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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 09:31

                                                                        MARE NOSTRUM-copie-1                                                          

 

Syrie : les jihadistes d’Al-Nosra rejettent élections et partis

lundi 22 juillet 2013, par as sawra 

Le chef du Front Al-Nosra, groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda qui combat le régime de Bachar al-Assad, a affirmé qu’il rejetait le système d’élections et de partis politiques, appelant à un Etat islamique en Syrie.
"Nous, en tant que musulmans, ne croyons ni aux partis politiques ni aux élections parlementaires, nous croyons à une gouvernance islamique basée sur la choura (assemblée de juges musulmans) et la justice", a indiqué cheikh Abou Mohamed al-Joulani, dont le groupe prône une forme extrême de l’islam.
"Le moyen d’appliquer la charia (loi islamique), c’est à travers le jihad (guerre sainte). La charia libère l’Homme des lois rédigées par l’être humain", a-t-il ajouté, dans un enregistrement audio relayé par des sites islamistes.
Il faisait référence au fait que la charia a été "révélée" par Dieu au prophète Mahomet, selon la foi musulmane.


Cheikh Joulani a mis en garde par ailleurs contre la communauté internationale qui tente selon lui d’imposer un "compromis" en Syrie lors des prochaines élections présidentielles en 2014, en voulant remplacer le président Assad par un autre "tyran".
"Il y des puissances internationales qui tentent de préserver l’équilibre de forces sur le terrain (...) pour obliger les belligérants à se plier à un compromis politique lors de la présidentielle de 2014, pour remplacer un tyran par un autre", a indique cheikh Joulani, sans élaborer.
Il a appelé les combattants à "instaurer la justice de l’islam et de la charia dans Bilad el-Cham (nom historique de la Syrie)".
Il s’en est pris au Hezbollah affirmant que l’action du parti ne sera pas "impunie".
Al-Nosra, inconnu il y a deux ans, avait prêté allégeance à Al-Qaïda en avril dernier.
Ses combattants, dotés d’armes sophistiquées et aguerris, ont acquis une influence qui dépasse leur nombre en remportant des victoires contre le régime, mais l’engouement du début a laissé progressivement la place au rejet en raison de la forme extrême de leur islam et d’arrestations arbitraires.
Récemment, la tension est montée d’un cran entre les jihadistes d’Al-Nosra et les combattants de la rébellion dite modérée de l’Armée syrienne libre (ASL), en raison des multiplications des exactions.
Fin mai, le Conseil de sécurité de l’ONU avait annoncé avoir ajouté le front Al-Nosra à sa liste d’organisations "terroristes", en raison de liens avec Al-Qaïda.

  

                     CHRONIQUES DU  FASCISME  ORDINAIRE                                                             

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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 22:01

                                                                               MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

«Deuxième étape de la révolution du peuple d’Egypte » : un communiqué du Parti Communiste Libanais

PC Liban

La « deuxième étape de la révolution du peuple d’Egypte »

Le régime des Frères musulmans est tombé 

et les répercussions atteindront la région dans son ensemble

***

Communiqué du Parti communiste libanais


La nouvelle étape de la révolution populaire en Egypte, à la suite du 30 juillet, continue à soulever la controverse concernant son essence, son devenir et les différentes forces politiques qui y ont adhéré ou qui tournent dans son giron… à commencer par les forces de gauche, les salafistes et les différentes personnalités religieuses, pour aboutir au grand point d’interrogation sur le rôle des forces armées et les possibilités d’utiliser la nouvelle révolution afin de retourner au pouvoir après qu’elles en furent exclues par les « Frères musulmans ».



Cette controverse est compréhensible et légale, même si elle renferme parfois un peu d’exagération chez certains ou si d’autres se basent sur des réponses toutes faites et superficielles quant à l’analyse ou aux conclusions. N’a-t-on pas vu, durant les deux années passées et notamment à la suite de l’arrivée au pouvoir de Mohammad Morsi en tant représentant des « Frères musulmans »,  la majorité des analystes et des observateurs s’intéresser à l’étude des seuls phénomènes externes pour en tirer la conclusion suivante : « le printemps arabe » - nom donné aux révolutions – s’est transformé en son contraire puisque la bourgeoisie a pu reprendre les rennes du pouvoir, principalement en Egypte et en Tunisie, à travers les forces politiques religieuses qui sont partie intégrante de cette bourgeoisie ?



Il nous faut dire que ces observateurs sont allés très loin dans leur analyse des faits, à tel point qu’ils ont  mis tous les mouvements révolutionnaires ainsi que les slogans qu’ils portent sous le manteau de la « théorie du complot » qui a pour base le projet du « Nouveau Moyen Orient » et le soutien direct des régimes réactionnaires implantés dans la région du Golfe. D’ailleurs, ils n’ont fait aucun cas du mouvement des masses ni de leurs revendications. Ils n’ont pas, non plus, pris en considération le fait que les Etats auxquels ils donnèrent le qualificatif d’ « opposants » aux politiques impérialistes, dont la République islamique en Iran, furent les premiers à accueillir positivement l’arrivée des « Frères musulmans » à la présidence en Egypte et en Tunisie, sous prétexte que cela signifiait le point de départ du « printemps islamique », et qu’ils stigmatisèrent le fait que le peuple égyptien se soit débarrassé de Mohammad Morsi.

 

Les répercussions de la chute des « Frères musulmans » … de la Turquie et jusqu’en Israël



Ce qu’il est nécessaire de dire, aujourd’hui, c’est que les événements qui ont eu lieu le 30 juillet 2013, même si toutes leurs répercussions ne sont pas encore bien connus, constituent un tournant important dans le processus révolutionnaire ininterrompu, non seulement pour l’Egypte mais aussi pour tout le Monde arabe et, même, pour la région tout entière… surtout si nous lions ce qui vient de se passer avec la révolte du peuple turc, qui s’étend et s’approfondit grâce à la rencontre des forces politiques progressistes autour d’un programme pour le changement démocratique laïc qui mettrait fin au gouvernement du « Parti de la justice et du développement » dirigé par Recep Erdogan. Et, n’oublions pas, non plus, que la « Révolution iranienne » fut obligée elle aussi à reconnaitre quelques concessions au mouvement revendicatif, surtout sur le plan de la mise à l’écart des « conservateurs » afin de reprendre les pourparlers avec les Etats-Unis et d’atténuer les conséquences négatives du blocus imposé à l’Iran.



Quel est ce tournant duquel nous parlons ?



Le coup porté par le peuple égyptien au régime des « Frères musulmans », après qu’ils aient pris le pouvoir dans son intégralité, montre que la tentative de remplacer les régimes dits « modérés », sur lesquels les Républicains US avaient misé, par des forces religieuses « modérées », promues par  Barak Obama lors de son discours à l’Universités du Caire un an après sa première élection, ne fut pas un succès. Bien au contraire, cette tentative n’a pas empêché les forces populaires égyptiennes de poursuivre la voie qu’elle s’était tracée afin de réaliser son programme résumé dans quatre mots-d’ordre: pain, liberté, justice sociale, dignité humaine. Bien plus, et vu le recul du projet militaire ayant l’aval des forces religieuses au Pakistan, et à la lumière de ce qui se passe actuellement tant en Turquie qu’en Iran, ce coup ne concerne pas seulement les « Frères musulmans » de l’Egypte, mais il le dépasse pour toucher tous les modèles des régimes mixtes « religieux-militaires » que l’impérialisme étasunien tente de propager dans le Monde arabe et le Moyen Orient, Cela se traduirait sans doute par une remise en question de l’étape actuelle et des formes d’application du projet dit du « Nouveau Moyen Orient » élargi vers le Maghreb arabe et le Nord de l’Afrique… à commencer par la Tunisie, et le « Parti de la justice et du développement », et jusqu’en Israël et le projet d’en faire « l’Etat des juifs du monde ». Ce projet qui constitue la colonne vertébrale du projet du « Nouveau Moyen Orient », vu qu’il a pour but de transformer Israël en un noyau autour duquel tournent les mini Etats religieux et confessionnels qui seraient nés de l’effritement du Machreq et du Maghreb arabe et après avoir liquidé la cause palestinienne et mis fin au conflit israélo-arabe.



Cette vision de l’avenir, qui ne manquerait pas de naitre de la seconde étape de la révolution égyptienne, est liée sans aucun doute à la voie que cette révolution décidera de suivre, compte tenu de l’expérience des deux dernières années, en particulier des tentatives, mise en échec,  de mettre l’Egypte sous la coupe des « Frères musulmans ». Parce qu’il faut prendre en considération qu’il y aura d’autres tentatives de la part des forces antirévolutionnaires, tant au sein de la bourgeoisie égyptienne, et de la bourgeoisie arabe en général, que parmi les groupes d’influence à la tête de l’armée, ou, encore, la possibilité d’user de l’arme « religieuse » (Musulmans-Coptes) et/ou « confessionnelle ». Ce qui nous mène à dire que les dangers sont nombreux devant la révolution, dont celui de l’usage de voitures piégées et même d’une guerre civile, que le président russe Vladimir Poutine a déjà prévue, afin de dérailler le changement. C’est dans cette perspective que nous lisons les combats sanglants dans les places du Caire, mais aussi d’Alexandrie et d’autres villes, en plus de l’explosion du gazoduc vers la Jordanie et de la mainmise des « Frères musulmans » sur certaines villes du Nord de Sinaï où les étendards noirs ont remplacé le drapeau national égyptien.

