Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 16:20

                                                                    SNCM

 

SNCM : Le gouvernement doit sortir du flou

Après un préavis d’un mois et 6 jours de grève, les personnels navigants et sédentaires, officiers marins et employés, de la SNCM et de la CMN attendent du gouvernement l’application du pavillon français 1er registre à toutes les compagnies qui naviguent sur la continuité territoriale et la confirmation des engagements exprimés par le ministre des Transports Frédéric Cuvillier dans un courrier adressé aux organisations syndicales le 25 juin dernier.
Dans le prolongement du Conseil de surveillance de la SNCM du 20 juin, le ministre en effet se félicitait de « l’aboutissement de la démarche portée par tous les acteurs de ce dossier ». Deux éléments essentiels la structuraient : le renouvellement de 4 navires de la flotte et l’application du plan d’activités associé à l’exploitation de 8 navires.

Nous étions alors dans la phase d’attribution de la délégation de service public (DSP) et le ministre n’ignorait pas que la viabilité de l’offre conjointe CMN SNCM, en réponse à l’appel d’offres de la Collectivité territoriale de Corse, reposait pour une bonne partie sur ce plan de relance de la compagnie. C’était si évident que le ministre précisait : « concernant le renouvellement des navires, conformément aux orientations retenus le 20 juin par le Conseil de surveillance, les actionnaires, dont l'État, définissent actuellement les modalités de financement les plus adaptées ». Ainsi il démontrait, après avoir rappelé que l'État engageait avec détermination « tous les recours en annulation et suspension des décisions de la Commission européenne », que la pérennité de la compagnie et du service public de continuité territoriale, reposait sur un ensemble de décisions et de choix politiques qui ne pouvaient attendre.
Force est de constater que 6 mois sont passés depuis et qu’il aura fallu l’entrée en grève pour obtenir une avance de trésorerie de 30 M€ indispensable pour le premier trimestre de mise en œuvre de la DSP et l’annonce deux jours plus tard d’une réunion pour définir avec qui et comment financer le renouvellement de la flotte.

Dans ce contexte, les indiscrétions distillées par la presse, laissent supposer que la solution d’un dépôt de bilan ferait partie des hypothèses. Si tel devait être le cas ce serait un nouveau scandale d'État comparable à celui de la privatisation opérée dans des conditions scandaleuses en 2005 par le gouvernement Villepin Sarkozy. Alors que la SNCM est garantie par l’attribution de la DSP à hauteur de 600 M€, il faudrait la placer en liquidation judiciaire, écarter la possibilité de revenir à un actionnariat public, comme les collectivités locales le proposent aux côtés de l'État, des salariés et de Transdev-Caisse des dépôts, pour mettre le doigt dans un engrenage dont les principales victimes seraient les salariés et les usagers du service public, en un mot la Corse.

Le gouvernement doit sortir du flou et affirmer des choix conformes aux propos du Premier ministre lors des 9ème Assises de l'économie maritime et du littoral, lorsqu’il affirmait que la « France serait au rendez-vous de l'économie maritime ». Si la parole et les actes doivent s’accorder, il se doit d’annoncer aux organisations syndicales des mesures garantissant l’avenir des personnels de la CMN et de la SNCM et du Service Public de continuité territoriale.
Le Parti communiste français, les élus communistes attendent que la réunion prévue ce lundi débouche sur des décisions permettant à la fois de mettre un terme à la grève et de dégager la perspective d’un avenir consolidé pour la délégation de service public et les deux compagnies délégataires la CMN et la SNCM et les 4000 salariés qui dépendent de leurs activités.

Signataires :
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Gaby Charroux, député maire de Martigues, Isabelle Pasquet, sénatrice des BdR, Dominique Bucchini, président de l’Assemblée de Corse, Jean Marc Coppola, vice président de la Région PACA, Frédéric Dutoit, président du groupe communiste au Conseil municipal de Marseille, Jean Marc Charrier, président du groupe communiste au CG13, Patrick Magro, président du groupe communiste de la Communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole
Ainsi que Pierre Dhareville, Maxime Nordée, Michel Stefani respectivement secrétaires fédéraux des Bouches-du-Rhône, de la Corse-du-Sud et de la Haute-Corse.

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 15:41

                                                               cerveau animé

 

 

               Contre Dieudonné, mais sans Valls

|  Par Edwy Plenel                      EXTRAITS

Dès 2008, Mediapart alertait sur l’antisémitisme de Dieudonné. Six ans après, nous nous sentons d’autant plus libres de refuser le piège tendu par le ministre de l’intérieur : se saisir du prétexte Dieudonné pour porter atteinte à nos libertés.

 

Un crime se prépare, et nous n’en serons pas les complices. Oui, un crime, c’est-à-dire un attentat contre les libertés. En République, du moins en République authentiquement démocratique, la liberté d’expression est un droit fondamental, tout comme la liberté d’information. Ce qui signifie qu’on ne saurait censurer au préalable l’une ou l’autre de ces libertés essentielles. On est en droit de leur demander des comptes de ce qu’elles disent, de leurs opinions ou de leurs informations. De les poursuivre en justice, de les faire condamner par des tribunaux. Mais seulement a posteriori, sans porter atteinte a priori aux droits fondamentaux qui font la force, et non pas la faiblesse, des démocraties : le droit de dire, le droit de savoir.

DESIGNE--1.jpg

                                            et aussi......          

 

 

                       Pas de quenelles dans le bortsch !


source: Résistance-politique

Svoboda

                   « Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage. » Les journalistes de Radio France se sont indignés de cette plaisanterie macabre de Dieudonné contre leur confrère. Le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France écrit à Valls pour faire taire Dieudonné. Le lendemain, le spectacle est interdit. Le footballeur Anelka en remet une louche avec sa « quenelle », et France Info fait tourner l’information en boucle.

On aimerait que les mêmes soient aussi vigilants sur ce qui se passe actuellement à Kiev. Mais le CRIF n’a rien à dire là-dessus. Quant aux journalistes de Radio France (comme ceux de tous les autres grands médias), ils adorent les manifestants de la place Maïdan, qu’ils présentent systématiquement comme des « démocrates pacifiques et pro-européens », victimes de la brutalité des policiers du  « régime autoritaire favorable à Moscou ».

Non seulement ils oublient de dire que l’accord libre-échangiste refusé par le Parlement ukrainien aurait ruiné l’économie du pays en mettant son industrie en concurrence « libre et non faussée » avec celle des pays de l’ouest, bien plus développée ; non seulement ils négligent les quatre millions de signatures recueillies par le Parti Communiste d’Ukraine pour un référendum sur cet accord néolibéral ; non seulement ils détournent les yeux quand ce sont les manifestants « pacifiques » de Kiev qui attaquent les policiers et les bâtiments publics ; mais encore, les envoyés de Radio France ne voient pas ce qui est pourtant aussi visible que la moustache sous le nez d’Adolf : ce sont les néo-nazis qui mènent le bal à Kiev !

Les militants politiques les plus nombreux et les mieux organisés de la place Maïdan sont ceux de Svoboda (« liberté » en ukrainien), parti membre du Front National Européen, où l’on retrouve les néo-nazis d’Aube Dorée, du Nationaldemokratische Partei Deutschlands, de la Phalange espagnole… Son chef Oleh Tyahnybok a été invité en France par Jean-Marie Le Pen il y a quatre ans. Svoboda est né en 2004 avec la « Révolution orange » - un mouvement financé par les États-Unis - qui s’en vantent !

Avant, Svoboda s’appelait Parti National-Socialiste Ukrainien. Il a lissé son image et est  devenu la troisième force du pays aux élections. Son emblème est une main à trois doigts dépliés en signe de victoires répétées, mais ses militants arborent sur un brassard le symbole d’origine : la rune Wolfsangel  (« Croix de Loup » en allemand), insigne de la division SS « das Reich » et des unités de partisans Werwolf (Loup-Garou), créées par  Himmler en 1945. Ils honorent la mémoire de la division SS galicienne et du collabo Stepan Bandera. Ce sont eux qui ont déboulonné la statue de Lénine aux cris de : « à terre, vermine communiste ! ». Et bien évidemment, ils sont homophobes, racistes et anti-Juifs. Cette année, Svoboda a protesté contre la « gay pride » de Kiev et contre le fait qu’une métisse a représenté l'Ukraine à l'Eurovision. En 2004, le chef du parti, Oleh Tyagnybok , s'est fait exclure de son groupe parlementaire pour avoir dit que le pays était dirigé par une « mafia judéo-moscovite ».

Décidément, le bortsch (soupe traditionnelle ukrainienne) de la place Maïdan a une drôle d’odeur… et pourtant, il fait les délices de certains ! Quelle est donc la qualité essentielle de Tyahgnybok qui manque à Dieudonné ? C’est que lui, au moins, manifeste sous le drapeau de l’Union Européenne ! Que Dieudonné en fasse autant : Radio France, le CRIF et Valls lui pardonneront alors toutes ses blagues !

Franz Lieber

                                                      et encore....

DESIGNE--1.jpg

 

 

Capture-d-ecran-2014-01-07-a-14.16.49.png

 

Dieudonné est un infâme raciste, la loi Gayssot contre le racisme permet de le combattre, pas la méthode Valls. Si le PCF a été et continuera d'être de tous les combats contre l'antisémitisme, la liberté d'expression, liberté fondamentale de notre démocratie ne permet pas d'interdire à priori les spectacles de l'humoriste. La circulaire du Ministère de l'intérieur pourrait se transformer en véritable boomerang et de surcroît renforcer l'image de victime dans laquelle Dieudonné se complait.   De nombreux  jeunes dont la grande majorité n'est pas antisémite ne voient pas en lui un dangereux manipulateur mais un provocateur défiant le système ou un défenseur de la cause palestinienne : il ne faut pas interdire Dieudonné mais le combattre sur le terrain de la justice et du droit en agissant pour qu'il s'acquitte de ses condamnations pénales, il faut aussi le combattre sur le terrain politique. Face à un homme qui s'appuie sur le passé colonial et esclavagiste de la France, pour aspirer dans la dangereuse spirale de la concurrence mémorielle des populations noires ou issues du magrheb, le Gouvernement, toute la classe politique doivent s'engager, avec la même force contre toutes les formes de racismes et de discriminations : contre l'antisémitisme, bien entendu mais aussi contre l'islamophobie, la xénophobie, le rejet des populations roms. Cela suppose des paroles, cela suppose des actes ! Le premier serait de déclarer en 2014 "Grande cause nationale la lutte contre le racisme et les disciminations"

Fabienne HALOUI

Secrétaire Départementale du PCF

Conseillère Régionale

         SOURCE:ROUGE CERISE

 

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 15:35

                                                                          cerveau animé

 

mao-49.jpg Mao Tsé-Tsoung aurait 120 ans : une analyse critique de la pensée et l'action d'une figure révolutionnaire du XX ème siècle



Cette fin d'année 2013 marquait le 120 ème anniversaire de la naissance d'un révolutionnaire controversé. Le journaliste britannique Ben Chacko, envoyé spécial du Morning Star en Chine, propose une analyse équilibrée de son héritage.



Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Ce mois-ci, à Shenzhen, une statue en or, jade, et matières précieuses de 50 kilos de Mao Tsé-Tsoung a été érigée pour célébrer le 120 ème anniversaire du révolutionnaire chinois, qui tombait le 26 décembre.



Une statue en or de Mao à Shenzhen, la ville-modèle de la conversion de la Chine à l'économie de marché !



Cet hommage semble plutôt ironique. Le farouchement égalitaire Mao aurait-il apprécié d'être sculpté dans de tels matériaux?



Est-ce que Shenzhen – la première « zone économique spéciale » en Chine, bordant l'ancienne enclave britannique de Hong Kong, et lieu où le flirt controversé du Parti communiste chinois avec l'économie de marché commença – est un site approprié pour rendre hommage à un homme qui a mené une sanglante révolution culturelle contre les supposés « compagnons de route capitalistes » ?



Pourtant c'était bien un hommage qu'on lui rendait, en dépit des jugements de ceux qui comme celui qui fut un temps mon professeur à l'université, le Dr Rana Mitter, qui imaginait que les fantômes de Mao et de son adversaire nationaliste Tchang Kai-Tchek continuaient à hanter la Chine contemporaine – mais que Mao grinçait des dents, pendant que Tchang triomphait.



La réputation de Mao a peut-être subi le plus grand retournement de situation que n'ait connu aucun autre dirigeant communiste du 20 ème siècle, en Occident.



Son culte de personnalité fut frénétique sous la révolution culturelle dans son pays d'origine – il était « possible de compter les étoiles dans les cieux, mais impossible de compter sa contribution à l'Humanité » - mais il s'est aussi diffusé en Europe et aux Etats-unis, où étudiants et hippies qui auraient récusé toute association avec le socialisme soviétique chantaient « Mao, président du monde » et brandissait ces petits livres rouges.



Désormais, il est perçu de façon fort différente comme un tyran sans pitié qui aurait écrasé ses opposants et déclenché une catastrophe économique sans précédent pour son pays.



Il est juste de faire remarquer que ce portrait entièrement négatif de Mao si bien exprimé par la diabolisation littéraire du dirigeant chinois par les livres tant célébrés de Jung Tchiang, est tout autant exagéré que les louanges que lui dressaient ses légions de gardes rouges.



Comme la statue de Shenzhen le montre, les Chinois adopter une attitude plus nuancée vis-à-vis de celui que l'on désigne toujours comme « le président ».



Les erreurs du socialisme chinois : Grand bond en avant et Révolution culturelle



Des millions se pressent pour voir son corps embaumé place Tiananmen, mais l'adoration servile n'est plus d'actualité. Le Parti communiste déclare qu'il avait globalement raison jusqu'en 1956 mais après ce « fut mitigé pour le meilleur, et souvent erroné ».



Cette vision était clairement celle de Chen Yun, architecte des réformes économiques des années 1980, qui faisait remarquer que si Mao était mort en 1956, on s'en rappellerait encore comme d'un grand héros révolutionnaire, mais comme il est mort en 1976, « on ne peut plus rien y faire ».



Les deux campagnes de Mao après cette date furent des catastrophes, sur une telle envergure que ce jugement lugubre de est parfaitement compréhensible.



Le Grand bond en avant était une tentative de passer directement au communisme – en passant outre le socialisme – ce qui a détruit l'industrie et provoqué une terrible famine.



La révolution culturelle a déchaîné une brutalité généralisée et aléatoire, détruisant des milliers de trésors culturels ainsi que le système éducatif pour une bonne décennie.



On connaît beaucoup moins l'impact sur l'environnement. Une définition assez brute de tous les animaux non directement utiles aux gens comme des « plaies » a conduit à la quasi-extermination de l'alligator chinois et du tigre du Sud de la Chine, qui jusqu'en 1950 était le tigre le plus commun dans le monde.



Depuis les années 1980, le gouvernement chinois tente désespérément de revenir en arrière, développant des mécanismes pour sauver les deux espèces, mais elles restent en état d'extinction.



La Chine de Mao, un internationalisme inconséquent



Les communistes auront d'autres accusations à réserver au « grand timonier ».



Bien que la conférence du Parti communiste de 1935 à Zunyi, lors de la Grande marche, a eu raison de conclure qu'une révolution chinoise ne serait possible que par la paysannerie et non par la mince couche urbaine ouvrière, la fixation initiale paysanne chez Mao conduisit à un retard économique.



La Chine était le seul pays sur le globe où la proportion de gens vivant dans les villes avait décliné entre les années 50 et 70.



Encore plus important, c'était un internationaliste peu conséquent.



La Chine s'adressa au monde en voie de développement dès les années 1950, apportant une aide économique à l'Afrique en particulier, et ses efforts pendant la guerre de Corée – dans laquelle le propre fils de Mao mourut au front – furent décisifs pour empêcher une victoire américaine.



Mais la rupture avec les Soviétiques fut un coup dur au socialisme et son attitude après – traitant qui conque d'anti-soviétique comme un allié, y compris des bouchers comme le Général Pinochet et Pol Pot – assombrit la réputation du pays.



Les années de Mao ne furent pas une catastrophe : unification nationale, croissance économique, éducation et santé pour tous



Son dossier est plutôt lourd. Alors pourquoi la Chine ne l'oublie pas ?



Pourquoi la pensée de Mao Tsé-Tsoung accompagne toujours le marxisme-léninisme comme idéologie guidant le parti ? Pourquoi les docteurs et infirmières portent des badges de Mao pour indiquer leur opposition à la privatisation de la santé ? Pourquoi Mao est perçu comme un symbole universel de bonne fortune, à tel point que son image orne les rétroviseurs des voitures pour empêcher les accidents de voiture ?



La vérité, c'est que l'héritage de Mao porte tout autant d'éléments positifs.



Il est temps aussi d'en finir avec certains mythes. Les années Mao ne furent pas une catastrophe nationale.



La croissance économique, comme le notait Eric Hobsbawm, était bien plus impressionnante que dans la plupart des pays en voie de développement, y compris l'Inde voisine. Le pays fut unifié après une guerre civile longue et douloureuse et une invasion génocidaire du Japon impérial.



La contribution de Mao à ces victoires fut importante. Sa tactique de guérilla influença plus tard la lutte Vietnamienne contre l'impérialisme et son livre « De la guerre révolutionnaire » est toujours étudié par les officiers militaires du monde entier – y compris en Grande-Bretagne.



Des maladies telles que la lèpre et la peste bubonique furent éradiquées et l'espérance de vie passa de 35 à 65 ans sous la direction de Mao. Un pays largement illettré apprit à lire et à écrire.



La dette du peuple chinois envers Mao : « quand l'Armée rouge est venue, ils m'ont donné ma première paire de chaussures et un nom »



Et le Parti communiste chinois, c'est à son crédit, ne s'est jamais soumis à une dictature personnelle. Mao n'a pas exécuté ses opposants politiques – en fait la plupart de la direction du parti des années 1980 était composée de ces hommes.



Le Comité central s'est fréquemment opposé aux politiques de Mao, et des éléments critiques ont ferraillé avec lui jusqu'à la fin – Deng Xiaoping, par exemple, fut purgé plus d'une fois et dénoncé dans des campagnes nationaux, mais il fut toujours capable de revenir en grâce. Il poussait même jusqu'à provoquerMao en manifestant ouvertement son mépris lorsque le président parlait en public.



Permettre à des figures politiques de garder cette liberté d'action est une tradition estimable que le Parti communiste a maintenu – des anciens dirigeants, que ce soient déposés comme Hua Guofeng ou retraités comme Jiang Zemin, sont restés membre du Comité central et ont continué à contribuer à la prise de décision nationale.



Mais la dernière raison pour laquelleil ne faut pas effacer la contribution de Mao, ce sont les réalisations de la révolution chinoise.



Lors du 60 ème anniversaire de la fondation de la République populaire, je me rappelle que j'ai vu des gens être interviewés à la télévision chinoise.



Un ancien soldat américain, déployé dans le pays dans les années 1940, se rappelait la misère, la famine et la désolation qu'il avait vu, accompagné de l'injustice du système mi-féodal mi-colonial qui régnait en Chine, et contrastant avec la puissance économique qu'est le pays aujourd'hui.



Un ancien esclave tibétain se rappelait le jour où les possessions des monastères furent démantelées et où on lui a dit qu'il était libre.



Mais peut-être que la personne la plus émouvante était celle vieille femme qui avait rejoint le Parti communiste pendant la Longue marche. Née illégitime, elle n'a jamais bénéficié d'un statut égal aux autres dans son village. En fait, elle n'avait jamais eu de nom, et on l'appelait seulement la « fille ».



« Je me rappelle quand l'Armée rouge est venue », disait-elle. « Ils m'ont donné ma première paire de chaussures. Et ils m'ont donné un nom. »



C'est cette histoire de dignité humaine qui définit la force de la Révolution chinoise.



Comme l'affirmait Mao aux portes de la Cité interdite – dont l'entrée signifiait la mort pour le commun des mortels à l'ère impériale – « les Chinois se sont levés ». Pas seulement pour refuser une domination étrangère mais aussi pour briser les chaînes de la vieille société.



Et comme le dit Deng Xiaoping, qui a longtemps subi les brimades de l'homme qui l'a purgé deux fois : « sans Mao, il n'y aurait pas de Chine nouvelle ».



C'est pourquoi, en dépit de toutes ses innombrables et graves fautes, on ne doit pas avoir honte de lever un verre au président en son jour d'anniversaire.

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 13:28

 

                                                                           cerveau animé

 

L’ultime carte de « Marianne » : le Front patriotique et populaire
vendredi 3 janvier 2014
par  Georges Gastaud


En ces premiers jours de l’année 2014, notre ami G. Gastaud* du PRCF propose son analyse et ses réflexions sur la situation actuelle de notre pays. A débattre...


Notre pays est entré dans la zone des tempêtes : à n’en pas douter, l’an 2014 sera rude pour « Marianne », c’est-à-dire pour l’idéal d’une République sociale, souveraine, laïque, démocratique, une et indivisible forgé par la Révolution française, relancé par la Commune et refondé par la Résistance antifasciste. Face à la contre-révolution française qui monte sous diverses formes, chacun sent bien que soutenir Hollande, l’actuel pilote discrédité du Parti Maastrichtien Unique (formé du PS et de l’UMP) qui conduit la désintégration euro-libérale de la République, ou que rallier l’alliance bleue-brune-bleue marine qui agrège souplement les ultras débridés de l’UM’ Pen, équivaut pour notre peuple à choisir le "genre de mort" mâtiné de déchéance qui viendrait rapidement clore l’histoire multiséculaire de notre pays.

