Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 17:08

 

 

 

 

CORSE-MATIN

 

Publié le samedi 27 décembre 2014 à 07h08  - 


 

Ventiseri.JPG - 27756501.jpg
De nombreuses bâtisses de l'ancienne ligne de chemin de fer ont été récupérées par d'autres services publiques. A Ventiseri, l'ancienne gare est tout simplement devenue la mairie 

 

En 1943, l’histoire du chemin de fer qui s’étirait jusqu’à Porto-Vecchio s’achevait dans le fracas de la 2e Guerre mondiale. 71 ans plus tard, les enfants du rail sont encore là. Nous les avons retrouvés, à deux pas des gares désaffectées. Des octogénaires prêts à témoigner sur une ligne qui a marqué à jamais le territoire, et qui pourrait bien revoir le jour

Ses journées s'écoulent toujours un peu comme si le train s'apprêtait encore à siffler avant d'entrer en gare de Prunete. François Luccioni s'y revoit, comme si c'était hier. À 83 ans, la mémoire de ce bourg de la plaine de Cervione n'hésite pas l'ombre d'une seconde quand il tire les anecdotes de la boîte à souvenirs. Son cerveau toujours alerte ne brouille aucune image, pas même les plus lointaines. Il raconte comme s'il voyait encore le vieux film en noir et blanc projeté sous ses yeux. « J'entends encore mon père me dire, en ce triste jour du mois de juillet 1943 : « Aujourd'hui, le train ne passe pas ». Il ne passera plus. Mais François est toujours là.

À une dizaine de mètres seulement de la vieille gare devenue une résidence privée, de l'autre côté de la route nationale, il donne volontiers rendez-vous au Bar des 4 Chemins, l'établissement familial qui fait battre le cœur de Prunete. L'invitation à parler de l'ancienne ligne ferroviaire, il la reçoit comme un cadeau. « C'est toute mon enfance. Je suis fils et petit-fils d'employés du chemin de fer. Mon père était ce que l'on appelait un homme d'équipe dans le jargon des cheminots ». François ne veut pas se contenter de raconter, il nous invite à traverser la RN 193 pour marcher là où les rails ont creusé la terre autrefois, sur une route communale qui suit désormais le tracé du train de la Plaine.

Le train, la première fois, pour le « certif » à Porto-Vecchio

« Vous voyez, là, c'était le dépôt de bois. On y amenait du châtaignier pour les livraisons qui se faisaient par le train. Là-bas, c'est l'ancienne maisonnette ». La maisonnette, c'est comme ça que les enfants du train qui sont encore là pour témoigner appellent ces mini-gares où les gardes-barrières élisaient domicile. En 1958, Paul Susini en a racheté une pour en faire sa propre maison, et renouer ainsi avec l'histoire du chemin de fer qui fut aussi celle de son enfance.

Pour rencontrer Paul, il faut descendre beaucoup plus au sud de ce train qui existe encore dans bien des mémoires. Entre Solenzara et Favone, la barrière n'est plus là, mais la maisonnette n'a pas bougé. Le vieil architecte des chemins de fer serait fier de la voir ainsi retapée et agrandie par celui qui, à 87 ans, prend encore plaisir à entretenir les lieux.

« Regardez, c'est là que passait le train, montre l'ancien éducateur spécialisé que la carrière a conduit hors de Corse, jusqu'en Indochine. Je suis un enfant de Sari, et ce train, je l'ai pris en 1940 pour aller passer le certificat d'études à Porto-Vecchio, puis bien plus tard, pour me présenter au concours des bourses à Bastia ».

Les souvenirs d'une lointaine scolarité ne sont pas les seuls à rapprocher Paul Susini du vieux chemin de fer. « Mon père était, à Solenzara, le gardien d'un dépôt de matériel où l'on entreposait notamment des rails ». Le gamin d'alors n'a pas oublié ce train qui, pendant les années de guerre, transportait les soldats italiens. « Je me souviens les avoir vus traverser Solenzara en faisant les gestes ostentatoires des conquérants ». Si Paul est encore, 71 ans plus tard, là où les rails ont disparu, il le doit en grande partie au hasard.

1958, le patrimoine immobilier du chemin de fer de la Plaine est mis en vente. Les enchères se multiplient, un industriel de Roubaix y fait autorité, mais Paul qui prépare sa fin de carrière et ses vieux jours chez lui lorgne sur la vieille maison du garde-barrière. « Je la voulais, je suis allé voir ce PDG pour le lui dire. Il a compris que j'y étais vraiment attaché et il m'a promis de ne pas surenchérir ». La bâtisse sera adjugée à l'enfant du pays pour 700 000 francs de l'époque.

En Plaine orientale, le train a marqué le territoire. Parce qu'il n'était pas qu'un moyen de transport. Certaines communes ont des hameaux qui portent encore le nom des gares qui n'existent plus. C'est le cas à Ghisonaccia, ou encore à Aléria, tandis qu'à Travu, sur la plaine de Ventiseri, le bâtiment de la défunte gare est devenu celui de la mairie. Bien plus peuplés qu'aujourd'hui, les villages de l'arrière-pays vivaient au rythme du train. À San Gavinu di Fiumorbu, les dix kilomètres qui séparaient alors le village de la gare d'Abbazia n'étaient pas ceux d'aujourd'hui, mais « A Capriuletta » tirée par des mules était une aubaine pour aller prendre le train. On en parle aujourd'hui encore au village, comme de celle qui conduisait l'attelage : « Zia Marianna », à qui chacun ne manquait pas de demander « l'ora di u trenu ».

Le hameau d'Abbazia avait ainsi connu un essor considérable dont Jeannette Cesarini, 87 ans, se souvient encore. À l'époque du chemin de fer, le bar restaurant familial travaillait beaucoup. « Je revois tout, se souvient celle qui n'a pas quitté les lieux. Il y avait des vieilles voitures, des charrettes qui amenaient des gens au train. C'était aussi l'époque où une exploitation de liège travaillait. Le train, on le prenait nous aussi. Toujours pour aller à Bastia, c'était notre sortie, mais jamais vers le sud ».

   « J'ai vu les Allemands poser des explosifs sur un pont »

Le train sur la Plaine fut aussi pourvoyeur d'emplois pour la population locale. « On retrouvait souvent les femmes de cantonniers aux postes de gardes-barrières », se souvient Philippe Susini, beau-frère de Paul qui, à 93 ans, est plus que jamais la mémoire de Sari dont la plaine vivait une effervescence ferroviaire comparable à celle de Prunete.

« Tous les commerçants recevaient leur marchandise par le train qui desservait quand même les deux cantons de Cervione et de l'Alesgiani », rappelle François Luccioni qui n'a pas oublié non plus que le chemin de fer fît aussi tourner les autocars. « Les transports Tosi, Grisoni qui acheminaient tout le monde jusqu'à la gare de Prunete où le train assurait également le service postal ». Malheureusement, l'histoire du train de la Plaine est aussi celui des années de guerre.