 

Comment poursuivre les tâches de la Révolution



A la lumière de ce qui précède, il est nécessaire de préciser que la victoire des forces qui avaient appelé, le 30 juin 2013, à la chute des « Frères musulmans » restera instable si elle n’est pas liée à la poursuite des tâches radicales que la Révolution du 25 janvier 2011 avait précisées à partir de ses quatre mots-d’ordre déjà cités (pain, liberté, justice sociale, dignité humaine). Parce que ces mots d’ordre constitue un programme qui précise le maillon central de l’étape qui vient, et que nous définissons comme suit : la liquidation de ce qui reste des institutions de l’ancien régime afin de pouvoir bâtir le régime nouveau et tant attendu. D’ailleurs ces deux processus vont de pair et se complètent.



Il est vrai que ce qui fut exécuté sur le plan de la destruction de l’ancien régime n’est pas peu, à commencer par la destitution de Hosni Moubarak et de son parti(le Parti national) et la saisie par la justice égyptienne des dossiers de Moubarak et des leaders essentiels. Nous n’oublions pas non plus les coups directs portés à l’appareil de l’Etat et aux organismes de la police… et, enfin, à la tentative de reproduire le régime à travers les « Frères musulmans ». Cependant tout cela reste fragile s’il n’est pas accompagné d’un projet politique et socio-économique à court et moyen termes. Un projet basé sur des plans de lutte et des priorités bien claires ; fait qui aiderait à faire émerger un leadership bien ancré dans l’alliance de classes qui fut à la base de la chute des régimes de Moubarak puis des « Frères musulmans ».



Les priorités telles que nous les voyons se résument ainsi :



Premièrement, refuser d’amender la Constitution de Moubarak avec les amendements introduits par les « Frères musulmans » et la remplacer par une nouvelle Constitution qui préciserait le régime politique et socio-économique à construire. Une commission de rédaction de la nouvelle Constitution doit être constituée par les représentants, élus, des forces sociales et politiques qui ont conduit à la révolution à travers des luttes cumulatives depuis plus de 10 ans ; à la tête de ces représentants les militants de la classe ouvrière, des paysans, des jeunes, des intellectuels démocrates et des femmes.



Dans ce domaine constitutionnel, et partant des deux slogans de la liberté et de la justice sociale prônés par les deux révolutions du 25 janvier 2011 et du 30 juin 2013, nous pensons que la suppression du régime présidentiel ainsi qu’une loi électorale démocratique et une nouvelle loi concernant la constitution des partis politiques et des syndicats ouvriers pourront constituer les bases d’un avenir meilleur. A cela devra s’ajouter une nouvelle vision économique, basée sur le développement des secteurs productifs… en plus de l’imposition des droits au travail, à l’instruction et à la santé.

 

Source : Solidarité Internationale PCF

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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 21:51

 

                                                 Solidarité internationalisteOUTILS TOURNANTS   

 

 

Déclaration de solidarité avec le président Evo MORALES et le peuple bolivien

evo-morales1.jpg

37 Partis communistes et ouvriers expriment leur solidarité avec le président Evo Morales et le peuple bolivien

 

Face aux décisions des gouvernements du Portugal, d'Espagne, de France et d'Italie d'empêcher le survol et l'atterrissage de l'avion de l’État de Bolivie dans lequel se trouvait le président de la Bolivie, Evo Morales, de retour de sa visite en Russie, les partis et organisations sous-signées:

 

1 – Condamnent, dans les termes les plus fermes, les décisions des gouvernements mentionnés précédemment et exigent que des excuses publiques soient faites au président Evo Morales et à l'Etat pluri-national de Bolivie. Il s'agit d'agissements coordonnés allant contre les principes les plus élémentaires du droit et des conventions internationales, constituant une remise en cause de la sécurité et de la vie du président Evo Morales.

 

 

2 – Estiment que cette action, sans précédent en temps de paix en Europe, est encore plus grave qu'elle est clairement liée à la tentative de la part du gouvernement des États-Unis de poursuivre un ancien agent de la Sécurité nationale des États-Unis, qui a confirmé l'existence d'un réseau international d'espionnage massif, et de violer les droits les plus fondamentaux, les libertés et les garanties des peuples, ainsi que la souveraineté des États.

 

 

3 – Exigent que les gouvernements du Portugal, d'Espagne, de France et d'Italie s'expliquent publiquement sur les contours de ces décisions, tant elles représentant un acte illégal et que, du point de vue du droit international, on peut même l'intégrer à la définition du terrorisme d’État.

 

 

4 – Condamnent la complicité de l'Union européenne avec ces actes illégaux, révélant une fois de plus sa véritable nature, ses politiques et sa soumission dans le cadre de l'OTAN.

 

 

5 – Exigent une condamnation claire et sans équivoque de la part des organes compétents des Nations unies de ces décisions.

 

 

6 – Saluant les États et les organisations multi-latérales et internationales qui ont déjà condamné de tels agissements, appellent le peuple de Bolivie, les peuples des pays mentionnés précédemment et les autres peuples du monde, particulièrement en Amérique latine, à exprimer, sous diverses formes, leur condamnation et leur rejet de cet affront gravissime fait au président Evo Morales, à la souveraineté de la Bolivie et aux autres peuples touchés par cette décision, ainsi qu'aux droits nationaux, à la démocratie et à la liberté des peuples.

 

 

7 – Expriment leur solidarité avec les peuples du Portugal, d'Espagne, d'Italie et de France, qui dans leurs pays luttent contre les politiques d'exploitation, d'oppression, de capitulation nationale et de soumission aux intérêts de l'impérialisme.

 

8 – Réaffirment leur engagement à poursuivre et intensifier la solidarité internationale avec toutes les forces qui, dans les parties les plus diverses du monde, continuent de lutter contre la stratégie belliciste, d'ingérence, autoritaire et portant atteinte aux droits sociaux, syndicaux, démocratiques et nationaux des peuples que l'impérialisme intensifie dans un contexte d'approfondissement de la crise du capitalisme.

 

Alternative Nouvelle nation (Guatemala)

Nouveau parti communiste britannique

Nouveau parti communiste de Yougoslavie

Parti algérien pour la démocratie et le socialisme

Parti communiste allemand

Parti communiste brésilien

Parti communiste britannique

Parti communiste d'Afrique du sud

Parti communiste de Bohême-Moravie

Parti communiste de Bolivie

Parti communiste du Danemark

Parti communiste de la Fédération russe

Parti communiste de Grèce

Parti communiste d'Inde

Parti communiste d'Inde (marxiste)

Parti communiste d'Irlande

Parti communiste de Turquie

Parti communiste de Cuba

Parti communiste d'Espagne

Parti communiste du Brésil

Parti communiste du Chili

Parti communiste du Mexique

Parti communiste du Pakistan

Parti communiste des peuples d'Espagne

Parti communiste libanais

Parti communiste au Danemark

Parti communiste portugais

Parti communiste unifié de Géorgie

Parti de la Refondation communiste (Italie)

Parti du peuple (Panama)

Parti du travail de Belgique

Parti des communistes italiens

Parti des travailleurs d'Irlande

Parti ouvrier hongrois

AKEL (Chypre)

Parti Tudeh (Iran)

Réseau des communistes (Italie)

 

Traduction JC

 

Source : Solidarité Internationale PCF

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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 16:31

pasok-syriza.jpg Conférence fondatrice de SYRIZA : un nouveau « parti unique » ... mais avec les anciens du PASOK !

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Ce week-end, du 10 au 14 juillet, avait lieu la Conférence fondatrice de SYRIZA : sa mutation d'un « mouvement » de gauche radicale en un « parti » unique à vocation gouvernementale.

 

Que et qui représente SYRIZA ? Les sondages à 27% donnent la folie des grandeurs à ses dirigeants, qui ne rêvent que de majorité parlementaire et de gouvernement de gauche. Il suscite certaines craintes dans les milieux conservateurs : ne sont-ce pas d'anciens communistes ?

 

M.Tsipras est là pour les rassurer : « nous ne sommes pas dangereux ». Il est venu porter ce message au FMI à Washington, à la Chancellerie à Berlin, à la Commission à Bruxelles … et bien sûr à la Fédération des industriels à Athènes.

 

« Seule SYRIZA peut sauver la Grèce et l'Europe » : c'est le message que porte Tsipras, se faisant le meilleur défenseur de l'Euro et de l'Europe. Une opinion relayée même par le « New York Times » qui tenait à rappeler les positions « pro-européennes » et « pro-américaines » du parti !

 

Cette conférence devait donc marquer le point final de cette mutation en un « parti de gestion » du système, sa « grande transformation » en un « parti unique ».

