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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 14:15

                                            CUBA SI 3 091

 

JOSE FORT

Cuba/Etats-Unis: angélisme, pragmatisme, stupidités

Au lendemain du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis et d’une possible amélioration des relations économiques entre les deux pays, deux dérives dans le commentaire sont à écarter : le refus d’une évolution inéluctable sous prétexte d’une « pureté » idéologique khmerrougienne et l’emballement aveugle ressemblant à si méprendre aux supputations médiatiques ayant suivi l’aventure de Bill Clinton donné mort politiquement après avoir été contraint à une séance de contrition publique au lendemain de s’être fait lécher le bas ventre par une stagiaire dévouée. Revenons à l’essentiel.

Barack Obama sortirait-il grand vainqueur de cet épisode ? Le président nord-américain en difficulté sur le plan intérieur n’a plus rien à perdre ne pouvant pas aspirer à un nouveau mandat. Pragmatique, il constate que la politique de blocus contre Cuba est un échec. Ce n’est pas par la grâce d’un revirement humaniste qu’il rétablit les relations, mais en misant sur une déstabilisation des autorités cubaines par l’argent et l’intoxication idéologique. Obama et son équipe savent bien que les changements opérés en Amérique du Sud sont considérables avec le maintien au pouvoir réaffirmé lors des récentes élections de gouvernements progressistes. La partie de poker que les dirigeants étatsuniens viennent d’ouvrir pourraient se résumer ainsi: tenter de pourrir Cuba de l’intérieur en prenant le temps nécessaire ; reconsidérer l’ennemi principal du moment en axant les efforts de déstabilisation sur le Venezuela. Contrairement à ce qu’écrivent en France certains amis des progressistes latinos américains, Obama ne laissera pas son nom « dans l’histoire en réussissant à sortir par le haut malgré son bilan ». Obama et l’impérialisme nord-américain s’adaptent à la nouvelle situation et ajustent leur politique. Aujourd’hui, leurs objectifs premiers portent deux noms : Caracas et Moscou. La Havane arrive, pour le moment et pas pour longtemps, en seconde position.

La question est de savoir si Cuba pourra résister une fois encore mais sous d’autres formes à l’offensive yankee nouvelle manière. En premier lieu, les donneurs de leçons d’où qu’ils viennent feraient bien de baisser le ton. Les Cubains ne sont pas nés de la dernière pluie, des plus anciens commandants de la révolution aux plus jeunes formés dans les brillantes universités cubaines qui accèdent progressivement aux rênes du pouvoir. On entend ces jours-ci ânonner les pires stupidités. Celle, par exemple, consistant à laisser croire en une divergence entre les frères Castro, comme si Fidel ne pouvait pas être directement impliqué dans la réflexion et la décision; celle encore (entendue samedi matin sur France Inter) affirmant que l’accord avait été accepté par Raul Castro pour ne pas finir comme Ceausescu ; celle encore… Le trop plein d’imbécillités a été franchi par des « commentateurs » qui ne connaissent pas Cuba, son peuple, ses réels problèmes et questionnements, l’envergure de ses dirigeants et s’en tiennent aux vieux clichés de la propagande étatsunienne, hier relayée par l’ancien président de Reporters sans frontières, le fascisant Robert Ménard, aujourd’hui par la cohorte de chroniqueurs cumulards et incultes alimentés par deux personnages qui vont rapidement disparaître des radars médiatiques, les sinistres Valdès et Machover. Des « spécialistes » qui n’ont à se mettre sous la dent que la dizaine de « dames blanches » et une bloggeuse opposante subventionnées par la CIA.

L’avancée historique dans les relations entre les Etats-Unis et Cuba mérite mieux que les petitesses entendues sur les ondes et lues dans la presse écrite françaises. Après, allez vous étonner que de Buenos Aires à Brasilia, de La Paz à Montevideo, on ne se limite plus à plaindre les Français. On se moque d’eux, de nous.

José Fort

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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 14:05

 

 

 

SNCM : Manifs à Ajaccio pour dire "Non" au redressement judiciaire !


Rédigé par José Fanchi Samedi 20 Décembre 2014



Concurrence déloyale, dumping social et fiscal, privatisation voire scandale financier, les 2 000 travailleurs n’ont pas fini d’en voir de toutes les couleurs au fil des jours, des menaces et des réunions qui n’en finissent plus de finir. Des centaines de salariés pourraient perdre leur emploi et la Corse l’outil indispensable à la mise en œuvre du service public de continuité territoriale. L’heure est grave pour la Corse et la région PACA, sinistrées par le chômage et la crise économique. Vendredi matin, après l’Assemblée de Corse, les manifestants se sont dirigés vers la préfecture de région. Ambiance


SNCM : Manifs à Ajaccio pour dire "Non" au redressement judiciaire !
Banderoles, feux de Bengale, musique et chants patriotiques, ils étaient plusieurs dizaines devant  les grilles de la préfecture de région pour manifester leur mécontentement avec en tête de la délégation, Frédéric Alpozzo accompagnés des principaux cadres de la CGT.  Selon les plus pessimistes, la perte d’emploi pourrait en fait s’avérer une véritable saignée et cela porterait le nombre d’emplois menacés à 4000 à travers l’ensemble des prestataires affectés par la perte d’activité. En Corse il est question de 1200 emplois, de l’avenir de l’école de marine, de perte sèche pour la SITEC émanation de la CTC qui gère la billetterie. Sans oublier pour autant d’autres activités comme la blanchisserie ou la fourniture de produits de consommation et de restauration qui sont concernées directement.

Des solutions existent
Pour la section d’Ajaccio du PCF, le gouvernement et la CTC font fausse route en expliquant que le redressement judiciaire serait la solution idéale pour sortir la SNCM de l’impasse. Les travaiilleurs ne sont pas d’accord : « Aujourd’hui, on se rend compte que cette vérité, conforme aux choix de Veolia et Transdev, est un mensonge mortifère pour nos emplois et le service public de continuité territoriale. Plus que jamais, il faut stopper cette marche à l’abîme dans la solidarité et dans l’action les plus larges autour des travailleurs victimes de cette politique ultralibérale et avec les organisations syndicales engagées dans la défense de la SNCM. Alors que s’ouvre la période d’observation, par sa force, ce mouvement social et populaire permettra de sauver l’emploi et le service public. En ce sens le gouvernement doit reprendre la main pour :
  • - Garantir la continuité de la SNCM par l’intervention de la Caisse des Dépôts au capital de Transdev et donc sa sortie immédiate du Redressement judiciaire
  • - Régulariser la participation de la CDC au capital de la SNCM
  • - Préserver l’emploi en Corse et sur le continent en imposant le respect des règles du pavillon français premier registre pour tout armateur opérant sur les lignes de la continuité territoriale
  • - Défendre les contentieux jusqu’au bout des cinq prochaines années de procédure afin de garantir le maintien de l’attribution de la DSP au groupement CMN-SNCM et d’obtenir l’annulation des dernières décisions de l’Union Européenne pour la défense de toutes les compagnies publiques maritimes et aériennes, SNCM-CMN et AIR CORSICA-AIR France, et des emplois qu’elles génèrent.