Les mines se font forcément plus graves. « J'étais enfant à l'époque, et pour nous préserver des images les plus difficiles, on nous conduisait dans l'arrière-pays, à Acciani, raconte Jeannette Cesarini. Et puis pendant la guerre, le train est passé forcément au second plan ». François Luccioni décrit dans les moindres détails le contexte, déclarant avec un brin de fierté : « Les Italiens, qui avaient d'ailleurs un bataillon basé à Cervione, ont profité du chemin de fer, mais pas les Allemands. La ligne s'est arrêtée un mois avant le débarquement des troupes de Romel à Bonifacio ».

Ces derniers mirent toutefois un point d'honneur à faire sauter les ponts. « Comme ils ne craignaient pas les enfants qu'ils laissaient approcher, je les revois poser les explosifs, se remémore Paul Susini. Un jour, avec de nombreux enfants de Sari, nous étions sur le promontoire du village d'où nous apercevions les dégagements de fumée après les explosions ».

La nostalgie laisse forcément poindre l'émotion de ceux qui ont, bien sûr, entendu parler du projet qui pourrait permettre au train de retrouver la trace du légendaire sillon. À l'évocation de ce dossier désormais entre les mains de la Collectivité territoriale (lire par ailleurs), François Luccioni se fait presque le défenseur d'une vision patrimoniale des choses. « La plupart des terrains appartiennent encore aux Domaines ». Paul Susini, lui, repense au jour de son départ pour l'Indochine, en 1949. « Le chauffeur du bus m'avait dit : « Quand tu reviendras en Corse, il y aura une autoroute sur la Plaine orientale ».

On connaît la suite. L'histoire du train, elle, n'a peut-être pas encore écrit le mot fin.

De 1888...

 

La ligne de chemin de fer de la Plaine orientale a été ouverte en 1888 sur son premier tronçon, entre Bastia et Ghisonaccia. En 1930, elle fut prolongée jusqu'à Solenzara, avant de rallier Porto-Vecchio en 1935. La décision d'étendre le réseau ferroviaire s'est naturellement imposée sur ce territoire.

 

Après la difficile mise en service de la ligne Ajaccio-Bastia, laquelle a dû faire face au relief en zone montagneuse, le tracé du chemin de fer sur le littoral s'est avéré bien moins compliqué. Sur 152 km, cette ligne a imposé la construction de plusieurs ponts, de pierre ou de métal, et d'un seul tunnel au lieu-dit Fautea, entre Favone et Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio, long de 500 mètres.

Endommagée en 1943 pendant le retrait des troupes allemandes qui avaient fait notamment sauter 18 ponts, sa reconstruction ne fut jamais entreprise. Une nouvelle extension du réseau, qui n'a pas été menée à terme, était pourtant prévue entre Bastia et Macinaggio, Porto-Vecchio et Bonifacio, puis de Folelli jusqu'à la station thermale d'Orezza.

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 16:27

                                                                     MARE-NOSTRUM-copie-1

 

                                               HUMA.fr

 

Les électeurs grecs près d’un tournant anti-austéritaire
Bruno Odent
Mardi, 30 Décembre, 2014
L'Humanité
Photo AFP
Le gouvernement Samaras a échoué à faire élire, hier, le président de la République hellénique par 
le Parlement. Les élections législatives anticipées, convoquées pour le 25 janvier prochain, pour lesquelles Syriza part favori, ouvrent une porte vers une autre politique pour la Grèce et toute la zone euro.

Aussitôt connu le résultat du troisième tour du vote de la Vouli (le Parlement) pour désigner le président de la République grecque, le premier ministre, Antonis Samaras, a annoncé, hier, la convocation d’un scrutin législatif anticipé dès le 25 janvier prochain. L’échec au Parlement de cette sorte de pouvoir d’union nationale que constitue l’alliance entre les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les socialistes du Pasok, révèle en fait une autre débâcle, celle des politiques austéritaires mises en œuvre ces dernières années sur des recommandations très particulières – car n’admettant aucune discussion — par la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI). Ces bailleurs ne se sont engagés à prêter quelque 240 milliards d’euros à l’État grec surendetté – à l’origine, on s’en souvient, essentiellement à cause des répliques du séisme provoqué par le krach financier mondial de 2007-2008 – que pour exiger de lui des coupes à la hache dans les dépenses publiques ou les salaires et la privatisation de son patrimoine le plus précieux jusqu’à certains de ses rivages enchanteurs. Résultat : en l’espace de trois ans, la Grèce a connu une incroyable régression avec un cortège de souffrances sociales que ses habitants pensaient définitivement attachées à d’autres temps. Selon une étude officielle, le salaire moyen dans le secteur privé est passé de 1 000 euros net par mois en 2009 avant le début de la crise à 817 euros en 2013, soit une ponction moyenne de 20 % sur les rémunérations. Et cela pour les salariés qui ont eu la chance de ne pas venir allonger les files de chômeurs devant les agences pour l’emploi. Ils sont aujourd’hui plus de 25 %. Et parmi eux figure plus de la moitié (52 %) de la population la plus jeune (les moins de vingt-cinq ans). Les témoignages sur l’état déliquescent des services publics les plus essentiels, comme les hôpitaux ou les écoles, s’accumulent. D’où un désespoir qui pousse de plus en plus de jeunes Grecs, souvent parmi les mieux qualifiés, sur les routes de l’émigration vers l’Allemagne, l’Europe du Nord ou les États-Unis. Alors que les inégalités se creusent, que les plus riches placent leur argent sous d’autres cieux souvent européens, que les meilleurs morceaux de l’ex-secteur public sont captés par des multinationales à base allemande ou française, le tissu économique local reste, dans son ensemble, enfermé dans d’inextricables difficultés. Et la dette publique continue d’exploser, atteignant aujourd’hui quelque 175 % du PIB.

