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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 12:11

 

 

Tunisie : les commanditaires de l’assassinat de Chokri Belaïd identifiés

mercredi 24 juillet 2013, par as-sawra

Un ministre tunisien a affirmé mercredi à la presse que les commanditaires de l’assassinat, le 6 février, de l’opposant Chokri Belaïd, avaient été identifiés.
"Nous avons identifié les commanditaires et les auteurs de l’assassinat de Chokri Belaïd", a dit le ministre conseiller politique du chef du gouvernement tunisien, l’islamiste Noureddine B’hiri, à l’issue d’une réunion du conseil des ministres.
M. B’hiri a ajouté que les détails seraient révélés "bientôt" par le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou, sans donner de date.
Le meurtre de Chokri Belaïd, un critique virulent du parti islamiste Ennahda au pouvoir, a été imputé fin février à un groupuscule islamiste radical par le chef du gouvernement Ali Larayedh, alors ministre de l’Intérieur.
Les autorités tunisiennes ont publié le 13 avril les photos de cinq hommes soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat de cet opposant et lancé un appel à témoins pour les retrouver.
Un communiqué du ministère de l’Intérieur identifiait Kamel El Gathgathi, 39 ans, comme principal suspect et évoquait quatre complices : Ahmed Rouissi (46 ans), Salmane Marakchi (30 ans), Marouane Ben Haj Salah (33 ans) et Ezzedine Abdelaoui (38 ans).
L’assassinat, sans précédent en Tunisie, a choqué et provoqué une profonde crise politique qui a finalement conduit à la démission fin février du gouvernement de Hamadi Jebali et à la formation d’un nouveau cabinet dirigé par Ali Larayedh.

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 12:07

                                                               MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 



LE PARTI COMMUNISTE LIBANAIS CONDAMNE LA DÉCISION PRISE PAR L’UNION EUROPÉENNE INSCRIVANT UNE FACTION DE LA RÉSISTANCE LIBANAISE SUR SA LISTE DES ORGANISATIONS TERRORISTES

Le Parti Communiste Libanais condamne énergiquement la décision de l’Union Européenne d’inscrire sur ce qu’il nomme « branche armée du Hezbollah » sur sa liste des organisations terroristes, décision satisfaisant aux diktats que lui imposent l’impérialisme américain et l’entité sioniste et outrepassant les bases d’une relation normale avec les pays souverains, cette initiative intervenant malgré le message de la Présidence de la République Libanaise avertissant du danger qu’elle représente à la paix civile au Liban.

Le Parti Communiste Libanais considère qu’une telle soumission aux diktats américano-sionistes s’inscrit dans une politique qui n’a jamais pris en considération, ni les intérêts des peuples d’Europe et ni surtout l’aspiration des peuples arabes à la libération, à l’indépendance et au changement démocratique.

Il souligne particulièrement l’alignement des dirigeants européens à l’ennemi sioniste qui s’est manifesté non seulement dans les termes de la résolution 1701 contrariant la Résistance Nationale Libanaise, mais aussi au moment ou cet ennemi persévère dans son occupation des fermes de Chabaa et des collines de Kfarchouba et dans ses agressions quotidiennes de la souveraineté de notre espace aérien et de nos eaux territoriales.

Sur ces bases, le Parti demande à l’exécutif libanais de refuser cette décision tant dans sa globalité que dans ses détails, du fait de son atteinte à la souveraineté nationale du Liban, et de prendre les dispositions adéquates pour répondre aux pays initiateurs de cette décision.



DÉCLARATION DE LA JEUNESSE DU F.R.N.L. 

La jeunesse du Front de la Résistance Nationale Libanaise prend acte de cette décision qui bafoue les valeurs de la résistance des peuples d’Europe.
 Elle réaffirme sa ferme volonté de résister jusqu’à la libération du moindre fragment du territoire national, ainsi que sa ferme volonté de combattre aux côtés de la jeunesse palestinienne jusqu’à la libération de la Palestine, toute la Palestine.



DÉCLARATION DU RASSEMBLEMENT DES DÉMOCRATES LIBANAIS ET AMIS DU LIBAN

Le Rassemblement déplore et rejette la décision de l’U.E. foulant aux pieds les valeurs de la résistance des peuples d’Europe auxquelles est fermement attaché le peuple du Pays des Cèdres. Il dénonce notamment la soumission de l’Europe aux diktats impérialistes et sionistes initiée par les dirigeants européens qui sans aucune hésitation ne cessent de bafouer la souveraineté de l’Europe.

Il exige l’annulation de cette décision, une condamnation européenne de l’occupation sioniste de parties du territoire libanais ainsi que ses agressions répétées depuis juillet 2006.

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 11:56

                                                                         MARE NOSTRUM-copie-1                                                                   

 

 

     Le groupe Tamarrod ("Rébellion"), initiateur de la mobilisation contre le président déchu, a exprimé un soutien inconditionnel au général Sissi, appelant "le peuple à se masser sur les places d’Égypte vendredi pour réclamer officiellement le jugement de Mohamed Morsi et soutenir les forces armées égyptiennes dans leur guerre à venir contre le terrorisme".

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 11:44

                                                                                                                              CERVEAU.gif 

 

 

On vous le dit et le répète sur tous les tons : François est un pape humble, près des pauvres. Ses prédécesseurs ne l’étaient-ils donc pas autant ?

 

 

François arrive au Brésil en séducteur. Premiers visés, les journalistes. Dans l’avion papal, ils ont pu se faire tirer le portrait chacun à leur tour avec le patron du Vatican avant de lui tendre cérémonieusement micros et caméras. On a fait copain-copain pour, si Dieu prête vie au pape et on le lui souhaite, passer un moment ensemble sur cette bonne vieille terre. Avec une surprenante révélation aérienne en prime : le pape souhaite que l’on préserve des difficultés de la vie les jeunes et les vieux. Question : que fait-on des autres ?

 

 

Le second déplacement papal se situe en Amérique du sud à l’occasion du sympathique rassemblement des jeunes catholiques venus du monde entier. Il était temps. L’Eglise et le Vatican connaissent des moments difficiles : églises désertées, vocations en berne, désertions des ouailles vers d’autres églises-sectes, scandales à profusion notamment au chapitre de la pédophilie, détournement d’argent mettant en cause la banque papale et des évêques… François monte au front. Il y a danger dans la maison Eglise. Ce jésuite de première main, expert en matière de compromis, hier avec la dictature argentine, aujourd’hui sur des thème sociaux n’est pas à prendre à la légère : il s’agit d’un homme politique de haut vol.

 

 

Une autre donnée est à prendre en compte : l’Amérique du sud, terre de prédilection de l’Eglise. Voilà que les multiples voyages de Jean-Paul II sur ces terres n’ont pas réussi à contenir l’éclosion d’églises de rechange et surtout l’arrivée au pouvoir dans plusieurs pays de régimes dits progressistes contestant la main mise nord-américaine et reprenant à leur compte les principes essentiels de la théologie de la libération. De quoi provoquer des crises d’urticaire dans certains cercles du Vatican. Les chaleureuses rencontres mondiales au Brésil des jeunes catholiques seront marquées par la solidarité et l’amour de l’autre. Quant au pape (76 ans), au repos pendant 24 heures, il a commencé sa mission : tenter de reprendre la main dans cette région du monde autrefois réserve de l’Eglise.

 

José Fort

 

Source

pape-bresil.jpg

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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 11:32

humanite2010 logo

 

 

 

 Un chiffre parmi d’autres…

Publié le 24/07/2013 à 22:28 par bezierspcf 

Editorial Par Patrick Apel-Muller 

 

Un chiffre chasse l’autre. Hier, l’envolée des grandes fortunes qui ont augmenté de 25% en 2012. Aujourd’hui, cette enquête «Budget des familles», où l’Insee montre que, désormais, si les ressources des familles modestes augmentaient de 10?%, c’est à l’épargne et à l’alimentation que serait consacrée cette hausse. En 2005, à la même question, les sondés répondaient les loisirs.

Depuis, l’insécurité sociale est devenue la règle et il faut tenter de s’en prévenir par une épargne de précaution, tandis qu’il a fallu rogner sur la nourriture au point que le nécessaire n’est plus au rendez-vous.

