réticences américaines et françaises – dans le but d'élargir sa sphère d'influence dans son vieux rêve, repris par les Nazis, de Mitteleuropa.
Symbole fort de la reconnaissance-vassalisation de la Bosnie envers l'Allemagne : l'adoption en 1995, à la place du dinar, du Mark allemand comme monnaie de référence. Encore aujourd'hui, si l'Allemagne a adopté l'Euro … la Bosnie a gardé le Mark !
La soumission de la Bosnie 'indépendante' aux Etats-unis, la récompense pour les « Accords de Dayton » de 1995, l'intervention des troupes de l'OTAN en faveur des hommes d'Izetbegovic : c'est le processus d'intégration de la Bosnie dans l'OTAN, encouragé par la Turquie évidemment.
En 2006, la Bosnie signe le « Partenariat pour la paix » (sic), instrument privilégié d'extension de l'OTAN dans l'ex-bloc communiste, puis en 2010 rentre dans le processus d'accession à l'OTAN … envoyant en même temps un contingent en Afghanistan, aux côtés des troupes américaines.
Enfin, allégeance aux bailleurs de fonds saoudiens, émiratis qui financent à coups de milliards des mosquées, des écoles coraniques, des bourses d'étude et introduisent une version fondamentaliste salafiste d'un Islam qui avait baigné en Bosnie dans un climat laic, syncrétique et multi-culturel.
Pour quel résultat ? La Bosnie est moins que jamais un Etat indépendant, plus que jamais une terre de misère, dépendante de l'étranger. Le pays a vu son agriculture ravagée, son industrie démantelée, ses services publics pillés.
Aujourd'hui, 44 % de la population est au chômage, un tiers dans la pauvreté. En 2003, 71 % des jeunes bosniaques déclaraient être prêts à quitter le pays si on leur en donnait l'opportunité. Le pays a perdu 600 000 âmes depuis l'indépendance. Quel avenir pour la « nation bosniaque » !
La souveraineté est un vain mot quand le déficit commercial avoisine les 30 % du PIB : 10 milliards de $ d'importations et 5 milliards d'exportation, pour un PIB de 17 milliards. A titre de comparaison, la Grèce a un déficit commercial de 4 % du PIB, la France de 2 % du PIB.
Des chiffres colossaux qui alimentent la hausse de la dette passée de 29 à 45 % entre 2006 et 2012, sert de prétexte à l'adoption des « réformes structurelles » du FMI : coupes dans les allocations sociales, baisse des salaires et retraites, privatisations.
Le pays devient de plus en plus dépendant de ses partenaires commerciaux : d'abord l'Allemagne (1 er débouché, troisième fournisseur), la Croatie (2 ème débouché, 1 er fournisseur) et l'Autriche (le 1 er investisseur qui contrôle notamment le secteur bancaire).
C'est dans le contexte de cette dépendance accrue envers ses « partenaires » européens que la Bosnie a signé l'Accord d'association avec l'Union européenne en 2009, un traité de libre-échange qui ouvre le marché bosniaque aux produits croates, allemands ou autrichiens, sans taxes
ce qui ne fait bien sûr que renforcer sa dépendance extérieure, continuer de couler les industries bosniaques faiblement « compétitives », accélérer le bradage du patrimoine public aux investisseurs capitalistes allemands ou autrichiens.
Les ouvriers de Tuzla ont bien raison quand ils dénoncent ce « gouvernement des voleurs ». La Bosnie d'Izetbegovic a volé le patrimoine public, volé leur emploi, volé leur patrie, volé un rêve, celui de la Yougoslavie : un État socialiste, multi-culturel, de « fraternité et d'unité ».
Je pense que si on veut avoir davantage d’étudiants [qui lancent des entreprises, ndlr], si on veut avoir une vraie équipe France, c’est la culture qu’il faut changer et il faut commencer très tôt, il faut même commencer dès l’école maternelle.
Mais comme je suis responsable de l’enseignement supérieur et de la recherche, je commence à la recherche !
Geneviève Fioraso
Si les idées de Geneviève Fioraso étaient mises en œuvre, nous pourrions avoir des fêtes de l’école qui ressemble à cela en maternelle :
Il n’est sans doute pas inutile de rappeler à notre ministre que même à son niveau, c’est-à-dire celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’article L141-6 du Code de l’éducation, qui dit que « Le service public de l’enseignement supérieur est laïque et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ; il tend à l’objectivité du savoir ; il respecte la diversité des opinions. Il doit garantir à l’enseignement et à la recherche leurs possibilités de libre développement scientifique, créateur et critique », le monde l’entreprise n’a pas à s’immiscer de la sorte !
C’est l’occasion pour l’UFAL de rappeler son attachement à la laïcité scolaire qui permet cette séparation entre l’école publique et à la société civile. Sans cette séparation, aucune instruction n’est possible.
L’Humanité publie un hors-série hommage au groupe Manouchian, pour les 70 ans de l’Affiche Rouge. Un CD inédit de HK et les Saltimbanks chantant l’Affiche Rouge est inclus, avec également un poster reproduisant l’Affiche Rouge et aussi le poème saisissant de Louis Aragon.
Il y a 70 ans, le 21 février 1944, les 23 membres du groupe Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI), dirigés par Missak Manouchian étaient exécutés au Mont-Valérien pour cause de résistance après des mois d’insoutenables tortures puis un jugement expéditif par un tribunal militaire allemand.
Les nazis en firent une affiche qui par la suite devint célèbre par l’inversement de son idéologie. L’Affiche Rouge, instrument de propagande utilisée pour contrer la Résistance, désignant les 23 membres de groupe Manouchian d’armée criminelle, stigmatisera l’origine étrangère de ces derniers faisant preuve d’un racisme et d’une hostilité incomparable.
« Il est très utile de se remémorer l’Affiche rouge, alors que sévit une sorte de chasse à l’étranger, avec son cortège d’antisémitisme, de racisme et de haine de l’autre » souligne Patrick Le Hyaric, le directeur de l’Humanité, dans son éditorial.
Ce hors-série de 52 pages de l’Humanité consacré aux 70 ans de l’Affiche Rouge permet de se remémorer le sacrifice du groupe Manouchian qui suscite depuis ce jour admiration et dignité. L’Humanité vous dévoile des documents d’archive qui pour la plupart ne sont jamais parus encore jusqu’à aujourd’hui, avec notamment un portrait de Missak Manouchian, un entretien avec Julien Lauprêtre, des témoignages poignants notamment celui de Léon Londini ou encore Roger Trungan ainsi que divers documents.
Ce hors-série s’accompagne d’un disque de l’artiste HK et les Saltimbanks contenant 5 chansons extraites du nouvel album « HK et les déserteurs » dont l’Affiche Rouge (Léo Ferret), En groupe en ligue en procession (Jean Ferrat), Les loups sont entrés dans Paris (Serge Reggiani), Noir et Blanc (Bernard Lavilliers) et l’Auvergnat (Georges Brassens).
Safouane Abdessalem