 

SYRIZA et le « parti unique de la gauche »

 

C'était l'enjeu de cette Conférence fondatrice : faire accepter le passage d'un « mouvement » (dés-)organisé en tendances à un « parti » unique, centralisé.

 

On sait combien le tournant « mouvementiste » des ex-Partis communistes, comme Refondation communiste en Italie a pu, derrière une façade démocratique et pluraliste, contribuer à noyer (noyauter) le débat démocratique et favoriser les arrangements politiciens entre clans dirigeants.

 

Pendant plus d'une décennie, cela a conduit SYNASISMOS puis SYRIZA au bord de l'implosion en 2008, miné par ses dissensions internes, sans pour autant prémunir d'une orientation de plus en plus politicienne, parlementaire et modérée.

 

SYRIZA a décidé, lors de sa Conférence fondatrice, de rompre avec cet héritage. Un retour au centralisme le plus pur : une seule organisation, une seule ligne politique, une seule action.

 

Le coup de force a suscité un front commun des diverses tendances gauchistes, trotskistes, maoistes, refondateurs ou « alternatifs ». Unies par leur stratégie entriste, ces courants avaient été introduits dans l'organisation au début des années 90 pour rompre avec la filiation communiste historique.

 

Les dirigeants de SYRIZA ont néanmoins été confrontés à un feu nourri, venant y compris du vétéran Manolis Glezos, indigné par ces méthodes. La conférence a laissé trois mois supplémentaires pour exiger la dissolution des tendances.

 

Entre-temps, ces « tendances » en voie d'extinction ont bien négocié leurs places au Comité central. La direction de SYRIZA est fermée au débat démocratique même frelatée sous la forme des courants … mais reste ouverte aux petits arrangements politiciens entre amis !

 

Est-ce le retour au « centralisme démocratique » ? Que nenni, loin ce mot honni !

 

Pour Rena Dourou, figure montante et députée de SYRIZA : « Ce n'est pas le centralisme démocratique » … mais l'unité, l'assurance qu'on ne « coulera pas le navire SYRIZA pour des luttes de tendance ». Un centralisme anti-démocratique, c'est le terme ?

 

Alors pourquoi ce passage du « mouvement arc-en-ciel » au « parti unique » ?

 

Giannis Dragazakis, député de SYRIZA, qui faisait partie des liquidateurs du KKE en 1991, est un des artisans de la « grande transformation », il évoque un raisonnement simple, faire agir ce corps hétérogène dans la même direction :

 

1 – L'objectif, c'est faire un « gouvernement de gauche » pour mettre en place des « réformes radicales ». Une « gauche de gouvernement » ouverte à toute la gauche, « loin de toute position maximaliste » ;

 

2 – Le moyen, c'est un « Parti ». C'est nouveau dit Dragazakis qui fait la critique du mouvementisme et de l'économisme, « qui ont négligé la dimension politique » (réduite au parlement et au gouvernement!), qui ne se conçoit pas seulement à l'échelle de la Grèce mais … « européenne » bien sûr. Dragazakis finit par faire l'apologie de la forme-parti, « force de cohésion et d'orientation du mouvement » … vers un gouvernement de gauche responsable !

 

3 – Ce « parti » sera un « parti unique » : unique, continue Dragazakis, car il « faut une seule SYRIZA à l'extérieur, face aux médias et dans l'action, mais aussi à l'intérieur, capable de faire des choix difficiles, prendre des décisions cruciales sans menacer son existence ». Couper toute pluralité, débat pour mieux faire passer la pilule gouvernementale ! « Jusqu'à présent, la gauche a connu tant de divisions, souvent futiles, comment se prémunier à l'avenir contre cela ? » … Dragazakis poursuit : « par un parti de gauche, ouvert aux idées neuves mais assurant une expression uniforme, et l'unité d'action », capable de porter le projet de SYRIZA : « la résurgence de la démocratie, la réforme éthique de la société ».

 

La section grecque du PGE pour sauver l'Euro et l'Union européenne

 

Un aperçu du « parti de demain » : les débats de la Conférence, les interventions du cacique du parti ont sciemment esquivé les questions brûlantes. Celles qu'évoque Tsipras avec les représentants du patronat, du FMI ou de l'UE : point de « Plan Marshall » ou « New Deal » pour la Grèce ici.

 

Les ambiguïtés fondamentales de SYRIZA persistent. En premier lieu sur la dette. La Conférence a acté la « re-négociation de la dette » avec la Troïka, ainsi que la convocation d'un audit pour décider … quelle partie de la Grèce le peuple devait payer !

 

Dans un domaine, le « parti nouveau » a levé toute ambiguïté : sur la question européenne. Les tensions se sont cristallisées autour de l'Euro, alimentées par des tendances « gauchistes » de la formation dite de « gauche radicale ».

 

Contrairement à ce qui a pu être rapporté, la motion proposée au vote par la « Plate-forme de gauche » était fort modérée : « laisser ouverte la question du maintien dans la monnaie unique ».

 

La réponse de la direction est sans appel, la question est close, SYRIZA est pour l'Euro et l'Union européenne. La motion a été rejetée à 70%.

 

Si le « projet de résolution politique » est clair sur un point, c'est sur son européisme.

 

Se plaçant dès l'introduction sous le patronage du PGE (Parti de la gauche européenne), SYRIZA analyse la crise comme un péril, la politique d'austérité « fragilisant les liens entre Etats européens, alimentant l'euro-scepticisme, l'anti-européisme, les conflits ethniques et la renaissance du fascisme » (article 4).

 

Dans le monde multi-polaire, il faut que l'Europe pèse et la « perspective de la Grèce est liée à celle de l'Europe » (article 7).

 

La lettre d'allégeance d'Alexis Tsipras, envoyée l'an dernier aux dirigeants de l'UE, était éclairante : SYRIZA se présente comme la roue de secours de l'Europe, en échange d'un allègement du fardeau, la restauration de la « stabilité » en Grèce, et la canalisation du mouvement vers la défense de l'UE.

 

Le projet de transformation de SYRIZA en « parti unique de la gauche » est lui aussi révélateur du projet du PGE : le « but » est bien de faire dans chaque pays des « sections nationales » du PGE, donc des « partis de gauche ».

 

Les « coalitions », « fédérations », « blocs », « fronts » de gauche n'en sont que des phases transitoires, admettant une pluralité temporaire d'organisations pour mieux détruire le parti communiste originel.

 

Un « parti nouveau » avec les anciens du PASOK !

 

Enfin, le plus frappant dans le projet de SYRIZA est sa transformation de plus en plus nette en PASOK de substitution. Tsipras évoque cette « jeune SYRIZA » qui prend la place du « vieux PASOK ». Une image finalement assez fidèle.

 

Cela se remarque dans la mutation superficielle des positions de SYRIZA vers un gouvernement de gauche ou de « salut populaire », de collaboration entre forces de gauche parlementaire (avec PASOK, Gauche démocratique et même certains partis de droite ?), entre patronat et syndicats pour « relancer l'économie » et « sauver l'Europe ».

 

Un programme nettement en-dessous de Papandreou-père en 1981 comme le fait remarquer le PASOK dans un communiqué cinglant. On pourrait rajouter, même en-dessous de Papandreou-fils version 2009 !

 

Mais la transformation est peut-être plus frappante dans le ralliement massif d'anciens caciques du PASOK au parti de demain, sa transformation organisationnelle.

 

La liste est longue : certains ont déjà rejoint le parti, d'autres flirtent avec lui publiquement.

 

Parmi les ralliés, le couple détonant Louka Katseli et Gerasimos Arsenis.

 

Elle, c'était la Ministre du Travail de Papandreou-fils : adepte de l'austérité première mouture, co-responsable de la casse du Code du travail, elle vire casaque … quand elle réalise que cette politique saborde le PASOK et fait le jeu des communistes !

 

Lui a été soutenu l'an dernier par SYRIZA pour le poste de premier ministre. Un ancien de Papandreou-père. Gouverneur de la Banque de Grèce dans les années 80, où il impulse la libéralisation du secteur financier, ministre de l'Education fin des années 90, où il subit une fronde étudiante sans précédent, contre les premières contre-réformes cassant l'éducation publique.

 

Parmi les ex-députés du PASOK séduits par le projet SYRIZA, les enfants de Papandreou : on peut penser à Marilisa Xenogiannakopoulos, Harris Kastanidis, Spyros Kouvelis ou Lambros Michos.

 

Tous ou presque étaient au gouvernement Papandreou. Pas à n'importe quel poste : affaires européennes, affaires étrangères, justice, intérieur, santé, économie et travail (si on rajoute Katseli!).

 

Depuis, tous ont démissionné du PASOK et cherchent un nouveau port d'attache. Soit directement SYRIZA, soit des petites formations de gauche prêtes à s'allier avec SYRIZA. Imaginons le gouvernement de gauche d'après avec les anciens de Papandreou !

 

On pourrait ajouter, pour clore le tableau de cette gigantesque recomposition, les anciens syndicalistes réformistes liés au vieux PASOK et qui regardent désormais vers le nouveau SYRIZA.