L’Insee remarque d’ailleurs que les 20% de ménages les plus modestes consomment 38% de moins que la moyenne. Pas des plus riches, mais de ceux qui, tirant le diable par la queue, finissent par s’en sortir à peu près.

La moitié de la population, note encore l’Institut, se restreint sur l’alimentation.

Mais nos commentateurs de cour s’empressent de chasser ce chiffre. Il faut continuer la rengaine sur le coût du travail qui menacerait la vie des entreprises, répéter que le Smic est trop élevé, que l’austérité est justifiée, que les efforts sont partagés.

 

Tous les jours, le village Potemkine de la crise est repeint pour frapper de culpabilité ceux qui sont déjà accablés de difficultés. Comment les Français ne seraient-ils pas moroses devant la dureté croissante de la vie pour une majorité?? Comment le fossé entre le pays réel et l’oligarchie qui le gouverne pourrait-il ne pas se creuser?? Comment les médias qui entonnent ce refrain et prêchent doctement les sacrifices pour les plus modestes pourraient-ils échapper au discrédit??

 

Chaque jour, du moule aux idées toutes faites, sortent les imprécateurs de commande qui qualifient de «populistes» ceux qui dévoilent l’envers du décor et l’hypocrisie des élites. Ils fortifient sans le voir des colères semblables à celle qui tenait la plume de Maupassant écrivant à son ami Flaubert, le 10septembre1877, trouvant que «1793 a été doux?»: «Puisque les vieilles classes dirigeantes sont aussi inintelligentes aujourd’hui qu’alors?; aussi incapables de diriger aujourd’hui qu’alors?; aussi viles, trompeuses aujourd’hui qu’alors, il faut supprimer les classes dirigeantes aujourd’hui comme alors?; et noyer les beaux messieurs crétins avec les belles dames catins.?»

Les noyades n’ont plus cours. Tant mieux. Mais l’arrogance des grands actionnaires, l’aveuglement de ceux qui les servent, l’opulence où baignent ces 500?grandes fortunes, leurs connivences secrètes et leurs inavouables commerces, leurs modes éphémères et leurs engouements tarifés ont quelque chose d’un Versailles avant l’orage. On sent bien dans ce feu qui couve une bataille de tisons.

 

L’extrême droite espère du désespoir. Il devient temps qu’à gauche, on se mobilise contre les ravages de l’austérité et pour écrire une nouvelle ?page de progrès. Tous ensemble, il le faudra bien.

 

NB: parmi les chiffres chassés, celui-là, venu d’une Italie pressurée de toutes parts: le pays compte, selon les statistiques officielles, 9,56millions de pauvres, dont 4,81 vivent dans une «pauvreté absolue», 537 euros au maximum pour un adulte dans une petite ville du sud. Ce destin nous est assigné par les gouvernants à Paris et à Bruxelles.

 

Patrick Apel-Muller L'Humanité du 18/07/2013

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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 15:21

                                                                     

                                                                                   LES-GRANDS-2.jpg                    

 

 

 Économie française : le coût du capital humanite2010 logo

 

Systématiquement évacués des analyses de la crise, les prélèvements financiers effectués sur les entreprises au bénéfice des actionnaires, au détriment du travail, représentent entre 94 et 130 milliards d’euros, selon une étude de cinq économistes.

C’est l’obsession des libéraux depuis plus de trente ans. La France souffrirait d’un grave problème de compétitivité lié à son « coût du travail ». Face à ce nouvel emballement médiatico-politique, cinq économistes ont mené une étude, dans le cadre de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires), en partant du principe que « si problème de coût il y a, pourquoi ne pas aller voir aussi du côté du coût du capital ». Autrement dit, il s’agit pour ces économistes d’évaluer le montant des revenus prélevés sur les entreprises – les intérêts versés aux banques et les dividendes octroyés aux actionnaires – qui n’ont « aucune justification économique ». Un pactole qui, dans le discours libéral, répondrait aux « impératifs de financement », apparenté ainsi à un coût « normal », alors qu’il s’agit en réalité d’un « surcoût du capital » qui n’est autre qu’une « rente financière », soulignent les auteurs de l’étude.

 

Une ponction directement versée en dividendes

Leur résultat dépasse les hypothèses, puisqu’ils estiment que ce surcoût correspond à un prélèvement annuel de 94 à 130 milliards d’euros réalisé sur le compte des entreprises non financières (voir infographie ci-contre), soit 10 % des richesses créées par ces sociétés, ou encore 60 % des investissements réalisés en 2011. Une ponction versée directement sous forme de dividendes et d’intérêts qui n’a cessé d’augmenter : elle représentait en moyenne 34,4 % des profits dans les années 1921-1981, avant d’exploser à 91,9 % entre 1987-2011. Et tout cela au détriment des salaires, de l’emploi et des opportunités d’investissement. Pis, en prélevant entre 80 et 90 % de la trésorerie des entreprises, ces dernières, privées de capacité d’autofinancement, se retrouvent dépendantes des banques et des marchés financiers pour investir. Au final, « le coût supporté par les travailleurs et par l’ensemble de la société, du fait de l’augmentation de la rente financière », est double, analysent les économistes. D’une part, avec la modération salariale, mais également lorsque des projets de développement d’utilité « économique, sociale et environnementale » se retrouvent mis sur la touche « du fait qu’ils ne souscrivent pas aux exigences de rendement financier du moment ».

Parue en mai 2013, cette étude a été passée sous silence par les médias de masse pourtant friands des sujets sur la compétitivité. N’en déplaise à Bruxelles, la « véritable réforme structurelle » qui permettrait de relancer la croissance et l’emploi n’est-elle pas celle du capital plutôt que celle des retraites ? La montée du chômage, le faible investissement des entreprises et les fermetures d’usines rentables ne sont donc pas la conséquence d’une explosion salariale comme l’avait prétendu Nicolas Sarkozy en défiscalisant les heures supplémentaires puis, à la fin de son mandat, en proposant la mise en place d’une TVA sociale. La victoire de François Hollande laissait planer un vent d’espoir, après que le candidat socialiste eut déclaré dans les colonnes de l’Express, en avril 2012 : « Le coût du travail est-il trop élevé en France ? Par rapport à qui ? Aux pays émergents ? Sûrement, mais notre avantage compétitif ne peut se jouer sur ce terrain. » Quelques mois plus tard, le rapport Gallois, ex-patron d’EADS, mettait l’accent sur les vieilles lunes de la droite et du patronat, même s’il reconnaissait que l’important déficit d’innovation était un autre facteur à explorer.

 

Le cadeau fiscal aux entreprises

En réponse, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a adopté un « pacte national pour la croissance », dont la mesure phare n’est autre qu’un nouveau cadeau fiscal aux entreprises de 20 milliards d’euros, représentant une baisse du coût du travail de 6 %. Pourtant, durant ces trente dernières années, si le salaire moyen a doublé, le montant des dividendes a été multiplié par treize…

Trente ans de baisse de « charges »  Depuis trente ans, les baisses de cotisations sociales patronales 
se succèdent, sans que se dessine le moindre effet significatif sur les chiffres de l’emploi. La Cour des comptes a déjà pointé, en 2006 et 2009, le coût excessif de ces exonérations, dont « l’efficacité quantitative reste trop incertaine ». En 2011, l’enveloppe s’élevait 
à 28,3 milliards d’euros, soit 9,2 % du total des cotisations sociales. L’idée que le travail coûte trop cher, serpent de mer 
de la politique de l’emploi, grève le budget de la Sécurité sociale 
en allégeant chaque année la facture sociale des entreprises. 
Le crédit d’impôt compétitivité-emploi leur offre 20 milliards d’euros de réduction d’impôt en plus. Mais, alors que l’Insee annonce 
un « nouveau recul des investissements », en juin, l’augmentation des marges qui va en résulter profitera sans doute aux actionnaires.