Antonis Samaras compte encore monter le ton sur le risque de chaos

Tout porterait donc à faire au moins amende honorable avec les « purges » imposées. À Bruxelles, Berlin et Paris, on n’en démord pourtant pas. « Le pays est sur la bonne voie », est venu, on s’en souvient, marteler à Athènes Pierre Moscovici, commissaire européen et ex-ministre français de l’Économie, quelques jours avant le scrutin présidentiel, dans l’espoir sans doute d’infléchir un résultat qui donnait déjà des sueurs froides aux gardiens de l’ordo-libéralisme européen. Bien que le scénario ait été déjà largement anticipé, les marchés financiers auxquels est si dévoué cet « ordre » libéral n’ont guère apprécié évidemment la perspective d’une victoire de Syriza. La Bourse d’Athènes a décroché de plus de 10 % au moment de l’annonce des législatives anticipées. Et les autres places financières ont été très fébriles tout au long de la journée. Ces mêmes marchés ont fait donner leurs bazookas électoraux : les taux d’intérêt des bons du Trésor grecs à dix ans ont grimpé à 9,55 %, contre 8,5 % la semaine dernière. Quant au FMI, il n’a pas hésité à aussitôt s’immiscer grossièrement dans le vote grec en déclarant qu’il suspendait « son aide » à Athènes « jusqu’à la constitution d’un nouveau gouvernement ». Au diapason, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a fait part de ses « profondes réserves » à l’idée d’une arrivée au pouvoir de Syriza. Et Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, y est allé de sa mise en garde. « Les difficiles réformes (engagées par Athènes) ont porté leurs fruits », a-t-il martelé, avant d’ajouter sur un ton péremptoire : « Elles sont sans aucune alternative. (…) Les nouvelles élections ne changent rien aux accords passés avec le gouvernement grec. » Le premier ministre sortant, Antonis Samaras, qui compte d’évidence monter encore le ton sur le risque de chaos que ferait courir au pays un succès de Syriza, sait ainsi combien il pourra bénéficier de l’appui de ses « partenaires » et des marchés pour dramatiser à souhait la courte campagne qui s’engage. Si les propositions de Tsipras sont présentées souvent comme autant de sacrilèges, elles se bornent pour l’heure à avancer un « allégement négocié de la dette » assorti d’un « plan de relance » avec un maintien du pays dans l’euro, soit une feuille de route de facture plutôt classique et donc ouverte au débat européen. Mais on ne veut pas en entendre parler à Bruxelles et dans les capitales européennes, tant on craint l’ouverture d’une brèche politique majeure. Tant l’exemple grec pourrait s’avérer contagieux.

C’est toute l’Europe 
qui est à la croisée des chemins

« Nous sommes tous grecs », avions-nous lancer ici même début 2011, au lendemain de l’annonce de la première salve d’austérité ordonnée au pays. La réflexion vaut encore davantage aujourd’hui. C’est toute l’Europe en effet qui est à la croisée des chemins, sommée de choisir. Ou bien avec le peuple grec, les autres peuples de la zone euro résistent et parviennent à imposer un changement de pied radical, ou bien les politiques austéritaires finiront par démanteler l’Europe elle-même. Au moment pourtant où coopération et solidarité européennes apparaissent plus indispensables que jamais.

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 16:07

 

                                                              HUMA.fr

 

Au Sénat, des « rapprochements idéologiques » entre libéraux
Adrien Rouchaleou
Mercredi, 31 Décembre, 2014
L'Humanité
On parle peu de la Haute Assemblée depuis que la droite l’a reconquise fin septembre. 
Pourtant, derrière cette discrétion, se jouent en miroir les rapports de forces et les glissements idéologiques de la vie politique française.
291027 Image 0
PN

Dimanche 28 septembre 2014, le coup le plus dur reçu par François 
Hollande et son gouvernement depuis le début du quinquennat. À peine à mi-mandat, après une série de défaites aux élections locales, la gauche devait rendre à la droite les clés du Sénat qu’elle avait exceptionnellement gagné fin 2011. Ce soir-là, les hautes personnalités de l’UMP défilent sous les dorures de la magnifique salle des conférences du palais du Luxembourg, se partagent les micros et les objectifs des caméras. La re-conquête est en route, affirme-t-on. Pourtant, trois mois après, la Haute Assemblée semble retombée dans la discrétion. Alors que dans la période allant de sa victoire fin 2011 jusqu’au début du quinquennat Hollande en mai 2012, la gauche avait multiplié les votes symboliques, du droit de vote pour les résidents étrangers à un « contre-budget », aujourd’hui, aucun coup d’éclat comparable n’est à signaler. Il y a sans doute plusieurs raisons à cela. La principale relève sans doute du fait que si la droite est bien majoritaire dans l’hémicycle, elle y est aussi divisée. Certes l’UMP, avec ses 142 sénateurs, est le premier groupe. Mais les dernières sénatoriales ont aussi marqué la montée en puissance à droite des « centristes » de l’UDI, qui ont vu leurs effectifs passer de 31 à 42 fauteuils, s’arrogeant au passage une position charnière : il n’existe pas de majorité de droite au Sénat sans les voix centristes.

La bataille du plateau, 
miroir de la lutte Sarkozy-Juppé

Mais les divisions existent aussi au sein même du premier groupe de la majorité sénatoriale, conséquence de celles qui existent au sein du premier parti de droite. Il n’y a qu’à se souvenir de la bataille du plateau, nom donné à la présidence du Sénat, qui, en miroir de la lutte Sarkozy-Juppé à l’UMP, a opposé Jean-Pierre Raffarin à Gérard Larcher. L’ancien premier ministre, soutenu par l’ex-président de la République, annonçait vouloir « préparer l’alternative » pour 2017. Mais c’est Gérard Larcher (qui avait déjà occupé le poste en 2008) qui l’a finalement emporté sur une ligne « d’opposition constructive ». Tellement constructive que l’on se demande parfois où se trouve l’opposition. « À l’évidence, le groupe socialiste et l’UMP se retrouvent sur beaucoup de textes proposés par le gouvernement », remarque Éliane Assassi, présidente du groupe Communiste, républicain et citoyen (CRC). Il y a par exemple eu la loi antiterroriste, adoptée sans souci par les deux Assemblées après un passage en commission mixte paritaire. Ou le projet de loi de finances rectificative pour 2014, que la majorité sénatoriale a modifié de façon à pouvoir le voter aux côtés des sénateurs socialistes. Une configuration « révélatrice de rapprochements idéologiques », selon Éliane 
Assassi, qui rappelle qu’elle avait été théorisée lors du dernier renouvellement de la moitié des sénateurs par le ministre des Finances, Michel Sapin, juste avant l’examen du projet de loi de finances pour 2015. Sans complexe sur ses orientations sociales-libérales, il avait alors déclaré : « C’est plus facile de débattre avec un Sénat de droite animé de cet état d’esprit qu’avec un Sénat de gauche ingouvernable. On va pouvoir enfin s’intéresser aux textes qui aboutissent plutôt qu’à ceux qui sont rejetés. » En référence à la période entre 2012 et 2014, quand bien qu’ayant une majorité de gauche composite, le Sénat se retrouvait très souvent à rejeter les projets de loi du gouvernement, à cause de l’intransigeance de celui-ci, peu ouvert à la discussion, et de son virage libéral rédhibitoire pour les sénateurs du Front de gauche notamment. Deuxième chambre largement contemptée, à tel point que certains veulent le voir disparaître, le Sénat ne semble donc pas s’être profondément renforcé en changeant de majorité. Pourtant, ces dernières semaines, il a eu un rôle central dans certains des grands débats présents dans l’actualité. Et bizarrement, il ne doit pas cela à sa majorité, mais à un groupe minoritaire au sein de la minorité. C’est au palais du Luxembourg, et plus particulièrement dans les bureaux du groupe CRC, que la résolution parlementaire demandant la reconnaissance par la France de l’État de Palestine trouve son origine. De celle-ci, mise à l’ordre du jour de leur niche parlementaire par les 
communistes, le gouvernement s’est saisi. De même le débat sur les profits des sociétés autoroutières découle d’une proposition de loi pour leur nationalisation déposée par la sénatrice communiste Mireille Schurch. C’est le rôle que veut jouer aujourd’hui le groupe CRC : déclencher des débats.

