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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 13:31

                            CHRONIQUES DU FASCISME 

 

 

source:Assawra - الثورة

samedi 17 janvier 2015

 

L'EI enrôle les enfants pour en faire des combattants

Les images sont glaçantes. Dans une vidéo publiée par l'EI, un jeune garçon exécute froidement deux hommes agenouillés devant lui. La vidéo illustre la détermination des djihadistes à endoctriner une nouvelle génération. L'apprenti djihadiste, aux cheveux mi-longs et noirs, paraît avoir une douzaine d'années et il vient de tuer deux personnes accusées de travailler pour les services de renseignements russes, selon une affirmation de l'EI qui n'a pu être indépendamment confirmée.
Le jeune bourreau était déjà apparu dans une vidéo de propagande de l'EI en 2014. Interrogé sur ce qu'il comptait faire plus tard, le garçon répondait : "Je serai celui qui vous massacre, vous les infidèles. Je serai un moudjahid [combattant de Dieu]". Dans ces prises de vue, ce garçon, qui dit se nommer Abdallah et venir du Kazakhstan, remonte une kalachnikov sous le regard d'autres jeunes de son âge. Les enfants assistent en outre à des cours de religion et d'arabe et participent à des exercices de tir puis à un entraînement physique. "Ils sont la prochaine génération", prévient le narrateur.
Ces six derniers mois, explique Charles Lister, analyste au Brookings Doha Center, l'EI a "graduellement augmenté le niveau de la violence à laquelle se livrent des enfants" dans son matériel de propagande, "leur dernière vidéo étant le degré le plus extrême jusqu'à présent".
"Présenter des enfants accomplissant des actes d'une telle violence est une façon pour l'EI de suggérer que tout homme en âge de se battre devrait prendre part à sa lutte armée", dit M. Lister. En inculquant cette extrême violence dès l'enfance, le groupe djihadiste cherche surtout à "créer un environnement qui va lui permettre de continuer à recruter des partisans pour les années à venir", estime-t-il encore.
Pour l'EI, il s'agit de faire en sorte que son "califat", décrété fin juin sur les territoires qu'il contrôle en Syrie et en Irak, s'inscrive dans la durée. L'EI n'est pas le seul à utiliser des enfants pour sa propagande, explique Aymenn al-Tamimi, chercheur au Middle East Forum, mais pour cette organisation, le message est particulier "car elle se présente comme un véritable État". "L'EI juge que les enfants sont essentiels pour perpétuer son existence", assure M. Tamimi, qui estime que l'utilisation par ce groupe d'images de jeunes enfants a commencé à être notable à la mi-2013, quand, portant alors un autre nom, il "cherchait à démontrer son influence en Syrie".
Aujourd'hui, l'EI publie nombre de photos de propagande où figurent des enfants. L'une d'elles montre un groupe de garçons, portant des cagoules et tenues de camouflage, kalachnikov en mains et posant fièrement devant le drapeau noir de l'organisation. Sur une autre image, on voit deux kalachnikovs près d'un très jeune garçon ceint d'une réserve de chargeurs, debout dans des bottes de soldat bien trop grandes pour lui. Plus récemment encore, le groupe a diffusé deux photos de fillettes voilées, une kalachnikov à la main.
Cet endoctrinement idéologique, plus encore quand il est doublé d'une participation active à des actes violents, a des conséquences psychologiques dramatiques sur les enfants, estime Jeffrey Bates, porte-parole de l'agence des Nations unies pour l'enfance (Unicef) en Irak.
"Les exemples ne manquent pas dans le monde depuis des décennies montrant l'impact de tout cela sur des enfants, c'est dévastateur", indique M. Bates, qui assure que cela posera un problème majeur à l'Irak dans quelques années. "On ne peut pas surestimer la portée de ce problème, on parle là de milliers et de milliers d'enfants."

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 13:17

                                                                          cerveau animé

 

 

source:Le Monde Diplo.

L’islamophobie, « Le Monde » et une (petite) censure

mardi 5 novembre 2013, par Alain Gresh

On trouvera une traduction de l’article en arabe ici.

Le débat sur l’islamophobie en France a été relancé ces dernières semaines. Les agressions physiques contre des jeunes filles portant le foulard — les femmes sont toujours les premières victimes —, la proposition de feu le Haut conseil à la (désin)tégration d’interdire le port du foulard à l’université, le livre de Claude Askolovitch, Nos mal-aimés, ces musulmans dont la France ne veut pas (Grasset), le premier travail universitaire approfondi et remarquable, de Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent “le problème musulman” (La Découverte) y ont contribué [1].

Les pages débat du Monde (1er novembre) ont donné la parole à divers intervenants défendant, comme il se doit, des positions diamétralement opposées. Ces textes sont accessibles aux abonnés. Mais je reproduis ci-dessous le texte de Thomas Deltombe, auteur de L’islam imaginaire, la construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005 (La Découverte) : « Une idéologie rance et raciste abritée derrière un masque humaniste ». D’abord parce que je le trouve remarquable. Ensuite parce qu’il a fait l’objet d’une petite censure des responsables du journal, censure sur laquelle l’auteur n’a jamais été consulté.

Thomas Deltombe explique :

« Le Monde m’a fait valider un texte définitif dans lequel l’éditorial du Monde du 27 septembre, la “caricature” de Plantu du 1er octobre et la mise au point du médiateur du Monde, Pascal Galinier, du 4 octobre étaient explicitement mentionnés. Dans la conclusion de cet article du médiateur, intitulé fort à propos “Les intouchables ?”, Plantu expliquait : “Le dessin fait dire des choses qu’on n’aurait pas dites sans avoir vu l’image, et c’est parfait pour le débat”. Pour le débat ? Mais pas dans les pages “Débats” du Monde ! »

Voici donc le texte intégral. En gras les passages censurés :

Une idéologie rance et raciste
abritée derrière un masque humaniste

On a pu croire, en cet automne 2013, que l’ère du déni était terminée. Après la série d’agressions antimusulmanes de cet été, qui — pour la première fois — ont été médiatisées, deux livres venaient rappeler que l’islamophobie n’est pas une lubie : celui du journaliste Claude Askolovitch, dont le titre, Nos mal-aimés. Ces musulmans que la France ne veut pas, indique clairement que son auteur, jadis moins lucide, a rompu avec le petit milieu qui prospère sur la haine des musulmans ; et celui des sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », qui fait le point sur les recherches académiques menées depuis une dizaine d’années, en France et ailleurs, sur ce racisme New Age. Commentant ce dernier ouvrage, un éditorial du Monde du 27 septembre admit enfin l’évidence : l’islamophobie n’est pas un « fantasme », mais bien une « réalité ».