Clotilde Mathieu

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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 15:08

 

 

              « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ! »

                                    (saint Paul, I Cor., XV, 32)

                                     

 

                                                                source: Vendémiaire

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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 14:47

                                                                          CERVEAU.gif 

 

Henri Alleg et la dignité humaine : Les tortionnaires en “question”

Mondialisation.ca, 21 juillet 2013


«J’ai entendu hurler des hommes que l’on torturait, et leurs cris résonnent pour toujours»

 Henri Alleg, dans « La Question »

Henri Alleg est mort mercredi en France à l’âge de 92 ans. Sous la plume de Charles Silvestre, nous lisons ce bref rappel du parcours de ce révolutionnaire hors pair: «Connu sous le nom d’Henri Alleg, qu’il avait pris lors de son passage dans la clandestinité pendant la Guerre d’Algérie, Harry Salem est mort le 17 juillet à Paris. Dans son livre La Question qui reste un document majeur sur la torture, il avait témoigné sur les sévices qu’il avait subis, en 1957, entre les mains des parachutistes français. Il faut imaginer la scène: Alleg recroquevillé contre le mur, à moitié groggy. Le para a fait le «boulot»: gégène, étouffement par l’eau, brûlures…: «Vous pouvez revenir avec votre magnéto [générateur d'électricité], je vous attends: je n’ai pas peur de vous.» (1)

«Journaliste depuis 1950, Alleg connaît son Algérie où depuis longtemps, selon les moeurs coloniales, on torture dans les commissariats et les gendarmeries jusqu’à de petits délinquants qui ne veulent pas «avouer». A l’automne 1955, un an après le déclenchement de l’insurrection, le 1er novembre 1954, il plonge dans la clandestinité quand le quotidien Alger républicain, dont il est le directeur, est interdit et le Parti communiste algérien (PCA), dont il est membre, dissous». Le 12 juin 1957, les parachutistes l’attendent au domicile de Maurice Audin. Celui-ci, jeune assistant en mathématiques, lui aussi militant du PCA, a été arrêté. Il mourra le 21 juin, sous la torture. Le scandale de sa «disparition» aura vraisemblablement sauvé du pire son camarade.(…) Jérôme Lindon, qui dirige les Editions de Minuit, publie l’ouvrage en février 1958. La Question fait l’effet d’une bombe: soixante mille exemplaires vendus en quelques semaines. Le non-dit qui, en dépit des premières révélations, continuait de régner sur la torture, vole en éclats. La sortie a été précédée d’une plainte au procureur de la République dont l’Humanité publiera le texte – aussitôt censuré». (1)

«Son peuple, s’il en faut un, sera le peuple algérien, celui du cireur de chaussures qui l’appelait «rougi» pour ses taches de rousseur. Le moindre geste de fraternité humaine fait fondre ce petit bonhomme aux yeux rieurs, qui raconte des histoires à n’en plus finir: juives? arabes? anglaises? parisiennes? Ce croisement des origines et des cultures, hors de toute domination de classe et de «race», c’est très exactement l’idée qu’il se fait de l’Algérie et au nom de laquelle il honnit le colonialisme. (…) Il signera, en 2000, l’Appel des douze «pour la reconnaissance par l’Etat français de la torture», aux côtés de Germaine Tillion, d’une idéologie pourtant sensiblement différente, parce que le texte indique bien que «la torture est fille de la colonisation». Jusqu’au bout, il avait poursuivi sa recherche éperdue d’un monde d’hommes libres, égaux, et associés – qu’il identifiait au communisme. (…) Endurci par son combat, Henri Alleg avait mis les mains dans le cambouis de l’histoire. D’autres se flatteront d’avoir les mains pures. Mais, pour reprendre une formule de Péguy, on peut se demander s’ils ont jamais eu des mains…» (1)

La torture en Algérie a accompagné la colonisation

On pourrait croire que la torture fut une singularité dans la guerre. En fait, il n’en fut rien. Perfectionnée au fil de l’histoire coloniale de la France et dans ses compagnes vietnamiennes, malgaches et autres, elle devint graduellement une science exacte en Algérie. Depuis la conquête coloniale, lit-on sur l’Encyclopédie Wikipédia, la torture est un procédé courant des forces de l’ordre en Algérie qui l’utilisent pour terroriser les populations autochtones. Cette pratique qui a été utilisée tout au long de la présence coloniale en Algérie, d’abord pour obtenir des informations sur les emplacements de silos à grains lors de la conquête coloniale, puis pour briser les grèves, meurtrir des suspects, instruire les affaires pénales les plus ordinaires et terroriser les indigènes, s’inscrivait avant tout dans une démarche de haine et de déshumanisation.» (2)

«Dans un article de 1951, publié par L’Observateur, Claude Bourdet avait déjà dénoncé ces pratiques au moment des procès de 1951-52 de l’Organisation spéciale (OS), en s’interrogeant: «Y a-t-il une Gestapo en Algérie 16?». Près de 80 plaintes pour torture et arrestations arbitraires sont déposées lors de ces procès, tenus à huis clos, toutes classées sans suite15 (…) Dès 1949, le gouverneur général Naegelen rédige une circulaire interdisant l’usage de la torture et des sévices par les services de police, mais ne parvient pas à se faire obéir19. Jusqu’en 1955, l’armée est indemne de ces accusations. Utilisée en Indochine, la torture devient progressivement une arme de guerre à part entière, théorisée et légitimée dans le cadre d’une doctrine de la «guerre contre-révolutionnaire», en particulier par le colonel Trinquier, le capitaine Paul-Alain Léger, le colonel Marcel Bigeard et le général Jacques Massu en tant que moyen de poursuivre une guerre asymétrique. Selon l’historien J.-Ch. Jauffret: «Le dérapage commence à partir du moment où les Ponce Pilate de la IVe République, toujours parfaitement informés de tout ce qui se fait en Algérie, laissent aux militaires l’initiative, en vertu de la loi d’urgence de 1955 et de celle des pouvoirs spéciaux de 1956.»(2)

Parlant du choc à la lecture du livre, Johan Hufnagel écrit: «Le livre d’Henri Alleg, décédé mercredi, dans sa bibliothèque par hasard. (…) Je ne me souviens plus pourquoi mon père ou ma mère m’avaient glissé ce livre à lire. Il devait y avoir une raison. Sans doute une «actu». Il y avait alors plein d’occasions de lire La Question. On recommençait à parler de la torture en Algérie à propos de Jean-Marie Le Pen. Celui qui alors était patron du FN débutait son ascension politique. Ou peut-être était-ce de retour d’un voyage en Algérie, un peu plus tôt, où j’ai vu, dans un cinéma de la Casbah, La bataille d’Alger, de Gilles Pontecorvo. Dans ma mémoire, il y a une association logique entre les destins d’Ali la Pointe et ceux d’Henri Alleg et de Maurice Audin. Ces destins finissent toujours par remonter, même trente ans après, même au milieu de souvenirs un peu flous, à chaque fois que l’on parle de guerre insurrectionnelle, de torture… Comme si la bataille d’Alger était la mère de toutes les batailles du XXIe siècle. La Question est plus qu’un geste, c’est un passage de témoin, un message. Un serment. Mais je me souviens encore de ce coup de poing dans la gueule, de la violence des mots et des coups, et surtout de ce que certains sont prêts à endurer pour leurs idées, du prix qu’on est prêt à payer «pour le simple droit de rester un homme».(3)
Les regrets de Alleg: les tortionnaires ne seront pas jugés

Comme on le sait un solde de tout compte, une loi d’amnistie a été votée le 31 juillet 1968 en confirmation des deux décrets du 22 mars 1962 couvre l’ensemble des infractions commises en Algérie. Cette loi prévoit dans son article 1 que «Sont amnistiées de plein droit toutes infractions commises en relation avec les événements d’Algérie. Sont réputées commises en relation avec la guerre d’Algérie toutes infractions commises par des militaires servant en Algérie.». Cette loi empêche les victimes de poursuivre au pénal, mais théoriquement pas au civil, bien que cette interprétation de la loi ait été remise en cause par divers juristes, dont William Bourdon. Celui-ci estime que cette loi «s’oppose aux principes du droit international selon lesquels l’amnistie ne peut être accordée aux auteurs de violations des droits de l’homme les plus graves tant que les victimes n’ont pas obtenu justice par une voie de recours efficace»