Frédéric Alpozzo : "Notre modèle social va disparaître"

SNCM : Manifs à Ajaccio pour dire "Non" au redressement judiciaire !

La délégation a été reçue vendredi matin par le groupe communiste de l’Assemblée de Corse et s’est rendue aussitôt devant les grilles de la préfecture de région rejoindre l’ensemble des manifestants.

Le patron du syndicat des marins CGT a expliqué les raisons de l’annulation de ces entretiens : « Simplement en raison de l’absence du président de l’Office des Transports, mais la commission de l’Office des Transports aurait dû normalement nous recevoir compte tenu des graves conséquences que cela aura pour la SNCM et les 2000 salariés sans oublier les entreprises induites mais également sur la DSP.
« Aujourd’hui, nous considérons qu’il n’y a pas de repreneur sérieux  pour la SNCM et qu’il ne peut y avoir de repreneur sérieux sans entrer les conditions qui ne sont pas réunies. C'est-à-dire avoir un repreneur pour la SNCM dans le cadre d’une restructuration certes, mais s’il n’y a plus de compagnie, cela signifie que le contrat de service public ne tient plus la route juridiquement. Cela veut dire aussi que pour « échapper » au contentieux que je qualifierai de « bidon » de l’Union Européenne porté par Corsica Ferries, on va abandonner des pans entiers d’activités et il faudrait que la nouvelle entreprise ne ressemble plus à quoi que ce soi par rapport à la SNCM. En clair, il faudra séparer les activités malgré les emplois que cela représente pour Marseille et pour la Corse, et abandonner Toulon, Nice et Marseille en période estivale. On devrait être fixé à partir de lundi prochain au sortir du comité d’entreprise. Le calendrier qui est fixé avec une remise des appels d’offres à repreneur jusqu’au 19 janvier et ensuite, pour le dépouillement, il faudra attendre fin janvier début février. »

- Que peut-on dire aujourd’hui ?
-  Aujourd’hui on est dans une issue illégale qui va produire une offre de reprise « bidon » pour arriver à la liquidation et au démantèlement de la SNCM. Ce qui est sûr, c’est que dans ces conditions, nous rejetterons une telle issue. Les personnels seront en situation de refuser et les licenciements et l’absence d’avenir et donc d’arrêter totalement l’activité. »


- Et la privatisation ?
-  Nous avons déjà mené le combat en 2005 et elle a eu lieu en partie. Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans l’idéologie du capital en premier lieu, mais qu’on veuille garder la minorité de blocage avec les salariés, à savoir 34% du capital public. On n’est pas opposés à l’entrée des collectivités au capital mais c’est elles qui ne veulent pas aujourd’hui ; le président du Conseil Exécutif souhaite voir disparaître cette compagnie, ce qui n’est pas de son ressort et qui relève de prise illégale d’intérêt et de volonté de favoriser la compagnie concurrente low cost. Aujourd’hui, il y a une société qui existe, on a demandé de gros efforts aux salariés, on a perdu beaucoup d’emplois depuis dix ans, la flotte a été divisée par deux, ça n’a que trop duré. Nous n’accepterons pas de fausse solution qui conduisent à la destruction, ce qui est en train de se passer. Ce qui va disparaitre, c’est notre modèle social…
J. F.  


SNCM : Manifs à Ajaccio pour dire "Non" au redressement judiciaire !
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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 13:44

 

 

 

 

                          Bon natale  a tutti

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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 13:25

 

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denisdurand.jpgDenis Durand:

Coût du capital : des luttes immédiates à la perspective d’une transformation radicale

Des millions de nos concitoyens s’attendent à vivre plus mal dans les années à venir qu’aujourd’hui.

Et que leur répond-on ? C’est de votre faute, vous coûtez trop cher ! Vous les salariés des entreprises privées qu’on licencie. Et vous les fonctionnaires et les agents des services publics dont on détruit les emplois et dont on bloque les salaires ! Selon les financiers, le MEDEF,  et selon le gouvernement, l’économie française sera plus « compétitive » s’il y a moins d’ouvriers dans l’automobile et la chimie, moins d’infirmières, d’enseignants, de chercheurs…

La dernière prouesse du gouvernement en date est l’annonce par François Hollande que les milliards du CICE seront transformée à partir de 2017 en exonérations de cotisations sociales. Toujours au nom de la baisse du « coût du travail » pour la compétitivité !

Pourtant, la preuve est faite depuis longtemps que ces politiques n’ont aucune influence positive sur l’emploi et la croissance, bien au contraire. 

Les politiques de « baisse du coût du travail » ne sont pas une « politique de l’offre » ;
elles ne font qu’affaiblir l’économie

Entre 1991 et 2010, les exonérations dont bénéficient les patrons sont passées de 4 % à quelque 28 % des cotisations sociales patronales, soit un manque à gagner total de 280,8 milliards d’euros sur vingt ans !  Or, au cours de cette période, le chômage et la précarité n'ont pas cessé de croître et, dans les années 2000, le déficit commercial de la France a explosé avec, au cœur, le déficit des échanges industriels, particulièrement vis à vis de l'Allemagne.

Cela s’explique. La politique de « baisse du coût du travail » mine l’économie de deux façons :

  • elle engendre une insuffisance de la demande de consommation des salariés et de leurs familles, y compris du fait de la mise en concurrence accrue entre salariés,  tirant vers le bas toute la structure des salaires ;
  • elle affaiblit l’offre par l’insuffisance des qualifications, accroissant nos handicaps face aux exigences des nouvelles technologies.

En faisant obstacle à la croissance, cette politique pousse aux délocalisations des entreprises vers les pays où la croissance est plus forte, en particulier les États-Unis.

Et pendant qu’on culpabilise les salariés avec le « coût du travail », on écrase l’économie avec les prélèvements opérés par les actionnaires, les banques, les marchés financiers.

La vérité sur le coût du capital

Ce que l'on appelle le coût du travail, c'est la somme des salaires et des cotisations sociales employeur appelées par le MEDEF « charges sociales ». Il est sans cesse dénoncé comme trop élevé par les patrons qui en font la cause essentielle des pertes réelles ou supposées de compétitivité. Ainsi, en même temps qu'ils s’acharnent à geler les salaires, ils ne cessent d'exiger des baisses de « charges sociales ».

Mais les entreprises subissent des coûts du capital considérables qui sont autant de prélèvements sur les richesses nouvelles qu'elles produisent (valeur ajoutée) et dont l’effet est de plus en plus parasitaire.