 

Parmi ceux qui ont participé à la grand-messe de ce week-end :

 

Themis Balasopoulos, secrétaire du syndicat des municipaux d'Athènes, Panagiotis Kalfagiannis, secrétaire du syndicat de l'ERT ou Nikos Fotopoulos, secrétaire du syndicat de l'énergie.

 

Ce dernier était membre du PASKE (tendance syndicale du PASOK), lui-même fut adhérent pendant trois décennies du parti socialiste !

 

Tous ces dirigeants syndicaux et politiques ont été les cadres supérieurs du « système PASOK » : une organisation non seulement réformiste, de collaboration mais aussi corrompue et clientéliste. Les rats quittent maintenant le navire PASOK … et rejoignent le vaisseau SYRIZA.

 

Le secrétaire-général du Parti communiste grec (KKE), Dimitris Koutsoubas a résumé récemment les choses clairement : « SYRIZA est devenu un clône du PASOK ».

 

Pas de social-démocratie de substitution, pas de « gouvernement de gauche » pour gérer loyalement les affaires de capital, pas de « parti unique de la gauche » : les positions des communistes grecs doivent aussi être les nôtres.

 

 

 

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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 15:07

 

Communiqué suite au décès d’Henri Alleg

 

 

 

Nous apprenons avec beaucoup de tristesse le décès de notre camarade Henri Alleg, membre du comité national de parrainage du Pôle de Renaissance Communiste en France, président d’honneur du Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe (ex-Comité Honecker), écrivain et journaliste communiste, ancien directeur d’Alger Républicain et ancien secrétaire général de L’Humanité, militant de la solidarité de classe avec les communistes persécutés dans les ex-pays socialistes, compagnon de Maurice Audin et héros de la lutte anticoloniale en Algérie.
Henri fut aussi une figure des lettres françaises et un éclaireur de la conscience universelle dans la grande tradition de Voltaire et de Zola : son livre bouleversant La Question, le récit poignant préfacé par Sartre qui dénonça l’usage systématique de la torture en Algérie par l’armée coloniale, a beaucoup fait pour mobiliser contre la « sale guerre » : l’indépendance du peuple algérien et l’honneur du peuple français doivent beaucoup à cet homme modeste, souriant, mais inflexible sur ses hautes convictions humanistes.
Henri fut par ailleurs de tous les combats en France et dans le monde pour le progrès social, l’émancipation des peuples, la paix et le socialisme. Alors que tant d’autres hurlaient avec les loups lors de la chute de l’URSS, Henri écrivit Le grand bond en arrière, qui dénonçait faits à l’appui la terrible régression qu’a constituée la restauration du capitalisme le plus barbare dans les pays de l’ex-camp socialiste.
Nous rendrons ultérieurement hommage à ce lutteur hors pair qui était aussi un défenseur fidèle du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, ce qui lui valut, aux côtés de Georges Hage, de Rémy Auchedé et de Georges Gastaud, d’animer l’opposition communiste à la « mutation » (en réalité, à la dénaturation) du PCF dans le cadre de la première Coordination communiste, puis dans le cadre du Comité national d’unité des communistes (CNUC), puis de la Coordination des Militants Communistes du PCF.
Pour l’heure, l’émotion nous étreint quand nous repensons avant tout à cet homme fraternel, toujours aidant, souriant et plein d’humour, qui rejoint dans notre souvenir Gilberte, son épouse disparue – elle aussi engagée avec détermination dans la lutte contre le colonialisme et pour la continuité du vrai parti communiste.
A ses fils et à toute sa famille, à tous les camarades communistes membres du PRCF et/ou du PCF, à tous les communistes et patriotes algériens, à tous les membres du CISC, à tous ses amis et camarades de France et de l’étranger, nous exprimons notre profonde sympathie et notre grand chagrin.

(Communiqué - Jeudi, 18 juillet 2013)

Georges Hage, ancien député, président d’honneur du PRCF
Désiré Marle, prêtre-ouvrier, président du CISC
Léon Landini, président de Carmagnole-Liberté (ex-FTP-MOI), président du PRCF
Vincent Flament, rédacteur-en-chef de « Solidarité de classe »
Pierre Pranchère, vice-président du PRCF
Jean Pierre Hemmen, vice président du PRCF, directeur politique d’EtincelleS
Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF
Daniel Antonini, secrétaire de la commission internationale du PRCF
Antoine Manessis, responsable du PRCF aux actions unitaires
Madeleine Dupont, trésorière du CISC
Odile Hage, secrétaire de la section de Douai du PCF

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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 15:27

 

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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 15:19

 

 

Décès d’Henri Alleg

jeudi 18 juillet 2013, par La Rédaction

Le journaliste et militant communiste Henri Alleg, auteur de l’ouvrage "La Question" (1958) qui dénonçait la torture pendant la guerre d’Algérie, est décédé mercredi à Paris à l’âge de 91 ans, a-t-on appris auprès du quotidien l’Humanité dont il fut secrétaire général.
Publié à l’époque aux éditions de Minuit, ce livre-témoignage avait été saisi au lendemain de sa parution.

(18-07-2013 - Avec les agences de presse)

**

Harry Salem dit Henri Alleg, né le 20 juillet 1921 à Londres, mort le 17 juillet 2013 à Paris est un journaliste franco-algérien, membre du PCF et ancien directeur d’Alger républicain. Il est notamment l’auteur de La Question.

 
Né à Londres de parents juifs russo-polonais Henri Alleg s’installe en Algérie en provenance de Paris en 1939, et milite au sein du Parti communiste algérien. En 1946, il épouse Gilberte Serfaty qui deviendra comme lui une ardente militante communiste. En 1951, il devient directeur du quotidien Alger républicain. Il entre dans la clandestinité en 1955, date d’interdiction du journal en Algérie. Il continue cependant à transmettre des articles en France dont certains sont publiés par L’Humanité.
Il est arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10e D.P, au domicile de Maurice Audin, son ami, arrêté la veille et qui sera torturé à mort.
Il est séquestré un mois à El-Biar, où il est torturé lors de plusieurs séances, puis subit un interrogatoire mené après une injection de penthotal, utilisé comme « sérum de vérité ». Le général Massu, qui reconnaîtra plus tard l’utilisation de la torture dans certains cas particuliers lors de la guerre d’Algérie, affirme en 1971, « en fait de tortures, Alleg a reçu une paire de gifles ». Roger Faulques, officier du 1er REP, accusé de ces tortures, déclare lors d’un procès en diffamation en 1970 « Je ne l’ai vu qu’une seule fois, mais il m’a fourni à cette occasion des indications qui m’ont permis d’arrêter les membres du parti communiste algérien ».
Il est ensuite transféré au camp de Lodi (Draa Essamar Wilaya de Médéa) où il reste un mois, puis à Barberousse, la prison civile d’Alger. En prison, il écrit La Question, dissimulant les pages écrites et les transmettant à ses avocats.
Dans La Question, il raconte sa période de détention et les sévices qu’il y subit en pleine guerre d’Algérie. Tout d’abord publié en France aux Éditions de Minuit, l’ouvrage est immédiatement interdit. Nils Andersson le réédite en Suisse, quatorze jours après l’interdiction en France de mars 1958. Malgré son interdiction en France, ce livre contribue considérablement à révéler le phénomène de la torture en Algérie. Sa diffusion clandestine s’élève à 150 000 exemplaires.
Trois ans après son arrestation, il est inculpé d’« atteinte à la sûreté extérieure de l’État » et de « reconstitution de ligue dissoute » et condamné à 10 ans de prison. Transféré en France, il est incarcéré à la prison de Rennes. Profitant d’un séjour dans un hôpital, il s’évade. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie grâce notamment à Alfred Locussol.
Il revient en France après les accords d’Évian, puis en Algérie où il participe à la renaissance du journal Alger Républicain. « Persona non grata » en Algérie à la suite du coup d’État de Houari Boumédiène, il se réinstalle en France en 1965. Le film documentaire de Jean-Pierre Lledo Un rêve algérien retrace son retour, 40 ans plus tard dans une Algérie qui l’accueille à bras ouverts et où il retrouve avec bonheur ses anciens compagnons.
En 2005, il cosigne une lettre au Président de la République, demandant à l’État français de reconnaître l’abandon des harkis en 1962.
Il est par ailleurs membre du Pôle de renaissance communiste en France et déclare regretter en 1998 « la dérive social-démocrate du PCF, qui abandonne son authenticité communiste ». Il fait partie du comité Honecker, qui soutient l’ancien dirigeant de la RDA poursuivi par la justice allemande.
Il est également membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine.
Henri Alleg est le père de Jean Salem.
Il meurt le 17 juillet 2013.