Parlant de son désir de vengeance, Henri Alleg, dans un dernier édito en mars 2012 à l’Association Acca (Agir contre le colonialisme aujourd’hui, combattants de la cause anticoloniale). s’en défend: «Je ne dis pas que je n’ai jamais eu une volonté de vengeance qui seule les apaise. Il n’y a qu’une fois où j’ai ressenti une vraie volonté de vengeance: je me suis dit: «Si je peux, je les tuerai». C’est sous la torture. (…) j’ai regretté d’avoir eu une telle réaction, parce que je me considère comme un être civilisé».(4)

Henri Alleg demande justice pour les milliers de torturés pour certains morts de mort violente: «Je pense qu’il faut sanctionner le crime et durement. Mais, personnellement, la vengeance ne m’intéresse pas. (…) On a bien fait de rechercher les tortionnaires des camps de concentration, les fascistes et les nazis. Or, en France, parmi les tortionnaires connus de la Guerre d’Algérie, aucun n’a été sanctionné, aucun n’a été condamné et, bien plus encore, ils ont été promus, ils ont reçu des décorations. L’image de Bigeard, pour ne parler que de lui, c’est celle d’un «brav’ p’tit gars, bien de chez nous» devenu général. Il a pourtant associé son nom à ce qu’on appelle «les crevettes Bigeard». Pour Massu, c’est la même chose. Ce sont des gens honorés et officiellement, on considère qu’ils ont fait – comme on dit – leur «devoir». Mais j’ose dire que, au contraire, dans une histoire de France encore à écrire, on considérera ces gens comme faisant partie d’une catégorie de personnages – ils n’étaient pas seuls – qui ont sali le renom de la France. (…)» (4)

Pour sa part, Germaine Tillion, conseillère technique au cabinet de Soustelle, raconte son entrevue avec Parlanges, le général commandant les Aurès et chargé de la pacification et des SAS chères à Soustelle. Ecoutons-la: «Lorsque je lui ai raconté comment les officiers «maniaques» torturaient des «réputés suspects», j’ai compris la méthode qu’il pratiquait au regard profondément ironique qu’il m’a «accordé». Je me souviens encore de ses mains de garçonnet, sans cesse en mouvement, lorsqu’il parlait avec une évidente satisfaction de toutes les façons possibles d’égorger un homme.» (5) (6)

 

Où en sommes-nous actuellement cinquante ans après?

Comme on le sait, la première action de De Gaulle fut d’absoudre définitivement les militaires et la police qui ont fauté. Souvenons-nous: à côté du sinistre Aussaresses qui revendique haut et fort l’assassinat d’une vingtaine de personnes dont Larbi Ben M’hidi, il y eut tout de même des hommes qui ont dit non à la torture; le cas le plus connu est celui de Jacques Paris de Bollardière, compagnon de la Libération qui a été condamné à soixante jours de forteresse et relevé de son commandement. Je suis sûr que les milliers d’Algériens et d’Algériennes torturés à l’instar de Louisette Ighilahriz, demandent uniquement justice..

Peut-on alors continuer à ignorer ce passé qui ne passe pas des deux côtés? L’Acca cité plus haut résume la situation et plaide une relecture commune du passé commun: «Cinquante ans ont passé depuis la fin de la Guerre d’Algérie, Radios, télés, journaux, magazines, en ont fait très largement écho, mais on attend toujours et sans doute faudra-t-il attendre longtemps encore une publication officielle signée par les dirigeants de notre pays qui tire les conclusions de ce qu’a été une guerre si longue, si coûteuse et si cruelle à la fois pour l’Algérie et la France. En ce qui les concerne, un demi-siècle après la signature des Accords d’Evian, le silence reste la règle. Et pourtant, il y a tant de questions qui attendent des réponses! Cinq à six cent mille Algériens, parmi lesquels un nombre considérable de femmes et d’enfants sont morts, pas seulement au combat, mais massacrés de sang-froid dans leurs villages, assassinés par des légionnaires, parachutistes et autres forces «spécialisées» dans la répression, mais aussi par de simples soldats du contingent, souvent mobilisés contre leur gré. Du côté français, près de 30.000 hommes sont tombés.» (7)(8)

 «A ces chiffres terribles, il faudrait ajouter le nombre impressionnant de blessés, souvent handicapés pour la vie et celui, incalculable, des victimes marquées psychologiquement et pour toujours par ce qu’ils ont vécu et ne peuvent oublier. Et pourtant, il n’est que d’interroger nos compatriotes, femmes et hommes, jeunes et plus vieux, qu’ils aient vécu à l’époque de la guerre ou qu’ils aient été trop jeunes encore pour y avoir participé d’une façon ou d’une autre, pour se rendre compte de leur immense soif de connaître la vérité sur la guerre, sur les raisons de son déclenchement, de sa durée, de sa cruauté, entraînant malversations de toutes sortes, utilisation habituelle de la torture lors des interrogatoires, exécutions sommaires, viols et d’une façon générale, dans tous les cas, crimes toujours conclus juridiquement par des «ordonnances de non-lieu» et, pire encore, par l’attribution de décorations et de promotions aux assassins. Cette soif de savoir la vérité touche en particulier les plus jeunes, ceux des écoles, des lycées, des universités qui ont, avec raison, le sentiment que tant qu’elle continuera à être cachée, France et Algérie ne pourront pas réellement «tourner la page de la guerre», assurer la paix et la fraternité entre leurs peuples alors que leurs relations économiques, culturelles, politiques et humaines exigent, chaque jour davantage, un tel rapprochement.» (7)(8)

Pour avoir dénoncer la torture, pour s’être battu pour la condition humaine, Henri Alleg ira rejoindre le Panthéon des justes qui ont fait de la dignité humaine leur sacerdoce. On ne peut que se sentir proche d’un Henri Alleg plutôt que de ces révolutionnaires de la vingt-cinquième heure qui ont rendu exsangue le pays. Assurément, Henri Alleg mérite mille médailles et l’Algérie gagnerait en estime à honorer ces Algériens de coeur qui au plus fort du brasier ont défendu la condition humaine «La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l’amitié entre Français et Algériens se ressoudera», a déclaré Fernand Iveton, peu avant d’être guillotiné. Il faudrait rendre justice sans détour d’une façon franche à tous ceux qui – sans être des indigènes au sens de la colonisation – et dans l’ombre au péril de leur vie, ont cru à l’indépendance de l’Algérie.

La liste est longue. Les hommages sont tardifs, parcimonieux et non dénués d’arrière-pensée. Il y eut des «Justes» qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes qui furent considérés eux-mêmes comme des traîtres. Ces Français, dont certains revendiquent leur algérianité, toute leur algérianité, rien que leur algérianité à l’instar du couple Chaulet, de Daniel Timsit et de tant d’autres qui se sont battus et ont mis en jeu leur vie pour l´indépendance du pays L´Algérie d’aujourd´hui doit regarder son histoire en face, ceci sans renoncer à demander «la vérité et la justice» pour combattre le solde de tout compte qui laisse des plaies béantes qui attendent d’être guéries.» (9)

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz

1. CharlesSilvestre : http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/07/18/henri -alleg-auteur-de-la-question-est mort_3449495_3382.html

2. La torture en Algérie. Encyclopédie Wikipédia

3. JohanHufnagel 18/07/2013  http://www.slate.fr:81/culture/75560/henri-alleg-la-question-une-histoire-de-transmission

4 .http://medias-etcontrepouvoir.com /2013/07/18/henri-alleg-la-france-lalgerie-et-la-colonisation/ 1998

5. Yves Courrières: La guerre d’Algérie: Le Temps des léopards. p.83 Edt Fayard 1969,

6.C. E. Chitour, Germaine Tillion: http://www.millebabords.org/spip.php?article8357

7. http://www.humanite.fr/medias/henri-alleg-le-reve-algerien-cheville-au

8. http://www.legrandsoir.info/pour-henri-alleg.html

9. http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du_professeur_chitour/155719-les-justes-qui-ont-aide-l-algerie.html

 

 

 

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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 14:34

 

                                                    Solidarité internationalisteOUTILS TOURNANTS

 

Raul Castro : Nous devons remédier à la perte des valeurs éthiques et aux atteintes aux mœurs par l’action concertée de tous les acteurs sociaux
vendredi 19 juillet 2013

Allocution du général d’armée Raul Castro Ruz, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste cubain et président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, à la 1ère Session ordinaire de la 8ème législature de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire, au Palais des Conventions, le 7 juillet 2013, « Année 55 de la Révolution ».