Alors que le PCF, prisonnier de ses dogmes "euro-constructifs", est empêtré dans ses liens électoraux avec le PS, alors que le Front de gauche se divise et peine à offrir une alternative franchement républicaine, comment unir notre peuple autour du monde du travail pour revivifier les idéaux toujours actuels de 1789, de 1936 et de 1945 ? Comment isoler et neutraliser l’oligarchie financière qui précipite la France dans le reniement et dans la déchéance ?

Le constat : le viol et la mort planifiée de « Marianne »

La très réactionnaire période actuelle donne, à tout vrai républicain, l’impression cauchemardesque de visionner à l’envers plusieurs séquences majeures de notre histoire nationale.

Car c’est bien "à l’envers" que défile actuellement le "film" de Mai 68 et de Juin 36, avec ces confédérations syndicales euro-formatées qui enregistrent placidement les reculs sociaux sans rien tenter pour fédérer le "tous ensemble jusqu’à la victoire sociale" qu’espèrent les salariés engagés dans des luttes dures. Quand certains ouvriers bretons, trahis par la gauche établie, défilent derrière le MEDEF et quand des employés franciliens réclament le "droit" d’œuvrer le dimanche ; quand le FN et la Droite forte rivalisent de xénophobie sous l’œil complice d’un Manuel Valls déchaîné contre les "Roms" ; quand, doublant Marine Le Pen sur sa droite, Jean-François Coppé annonce qu’il gouvernera par ordonnances en utilisant l’article 16 s’il revient au pouvoir – son but non dissimulé étant de kärcheriser le "modèle social" français moribond – ; quand le "peuple souverain" se voit imposer l’Union transatlantique et le saut fédéraliste européen en violation flagrante du Non français à l’euro-constitution (29 mai 2005) ; quand la métropolisation des communes et le dépeçage de la République une et indivisible au profit des euro-régions sont promus à la fois par le MEDEF, par les féodalités régionales et par la ministre "socialiste" en charge de l’État, comment ne pas voir que c’est désormais le "film" patriotique et antifasciste de 1945, celui de 1905 [1], voire celui de 1789-1794, qui défilent eux aussi à l’envers sous nos yeux effarés ?

Alimentée par les trahisons sociales de Hollande et par un populisme droitier qui stigmatise "Paris", les "fonctionnaires", les immigrés et les chômeurs de longue durée (traités d’"assistés"), l’actuelle fronde réactionnaire multiprise, mais favorable aux patrons (« à bas les charges ! » ) s’attaque même désormais à certains acquis progressistes antérieurs à 1789 : c’est le cas lorsque, par exemple, l’euro-austérité désosse le ministère de l’Équipement héritier de… Sully [2], ou quand la Loi Fioraso, officialisant la politique pan-européenne de substitution du tout-anglais au français, annule de fait l’Édit de Villers-Cotterêts qui, en 1539, fit du français la langue commune de notre pays ! Du super-patron Denis Kessler appelant à « démanteler le programme du Conseil National de la Résistance » [3] à la Commission européenne, qui dicte à la France l’agenda des contre-réformes exigées par Merkel, tout se passe comme si nos élites médiatico-financières avaient décidé de mettre un point final à l’histoire de France ; non sans offrir au bon peuple une série de diversions "sociétales" destinées à détourner les regards pendant que des détrousseurs avides de profits dépouillent les travailleurs, violentent Marianne et bradent la Nation.

La cause du mal, le socle de la future "guérison" : la fin irréversible des compromis français

Pour stopper ce meurtre à crédit du pays, encore faut-il en saisir les causes profondes.

Au-delà des reniements spectaculaires de la droite et de la fausse gauche, la défaisance française trouve son origine dans l’évolution des rapports de forces immanents aux capitalismes français et mondial. Effrayé par la grande grève de Mai 68, avide de maximiser ses profits aux échelles continentales et mondiales, le grand patronat "français" a largement délocalisé l’appareil industriel ; ce faisant, il a massivement déclassé le frondeur prolétariat français dont le grand tort, depuis 1920, était de voter rouge et de soutenir les syndicats de lutte. En réalité, l’"élite" française et son homologue d’outre-Rhin se sont divisés les tâches au début des années 70. A la R.F.A., dont la classe ouvrière était "tenue" par le puissant S.P.D. délesté de la concurrence du PC allemand (interdit !), est revenue la grande industrie, vraie source de la richesse à long terme ; plus médiocrement, "notre" grand patronat s’est recentré sur le tourisme, la finance, le transport, et l’armement… Ainsi ont été créées les conditions (délocalisations et privatisations massives) de l’affaiblissement social du PCF et de la CGT ; ces deux organisations auront d’ailleurs précipité leur déclin – tout en croyant le conjurer ! – en abandonnant à la fois, sous couvert de "modernité", leur culture marxiste, leur fibre patriotique issue de la Résistance et leur soutien de toujours au camp anticapitaliste mondial…

Sur le plan géopolitique, le mal français s’enracine dans la re-mondialisation du capitalisme qui prépara et accompagna l’implosion contre-révolutionnaire du camp socialiste ; la réunification capitaliste de l’Allemagne, l’adoption au forceps du Traité de Maastricht, la satellisation germano-américaine de l’ex-Europe socialiste (l’ainsi-dit « élargissement à l’est » de l’U.E.) permirent l’émergence d’une Europe atlantique qui tourne clairement autour de l’Axe Washington-Berlin. Ces involutions géopolitiques déstabilisèrent la politique militaire et diplomatique héritée du gaullisme. En l’absence de l’U.R.S.S. et de la R.D.A., qui bridaient mondialement l’Oncle Sam et l’Aigle allemand, le vieil impérialisme français devenait subitement incapable de compenser son affaiblissement structurel découlant de l’hégémonie anglo-saxonne et de l’essor des luttes anticoloniales. En l’absence de confrontation Est-Ouest, la diplomatie française ne pouvait plus jouer les arbitres éclairés des querelles internationales, comme le faisaient encore en leur temps (sur des bases de moins en moins indépendantes et de plus en plus atlantiques) Pompidou, Mitterrand ou Chirac. C’est aujourd’hui Berlin qui domine l’U.E. à l’abri de l’OTAN et qui profite à plein de cette "zone crypto-protectionniste" qu’est en réalité la zone euro-mark. Faut-il s’étonner si de nouveau, préférant le capital allemand à notre peuple (comme s’y complurent jadis les Émigrés de Koblenz, les versaillais de Thiers et les Munichois de 1938), nos élites bourgeoises radicalisent leur choix de défaire la France, de « reconfigurer ses territoires », de construire « notre nouvelle patrie, les États-Unis d’Europe » [4], de dissoudre notre langue et notre culture dans le Grand Marché transatlantique, de transformer l’armée française en supplétive de l’OTAN et de chanter sur tous les tons, comme le Comité des Forges des années trente [5], les charmes vénéneux du "modèle allemand" ?

Doublement terminés, donc, les « compromis historiques » de l’après-guerre qui, sur le plan géopolitique, voyaient de Gaulle (fondamentalement ancré à l’Ouest faut-il le dire ?) prendre appui sur l’URSS et sur la Chine pour contenir les États-Unis et qui, sur le plan national, conduisirent la bourgeoisie gaulliste de 1945 à conclure avec le puissant PCF d’alors, fer de lance de la Résistance intérieure armée, le compromis progressiste du C.N.R. : un compromis sur lequel prirent appui les ministres communistes de 1945-47 pour mettre en place à marche forcée les conquis sociaux constitutifs de l’exception française (Sécurité sociale, nationalisations, statuts, retraites par répartition, conventions collectives : tout ce dont l’intégration euro-libérale actuelle est la négation directe).

Cela signifie-t-il alors que les Jours heureux, promis naguère par le C.N.R., soient à jamais derrière nous ? Cela n’implique-t-il pas tout au contraire que, dans les conditions présentes, la renaissance républicaine de la France passe par une lutte poussée jusqu’au bout – une lutte sans compromis ! – contre l’oligarchie capitaliste ? Avec à la clé, une nouvelle Révolution française susceptible de placer enfin « le monde du travail au centre de la vie nationale », comme y appelait le programme imparfaitement réalisé du C.N.R.…

Pour un FRont Antifasciste, Patriotique et Populaire (FR.A.P.P. !)

Des bases existent pour un sursaut vital décisif du peuple français menacé de mort et de déchéance politique.

D’abord, n’imitons pas cet aliéné qui, ayant perdu ses clés, les cherchait sous un réverbère où elles n’étaient pas (!) sous prétexte que là était la lumière. Certes il serait stupide de snober les ouvriers, les paysans et les artisans bretons qui coiffent le bonnet rouge, qui suivent le Gwen a du et qui boycottent hélas les drapeaux rouges et tricolores ; mais il serait franchement suicidaire de confondre sa droite et sa gauche au point de croire que le salut du peuple français peut venir de manifs qui diabolisent "Paris", qui revendiquent la quasi-indépendance de la Bretagne (et demain celles de la Corse, du Pays basque, du Roussillon, de l’Alsace… et leur quasi-annexion aux euro-Länder transfrontaliers correspondants ?). En réalité, ces "contestataires" soutiennent à leur insu la ministre PS Marylise Lebranchu qui surfe sur la vague identitaire pour accélérer l’euro-régionalisation du pays et promouvoir la funeste « Charte européenne des langues minoritaires et régionales » à la faveur du dangereux « pacte breton ». C’est à l’inverse la renaissance sociale et républicaine de l’État-nation qui permettra la ré-industrialisation équilibrée de notre pays et de ses territoires si divers en prenant appui sur la nationalisation du crédit et des entreprises stratégiques ; cela exigera à la fois de défendre le français contre le tout-anglais, de promouvoir l’enseignement pluriel des langues étrangères et de traiter nos langues régionales comme le précieux patrimoine culturel de toute la nation.

Il ne serait pas moins naïf de s’en remettre aux états-majors syndicaux euro-béats. Depuis deux décennies, ceux-ci ont, tantôt prévenu les revendications patronales avec la jaunissante CFDT, tantôt organisé d’impuissants barouds d’honneur en dénigrant l’idée même de grève générale. N’est-il pas temps qu’au contraire, les syndicats CGT, FSU, FO, qui mènent des luttes dures dans l’isolement, coordonnent leurs luttes pour leur donner un caractère national et interprofessionnel ?