On dut pourtant rapidement déchanter. Car la machine islamophobe, si puissante, si violente, se remit immédiatement en branle. Après avoir reconnu — fait inédit — qu’il existait un « racisme antimusulman », la polémiste Caroline Fourest précisa que ce racisme était l’exclusivité de quelques excités et nia toute validité au concept d’« islamophobie », qu’elle incarne pourtant parfaitement (France culture, 1er octobre). Les hebdomadaires ressortirent de leurs tiroirs leurs éternels « intégristes » qui, coupables de tout, permettent aux éditorialistes de rameuter les troupes. Il est urgent de « combattre », nous exhorte Christophe Barbier en préambule du énième dossier que L’Express consacre au « communautarisme » (8 octobre). Quant à l’éditorial du Monde, il fut confirmé trois jours plus tard à la une du journal par un de ses dessins douteux dont Plantu est devenu coutumier (Le Monde, 1er octobre). Faisant une analogie entre un musulman haineux (« Islamorama ») et un syndicaliste hargneux (« Castorama »), cette « caricature » rappela à certains lecteurs — comme le rapporte le médiateur (Le Monde, 4 octobre) — l’iconographie antisémite et anticommuniste du journal Je suis partout dans les années 1940.

Le dessin de Plantu rappelle aussi un autre événement qui mérite d’être mentionné, car il peut être considéré comme l’acte de naissance de l’islamophobie contemporaine en France. C’était il y a trente ans, en janvier 1983 : confronté à un vaste mouvement social dans une industrie automobile en crise, le gouvernement « socialiste », en pleine reconversion néolibérale et décidé à ne rien céder aux ouvriers, discrédita médiatiquement les grévistes, dont beaucoup étaient immigrés, en les assimilant aux mollahs iraniens. « Des grèves saintes d’intégristes, de musulmans, de chiites ! », s’enflamma le ministre de l’intérieur. Le stratagème provoqua quelques remous à gauche. Le Nouvel Observateur dénonça cet « anti-islamisme indistinct » qui « conduit à voir en chaque musulman un complice virtuel de Khomeyni ». Quant à Libération, il y vit le prélude d’un raz-de-marée « raciste ». Malgré ces avertissements, vite oubliés, l’entourloupe fonctionna. La presse obéissante fit ses choux gras des « intégristes » en col bleu. Satisfaites, la droite et l’extrême droite constatèrent à cette occasion qu’il était plus efficace, pour insulter les « bougnoules », de les appeler « musulmans ».

Car telle est la fonction de l’islamophobie : encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable. C’est cette machine à raffiner le racisme brut, lancée par les socialistes en 1983, qui tourne à plein régime depuis trente ans, à gauche comme à droite. On ne parle évidemment jamais de « bougnoules » à la télévision et dans la presse, et assez peu d’Arabes et de Noirs. Mais on diffuse à flux continu des reportages où se déverse un magma confus de « musulmans », d’« islamistes » et autres « communautaristes ». Rien de raciste, bien sûr ! C’est simplement que ces gens-là posent « problème », nous dit-on, car ils menacent la « république », la « laïcité », le « féminisme », le « vivre ensemble ». Ainsi encodé, ce racisme raffiné, produit dans les beaux quartiers, imprimé dans les journaux, mis en scène à la télévision, propagé par email et sur réseaux sociaux, se dissémine dans toute la société. Laquelle, ainsi habituée à vivre dans un mélange de peur identitaire et d’angoisse sécuritaire, est sommée de traquer les voiles litigieux, de mesurer les poils de barbe et de signaler le moindre « colis suspect ». Attentifs ensemble !

Alimentée depuis trois décennies par des bataillons d’éditocrates sur-payés, l’islamophobie est devenue une arme psychologique redoutable. Les premières victimes sont bien sûr « musulmanes », ou supposées telles. Suspectées, disqualifiées, déshumanisées par la propagande néo-raciste, elles sont d’autant plus « légitimement », et parfois légalement, discriminées, exclues, arrêtées ou agressées qu’on en a fait des « objets phobogènes », comme disait le psychiatre Frantz Fanon. Mais derrière les musulman.e.s, la cible est plus large : l’islamophobie est devenue l’arme secrète d’une guerre sociale diffuse. Par effraction, ce racisme sans race, cette haine respectable, installe dans nos têtes l’idée d’une société assiégée, allergique à la nouveauté, à l’étrangeté, à la pluralité. Derrière son masque « humaniste », parfois même « antiraciste », cette idéologie rance ne rejette pas seulement les musulmans. Elle chasse aussi les roms, fabrique des « clandestins », protège les privilégiés contre les « parasites », quels qu’ils soient. Des musulmans d’Islamorama aux syndicalistes de Castorama : raccourci édifiant.

En 1984, un an après la manœuvre anti-ouvrière du gouvernement socialiste, le Front national remportait ses premiers succès électoraux, lors des scrutins municipaux et européens. En 2014, le parti lepéniste est d’ores et déjà assuré d’un nouveau triomphe. Mais ceux qui nourrissent la bête immonde depuis trente ans n’y sont pour rien. C’est la faute aux « intégristes » !

Notes

[1] Lire aussi Mona Chollet, « “Oui mais quand même, la religion, c’est mal” », Périphéries, 11 août 2013.

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 13:05

 

                                                       CERVEAU           

 

 

cc Flickr / sébastien amiet;l
 16 janvier 2015

Penser l’après-janvier 2015

Liberté d’expression, laïcité, islamophobie, "union sacrée", réponse sécuritaire, rôle de l’école… Les intellectuels se sont mobilisés pour donner un sens aux lendemains des attentats. Sélection des textes les plus marquants.

L’onde de choc des attentats des 7 et 9 janvier n’a pas fini de produire des effets qu’il est aujourd’hui difficile de calculer. Pour sortir plus vite de la stupeur, pour mesurer les dangers et poser les questions les plus essentielles, nombre d’intellectuels se sont exprimés, selon des positions qui marquent souvent des convergences, parfois des désaccords.

Nous proposons ici une sélection de ces contributions, regroupées par thèmes, afin de nourrir une réflexion plus que jamais indispensable.

Contre les stigmatisations


Olivier Roy : "La peur d’une communauté qui n’existe pas"
« Et pourtant, on ne cesse de parler de cette fameuse communauté musulmane, à droite comme à gauche, soit pour dénoncer son refus de vraiment s’intégrer, soit pour en faire une victime de l’islamophobie. Les deux discours opposés sont fondés en fait sur le même fantasme d’une communauté musulmane imaginaire. »

Didier Fassin : "Notre société a produit ce qu’elle rejette aujourd’hui comme une monstruosité infâme"
« Alors, se réclamant de valeurs dont ils oublient qu’eux-mêmes les appliquent sélectivement tandis qu’elles sont reconnues par la plupart des musulmans, celles et ceux qui considèrent qu’il serait dangereux de comprendre s’indignent. »

Collectif : "Plus que jamais, il faut combattre l’islamophobie"
« Nous ne défendons pas les musulmans, mais l’avenir de la société française dans sa diversité. Nous représentons un espoir que nos détracteurs risquent de détruire. L’essentiel est d’assurer l’égalité entre tous. »

Éric Fassin : "De #JeSuisCharlie à #NotInOurName"
« On aimerait, sans trop y croire, que les figures publiques qui jouissent aujourd’hui en toute bonne conscience d’une célébration des valeurs démocratiques, à leur tour, se sentent appelées à protester contre leur récupération islamophobe, xénophobe et raciste. »

Quelle laïcité ?