(Traduction de la version sténographique du Conseil d’État)

Camarades :

Il me revient de faire les conclusions de cette 1ère Période ordinaire de sessions de la 8ème législature de l’Assemblée nationale, au cours de laquelle, comme convenu, les députés ont reçu une vaste explication sur l’évolution de l’économie pendant le premier semestre, ainsi que sur le bilan de la mise en œuvre des Orientations de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution, des questions qui ont été analysées préalablement à la réunion du Conseil des ministres qui s’est tenue le 28 juin, et dans le cadre du 7ème Plénum du Comité central, lundi dernier.

Eu égard aux informations qui ont été fournies à notre peuple à travers les médias, il n’est pas nécessaire de revenir sur ces questions, aussi me bornerai-je à me concentrer sur les aspects les plus importants.

L’économie nationale a continué d’afficher une évolution positive au milieu des tensions externes, des dommages occasionnés par l’ouragan Sandy, et de nos propres insuffisances.

Comme il a été annoncé, le Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,3%, un taux en deçà des prévisions mais qui améliore de deux centièmes celui atteint durant le premier semestre de l’année dernière. Il est vrai que les effets du PIB sur l’économie de la famille cubaine moyenne sont encore imperceptibles.

La tendance croissante des activités productives se confirme, de même que celle des services sociaux à l’ensemble de la population.

Les députés ont également reçu une présentation panoramique détaillée du bilan de la mise en œuvre des Orientations de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution adoptées par le 6ème Congrès, un processus qui est un objectif prioritaire pour nous tous, et du succès duquel dépendra la préservation et le développement du socialisme à Cuba, un socialisme prospère et durable qui, comme l’a rappelé le camarade Murillo, ratifie la propriété sociale sur les moyens fondamentaux de production ; reconnaît le rôle d’autres formes de gestion non étatique, et la planification comme un instrument indispensable dans la gestion de l’économie, sans nier l’existence du marché.

Je tiens à répéter ma conviction que des progrès d’une importance stratégique ont été accomplis sur ce front, et que nous commençons aujourd’hui à en voir les premiers résultats encourageants, même s’il est vrai que le chemin pour mener de l’avant notre l’actualisation de notre modèle économique et social, avec le soutien majoritaire de la population – sans recourir aux thérapies de choc ni abandonner des millions de personnes, comme l’ont montré les politiques d’ajustement appliquées ces dernières années dans plusieurs pays d’Europe –, est encore long et complexe.

Le phénomène de la dualité monétaire constitue l’un des plus grands obstacles au progrès de la nation, et en tant que tel, comme le précise l’Orientation No 55, il faudra avancer vers l’unification, en tenant compte de la productivité du travail. Cette même orientation reconnaît la complexité de cet objectif, qui exigera une préparation et une exécution rigoureuses, tant sur le plan objectif que subjectif.

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À cet égard, je peux vous dire que les études en vue de la suppression de la double monnaie se poursuivent. En vue d’une suppression ordonnée et intégrale qui nous permettra d’entreprendre des transformations plus larges et plus profondes en matière de salaires et de pensions, de prix et de tarifs, de subventions et d’impôts. En bref, il s’agit de faire en sorte que tous les citoyens aptes se sentent motivés à travailler légalement, à partir de la remise en vigueur du principe de distribution socialiste « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail », ce qui nous permettra de mettre fin à l’injuste « pyramide inversée » ou, dans d’autres termes, plus de responsabilités, moins de salaire.

Par ailleurs, nous devons accorder la plus grande priorité au perfectionnement du système de production agricole, en veillant à ce que les expériences adoptées pour supprimer les entraves à son développement atteignent les objectifs fixés.

Ainsi, l’introduction, dans les plans de l’année prochaine, des dispositions adoptées, permettra aux entreprises publiques d’avoir davantage d’autonomie dans leur gestion et dans la distribution de leurs résultats, comme il a été largement expliqué ce matin.

De même, nous assurerons tout notre soutien à la création de coopératives non agricoles, des entités qui, dans leur ensemble, avec l’essor soutenu du travail indépendant, permettront de décharger l’État d’activités productives et de services jugés non essentiels, afin qu’il puisse se concentrer sur le programme de développement à long terme.

La mise en œuvre des Orientations comporte implicitement la nécessité d’évaluer systématiquement les effets des changements qui ont été progressivement introduits, afin de corriger au plus vite tout écart. Elle exige aussi l’instauration d’un climat permanent d’ordre, de discipline et de rigueur au sein de la société cubaine, une condition indispensable pour consolider l’actualisation du modèle économique et éviter des reculs susceptibles d’entraîner des effets contraires.

Je consacrerai précisément une bonne partie de mon intervention à cette question, comme je l’avais promis le 24 février à la Séance de constitution de l’actuelle législature du Parlement, en présence du camarade Fidel qui, à ce sujet, avait signalé, et je cite : « La grande bataille qui s’impose, c’est la nécessité d’une lutte énergique et sans merci contre les mauvaises habitudes et les erreurs que commettent chaque jour beaucoup de citoyens, y compris des militants du Parti », fin de citation.

Ce sujet n’est agréable pour personne, mais j’ai la conviction que le premier pas pour résoudre le problème, c’est la reconnaissance même du problème dans toute son ampleur, afin de déterminer les causes et les conditions d’apparition d’un tel phénomène pendant de longues années.

J’imagine les informations qui vont paraître dans les prochains jours dans la grande presse internationale, qui excelle dans l’ « art » de dénigrer Cuba et de la soumettre à une critique frénétique. Nous sommes habitués à vivre sous ce siège et nous ne devons pas avoir peur de débattre de cette réalité dans toute sa crudité si nous sommes animés du ferme propos de surmonter le climat d’indiscipline qui s’est instauré dans notre société, et qui occasionne des dommages moraux et matériels non négligeables.

Nous avons assisté avec douleur, tout au long des plus de 20 ans de période spéciale, à la dégradation de valeurs morales et civiques telles que l’honnêteté, la décence, l’honneur, la dignité, le respect et la sensibilité face aux problèmes d’autrui.

Je me souviendrai des paroles de Fidel au Grand amphithéâtre de l’Université de La Havane, le 17 novembre 2005, lorsqu’il a souligné que cette Révolution ne pourra pas être détruite par nos ennemis, mais nous-mêmes pouvons la détruire, et ce serait de notre faute.

Ainsi, une partie de la société accepte désormais le vol des biens de l’État comme une chose tout à fait normale. On a vu se propager avec une relative impunité les constructions illégales et, qui plus est, à des endroits incorrects ; l’occupation non autorisée de logements, la commercialisation illicite de biens et de services, le non respect des horaires dans les lieux de travail, le vol et l’abattage illégal de bétail, la capture d’espèces marines menacées d’extinction, le recours aux pratiques de pêche interdites, l’abattage illégal de nos ressources forestières, y compris au magnifique Jardin botanique de La Havane ; la rétention en stock de produits déficitaires et leur revente à des prix excessifs ; la participation à des jeux interdits par la loi ; les violations de prix ; l’acceptation de faveurs et de pots-de-vin ; les harcèlements de touristes, et les infractions à la sécurité informatique.

Des comportements jadis associés à la marginalité, comme le fait de crier en pleine rue, l’utilisation de mots obscènes et d’expressions vulgaires sont devenus le lot quotidien de beaucoup de citoyens, indépendamment de leur niveau d’instruction ou de leur âge.