Oeuvres

La Question, Lausanne, E. La Cité, 1958 ; Paris, Les Éditions de Minuit, Alger, Éditions Rahma, 1992. (ISBN 2-7073-0175-2).
Mémoire algérienne : Souvenirs de luttes et d’espérances, Paris, Éditions Stock, 2005, 407 pp., 24 cm. (ISBN 2-234-05818-X).
Prisonniers de guerre ; Victorieuse Cuba. Les Éditions de Minuit :
La Guerre d’Algérie (en collaboration avec P. Haudiquet, J. de Bonis, H. J. Douzon, J. Freire, G. Alleg), 3 volumes ; Étoile rouge et Croissant vert ; SOS America ! ; La Grande Aventure d’Alger républicain (en collaboration avec A. Benzine et B. Khalfa) ; L’URSS et les Juifs ; Requiem pour l’Oncle Sam. Chez Messidor-Temps Actuels
Le Siècle du Dragon ; Le Grand Bond en arrière. Aux Éditions Le Temps des cerises
Les Chemins de l’espérance. Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes
Retour sur La Question. Éditions Aden et Le Temps des cerises

                                        source: "Assawra"

 

     

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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 15:10

 

                                                                   MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

pame-apergia-70.jpgLa grève du PAME du 16 juillet – un point de départ pour de nouvelles luttes



Communiqué du Parti communiste grec (KKE)



Traduction MA pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/





La grève du 16 juillet, avec les manifestations contre l'attaque sur tous les fronts annoncée par le projet de loi du gouvernement de la Nouvelle démocratie et du PASOK, dans 65 villes de Grèce, marque le point de départ pour de nouvelles luttes.



Ce projet de loi menace de remettre en cause ce qu'il restait des droits des travailleurs dans le secteur privé comme public, en supprimant l'Accord national sur les conventions collectives et en fixant le salaire minimum en fonction des besoins de la profitabilité des entreprises, licenciant des milliers d'employés du secteur public et des municipalités, imposant de nouvelles coupes dans la santé et la sécurité sociale, introduisant de nouveaux impôts qui représenteront un pillage fiscal encore plus brutal avec la suppression de la barre minimale d'imposition sur le revenu, ce qui aura des conséquences dramatiques dans la ville quotidienne des familles ouvrières ou populaires.



Les forces sur des positions de classe ont lutté pour cette grève dans des conditions difficiles, subissant l'offensive conjuguée du gouvernement et du patronat, du syndicalisme pro-patronal sapant la lutte des travailleurs. Elles ont montré que les travailleurs, public comme privé, doivent mener une lutte ensemble avec les travailleurs indépendants et les petits paysans.



A Athènes, la place Omonia était remplie de grévistes et de manifestants, arrivés à 10 h 30, rassemblés aux points de rendez-vous. Ce fut une manifestation particulièrement massive. Il y a eu également une participation importante des travailleurs qui organisent habituellement la lutte sur leur lieu de travail.



Dimitris Koutoumpas, secrétaire-général du Comité central du KKE, a participé à la manifestation, il s'est exprimé devant les manifestants : « ce projet de loi, avec son attaque sur tous les fronts, est une monstruosité. Avec les licenciements massifs, il y a aussi le pillage fiscal, les coupes dans l'organisation publique de la santé, nous aimerions dénoncer en particulier l'effort de généralisation des contrats de travail individuels avec la diminution du salaire minimum, qui est actuellement un salaire de misère, en-dessous de 500 euros. Le sentiment d'étouffement que vit notre peuple doit se transformer maintenant en une riposte populaire massive. Le peuple doit prendre son avenir entre ses mains, sans rien attendre des solutions qui viennent d'en haut, afin de tourner le dos au nouveau système bi-polaire qui est sur le point d'être créé ».



Giannis Tasioulas, cadre du PAME et président de la Fédération des travailleurs du bâtiment en Grèce s'est lui aussi adressé à la foule des manifestants :



« l'idée selon laquelle ces nouvelles mesures que le gouvernement propose ne toucheront que certaines catégories de fonctionnaires ou « les mieux payés » se diffuse ou parfois l'emporte dans des parties importantes des travailleurs, des secteurs public comme privé.



Cette vision est fallacieuse, trompeuse et dangereuse. C'est un poison. Elle sert ceux qui veulent diviser les travailleurs, monter une partie de la population contre une autre. Elle masque la nature unique de l'offensive menée contre tous les travailleurs, dans tous les secteurs. L'offensive concerne les travailleurs, les chômeurs, les travailleurs indépendants, les petits et moyens agriculteurs, les femmes, les jeunes. Personne n'est épargné. Seuls le capital et les monopoles restent intacts et voient leurs intérêts défendus. La lutte n'est pas finie avec l'adoption de ce projet de loi.



Nous avons la responsabilité d'éclairer les travailleurs sur les lieux de travail, dans les usines, dans les quartiers, de les mobiliser pour s'engager dans une lutte pour la rupture, dans une lutte pour inverser cette politique contraire au peuple, au monde du travail, pour renverser le pouvoir du capital. Nous sommes conscients du fait que la participation à la grève d'aujourd'hui ne correspond pas à l'ampleur de l'offensive subie par les travailleurs et les couches populaires.



Nous savons bien que de nombreux travailleurs dans les usines et sur d'autres lieux de travail, sous pression des intimidations ainsi que des illusions selon lesquelles ils pourront éviter le pire ou qu'ils sont en sécurité ou qu'ils peuvent espérer l'amélioration de la situation avec un nouveau gouvernement, ne sont pas partis en grève aujourd'hui, bien qu'ils voient que leur vie se dégrade.



Nous le disons clairement : il ne peut y avoir aucune perspective ni de victoire pour la classe ouvrière et les couches populaires à moins d'un changement de situation, à moins que le niveau d'organisation dans les lieux de travail, les usines, les grands commerces ne monte d'un cran », souligne le syndicaliste du PAME.



Après le rassemblement du PAME, les syndicats sur des positions de classe ont marché jusqu'à la place Syntagma dans une manifestation particulièrement massive.

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17 juillet 2013 3 17 /07 /juillet /2013 15:19

                                                                         

 

 

7salah_adly.jpgEntretien avec Salah Adli, secrétaire-général du Parti communiste égyptien

 

« On est entré dans la seconde phase de la révolution »



Entretien réalisé par « Nameh Mardom », organe central du Comité central du Parti communiste d'Iran (Tudeh)



Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Je voudrais tout d'abord adresser mes salutations au Parti Tudeh et lui souhaiter tout notre succès dans sa lutte. Je voudrais également saluer le journal « Nameh Mardom » pour me donner l'occasion de jeter la lumière sur les événements historiques qui se déroulent en Egypte.



Q1 – Dans sa dernière déclaration (le 3 juillet), le Parti communiste d’Égypte fait référence à des manifestations de masse qui ont intégré diverses classes et couches de la société. Quelles sont les classes et les couches de la société égyptienne qui se sont mobilisées lors de la seconde vague de la révolution du 30 juin ?



Salah Adly : Depuis le début de la révolution du 25 janvier 2011, le mouvement de protestation n'a pas fléchi, et on a continué à assister à des manifestations de plusieurs millions de personnes, autrement dit, l'état d'éveil révolutionnaire des masses a toujours été là, tantôt s'apaisant tantôt s'embrasant. Les manifestations et les grèves des travailleurs sont également montées en puissance. Après le succès de Morsi et avec les Frères musulmans au pouvoir, les masses ont découvert leur nature autoritaire, fasciste, leur parti-pris pour les intérêts des fractions les plus réactionnaires et parasitaires du capitalisme, et leur incapacité à gérer un État de la taille de l’Égypte. Par ailleurs, leur trahison des intérêts de la patrie et leur prédisposition à agir comme un grand intermédiaire voué à préserver les intérêts de l'Amérique et d’Israël dans la région est apparue au grand jour. Ils ont conclu la trêve à Gaza et donné à l'Amérique et à Israël ce que même le régime clientéliste de Moubarak n'avait osé donner. Leur projet communautaire et obscurantiste, hostile à la démocratie, à la science, à la culture et à la tolérance, est devenu manifeste. Plus important, les masses ont découvert le caractère fallacieux de leur usage de slogans religieux pour masquer leurs plans au service du projet du « Grand Moyen-Orient » et du « chaos créateur ».



Ainsi, le nombre de protestations sociales (grèves, sit-ins, manifestations et piquets) a atteint le chiffre de 7 400 – de l'aveu même de Morsi – l'an dernier. Le taux de chômage a atteint 32%, la plupart des chômeurs disposant pourtant de qualifications moyennes ou élevées. La dette extérieure a grimpé de 34 à 45 milliards de $. La dette intérieure a augmenté de 365 milliards de livres égyptiennes au cours du règne de Morsi. La part de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté dépasse les 50% de la population. Pour résumer, la plupart des classes et couches de la société – et ses forces libérales, nationalistes et de gauche, tout comme les mouvements de jeunesse, la plupart sur des orientations de gauche et nationalistes, à quoi s'ajoutent les principales institutions étatiques, en particulier l'armée, la justice, les médias et la police – ont senti qu'il y avait un grand danger à ce que les Frères musulmans restent au pouvoir, avec leur quête ardente de la monopolisation du pouvoir et leur volonté d'exclure quiconque n'est pas avec eux, tous ceux qui ne sont pas leurs alliés, avec ces groupes terroristes qui utilisent la religion comme d'un masque.