Pierre Khalfa et Gustave Massiah : "Mettons la laïcité au service de l’intégration et non de la stigmatisation"
« Ne pas voir que le vocable de laïcité est l’enjeu d’une bataille politique pour sa définition laisse la porte ouverte à toutes les interprétations. Se contenter aujourd’hui de se réclamer de la laïcité sans en définir le contenu peut amener à toutes les dérives. »

Jean Baubérot : "Être Charlie. Être laïque"
« Attention à ne pas canoniser les victimes. Attention à accepter le droit à la critique, fut-elle considérée comme blasphématoire, à l’égard de représentations de la laïcité, comme à l’égard de représentations philosophiques ou religieuses. »

Contre l’union sacrée


Frédéric Lordon : "Charlie à tout prix ?"
« Il y a une façon aveuglée de s’extasier de l’histoire imaginaire qui est le plus sûr moyen de laisser échapper l’histoire réelle — celle qui s’accomplit hors de toute fantasmagorie, et le plus souvent dans notre dos. Or, l’histoire réelle qui s’annonce a vraiment une sale gueule. »

André Gunthert : "La défaite Charlie"
« Soudée par la peur, le deuil et la colère, la communauté qui fait bloc contre l’ennemi est profondément régressive. Elle se berce de symboles pour faire mine de retrouver une histoire à laquelle elle a cessé depuis longtemps de croire. »

Collectif : "Non à l’union sacrée !"
« Nous ne participerons pas à l’union sacrée. On a déjà vu à quelle boucherie elle peut mener. En attendant, le chantage à l’unité nationale sert à désamorcer les colères sociales et la révolte contre les politiques conduites depuis des années. »

Critique de la religion et liberté d’expression


Haoues Seniguer, Abdellatif Idrissi, Dominique Avon, Rachid Benzine : "Le monde souffre de schizophrénie"
« Loin de nous l’idée de réduire les religions, comme les idéologies non-religieuses, à la face violente qu’elles ont véhiculée dans l’histoire. Mais qui osera affirmer que des paroles et des actes mortifères n’ont jamais été commis au nom d’une foi, quelle qu’elle soit, à travers l’histoire ? »

Karim Emile Bitar : "Caricatures et liberté d’expression : le choc des hypocrisies"
« Mais au-delà des petites tartufferies des derniers jours, c’est tout le débat autour de la liberté d’expression et des caricatures du prophète qui a eu lieu depuis dix ans autour de Charlie Hebdo qui a été marqué par le choc de deux monumentales hypocrisies parallèles, chaque partie se montrant incapable de faire tomber ses œillères et de sortir de la paranoïa, du double discours et des indignations sélectives. »

Christophe Ramaux : "La gauche radicale a eu tort d’attaquer la prétendue islamophobie de Charlie"
« La rédaction de Charlie avait raison : en les accusant d’islamophobie, c’est un procès en racisme que d’aucuns s’autorisaient à son encontre. Une salissure ignoble pour ces dessinateurs et écrivains qui ont toujours eu l’antiracisme chevillé à la plume. »

Menaces sur les libertés


Robert Badinter : "On ne touche pas au cœur de la démocratie sans s’affaiblir"
« Ne nous laissons pas aller à ces ripostes de papier presque dérisoires qui consistent à fabriquer textes, exceptions qui méconnaissent les principes fondamentaux. (…) Il faut être extrêmement ferme face à des réactions que l’on peut comprendre, le désir de protection contre des tueurs, mais ce n’est pas là que cela se situe. »

La Quadrature du Net : "Non à l’instrumentalisation sécuritaire"
« Depuis 1986 chaque acte terroriste a été suivi d’une loi antiterroriste, lesquelles entraînent systématiquement un recul des libertés fondamentales au prétexte de la sécurité. »

Pour conjurer le pire


Dominique G Boullier : "Il y aura d’autres Charlie tant que…"
« Oui, il faut défendre becs et ongles la liberté contre le totalitarisme des sectes islamistes mais il faut réfuter les modèles de liberté libérale qu’a engendrés la finance et qui ont détruit de l’intérieur le moral et la morale des pays capitalistes pour générer partout le ressentiment. »

Roger Martelli : "Se sortir de la guerre et non pas chercher à la gagner"
« Si notre société s’accoutumait durablement à l’idée qu’elle est en guerre, toute faille dans l’État de droit conduirait immanquablement à la déraison d’État. Auquel cas, comme par une ironie de l’histoire, on pourrait se dire que Ben Laden et les tueurs de Paris ont gagné "leur" guerre. »

Étienne Balibar : "Trois mots pour les morts et pour les vivants"
« À l’exploitation de l’islam par les réseaux jihadistes (…) ne peut répondre qu’une critique théologique, et finalement une réforme du "sens commun" de la religion, qui fasse du jihadisme une contrevérité aux yeux des croyants. »

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 12:50

 

                                                           cerveau animé

 

 

                On achève bien les enfants

                                                                Gaza 2014

 

Les enfants pakistanais morts dans un attentat à Peshawar, au début du mois de décembre, ont attiré l’attention des médias, à juste titre. Chaque année, de nombreux enfants viennent grossir les bilans macabres des différents conflits, mais leurs morts n’entrent que trop rarement en ligne de compte au moment de les analyser. Victimes collatérales ou cibles délibérées ?

par Patrick Howlett-Martin, vendredi 26 décembre 2014
« Pourquoi faut-il que souffrent aussi les enfants ? Dira-t-on qu’ils portent dans leur chair les péchés de leurs parents et qu’ils en sont par conséquent solidaires ? Un mauvais plaisant objectera peut-être que l’enfant grandira et péchera à son tour, le moment venu. Mais ce garçon de huit ans n’a pas eu le temps de grandir et il a été déchiré par les chiens. Aucune harmonie future ne rachètera une seule des larmes de l’enfant martyr. Si les larmes des enfants sont indispensables pour parfaire la somme de douleur qui sert de rançon à la Vérité, j’affirme catégoriquement que celle-ci ne mérite pas d’être payée un tel prix ».

Dostoïevski, Les Frères Karamazov.

C’est à la haine, au deuil et à la douleur provoqués par les violences subies par les familles du Proche-Orient, au cours de ces dix dernières années, que l’on doit le terrible attentat contre une école d’enfants de militaires pakistanais à Peshawar, le 6 décembre 2014, dans lequel cent trente-deux d’entre eux ont été assassinés par balles par un commando taliban.