Le coût du capital financier, c'est la somme des dividendes qu’elles versent aux actionnaires et des charges d'intérêts qu'elles payent aux banques et aux autres organismes financiers qui leur prêtent de l’argent. Il représente beaucoup plusl que leurs cotisations sociales employeurs effectivement versées (chiffres INSEE pour l’année 2013, Comptes de la nation) : 260,9 milliards d’euros contre 162,2 milliards d’euros.

Il s’agit d’un prélèvement sur toute la richesse créée, au bénéfice des banques, des financiers et des actionnaires. Nettement supérieur, par exemple à l’investissement matériel des entreprises (291 milliards d’euros en moyenne chaque année entre 2004 et 2013 ans contre 219 milliards).

Cette ampleur révèle un problème majeur : la domination du capital financier sur toute l’économie et, partant, sur la vie de tous, du chômeur au cadre, en passant par les précaires, les ouvriers, les enseignants ou les infirmières, les étudiants ou les retraités.

Le plus grave, dans cette affaire, c’est que les exigences de rentabilité financière imposent leur loi à la gestion des entreprises. Les patrons ne décideront de produire, d’embaucher, d’investir que s’ils prévoient que cela permettra de dégager assez de profits pour satisfaire les exigences des actionnaires et des marchés financiers. Soit ils n’investiront pas et préféreront placer leur argent sous forme de titres financiers. Soit ils feront tout pour rendre l’investissement assez rentable au regard des critères des marchés financiers, et ils sacrifieront les salaires, la formation, la recherche.

Faire face au coût du capital, ce n’est donc pas seulement prendre de l’argent aux patrons, ou leur en donner moins. C’est leur prendre le pouvoir ! C’est-à-dire imposer des décisions visant des objectifs sociaux plutôt que la rentabilité financière exigée par les marchés financiers.

Faire reculer le coût du capital est donc un enjeu politique crucial : c’est combattre la dictature des marchés financiers. L’alternative réside dans la conquête de pouvoirs, par les travailleurs et les citoyens, dans la gestion des entreprises, des services publics, des collectivités publiques, des banques, pour faire prévaloir des choix favorables au développement des capacités humaines, et non à la rentabilité des capitaux privés.

Ce serait l’enjeu central de la politique économique, mais surtout des mobilisations populaires, si un jour les conditions étaient créées d’un rassemblement majoritaire pour mener une politique transformatrice en France et en Europe.

Le levier essentiel est de mobiliser à cet effet le pouvoir des banques et des banques centrales – créer, par leurs opérations de crédit, la monnaie qui circule dans l’économie. À la place des financements dominés par les marchés financiers, il faut un nouveau crédit pour les investissements matériels et de recherche des entreprises, avec des taux d’intérêt d’autant plus réduits (jusqu’à 0 %, et même jusqu’à des taux négatifs pour les projets les plus efficaces) que seront programmés davantage de créations d’emplois et d’actions de formation.

C’est l’affaire de luttes et de rassemblements politiques autour d’objectifs concrets : créations chiffrées d’emplois, développement de services publics dans les territoires, investissements dans la recherche et la formation…

C’est la raison pour laquelle l’exigence d’une réorientation du crédit est si importante : avec leur pouvoir de création monétaire (soutenu par celui des banques centrales) les banques pourraient rendre possible la réalisation de projets aujourd’hui bloqués par la dépendance de notre économie envers les marchés financiers. Un pôle public financier, avec des banques nationalisées, serait l’un des instruments qui contribueraient à y parvenir mais l’expérience des nationalisations de 1982 a montré que cela ne suffisait pas ; il faut une conquête de pouvoirs à tous les niveaux où se prennent les décisions, « du local au mondial ».

Agir à tous les niveaux de décisions pour arracher des pouvoirs au capital, avec de nouveaux critères de financement

Cela commence dans l’entreprise avec de nouveaux pouvoirs des salariés et de leurs représentants syndicaux pour faire prendre en compte des projets industriels efficaces, développant l’emploi, la formation, la recherche et créer ainsi davantage de valeur ajoutée en économisant sur les investissements matériels et les ressources naturelles. Pour avoir une portée réelle, ces pouvoirs doivent pouvoir s’étendre à la mobilisation des crédits bancaires nécessaires au financement de ces projets.

Cela continue dans l’environnement immédiat de l’entreprise : les localités, les bassins d’emplois, où les citoyens peuvent interpeller les directions d’entreprises sur les projets d’investissement, de licenciements ou de délocalisations, les banques sur leur contribution au développement du tissu économique local, les pouvoirs publics sur leur soutien à l’emploi et au développement du territoire.

Dès le niveau local, et plus encore au niveau régional, des outils d’intervention économiques devraient être mobilisés à l’appui de ces mobilisations. Par exemple, il faut abolir les exonérations de cotisations sociales qui alourdissent le coût du capital ; au contraire, les entreprises et les collectivités publiques qui investissent pour développer l’emploi et les services publics devraient pouvoir bénéficier de bonifications d’intérêts, versées par des fonds régionaux pour l’emploi et la formation pour réduire le coût de leurs emprunts, sous le contrôle des salariés et des citoyens.

La même logique devrait prévaloir au niveau national avec un fonds national travaillant en liaison avec un pôle financier public associant en réseau les institutions financières existantes (Banque publique d’investissement, Banque postale, Caisse des dépôts, Banque de France…) avec des banques nationalisées et avec les banques mutualistes qui occupent une place considérable dans notre système financier.

Parallèlement, la fiscalité des entreprises serait utilisée pour pénaliser les délocalisations, les sorties de capitaux, les licenciements, la précarisation des emplois, les gaspillages d’investissements matériels et de ressources naturelles. C’est à cela que serviraient

  • la taxation des revenus financiers des entreprises ;
  • un impôt sur les sociétés rendu progressif et modulé selon la politique d’emploi, de salaires et de formation des entreprises assujetties ;
  • la modulation des cotisations sociales patronales selon le même principe. Le taux de cotisation sociale patronale de chaque entreprise serait modulé selon que la part de la masse salariale dans sa valeur ajoutée serait supérieure ou inférieure à la moyenne de sa branche. ;
  • la création d’un impôt sur le capital ancré dans les territoires et favorisant la création de valeur ajoutée.

Mais la France n’est pas isolée dans le monde. Elle est prise dans la « mondialisation » financière qui est le terrain de domination des marchés financiers. La construction européenne actuelle est conçue pour l’y enchaîner avec la monnaie unique, la banque centrale prétendue indépendante et les contraintes budgétaires formalisées dans le Pacte de stabilité puis dans le « traité sur la stabilité et la gouvernance » européennes et l’encadrement de plus en plus invasif des politiques budgétaires nationales.

