FDG_FDM_.png

Introduction au débat de Michel Stefani

L'actualité est lourde de danger pour les peuples de plus en plus exposés à la férocité du capitalisme en quête de profits et de maîtrise des matières premières indispensables à cet objectif. Alors même que la guerre, en Irak, en Afghanistan en Libye, n’a fait qu’aggraver les tensions au détriment des peuples, le président de la république et le gouvernement, s’agissant de la Syrie, entendent poursuivre cette logique dramatique. Nous nous y opposons fermement et agissons en faveur d’une solution politique et pour la paix à laquelle le peuple syrien aspire comme les forces démocratiques et sociales que nous soutenons dans la région.

Au lendemain de la journée mondiale de la paix, en pleine commémoration du 70ème anniversaire de la Libération de la Corse, nous tenons à faire entendre une autre voix de la France pour l'amitié entre les peuples, le désarmement, le développement humain et à la coopération entre les nations. Une France qui appelle à une refonte démocratique des Nations unies, où chaque peuple, chaque État, compterait pour un. La crise syrienne rend cette réforme plus que jamais nécessaire.

Ce jusqu’auboutisme guerrier dangereux, largement rejeté, se greffe sur une réalité économique et sociale dans le pays qui suscite de plus en plus de colère. Tenter de faire oublier la politique gouvernementale de cette façon serait une grave erreur.

Réalité de la crise

Les déclarations successives des ministres, durant leur « été laborieux », laissaient envisager "le retour de la reprise", appuyé selon Moscovici sur «une amélioration de la croissance européenne et de la demande intérieure »…. Et pour valider ce discours, ils ont brandi des indicateurs économiques conjoncturels en progression, notamment le demi-point de PIB au 2ème trimestre. L'extrapolation abusive des chiffres ne saurait occulter qu’à l’échelle du monde, de l’Europe ou de la France, les contradictions s’aiguisent violemment sous l’effet des crises qui, en se multipliant, amplifient les impasses et les dégâts provoqués par des solutions capitalistes antisociales. On voit là la faiblesse de la «croissance mondiale», affectée à la fois par la crise des émergents, la stagnation en Europe et le mode de reprise impulsée par les USA. On voit aussi, dans cette situation, l’actualité de nos propositions, aussi bien pour une refonte du rôle de la BCE, que pour l’émergence d’un outil monétaire à vocation mondiale, émancipé du dollar et de la dictature des marchés. De nombreux pays sont en récession. Avec 26 millions de chômeurs à l’échelle de l’UE, la détérioration touche y compris l’Allemagne où 7 millions de salariés gagnent moins de 450 euros par mois. Le frémissement agité par Moscovici, se heurte toutefois au fait que pendant la crise financière, la part des dividendes dans la richesse produite s’est accrue. Ils sont passés de 11 % à 22 % de la richesse produite en 20 ans, soit 230 milliards d’euros en 2013. Dans le même temps, la précarité fait des ravages. Un seul exemple à partir des statistiques du chômage. Du fait des emplois aidés (emplois d’avenir...), l’augmentation du nombre de chômeurs de catégorie A (sans aucune activité) se limite à 8000 personnes en juillet alors que dans les catégories, B et C (personnes à activité réduite), l’augmentation est de 55.000. Au mois de juillet, pour le vingt-septième mois consécutif, le nombre de chômeurs en Corse a augmenté : 18 623 personnes sont sans-emploi, toutes catégories confondues. Ce qui représente une hausse de 2,3 % par rapport au mois de juin et de 15,6 % sur un an. Au premier trimestre 2013, la Corse se trouvait déjà dans le peloton de tête des régions où le chômage a frappé le plus. Un constat analogue avait été dressé entre le mois de mars et le mois d'avril. Pour les catégories A, B et C, on recensait déjà 18 047 demandeurs d'emploi, soit une augmentation de 3,1 % contre un taux national de 1,2 % sur la même période, avec des disparités entre les deux départements insulaires : + 3,6 % pour la Haute-Corse et + 2,5 % pour la Corse-du-Sud.

