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Elu(e)s communistes Région Corse et Bouches du Rhône Le 27 décembre 2013

à

Monsieur le Premier ministre Hôtel de Matignon 57, rue de Varenne 75 700 Paris

Objet : Devenir de la SNCM et constitution du capital.

Monsieur,

Avec ces 2500 salariés marins, officiers et sédentaires auxquels s’ajoutent autant d’emplois induits, avec un chiffre d’affaire annuel de 350 Millions d’euros essentiellement réinjecté dans l’économie locale des deux régions Corse et PACA, l’avenir de la SNCM constitue un enjeu national de premier plan dans le domaine maritime comme pour la relance industrielle de cette filière, affirmée récemment par le premier Ministre.

Les élus communistes de Corse et de PACA ont déjà demandé à l’Etat de s'engager sur ce dossier. Ce soutien et cet engagement de l’Etat sont d’autant plus attendus, que le récent rapport d’enquête parlementaire, sur la scandaleuse privatisation de la SNCM par le gouvernement Villepin Sarkozy en 2005, souligne ses carences et sa responsabilité dans l’affaiblissement de la compagnie nationale dont les actifs stratégiques ont été sacrifiés autant que l’argent public dilapidé. Walter BUTLER et son fonds de pension ont ainsi encaissé 60 millions d’euros de plus value sans aucun investissement, tandis que la compagnie « Low Cost » Corsica Ferries employeur de travailleurs détachés sur le modèle « BOLKESTEIN », a perçu près de 180 Millions d’euros de subventions déguisées, prélevées sur l’enveloppe de continuité territoriale abondée par le contribuable français.

Bien entendu un tel « laissé faire » aiguise l’appétit des dirigeants de Corsica Ferries France qui poursuivent leur acharnement procédurier. La compagnie italo corso genevoise, soutenue dans ses démarches par la Commission européenne, remet à présent en cause, au nom de la concurrence libre et non faussée, la délégation de service public (DSP) de continuité territoriale entre le continent et la Corse, attribuée au groupement CMN SNCM par la Collectivité territoriale de Corse, pour une durée de 10 ans à compter du 1er janvier 2014. Le but étant de liquider la SNCM pour s’attaquer ensuite à la CMN et ses 430 salariés et finir, comme en Sardaigne, en situation de quasi-monopole au détriment des usagers et de l’emploi sans renoncer aux financements publics ! L’attribution de la Délégation de Service Public par l’Assemblée de Corse, contesté âprement par les tenants du monopole low cost, offre pourtant une perspective sérieuse assise sur une garantie financière pour la SNCM de 600 Millions d’euros. En arriver à un dépôt de bilan, que d’aucuns réclament ou anticipent, dans ces conditions serait un nouveau scandale d’Etat, mais cette fois-ci sous la responsabilité d’un gouvernement installé en 2012 pour faire une politique de gauche. Plus de 3000 emplois seraient ainsi menacés, quand la lutte contre le chômage est affirmée comme une priorité par le président de la République. Un tel scenario serait d’autant plus provocateur que les salariés de la SNCM ont déjà « payé » la privatisation avec un plan social et une réorganisation. Aujourd’hui, au regard du plan industriel de relance, basé sur une flotte à 8 navires pour les lignes de continuité territoriale et du Maghreb, ils ont validé majoritairement une nouvelle réorganisation, condition exigée de l’Etat et des actionnaires, avec des suppressions de postes sans départs contraints, pour pérenniser l’outil de travail et par la même la desserte publique de continuité territoriale continent-Corse. Tous ces efforts ne peuvent être réduits à néant comme le renouvellement de la flotte, promis au nom du « Made in France », dont la remise en cause serait au détriment là aussi, des chantiers navals français de ST.NAZAIRE et de l’emploi en Bretagne, autre région sinistrée par le chômage. Un tel désastre économique et social serait un gâchis inacceptable et doit être écarté.

Plusieurs collectivités locales envisagent désormais d’entrer au capital de la SNCM pour stabiliser et pérenniser « ce fleuron de la marine marchande française » dans l’intérêt général, aux côtés des autres actionnaires, la Caisse des dépôts et consignations, l’Etat et les salariés. Ce schéma permettrait une sortie « propre » de Veolia Environnement consolidée par une participation de départ en trésorerie et une maîtrise 100% publique de la compagnie et de ses missions par l’Etat, la Caisse des Dépôts et les collectivités locales. Pour finaliser sans tarder cette proposition stratégique d’intérêt général et de bonne gestion, nous demandons au gouvernement d’organiser une table ronde avec la Ville de Marseille, le Conseil général des Bouches du Rhône, la Région PACA et la Collectivité territoriale de Corse.

Dans cette attente, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier ministre, en l’expression de notre parfaite considération.

Gaby Charroux Député maire de Martigues BdR

Isabelle Pasquet Sénatrice des BdR

Dominique Bucchini président de l’Assemblée de Corse

Jean Marc Coppola vice président de la Région PACA

Frédéric Dutoit président du groupe communiste au Conseil municipal de Marseille

Jean Marc Charrier président du groupe communiste au Conseil général des BdR

Patrick Magro président du groupe communiste de la Communauté urbaine Marseille Provence Metropole

Michel Stefani Conseiller à l’assemblée de Corse