Lors d’une émission télévisée de la chaîne américaine CBS (« 60 minutes ») le 12 mai 1996, Mme Madeleine Albright, alors secrétaire d’Etat du gouvernement de M. William Clinton, interrogée par la journaliste Lesley Stahl sur les sanctions à l’encontre de l’Irak — tenues pour responsables, selon un rapport de l’Unicef, de la mort de cinq cent mille enfants, un nombre plus élevé qu’à Hiroshima —, avait répondu que le prix était certes élevé mais valait la peine d’être payé (1). Le secrétaire à la défense de M. Anthony Blair avait eu des propos équivalents lorsqu’il avait été interviewé à la radio sur le sort des enfants irakiens victimes des bombes à fragmentation utilisées par l’armée britannique. Ainsi, dans les attentats ciblés, la présence d’enfants est délibérément ignorée : pour tuer un militant du Hamas (Essa al-Batran), Israël bombarde sa maison sise au camp de Bureij, dans la bande de Gaza, et tue ses cinq enfants. Pour assassiner Nizar Rayan, un dirigeant du mouvement islamiste, le 2 janvier 2009, l’aviation israélienne détruit sa maison et ses onze enfants (2). Afin d’éliminer le général lybien El Khweldi El-Hamedi, l’OTAN tue treize civils dont trois de ses petits-enfants. L’éditorial du magazine Military Times du 3 décembre 2012, qui appartient au plus grand groupe de presse américain (Gannett Company), affirme que les enfants afghans peuvent être pris pour cibles par les forces de l’OTAN parce que les talibans les utiliseraient comme complices de leurs actes (3). Dans le village afghan de Uwshi une fillette de huit ans fit détoner une bombe près d’un commissariat de police et en fut la seule victime (4). Lors de l’offensive de Gaza en 2009, des soldats israéliens utilisèrent un jeune Palestinien de 9 ans, à Tel al-Hawa, comme chien renifleur pour d’éventuelles bombes dissimulées (5).

Les opérations militaires, comme les attentats terroristes, font plus de victimes chez les enfants désemparés que chez l’ennemi armé. En Afghanistan, à Baghlan, un attentat terroriste perpétré le 6 novembre 2007 tue cinquante-neuf écoliers (6) ; le 9 juillet 2009, un autre attentat, à Kaboul, fait seize autres victimes, âgés de 8 à 12 ans (7). Lors des opérations militaires israéliennes contre Gaza, entre septembre 2000 et novembre 2004, cinq cents enfants palestiniens, qui ne prenaient évidemment pas part aux combats, sont tués et plusieurs milliers blessés. Au terme de la deuxième offensive (décembre 2008 - janvier 2009) trois cent treize enfants ont été abattus selon le rapport d’Amnesty International (8). Lors des bombardements de l’aviation israélienne de décembre 2012, trente-trois sont morts et deux cent quarante-sept blessés, selon le Centre palestinien des droits de l’Homme. A Gaza, comme à Sderot, 75 % des enfants de 4 à 15 ans sont atteints du syndrome de stress post-traumatique. A Houla, près de la ville de Homs, au mois de mai 2012, les milices syriennes pro-Assad ont assassiné méthodiquement 32 enfants, égorgés ou tués d’une balle dans la tête (9).

Le taux de mortalité infantile dans les camps de réfugiés de la capitale afghane est parmi les plus élevés au monde : 144 pour 1 000 enfants de moins de 5 ans. Ce chiffre signifie qu’un enfant sur sept ne survivra pas jusqu’à sa sixième année. Rod Norland, le correspondant du New York Times à Kaboul, a donné la liste nominative de vingt-deux enfants de moins de 5 ans morts de froid dans ces camps pour le seul mois de janvier 2012 (10).

Il a fallu attendre sept ans pour que le sergent Frank Wuterich, leader de la patrouille responsable de l’exécution de sept enfants et de leurs mères à Haditha (Irak), en 2005, soit jugé. Sanctionné par la justice militaire pour… « négligence » (negligent dereliction of duty), sa promotion a été ajournée tandis que sept de ses acolytes étaient relaxés (11).

A la morgue de Bagdad, se trouve une pièce sombre, celle dite des absents, ou des centaines de portraits d’enfants non identifiés, aux visages généralement maculés de sang, sont projetés sur quatre écrans afin que des parents ou voisins puissent les identifier et se recueillir sur leur tombes numérotées dans le cimetière voisin.

A tuer des enfants que peut-on espérer sinon plus de deuils, de haine et de violence ?

Patrick Howlett-Martin est diplomate. Son livre le plus récent est La politique étrangère du Brésil (2003-2014). L’émergence contestée, L’Harmattan, décembre 2014.

(1) Le texte original (consultable ici) est le suivant :
- “We have heard that half million children have died. I mean that´s more children than died in Hiroshima. Is the price worth it ?”
- “I think, this is a very hard choice, but the price, we think the price is worth it.”

(2) Ashraf Khalil, Ahmed Burai, « Israeli strike kills a top Hamas leader in Gaza », Los Angeles Times, 2 janvier 2009.

(3) Bob Dreyfuss, « The US military approves bombing children », The Nation, 4 décembre 2012.

(4) Joshua Norman, « 8-year-old Afghan tricked into suicide bombing », CBS News, 26 juin 2011.

(5) Anshel Pfeffer, « Two IDF soldiers charged with using 9-year-old human shield in Gaza war », Haaretz, 11 mars 2010.

(6) Tahir Quadiry, « Suicide bomber kills 50 in northern Afghanistan », Reuters, 6 novembre 2007.

(7) Abdul Waheed Wafa, Alan Cowell, « Truck blast in Afghanistan leaves at least 24 dead », The New York Times, 9 juillet 2009.

(8) Rapport sur la guerre de Gaza, 25 août 2009.

(9) Neil Mac Farquhar, Hwaida Saad, « Many children among victims in Syria attack », International New York Times, 26 mai 2012.

(10) Rod Nordland, « Driven away by a war now stalked by winter’s cold », International New York Times, 3 février 2012.

(11) « Anger in Iraq after plea bargain over 2005 massacre », The New York Times, 24 janvier 2012.

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 11:51

                                                                 cerveau animé

 

 

    Le respect dû aux croyants de diverses confessions ne peut pas s'opposer au droit au blasphème qui s'adresse aux croyances.

 

*  Rire des travers du catholicisme ou autres confessions chrétiennes n'est pas la preuve d'un laicisme borné!

 

* Rire des travers du judaîsme, n'est pas la preuve d'un antisémitisme, qui  relève, lui, de  l'ignorance, quand ce n'est pas de la maladie mentale.

 

*  Rire des travers de l'Islam, n'est pas la preuve d'une islamophobie, qui relève, elle-aussi,de  l'ignorance, quand ce n'est pas de la maladie mentale...

 

                                                                                                        U Cursinu Rossuu-cursinu-rossu.jpg

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 11:30

                                                                         cerveau animé

 

 

 

Blasphème. Un texte de JL Mélenchon qui mériterait d'être lu dans les collèges, les lycées et ailleurs.


Voici la contribution très intéressante écrite par Jean-Luc Mélenchon sur le « Droit au blasphème » dans le « Dictionnaire de la laïcité » publié chez Armand Collin. Il rappelle qu’en République, le blasphème n’existe pas.