Enfin, comment ne pas voir que le Front de gauche est pour l’heure incapable d’offrir une alternative au "PMU" et à l’UM’Pen parce que M. Laurent s’est arrimé électoralement au PS, et parce que M. Mélenchon continue de prétendre, contre toute expérience, que « l’Europe est à nous ! » et que « l’euro est notre monnaie ! » (sic) : ce qui revient de fait à livrer le drapeau de l’indépendance nationale aux usurpateurs du FN… Du reste, MM. Laurent et Mélenchon adhèrent tous deux à la Gauche Européenne, le parti transnational subventionné par Bruxelles pour « promouvoir la conscience européenne » des citoyens…

En réalité, c’est avant tout dans le(s) peuple(s) qu’il faut chercher les forces de résistance et de renaissance ; et cela pas seulement sur le sol de l’Hexagone…

A l’échelle de l’Europe, l’heure est à fédérer les luttes intenses dont les pays du Sud, que les eurocrates nomment les PIGS, sont l’épicentre pré-insurrectionnel. A ce niveau, les travailleurs pourraient prendre appui sur l’Initiative contre l’UE, que le PC de Grèce a formée avec d’autres P.C. d’Europe alors qu’un nombre grandissant de PC adhérents au PGE prend position contre l’UE. Comment unir ces forces « rouges » aux forces progressistes qui, contre les libéraux européens, mais aussi contre la social-eurocratie du PSE, rejettent l’euro en ralliant à leur point de vue un nombre croissant d’économistes ?

A l’échelle nationale, il faut constater que des forces situées à la gauche du PCF [6], se réunissent pour prôner les quatre sorties : de l’euro, de l’UE et de l’Alliance atlantique dans la perspective assumée d’une rupture avec le capitalisme.

Il faut aussi noter qu’un nombre croissant de mouvements progressistes prennent appui sur le programme du CNR – dont un film récent de Gilles Perret rappelle les contenus terriblement actuels – en associant dans leur visée programmatique la souveraineté nationale et populaire, la nationalisation des monopoles capitalistes, le progrès social, l’antiracisme, sans oublier l’idée de nouvelles coopérations internationales tendant la main à l’Amérique latine, à l’Afrique, au monde arabe et aux « BRIC » dans le but de briser la tenaille germano-atlantique qui broie nos pays, y compris les travailleurs allemands.

Faut-il dans la foulée, comme le prônent les tenants d’une radicalité franchement républicaine [7], appeler à l’abstention citoyenne aux prochaines élections européennes ? Car cette élection supranationale n’a d’autre enjeu politique, en l’absence d’une vraie différence entre l’eurodroite et la social-démocratie [8], que d’extorquer la caution du suffrage universel pour les euro-diktats antisociaux inspirés par la Table ronde des industriel européens ? Un tel boycott serait une bonne façon, du moins là où n’existe pas une offre électorale progressiste et radicalement euro-critique, de préparer dans les actes l’insurrection citoyenne, à la fois internationaliste et si l’on ose dire, "inter-patriotique" des peuples d’Europe pris en tenaille entre l’extrême droite (qui feint de contester l’UE tout en siégeant à Strasbourg !) et l’euro-consensus des partis "bleus" et de leurs "opposants" roses, verts et rouges clair !

Ancrée sur les classes travailleuses et associant (pour ce qui est de la France) le drapeau rouge au drapeau tricolore coiffé du bonnet phrygien, une stratégie de rupture progressiste avec l’U.E. déboucherait, à l’initiative des forces progressistes, sur de vastes affrontements nationaux et continentaux avec le grand Capital. Loin d’ouvrir une illusoire « troisième voie » cheminant paisiblement entre capitalisme et socialisme, ce front patriotique et progressiste poserait au contraire cette question centrale : quelle(s) classe(s) sociales doivent-elles gouverner notre pays rompu ? L’oligarchie qui casse la nation pour majorer ses profits ou le monde du travail qui la défend pour sauver et élargir les conquis populaires ?

La construction de ce nouveau bloc historique progressiste (Gramsci) exige une grande bataille d’idées : dès aujourd’hui, réfutons la fausse opposition systématique du patriotisme et de l’internationalisme en montrant que, face à l’euro-atlantisme allié aux national-populismes racistes, l’heure est à l’alliance du patriotisme républicain et d’un internationalisme prolétaire de nouvelle génération. Affrontons aussi la sordide équation prétendument "antitotalitaire" qui amalgame le communisme au nazisme en ignorant que Hitler eût gagné la guerre sans les sacrifices sans égal de l’Union soviétique : nul besoin pour reconnaître cela d’évacuer le débat sur le bilan de l’expérience issue d’Octobre 17 : repousser l’amalgame indécent « communisme=fascisme » signifie seulement que l’on ne sauvera pas les acquis de 1789 – que renie la bourgeoisie actuelle – sans refuser la criminalisation de 1917 : car mettre un trait d’égalité entre le pays de Stalingrad et le Troisième Reich ne sert qu’à banaliser partout ces « meilleurs élèves de la classe anticommuniste » que sont depuis toujours les fascistes.

Conclusion

Construire ce Front franchement républicain est une urgence vitale. Alors que des milliers de progressistes cherchent avec angoisse comment briser l’étau de l’UM’Pen et du "P.M.U." bruxellois, alors que dans le PCF et dans le PG, voire dans les marges du PS et chez les vrais gaullistes, nombre de militants et de citoyens refusent fièrement l’euro-addiction et la hollando-dépendance, alors que d’admirables syndicats de lutte mènent des luttes dures que les confédérations refusent de coordonner, l’heure est à reconstituer dans l’action une force franchement communiste, un Conseil National de la Renaissance. Rester dans l’UE et dans l’euro, ce ne serait pas s’en sortir mais… y rester !

Pour nous en sortir ensemble, avec la Liberté, l’Égalité et la Fraternité guidant de nouveau le(s) peuple(s), il faut oser rompre cette prison des peuples qu’est l’U.E. atlantique. Sans crainte d’allier à nouveau, comme aux Jours heureux de 1936 et de 1945, la Marseillaise de l’émancipation nationale et l’Internationale de l’affranchissement social.

* G. Gastaud est philosophe, syndicaliste, membre du PRCF, auteur notamment de Mondialisation capitaliste et projet communiste (1997), Patriotisme et internationalisme (2010), Lettre ouverte aux bons français qui assassinent la France (2005), Sagesse de la Révolution (2008).



[1] Comme la loi de séparation laïque de l’État et des Églises, l’interdiction du travail dominical date de 1905…

[2] Qu’Henri IV avait nommé « Grand Voyer » de France pour restaurer le réseau fluvial et routier anéanti par les Guerres de religion.

[3] Cf. l’édito scandaleux mais révélateur de Challenges (nov. 2007), qu’écrivit Kessler dans l’euphorie qui suivit l’élection de Sarkozy.

[4] Cf. le manifeste du MEDEF intitulé Besoin d’Aire (comment traduirait-on cela en allemand ?) paru en décembre 2011.

[5] Cf. Annie Lacroix-Riz, Le choix de la défaite, chez Armand Collin.

[6] Le Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), le réseau d’opposants communistes « faire vivre et développer le PCF », le Rassemblement des cercles communistes et d’autres groupes démarqués de la direction du PCF viennent de tenir ensemble des Assises du communisme. En est sorti un appel à sortir la France de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme..

[7] C’est l’appel qu’ont lancé ensemble à Limoges, le 2 novembre dernier, le Mouvement politique pour l’émancipation populaire (MPEP), les Clubs Penser la France et le PRCF déjà nommé.

[8] La "gauche de la gauche" refusant hélas l’euro-rupture ; quant au FN, il ment effrontément sur sa « rupture avec l’euro ». Il suffit de consulter le site du FN pour constater que le FN ne veut pas sortir de l’U.E. et que, s’agissant de l’euro, le FN veut en sortir « de manière concertée » avec les 27 pays européens : ce qui relève de l’utopie ou de l’escroquerie politique !

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 13:15

                       CHRONIQUES DU FASCISME ORDINAIRE        

                     

 

 

                                                                Contre l'extrême-droite et ses crimes : communiqué de la JC Paris                     

 

 

 

                         Pas antisémite, la quenelle ? Éducateur, Nabil ?

En réponse et soutien à l’article de Danielle Bleitrach

Un article de « Rue 89 » (voir ici) prend la défense de Nabil, éducateur à Ferrières-en-Brie (Seine et Marne) qui a été renvoyé par Mme le Maire, Mireille Munch, pour avoir fait « la quenelle » et pis encore, avoir appris le geste (on est éducateur que diable) à ses élèves.

L’article du journaliste cite « le journal JSS News, proche de la droite israélienne » (l’horreur, quoi, on ne peut que minimiser le geste quand c’est la droite israélienne qui en parle !). Bon, il y a quand même quelques journaux qui ont dénoncé cette quenelle qui n’est pas que lyonnaise, et se cuisine à des sauces nauséabondes.

Mais un journal de gauche bobo et gauchiste ne peut envisager que la quenelle soit antisémite… si le geste est fait par Nabil ! Et puisque Nabil se défend d’être antisémite… Or, Nabil est un fan… de Dieudonné ! Dont l’antisémitisme a été condamné 20 fois et qui s’en f… royalement ! Car il a pour "disciples" une bonne partie de la communauté musulmane jeune et une bonne partie d’une certaine gauche, égarée, qui, pour défendre le juste combat des palestiniens a abandonné le combat contre l’antisémitisme, privilégiant la communauté arabo-musulmane, seule victime du racisme anti-arabo-musulman et surtout, surtout, de l’islamophobie, assimilée à ce racisme-là !

Je me souviens, en 2005, loi contre les signes religieux à l’école (non votée par le PCF !), un éducateur de type Nabil avait soulevé l’indignation de la salle au cours d’un débat : il contestait la loi sur les signes religieux, mais il contestait aussi les lois françaises, l’égalité garçons-filles ! Il a été renvoyé, heureusement.

Moi, enseignante laïque et féministe, j’ai profondément honte en voyant la photo de ce Nabil, et des enfants faisant le geste de la quenelle que cet "éducateur" leur a appris…

J’ai écrit à la maire de Ferrières-en-Brie pour la féliciter de sa décision de renvoi de cet "éducateur" antisémite et qui apprend l’antisémitisme à ses élèves.

J’ai écrit à Rue 89 pour dire mon indignation pour cet article complaisant.

Il ne faut ni trop parler de ce Dieudonné, ni éviter de dire, de dénoncer cet antisémitisme, la bête immonde qui pourrait bien se réveiller et nous précipiter dans des affrontements inter-communautaires violents (extrêmes-droites dans chaque communauté) et de plus en plus dangereux ! Comme cela s’est passé à Villeurbanne, avec des expéditions punitives contre les « faiseurs de quenelles ».

Le PCF devrait s’exprimer sur ce sujet, condamnation sans faiblesse de ces gestes, paroles, dire que ce sont bien des manifestations antisémites et qu’elles doivent être condamnées comme TELLES.

Mireille Popelin

                                                 Faire vivre le PCF

Partager cet article
Repost0
7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 13:53

                                                                   MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

tkp.jpgQue se passe-t-il en Turquie?

 

 

Nul n'a pu échapper aux événements de ces dernières semaines :

 

le scandale de corruption éclaboussant au-delà du gouvernement le système AKP avec le rôle de l'obscure confrérie de Fethullah Gülen, la renaissance des manifestations par dizaines de milliers dans les rues d'Istanbul et d'ailleurs, l'exigence qui monte de démission du gouvernement, le discours qui perce de la gauche et des forces communistes.