La perception du devoir citoyen face aux choses mal faites s’est dégradée. Ainsi, certains estiment tout à fait naturel de jeter les ordures sur la voie publique ; de se soulager en pleine rue ou dans un parc ; d’inscrire des graffitis sur les murs ou d’autres types de dégradation urbaine ; de consommer des boissons alcoolisées dans des lieux inappropriés et de conduire un véhicule en état d’ivresse ; le mépris du droit des voisins, la musique amplifiée qui trouble le repos des gens du quartier ; la prolifération, en toute impunité, de l’élevage de porcs dans les villes, malgré le risque de santé publique… Nous assistons chaque jour à des actes d’incivisme comme la dégradation et la destruction de parcs, de monuments, d’arbres, de jardins et d’espaces verts ; à des actes de vandalisme perpétrés sur des téléphones publics, sur les conduites électriques, le réseau de distribution d’eau potable, les panneaux de signalisation et les barrières métalliques de sécurité sur les routes.

Je mentionnerai aussi le refus du paiement des transports publics, ou le vol des recettes par certains travailleurs de ce secteur ; les trains et les véhicules automoteurs qui sont les cibles de jets de pierres de la part de groupes de jeunes ; le mépris des normes les plus élémentaires de respect envers les personnes âgées, les femmes enceintes, les femmes ayant des enfants en bas âge, ainsi que les personnes handicapées. Tout cela se déroule devant nos yeux, et ne suscite aucune réprobation ni aucune réaction de la part des citoyens.

Il en va de même pour les différents niveaux d’enseignement, où les uniformes scolaires sont transformés au point qu’ils n’ont plus la moindre apparence d’uniforme ; certains professeurs portent des vêtements inappropriés pour l’école, et il y a même des instituteurs et des parents impliqués dans des cas de fraude.

Chacun sait que le foyer et l’école constituent un binôme sacré dans la formation de l’individu en fonction de la société, et ces actes représentent non seulement un préjudice social, mais de graves brèches de nature familiale et scolaire.

Ces comportements dans nos salles de classe sont doublement incompatibles, car outre leur gravité, il ne faut pas oublier que depuis l’enfance, la famille et l’école sont censées inculquer aux enfants le respect des règles de la société.

L’aspect le plus sensible est la dégradation de l’image réelle de la droiture et des bonnes manières du Cubain. L’on ne saurait faire l’amalgame entre vulgarité et modernité, ni entre grossièreté et progrès ; vivre en société implique, en premier lieu, d’assumer des normes permettant de préserver le respect du droit d’autrui et la décence. Certes, rien de tout ceci n’est en contradiction avec la joie propre aux Cubains, que nous nous devons de préserver et d’encourager.

Je me suis limité à faire un récapitulatif des phénomènes négatifs les plus représentatifs, sans forcément chercher à les lier les uns aux autres afin de ne pas rendre trop long ce discours.

Avec le concours du Parti et des organismes du gouvernement, nous avons établi un premier relevé qui nous a permis de déceler 191 manifestations de ce genre – nous sommes conscients que ce ne sont pas les seules, qu’il y en a beaucoup d’autres –, réparties en quatre catégories différentes : l’indiscipline sociale, les illégalités, les contraventions et les délits prévus au Code pénal.

La lutte contre ces comportements et ces actes nocifs doit être menée à travers des méthodes et des voies diverses. Nous devons remédier à la perte des valeurs éthiques et aux atteintes aux mœurs par l’action concertée de tous les acteurs sociaux, en commençant par la famille et par l’école, depuis les âges les plus précoces, ainsi que par la promotion de la culture, prise dans son concept le plus large et durable, pour une rectification consciente de ces comportements. Ce sera un processus complexe qui prendra beaucoup de temps.

La lutte contre les délits, les illégalités et les contraventions est plus simple ; faire respecter la loi et, pour ce faire, tout État, indépendamment de son idéologie, est doté des outils nécessaires, que ce soit la persuasion ou, en dernière instance, si nécessaire, les mesures de coercition.

Toujours est-il que certains ont abusé de la bonté de la Révolution, qui s’est abstenue de recourir à la force de la loi, aussi justifiée soit-elle, et a choisi la persuasion et le travail politique comme modes d’action privilégiés, et nous devons reconnaître que ceci n’a pas toujours été suffisant.

Les organes de l’État et du gouvernement, chacun dans leur domaine respectif, dont la police, la Cour des comptes de la République, le Ministère public et les tribunaux doivent participer à cet effort et être les premiers à donner l’exemple dans le strict respect de la loi ; en renforçant ainsi leur autorité vis-à-vis de la société et en s’assurant du soutien de la population, comme il a été démontré récemment dans les poursuites judiciaires dans des cas honteux de corruption administrative dans lesquels étaient impliqués des fonctionnaires d’organismes et d’entreprises.

Il est temps que les collectifs ouvriers et paysans, les étudiants, les jeunes, les instituteurs et les professeurs, nos intellectuels et artistes, les entités religieuses, les autorités, les dirigeants et fonctionnaires à tous les niveaux, bref, tous les Cubaines et les Cubains dignes, qui constituent indubitablement la majorité, assument leur devoir de respecter et de faire respecter la légalité, aussi bien les normes civiques que les lois, les dispositions et les règlements.

En réfléchissant à ces manifestations lamentables, je me dis que malgré les conquêtes incontestables de la Révolution en matière d’éducation, reconnues dans le monde entier par les organismes spécialisés des Nations Unies, nous avons reculé en matière de culture et de civisme. J’ai l’amère sensation que nous sommes une société de plus en plus instruite, mais pas nécessairement plus cultivée.

À cet égard, il vaut la peine de rappeler une phrase attribuée à plusieurs auteurs, dont le philosophe et écrivain espagnol Miguel de Unamuno, qui à l’issue de son expérience avec des paysans castillans, s’était exclamé : « Que ces analphabètes sont cultivés ! »

Rien n’est plus étranger à un révolutionnaire que la résignation, ou, ce qui revient au même, l’abdication face aux difficultés. Par conséquent, il nous incombe aujourd’hui de rehausser le moral et l’esprit combatif, et de nous concentrer sur la tâche colossale et patiente consistant à intervertir la situation qui s’est créée.

Personnellement, je pense que le dénominateur commun de tout ce phénomène a été et reste le manque de rigueur des personnes chargées de faire respecter l’ordre, le manque de systématicité dans le travail aux divers échelons de direction, et le non respect, en premier lieu, de la part des entités étatiques, des institutions, ce qui, d’un autre côté, amoindrit leur capacité et leur autorité vis-à-vis de la population à faire respecter les dispositions en vigueur.

Pour ne citer qu’un exemple : combien de violations des dispositions de la Planification physique n’ont-elles pas été détectées dans le secteur gouvernemental aux quatre coins du pays, et dont certaines ont été dénoncées dans la presse ? Il faut renforcer, comme nous l’avons déjà fait, l’ordre et la discipline au sein de tous les organismes du gouvernement.

À ce propos, les dirigeants des instances nationales, jusqu’à la base, doivent se départir de leur passivité et de leur laxisme ; ils doivent cesser de regarder ailleurs alors que le problème est sous leurs yeux. Cessons d’avoir peur de nous attirer des ennuis dans l’accomplissement de nos tâches, et assumons une mentalité d’ordre, de discipline et d’exigence, afin d’exiger le respect de l’ordre établi.

La lutte contre les indisciplines ne saurait être envisagée comme une campagne de plus, mais comme un mouvement permanent dont l’évolution dépendra de la capacité à mobiliser la population et les différents acteurs de chaque communauté, sans exclure personne, avec rigueur et volonté politique. Nous avons fait le point des forces de la Révolution, et nous avons constaté qu’elles sont plus que suffisantes pour aboutir au succès.

Les premières actions réalisées par le Parti, les jeunesses et les organisations de masse pour renforcer la prévention et la lutte, ont prouvé qu’en à peine quatre mois, et à mesure que les institutions politiques, sociales et administratives ont approfondi leur rôle dans ce domaine, la population a manifesté son soutien et ne cesse de dénoncer et de combattre des actes et des comportements contraires à la légalité.

Si nous voulons mener à bien cette tâche, il faut y associer le peuple, chaque citoyen, non pas à travers des discours et des consignes stériles dans des réunions houleuses, mais en semant dans chacun de nous la motivation qui nous pousse à devenir meilleurs, et en prêchant par l’exemple.

Tel était le thème central de mon discours, adopté par le Bureau politique, dans la matinée d’hier. Nous pourrions parler des heures sur ces questions, mais ce qui a été dit est suffisant, et le reste doit être publié.