Pour la deuxième année consécutive, la saison touristique ne permet plus d’amortir cette hausse. Le modèle économique imposée ces 25 dernières années sur l’objectif très libéral de désanctuarisation et de low cost confirme ainsi son échec et la nécessité d’en sortir. Dogmes et exigences libérales Pour cette rentrée le Medef offensif sur le « coût du travail » donne le ton et obtient que la part patronale de hausse de cotisations retraite soit compensée et, cerise sur le gâteau, il devrait obtenir l’abandon de contrôles fiscaux sur les milliards versés aux entreprises pour le « crédit d’impôt compétitivité » et le « crédit investissement recherche ». Non content, il renchérit en demandant pour 2014 100 milliards de baisses supplémentaires notamment de la fiscalité sur le capital.

Autre thème où le patronat donne le ton, celui du «ras le bol fiscal» devenu celui de la «pause fiscale» permettant d'évacuer les questions de fond comme l’injustice fiscale des impôts indirects, l'opacité et les gâchis entourant les aides aux entreprises, la fraude fiscale des fonds de placement et des multinationales. Avec le «ras le bol fiscal», c’est la vision libérale qui est adoptée. La «pause fiscale» annoncée par Hollande est en réalité une « facilité » accordée au patronat quand pour l’essentiel des retraités et des salariés, la hausse de la TVA et des cotisations retraites impactera leur pouvoir d’achat déjà en forte baisse. Ni à court terme, ni à long terme cette politique ne pourrait mener à une « reprise ». Les dernières statistiques de l'INSEE d'ailleurs indiquent un nouveau recul de la production industrielle de 0,6% en France en juillet par rapport au mois précédent, après avoir chuté de 1,4% en juin. La suppression de 60 000 emplois au 1er semestre le confirme soit 139 000 depuis un an.

Les retraites

Le projet gouvernemental sur les retraites, calé sur les réformes antérieures, ignore volontairement que les difficultés de financement des retraites viennent de l’ampleur accrue du chômage depuis 2008. Le besoin de financement supplémentaire représente 1 point de PIB, mais ce gouvernement ne veut pas engager la réflexion sur les 5 points perdus en moyenne par la part des salaires dans le PIB. De même, il n’est pas question de faire participer les revenus financiers des entreprises à l’effort requis, seuls les salariés et les retraités sont sollicités pour aboutir en définitive à la retraite à taux plein à l’âge de 67 ans ! Concernant l’égalité femme-homme, les mesures sont nettement insuffisantes hormis la prise en compte des congés maternité. Pour la pénibilité, l’usine à gaz pourrait accoucher d’une souris, il en est de même pour les jeunes et le rachat d’années d’études au lieu de leur prise en compte pour la retraite. Enfin, le renvoi à de nombreux décrets autoriserait une évolution plus restrictive, sans avoir à changer la loi. Les manifestations du 10 septembre, avec une mobilisation conséquente en cette période de l'année, constitue un sérieux avertissement au gouvernement. « La réforme juste, de gauche, en faveur des femmes et des professions les plus pénibles », pour reprendre les éléments de langage, ne passe pas. D'autres rendez-vous sont annoncés. Situation politique et débat institutionnel Nous attaquons donc cette rentrée dans un contexte de crise économique, sociale et politique, lié à la baisse du pouvoir d'achat et à la forte augmentation du chômage. Le doute qu'il soit possible de faire autrement est présent. Le discours du renoncement pèse et soulève une interrogation: « peut on ou non modifier le rapport de force ?».