Il faut donc une autre construction européenne pour retourner le pouvoir de la Banque centrale européenne contre les marchés financiers. Ses dirigeants reconnaissent aujourd’hui que les 1 000 milliards d’euros prêtés aux banques en novembre 2011 et février 2012 n’ont pas servi à revitaliser l’économie de la zone euro et ils cherchent maintenant à « cibler » cet argent vers les investissements des PME. Mais les remèdes qu’ils préparent risquent d’être pires que le mal. Ils relancent la « titrisation » des crédits aux PME (c’est-à-dire leur vente sous forme de titres négociables sur un marché financier), comme on l’a fait aux États-Unis pour les crédits immobiliers aux ménages subprime, avec les résultats qu’on sait !

C’est donc une toute autre voie qu’il convient d’emprunter. La BCE devrait remonter sévèrement le taux d’intérêt auquel elle refinance les crédits bancaires qui nourrissent la spéculation financière et immobilière. À l’inverse, elle devrait refinancer à 0 % les crédits finançant des investissements répondant à des critères précis en matière économique (création de valeur ajoutée dans les territoires), sociaux (emploi, formation, salaires) et écologiques (économies d’énergie et de matières premières).

Le Fonds de développement économique, social et écologique européen proposé par le programme L’humain d’abord ! du Front de gauche serait destiné à cela, et au financement du développement des services publics. Ses ressources seraient apportées par des titres acquis, dès leur émission, par la BCE. Cette pratique est interdite par les traités européens actuels : il est donc urgent de rendre irrésistible l’exigence de les remplacer par un nouveau traité. Dès aujourd’hui, on peut exiger qu’un Fonds européen de ce type soit financé par la Banque européenne d’Investissements qui, elle-même, peut se refinancer auprès de la BCE (les deux institutions l’ont officiellement confirmé en mai 2009).

Dès aujourd’hui en effet : car seul le développement des luttes sociales et politiques, en France et en Europe, pourra avoir la force de rendre irrésistibles, face au pouvoir du capital et des marchés financiers, ces exigences. Ces luttes existent.

Quelques exemples.

  • La CGT de l’entreprise chimique Kem One a développé son propre projet de relance de l’activité après que son précédent propriétaire, un financier américain, l’avait ruinée. Le projet CGT définissait les moyens d’une reprise de l’entreprise avec la participation de ses partenaires historiques (Total, Arkema, EDF) et celle de la puissance publique via la BPI et le fonds régional pour l’emploi de la région Rhône-Alpes. Il prévoyait le financement par les banques de 400 millions d’euros d’investissement et réclamait le soutien de la BCE et de la Banque de France à ces crédits sous forme d’un refinancement à 0 %. Faute d’un soutien jusqu’au bout du gouvernement Ayrault, ce projet n’a pas été retenu mais son existence a pesé dans les conditions qui ont permis la reprise conjointe par deux opérateurs privés, sans licenciements, sans baisse des salaires et avec la totalité de l’activité de l’entreprise. Les points positifs et négatifs de cette expérience sont riches d’enseignements pour les luttes qui vont se poursuivre pour l’emploi et pour un autre crédit, en France et en Europe.
  • Après avoir fait adopter par le Conseil de Paris un vœu contre le recours aux agences de notation, les élus communistes de la Ville de Paris mènent campagne, avec une pétition, pour un financement à taux 0 des investissements les plus prioritaires de la ville ;
  • Le Front de gauche de Saint-Gratien (Val-d’Oise) fait des propositions concrètes pour libérer la ville des emprunts toxiques et reconstituer sa capacité d’investissement dans le développement des services publics…

Ce n’est pas là la voie de la facilité et des solutions magiques : mais c’est la seule qui peut nous rendre plus forts que les marchés financiers pour nous libérer du coût du capital.

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21 décembre 2014 7 21 /12 /décembre /2014 13:20

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Paul Boccara: Le projet de loi Macron : pâté d’alouette et hyperlibéralisme

 Le projet de loi prétend libérer l’activité. C’est l’intitulé de la conférence de presse de Macron du 15 octobre, même si ça va passer en janvier. Mais libérer l’activité, en réalité pour l’essentiel il s’agit de l’hyper-libéralisme.

 Et surtout faire encore davantage pour  le patronat, le Medef, les privatisations, les profits capitalistes et la rentabilité financière.

Il y a une démagogie de présentation. Bien sûr. Sous prétexte de faciliter la vie des entreprises comme il dit, il s’agit du patronat et des grandes entreprises plus que des PME, et  au contraire c’est  la pression sur les salariés, même s’il y a un effort de démagogie d’intégration des salariés sur l’intéressement. Et donc à l’opposé de l’intérêt général, de l’intérêt public, c’est libérer au contraire les entreprises des contrôles publics et de l’intérêt général. Et y compris en relation avec les directives européennes et l’intégration européenne.

Et politiquement d’ailleurs, par rapport au PS et à l’orientation du PS, ça va dans le sens de la mise en cause des idées même du socialisme, du parti socialiste. Avec le pari de faire une sorte de parti libéral, économique et politique, avec d’ailleurs sans doute la recherche d’alliances avec le centre, pour prendre la place de la droite en quelque sorte, avec toutes les illusions dans ce sens. Et il y a aussi une démagogie considérable avec le pâté d’alouette, le fourre-tout de toutes sortes de mesures mais un pâté d’alouette, avec d’une part une alouette de quelques ouvertures et assouplissements pour l’efficacité, et plusieurs chevaux d’hyper libéralisme réactionnaire. Et avec toute cette démagogie d’ailleurs, corporatisme dit-on, on pointe les notaires et les professions juridiques  mais aussi les syndicats.

Alors, par rapport aux défis réels de la situation économique, en France, et sociale, en réalité, ça  tend à renforcer les difficultés actuelles de la croissance, au lieu de changer, en prétendant le contraire.  Tandis qu’on a un emploi très bas,  un chômage très haut : 10,4%, une croissance atone 0,4% en 2014, une faiblesse de l’investissement, on veut renforcer la politique d’austérité, la politique de rentabilité financière pour les entreprises et  les banques contre les contrôles et incitations d’intérêt général. Donc on veut renforcer la politique libérale du Medef, déjà avec le pacte de responsabilité et le CICE, et même faciliter l’investissement financier, sous prétexte d’investissement, au lieu de changer d’orientation.

Dans la conférence de presse du 15 octobre, Macron dit « il y a trois maladies de la France » : premièrement  la défiance, notamment vis-à-vis du gouvernement, mais précisément cette défiance vient du fait que  les promesses d’agir contre la domination financière n’ont pas été respectées et on a fait le contraire, favoriser la rentabilité financière et le patronat, le grand patronat contre les salariés. Et  il dit aussi, deux autres maladies après la défiance, c’est la complexité et le corporatisme. Mais pour le projet de  loi Macron il s’agit pour l’essentiel de l’hyperlibéralisme : privatisations, etc.  Et le corporatisme d’ailleurs, ça prétend viser les notaires  mais c’est  également les syndicats. Il s’agit  aussi des actifs publics : faire respirer les actifs publics, ça veut dire privatiser.