Naturellement, tout cela sera publié dans notre presse. Je suggère à tous, ainsi qu’à ceux qui m’écoutent, de lire ces réflexions calmement, de les méditer individuellement ; je demande juste à chacun de méditer sur ces questions.

En changeant de sujet, hier nos députés ont lancé un appel à tous les parlementaires du monde et aux personnalités engagées en faveur de la justice, afin de réclamer aux autorités des États-Unis la libération et le retour immédiat de Gerardo, Ramon, Antonio et Fernando, qui, le 12 septembre prochain, auront purgé 15 ans d’une prison injuste.

Par ailleurs, nous saluons les paroles émues du héros de la République de Cuba, René Gonzalez, venu renforcer la lutte pour cette noble cause, une lutte que nous poursuivrons aussi longtemps que nos compatriotes ne seront pas de retour dans leur patrie.

Ce qui est nouveau et sans précédent, c’est la manière dont le contrôle médiatique et la censure ont été imposés pour détourner l’attention de l’essentiel, c’est-à-dire de l’énorme pouvoir du gouvernement nord-américain dans le contrôle massif des technologies de l’information et des moyens de communications, pour se focaliser sur la chasse internationale de l’auteur des révélations.

Forts de leur pouvoir médiatique international — supranational puisque ces moyens s’étendent au-delà des frontières des pays —, ils se concentrent maintenant sur la persécution internationale de ce jeune informaticien. Les menaces de sanctions économiques contre l’Équateur, et l’action concertée de plusieurs pays européens pour empêcher le survol de leur territoire à l’avion du président Evo Morales, prouvent que nous vivons dans un monde où les puissants se permettent de violer le droit international, de porter atteinte à la souveraineté des États, et de bafouer les droits des citoyens.

Face à cette philosophie de la domination, tous les pays du Sud sont et seront en danger.

Nous soutenons les revendications et les déclarations légitimes des présidents du Venezuela, de l’Équateur, d’Argentine, de Bolivie, du Nicaragua, du Brésil, d’Uruguay, ainsi que celles d’autres présidents latino-américains et caribéens.

Nous appelons à la mobilisation de l’opinion publique internationale pour dénoncer et condamner énergiquement et fermement les menaces portées contre l’Équateur, ainsi que l’outrage fait au président bolivien et à l’ensemble de Notre Amérique.

Nous soutenons le droit souverain de la République bolivarienne du Venezuela et de tous les États de la région à donner asile aux personnes persécutées pour leurs idéaux ou leurs luttes pour les droits démocratiques, conformément à notre tradition. De même, nous n’acceptons ni les interférences, ni les pressions d’aucun type. Comme l’a signalé le président Nicolas Maduro, on ne peut donner refuge et refuser l’extradition au Venezuela d’un terroriste international comme Posada Carriles, auteur, entre autres crimes, de l’explosion en plein vol d’un avion de Cubana de Aviacion avec 73 personnes à bord, et en même temps prétendre que cette nation sœur ne puisse exercer son droit légitime.

Nous sommes aujourd’hui le 7 juillet. Peu de jours nous séparent de la commémoration du 60e anniversaire de l’attaque des casernes Moncada et Carlos Manuel de Céspedes. Nous affrontons les nouveaux défis avec la même conviction et la même confiance inébranlable dans la victoire, que nous a inculquées le chef de la Révolution cubaine, Fidel Castro Ruz.

Merci beaucoup. (Applaudissements)


                                          Source: Gramma en Français
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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 14:28

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          ONG paravents des services secrets étrangers...
Entretiens avec Salim Lamrani
 
par  Salim Lamrani

Salim Lamrani :

« De nombreuses ONG ne sont que des paravents des services secrets étrangers et disposent d’un agenda politique bien précis derrière un rideau de fumée supposément humanitaire »

Développement de l’idéologie des droits de l’Homme, servant comme faire-valoir pour légitimer l’hégémonie occidentale sur le monde, thématique à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages, et lecture sur le modèle de développement adopté par certains pays d’Amérique du Sud, et qui est à même, selon lui, de constituer une alternative pour les peuples du tiers-monde, notamment, Salim Lamrani, docteur ès Etudes ibériques et latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, maître de conférences à l’Université de La Réunion, et, également, journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis, nous livre dans cet entretien un éclairage sur ces questions.

Entretien réalisé par Boudjemaa Medjkoun et Mehdia Belkadi

Reporters : Le département d’Etat américain vient de publier son rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme dans le monde dans lequel il s’évertue, comme à son accoutumée, à distribuer les bons points aux pays amis et critique ceux jugés récalcitrants, au moment même où les services secrets américains, la NSA et la CIA, ainsi que les services britanniques, sont épinglés par les révélations d’Edward Snowden, qui font état de l’existence de vastes programmes d’espionnage systématique et massif, qui constituent une violation du droit fondamental à la vie privée et à la confidentialité de la correspondance. De quelle crédibilité peut se prévaloir un tel rapport et quel degré d’objectivité peut-on lui accorder ?

Salim Lamrani : La problématique des droits de l’Homme est bien souvent politisée et utilisée à l’encontre des nations ciblées par les États-Unis. Les déclarations de Washington à ce sujet ne sont pas crédibles dans la mesure où ses meilleurs alliés en Amérique latine sont les nations qui présentent la pire situation des droits de l’Homme tels que le Mexique, la Colombie ou le Honduras. Au Moyen-Orient, les pays disposant des meilleures relations avec les États-Unis sont les pires théocraties de la région tels que le Qatar ou l’Arabie saoudite. Ces rapports servent uniquement à justifier auprès de l’opinion publique l’hostilité à l’égard de certains pays.

Sur le continent latino-américain, le pays le plus stigmatisé à propos de la question des droits de l’Homme est Cuba. Cependant, je vous invite à prendre le dernier rapport d’Amnesty International et de comparer la situation des droits de l’Homme à Cuba et aux États-Unis par exemple. On sera grandement surpris par les découvertes. Même chose pour l’Union européenne, prenez le rapport sur Cuba et comparez-le aux rapports sur les 27 pays membres et vous verrez que l’UE ne dispose absolument d’aucune autorité morale pour disserter sur la question des droits de l’Homme.

Tout comme les grandes puissances, les médias manipulent également la question des droits de l’Homme. Je vous invite à jeter un œil sur mon ouvrage qui sortira en septembre 2013 que j’ai intitulé : « Cuba : les médias face au défi de l’impartialité ».

Reporters : En Europe, la législation de plusieurs pays, dont la France, interdit le financement d’organisations qui peuvent influer sur l’opinion et la changer. Au même moment, ces pays ne se gênent pas, à travers des organismes spécialisés créés à cet effet de financer et d’encadrer des associations et ONG à travers le monde, avec l’objectif d’agir sur l’opinion et de la canaliser en fonction de leurs intérêts. Comment expliquer cette duplicité et sa justification ?

Salim Lamrani : Tous les pays du monde sanctionnent par le biais de leur Code pénal le fait d’être stipendié par une puissance étrangère. En France, l’article 411-4 du Code pénal prévoit une sanction pouvant aller jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle. En réalité, de nombreuses ONG ne sont que des paravents des services secrets étrangers et disposent d’un agenda politique bien précis derrière un rideau de fumée supposément humanitaire.

Reporters : Pour aborder un autre sujet, quelle lecture faites-vous de la situation en Amérique du Sud, notamment avec l’ouverture amorcée à Cuba, la disparition du président Chavez et le ralentissement remarqué dans l’élan des projets d’intégration régionale ? Et avec l’émergence, ces dernières années, de dirigeants de gauche à la tête de plusieurs pays, pensez-vous qu’un processus de changement global puisse prendre corps à partir de l’Amérique du Sud ?