Elle se pose ici en partant de la réalité sociale et politique à laquelle les Corses sont confrontés. Chômage, cherté de la vie, pénurie de logements sociaux, spéculation, dérives affairistes et mafieuses, climat pesant entretenu par une violence à multiples facettes, constituent les données de cette réalité. Le débat sur la réforme institutionnelle occulte pour une large part cette réalité. Dés lors, comme nous l’avons précisé, la réflexion doit partir de ce qui caractérise les dimensions sociale et économique de la Corse et non de la forme institutionnelle et administrative de la gouvernance territoriale. Cela pour pouvoir répondre, dans le cadre des principes républicains et de la solidarité nationale, au mieux à l’urgence sociale. En conséquence, la Corse reste institutionnellement une région métropolitaine qui doit pouvoir, au titre de l’insularité qui la distingue, bénéficier de dispositions particulières. Ce questionnement n’est pas neutre et ne l’a jamais été parce qu’il détermine la nature de cette réponse politique sur l’ensemble du territoire. Notre objectif n’est pas de prendre prétexte des difficultés économique et sociales « pour ne pas consacrer du temps à l’analyse et à l’amélioration des institutions particulières » de la Corse mais de ne pas considérer que la dimension institutionnelle serait en elle-même la cause des difficultés et la réforme permanente la seule possibilité d’en sortir. Cette approche ne résume pas et nous ne le ferons pas le contenu du rapport Chaubon et encore moins des travaux de la commission mais force est de constater que les inégalités, ces 30 dernières années, se sont creusées dans des proportions considérables et connues de tous notamment de celles et de ceux toujours plus nombreux à vivre la pauvreté et la précarité …. Le mensuel Corsica du mois Mai révélait ainsi que dans la tranche des foyers déclarant plus de 100 000 € de revenus annuels on compte désormais 1 600 contributeurs pour un montant global de 290 M€ soit une moyenne par déclaration de 181 000 €. Le paradoxe est d’autant plus alarmant que la précarité touche aux deux extrémités de la pyramide des âges les jeunes et les anciens avec une augmentation de 20 % en trois ans du nombre de foyers aux revenus inférieurs au seuil de pauvreté (954 € en 2009).

La Corse mentionnée dans la Constitution

Une mention de la Corse dans la Constitution serait-elle adaptée ou indispensable à la mise en œuvre d’une politique susceptible d’améliorer en priorité les conditions de vie de ces ménages ? La question est posée. Une analyse de la situation au regard des dispositions contenues dans les différentes évolutions statutaires de la Corse, depuis 1982, apporte des éléments de réponse sans perdre de vue les grands mouvements sociaux de 1989 et 1995. Ce n’est pas l’obstacle constitutionnel ou l’impossibilité effective de l’exercice des pouvoirs normatifs reconnus à la CTC, qui ont fait les difficultés actuelles de l’OTC. Dans le même ordre d’idée le détournement des réfactions de TVA et du franco de port (qui contribuent au maintien de la cherté de la vie avec les bas salaires), le « vol » sur la taxe de transport (qui pénalise la Corse) ne découlent pas de l’absence de dérogation aux principes d’égalité devant l’impôt. La pénurie de logements sociaux comparée à la profusion de logements neufs invendus (1400) n’est pas le résultat non plus d’une impuissance administrative tenant de la confusion des compétences, de la complexité de l’organisation institutionnelle, des financements croisés ou de la clause de compétence générale. D’autres exemples pourraient étayer la démonstration, notamment l’approche discutable selon laquelle il faudrait pouvoir déroger aux lois et règlements nationaux tout en respectant la réglementation ultralibérale de l’union européenne et les directives de la Commission comme la dernière s’appliquant à la SNCM. Ce dont nous traitons par conséquent c’est de l’action publique, des instruments administratifs et institutionnels, de sa mise en œuvre, des moyens budgétaires affectés et de fait de la décision politique qui prévaut en amont et non l’inverse. L’instrument institutionnel ne fait pas la responsabilité politique il en sert les objectifs. En conséquence, il faut dire pour qui et pourquoi une évolution institutionnelle s’impose après un examen poussé des conditions sociales, économiques et politiques pour améliorer sensiblement les conditions matérielles de ceux qui souffrent le plus.