 

Un blasphème est un discours jugé insultant à l’égard de ce qui est vénéré par les religions ou de ce qu’elles considèrent comme sacré. Mais « le blasphème n’est scandaleux qu’aux yeux de celui qui vénère la réalité blasphémée » a dit Pierre Bayle au XVIIème siècle. Aucune loi n’institue un espace sacré dont le contenu serait placé hors du champ de la loi librement débattue. Il n’y a donc pas de blasphème « objectif ». La notion de blasphème étant strictement religieuse, il existe du point de vue d’une société laïque une liberté de pensée et d’expression qui ne reconnait pas la limite de l’espace imaginaire déclaré comme sacré par les religions. Il n’y a donc pas de droit au blasphème puisque le blasphème n’a aucune réalité ni dans l’ordre de faits observables ni dans l’ordre juridique. Le « droit au blasphème » est donc aussi total que celui d’injurier le Père Noël.

 

Pourtant, les religions monothéistes ont réussi à imposer la condamnation du blasphème comme une norme. On trouve la condamnation à mort du blasphème dans les textes fondamentaux du Judaïsme, Christianisme et Islam.

 

Dès un des premiers livres recueillis dans la Bible, le Lévitique (24.1016), on peut lire : « celui qui blasphémera le nom de l’Éternel sera puni de mort, toute l’assemblée le lapidera. Qu’il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de dieu »

 

Selon l’apôtre Jean, les Juifs voulaient lapider Jésus, parce que, étant homme, il disait être dieu, ce qu’ils estimaient être un blasphème (Jean 10 : 33). Puis les serviteurs de dieu sont aussi accusés de blasphème par Saint Marc : « Vous venez d’entendre le blasphème : que vous paraît-il? » Tous le condamnèrent (comme) méritant la mort » (Mc 14,64).

 

Dans le Coran, l’insulte à Allah ou la compagnie de blasphémateurs est passible de mort également : « Ceux qui injurient (offensent) Allah et Son messager, Allah les maudit ici-bas, comme dans l’au-delà et leur prépare un châtiment avilissant » [Sourate Al Ahzab 33:57]

 

Les religions sont donc unanimes pour condamner le blasphème, même si elles en donnent des définitions et des modalités de répression fluctuantes. Cela atteste de la subjectivité absolue du blasphème et de l’impossibilité de le réprimer notamment dans une société où se pratiquent plusieurs religions.

 

En France, le blasphème fut passible de mort jusqu’à la Révolution Française. La victime la plus tristement célèbre de cette loi religieuse étant le Chevalier de la Barre. Il fut accusé en 1765 de blasphème pour avoir chanté deux chansons libertines irrespectueuses à l’égard de la religion et être passé devant une procession en juillet 1765 sans enlever son couvre-chef. Après dénonciation, une perquisition menée au domicile de La Barre amène à la découverte de trois livres interdits (dont le Dictionnaire philosophique de Voltaire et des livres érotiques) : plus de doute pour les juges d’alors : il est coupable. Arrêté le 1er octobre 1765 à l’abbaye de Longvillers il est condamné à mort. Voltaire prendra sa défense au nom de la tolérance, faisant du Chevalier de la Barre l’exemple de l’absurdité des lois religieuses.

 

Les articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 suppriment la notion de blasphème du droit français, tant qu’il n’y a ni abus ni trouble à l’ordre public. La notion de blasphème est réinstaurée sous la Restauration et elle est à nouveau abrogée dans les années 1830. L’insulte d’une religion reconnue par l’Etat (en vertu du Concordat en vigueur jusqu’en 1905) conduit toutefois encore à des condamnations de militants anti-cléricaux pour leurs écrits, alors même qu’ils ne visent pas d’individus en particulier. Cette possibilité de condamnation est finalement supprimée avec les lois du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Cependant, le rattachement de l’Alsace et la Moselle en 1918 a réintroduit la notion de blasphème dans le droit français, via l’incorporation de l’article 166 du code pénal allemand qui punit le blasphème de trois ans de prison.

 

Les églises, à commencer par l’Eglise catholique ne vont cependant jamais désarmer pour obtenir la répression du blasphème, signe de leur prétention, contraire à la laïcité, d’imposer dans l’espace public leurs normes particulières. On assiste ainsi à une recrudescence du mouvement anti-blasphème depuis les années 1980.

 

En 1983, le cinéaste américain Martin Scorsese envisage de tirer un film du roman de Nikos Kazantzakis, « La dernière tentation », pour lequel l’auteur a été excommunié par l’Eglise orthodoxe grecque. La Paramount cède aux pressions des puissants fondamentalistes protestants et renonce à le produire. Le film est finalement tourné au Maroc, fin 1987, et sort, en 1988. Le 6 septembre 1988, le cardinal Albert Decourtay, archevêque de Lyon, et le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, rendent public un communiqué dans lequel ils protestent d’avance contre la diffusion de ce film, sans d’ailleurs l’avoir vu. Ils y condamnent l’irrespect pour le Christ et les évangiles. Le cardinal Lustiger, dira même dans Le Figaro du 31 octobre 1991 : « cet irrespect d’autrui est une atteinte plus grave qu’il n’y paraît au pacte social. De telles pratiques pourraient être passibles des tribunaux ». Cette recrudescence du mouvement anti-blasphème se traduira y compris par des tentatives violentes d’empêcher la diffusion du film dans des cinémas.

 

Certains représentants de l’Islam ont également relancé l’appel à condamnation du blasphème. Le 14 février 1989, l’ayatollah Khomeiny, prononçait en tant que jurisconsulte un décret qui condamnait à mort Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques (publié le 26 septembre 1988), ainsi que ses éditeurs. Et il enjoignait les « musulmans zélés » « de les exécuter où qu’ils se trouvent », pour en faire un combat exemplaire contre le blasphème, pour que « personne n’ose insulter la sainteté islamique ».

 

Plus récemment, l’affaire de « La Cène », une photo représentant l’épisode évangélique et la publication dans un journal hollandais puis dans Charlie Hebdo en France de caricatures du prophète Mahomet donnent lieu à des procès et des menaces de mises à mort des dessinateurs.

 

A chaque fois est invoqué le « respect dû aux religions » pour justifier les menaces ou les condamnations, bref pour justifier l’interdiction du blasphème. En fait c’est un détournement du sens de la tolérance qui signifierait alors « respect des convictions ». Or, au sens où l’entendait Voltaire, aucune idée ne peut exiger le respect, aucun groupe ne peut exiger le respect de ses convictions ! Seules les personnes méritent le respect et aucune attaque contre une idée ne justifie la mise en cause ou l’insécurité de ceux qui la défendent. Il apparaît désormais « normal » à certains croyants de saisir la justice lorsque leurs convictions, en général religieuses les plus profondes, sont moquées ou tournées en dérision. Si l’on poursuit ce raisonnement, les idées ou les convictions, politiques ou religieuses ne pourraient plus être critiquées. Au nom du « respect » et de la « tolérance » les religieux remettent en réalité en cause frontalement la liberté de pensée et d’expression.