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 15:27
   2015, l’année du rassemblement et de l’action

 

 

 

Michel costume2015 sera sans attendre l’année du rassemblement et de l’action pour changer de politique et reconstruire l’espoir à gauche.

1 Janvier 2015

Nous voilà à l’aube d’une nouvelle année dans un contexte où l’horizon dégagé qui nous était promis s’obscurcit invariablement. La première crainte c’est celle qui noue l’estomac de ces dizaines de milliers de personnes qui n’ont pas d’emploi, plus de 21 000 en Corse, dont le nombre augmentera toujours et plus encore si le démantèlement de la SNCM intervenait conformément au choix du gouvernement, des actionnaires Transdev et Veolia et du président de l’Exécutif.

Perdre son emploi subir la précarité, s’interroger sur l’absence de logement, la pauvreté qui guette, la mal-vie sans pouvoir manger à sa faim, se soigner... dans notre pays qu’est la France des Lumières, cette angoisse envahit le quotidien de dizaines de millions de personnes. La Corse n’y échappe pas. L’année, s’achevant ainsi, a été marquée par la désolation laissée dans le sillage d’une politique gouvernementale d’austérité d’autant plus dure qu’elle accentue la crise renoncement après renoncement.

Les responsables de ce glissement à droite mortifère avaient promis de combattre la finance pour être élu en 2012. Désormais ils se couchent dans son lit en expliquant que la gauche ses valeurs et ses principes ont vécu. L’homme symbole de cette métamorphose ultralibérale porte un nom à la prononciation synthétique. En lançant sa loi éponyme, le clone de banquier fait table rase du pacte de responsabilité dont il reconnaît l’inefficacité et veut aller plus loin dans le dé-tricotage du droit du travail.

Le MEDEF revendique et obtient d’un premier ministre acquis à sa politique antisociale. Même la réforme territoriale et le "choc fiscal" sont dictés par le syndicat patronal avide de "compétitivité". Paradoxalement ce mot ils l’associent à "modernité", or nous voyons bien, sous le vernis clinquant, apparaître la sombre couleur des réductions budgétaires. Le rouleau compresseur du libéralisme déloyal est ainsi actionné depuis la Commission européenne jusqu’à la plus petite commune de Corse.

Les moins sont partout : moins de services publics, moins de fonctionnaires, moins d’investissements... alors que la pression fiscale est augmente sur les ménages populaires. L’impôt sur le capital lui se veut « non dissuasif » jusqu’à la caricature. Bon élève notre gouvernement se félicite d’avoir empêché à Bruxelles l’instauration d’une taxe sur les transactions financières en Europe. C’est dans ce cadre de l’adaptation à l’austérité budgétaire que les projets d’une collectivité unique et d’un paquet fiscal ont été adoptés par l’Assemblée de Corse. Dans les deux cas, le groupe des élu(e)s communistes et citoyens du Front de gauche a voté contre en toute logique.

En effet, l'organisation administrative locale avec ses 4 échelons : commune, intercommunalité, département, région, n’est ni le facteur de l’urgence sociale ni l’obstacle pour y trouver réponse. Avec des sources de financement multiples les politiques publiques locales ont plus de chances d’aboutir en donnant tout son sens à la clause de compétence générale appelée à disparaître. Voila pourquoi, comme nous l’avons défendu, toute réforme fiscale devrait reposer les principes, républicains conjuguant justice fiscale et sociale avec solidarité nationale et péréquation.

Cependant, s’il on s’en tient à la date prévue pour les prochaines cantonales, les futurs candidat(e)s une fois élus seraient promis à disparaître aux prochaines élections territoriales. C’est peu démocratique et peu compréhensible pour l’électeur qui sera fondé à s’interroger sur l’intérêt de son vote dans ces conditions sauf à choisir les candidats anti-austérité qui seront à la fois pour le maintien du département et la consultation des Corses.

Le réveil tardif des Conseiller généraux de Haute Corse, évoquant « le mépris » manifesté à leur égard par les élus de l’Assemblée de Corse, est sans doute dû à l’analyse de cette contradiction. Pour ce qui nous concerne, nous y voyons une atteinte à la souveraineté populaire et une mise à l’écart plus importante du citoyen alors qu’il réclame participation et proximité. Face à cela nous demandons que soit organiser un référendum avant l’adoption définitive de la loi pour vérifier si cette réforme est effectivement conforme à la volonté du peuple.

Et si 2015 ne peut être l’année du démantèlement de la SNCM et du service public de continuité territoriale, de l’avènement sans référendum de la collectivité unique avec ses corollaires, le pouvoir unique et la réforme fiscale injuste, elle sera sans attendre celle du rassemblement et de l’action pour changer de politique et reconstruire l’espoir à gauche.


È sobra à tuttu ch’ella sia per tutti un’annada cù Pace e Salute.

                                    Michel Stefani

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 15:11

                                                               HUMA.fr

 

 

Surveillance des internautes : "un décret qui sent le sapin"
Dimanche, 28 Décembre, 2014
Matignon a publié, le soir de Noel, le décret d'application du très contesté article 20 de la loi de programmation militaire (LPM) qui prévoit un accès très vaste des services de l'État aux télécommunications (téléphone, SMS, Internet, etc.) des Français, et à toutes les informations qui transitent par les réseaux nationaux.
La mesure de surveillance, pudiquement nommée "accès administratif aux données de connexion", avait été votée fin 2013 et entrera en vigueur le 1er janvier 2015. Un décryptage du texte a été effectué par nos confrères Xavier Berne de nextinpact et Guerric Poncet du Point.fr
 
Les "opérateurs" mis à contribution
 
Le décret du 24 décembre (voir texte joint) précise que "le groupement interministériel de contrôle [...], un service du Premier ministre est chargé des interceptions de sécurité et de l'accès administratif aux données de connexion". Ce groupement est chargé de centraliser les demandes des agents et de les transmettre aux opérateurs concernés, en les épurant de toute information sensible. 
En effet, si les services de l'État doivent justifier leurs requêtes auprès du Premier ministre (qui nomme une "personnalité qualifiée"), il est hors de question de transmettre ces explications aux opérateurs. Les fournisseurs d'accès ne sauront même pas de quel service ou ministère émane une demande, ni à quelle date elle a été formulée.
"Les coûts supportés par les opérateurs pour la transmission des informations ou des documents font l'objet d'un remboursement par l'État", précise le décret. Pas un mot sur la grille tarifaire qui sera appliquée, car ils seront définis par les ministères concernés.
 