Et d’ailleurs, même Le Monde du 8- 9 décembre parle de démagogie à propos de la justice prud’homale. Alors qu’on prétend  conserver la parité salariés-patronat,  réduire les délais, il y a surtout la réalité qu’on veut favoriser les entreprises et leur domination contre la parité (contre les représentants des salariés en fait). …contre les conquêtes  des droits sociaux acquis

1) Privatisations / rentabilité financière,avec ausi le problème de faire respirer les actifs publics, il y a notamment privatisation pour le GIAT(les armements), les aéroports-  Côte d’Azur et Lyon, les CHU, valorisation industrielle et commerciale des CHU. Donc toute une série de privatisations.

 2) Ensuite l’abaissement, le recul des contrôles publics d’intérêt général sur les entreprises, avec tout ce qui s’appelle « alléger les obligations sur les entreprises », « simplifier les obligations sur les entreprises », « faciliter la vie des entreprises », des intitulés d’articles et encore « simplifier … pour les sociétés européennes ».

3) Troisièmement, le problème d’intégration salariale, avec sous prétexte de renforcer l’intéressement et l’épargne salariale faciliter leur  utilisation pour les investissements, les entreprises.

4) Quatrièmement, la justice prud’homale transformée en prétendant garantir la parité patronat- syndicats, mais en réalité il y aura prédominance du patronat.

Plus que ça ils veulent  réduire  le rôle des juges prudhommaux syndicaux

5) Cinquièmement, étendre la directive concernant le travail du dimanche,

6) Dans l’énorme pâté d’alouette, faciliter, dans une certaine mesure, les transports par autocar.  C’est ambivalent. Cela  peut sembler en partie, dans une certaine mesure, positif, en partie  pousser la privatisation  et la concurrence par rapport aux chemins de fer...

Mais est-ce que ça ne serait pas aussi  à mettre en lien avec la dette française du réseau ferroviaire ?

C’est évidemment  ambivalent. Pour la SNCF ils disent il y a aussi  le système de sociétés d’autocar de la SNCF. Evidemment  le projet de loi Macron dit oui à d’autres sociétés pour la concurrence. De fait Ils veulent privatiser

 Il  y a donc démagogie et  pâté d’alouette. dans ce projetde loi

.Sur le plan théorique c’est évidemment proche de ce que raconte Tirole, d’ailleurs il le cite,  et c’est la lutte contre les soi-disant rigidités, c’est à dire tous les  concepts  libéraux néoclassiques …ça rejoint le rapport  de la Commission  Attali dont Macron était  rapporteur sous Sarkozy.

 Le projet de loi Macron sur le plan théorique, c’est Hyperlibéral : les rigidités syndicales, les rigidités  de Etat, les rigidités publiques, et effectivement il s’agit de  beaucoup insister là- dessus. En fait pour soi -disant libérer le patronat, toujours de leurs  « charges » entre guillemets, et contre les travailleurs, contre les syndicats, contre une vraie régulation publique.

Non seulement les intérêts des  travailleurs n’existent pas dans le projet de loi Macron, mais les éléments de régulation sociale  on ne les a pas, ou  s’ils existent, c’est de façon très démagogique et libérale.

 3. Eléments d’alternative

 Quatre ensembles, pour libérer réellement et développer l’activité réelle de la société

  1. Autre financement et création monétaire, pour l’emploi, la croissance réelle, les investissements réels et les services publics.
  2.   Contrôle public des entreprises privées, des banques, de la BPI( banque publique d’investissement, de la BCE, contre la spéculation financière, pour des obligations sociales pour les salariés.
  3. Extension et participation des entreprises publiques, avec de nouveaux critères de gestion
  4. Droits et pouvoirs nouveaux des travailleurs et usagers, d’intervention dans les gestions des entreprises et services, développement des CDI( contrats à durée indéterminés)
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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 09:16

 

 

 

Eliane Assassi, sénatrice communiste:

« Sénateurs UMP, centristes, radicaux et socialistes se retrouvent pour voter des lois qui fondent l’action du gouvernement sur l’austérité. Quoi d’étonnant puisque ce sont les mêmes qui, ensemble, ont voté au Sénat la capitulation devant le traité budgétaire européen précité ? Ainsi, le retour de la droite au Sénat arrange bien les affaires du gouvernement et de sa majorité, comme l’affirmait sans ambages, Michel Sapin dans Le Monde du 20 novembre : « C’est plus facile de débattre avec un Sénat de droite animé de cet état d’esprit qu’avec un Sénat de gauche ingouvernable ». »

19 décembre 2014

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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 09:02

 

 

                                                     solidarité internationaliste

 

l

CUBA« ne veut pas instaurer un SOCIALISME de MARCHÉ»                                                                  
source:Cuba debate
samedi 6 décembre 2014
par  Traduit par Pascale HEBERT

Par Rosa Miriam Elizalde et traduit par Pascale Hebert

José Luis Rodriguez, Ministre de l’Economie à Cuba entre 1995 et 2009, est l’un des rares experts de l’île qui propose publiquement une analyse systématique et rigoureuse, depuis des positions socialistes, des transformations qui agitent l’île.

 

Avancer stratégiquement dans la création des conditions pour un développement durable à moyen terme.

 

Dans un pays qui se lève tous les jours avec un nouveau décret au Journal Officiel, qui avance vers des changements structurels de son modèle économique, on entend très peu les fonctionnaires expliquer les mesures dans le langage de la rue, tandis que dans la sphère numérique –avec une grande capillarité dans l’île malgré les faibles infrastructures d’Internet -fleurissent toutes sortes d’analyses spéculatives, fréquemment étayées par des propositions néolibérales.

Quoi qu’il en soit, l’économie est le grand sujet de conversation dans le pays. Cuba est confrontée à un dilemme crucial : ou bien elle actualise, révise et reconstruit sa structure économique ou bien la Révolution court le risque de succomber sous la pression combinée de ses propres erreurs et des agressions du blocus des Etats-Unis en une période très délicate de réajustement du Consensus de Washington vis-à-vis de l’île.

Rodriguez, assesseur du Centre de Recherches de l’Economie Mondiale (CIEM) de La Havane, répond à des questions à la veille de la dernière session plénière de l’année du Parlement cubain qui a à son agenda l’analyse des résultats de ce qu’il est convenu d’appeler « processus d’actualisation » et des projets pour 2015.

Vers où se dirige Cuba ?

Pourquoi parler d’actualisation et non de réforme économique ?

- C’est peut-être dû à deux raisons : d’un côté, on a voulu insister sur le fait que tous les changements proposés supposent l’actualisation du modèle social, que l’on a qualifié aussi de socialisme possible ; d’un autre côté, on a voulu prendre ses distances vis-à-vis de réformes -soit disant destinées à perfectionner le socialisme- qui ont conduit à sa disparition en Europe.