 

Pour comprendre ce qui se passe en Turquie, au-delà du chaos délibérément répercuté dans nos médias, voici l'analyse que propose le Parti communiste turc (TKP) de la crise politique actuelle en Turquie.

 

Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Fin de route pour le gouvernement AKP

 

Que se passe-t-il en Turquie ? Comment doit-on aborder la crise politique actuelle et quelles sont les raisons derrière celle-ci ? Est-ce que le principal parti d'opposition, CHP (kémaliste), représente une alternative au gouvernement ? Comment ouvrir la voie à une république populaire ?

 

Il y a onze ans, en dépit de certaines hésitations, les États-Unis ont considéré l'AKP comme une option « qui valait la peine d'être testée » pour diriger la Turquie.

 

Le parti islamique néo-libéral fut ravi de servir les intérêts américains au Moyen-orient. L'AKP a soumis un plan aux décideurs américains qui envisageaient à l'époque la défense d'une variante de l'Islam sunnite dans la région.

 

Cette variante de l'Islam politique serait compatible avec les intérêts du capital mondial et de ses centres impérialistes. L'AKP était assez ambitieuse ; elle n'était pas satisfaite par la diplomatie passive de la politique étrangère turque classique.

 

Ayant finalement convaincu l'administration américaine de son allégeance aux intérêts impérialistes, l'AKP a acquis une position d'allié de premier rang des États-Unis, « partenaire stratégique » au Moyen-orient.

 

En Europe aussi, les gouvernements de droite comme de « gauche » au sein de l'UE furent enthousiasmés par ce nouveau parti proposant un islamisme pro-occidental et pro-capitaliste.

 

En dépit de certaines préoccupations historiques et communautaires, l'Iran a perçu le gouvernement islamiste comme une opportunité importante.

 

La Russie est partie du principe qu'il serait possible d'aligner ses intérêts avec ceux du gouvernement Erdogan, pour ce qui était des relations économiques et énergétiques, ce gouvernement qui se vantait de son fond « commerçant ».

 

Israel était déjà bien au courant du pragmatisme de la tradition Milli Görüş (Voie nationale), le mouvement dont est issu l'AKP. Ils ne considéraient pas l' « identité islamique » comme un problème, tant que les relations économiques et militaires roulaient.

 

La bourgeoisie turque a découvert l'esprit patronal de l'AKP et a réalisé que cette nouvelle équipe était un candidat de qualité pour créer un rosier sans épines pour le capital, et pour utiliser son fond religieux pour amortir les réactions sociales potentielles aux offensives néo-libérales qui s'annonçaient contre la classe ouvrière.

 

Ce n'est pas seulement la secte de Fethullah Gülen mais aussi d'autres sectes religieuses qui ont soutenu l'AKP, dans leurs propres intérêts (économiques).

 

Le mouvement kurde attendait du gouvernement AKP, qui n'est pas dans la lignée des politiques de l' « État nationaliste traditionnel », pouvait être l'occasion de résoudre le problème kurde.

 

Qu'est-ce qui a mal tourné ?

 

L'AKP a récemment perdu du crédit vis-à-vis de l'impérialisme américain, en termes de crédibilité et de fiabilité en tant que gouvernement durable.

 

Un compte-rendu des raisons derrière le déclin de l'AKP devrait insister sur le rôle de deux échecs : le premier, l'effondrement total de la politique étrangère turque en Syrie et la friction sur le soutien ou non aux éléments de l'opposition syrienne directement liée à Al Qaeda.

 

Second échec, l'impuissance du gouvernement à contrôler les incidents qui ont mené au soulèvement populaire en juin contre sa politique toujours plus oppressive, en Turquie.

 

Il est important aussi de noter que les alliés d'Erdogan ont aussi perdu du terrain au Moyen-orient, pendant la même période. Un mouvement populaire, suivi par un coup militaire, a renversé les Frères musulmans en Égypte. Le gouvernement Ennahda en Tunisie a aussi perdu du terrain.

 

En termes de dynamiques politiques internes, l'AKP était soutenu par une coalition de forces qui comprenaient le capital turc traditionnel et des organisations religieuses.

 

Les principaux éléments du gouvernement AKP actuel qui gère la Turquie depuis onze ans sont l'entourage d'Erdogan et la communauté Gülen (aussi connue sous le nom de Mouvement Hizmet), dont le leader a vécu aux États-Unis pendant plus d'une décennie.

 

En alliance avec la communauté Gülen, l'AKP a irrévocablement réussi à placer l'armée et la justice sous son contrôle remplaçant par conséquent la République kémaliste par un nouveau régime islamiste.

 

Tout au long de cette transformation, et en collaboration avec la communauté Gülen, l'AKP a établi son propre pouvoir après avoir fait main basse sur les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Les membres de la communauté Gülen, toutefois, tiraient les ficelles de ce dernier, ainsi que des forces de police.

 

La crise actuelle peut être analysée comme une fracture au sein du bloc dirigeant en Turquie. La coalition de forces, comprenant le capital international et l'impérialisme américain, qui ont soutenu le gouvernement AKP jusqu'à récemment, se demandent désormais si ils doivent continuer à laisser Erdogan au pouvoir.

 

 

Cette dernière « opération de corruption » qui a été déclenchée doit être analysée dans ce contexte. Par ses cadres dans la justice et la police, c'est la communauté Gülen, sous directives américaines, qui a poussé le bouton de l'opération.

 

L'objectif de cette opération est d'affaiblir directement l'AKP et de brider l'ego d'Erdogan, qui a fréquemment proposé des politiques allant en contradiction avec les intérêts impérialistes dans la région.

 

Bien que le déclin du gouvernement soit entamé, il faut s'attendre à ce que l'opération dure un moment avant que ne soit porté le coup final.

 

Les centres impérialistes, le capital national et international ont besoin de temps pour trouver de nouvelles alternatives, de nouvelles configurations de pouvoir pour remplacer le gouvernement AKP.

 

Cette nouvelle configuration pourrait comprendre le parti social-démocrate d'opposition CHP, la communauté Gülen et certains cadres de l'AKP.

 

Des signes forts existent, indiquant que le parti laïque dit de « gauche » CHP, sous la direction de Kemal Kılıçdaroğlu est prêt à coopérer avec les Etats-unis et la communauté Gülen.

 

Kılıçdaroğlu a évité de faire tout commentaire négatif sur le rôle des Etats-unis et de la communauté Gülen ont joué dans le scandale de la corruption. On sait bien que Kılıçdaroğlu a conduit des négociations avec les associations liées à la communauté Gülen.

 

On peut le voir au choix des candidats aux municipales du CHP. Le candidat à Istanbul est connu pour avoir des liens étroits avec la communauté Gülen et le candidat à Antakya est l'ancien maire AKP, que l'AKP a choisi de ne pas introniser.

 

La fin de l'AKP est proche

 

Les gens avaient cette conviction pessimiste que « ce gouvernement ne s'en irait jamais ».

 

En juin, un mouvement populaire est né et il a réussi à mobiliser même les plus pessimistes et nous avons tous pu voir comment l'équilibre politique du pays a radicalement changé, en quelques jours.

 

Le principal mot d'ordre dont s'est emparé le peuple en Juin était « Gouvernement, démission ! Dictateur, démission ! ». Le principal mot d'ordre dans les rues aujourd'hui est encore le même « Dictateur, démission ! ».

 

 

La défaite du dictateur, cependant, ne doit pas être laissée aux Gülenistes ou aux Etats-unis. Le peuple doit faire son travail. Il est de la responsabilité du TKP (Parti communiste turc) d'organiser la résistance populaire de Juin dans un mouvement politique qui finira le travail commencé par la résistance.

Partager cet article
Repost0
7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 13:47

                                                                     cerveau animé

 

Racisme et liberté d'expression : ne pas se tromper d'ennemi

Il est à la fois nécessaire, affirme l'ancien député communiste Jean-Claude Lefort, président d’honneur de l’Association France Palestine Solidarité, d'« éclairer politiquement la signification » de la “quenelle” si l'on veut « rendre lisible et acceptable par la société toute mesure (...) visant à en réduire l’usage », mais aussi de mettre fin à « la confusion entre antisémitisme et action politique qui est au cœur même de la circulaire Alliot-Marie » contre le boycott de produits israéliens.


  

Le ferme débat engagé contre les paroles et les actes de Dieudonné peut être salutaire, à condition d’éviter tout raccourci, ou pire : les amalgames.

Les questions posées sont sérieuses. Elles doivent être l’occasion d’opérer des clarifications nécessaires, tant existent des volontés de brouiller les cartes aujourd’hui. Ceci dans un seul but – qui devrait rassembler : prendre des mesures pour que les deux termes de l’équation, la lutte contre toute forme de racisme, d’une part, et, d’autre part, la protection de la liberté d’expression, en sortent renforcées.

Pour quiconque suit objectivement les faits, les gestes et les propos de Dieudonné, la chose ne peut prêter à aucun doute possible : son antisémitisme est patent. Il n’est pas acceptable. Le racisme, redisons-le avec force, n’est pas une opinion mais un délit. Nous le condamnons par principe, absolu et non discutable, mais aussi par nécessité politique : il nuit terriblement à la cause du peuple palestinien dont Dieudonné fait mine de se réclamer.

Ses propos ont été condamnés par la justice à de nombreuses reprises. Et la loi doit s'appliquer sans la moindre mansuétude.

Mais les actes de Dieudonné, et plus spécialement sa « quenelle », doivent être éclairés si on veut rendre lisible et acceptable par la société toute mesure politique ou autre visant à en réduire l’usage jusqu’à l’anéantir. De ce point de vue, beaucoup de personnes, spécialement les jeunes, ne sont pas au diapason des condamnations justement formulées contre cette honteuse « quenelle » dont le sens est pourtant indiqué par Dieudonné en personne et dont je m’interdis de le rappeler ici tellement c’est ignoble. De nombreux jeunes n’y voient pourtant qu’un simple geste à signification « antisystème » d’autant que Dieudonné joue de l’ambiguïté.

D’aucuns y voient la résurgence, sous une autre forme, du salut hitlérien, lequel n’est pas passible des rigueurs de la loi en France alors que le port public de signes nazis est interdit et sanctionné. Comme en écho direct avec le procès de Nuremberg. Faudra-t-il modifier ou clarifier la loi sur ce point ? Tâche certainement très difficile, car ce n’est pas un salut nazi stricto sensu, alors qu’en Allemagne et en Autriche une loi existe contre lui.

En tout cas, il faut éclairer politiquement la signification de ce geste qui n’a rien de banal ni d’antisystème afin d’isoler ses protagonistes et d’anéantir autant qu’il est possible son utilisation dont s’enorgueillit ave jubilation l’extrême droite. Le fait qu’il soit souvent produit devant des lieux de mémoire qui concernent directement les Juifs doit être mis en exergue sans atermoiements ni la moindre hésitation.