 

L’Union européenne dont la fondation est étroitement liée a la Démocratie Chrétienne n’interdit pas la punition du blasphème. De nombreux pays en Europe le condamnent donc: c’est le cas du code pénal allemand et du code pénal autrichien qui font clairement référence au blasphème. L’article 140 du code pénal danois prévoit une peine de détention pour celui qui, publiquement, ridiculise ou insulte le dogme ou le culte d’une communauté religieuse. En Finlande, l’article 1er du code pénal punit de réclusion quiconque « aura publiquement blasphémé dieu ». Des dispositions de même nature se retrouvent dans les législations pénales grecque, italiennes, néerlandaise, suédoise ou norvégienne.

 

Les Pays-Bas vont ôter de leur arsenal pénal un article qui punissait le blasphème. Il va être remplacé par une disposition qui condamne la discrimination, les “insultes graves” et les propos “inutilement blessants” à l’égard des individus, sur la base de “leur race, leur orientation sexuelle et leur religion”. En définitive, la réforme fait craindre une restriction de la liberté d’expression dans un pays qui a vécu plusieurs épisodes tumultueux au cours des dernières années. En 2004, le cinéaste Theo Van Gogh a été assassiné à Amsterdam par un islamiste radical pour avoir réalisé le film Submission. Il avait été taxé de blasphème par son meurtrier. Ayaan Hirsi Ali, députée d’origine somalienne, coscénariste du film désormais exilée à Washington, avait subi la même accusation. En 2006, l’affaire des caricatures danoises de Mahomet a eu un écho particulier aux Pays-Bas et fait craindre d’autres actions violentes.

 

En Irlande, critiquer une religion pourra désormais être puni d’une amende de 25 000 euros. La loi sur la diffamation est entrée en vigueur ce 1er janvier 2010. Son article 36 crée un délit de blasphème. La loi s’applique à toutes les religions, pas seulement au catholicisme dominant en Irlande. Les militants laïcs irlandais ont mis en avant le ridicule de la notion même de blasphème puisque les représentants de chaque monothéisme sont blasphématoires aux yeux des représentants des autres. Jésus lui-même, dans l’évangile selon Jean profère des attaques contre le judaïsme. Et Jésus a justement été condamné pour blasphème … ce qui montre le caractère impraticable de la répression du blasphème du moment où la liberté de conscience est reconnue dans une société. Si l’on devait écouter les églises, Benoît XVI n’aurait-il pas dû être poursuivi et condamné quand en en 2006, déjà pape, il avait cité un empereur byzantin, selon lequel Mahomet n’avait apporté que « du mauvais et de l’inhumain », blasphématoire pour les musulmans ?

 

Les condamnations, en Europe ne sont « que » pécuniaires. Mais au Pakistan par exemple, la loi sur le blasphème datant de la colonisation britannique n’a cessé de se renforcer et de se durcir dans le cas de prétendus blasphèmes contre l’islam, au point qu’elle prévoit maintenant la peine de mort en cas de blasphème contre Mahomet.

 

Les défenseurs d’une condamnation du blasphème ont aussi leurs entrées au Conseil des Nations Unies. L’Assemblée générale de l’ONU avait demandé au secrétariat général de la Conférence de l’Organisation islamique un rapport pour la mise en œuvre de la résolution 62/154, intitulée “Combattre la diffamation des religions ». Cette résolution cherche au fond à étendre la protection non pas aux êtres humains, mais aux opinions et aux idées, en accordant à celles-ci une immunité exclusive contre toute « offense ». Et le rapport transmis à l’ONU en juin 1988 appelle contre les insultes dont fait l’objet l’Islam à « sanctionner le mauvais usage ou l’abus de la liberté d’expression ».

 

La recrudescence des législations condamnant le blasphème, y compris en Europe et dans les instances internationales, va de pair avec les projets de reconfessionalisation de la société. Les mêmes qui défendent le blasphème sont les défenseurs de la théorie du « choc des civilisations » ou de la « laïcité positive ». Dans cette logique, les religions doivent pouvoir influer sur les normes de l’espace public, en contradiction avec la laïcité qui cantonne leur pouvoir dans la sphère privée. Pour eux, « chacun son blasphème, chacun sa religion, chacun sa civilisation » est la nouvelle devise des temps modernes. Ce n’est que régression par rapport à l’esprit des Lumières et une négation de la laïcité. Le blasphème n’est qu’une critique ou une moquerie, il est un droit et ne doit plus être condamné.

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 11:00

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Odon Vallet : "Il n’y a pas de laïcité sans respect des religions"

La laïcité française est-elle compatible avec la mondialisation ? Avec l’islam ? Sur toutes ces questions, francetv info a interrogé l’historien des religions Odon Vallet. Entretien.

 

Place de la République à Paris, le dimanche 11 janvier 2015, lors de la marche républicaine. Place de la République à Paris, le dimanche 11 janvier 2015, lors de la marche républicaine. (JOEL SAGET / AFP) Par

  publié le 16/01/2015 | 05:57 

Les "survivants" persistent et signent. Sorti mercredi 14 janvier, le numéro historique de Charlie Hebdo, celui des "rescapés" de l'attaque qui a fait douze morts au siège du journal, le 7 janvier, fait à nouveau sa une sur Mahomet. Sous le titre "Tout est pardonné", le prophète de l'islam en larmes tient un panneau "Je suis Charlie". 

 

L'hebdomadaire satirique a été interdit dans plusieurs pays, notamment ceux du Maghreb. L'image de Mahomet a été censurée par des médias américains. En Égypte, la principale autorité sunnite a parlé de "provocation". La laïcité française est-elle compatible avec la mondialisation ? Francetv info a interrogé l’historien des religions Odon Vallet. 

Francetv info : La laïcité peut-elle justifier toute critique des religions ? 

Odon Vallet : La laïcité est une valeur respectable lorsqu’elle respecte elle-même toutes les croyances et les non-croyances. Il n'y a pas de laïcité sans respect des religions. Or, les dessins de Charlie Hebdo, malgré les immenses qualités des auteurs, ont pu poser problème. Représenter les papes Benoît XVI et Jean-Paul II dans des positions obscènes, ce n’était pas très respectueux.

Certaines caricatures concernant le prophète étaient également problématiques. Non pas parce qu'on représentait Mahomet, puisque l’interdit de sa représentation ne figure pas dans le Coran, mais à cause des conditions dans lequelles on le représentait, en le ridiculisant. Les musulmans se sont sentis atteints. Il y a donc un équilibre très difficile à trouver entre le respect de la liberté d’expression et le respect des religions.

La loi de 1905 sur la séparation de l'Etat et des Eglises n’a d’ailleurs jamais été entièrement appliquée dans les colonies et les territoires d’outre-mer, où des gouverneurs protégeaient les catholiques ou leurs missionnaires. Et jamais, dans l’empire français, on n’a soumis les musulmans à la laïcité. La différence, c’est qu’en 1905, dans l’empire français de 100 millions d’habitants, 30 millions étaient musulmans, mais tous ou presque vivaient en dehors de la métropole. Aujourd’hui, on compte environ 4 millions de musulmans en France. Ils doivent être respectés.