-Quel est exactement le modèle économique choisi ? Vers où se dirige Cuba ?

- Le modèle de socialisme cubain choisi suppose le perfectionnement de la société qui s’est construite jusqu’ici et qui possède plusieurs traits fondamentaux qui confirment son origine socialiste.

En premier lieu, on maintient la propriété sociale des moyens de production fondamentaux, c’est-à-dire ceux qui s’avèrent déterminants pour le développement du pays. On établit des limites à la montée en puissance de la propriété non étatique en réduisant sa capacité d’accumulation et on assure la prestation de services sociaux élémentaires universellement et gratuitement.

En même temps, on ouvre des espaces à la petite propriété privée, telle que l’auto-entreprise ou le travail indépendant, à la propriété coopérative agropastorale et non agropastorale et aux entreprises mixtes à capital étranger. On part ainsi du principe que d’autres formes de propriété non étatique peuvent contribuer au développement du pays, sans être prédominantes et si on les oriente de façon appropriée, c’est-à-dire sans qu’elles deviennent prépondérantes.

C’est un changement significatif, mais on y est parvenu en partant du fait que, d’une part, la propriété exclusivement étatique n’assure pas la réussite du socialisme dans la phase de construction du socialisme dans laquelle nous nous trouvons et que, d’autre part, pendant des années on a essayé de suivre cette voie et le bilan n’a pas été positif.

Enfin, il y a longtemps que la théorie marxiste est parvenue à la conclusion que l’existence de relations de marché dans la société obéit à un certain degré de développement dans lequel on ne peut socialiser directement le travail individuel des producteurs et que l’on a besoin de toutes les catégories mercantiles pour le faire .

C’est pourquoi le besoin s’impose de reconnaître cette réalité si nous voulons avancer vers un développement plus rationnel. Cela ne signifie pas que l’existence de relations de marché –dans la mesure où celles-ci sont reconnues- ne doivent pas être surveillées et soumises au contrôle social pour contrebalancer leurs effets socialement négatifs. Ce que j’ai dit auparavant nous donne l’idée que dans nos conditions, c’est ce qui peut nous assurer un développement socialiste possible, conformément aux circonstances de sous-développement dans lesquelles évolue notre économie, bien que, assurément, ce ne soit pas simple du tout.

Socialisme de marché

- Depuis que ce qu’il est convenu d’appeler la cubanologie, on interprète ce qui est en train de se passer à Cuba comme « la transition vers une économie sociale de marché » qui nécessairement doit être accompagnée de changements structurels dans le système politique du pays. Qu’en pensez-vous ?

- Concernant le premier point, toute personne qui étudiera l’évolution historique des expériences de ce qu’il est convenu d’appeler le socialisme réel, comprendra clairement que nous, nous ne voulons pas instaurer un socialisme de marché.
C’est une expression qui servait à qualifier les réformes économiques entreprises dans les années 60 du siècle dernier qui ont favorisé une large introduction de mécanismes de marché dans des pays comme la Yougoslavie, la Hongrie et aussi l’URSS avec la Perestroïka.

Ces réformes supposaient que le marché dans son fonctionnement n’était pas du tout contradictoire avec le socialisme. C’est pourquoi on a élargi de plus en plus la présence de ces mécanismes pour rendre plus « efficiente » la gestion économique, sans tenir compte de la connotation sociale de ceux-ci et sans surveiller ni contrebalancer leurs effets pervers. L’Histoire a démontré que le socialisme de marché est devenu le marché tout court, sans socialisme

Les critiques de la cubanologie suivent la logique que si on introduit le marché, on doit le pousser jusqu’à ses ultimes conséquences, c’est-à-dire le capitalisme –pour parvenir à une efficience supérieure- Partant de là, ils présupposent euphémiquement des changements politiques pour s’adapter à cette tendance, ce qui revient à provoquer la transition vers le capitalisme.. Ils auront beau retourner le problème dans tous les sens, c’est ce qui constitue le fond de leurs « recommandations ».

- Nombreux sont ceux qui exigent plus de célérité dans les changements et nombreux même sont ceux qui se prononcent pour un « électrochoc ». Est-il possible d’imposer un rythme plus rapide aux transformations ?

- On ne peut pas perdre de vue qu’après les longues années de la Période Spéciale, les attentes de la population sont nombreuses et dans bien des cas intenses.

Cependant, l’ampleur des changements nécessaires dans le fonctionnement de l’économie pour satisfaire les besoins de la population sont d’une grande ampleur et d’une grande complexité. Il s’agit même de mettre en œuvre des mesures pour lesquelles il n’existe pas d’expériences dans notre environnement.

C’est pourquoi il faut une période d’essai pour valider et même pour évaluer non seulement leur impact économique mais aussi sociopolitique, étant donné la grande importance des facteurs subjectifs dans ce processus.

Une décision précipitée en ce sens peut compromettre le processus d’actualisation. Ceci ne signifie pas que l’on n’avance pas dans tout ce qui et possible et ne met pas en péril les objectifs stratégiques à atteindre. Par exemple, on a pris des décisions qui flexibilisent la vente de logements privés, l’accès aux installations touristiques internationales et on accepte l’embauche de retraités qui peuvent, en plus, toucher un salaire sans perdre leur pension.

En résumé, je pense que la consigne du Président Raul Castro d’avancer sans précipitation mais sans pauses, a toute sa validité.

Il est difficile de préciser les rythmes de changements dans l’économie.

- Dans quels secteurs le changement espéré quand on a approuvé les Lignes Directrices il y a deux ans et demi ne s’est-il pas produit ?

- En premier lieu, il faut rappeler que les Lignes Directrices ont une période de mise en œuvre de 5 ans, ou plus dans certains cas. C’est pourquoi beaucoup des effets attendus dans le planning d’application peuvent encore être en cours de réalisation.

D’autre part, la concrétisation des résultats dans l’économie cubaine qui a un niveau d’ouverture supérieur à 47% -et qui dépend donc beaucoup aussi de ce qui se passe dans l’économie internationale- est soumise à un haut degré d’incertitude. Si à cette réalité, nous ajoutons la présence du blocus économique des Etats-Unis, il est très difficile de parvenir à une grande précision dans les rythmes de changement de l’économie.

En plus de ça, il y a des mesures qui, à l’origine, ont été prises sous certaines prémisses et qui, au fil du temps, ont dû être complétées par d’autres décisions. Un exemple est celui de l’affectation de terres incultes à la production agropastorale qui était régie à l’origine par le Décret Loi 259 et qui, ensuite, a été complétée par le Décret Loi 300, ainsi que par une autre série de mesures destinées à faciliter la gestion du secteur.
L’expérimentation de nouvelles formes de gestion du pouvoir populaire dans les provinces d’Artemisa et Mayabeque s’est aussi prolongée dans le temps au-delà du délai prévu initialement, à partir de l’analyse des expériences de sa complexe mise en œuvre.