Quelles données sont concernées ?
 
Peuvent donc être interceptés les "informations ou documents traités ou conservés par les réseaux ou services de communications électroniques, y compris les données techniques relatives à l'identification des numéros d'abonnement ou de connexion à des services de communications électroniques, au recensement de l'ensemble des numéros d'abonnement ou de connexion d'une personne désignée, à la localisation des équipements terminaux utilisés ainsi qu'aux communications d'un abonné portant sur la liste des numéros appelés et appelants, la durée et la date des communications". 
Concrêtement : no limit !
 
Qui peut demander les informations ?
 
Trois ministères sont habilités à émettre des demandes. Le décret détaille le nombre impressionnant de services pour lesquels les vannes du Web français sont ouvertes : 
 
- Au ministère de l'Intérieur : la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la Direction générale de la police nationale (unité de coordination de la lutte antiterroriste, Direction centrale de la police judiciaire, Direction centrale de la sécurité publique, Direction centrale de la police aux frontières), la Direction générale de la gendarmerie nationale (sous-direction de la police judiciaire ; sous-direction de l'anticipation opérationnelle ; service technique de recherches judiciaires et de documentation ; sections de recherches), la préfecture de police (Direction du renseignement ; direction régionale de la police judiciaire ; service transversal d'agglomération des événements ; cellule de suivi du plan de lutte contre les bandes ; sûreté régionale des transports ; sûretés territoriales).
 
- Au ministère de la Défense : la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), la Direction de la protection et de la sécurité de la défense, la Direction du renseignement militaire.
 
- Au ministère des Finances et des Comptes publics : la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières, le service de traitement du renseignement et d'action contre les circuits financiers clandestins.
Dans tous ces services, seuls les agents et officiers "dûment habilités" par leur directeur pourront réclamer des informations, assure le décret.
 
Le respect de la vie privée ?
 
Face aux critiques sur l'intrusion dans la vie privée, le gouvernement invoque la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), un organe très joli sur le papier mais qui n'a jusqu'à présent pas été doté d'un réel pouvoir. Cette commission "dispose d'un accès permanent aux traitements automatisés", et "l'autorité ayant approuvé une demande de recueil d'informations ou de documents fournit à la commission tous les éclaircissements que celle-ci sollicite", promet le décret, plein de bons sentiments. 
Néanmoins, la CNCIS n'a toujours pas le pouvoir de sanction et ne peut même pas alerter la justice en cas de manquement sur un dossier couvert par le secret de la défense nationale.
 
Par ailleurs, le gouvernement se protège en supprimant ses archives en un temps record. Si l'on peut saluer la suppression des informations et des fichiers recueillis au bout de trois ans, on ne peut être que surpris par le fait que les registres mentionnant qui a autorisé telle ou telle surveillance soient eux aussi "automatiquement effacés" après trois ans. Le seul contrôle démocratique possible lorsqu'on jongle avec le secret défense, celui qui s'effectue a posteriori, est donc rendu impossible, pour la CNCIS comme pour la justice, faute de preuves !
 
Savamment entretenu depuis quelques semaines, le spectre terroriste permet au gouvernement de faire passer des mesures très floues et de tirer pleinement parti des systèmes d'information de plus en plus performants afin de surveiller la population. Ce système de surveillance instauré par le gouvernement valls de la population est une arme qui pourrait se révèler extrement dangereuse pour les libertés et pour la démocratie...
Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 14:57

 

 

                                                                   cerveau animé

 

 source:bmog MEDIAPART

                    Projet Macron: en route pour l'esclavage ?

Un tel projet ne doit pas seulement être analysé pour ce qu’il est, il faut aussi le traduire avec nos mots, tant depuis une trentaine d’années la syntaxe patronale a envahi lois, accords collectifs, médias et hélas de plus en plus souvent contaminé le discours des « partenaires sociaux ». Des licenciements pour motif économique aux plans de « sauvegarde de l’emploi » en passant par les plans « sociaux », du chômage partiel à l’ « activité partielle », de l’exploitation des travailleurs à la « compétitivité », des qualifications collectives aux « compétences » individuelles, du droit à la formation à l’obligation de « formation tout au long de la vie », des contrats de merde aux « contrats courts » ou « aidés », du revolver sur la tempe au « dialogue social », il est difficile d’échapper complètement au lavage de cerveau quotidien qui leur permet d’affirmer sans honte et sans grand risque d’être vraiment contredit que ce qui est noir est blanc.

Reste enfin la tactique qui consiste à mettre en avant, pour cacher le reste, ce qui fera discussion, en boucle, dans les médias : le travail du dimanche. Qu’on limitera ensuite volontiers à la question du nombre à la discrétion du maire (5 ou 12), ce qui permettra ensuite, en fonction du rapport de forces à trouver un nombre (7, 9 ?, déjà le projet déposé est passé de 12 à 7) qui apparaîtra comme un compromis et pourra laisser l’impression qu’il y a eu finalement beaucoup d’agitation pour rien.

D’où l’urgente nécessité de détailler ce « rien » en mettant en lumière une des dispositions du projet MACRON qu’aucun média n’a relevé, bien que le bureau national du PS ait été dûment alerté par Gérard Filoche : le projet déposé à l’Assemblée nationale prévoit rien de moins que de supprimer le droit du travail : il s’agit de la modification discrète de l’article 2064 du CODE CIVIL et de l’abrogation de l’article 24 de la loi n° 95-125 du 8 février 1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative. 

Au vu de la place de ces modifications dans le projet déposé à l’Assemblée nationale (Chapitre II DROIT DU TRAVAIL section I Justice prud'homale - article 83), l’interprétation de l’intention est peu douteuse : le « volontariat » des salariés pourrait désormais permettre à l’employeur de s'exonérer de la loi et des accords collectifs, du moment qu'avec le salarié ils règlent leurs litiges par convention entre eux !, les prud'hommes étant alors dessaisis.

C’est un retour à 1804.

Le droit du travail repose sur la réalité de l’exploitation des travailleurs qui, en langage juridique est nommée « subordination ». Le salarié est aux ordres, soumis à son employeur pour son embauche, son contrat, l’exécution de son contrat et son licenciement. L’exact contraire du droit civil dans lequel les deux parties sont à égalité. Il a donc été ajouté dans le code civil actuel que les contrats de travail étaient exclus de ce droit entre égaux, le code du travail servant précisément à limiter pour partie l’arbitraire patronal.