La réforme institutionnelle, dans cette approche, ne peut pas être le préalable mais bien la conclusion d’un processus transparent et démocratique fondé sur cet objectif prioritaire et validé par la consultation référendaire. Cela correspond d’ailleurs à l’étude d’opinion réalisée pour éclairer l’élaboration du PADDUC comme la rédaction même de ce document stratégique afin qu’il réponde aux attentes de notre peuple. Les sujets déjà traités ont été distinctement le transfert de la compétence fiscale (partielle ou totale), avec dans notre visée, non pas un statut fiscal, mais des mesures fiscales antispéculatives, la prorogation de l’Arrêté Miot assortie d’une contribution des gros patrimoines, la Coofficialité de la langue Corse au nom d’un bilinguisme non discriminatoire. Nous sommes directement à l’origine de ces propositions qui, nous le savions, impliquent une révision constitutionnelle. Pour ce qui nous concerne la délibération, attendue par le gouvernement, doit faire expressément référence à ces deux délibérations sans en élargir le champ parce que nous ne sommes pas favorables au principe de dérogation permanente procurée par une mention de la Corse à l’article 72 de la Constitution.

Statut Fiscal

Dans le même esprit nous rejetons l’idée d’un statut fiscal dont la caractéristique essentielle serait de rompre avec les principes de péréquation et de solidarité nationales, pour maintenir les avantages que le détournement des réfactions de TVA, de la Taxe de transport, et la non imposition des gros patrimoines, procurent à quelques uns. Le problème des inégalités et donc de la juste répartition des richesses, en un mot de l’argent, se pose et se posera y compris avec un statut de résident ou une citoyenneté corse auxquels nous sommes fondamentalement opposés. En effet, ce statut ou cette citoyenneté n’empêcherait pas les Corses fortunés de spéculer sur un marché qui de fait leur serait réservé au bénéfice d’une confusion subtilement entretenu entre droit à la propriété et droit au logement. Appliqués au droit du travail, (c’était dans le projet rejeté par les alsaciens) à l’accès aux soins, à la protection sociale incluant la retraite, les prestations familiales, les minimas sociaux, on mesure l’implication et les retombées de telles mesures car la citoyenneté n’est ni une affaire de générosité, ni de culture ou d’ouverture d’esprit supposée, elle est une question de droits reconnus à chaque citoyen à partir desquels se fonde leur destin commun.

Peut-on valablement considérer qu’un Corse puisse bénéficier de droits découlant d’un statut de résident qui ne seraient pas reconnus à un continental voulant vivre en Corse et dans le cas contraire qu’un Corse s’installant sur le continent puisse avoir accès à tous les avantages découlant des principes républicains et de la solidarité nationale ? Nous pensons que non, sauf à entrer dans un processus identique à celui de la Nouvelle Calédonie où le citoyen calédonien n’est pas le résident français au bénéfice d’une confusion subtilement entretenu entre droit à la propriété et droit au logement. Délibération du 26 septembre

La délibération proposée pour la session du 26 septembre ne met pas ces questions en débat qui devraient faire l’objet d’un examen lors d’une autre session dans le cadre de l’élaboration du PADDUC. Lors de la session du 6 septembre consacrée à la DSP maritime (je vais y revenir) nous avons eu un échange dans le groupe sur la controverse qui a marqué le mois d’aout sur cette question après la participation de Maria aux Journées internationales de Corsica Libéra. Il y a bien sur une double dimension à ces échanges que je ne veux pas occulter l’une touche à la forme : fallait-il ou non y participer ? L’autre touche au fond politique et la cohérence du groupe face aux affirmations de Paul Giacobbi qui divisent la majorité. L’interview de Dominique fin août a resitué les enjeux, sans occulter le débat interne à notre formation, pour affirmer une orientation claire. Nos travaux aujourd’hui nous permettront également d’enrichir la position du groupe. S’agissant de la DSP maritime nous avons beaucoup œuvré en faveur de son attribution au groupement CMN SNCM. Des camarades s’interrogent sur notre capacité à porter la question sociale dans l’hémicycle, un dossier comme celui la symbolise notre action, parce que dans ce dossier maritime comme dans celui de l’aérien, où nous avons été déterminants, des milliers d’emplois à statut sont concernés. Sur l’industrialisation, à propos de laquelle nous n’aurions aucune proposition, la mise en œuvre du plan énergétique, la mise en service de la centrale de Lucciana, le projet de gazoduc Cyrénée, est un autre exemple tout aussi symbolique que notre demande de faire réaliser en Corse des éléments entrant dans la fabrication des futurs navires de la SNCM inscrits dans la DSP. Le soutien au primo-accédants à la recherche d’un logement, la gratuité pour les étudiants sur le chemin de fer sont également de ces décisions que nous avons influencées directement. Nous devons insister sur cette action car pour partie elle montrera qu’il est utile de pouvoir disposer d’élu(e)s communistes et du F d G dans les prochaines municipalités et au Parlement européen.