Mais il faut être clair : ce ne sont pas seulement les Juifs qui sont concernés par ce sujet et ce combat car c’est toute notre civilisation qui est visée ainsi que les valeurs de la démocratie et de la République. Ce n’est pas un combat à sanctuariser. Il touche à l’universel.

Nous sommes donc, dans ce cas, dans le cadre de la lutte conte le racisme qui, encore une fois, n’est pas une opinion mais un délit. La liberté d’expression est justement encadrée. Et comme le rappelle avec constance la Cour européenne des droits de l’homme, « tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. »

A cet égard, le débat ouvert à propos du cas Dieudonné peut être salutaire. Car en vérité d’aucuns veulent s’en prendre non plus au racisme, et renforcer nos instruments juridiques, mais cherchent à « profiter » de cette situation pour interdire la critique et l’action contre la politique des dirigeants israéliens. Ils veulent parvenir à ce que la critique de cette politique devienne taboue et relève du « racisme ». Et là, non ! On glisse plus que dangereusement. On rend inaudible et on dévalue, sinon on délégitime, le combat évoqué qui est à mener contre toutes les formes de racisme.

C’est pourtant ce qu’a fait en son temps une certaine ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie qui, dans une circulaire toujours actuelle, a purement et simplement assimilé l’appel au boycott des produits issus des colonies israéliennes ou en provenance d’Israël comme un appel à la « discrimination » raciale. Elle a dévoyé, pour cela, l’article 24 de la loi de 1881 et l’article 225 et suivants du Code pénal. Ces lois sont fort pertinentes qui pénalisent justement les actes ou appels contre « un individu ou un groupe d’individus » à raison de leur appartenance à une « race, une nation, une ethnie », etc. Contre une ou des personnes et non pas contre un ou des produits.

Le boycott a été lancé à l’appel de la société civile palestinienne vers l’opinion publique mondiale dans une optique unique et claire qui ne peut souffrir d’aucune autre justification : il s’agit d’agir de manière pacifique contre la politique d’occupation des dirigeants israéliens. Et ceci non pas pour toute l’éternité, comme si Israël était intrinsèquement pervers, mais durant un temps précis et déterminé : jusqu’à ce que les dirigeants israéliens appliquent le droit international. C’est clair et net et ne peut avoir pour nous d’autre fondement.

Il n’y a donc rien, de toute évidence, de raciste ou d’antisémite dans ce cas. C’est purement et simplement politique. Ou alors il faudrait qu’on dise que les mêmes lois auraient dû s’abattre, durant le très long combat contre l’apartheid, contre les tenants du boycott contre l’Afrique du Sud. Qui oserait affirmer aujourd’hui que ce fut un boycott anti-blanc, en quelque sorte ? Ce fut un combat contre un système et non contre des individus. Et à l’époque aussi, d’aucuns étaient pour cette action de boycott et d’autres étaient contre.

C’était une question d’appréciation et de positionnement politiques. Mais ce fut un beau combat politique, un combat utile et décisif ainsi qu’il a été rappelé par les autorités françaises au moment de la disparition de Nelson Mandela.

On ne peut laisser sans danger perdurer la confusion entre antisémitisme et action politique qui est au cœur même de la circulaire Alliot-Marie. On ne saurait admettre que l’antisémitisme soit instrumentalisé pour disqualifier et criminaliser ces appels au boycott dès lors qu’ils sont clairs et ne concernent que la situation politique au Proche-Orient.

Si on ne prêtait pas l’attention nécessaire à ce sujet – et si devait encore courir la circulaire Alliot-Marie – alors, c’est la lutte contre l’antisémitisme elle-même qui en serait atteinte. On ne voit que trop à quel point le soutien absolu et systématique porté par d’aucuns à la politique israélienne nuit au combat contre l’antisémitisme. Des voix s’élèvent en ce sens. Car il s’agit de deux choses absolument différentes qu’on ne peut mélanger, sauf à retirer au concept d’antisémitisme toute portée réelle. Considérer qu’Israël est ou serait un Etat à part et différent des autres, hors toute critique politique possible, serait en ce sens aussi, très gravissime.

C’est pourquoi le débat actuel fournit l’occasion d’une saine et ferme clarification.

Une nouvelle circulaire de la Garde des sceaux s’impose qui vienne enfin clarifier et renforcer la lutte contre toutes les formes de racisme en garantissant la liberté d’expression dont doivent jouir tous les citoyennes et les citoyens dans notre République.

C’est un vœu – et même plus que cela – que je formule au seuil de l’année nouvelle. 

Partager cet article
Repost0
7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 13:35

 

                                                                       MARE NOSTRUM-copie-1

 

goldman-2.jpg« Moi, Omer Goldman, à 19 ans, j'ai refusé de servir dans l'armée d'occupation israélienne » – juive et anti-sioniste, oui c'est possible !

 

Article pour http://jeunescommunistes-paris15.over-blog.com/ repris par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

C'était il y a cinq ans, déjà. Omer Goldman avait été une des premières non seulement à dire non au service de l'armée coloniale israélienne mais aussi à le faire savoir publiquement, à mener le combat pour la désobéissance des jeunes israéliens, juifs ou non.

 

On les appelle les « shminitism », les objecteurs de conscience. Ils étaient quarante lycéens en 2008 à signer une lettre de protestation contre l'enrôlement dans l'armée d'occupation israélienne. Aujourd'hui, ils se comptent par dizaines à refuser le service, âgés entre 18 et 22 ans.

 

Omer Goldman fut le visage de ce courage collectif. Elle avait 19 ans en septembre 2008, ses idées fortes contrastant avec ses traits fins. Immédiatement arrêtée, elle a passé plus d'un mois dans les geôles israéliennes comme cadeau d'entrée dans la vie adulte.

 

Le temps est passé, mais nous estimons nécessaire de rappeler son combat, son témoignage, aussi pour couper l'herbe aux faux amis de la cause palestinienne, ceux qui voudraient penser qu'on ne peut être « juif » sans être sioniste, qu'on ne peut être anti-sioniste sans être anti-sémite.

 

« Papa, je ne servirai pas pour ton Israel ! »

 

La lettre qu'avait communiqué Omer pour justifier son refus révèle son courage. Oui, Omer est fille d'un ancien (très) haut responsable du Mossad, les sinistres services secrets israéliens. Mais Omer, à 19 ans lui a dit : « Pardonne-moi Papa, mais je ne battrai pas pour ton Israël ! »

 

Que de conflits avec son père qui a publiquement désapprouvé sa décision (« On est tous les deux opposés idéologiquement ») tout en respectant la décision de sa fille : « Nous, tous les deux, avec des caractères très similaires nous nous battrons pour ce en quoi nous croyons ».

 

Pas de doute qu'elle n'a pas les mêmes idées que son père, sa lettre n'est pas celle d'une enfant crédule :

 

« Je refuse de servir dans l'armée israélienne. Je ne ferai pas partie d'une armée qui met en place une politique violente, et viole les droits de l'Homme tous les jours.

 

Comme nombre de mes pairs, moi-même n'avais pas posé soulevé la question éthique de l'armée israélienne. Mais quand j'ai visité les territoires occupés, j'ai vu une réalité complètement différente : une réalité violente, oppressive, extrême qui doit cesser.

 

Je crois au service en la société dans laquelle je vis, et c'est précisément pourquoi je refuse de participer aux crimes de guerre commis par mon pays. La violence n'apportera aucune solution, et je ne commettrai pas d'actes violents, advienne qui pourra ».

 

Pas facile d'avoir 19 ans dans un Etat colonialiste … la prise de conscience de l'injustice

 

Son acte de courage est venu d'une prise de conscience, d'une indignation face à l'injustice. A la fin du lycée, Omer est parti, sans la permission de son père, dans un village palestinien de Cisjordanie.

 

Au check-point, accompagné de connaissances palestiniennes qu'elle aurait du haïr, les soldats israéliens lui ont tiré dessus :

 

« On parlait sur le bord de la route, les soldats se sont approchés et après quelques secondes, ils ont reçu un ordre, tiré des grenades lacrymo et des balles de caoutchouc contre nous. Cela m'a frappé que des soldats suivent un ordre sans réfléchir.

 

Pour la première fois dans ma vie, un soldat israélien m'avait mis dans le viseur et avait tiré sur moi ! »

 

Ce que Omer a connu ce jour-ci, c'est ce que connaissent des millions de Palestiniens depuis des décennies. A partir de ce moment-là, plus question pour elle de joindre ses mains à celle d'une machine d'oppression.

 

Pour Natan, Noam, Alon, oui, on peut être juif et refuser le sionisme. A bas le sionisme et … l'anti-sémitisme !

 

Nous nous sommes fait le relais ces derniers mois, dernières années de ces « refuzniks », jeunes israéliens, juifs (ou étiquetés comme tels par les sionistes .. et les anti-sémites!) qui se sont indignés, ont refusé de servir.

 

On pense à Noam Gur et Alon Gurman, deux jeunes lycéens de 18 et 19 ans condamnés à la prison en avril 201. On pense à Natan Blanc, 19 ans, qui a passé six mois de sa vie en prison. Tous ont vaincu l'injustice au cœur, tous ont osé défier un gouvernement criminel au nom de leurs idéaux.

 

Leur acte d'indignation était individuel, leur ambition collective : réveiller un peuple endormi par le venin de la haine sioniste. Le Parti communiste d’Israël, la Jeunesse communiste d’Israël, ont soutenu ces shminitism, mené campagne pour leur libération.

 

Rappelons que, comme dans l'Afrique du sud de l'apartheid, seules les organisations communistes accueillent les travailleurs, étudiants sans distinction de couleur de peau, de religion ou d'ethnie supposée : d'origine chrétienne, arabe musulman, juifs séfarades ou ashkénazes !

 

L'exemple de ces jeunes courageux, l'exemple des communistes d’Israël doit nous éclairer au moment où des semeurs de haine essaient en France d'assimiler les juifs au sionisme, et l'anti-sionisme à l'anti-sémitisme.

 

Oui, on peut être juif ou d'origine juive et refuser le sionisme, c'est même avoir pris conscience du jeu pervers et parallèle que jouent sionistes et anti-sémites s'alimentant dans leur haine : créer de faux clivages communautaires, préparer l'épuration ethnique, gommer les clivages de classe.

 

Omer disait en 2008 :

 

« L'occupation empoisonne Israël de l’intérieur. Elle crée un peuple agressif, un nationalisme extrémiste, et efface des valeurs importantes telle que la solidarité et l'égalité. C'est pourquoi prendre position contre cela, en tant qu'israélienne, est vital pour les Palestiniens comme pour les Israéliens »

 

Honneur à Omer Goldman, qui avait montré la voie ! Honneur à Alan, Noam, Natan, David, Tamar, Maya, Udi, Sahar, tous ces jeunes israéliens qui depuis 2008 ont refusé de servir dans l'armée de la honte !

 

Unité entre jeunes Palestiniens et Israéliens, arabes et juifs, pour la paix, la justice sociale, contre toute forme de colonialisme, de racisme. A bas le sionisme, à bas l'anti-sémitisme !