Le projet MACRON, sans qu’aucun média ne le soulève, abroge l’alinéa qui, dans le code civil, exclut les contrats de travail. Ce n’est ni plus ni moins que la suppression du droit du travail. Un retour au code Napoléon, et à la loi Le Chapelier : plus aucune entrave à la liberté d’exploiter. Il suffira au patron, pour chaque litige, d’obtenir « l’accord » du salarié et aucun juge, prud’homal ou non, ne pourra venir troubler cet « accord » au nom d’un quelconque droit du travail. Travailler le dimanche, la nuit, 12h par jour, 60h par semaine, pour un demi-SMIC…du moment que le salarié est « d’accord ».

A y regarder de près, cette incroyable tentative du gouvernement et du MEDEF n’est pas si nouvelle : elle est ici et là inscrite déjà dans de plus en plus nombreuses dispositions du droit du travail, qu’il s’agisse d’ « accords collectifs » signées par des organisations syndicales et/ou de lois : ainsi, dès décembre 1981, un accord collectif permettait de faire faire 12 h x 12 jours = 144 h à un salarié agricole avec son « accord », l’ANI du 11 janvier 2013 et la loi du 14 juin 2013 permettent de ne pas respecter le plancher de 24 h avec l’ « accord » du salarié. Et, pour le travail du dimanche, il serait, pour l’essentiel, réservé aux « volontaires ». Ce « volontariat », dont Gérard Filoche ne cesse de répéter qu’il n’existe pas en droit du travail, on en mesure toute l’irréalité quand l’ex présidente du MEDEF n’a pu trouver mieux que l’oxymore de « soumission volontaire ».

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 14:18

 

 

 

                                                                  drapeau rouge agité-copie-1

 

 

 

 

 

<

Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 13:54

 

 

 

 

 

                                                                                     ciel-de-palestine-2015.jpg

 

                                       CIEL DE PALESTINE 2014

                                       source:as  sawra                                                                   
Partager cet article
Repost0
1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 13:50

 

                                                                          telecerveau-copie-1.jpg

 

 

 

par Ruben del Valle

traduction Françoise Lopez

Interview de Rubén del Valle Lantarón

Tania Bruguera est rentrée à La Havane vendredi dernier, 26 décembre. Depuis plusieurs jours, l'artiste conduit un déploiement médiatique, principalement sur les réseaux sociaux, invitant à une nouvelle édition de son célèbre spectacle El susurro de Tatlin, réalisé pendant la Dixième Biennale de La Havane (2009) au Centre Wilfredo Lam. Evidemment, cette fois, l'opération de l'artiste est conduite depuis et vers la pratique publicitaire, en évitant les mécanismes directeurs du sytème institutionnel de l'art et cherchant à s'infiltrer directement dans le domaine de l'activisme politique.  

En quoi le Conseil National des Arts Plastiques s'implique-t-il dans ce spectacle?

A cause de la façon dont les événements sont survenus, plus qu'un spectacle, je crois qu'il s'agit d'un reality show. Les antécédents de cette action se trouvent dans une lettre que Tania a publiée du Vatican, intitulée: “Querido Raúl, dear Obama y querido Papa Francisco”. Dans ce document, elle félicite les trois personnalités pour l'importante décision prise et pose un certain nombre de questions sur l'avenir de Cuba. Selon ce que m'a raconté Tania elle-même, la lettre avait simplement l'intention d'être un document cathartique de ses sentiments personnels en ce moment face aux événements que nous vivons en donnant une connotation métaphorique à son appel à ce que les Cubains sortent dans la rue. J'ai continué à citer Tania quand je te raconte que, dans les jours suivants, j'ai reçu l'invitation de plusieurs personnes à transformer cette allégorie en action concrète.

A partir de ce moment, ils ont créé la plateforme " Yo también exijo" invitant les Cubains à "exiger publiquement leurs droits civils le 30 décembre prochain à 15H sur la Place de la Révolution de La Havane." Le journal digital Diario de Cuba, d'orientation contre-révolutionnaire marquée, passe immédiatement cette invitation et depuis ses pages, plusieurs textes reproduisent et couvrent la nouvelle. Comme fait significatif, on note que ce même journal, à moins de 24 heures des déclarations des présidents Raùl Castro et Barack Obama, a diffusé un texte de Carlos Alberto Montaner, qui a un passé terroriste prouvé, dans lequel il condamnait la décision d'Obama et défendait la nécessité de maintenir la politique hostile envers le gouvernement cubain, contrastant avec l'approbation unanime que cette décision a provoquée parmi les secteurs les plus divers nationaux et internationaux. Cette convergence, immédiatement, attire notre attention.

Ma gestion à la tête du CNAP a cherché à privilégier et à promouvoir le dialogue franc, ouvert et respectueux avec tous les artistes, réalisant ainsi un des principes cardinaux de la politique culturelle de la Révolution. Pour autant, devant le scénario complexe que ces signaux dessinent, nous pensons inviter Tania à discuter sa proposition, à exposer nos différences dans la manière dont elle abordait son travail et à essayer de trouver des solutions depuis les pratiques artistiques. Tania est venue à cette conversation en menaçant de soutenir logistiquement sa proposition, même par écrit.

Permettez-moi une brève digression. Après plus de cinq décennies d'hostilités, d'une politique qui prétendait faire s'effondrer cette petite portion de terre que nous appelons Cuba, le représentant de l'empire le plus puissant du monde a avoué avoir échoué dans sa tentative de faire plier par la force cette nation souveraine. Cela devrait être une leçon pour tout le monde, et en particulier pour Tania. La méthode de la pression, du chantage, des ordres du jour imposés, ne fonctionne pas dans notre pays. Un projet construit de l'étranger, avec une invitation des organes de presse de la contre-révolution, en marge de la légalité et du système institutionnel ne sera pas soutenu, en de telles circonstances, par le Conseil National des Arts Plastiques ni par le Ministère de la Culture.

Nous, les Cubains, avons partagé, ces jours-ci, des événements historiques inédits dans notre histoire nationale: les 3 Cubains emprisonnés rentrent dans la Patrie et les présidents Raùl Castro et Barack Obama annoncent le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis. Sans doute un moment complexe, d'espérances prometteuses et de projections d'avenir, mais aussi propice à des manifestations extrémistes, intransigeantes et de tendances très diverses.

Et alors, je répète, pourquoi vous l'avez reçue? Pourquoi alors, Jorge Fernandez et vous, quand vous concentrez toute votre énergie sur l'organisation de la prochaine édition de la Biennale de La Havane, décidez de l'inviter à débattre au Centre d'Art contemporain Wilfredo Lam?