Même des fractions importantes de la moyenne et grande bourgeoisie égyptienne dans les secteurs du tourisme, de l'industrie, du commerce, de l'agriculture et du bâtiment se sont senties menacées dans leurs intérêts par le règne des Frères musulmans qui créaient une atmosphère de chaos, d'insécurité et d'instabilité.



Le mouvement « Tamarud » (rébellion) est parvenu à rassembler 22 millions de signature pour le retrait de la confiance accordée à Morsi et l'appel à des élections présidentielles anticipées. Tous les partis, tous les syndicats et organisations ont participé à la collecte de signatures, et la campagne s'est diffusée à nos rues, nos usines, nos écoles et universités, et aux villages de tous les gouvernorats d’Égypte. La grande portée de cette campagne est qu'elle a été en mesure d'impliquer activement les citoyens égyptiens dans le mouvement révolutionnaire pour faire tomber le pouvoir des Frères musulmans. Elle a également rétabli le caractère pacifique et démocratique de l'action révolutionnaire, et formé la base d'une remise en cause du voile sacré de fausse légitimité du bulletin de vote comme seul critère de légitimité, et de validité d'un système démocratique. L'appel à une collecte de signatures s'est accompagné d'un appel à des manifestations dans toutes les places d’Égypte le 30 juin, comme un test majeur de la crédibilité de cette campagne, et comme une base pour la légitimité révolutionnaire des masses à faire chuter ce régime fasciste et déjouer le projet d'un État religieux.



La réaction des masses égyptiennes a été extraordinaire, et ce furent les plus grandes manifestations de l'histoire de l’Égypte, si ce n'est de l'histoire du monde. On a pu le vérifier par « Google earth ». Plus de 27 millions de manifestants sont sorties dans les rues en même temps dans tous les gouvernorats d’Égypte, représentant diverses classes, couches de la société égyptienne, face à des manifestations qui ne dépassaient pas 200 000 personnes du côté des Frères musulmans et de leurs alliés sur une petite place du Caire. Donc, on avait d'un côté le peuple égyptien, de l'autre les Frères musulmans et leurs alliés, isolés. C'est la réalité du tableau. C'est la réalité sur laquelle toute évaluation de la société ou toute analyse politique scientifique doit se baser.



Nous pensons que ce qui s'est passé le 30 juin est une seconde vague de la révolution égyptienne, plus forte et plus profonde que la première en 2011. Elle est là pour corriger la voie suivie par la révolution et la reprendre aux forces religieuses extrémistes qui conspirent pour voler la révolution et surfer sur la vague pour atteindre leurs objectifs fascistes et réactionnaires, et répondre aussi aux projets de l'impérialisme mondial.



Q2 – Quel est le degré de participation des travailleurs, des ouvriers dans ces manifestations ? Pourquoi les travailleurs participent-ils à la lutte contre l'Islam politique pour les droits démocratiques ?



Salah Adly : les slogans fondamentaux de la révolution de Janvier étaient : pain – liberté – justice sociale – dignité. C'est un lien essentiel de la révolution national démocratique, et qui est survenu après une longue phase historique qui a commencé dans les années 70, avec la domination du grand capital dépendant et un cycle de recul, d'arriération et de tyrannie. Durant cette période, les forces réactionnaires, en collaboration avec l'impérialisme mondial et la réaction arabe, sont parvenues à renforcer un climat qui a permis au courant de l'Islam politique – en particulier les Frères musulmans – de se développer. Les forces de la gauche ont été affaiblies, les travailleurs déplacés et les grandes industries liquidées portant un coup à toute potentialité de réaliser un développement harmonieux.



En fait, les travailleurs étaient impliqués dans la plupart des protestations qui ont monté à partir de 2006 et ont participé à toutes les manifestations populaires, comme une partie du peuple, et non organisés sur une base de classe. Cela est dû à l'absence de fortes organisations syndicales, elle-même héritage d'une tyrannie et d'une répression gouvernementale cherchant à contrôler les syndicats. C'est aussi le résultat de grandes transformations, dans la période précédente, dans la structure de classe et la composition de la classe ouvrière dans plusieurs secteurs. Elle se trouve désormais dans les PME contrôlés par le secteur privé, où les travailleurs ne peuvent pas former de syndicats. La classe ouvrière n'est pas apparue de façon claire en tant que classe dans la révolution. Par manque d'unité réelle entre les forces de gauche et par sa faiblesse dans la phase précédente pour de nombreuses raisons, que nous ne pouvons mentionner ici faute de temps, le mouvement ouvrier n'a pas émergé de façon efficace ni influente, par rapport à l'ampleur de sa participation et les grands sacrifices consentis dans la révolution.



Il est important de spécifier que les travailleurs du secteur public ont découvert que les pratiques et les attitudes des Frères musulmans ne diffèrent pas des orientations du régime de Moubarak, elles sont même pires. Les Frères musulmans ont mis en œuvre les mêmes politiques, la poursuite du programme de privatisation et la libéralisation des prix, ils n'ont pas augmenté le salaire minimum alors que c'était une des premières exigences de la révolution. Ils ont même réduit les impôts pour les patrons, continué la privatisation des services et refusé de mettre en place un programme d'assutance-santé. Ils ont insisté pour brader et hypothéquer le patrimoine public égyptien et ses institutions à travers le projet de « bons islamiques » qu'ils se sont empressés de faire adopter à la Choura (la chambre haute du parlement) contrôlée par les Frères musulmans. Leur position la plus dangereuse fut leur refus d'accepter la loi qui garantissait la liberté syndicale, dont ils avaient pourtant convenu avec toutes les forces politiques et courants syndicaux avant la révolution, et ils ont remplacé les hommes de Moubarak, dans le Syndicat général des travailleurs égyptiens contrôlé par l’État, par leurs propres hommes. Voilà la base sociale et démocratique qui explique le choix réalisé par la classe ouvrière pour la révolution contre le pouvoir des Frères musulmans et des forces de l'Islam politique, en plus d'autres raisons que j'ai déjà mentionné.



Ceux qui imaginent que les travailleurs ne se sont révoltés qu'en raison de lutte de clans ou que pour des raisons économiques se trompent. Les travailleurs sont très conscients des dangers que porte le projet des extrémistes religieux et leurs pratiques fascistes dans tous les domaines, démocratique, politique, économique, social et national.



Q3 – Dans vos communiqués, le PC d’Égypte caractérise les événements actuels comme une révolution … Quelles sont la nature, les tâches et les revendications immédiates portées par la révolution ?



Salah Adly: Oui, ce qui se passe en ce moment est une révolution. Pour être précis, c'est la seconde grande vague de la révolution de janvier 2011, puisque sa première vague a été interrompue, confisquée par les Frères musulmans en dépit du fait qu'ils n'y ont pas participé, n'ont pas appelé à la révolution ni ne l'ont faite. C'est une révolution démocratique avec une orientation clairement sociale et patriotique. Elle continue, et des couches sociales ainsi que des forces politiques très diverses (libéraux, nationalistes et forces de gauche) y ont participé. Avec la poursuite du mouvement révolutionnaire, la vérité s'est révélée sur les diverses positions, et les parti-pris de ces forces et leur volonté de continuer sur la voie de la révolution se dévoilent.



Les premières tâches démocratiques de la révolution sont de promulguer une nouvelle constitution civile démocratique qui mettent l'accent sur les droits de l'Homme, les droits des femmes et les droits économiques et sociaux des travailleurs, et qui n'entrave pas le droit du peuple à choisir son système politique et économique à l'avenir, en fonction du rapport de forces. Ainsi l'objectif de faire tomber cette Constitution communautaire, réactionnaire et déformée, plutôt que de l'amender, est un objectif fondamental pour les forces démocratiques et progressistes, à l'heure actuelle.



Une des tâches de la révolution démocratique est aussi de garantir la liberté de former des syndicats, partis politiques et associations sans ingérence gouvernementale, en rejetant la formation de partis politiques sur une base religieuse et communautaire, la pleine égalité entre hommes et femmes en droits comme en devoirs, l'égalité devant la loi et la criminalisation des discriminations, religieuses ou autres.



Parmi les tâches sociales : il y a l'élaboration d'un vaste plan de développement social reposant sur le soutien aux secteurs productifs avec la nécessité d'une répartition équitable des richesses produits au profit des pauvres et des travailleurs, en répondant à quelques exigences sociales immédiates. La priorité numéro un, c'est la mise en place d'un salaire minimum et maximum et de le fixer sur l'évolution des prix, annuler la dette des petits paysans, revoir le budget pour donner plus d'argent à la santé et à l'éducation, la construction de logements pour les personnes à bas revenus, augmenter les taxes sur les riches, reprendre possession des grandes entreprises qui ont été privatisées et lutter contre la corruption.



Les tâches nationales sont : s'opposer à la dépendance envers les États-Unis, refuser de succomber à l'hégémonie sioniste, revoir l'accord de Camp David, rétablir le rôle national de l’Égypte à l'échelle arabe, africaine, régionale et internationale, et approfondir les relations avec les pays et les peuples du Tiers-monde.