Le cap gouvernemental

Le gouvernement poursuit le cap qui est le sien. Cette obstination à comme engendre un sévère décrochage chez celles et ceux qui ont porté le PS au pouvoir en 2012.... L'enquête IFOP de fin août pointait un sentiment de colère majoritaire.... Cela n'est pas pour nous étonner, sauf qu'une interrogation demeure : « comment va s'exprimer cette colère dans les mois qui viennent? » Cette colère peut-elle se traduire par des mobilisations populaires et l'émergence d'une alternative de gauche ? Va-t-elle au contraire se perdre dans l'abstention de l'électorat de gauche? Va-t-elle nourrir le vote FN ? La question reste entière. Notre responsabilité, c'est d'y apporter des réponses pour que cette colère puisse trouver un débouché positif. Nous sommes confrontés en cette rentrée à un défi, dans un contexte où se mêlent colère et renoncement, celui de mettre en débat des propositions alternatives crédibles qui puissent rassembler et redonner de l'espoir. Pour cela, il faut commencer par éviter quelques pièges grossiers. Ainsi, depuis quelques semaines, se développent plusieurs thématiques dans lesquelles nous pourrions nous laisser enfermer. Première thématique : "le PS ne fait pas qu'une mauvaise politique il se transforme et en quelque sorte deviendrait un parti de droite." Que le PS fasse une mauvaise politique c'est une évidence, que ses nouvelles élites soient peu imprégnés des valeurs de transformations sociales, que le renoncement ait remplacé la promesse du changement, sont aussi des évidences. Pour autant, les hommes et les femmes qui adhèrent au PS, qui votent socialiste, se considèrent de gauche et portent en eux des valeurs de gauche. L’'IFOP l’a souligné dans le titre de cette enquête en relevant : "des convergences très nettes entre les sympathisants de gauche (F d G-PS) et une porosité grandissante entre les sympathisants UMP-FN"

Faire ce constat peut paraître évident. Mais il faut savoir en tirer toutes les implications pour notre activité. Ignorer ces hommes ou ces femmes, ou bien les traiter par l'invective ou le mépris, nous mène dans une impasse. Si nous voulons changer le rapport de force dans la bataille idéologique et politique, on ne peut ignorer les femmes et les hommes de cet électorat. Nous avons, à leur égard, un long travail de dialogue à entreprendre pour faire avancer la réflexion pour passer de la déception et du renoncement à la prise de conscience du faire autrement, pour les faire cheminer de l'abstention au vote et donner une perspective autre que le « tous pareils » ou « tous pourris ». Sans développer là-dessus, il est indispensable d’avoir à l’esprit à la fois la multiplication des exigences du MEDEF et l'annonce faite par Copé de gouverner 6 mois par ordonnances si la droite revenait au pouvoir. Inutile de décrire la situation si entre temps le FN parvenait à peser encore plus, dans des communes en 2014, les Régions en 2015 et à l'Assemblée Nationale en 2017.