Salim Lamrani : L’avenir se trouve dans la nouvelle Amérique latine dont font partie des nations telles que le Brésil, le Venezuela, la Bolivie, l’Argentine, l’Equateur, le Nicaragua, l’Uruguay, sans oublier la présence historique de Cuba. Ces nations ont élu à leur tête des dirigeants progressistes qui ont choisi de placer l’humain au centre du projet de société et les résultats sont spectaculaires. On note partout un recul de la pauvreté, une amélioration de l’indice de développement humain, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation. Le cas le plus spectaculaire reste le Venezuela d’Hugo Chávez qui a quasiment éradiqué l’extrême pauvreté, s’est débarrassé de l’analphabétisme et fait désormais partie des nations à IDH élevé. Tous ces pays ont en quelque sorte atteint une seconde indépendance et adoptent ensemble des politiques d’intégration régionale, avec l’Alliance bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique (ALBA) et la Communauté des Etats latino-américains et caribéens (CELAC) qui regroupe pour la première fois de l’histoire les 33 pays de l’Amérique latine et de la Caraïbe. L’Amérique latine a réussi à s’émanciper de l’ombre tutélaire des Etats-Unis et n’a jamais été aussi unie de son histoire.

Reporters : 51 ans après, quelle est, aujourd’hui, la réalité de l’embargo américain sur Cuba ? Et quelle est la nature de l’ouverture opérée ces derniers temps, avec l’arrivée aux commandes de Raul Castro ? Est-elle une évolution contrôlée ou une réalité imposée par le contexte régional et mondial, et quel sera son impact sur le développement des rapports de force en Amérique du Sud ?

Salim Lamrani : Comme je le souligne dans mon livre État de siège, les États-Unis imposent à Cuba des sanctions économiques unilatérales depuis 1960. Elles ont été établies en pleine Guerre froide dans le but de renverser le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro, dont les réformes économiques et sociales n’étaient guère appréciées par l’administration Eisenhower de l’époque. Plus d’un demi-siècle plus tard, alors que l’Union soviétique a disparu et que la Guerre froide n’est plus qu’un vieux souvenir, Washington persiste à maintenir un état de siège économique qui asphyxie toutes les catégories de la population cubaine et qui affecte en premier lieu les secteurs les plus vulnérables, à savoir les femmes, les personnes âgées et les enfants.

Il faut savoir que la rhétorique diplomatique pour justifier l’hostilité étasunienne vis-à-vis de Cuba a fluctué selon les époques. Dans un premier temps, il s’agissait des nationalisations et leurs indemnisations. Par la suite, Washington a évoqué l’alliance avec l’Union soviétique comme principal obstacle à la normalisation des relations entre les deux pays. Puis, dans les années 1970 et 1980, l’intervention cubaine en Afrique, plus précisément en Angola et en Namibie, pour aider les mouvements de libération nationale à obtenir leur indépendance et pour lutter contre l’Apartheid en Afrique du Sud, a été pointée du doigt pour expliquer le maintien des sanctions économiques. Enfin, depuis l’effondrement de l’Union soviétique, Washington brandit l’argument de la démocratie et des droits de l’Homme pour maintenir l’étranglement économique sur la nation cubaine. Les sanctions économiques contre Cuba constituent le principal obstacle au développement du pays et tous les secteurs de la société en sont affectés. Il faut savoir que les États-Unis ont toujours été le marché naturel de Cuba pour des raisons historiques et géographiques évidentes. La distance qui sépare les deux nations ne dépasse pas les 150 km. En 1959, 73 % des exportations cubaines étaient destinées au marché étasunien et que 70 % des importations en étaient issues. Il y avait donc une forte dépendance à l’égard du Voisin du Nord. Entre 1960 et 1991, les relations avec l’URSS avaient permis d’atténuer l’impact des sanctions, mais ce n’est plus le cas désormais.

Concrètement, Cuba ne peut rien vendre aux États-Unis, qui reste le premier marché du monde, et ne peut rien acheter hormis quelques matières premières alimentaires depuis l’année 2000, mais à des conditions drastiques telles que le paiement des marchandises à l’avance dans une autre monnaie que le dollar – donc Cuba doit assumer les frais de taux de change – et sans possibilité de contracter un prêt. Cela limite donc énormément les possibilités commerciales de l’île, qui doit se fournir auprès de pays tiers à un coût bien supérieur. Depuis 1992 et l’adoption de la loi Torricelli, les sanctions s’appliquent également aux pays tiers qui feraient du commerce avec Cuba, ce qui constitue une grave violation du droit international qui prohibe à toute législation nationale d’être extraterritoriale – c’est-à-dire de s’appliquer au-delà du territoire national. En effet, la loi française ne peut pas s’appliquer en Espagne tout comme la loi italienne ne peut pas s’appliquer en France. Néanmoins, la loi étasunienne sur les sanctions économiques s’applique à tous les pays qui font du commerce avec Cuba.

Ainsi, toute embarcation étrangère qui accosterait à un port cubain se voit interdire l’entrée aux États-Unis pendant six mois. Cuba étant une île, elle est fortement tributaire du transport maritime. La plupart des flottes commerciales opérant dans le détroit de Floride réalisent logiquement la plus grande partie de leurs activités avec les États-Unis au vu de l’importance du marché. Donc, elles ne prennent pas le risque de transporter des marchandises à Cuba et lorsqu’elles le font, elles exigent un tarif bien supérieur à celui appliqué aux pays voisins tels qu’Haïti ou la République dominicaine, afin de pallier le manque à gagner découlant de l’interdiction d’accoster à un port étasunien. Ainsi, si le prix habituel du transport de marchandises est de 100 pour la République dominicaine, il passe à 600 ou 700 lorsqu’il s’agit de Cuba. Depuis l’adoption de la loi Helms-Burton en 1996, tout entrepreneur étranger qui souhaiterait investir à Cuba sur des terres nationalisées en 1959 se voit menacé de poursuites judiciaires aux États-Unis et ses avoirs risquent d’être gelés. Cette loi est une aberration juridique dans la mesure où elle est à la fois extraterritoriale et rétroactive – c’est-à-dire qu’elle s’applique pour des faits survenus avant l’adoption de la loi – ce qui est contraire au droit international. Prenons le cas de loi anti-tabac en France. La loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2008. Mais si on a fumé dans un restaurant le 31 décembre 2007, on ne peut pas être condamné pour cela, car la loi ne peut pas être rétroactive. Or, la loi Helms-Burton s’applique pour des faits survenus dans les années 1960, ce qui est illégal.

Un constructeur automobile allemand, coréen ou japonais – peu importe sa nationalité en réalité – doit démontrer au Département du Trésor que ses produits ne contiennent pas un seul gramme de nickel cubain pour pouvoir les vendre sur le marché étasunien. Il en est de même pour toutes les entreprises agroalimentaires souhaitant investir le marché étasunien. Danone, par exemple, devra démontrer que ses produits ne contiennent aucune matière première cubaine. Donc, Cuba ne peut pas vendre ses ressources et ses produits aux États-Unis, mais dans ces cas précis, elle ne pourra pas les vendre à l’Allemagne, la Corée ou le Japon. Ces mesures extraterritoriales privent ainsi l’économie cubaine de nombreux capitaux et les exportations cubaines de nombreux marchés à travers le monde.

Reporters : Avec la disparition du président Hugo Chavez, le Venezuela a perdu un leader dont l’action, que ce soit sur le front interne ou sur le plan international, a permis, dans une certaine mesure, de contrer, voire de neutraliser les plans de l’impérialisme US et mondial, à défaut d’arrêter son expansion. Qu’en sera-t-il désormais ? Le nouveau président, Nicolas Maduro, peut-il prétendre jouer le même rôle ? Sera-t-il en mesure de relever le défi et de maintenir le cap impulsé par son prédécesseur, et sur le plan interne et sur le plan international ?

Salim Lamrani : Hugo Chávez a joué un rôle fondamental dans l’intégration et l’émancipation de l’Amérique latine. Il a fait du continent un acteur majeur des relations internationales et s’est fait en quelque sorte le porte-parole du Tiers-monde. Son successeur Nicolás Maduro est son plus fidèle disciple et saura répondre aux défis qui attendent le Venezuela, avec sa propre méthode, son propre style et ses propres caractéristiques. Il n’y aura qu’un Hugo Chávez dans l’Histoire du pays, comme il n’y aura qu’un Simón Bolívar.



Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son nouvel ouvrage s’intitule Cuba : les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano (à paraître en septembre 2013).

Contact : lamranisalim@yahoo.fr ; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamra...

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