Est-ce une raison pour qu'en Egypte, la principale autorité religieuse sunnite, le Conseil supérieur d'Al-Azhar, dénonce un hebdomadaire français ? Pourquoi s'immiscer dans les affaires françaises ?

De nombreux responsables religieux ont certes un pas à faire vers la laïcité. Et pas seulement les musulmans, mais aussi certains catholiques intégristes, certains protestants évangélistes, certains hindouistes fanatiques... Toute religion a ses intégrismes, mais toute religion a aussi son ouverture.

Mais, je le redis, certaines caricatures à l’égard du pape ou du prophète ont manifestement beaucoup choqué les croyants. Les catholiques n’ont pas répondu par des kalachnikovs, une poignée de fanatiques musulmans l’a fait. Même s'il n'est pas question de limiter la liberté d'expression, je crois qu’il faut rester prudent de tous côtés dans cette affaire. Le gouvernement américain, d'ailleurs, n’était pas représenté à la marche républicaine, dimanche 11 janvier, à Paris. 

Faut-il prendre des mesures pour que l'islam se sente mieux accepté en France ? 

En 2003, la commission Stasi avait proposé deux jours fériés supplémentaires pour les fêtes juives ou musulmanes. Mais comme il y a déjà beaucoup de jours fériés en France, les multiplier n’est pas forcément une bonne idée.

Je ne pense pas qu’il faille prendre à chaud des mesures d'ordre législatif difficiles par la suite à modifier. En revanche, il me semble que le respect de la laïcité, valeur importante, passe par une meilleure information des enseignants et des élèves, et pas seulement en Seine-Saint-Denis. Même en plein Paris, certains ne comprennent pas la gravité de ce qui s'est passé.

On n’est pas obligé de ranger tout le monde sous la bannière "je suis Charlie". Mais il faut montrer à certains élèves musulmans à quel point leur perception de l’islam est intégriste. Malheureusement, les établissements scolaires, même les meilleurs, ne disposent pas toujours des moyens nécessaires pour répondre aux interrogations des élèves, voire à leur intolérance. J’ai visité une centaine de centres de documentation et d'information, et j’ai été très frappé de voir à quel point ils étaient peu fréquentés et à quel point leur documentation était peu susceptible de répondre à des drames comme ceux d’aujourd’hui. 

J’ai créé, au Bénin, le plus grand réseau de bibliothèques de toute l’Afrique francophone, avec des chiffres de fréquentation qui sont ceux des instituts français multipliés par 50. Les élèves là-bas se précipitent sur des revues où on comprend ce qui se passe à propos des religions ou de la laïcité. Ils sont beaucoup mieux documentés que dans les lycées français. C’est totalement anormal.

L'éducation est-elle le problème central ?

Il faut partir de la situation actuelle, non pour faire réagir, mais pour faire réfléchir les élèves et les enseignants à la complexité des problèmes. Comme le disait Tocqueville, "une idée simple mais fausse l’emportera toujours dans l’opinion sur une idée juste mais complexe". La réaction massive des Français a été admirable, mais il ne faut pas qu’elle aboutisse à une pensée simpliste faisant l’amalgame entre les musulmans et une poignée de terroristes. Il faut également que l’antijudaïsme soit combattu par l'information et la réflexion. Que les élèves apprennent que le problème israélo-palestinien trouve son origine dans la guerre de 14-18 (la déclaration Balfour) et même avant, dans les pogroms en Russie ayant provoqué les premières vagues d’immigration sioniste. Il faut leur expliquer la Shoah.

Malheureusement, l’histoire est devenue une matière tout à fait secondaire dans les programmes. Et c’est une histoire centrée sur des problématiques qui ne sont pas celles des élèves venus d’Afrique ou du Proche-Orient.

Alors, il faut revoir les programmes pour mieux parler aux enfants d'immigrés ?

L’histoire de l’esclavage apparaît, la guerre d’Algérie aussi, mais ce sont toujours les mêmes thèmes. Mon ami Lilian Thuram vient de publier Les Etoiles noires. Ce livre montre la vision du monde à partir de villes aussi différentes que Bamako, Hanoï ou Los Angeles. Nous avons l’impression que Paris est le centre du monde. Effectivement, la ville a été le centre du monde dimanche dernier, mais cela ne durera pas. La France, c’est 0,8% de la population mondiale. Il faudrait s’en souvenir.

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17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 10:51

                                                              cerveau animé

 

 

 

D’étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour « Charlie Hebdo »

lundi 12 janvier 2015, par Alain Gresh

Ils furent des millions de personnes à travers la France à défiler, samedi 10 et dimanche 11 janvier, après l’attentat contre Charlie Hebdo. Ils exprimaient leur immense émotion devant tous ces morts, mais aussi leur attachement à la liberté de la presse. Or cette célébration a été ternie — c’est le moins que l’on puisse dire — par la présence, en tête du cortège parisien, dimanche, de responsables politiques du monde entier dont le rapport avec la liberté de la presse est pour le moins ambigu. Nous n’évoquerons pas ici le fait que ces dirigeants, notamment occidentaux, ont une responsabilité directe dans la guerre contre le terrorisme lancée depuis une vingtaine d’années et dont le résultat essentiel a signifié plus de terrorisme et plus de chaos pour le monde arabo-musulman.

Lire « “Guerre contre le terrorisme”, acte III », Le Monde diplomatique, octobre 2014.Nous n’en citerons que quelques-uns, parmi les plus emblématiques. Partons du communiqué de Reporters sans frontières (RSF) qui « s’indigne de la présence à la “marche républicaine” à Paris de dirigeants de pays dans lesquels les journalistes et les blogueurs sont systématiquement brimés, tels l’Egypte, la Russie, la Turquie, l’Algérie et les Emirats arabes unis. Au classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF, ces pays sont respectivement 159e, 148e, 154e, 121e et 118e sur 180 ».

En Egypte, en plus des trois journalistes de la chaîne de télévision Al-Jazira emprisonnés depuis plus d’un an, des dizaines d’autres restent en détention (Lire Warda Mohammed, « Egypte, guerre ouverte contre le journalisme », Orient XXI, 3 juillet 2014. J’ai reçu moi-même un message de quatre d’entre eux (dont Abdallah Fakhrani) attendant, depuis plus d’un an, dans les geôles du régime, un éventuel procès (sur leur cas, lire ici, en arabe). Ce même jour où le ministre des affaires étrangères égyptien défile place de la République, une cour condamne à trois ans de prison un Egyptien pour athéisme.