Deuxième thématique: "le choix offert aux communistes serait binaire entre liste avec le PS pour sauver des élus ou l'autonomie par rapport au PS". Comme si la bienveillance du PS et des sociaux démocrates en général était à l’origine de l'élection des élu(e)s communistes. Entre les modes de scrutins et les conséquences de la bipolarisation, sans parler des différentes manœuvres politiciennes, tout est mis en œuvre pour réduire leur représentation. Dés lors, quand ils gagnent ou conservent des mandats c'est toujours le résultat de mobilisations, de conquêtes et d'innovations politiques. Dans une période marquée par le doute, la colère et la déception, cela exige de contribuer au renforcement des mobilisations, du rassemblement et au développement du Front de gauche. C'est bien dans cet esprit que nous devons aborder la période qui s'ouvre avec la volonté de répondre à 3 priorités.

Renforcer les mobilisations

Le peuple de gauche tient la clé de l'alternative. Soit il se mobilise et il change le contexte politique, soit il reste spectateur et la porte sera ouverte à d’autres reculs. L'explosion dans les enquêtes d'opinion de celles et ceux qui se classent "sans préférence partisane" de 11% à 33%, en quelques mois, est inquiétante de ce point de vue et illustre le chemin à parcourir. Notre bataille doit contribuer à faire reculer les idées de renoncement, à rendre perceptible la possibilité d’influer à la fois sur le rapport de force politique et la bataille idéologique. Cela constitue autant de point d'appuis pour l'avenir. Notre démarche doit être constructive, argumentée et forte de propositions. Favoriser le rassemblement Nous ne créerons pas les conditions des mobilisations si nous n'avons pas en permanence l'ambition de favoriser le plus large rassemblement dans le débat d'idées et les initiatives, de toutes celles et tous ceux qui aspirent à vivre autrement que sous la contrainte des politiques capitalistes. C'est à dire tendre la main à celles et ceux qui n'en peuvent plus, qui sont en colère, déçus ou résignés, mais qui partagent cette exigence d'une autre politique à gauche. Je ne reviens pas sur ce que je disais il y a quelques minutes. Mais face au ressentiment ce qui redonnera de l'espoir, c'est bien la perspective d'un rassemblement sur une telle ambition partagée.

Développer le Front de gauche

Pour y parvenir, il faut engager de manière offensive une nouvelle dynamique du Front de gauche. Depuis nos prises d’initiatives politiques en 2008, nous avons su franchir des étapes et déjouer des pièges institutionnels. Les campagnes de 2012 l’ont montré en soulignant, au-delà des résultats, les potentialités et les attentes. Dans un contexte de reflux à gauche et de débat en son sein, le F d G n'a pu se développer autant en 2013. Il faut donc lui permettre de poursuivre et de s'ouvrir ainsi à d'autres. Ce débat n'est pas entre Pierre Laurent et Jean Luc Mélenchon et ne porte pas que sur la stratégie des municipales. Il porte sur la façon dont le Front de gauche doit s'adresser au peuple et aux électeurs de gauche pour les rassembler. Deux conceptions existent : celle qui considère que les progrès du Front de gauche dépendent de l'affaiblissement du PS, et celle que le Front de gauche est un espace actif, vivant utile pour élargir le rassemblement et dont la vocation est de s'adresser au plus grand nombre. De ce point de vue, les législatives partielles ont bien montré que ce serait une erreur de miser sur l'effondrement du PS et d’espérer par un effet mécanique un profit pour le F d G. Ce débat, nous comptons le mener jusqu'au bout, sans polémique trompeuse, y compris à propos des échéances électorales de 2014.

La Fête de l'Humanité

La fête de l’Huma a été un grand rendez-vous pour toute la gauche contre l'austérité et pour un changement de cap. Elle a fait résonner la colère face à la politique menée par le gouvernement, elle s’est faite l’écho des luttes mais aussi de l'exigence d'une alternative aux logiques libérales. Dans le prolongement de la mobilisation pour les retraites du 10 septembre, elle a confirmé que nous pouvons, par notre démarche de rassemblement populaire et citoyen, mettre en mouvement celles et ceux qui ne se résignent pas. Ne sous estimons pas l’événement dans un contexte où la droite se remobilise, où le patronat, après l'ANI, la réforme fiscale et les déclarations de Moscovici en demande plus ; où l'extrême-droite banalisée prospère sur la désillusion et la colère. Cette Fête dynamise le Front de gauche. Dans la confrontation, le débat avec toutes les composantes de la gauche, l'idée que d'autre choix sont possibles a progressé tout en montrant que le « peuple de gauche », détient la clé de l'alternative.