Q4 – Est-ce que les événements actuels en Egypte signifient le rejet par les Égyptiens de l' « Islam politique » ou seulement le rejet des « Frères musulmans » ?



Salah Adly: Les Frères Musulmans sont l'organisation la plus efficace et la plus influente de toutes celles que compte l'Islam politique. Toutes les autres organisations, y compris les groupes djihadistes et salafistes, étaient des alliés des Frères musulmans et sont sortis dans la dernière bataille pour défendre leur régime car ils savent que leur défaite signifierait un revers cuisant pour le projet communautaire islamiste qui est soutenu par l'administration américaine comme une alternative à l'effondrement des régimes autoritaires. Seul le parti salafiste Al-Nour a été exclu de l'alliance lors de la dernière bataille pour des considérations liées à ses relations avec l'Arabie saoudite, bien que nous sachions qu'il s'agit d'un parti réactionnaire et communautaire, opposé aux droits de l'Homme et à ceux des femmes et des minorités, y compris des autres sectes islamistes. C'était manifeste quand ils incitaient les gens à commettre des crimes, à tuer les Chiites et à traîner leurs corps dans le massacre horrible qui s'est produit dans un village le mois dernier.



Nous croyons que la bataille n'est pas terminée, et on a besoin d'une lutte politique, sociale et culturelle pour écraser la résistance et changer le climat général de ces dernières décennies.



Mais ce sur quoi nous aimerions attirer votre attention, c'est que ce qui se produit en Égypte actuellement n'est pas seulement un affrontement entre les Frères musulmans et leurs alliés de la droite religieuse, et l'appareil de sécurité de l’État. Ils se retrouvent confrontés à l'ensemble du peuple égyptien, toute religion et courants confondus, ainsi qu'à l'ensemble des institutions étatiques, y compris la justice, les médias et la culture. Dans les quartiers et dans les villages, les Frères musulmans se retrouvent face aux masses égyptiennes, ayant perdu le soutien de larges couches de la population au cours des deux dernières années. Mais l'armée et les forces de sécurité auront un rôle important à jouer dans leur affrontement contre les milices terroristes armées.



En bref, nous voyons que ce qui s'est passé constitue un revers majeur pour les desseins de la droite religieuse en général, et pas seulement pour le projet des Frères musulmans. Cela aura des implications majeures pour la région, dans la période à venir.



Q5- Quelle est votre opinion sur les arguments selon lesquels le renvoi de Morsi n'est pas démocratique car il a été élu légalement et qu'une nouvelle constitution a été ratifiée par référendum. Morsi a-t-il été renversé par l'armée égyptienne ?



Salah Adly: Ceux qui ont viré Morsi, ce sont les 22 millions de citoyens égyptiens qui ont signé un document contenant leur signature, leur nom, leur numéro de carte d'identité et le nom de leur province, écrits à la main plutôt que sur Internet, dans un référendum inédit qui a culminé dans une « grande sortie » sur toutes les places et dans toutes les rues du pays, avec 27 millions de manifestants le 30 juin, pour quatre jours consécutifs. C'est Morsi qui a lui-même perdu toute légitimité lorsqu'il a publié sa déclaration constitutionnelle dictatoriale en novembre 2011. C'est Morsi qui a piétiné les droits de l'Homme lorsque ses partisans terroristes ont assiégé la Cour constitutionnelle, quand ses milices ont torturé des manifestants devant le palais présidentiel al-Ittihadyah Palace comme le montre l'enquête menée par le bureau du procureur, et quand ses hommes ont tué des manifestants devant le QG du Parti de la Justice et de la liberté (la branche politique des Frères musulmans) sous les ordres explicites du leader du groupe et de son bras droit, comme les tueurs l'ont admis devant le procureur. C'est Morsi qui a renié ses promesses lorsqu'il avait annoncé qu'il amenderait la constitution et formerait un gouvernement de coalition. Lui et son groupe se sont soumis avec zèle aux conditions du Fonds monétaire international, et ont aussi déclaré le Djihad contre la Syrie, lors d'une conférence de forces djihadistes terroristes, sans en faire référence ni à l'armée ni au Conseil de défense national.



Par conséquent, toutes les forces politiques et tous les partis, même les Salafistes du parti Al-Nour, qui ont quitté le navire avant qu'il ne coule, ont soutenu l'idée d'élections présidentielles anticipées. Cet appel n'est pas un coup d’État contre la démocratie, au contraire, il émane du cœur de la démocratie populaire quand tout président trahit ses engagements envers le peuple et le programme sur lequel le peuple l'a élu.



Limiter la cause de la démocratie juste au « bulletin de vote » est un détournement total de l'essence de la démocratie et un rejet explicite du droit des peuples à se révolte contre leurs dirigeants autocratiques et les régimes fascistes qui instrumentalisent la région pour masquer leur nature réactionnaire et leur orientation capitaliste et de droite.



La défense de Morsi par les Etats-unis et les États capitalistes occidentaux, le fait de réduire la question à un « coup militaire » contre une « légitimité constitutionnelle » est une position formelle qui cache le fait que l'impérialisme mondial est terrifié par les révolutions populaires et leur incapacité à dépasser les frontières étroites de la démocratie bourgeoise qui dans le fond ne représente que la forme optimale de défense des intérêts des grands monopoles et de leurs agents locaux, dans le contrôle de la destinée des peuples du Tiers-monde.



Ce qui s'est passé n'est aucunement un coup militaire, mais plutôt un coup révolutionnaire du peuple égyptien pour se débarrasser d'un régime fasciste. Ce que l'armée a fait, c'est exécuter la volonté du peuple et le protéger des complots des Frères musulmans et de leurs alliés terroristes armés qui veulent attiser les conflits communautaires et les guerres civiles, diviser l'armée égyptienne et détruire les institutions de l’État égyptien afin de servir les intérêts de l'impérialisme et du sionisme dans la région.



A quel genre de coup militaire assiste-t-on lorsque des dizaines de millions de personnes se trouvent dans les rues ?!! Quel genre de coup militaire quand le responsable de la Cour constitutionnelle a déjà pris le pouvoir, ce qui était demandé par le Front de salut, qui comprend toutes les forces d'opposition dans leur diversité et par le mouvement de jeunesse « Tamarud », et ce qui avait été adopté par les masses égyptiennes ?! Quel genre de coup militaire quand un gouvernement est constitué de civils compétents sera formé et aura pleins-pouvoirs pendant une période transitoire qui n'excédera pas un an et se conclura par la promulgation d'une constitution civile démocratique, et des élections présidentielles et législatives que tout le monde voulait ? Quel genre de coup militaire autorise le droit à des manifestations pacifiques, même de ses opposants, et n'impose pas un état d'urgence ? La déclaration d'Al-Sisi, chef de l'armée égyptienne, dans laquelle il affirme que la feuille de route pour la phase de transition, n'a été annoncée qu'après un dialogue et un consensus avec les représentants du peuple égyptien, y compris la jeunesse du mouvement « Tamarud » (Rébellion), les représentants du Front de salut, le cheikh d'Al-Azhar, le pape copte et un représentant des femmes. Le peuple égyptien a fêté sur les places, dans les quartiers, les villages cette grande victoire pour le peuple égyptien et la coopération de l'armée à ses aspirations.



Nous devons, comme nous l'enseigne le marxisme, analyser la situation concrète et ne pas limiter notre vision à des préjugés rigides ou à des formules toutes prêtes. N'est-il pas intéressant de noter que les médias occidentaux ont fermé les yeux face à tout cela, refusant de voir la réalité et insistant à décrire ce qui se passait comme un coup militaire ?!



Néanmoins, nous tenons à rester vigilant dans la phase qui s'annonce, pour s'assurer que le rôle de l'Armée dans cette phase se limite à la protection du peuple et de la sécurité nationale égyptienne, qu'elle respecte ses promesses de ne pas s'ingérer directement dans les affaires politiques, pour enfin s'assurer que le peuple reste dans la rue pour gagner la mise en œuvre de leurs revendications dans la phase de transition.



Q6 – Quelle est votre analyse de la position des États-Unis sur les événements en Égypte ?



Salah Adly: Les Etats-unis ont été pris par surprise par la révolution de janvier 2011, mais ils avaient préparé des solutions de rechange en Égypte avant, lorsqu'ils ont senti que le régime de Moubarak commençait à être usé. Ils sont donc intervenus directement après sa chute pour former une alliance entre l'ancien Conseil militaire et les Frères musulmans pour remettre le pouvoir aux Frères musulmans après avoir promis de servir les intérêts des États-Unis, de garantir la sécurité d’Israël et de poursuivre une politique économique néo-libérale, contraire aux intérêts des masses populaires.



Mais les États-Unis ont découvert, après un certain temps, toute l'étendue de l'incapacité des Frères musulmans à gérer le pays, leur déficit en personnes compétentes et leur alliance persistante avec les groupes djihadistes plutôt qu'avec les forces libérales et plutôt que d'unir les gros capitalistes dans un système stable basé sur la remise du pouvoir entre les mains de cette classe, tout en préservant les intérêts américains. Les États-Unis tenaient dans le même temps à préserver les intérêts et les privilèges de l'armée afin de se garantir leur loyauté.