Partager cet article
Repost0
5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 13:38

 

 

 

              50 vérités sur Fidel Castro

Mondialisation.ca, 02 janvier 2014
         
fidel-castro

Le leader historique de la Révolution cubaine a marqué à jamais l’Histoire de Cuba et de l’Amérique latine, faisant de son pays un symbole de dignité et de résistance.

 

1. Issu d’une fratrie de sept enfants, Fidel Castro est né le 13 août 1926 à Birán dans l’actuelle province d’Holguín, de l’union entre Angel Castro Argiz, un riche propriétaire terrien espagnol originaire de Galice, et Lina Ruz González, cubaine de naissance.

2.  A l’âge de sept ans, il part pour la ville de Santiago de Cuba et réside chez une institutrice chargée de son éducation. Celle-ci l’abandonne à son sort. « J’y ai connu la faim », se rappellera Fidel Castro et « on avait trompé ma famille ». Un an plus tard, il intègre le collège religieux des Frères de la Salle en janvier 1935 en tant qu’interne. Il quittera l’institution à l’âge de onze ans pour le collège Dolores, en janvier 1938, après s’être rebellé contre l’autoritarisme d’un enseignant. Il poursuit ensuite sa scolarité chez les jésuites au collège de Belén de La Havane de 1942 à 1945. Après des études brillantes, son professeur, le Père Armando Llorente, écrit dans l’annuaire de l’établissement : « Il s’est distingué dans toutes les matières littéraires. Excellent et rassembleur, il a été un véritable athlète, défendant toujours avec courage et fierté le drapeau du collège. Il a su gagner l’admiration et l’affection de tous. Il poursuivra des études de droit et nous ne doutons pas qu’il remplira de pages brillantes le livre de sa vie ».

Wikicommons

Fidel Castro durant un événement à Cuba, le premier mai 2005

3. Malgré son exil à Miami en 1961 suite aux tensions entre le gouvernement révolutionnaire et l’Eglise catholique cubaine, le Père Llorente a toujours conservé un souvenir nostalgique de son ancien élève : « On me reproche souvent de dire du bien de Fidel. Moi, je ne peux pas dire du mal du Fidel que j’ai connu. De plus, un jour, il m’a sauvé la vie et ce sont des choses qu’on ne peut jamais oublier ». Fidel Castro s’était jeté dans un fleuve pour sauver son professeur qui était emporté par le courant.

4. En 1945, Fidel Castro entre à l’Université de La Havane où il entreprend une carrière de droit. Elu délégué de la Faculté de Droit, il participe activement aux manifestations contre la corruption du gouvernement du Président Ramón Grau San Martín. Il n’hésite pas non plus à dénoncer publiquement les bandes armées du BAGA liées aux autorités politiques. Max Lesnik, alors secrétaire général de la Jeunesse Orthodoxe et camarade de Fidel Castro, se remémore cet épisode : « Le comité ‘30 Septembre’ [créé pour lutter contre les bandes armées] avait pris la décision de dénoncer le gouvernement et les gangsters durant la session plénière de la Fédération des étudiants. Dans le salon, plus de 300 étudiants des diverses facultés se pressaient pour écouter Fidel quand quelqu’un cria […] : ‘Celui qui parlera trop, parlera pour la dernière fois’. Il était clair que la menace s’adressait à l’orateur. Fidel s’est levé de sa chaise et d’un pas posé et ferme marcha vers le centre du grand salon. Après avoir demandé une minute de silence en souvenir des martyrs […], il s’est mis à lire une liste officielle avec les noms de tous les membres des gangs et des dirigeants de la Fédération estudiantine universitaire stipendiés par le gouvernement ».

5. En 1947, à l’âge de 22 ans, Fidel Castro participe avec Juan Bosch, futur Président de la République Dominicaine, à une tentative de débarquement de Cayo Confite pour renverser le dictateur Rafael Trujillo, alors soutenu par les Etats-Unis.

6. Un an plus tard, en 1948, il participe au Bogotazo, soulèvement populaire déclenché par l’assassinat de Jorge Eliécer Gaitán, leader politique progressiste, candidat aux élections présidentielles en Colombie.

7. Diplômé de droit en 1950, Fidel Castro exerce en tant qu’avocat jusqu’en 1952 et défend les petites gens, avant de se lancer en politique.

8. Fidel Castro n’a jamais milité au sein du Parti Socialiste Populaire (PSP), parti communiste de la Cuba prérévolutionnaire. Il était membre du Parti du Peuple Cubain, également appelé Parti Orthodoxe, fondé en 1947 par Eduardo Chibás. Le programme du Parti Orthodoxe de Chibás est progressiste et se base sur plusieurs piliers : la souveraineté nationale, l’indépendance économique par la diversification de la production agricole, la suppression des latifundios, le développement de l’industrie, la nationalisation des services publics, la lutte contre la corruption et la justice sociale avec la défense des travailleurs. Fidel Castro revendique son appartenance à la pensée de José Martí, de Chibás et anti-impérialiste. Orateur de grand talent, il se présente aux élections parlementaires en tant que candidat du Parti du Peuple Cubain en 1952.

9. Le 10 mars 1952, à trois mois des élections présidentielles, le général Fulgencio Batista brise l’ordre constitutionnel en renversant le gouvernement de Carlos Prío Socarrás. Il obtient le soutien immédiat des Etats-Unis qui reconnaissent officiellement la nouvelle dictature militaire.

10. L’avocat Fidel Castro dépose plainte contre Batista pour rupture de l’ordre constitutionnel : « Si des tribunaux existent, Batista doit être sanctionné, et si Batista n’est pas sanctionné […], comment ce tribunal pourra-t-il ensuite juger un citoyen pour sédition ou rébellion contre ce régime illégal produit de la trahison impunie ? » La Cour Suprême, inféodée au nouveau régime, juge la demande irrecevable.

11. Le 26 juillet 1953, Fidel Castro prend la tête d’une expédition de 131 hommes et lance une attaque contre la caserne Moncada de Santiago de Cuba, seconde forteresse militaire du pays, et contre la Caserne Carlos Manuel de Céspedes de la ville de Bayamo. Le but était de prendre le contrôle de Santiago – berceau historique de toutes les révolutions – et de lancer un appel à la rébellion dans tout le pays afin de renverser le dictateur Batista.

12. L’opération est un échec sanglant et de nombreux combattants – 55 au total – sont assassinés après avoir été brutalement torturés par l’armée. En effet, seuls 6 d’entre eux avaient perdu la vie lors des combats. Quelques-uns réussissent à s’échapper grâce au soutien de la population.

13. Fidel Castro, capturé quelques jours plus tard, doit sa vie au sergent Pedro Sarría, qui refuse de suivre les ordres de ses supérieurs et d’exécuter le leader du Moncada. « Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! On ne tue pas les idées », s’était-il exclamé face à ses soldats.

14. Durant sa plaidoirie historique intitulée « L’Histoire m’acquittera », Fidel Castro, qui assure sa propre défense, dénonce les crimes de Batista et la misère dans laquelle vit le peuple cubain et présente son programme pour une Cuba libre basé sur la souveraineté nationale, l’indépendance économique et la justice sociale.

15. Condamné à 15 ans de prison, Fidel Castro est libéré deux ans plus tard, en 1955, suite à une amnistie accordée par le régime de Batista. Il fonde le Mouvement 26 Juillet (M 26-7) et fait part de son projet de poursuivre la lutte contre la dictature militaire avant de s’exiler au Mexique.

16. Fidel Castro y organise l’expédition du Granma, en compagnie d’un médecin nommé Ernesto Guevara. Fidel Castro n’a aucun mal à convaincre le jeune argentin qui se souvient : « Je l’ai connu durant une nuit fraîche à Mexico, et je me souviens que notre première discussion tourna autour de la politique internationale. Quelques heures plus tard – au petit matin – j’étais l’un des futurs expéditionnaires ».

17. En août 1955, Fidel Castro publie le premier manifeste du Mouvement 26 Juillet qui reprend les points essentiels de sa plaidoirie « L’Histoire m’acquittera ». Il y est question de réforme agraire, d’interdiction des latifundios, de réformes économiques et sociales en faveur des déshérités, d’industrialisation de la nation, de construction de logements, de baisse des loyers, de nationalisation des services publics de téléphone, gaz et électricité, d’éducation et de culture pour tous, de réforme fiscale et de réorganisation de l’administration publique pour lutter contre la corruption.

18. En octobre 1955, afin de récolter des fonds nécessaires à l’expédition, Fidel Castro réalise une tournée aux Etats-Unis et se réunit avec les exilés cubains. Le FBI met sous étroite surveillance les clubs patriotiques M 26-7 fondés dans les différentes villes.

19. Le 2 décembre 1956, Fidel Castro embarque dans le port de Tuxpán au Mexique à bord du bateau Granma d’une capacité de 25 personnes. Les révolutionnaires sont 82 au total et mettent le cap sur Cuba avec l’objectif de déclencher une guerre de guérilla dans les montagnes de la Sierra Maestra.

20. La traversée se transforme en cauchemar en raison des conditions climatiques. Un expéditionnaire tombe à la mer. Juan Almeida, membre du groupe et futur commandant de la Révolution, se remémore l’épisode : « Fidel nous a dit la chose suivante : ‘Tant que nous ne l’aurons pas sauvé, nous ne bougerons pas d’ici’. Cela a ému tout le monde et a éveillé notre combativité. On s’est dit qu’avec cet homme, personne ne serait abandonné. On mettait pourtant en péril l’expédition. Mais on l’a finalement sauvé ».

21. Après une traversée de sept jours, au lieu des cinq prévus, le 2 décembre 1956, la troupe débarque « dans le pire marécage jamais vu » selon Raúl Castro. Elle est dispersée par les tirs de l’aviation cubaine, et pourchassée par 2 000 soldats de Batista qui attendaient les révolutionnaires.

22. Quelques jours plus tard, à Cinco Palmas, Fidel Castro retrouve son frère Raúl et 10 autres expéditionnaires. « Maintenant, nous allons gagner la guerre », déclare le leader du M 26-7 à ses hommes. La guerre de guérilla débute et durera 25 mois.

23. En février 1957, l’interview de Fidel Castro réalisée par Herbert Matthews du New York Times permet à l’opinion publique étasunienne et mondiale de découvrir l’existence d’une guérilla à Cuba. Batista avouera plus tard dans ses mémoires que grâce à ce scoop médiatique « Castro commençait à devenir un personnage de légende ». Matthews nuance cependant l’importance de son interview : « Aucune publicité, si sensationnelle qu’elle fût, n’aurait pu donner quoi que ce soit plus tard si Fidel Castro n’avait pas été précisément l’homme que j’avais décrit ».