Les municipales

Les élections municipales des 23 et 30 mars s’inscrivent naturellement dan cet objectif. Premier scrutin national depuis l’élection de François Hollande elles auront une importante signification politique. Elles seront décisives pour affirmer notre volonté de rassemblement pour un changement de cap. Nous ne confondons pas les scrutins, les électeurs répondent toujours à la question qui leur est posée : cette élection, pas plus que l'élection européenne qui la suivra, ne débouchera sur une nouvelle majorité politique au Parlement. Mais les enjeux n'en sont pas moins majeurs. Celui de la constitution dans chaque ville d'équipes d'hommes et femmes de gauche mettant en œuvre des projets conforme aux attentes des habitants en est un avec l'ambition de desserrer l’étau de l’austérité qui écrase les collectivités. Celui de la présence d'élus communistes et du Front de gauche, d’élus de proximité qui porteront tout au long du mandat cette orientation en est un autre. Ces élus, ces militants, c’est un avantage, tiennent une place originale et essentielle par leur implantation dans la vie locale et seront à même de promouvoir l’exigence de logements sociaux, de services et d’équipements publics répondant aux besoins des administrés. J'attire ici votre attention sur l’intérêt accru de dégager un accord politique entre les partis de gauche à l’échelle des départements compte tenu du nouveau seuil permettant la constitution de listes dans les communes entre 1000 et 3 500 habitants. Regardons partout les candidatures possibles, prenons les contacts jusqu'au dernier moment. Cette bataille doit nous permettre de valoriser le vote aux municipales en soulignant le rôle de nos élu(e)s et celui des communes avec d'autant plus de détermination que le texte gouvernemental en débat veut les priver de leurs moyens d'action.

Les Européennes

Les élections européennes suivront de prés les municipales avec les enjeux qu'elles recouvrent en pleine crise de l'UE et de rejet de l'Europe libérale. Leur date est fixée au 25 mai. D’ores et déjà nous entrons dans la phase de préparation avec un mode de scrutin inchangé malgré l’engagement de François hollande de revenir au scrutin de liste national à circonscription unique. Chaque composante du F d G est appelée à travailler à l’élaboration de propositions. Notre ambition est, pour ce scrutin habituellement démobilisateur, de rassembler largement celles et ceux qui, au regard de la crise actuelle, se demandent comment l’austérité imposée depuis Bruxelles en faveur du système financier peut être combattue et remplacer par une politique de transformations sociales et politiques, de progrès démocratique pour tous les peuples d’Europe.

70ème anniversaire de la Libération de la Corse

Pour conclure mon propos je voudrai revenir sur l’événement que constitue le 70ème anniversaire de la Libération de la Corse et l’éclairage qu’il porte sur l’engagement et l’action de nombreux militants et dirigeants communistes dans la Résistance. Indépendamment de notre participation aux nombreuses manifestations nous avons imprimé à 5 000 exemplaires un Terre Corse spécial dont la publication remarquée fera date. Nous avons un avantage sur beaucoup d’autres c’est que nous pouvons encore nous appuyer sur Leo Micheli et son témoignage dont la précision factuelle et la dimension politique rappelle de manière indiscutable les principes, les conditions et les raisons qui ont conduit au succès de l’Insurrection populaire contre le fascisme. Sans faire de comparaison hasardeuse entre aujourd’hui et hier, nous pouvons tirer les enseignements d’une stratégie politique intelligente, retenue à l’époque, et fondée sur le rassemblement et l’action de masse du peuple porteur de son propre intérêt dans sa revendication à une vie meilleure en retrouvant la Liberté.