Mais les États-Unis étaient dans le même temps effrayés de la poursuite de cette situation révolutionnaire en Égypte, de la montée des protestations ainsi que du rejet populaire du pouvoir des Frères musulmans. Ils ont aussi fait pression sur les Frères musulmans pour mener à bien les réformes, et ont aussi fait pression sur les forces de l'opposition libérale, en particulier celles représentant les intérêts du grand capital dans les partis Wafd, le Parti des Égyptiens libres et le Parti de la constitution pour qu'elles précipitent les élections législatives, mettent fin à leur alliance avec les forces de gauche et rejettent les orientations révolutionnaires des mouvements de jeunesse qui croient que les objectifs de la révolution et la chute du régime des Frères musulmans ne peuvent être atteints que par une grande révolution populaire, et boycottent les élections.



Quand « Tamarud » (Rébellion) et son idée géniale d'ôter toute légitimité à Morsi ont réussi, cela a placé tout le monde devant un dilemme, quand de vastes couches de la population ainsi qu'une bonne partie des forces politiques y ont répondu. Cela a mis un terme aux hésitations des forces politiques, elles se sont ralliées à l'option populaire de renverser Morsi et d'organiser des élections présidentielles anticipées. Cette revendication a fait monter l'appel au renversement du régime des Frères musulmans, à la modification de la Constitution et à un changement de cap dans la révolution, avec une nouvelle légitimité révolutionnaire et une nouvelle phase transitoire sur des bases acceptables.



Les Frères musulmans, les Américains, l'armée, et mêmes les forces de l'opposition politique et la jeunesse, n'imaginaient pas que la riposte populaire atteindrait une telle ampleur qu'elle forcerait tout le monde à accomplir la volonté populaire.



Nous savons que les États-Unis ont exercé des pressions de façon flagrante sur les chefs de l'armée et les forces politiques libérales pour qu'on ne renverse pas Morsi et qu'il puisse continuer à mettre en œuvre les grosses réformes. Mais c'était trop tard, tout le monde avait compris que le peuple avait parlé et que l'alternative serait l'escalade de la guerre civile, du terrorisme et des conflits communautaires, ouvrant la porte à une intervention étrangère.



Arrivés à ce point critique qui a conduit au renversement de Morsi, l'intervention de l'armée s'est déroulée dans des conditions qui servaient les objectifs de la révolution, dans cette phase.



Il est intéressant de noter que c'est la première fois que l'armée égyptienne a désobéi à des ordres américains, ayant réalisé les grands dangers auxquels elle s'exposait, ainsi que toute la nation, si elle refusait de soutenir la révolution.



Les forces démocratiques et nationales réalisent que les leaders de l'armée ont des intérêts et des privilèges qu'ils veulent conserver, et qu'ils veulent avoir un rôle dans le système de pouvoir sans ingérence politique directe. Nous croyons qu'il faut le prendre en compte à cette étape, en insistant sur la nécessité de corriger graduellement ces choses dans la phase suivante.



Nous nous attendons à ce que les États-Unis, dans la situation actuelle, fomente des complots pour attiser les conflits, l'instabilité et soutiennent ces groupes qui veulent installer le chaos afin de réaliser ces projets de « chaos créateur », de faire de l’Égypte un autre Irak. C'est ce qui s'est passé et qui a été exposé au grand jours lors de la conspiration du 5 juillet. Ce complot a été qualifié par la jeunesse d' « agression tripartite : États-Unis, Israël et Frères musulmans » contre le peuple d’Égypte. Ce plan visait à faire capoter la révolution, remettre Morsi, semer le chaos et la terreur par des manifestations qui auraient occupé les places de la Libération en utilisant des armes et le terrorisme, en lançant une campagne de rumeurs et une guerre de désinformation sans précédent en Egypte afin de créer des divisions entre le peuple et l'armée, et au sein de l'armée, et de comploter avec des groupes djihadistes au Sinai afin de le déclarer région libérée en collusion avec Israël et les groupes islamiques à Gaza.



L’Égypte a vécu des heures critiques après le discours de terrorisme et d'intimidation prononcé par le leader du groupe fasciste, des Frères musulmans, à ses partisans sur la place Rabi’a al-Adawiyya à Nasr City, au Caire. Ce fut le signal de départ d'un grand complot contre la volonté populaire. CNN comme BBC arabe ont joué un rôle dangereux dans ce complot. Mais le peuple et l'armée ont été capables de déjouer cette intrigue et le rôle honteux joué par l'Amérique. La trahison du peuple et de la patrie par les Frères musulmans a encore une fois pu être constaté. Ce fut un coup majeur porté aux desseins de l'impérialisme, surtout américain, dans la région, une réaffirmation du triomphe de la révolution et de la volonté du peuple sur les forces de la contre-révolution.



Q7 – Comment jugez-vous le nouveau président par intérim, Adly Mansour, et que doit-il faire maintenant ?



Salah Adly: C'est un juge reconnu pour son intégrité et sa compétence, il n'a pas exprimé de préférences politiques ni adopté certains parti-pris. Le discours qu'il a fait après avoir prêté serment et pris son poste de président par intérim pendant la phase de transition était un bon discours, positif. Il a insisté sur le fait que c'était le « peuple seul » qui l'avait autorisé à prendre cette place, et que les pouvoirs qui lui étaient conférés étaient honorifiques, mais que la véritable autorité résidait dans le premier ministre qui sera choisi par consensus parmi les forces nationales et la jeunesse, et qui sera chargé de mettre en place les missions convenues par les forces nationales, démocratiques et sociales. La priorité numéro un pour le gouvernement sera d'arrêter l'effondrement économique, répondre aux revendications imminentes des travailleurs et garantir la sécurité.



Nous ressentons la nécessité à ce que continue à se manifester une pression populaire dans les rues, ce qu'a confirmé le discours d'Al-Sisi, protégeant le droit à la manifestation pacifique. Cela garantit qu'il n'y aura pas de déviation de ce qui a été convenu, que l'armée n'interviendra pas sauf dans les limites convenues pour assurer le succès de cette difficile phase transitoire.



Q8 - Quels sont les principaux défis que rencontre votre parti, en particulier par rapport aux autres forces politiques et à la création d'une alliance unifiée ?



Salah Adly: Le principal défi reste d'unir les forces de gauche pour affronter les grandes tâches qui nous incombent dans la période. Les plus importantes sont :



1 – S'assurer de la réalisation des objectifs et des tâches de la phase transitoire ;



2 – Obtenir un consensus sur un seul candidat des forces nationales et démocratiques pour mener la bataille des élections présidentielles ;



3 – Former un front des forces de gauche, des nassériens, du mouvement de jeunesse et des organisations syndicales ; préparer des listes communes pour les prochaines élections législatives et locales ; exercer des pressions pour s'assurer qu'il n'y aura pas de retrait de l'objectif de changement de cap de la révolution, dans la phase transitoire ;



4 – Chercher à renforcer et développer la structure de notre parti, renouveler le parti avec du sang frais et développer son programme afin qu'il puisse faire face aux grands défis auxquels il est confronté.

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 16:01

 

MARE NOSTRUM-copie-1

 

Le peuple palestinien dans le Naqab manifeste contre la loi Prawer
Au moment où les regards sont tournés ailleurs qu'en Palestine, le peuple palestinien poursuit sa résistance héroïque. Aujourd'hui, dans les territoires occupés en 1948, des dizaines de manifestations ont bloqué les voies, et la grève générale dans les villes arabes a été décrétée. Il s'agit de refuser la dernière expression du sionisme colonial, la loi Prawer, qui vise à expulser 40.000 Palestiniens du Naqab et la destruction de 28 villages, et la confiscation de 500.000 dunums de terres.
Pendant que les Arabes sont occupés ailleurs, puisque la majorité des médias arabes refusent de raconter ce qui se passe sur le terrain, pendant que les Arabes et musulmans en France sont occupés à parler de tout, sauf de la Palestine, alors qu'ils affirment soutenir la résistance en Palestine, aucun communiqué, rien que pour exprimer la solidarité....
Comme on l'a dit il y a plusieurs années déjà, nombreux sont les "bavards" qui aiment l'idée de la résistance, mais non les résistants...
Aujourd'hui, les prisonniers palestiniens ont décrété la grève dans la prison de Gilboa, pour protester contre la loi Prawer. 
Aujourd'hui, dans la bande de Gaza, une manifestation en soutien aux Palestiniens luttant contre la loi Prawer a eu lieu.
En ce moment même, en Cisjordanie, des manifestations sont prévues à Nablus, à al-Khalil, à Ramallah et ailleurs, contre la loi Prawer.
Jeudi, la manifestation hebdomadaire devant l'ambassade sioniste à Amman en Jordanie sera consacrée à protester contre le plan Prawer tout en réclamant la fermeture de l'ambassade et le départ de son occupant.
 Le peuple palestinien héroïque et ses forces militantes poursuivent la lutte. Depuis la Nakba, il  n'a pas baissé les bras.
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