- Quels bénéfices perçoit-on des transformations initiées en 2011 ?

- L’ordonnancement du modèle économique cubain a nécessairement dû commencer par les grandes décisions qui modifient la structure de la gestion de la macroéconomie, c’est pourquoi, logiquement, c’est une sphère dans laquelle nous pouvons percevoir quelques résultats importants.

Si nous considérons les problèmes les plus significatifs que recueillent les lignes directrices de la politique économique et sociale, nous constaterons que ceux-ci sont le déséquilibre du commerce extérieur et la basse productivité présents dans le pays.

Sur le premier point, on observe que d’un solde commercial négatif par rapport au PIB qui était de – 5% en 2008, on est passé à un solde positif de + 1,6% en 2013 grâce à la croissance des exportations et à la substitution des importations et à l’épargne.

En d’autres termes, le solde positif du commerce extérieur apporte des recettes qui permettent d’initier un processus graduel de renégociation et de paiement de la dette extérieure ; Sur ce dernier point, on voit que l’on a obtenu récemment une remise de 90% de la dette avec l’ancienne URSS auprès de la Russie –dette inscrite au Club de Paris- et on a obtenu aussi la remise de 70% de la dette avec le Mexique, en même temps que l’on consacrait une part substantielle des recettes à liquider les dettes extérieures, à partir de 2009.

Tout ceci a une importance stratégique, car cela permet de créer de meilleures conditions pour accroître les investissements étrangers, de faire grimper le taux d’investissement du pays et d’augmenter les rythmes de croissance jusqu’à atteindre en quelques années seulement des taux de l’ordre de 6% à 8%.

Quant à la productivité du travail, celle-ci a augmenté de 7,8% ces cinq dernières années, rythme qui, bien qu’il ne soit pas très élevé, a permis dans la dernière période que cet indicateur augmente plus vite que le salaire moyen pour éviter des pressions inflationnistes.

Cependant, il reste beaucoup à faire pour parvenir à une croissance équilibrée et durable, mais cela aussi demande du temps et des ressources.

La fin de la double monnaie, un ajustement précautionneux.

-La majorité de la population ne ressent pas encore d’améliorations de la microéconomie. Comment maintenir le consensus dans de telles conditions ?

- Tout processus d’ajustement économique –même s’il est fait avec des critères essentiels pour préserver les acquis de notre société- implique des défis inévitables à court terme. L’un des plus grands défis est probablement la façon de réaliser les changements structurels indispensables pour que le pays se développe et, en même temps, d’obtenir des améliorations dans le niveau de satisfaction des besoins de la population qui –comme on l’a déjà noté- cumule des carences liées à la Période Spéciale.

Quelques unes des décisions prises vont dans ce sens. Par exemple, le processus de restructuration des entreprises étatiques permet que celles-ci ajustent le paiement des salaires aux résultats productifs, ce qui –là où on a appliqué les mesures proposées- a permis d’augmenter substantiellement les salaires sans provoquer de pressions inflationnistes, ce qui ouvre potentiellement de nouvelles alternatives à 49% des actifs du secteur étatique qui travaillent dans des entreprises.

La situation est plus complexe dans la fonction publique, mais -sans compromettre l’équilibre fiscal indispensable- on a également haussé les salaires dans le secteur de la santé et du sport. De la même façon, dans le secteur non étatique –où travaillent environ 26% des actifs- on obtient des revenus plus élevés.

Cependant, malgré ces progrès et les potentialités que l’on perçoit, la détérioration du salaire réel et les restrictions pour étendre des services comme les transports et la construction de logements constituent des facteurs à prendre en compte dans la lutte pou l’indispensable équilibre que l’on doit atteindre progressivement entre la satisfaction des attentes et la création des conditions pour y prétendre.

Avec ce progrès, nécessairement graduel, on doit atteindre un plus haut niveau d’information et de participation des travailleurs dans tout ce processus, ce qui constitue, à mon avis, un élément essentiel pour maintenir le consensus indispensable.

-Quel est le poids de l’unification monétaire dans la réussite globale de la transformation de l’économie à Cuba ?

- La dualité monétaire qui a conduit à la circulation parallèle du peso cubain (CUP) et du peso convertible (CUC), qui a été mise en œuvre en 1993, a permis d’éviter une dévaluation du taux de change officiel qui –s’il s’était produit- aurait conduit à une situation très difficile à contrôler. Dans le secteur des entreprises, il a permis également de mettre en œuvre en parallèle un processus de décentralisation de la prise de décisions que nous pouvons aujourd’hui évaluer positivement avec la distance qui nous sépare des années 90.

La dualité monétaire a aussi permis –à travers la création des Bureaux de Change (CADECA) de drainer une part significative de l’excès de liquidité qui s’était accumulé entre les mains de la population dans ces années-là et qui avait atteint 73% du PIB. En même temps, on ouvrait une consommation en devises –elle aussi grevée par un impôt sur les ventes- au moins pour la partie de la population qui y avait accès, proportion qu’on est parvenu à évaluer à environ 60% de la population à la fin de la décennie précédente.

Tous ces effets positifs se sont perdus progressivement dans la mesure où la double circulation monétaire et le double taux de change qui y était associé ont rendu de plus en plus complexe la gestion de la comptabilité dans deux monnaies, ce qui rendait très difficile l’évaluation de la situation économique réelle du pays.
Par conséquent, un processus de changements comme le processus actuel a comme exigence indispensable d’ordonner notre comptabilité et nos statistiques en revenant à un système monétaire unique avec le peso cubain comme base.

Cependant, il s’agit là d’un processus d’une extrême complexité qui prendra nécessairement beaucoup de temps, puisqu’il s’agit de dévaluer le taux de change officiel qui se maintient aujourd’hui à 1 CUP = 1 CUC ou peso convertible (équivalent à un dollar américain) et faire converger le taux de change entre l’Etat et la population où on change 1 CUC contre 25 CUP. C’est sans doute une opération dans laquelle il faut avancer précautionneusement pour qu’elle soit couronnée de succès.

Actuellement, on travaille sur le bloc des transformations les plus complexes dans une conjoncture extérieure défavorable. Cependant, la feuille de route qui a été tracée avec les Lignes Directrices approuvés en 2011, assure les changements indispensables pour avancer stratégiquement dans la création des conditions pour un développement durable à moyen terme.

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20 décembre 2014 6 20 /12 /décembre /2014 08:46

 

                                                                               Terre Corse

                                                 

Manif pour la SNCM et le service public de continuité territoriale
  •  
Après avoir été précipitée dans l’impasse de la concurrence déloyale qui pratique le dumping social et fiscal, puis vers une privatisation au parfum de scandale financier, les 2000 travailleurs de la SNCM pourraient perdre leur emploi et la Corse l’outil indispensable à la mise en œuvre du service public de continuité territoriale.