Le site de 20 minutes écrit : « Symbole de l’aberration, le communiqué du ministère des affaires étrangères du Maroc annonçant sa présence à la manifestation, mais précisant “au cas où des caricatures du Prophète — prière et salut sur Lui —, seraient représentées pendant cette marche, le ministre des affaires étrangères et de la coopération ou tout autre officiel marocain ne pourraient y participer”. »

Quant à la Turquie, elle a, ces derniers mois, intensifié la répression contre la presse [1]. Le président Recep Tayyip Erdogan a ainsi fustigé le bilan 2014 des violences contre les journalistes publié par Reporters sans frontières (RSF). A quoi l’organisation a répondu : « Reporters sans frontières tient à la disposition de M. Erdogan les précisions sur les 117 cas d’agressions et menaces de journalistes recensées cette année en Turquie, relève Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation. Faut-il rappeler que RSF est une organisation indépendante et impartiale, dont les conclusions s’appuient sur une méthodologie précise et des faits dont nous pouvons rendre compte ? (…) Les accusations contre RSF participent de la même hostilité contre le pluralisme que celle dont fait preuve le chef de l’Etat contre des journalistes turcs qui n’ont pas l’heur de lui plaire. »

Nous n’évoquerons pas ici les autres pays où la liberté de la presse est bafouée mais qui ne sont pas situés dans la zone couverte par ce blog. Un dernier mot concerne la venue de Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, criminel de guerre « présumé », et de quelques-uns des ses ministre encore plus à l’extrême droite que lui, si c’est possible. Un texte publié dans Haaretz d’Ido Amin, ce 12 janvier (« In Israel, “Charlie Hebdo” would not have even had the right to exist »), faisait remarquer qu’un journal comme Charlie Hebdo ne pourrait pas exister en Israël. Et les journalistes palestiniens emprisonnés, sans parler de ceux qui ont été tués à Gaza par exemple, témoignent de la liberté de la presse « made in Israel ». Au demeurant, la présence de ces ministres est une insulte à toutes les valeurs dont prétendent se parer les organisateurs de la manifestation, un hold-up qu’il est important de dénoncer.

Notes

[1] Cf. « Le splendide isolement de la Turquie », par Wendy Kristianasen, Le Monde diplomatique, janvier 2015, en kiosques.

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 16:57

 

 

 

 

 

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                                                                            Alep(Syrie)

 

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                                                                          Rabat

 

 

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                                                                              Téhéran

 

 

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 16:46

 

 

Michel costume

France : les illusions [trompeuses] d’Edmond Simeoni

3 Janvier 2015

Alors que la somme des richesses créées n’a jamais été aussi importante, 2014 s’affirme comme l’année de toutes les inégalités. Même le FMI et l’OCDE s’en alarment. Pour autant Edmond Simeoni après avoir lu le Nouvel Economiste du 12 décembre n’a pas mesuré certains aspects de la réalité économique imposée par le système capitaliste et ceux qui le dirigent.

Dans la Corse votre Hebdo du 2 janvier, il nous explique que la France (voir également sur edmondsimeoni.com France : les illusions) serait malade de sa rigidité administrative dans deux domaines celui des institutions, « archaïques » et trop « centralisées », et celui du code du travail « pléthorique mais malthusien et dans des réglementations ubuesques » qui corsettent l’entreprise à travers « un modèle économique français en retard de modernisation, donc moins compétitif ».

Edmond Simeoni parle de la France jamais du MEDEF ni du gouvernement. Il parle aussi de l’Europe jamais de la Commission ou du Conseil qui pondent des directives ultralibérales pour permettre à la concurrence déloyale de s’y déployer sans entrave. Il rêve d’une Corse dégagée du fardeau de la France « conservatrice, - « les droits acquis » - frileuse, corporatiste ; elle est sceptique sur l’union Européenne modernisée - une carte maîtresse - et à fortiori sur une évolution fédérale indispensable pour conférer une harmonie et une efficacité à l’ensemble disparate de 27 nations ».

« La France et ses prétentions ont-elles encore un avenir en tant que nation pesant un poids déterminant sur l'évolution du monde demain ? Très rares sont les prévisionnistes français ou non à tenir ce pari audacieux. Quel que soit le domaine examine (politique, économique, social, culturel) ce pays est déclassé. Et plus il perd son rang qu'il imagine encore être le premier, plus il se crispe sur des dénis de réalités. ». Une telle interrogation suivie d’une telle affirmation mérite qu’on s’y arrête.

Edmond Simeoni oublie toujours dans ses propos, c’est symptomatique, la France de 1789 de 1936 ou de 1945 comme celle des gros actionnaires. Or 2014 a été l’année de tous les records pour ces derniers. Plus de 80 milliards d’euros ont été distribués par les entreprises du CAC 40 qui ont ainsi reversé plus de dividendes que de bénéfices dégagés puisque leurs profits ont reculé de 8 % pour s’établir à 48 milliards. La voracité de la finance est telle que même le magazine « Challenges », peu suspect d’anticapitalisme, parle « d’un très gros effort qui se fait au détriment de l’investissement ». Et, s'il ne parle pas des salaires... Michel Sapin, le ministre des Finances, lui l'a fait, en exhortant les patrons à « faire en sorte que les salaires n’augmentent pas plus que la productivité de leur entreprise ».

La France capitaliste est au deuxième rang mondial, derrière les États- Unis, pour ce qui est de la rétribution des actionnaires. L’année 2014 a donc été celle de l’accélération brutale de la voracité du capital. Dès lors comment parler de « crise » sans préciser qu’elle est consubstantielle de cet appétit démesuré. Depuis 2009 la hausse cumulée des dividendes approche les 60 % dans le monde. Cette année, les 1 200 plus grandes entreprises mondiales ont distribué un peu moins de 1 200 milliards de dollars (980 milliards d’euros), soit 133 milliards de plus qu’en 2013. C’est un record.

Orange, BNP Paribas, Axa, Société générale... caracolent en tête des sociétés françaises les plus généreuses avec leurs actionnaires. De l’autre côté l’austérité fait son œuvre chômage, précarité, pauvreté, mal vie... L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dans un rapport paru le 9 décembre s’en émeut : les inégalités se creusent trop. « Jamais en trente ans le fossé entre riches et pauvres n’a été aussi prononcé ».

À l’échelle de la zone de référence (pays pour la plupart du monde occidental), le revenu des 10 % les plus riches est aujourd’hui 9,5 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres : ce rapport était de 1 à 7 dans les années 1980. Loin des antiennes libérales qui répètent que déverser des montagnes de cash au sommet de la pyramide permet un ruissellement jusqu’à la base de la société et profite à tous, le rapport établit que ces inégalités ont coûté... 8,5 points de PIB sur 25 ans.

Et de poursuivre : « Ce n’est pas uniquement la pauvreté ou le revenu des 10 % de la population au bas de l’échelle qui inhibe la croissance. Les pouvoirs publics doivent se préoccuper plus généralement du sort des 40 % les plus défavorisés. (...) Lutter contre les inégalités par l’impôt et les transferts ne nuit pas à la croissance. »

Edmond Simeoni nous interpelle : « La France peut-elle sortir de la crise historique qui la mine ? Oui, elle en a les moyens. Par de violentes secousses sociales, conformes à son histoire et capables d’amorcer une révolution démocratique et sociale authentique. C’est une hypothèse plausible ». Le pas suivant est de combattre ce système, la politique injuste et inégalitaire qu’il suscite. Cela commence maintenant. Encore faut-il qu’Edmond Simeoni ne choisisse pas, comme en 1989, le camp hostile au mouvement social.

Michel STEFANI

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