En premier lieu parce que je considère que Tania est un fruit de cette Révolution et de l'un de ses plus beaux projets: le système d'enseignement artistique. Tania a étudié 12 ans dans les différents niveaux d'enseignement artistique spécialisé et après, elle a fait un master à l'Institut de Chicago. Tania appartient à une génération de jeunes créateurs qui ont été projetés sur la scène internationale par notre système d'institutions et en particulier par la Biennale de La Havane. A partir de là, elle a construit une carrière qui part du fait de concevoir l'art comme un mode de vie, de profonde réflexion critique, à vocation universelle, intronisée dans la riche tradition de formalisation esthétique du penser et du sentir depuis le social.

Il me semble, alors, indispensable d'épuiser toutes les ressources possibles du dialogue. De se dire de trouver une solution satisfaisant tout le monde, constructive, des solutions alternatives possibles à son besoin d'investigation mais dégagé d'un contexte de manipulation politique certaine. Elle cherchait à rencontrer et à dialoguer avec le Cubain ordinaire, en insistant beaucoup sur le stéréotype que le Cubain a peur de s'exprimer. Me repliant sur le fait que nos rues sont un forum permanent de débats, je lui suggère la possibilité d'organiser son projet dans des usines, des universités, à l'arrêt du bus ou au marché agricole. Aucune de ces propositions ne fut acceptée.

Je considère que ça a été une conversation honnête, respectueuse. Mais aussi,je crois que Tania est venue à La Havane avec beaucoup de conditionnements extérieurs, avec une proposition très publicitaire et avancée et n'était pas en conditions de la réajuster, de négocier. Elle est arrivée résolue à commencer une manifestation qui pourrait en venir à être auto-destructrice. Et même, sur ce point, nous ne devons pas écarter la possibilité que certains suggèrent que nous serions immergés dans une stratégie de simulacre dans laquelle, depuis le début, l'artiste s'engage à concrétiser un procédé insoutenable parce que ce qui est réellement important dans cette opération, ce sont les conséquences que pourrait provoquer la répression de ce prétendu activisme, aussi bien légalement que personnellement.

Selon votre expérience personnelle, à quel point un projet d'insertion sociale comme celui-ci se détourne-t-il des stratégies artistiques pour rejoindre les procédés de la publicité politique?Je veux dire, comment cette action que Tania présente comme une partie d'un spectacle déjà connu du public cubain rend floues les très discutables marges de la création artistique...?

Mon opinion sur ce thème complexe ne part pas de la critique d'art mais de la gestion culturelle et de la mise en place de la politique culturelle. L'expansion des marges ou les limites de l'art est l'un des thèmes les plus polémiques dont nous avons hérité du XX° siècle dernier. Aujourd'hui, le débat sur ce qui est ou n'est pas de l'art continue à inonder les plus divers forums de discussion et c'est l'un des plus grands défis de l'institutionnalité au moment d'accompagner les processus de création.

Les pratiques artistiques contemporaines comportent chaque jour plus d'éléments qui s'insèrent dans les secrets de la société que ce soit depuis les exercices proches du quotidien et de procédés ou de ces artistes qui s'impliquent dans la politique et dans les structures gouvernementales de direction dans un contexte déterminé. Elles continuent d'être imprécises et en expansion, les limites entre l'art et la politique, entre la création et la vie même. Un débat qui aujourd'hui s'appuie sur la base de la responsabilité éthique et de l'engagement moral de tous ses acteurs.

Dans le domaine personnel, ce qui concerne l'artiste en tant qu'individu, je considère que les limites sont infinies: aujourd'hui, l'art s'étend plus loin que les disciplines implicites dans la création pour en terminer avec la science, la technologie ou les savoirs les plus reconnus, on privilégie les points de vue inter-disciplinaires, trans-disciplinaires et l'institution doit être prête à assumer, légitimer et renforcer ces formes d'expression. Comme radicalisation de ces stratégies artistiques, nous considérerions l'auto-agression physique ou psychologique. Ces procédés étant sujets à des questionnements multiples qui ne sont pas élucidés aujourd'hui. Cependant, quand ces procédés impliquent d'autres personnes, comme dans le cas dont nous discutons, quand ils impliquent les cubains en leur qualité de sujets actifs de la société civile - s'impose, au-dessus de toute autre analyse, la dimension éthique de l'implication de "l'action artistique". Et je note: la liberté devrait être accompagnée d'une grande responsabilité comme dirait Juan Marinello. Dans ce cas, ce sentiment de la responsabilité, Tania l'a esquivé. Elle a enfreint les principes fondamentaux selon lesquels elle devrait avoir évalué le contexte, les circonstances, la portée, les dispositions légales, les sujets impliqués, obsédée par sa prétention à s'ériger un lieu d'action au milieu d'événements qui dépassent ses capacités et qui sont inédits dans l'histoire nationale. Tania prétend reproduire des modèles étrangers et se projeter comme artisan d'un consensus pour Cuba qui dépasse les idéologies et les conceptions politiques par une oeuvre et grâce à sa volonté artistique. Et je me demande: Tania prétendrait-elle se transformer en archétype d'un nouveau Messie?

La projection médiatique de Tania a propos de la plateforme "Yo también exijo" s'auto-définit comme "de gauche", "anti-capitaliste", "anti-marché". Cependant, ses principaux promoteurs et sa tribune d'information sont représentés par des médias et des personnes dont le projet essentiel pour l'avenir de Cuba est la restauration du capitalisme et la pénétration des idées de l'extrême droite nord-américaine dans otus es domaines d ela vie nationale. C'est alors un contresens de prétendre donner un espace et une voix sur la symbolique Place de la Révolution à des sujets politiques complètement illégitimes sur la scène cubaine, dont beaucoup s'opposent même à la normalisation des relations entre notre pays et les Etats-Unis.

Un des moments les plus tristes de ma vie professionnelle fut de constater que la chose la plus médiatisée lors de la Dixième Biennale de La Havane fut la présence de Yoani Sanchez au spectacle El susurro de Tatlin. Les grands médias n'étaient pas intéressés par la pratique de Tania ni par l'extraordinaire spectacle du Chicano Guillermo Gómez Peña. Ils n'ont répercuté que l'implication de l'intervention de Yoani Sanchez. L'extraordinaire portée culturelle, sociale, humaine, de cette édition de l'événement a ainsi été éclipsée et toutes les stratégies discursives de réflexion autour des défis de l'humanité face aux effets de la mondialisation pour placer sur les chaînes internationales d'information le dernier produit de l'industrie contre-révolutionnaire en lui donnant une légitimité en tant qu'intellectuel influent dans la politique mondiale ont été passées sous silence. Combien naïf et irresponsable serait de répéter cette expérience en multipliant l'échelle de façon exponentielle!