24. Malgré les déclarations officielles de neutralité dans le conflit cubain, les Etats-Unis ont apporté leur soutien politique, économique et militaire à Batista, et se sont opposés à Fidel Castro jusqu’aux ultimes instants. Le 23 décembre 1958, à une semaine du triomphe de la Révolution, alors que l’armée de Fulgencio Batista est en déroute malgré sa supériorité en hommes et en armes, a lieu la 392ème rencontre du Conseil de sécurité nationale, en présence du Président Eisenhower. Allen Dulles, directeur de la CIA, exprime clairement la position des Etats-Unis : « Nous devons empêcher la victoire de Castro ».

25. Malgré le soutien des Etats-Unis, ses 20.000 soldats et une supériorité matérielle, Batista ne put vaincre une guérilla composée 300 hommes armés lors de l’offensive finale durant l’été 1958 qui mobilisa plus de 10 000 soldats. Cette « victoire stratégique » révèle alors le génie militaire de Fidel Castro qui avait anticipé et mis en échec l’opération Fin de Fidel lancée par Batista.

26. Le 1er janvier 1959, cinq ans, cinq mois et cinq jours après l’attaque de la caserne Moncada du 26 juillet 1953, triomphe la Révolution cubaine.

27. Lors de la formation du gouvernement révolutionnaire en janvier 1959, Fidel Castro est nommé ministre des Forces armées. Il n’occupe ni la Présidence, dévolue au juge Manuel Urrutia, ni le poste de Premier Ministre, occupé par l’avocat José Miró Cardona.

28. En février 1959, le Premier Ministre Cardona, opposé aux réformes économiques et sociales qu’il juge trop radicales (projet de réforme agraire), présente sa démission. Manuel Urrutia fait alors appel à Fidel Castro pour occuper le poste.

29. En juillet 1959, face à l’opposition du Président Urrutia qui refuse de nouvelles réformes, Fidel Castro démissionne de son poste de Premier Ministre. D’immenses manifestations populaires éclatent alors à Cuba, exigeant le départ d’Urrutia et le retour de Fidel Castro. Le nouveau Président de la République Osvaldo Dorticós le nomme de nouveau Premier Ministre.

30. Les Etats-Unis se montrent immédiatement hostiles à Fidel Castro en accueillant les dignitaires de l’ancien régime, dont plusieurs criminels de guerre qui ont dévalisé les réserves du Trésor Public, emportant dans leur fuite 424 millions de dollars.

31. Pourtant, dès le départ, Fidel Castro fait montre de sa volonté d’entretenir de bonnes relations avec Washington. Néanmoins, lors de sa première visite aux Etats-Unis en avril 1959, le Président Eisenhower refuse de le recevoir et préfère aller jouer au golf. John F. Kennedy exprimera ses regrets à ce sujet : « Fidel Castro fait partie de l’héritage de Bolivar. Nous aurions dû faire un accueil plus chaleureux au jeune et fougueux rebelle lors de son triomphe ».

32. Dès octobre 1959, des pilotes en provenance des Etats-Unis bombardent Cuba et retournent en Floride sans être inquiétés par les autorités. Le 21 octobre 1959, une bombe larguée au-dessus de La Havane fait deux morts et 45 blessés. Le responsable du crime, Pedro Luis Díaz Lanz, retourne à Miami sans être inquiété par la justice et Washington refuse de l’extrader à Cuba.

33. Fidel Castro ne se rapproche de Moscou qu’en février 1960 et n’acquiert des armes soviétiques qu’après s’être heurté au refus des Etats-Unis de lui fournir l’arsenal nécessaire à sa défense. Washington a également fait pression sur le Canada et les nations européennes sollicitées par Cuba afin de l’obliger à se tourner vers le bloc socialiste et ainsi justifier sa politique hostile vis-à-vis de La Havane.

34. En mars 1960, l’administration Eisenhower prend la décision formelle de renverser Fidel Castro. Au total, le leader de la Révolution cubaine réchappera à non moins de 637 tentatives d’assassinat.

35. En mars 1960, le sabotage par la CIA du navire français La Coubre chargé d’armes dans le port de La Havane fait plus d’une centaine de morts. Dans son discours en hommage aux victimes, Fidel Castro lance le slogan « La Patrie ou la mort » inspiré de celui de la Révolution française en 1793 « Liberté, égalité, fraternité ou la mort ».

36. Le 16 avril 1961, suite aux bombardements des principaux aéroports du pays par la CIA, prélude de l’invasion de la Baie des Cochons, Fidel Castro déclare le caractère « socialiste » de la Révolution.

37. Lors de l’invasion de la Baie des Cochons par 1400 exilés financés par la CIA, Fidel Castro monte au front et se retrouve en première ligne de combat. Il inflige une sévère défaite aux Etats-Unis en écrasant les envahisseurs en 66 heures. Sa popularité atteint alors des sommets à travers le monde.

38. Durant la crise des missiles d’octobre 1962, le général soviétique Alexei Dementiev était aux côtés de Fidel Castro. Il raconte ses souvenirs : « J’ai passé aux côtés de Fidel les moments les plus impressionnants de ma vie. J’étais la plupart du temps avec lui. Il y eut un moment où nous avons considéré comme proche l’attaque militaire des Etats-Unis et Fidel a pris la décision de lancer l’état d’alerte. En quelques heures, le peuple était en position de combat. La foi de Fidel en son peuple était impressionnante, et la foi de son peuple et de nous-mêmes, les soviétiques, en lui également. Fidel est, sans discussion aucune, l’un des génies politiques et militaires de ce siècle ».

39. En octobre 1965, le Parti Communiste Cubain (PCC) est créé en remplacement du Parti uni de la Révolution socialiste (PURS) né en 1962 (qui substitua les Organisations révolutionnaires intégrées – ORI – créées en 1961). Fidel Castro est nommé Premier secrétaire.

40.En 1975, Fidel Castro est élu pour la première fois à la Présidence de la République suite à l’adoption de la nouvelle Constitution. Il sera réélu à ce poste jusqu’en 2006.

41. En 1988, à plus de 20 000 kilomètres de distance, Fidel Castro dirige depuis La Havane la bataille de Cuito Cuanavale en Angola, au cours de laquelle les troupes cubaines et angolaises infligent une cuisante défaite aux forces armées sud-africaines qui avaient envahi l’Angola et qui occupaient la Namibie. L’historien Piero Gleijeses, professeur à l’Université Johns Hopkins de Washington, a écrit à ce sujet : « Malgré tous les efforts de Washington [allié au régime de l’Apartheid], Cuba changea le cours de l’histoire en Afrique australe […]. La prouesse des Cubains sur le champ de bataille et leur virtuosité à la table des négociations s’avérèrent décisives pour contraindre l’Afrique du Sud à accepter l’indépendance de la Namibie. Leur défense victorieuse de Cuito Cuanavale fut le prélude d’une campagne qui obligea la SDAF à quitter l’Angola. Cette victoire eut des répercussions au-delà des frontières de la Namibie ».

42. Observateur lucide de la Perestroïka, Fidel Castro déclare au peuple dans un discours prémonitoire du 26 juillet 1989 qu’en cas de disparition de l’Union soviétique, Cuba devra résister et poursuivre la voie du socialisme : « Si demain ou un autre jour nous nous réveillons avec la nouvelle qu’une grande guerre civile a éclaté en URSS, ou même si nous nous réveillons avec la nouvelle que l’URSS s’est désintégrée […], Cuba et la Révolution cubaine continueraient à lutter et à résister ».

Wikicommons

Fidel avec l’ex-président du Brésil, Lula

43. En 1994, en pleine Période Spéciale, il rencontre pour la première fois Hugo Chávez avec lequel il noue une forte amitié qui durera jusqu’à la mort de ce dernier en 2012. D’après Fidel Castro, le président vénézuélien était « le meilleur ami qu’a eu le peuple cubain ». Tous deux mettent en place un partenariat stratégique avec la création en 2005 de l’Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique qui regroupe désormais huit pays de l’Amérique latine et de la Caraïbe.

44. En 1998, Fidel Castro reçoit la visite du Pape Jean-Paul II à La Havane. Ce dernier demande « au monde s’ouvrir à Cuba et à Cuba de s’ouvrir au monde ».

45. En 2002, l’ancien président des Etats-Unis Jimmy Carter réalise une visite historique à Cuba. Il intervient en direct à la télévision : « Je ne suis pas venu ici pour m’immiscer dans les affaires internes de Cuba, mais pour tendre une main amicale au peuple cubain et offrir une vision du futur pour nos deux pays et pour les Amériques […]. Je veux que nous soyons amis et que nous nous respections mutuellement […]. Etant donné que les Etats-Unis sont la nation la plus puissante, c’est à nous d’effectuer le premier pas ».

46. En juillet 2006, suite à une grave maladie intestinale, Fidel Castro est contraint de se retirer du pouvoir. Conformément à la Constitution, le Vice-président Raúl Castro lui succède.

47. En février 2008, Fidel Castro renonce définitivement à tout mandat exécutif. Il se consacre alors à la rédaction de ses mémoires et publie régulièrement des articles sous le titre de « Réflexions ».

48. Arthur Schlesinger Jr., historien et conseiller spécial du Président Kennedy, a évoqué la question du culte de la personnalité après un séjour à Cuba en 2001 : « Fidel Castro ne fomente pas le culte de la personnalité. Il est difficile de trouver une affiche ou même une carte poste de Castro à La Havane. L’icône de la Révolution de Fidel, visible partout, est le Che Guevara ».

49. Gabriel García Márquez, écrivain colombien et Prix Nobel de littérature, est un ami intime de Fidel Castro. Il a en dressé un bref portrait et souligne « la confiance absolue qu’il place dans le contact direct. Son pouvoir est à la séduction. Il va chercher les problèmes là où ils sont. [...] Sa patience est invincible. Sa discipline est de fer. La force de son imagination le pousse jusqu’aux limites de l’imprévu. »

50. Le triomphe de la Révolution cubaine le 1er janvier 1959 dirigé par Fidel Castro est l’événement le plus marquant de l’histoire de l’Amérique latine du XXe siècle. Fidel Castro demeurera comme l’une des figures les plus controversées du XXe siècle. Néanmoins, même ses plus farouches détracteurs reconnaissent qu’il a fait de Cuba une nation souveraine et indépendance respectée sur la scène internationale, aux indéniables réussites sociales dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la culture, du sport et de la solidarité internationale. Il restera à jamais comme le symbole de la dignité nationale qui s’est toujours aligné aux côtés des opprimés et qui a apporté son soutien à tous les peuples qui luttaient pour leur émancipation.

Salim Lamrani

 

Article original en portugais :

http://operamundi.uol.com.br/conteudo/reportagens/33239/50+verdades+sobre+fidel+castro.shtml

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité (Paris, Editions Estrella, 2013) et comporte une préface d’Eduardo Galeano.

http://www.amazon.fr/Cuba-m%C3%A9dias-face-d%C3%A9fi-limpartialit%C3%A9/dp/2953128433/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1376731937&sr=1-1

Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

Partager cet article
Repost0
5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 13:11
Partager cet article
Repost0