Evidemment, cette sixième édition d'El susurro de Tatlin ne correspond pas au niveau de richesse esthétique et conceptuel manifesté antérieurement par Tania et est plus une réplique "théatralisée" de certaine méthode habituelle d'affrontement politique qu'une proposition de réception esthétique intelligente et mobilisatrice. Il semblerait s'être épuisé, s'il en est ainsi, la variabilité suggestive et à la fois agressive d'une façon d'être artistique qui a été hautement valorisé par des critiques, des conservateurs et des artistes. Cela affaiblit sa condition primitive, comme une déviation de la reproduction, porte atteinte à l'essence même de sa genèse et pourrait seulement être lu, à mon avis, comme le détournement d'une artiste qui, d'une certaine manière, semble être en train de perdre le lien essentiel avec le contexte cubain. Un murmure qui semble dévier inévitablement en naufrage.

Source en espagnol:

http://miradasencontradas.wordpress.com/2014/12/30/tania-bruguera-el-extravio-de-un-susurro/#more-16014

URL de cet article:

http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2014/12/cuba-tania-bruguera-la-deviation-d-un-murmure.html

Partager cet article
Repost0
31 décembre 2014 3 31 /12 /décembre /2014 15:47

 

 

 

 

 

 source:Le Monde.fr
Les énormes progrès de la NSA pour défaire la sécurité sur Internet

L 28.12.2014 Par Martin Untersinger (Hambourg, envoyé spécial)

 
Les abords du centre des congrès de Hambourg, dans le Nord de l'Allemagne, où est organisé le Chaos Communication Congress, un rassemblement dédié aux implications politiques des nouvelles technologies.

Depuis plusieurs mois et le début des révélations d’Edward Snowden, les experts en sécurité informatique et les défenseurs de la vie privée en ligne ne savent plus à quel saint se vouer.

Révélation après révélation, les documents exfiltrés par le lanceur d’alerte américain au sujet de la NSA témoignent de la puissance de l’agence de renseignement et de sa capacité à percer les protections les plus robustes sur Internet. La question qui revenait sur toutes les lèvres était à la fois simple et complexe : quel outil lui résiste encore  

» Lire aussi : Affaire Snowden : comment la NSA déjoue le chiffrement des communications

Au Chaos Communication Congress de Hambourg, un festival de quatre jours traitant notamment de sécurité informatique, les deux journalistes américains Jacob Appelbaum et Laura Poitras ont finalement apporté, dimanche 28 décembre, des réponses à cette question.

Lors d’une conférence, les deux journalistes ont présenté de nouveaux documents – également et simultanément publiés dans Der Spiegelissus du stock soustrait par Edward Snowden. Ceux-ci révèlent que plusieurs outils, programmes ou langages informatiques posent de gros problèmes à la NSA lorsqu’il s’agit de les percer à jour. Ces documents, datent de 2012, mais le magazine allemand explique qu’ils ont de grandes chances d’être encore valables aujourd’hui.

Des outils résistent

Les outils dont la robustesse résiste à la NSA sont peu nombreux : GnuPG, qui sert à la protection des courriels, Tails, un système d’exploitation « amnésique », OTR, un protocole informatique protégeant la confidentialité des discussions instantanées, les applications développées par le collectif Whispersystems (comme Signal), Truecrypt, un système de chiffrement des documents dont l’interruption mystérieuse a suscité de nombreuses interrogations et Tor, un navigateur permettant notamment une navigation anonyme sur Internet.

Les efforts de la NSA à l’encontre de Tor étaient déjà connus. Les nouveaux documents publiés montrent que ces efforts sont restés, pour le moment et jusqu’en 2012 au moins, sans effets.

» Lire : TOR, logiciel clé de protection de la vie privée, dans le viseur de la NSA

« Je voulais faire une conférence positive » explique Jacob Appelbaum, qui a fait applaudir par les 3 500 personnes massées dans l’auditorium du centre des congrès de Hambourg les développeurs de certains de ces outils.

De nombreux outils peu fiables

Lui et Laura Poitras n’ont cependant pu éviter l’énumération de quelques-uns des outils de protection des communications qui n’ont pas résisté à la NSA. Cette liste témoigne de l’ampleur des ressources consacrées par la NSA et certains de ses alliés à défaire certains des principaux moyens de protection des communications sur Internet.

Der Spiegel écrit par exemple que les connexions dites « https », où le « S » signifie « sécurisé » n’ont « plus grand-chose de vraiment sécurisé ». Selon un des documents publiés par le magazine allemand, la NSA prévoyait de « casser 10 millions de connexions en https d’ici la fin de l’année 2012 ». Ce type de protection permet à un internaute d’être certain de se connecter à un site authentique (de sa banque par exemple), et empêche un intermédiaire d’intercepter des informations qu’il lui transmet. Elle est utilisée quotidiennement par des centaines de millions d’internautes dans le monde entier, parfois sans même qu’ils s’en aperçoivent.

D’autres moyens de protection sont également à portée de la NSA, comme SSH, une technique pour connecter de manière sécurisée deux ordinateurs entre eux, largement utilisés par les informaticiens. Plus inquiétant, les documents indiquent que la NSA peut s’attaquer avec succès aux VPN (« réseaux privés virtuels »). Cette technologie, derrière son nom obscur pour le grand public, est pourtant centrale pour la sécurité de nombreuses entreprises, qui les utilisent par exemple pour accéder depuis l’extérieur à leur réseau interne. Douze agents de la NSA ont ainsi été chargés de passer outre le VPN utilisé par le gouvernement grec, indique un des documents.

Une « guerre contre la sécurité sur Internet »

Pour contourner ces robustes protections, la NSA a recours à « tous les moyens disponibles », écrit Der Spiegel, des super-ordinateurs capables de milliards de calculs à la seconde à l’envoi d’agents sous couverture pour tenter d’influencer le développement de ces moyens de protection. Ces moyens déployés ne sont pas surprenants : selon un document de la NSA reproduit par Der Spiegel le chiffrement des communications (et donc la confidentialité d’une part croissante des échanges sur Internet) est aujourd’hui « une menace » pour l’agence.

Ces nouveaux documents éclairent un peu plus ce que le magazine allemand décrit comme « une guerre contre la sécurité sur Internet ». Une sécurité, rappelle-t-il encore, qui est loin d’être l’apanage des terroristes ou des criminels, mais qui protège des centaines de millions d’internautes dans leur utilisation quotidienne d’Internet.

Les centaines d’activistes et militants qui ont applaudi, debout pendant plusieurs minutes, à la fin de la présentation de ces documents ont donc de quoi avoir la migraine devant les capacités de la NSA. Mais aussi de quoi se réjouir : « ce n’est pas sans espoir, la résistance est possible » a ainsi lancé M. Appelbaum. « Le logiciel libre et une cryptographie bien implémentée fonctionnent.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/pixels/article/2014/12/28/les-enormes-progres-de-la-nsa-pour-defaire-la-securite-sur-internet_4546843_4408996.html#ePHpZ7dWpFdu1ALp.99
Partager cet article
Repost0