 

 

                                     fl-che-copie-1.gifhttp://terrecorse.tumblr.com/                                 

                                                            

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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 14:54

                                                                    pcf.jpg

 

 

benglamareenoire.jpgMarée noire au Bangladesh :

« rompre le silence et agir avec urgence »

Nous apprenons qu'une catastrophe environnementale et humaine se déroule actuellement au Bangladesh : une marée noire est en train de détruire la plus grande forêt de mangroves du monde dont 200 000 personnes, souvent très pauvres, dépendent pour leur nourriture. Située dans le Sundarbans, dans le delta du Gange, ce sont déjà près de 50km2 qui sont recouverts par les 350 000 litres de pétrole qui se sont échappés lors d'une collision entre deux bateaux. Sur place, on assiste à des scènes irréelles où, livrés à eux-mêmes, les Bangladais tentent seuls de lutter contre la marée noire, armés de pelles et de filets de pèche. Le pétrolier quant à lui se contente de racheter aux Bangladais le pétrole qu'ils ramassent : le cynisme et la cupidité atteignent ici leur paroxysme. Aussi, au-delà du drame humain ce sont aussi près de 260 espèces d'oiseaux, des espèces déjà menacées, comme le tigre du Bengale, le crocodile marin ou le python indien qui sont directement mis en danger dans une forêt classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le PCF déplore que cette catastrophe, touchant un pays pauvre, ne provoque pas de réactions à la hauteur du drame. 30 ans après la catastrophe de Bhopal presque jour pour jour, c’est encore la préservation des profits qui passe avant la protection de l’environnement et des populations qui y vivent. Ces populations sont victimes d’une double injustices : la pauvreté qui les rend très vulnérables pour faire face à de tels événements et l’indifférence générale de la communauté internationale. Au contraire, des moyens d’urgence pour enrayer cette pollution devraient être débloqués dès maintenant, et, à plus long terme, devrait être instauré une solidarité internationale pour permettre à ces pays de sécuriser leurs moyens de transports de combustibles et pouvoir se doter d’une législation environnementale du même niveau que celle des pays riches.

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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 14:47

                                                                        cerveau animé

 

 

 

 

"Cuba ne veut pas instaurer un socialisme de marché"
Rosa Myriam ELIZALDE

José Luis Rodriguez, Ministre de l’Economie à Cuba entre 1995 et 2009, est l’un des rares experts de l’île qui propose publiquement une analyse systématique et rigoureuse, depuis des positions socialistes, des transformations qui agitent l’île.

Avancer stratégiquement dans la création des conditions pour un développement durable à moyen terme.

Dans un pays qui se lève tous les jours avec un nouveau décret au Journal Officiel, qui avance vers des changements structurels de son modèle économique, on entend très peu les fonctionnaires expliquer les mesures dans le langage de la rue, tandis que dans la sphère numérique – avec une grande capillarité dans l’île malgré les faibles infrastructures d’Internet – fleurissent toutes sortes d’analyses spéculatives, fréquemment étayées par des propositions néolibérales.

Quoi qu’il en soit, l’économie est le grand sujet de conversation dans le pays. Cuba est confrontée à un dilemme crucial : ou bien elle actualise, révise et reconstruit sa structure économique ou bien la Révolution court le risque de succomber sous la pression combinée de ses propres erreurs et des agressions du blocus des Etats-Unis en une période très délicate de réajustement du Consensus de Washington vis-à-vis de l’île.

Rodriguez, assesseur du Centre de Recherches de l’Economie Mondiale (CIEM) de La Havane, répond à des questions à la veille de la dernière session plénière de l’année du Parlement cubain qui a à son agenda l’analyse des résultats de ce qu’il est convenu d’appeler « processus d’actualisation » et des projets pour 2015.

Vers où se dirige Cuba ?

Pourquoi parler d’actualisation et non de réforme économique ?

- C’est peut-être dû à deux raisons : d’un côté, on a voulu insister sur le fait que tous les changements proposés supposent l’actualisation du modèle social, que l’on a qualifié aussi de socialisme possible ; d’un autre côté, on a voulu prendre ses distances vis-à-vis de réformes -soit disant destinées à perfectionner le socialisme- qui ont conduit à sa disparition en Europe.

-Quel est exactement le modèle économique choisi ? Vers où se dirige Cuba ?

- Le modèle de socialisme cubain choisi suppose le perfectionnement de la société qui s’est construite jusqu’ici et qui possède plusieurs traits fondamentaux qui confirment son origine socialiste.

En premier lieu, on maintient la propriété sociale des moyens de production fondamentaux, c’est-à-dire ceux qui s’avèrent déterminants pour le développement du pays. On établit des limites à la montée en puissance de la propriété non étatique en réduisant sa capacité d’accumulation et on assure la prestation de services sociaux élémentaires universellement et gratuitement.

En même temps, on ouvre des espaces à la petite propriété privée, telle que l’auto-entreprise ou le travail indépendant, à la propriété coopérative agropastorale et non agropastorale et aux entreprises mixtes à capital étranger. On part ainsi du principe que d’autres formes de propriété non étatique peuvent contribuer au développement du pays, sans être prédominantes et si on les oriente de façon appropriée, c’est-à-dire sans qu’elles deviennent prépondérantes.

C’est un changement significatif, mais on y est parvenu en partant du fait que, d’une part, la propriété exclusivement étatique n’assure pas la réussite du socialisme dans la phase de construction du socialisme dans laquelle nous nous trouvons et que, d’autre part, pendant des années on a essayé de suivre cette voie et le bilan n’a pas été positif.

Enfin, il y a longtemps que la théorie marxiste est parvenue à la conclusion que l’existence de relations de marché dans la société obéit à un certain degré de développement dans lequel on ne peut socialiser directement le travail individuel des producteurs et que l’on a besoin de toutes les catégories mercantiles pour le faire .

C’est pourquoi le besoin s’impose de reconnaître cette réalité si nous voulons avancer vers un développement plus rationnel. Cela ne signifie pas que l’existence de relations de marché –dans la mesure où celles-ci sont reconnues- ne doivent pas être surveillées et soumises au contrôle social pour contrebalancer leurs effets socialement négatifs. Ce que j’ai dit auparavant nous donne l’idée que dans nos conditions, c’est ce qui peut nous assurer un développement socialiste possible, conformément aux circonstances de sous-développement dans lesquelles évolue notre économie, bien que, assurément, ce ne soit pas simple du tout.

Socialisme de marché

- Depuis que ce qu’il est convenu d’appeler la cubanologie, on interprète ce qui est en train de se passer à Cuba comme « la transition vers une économie sociale de marché » qui nécessairement doit être accompagnée de changements structurels dans le système politique du pays. Qu’en pensez-vous ?

- Concernant le premier point, toute personne qui étudiera l’évolution historique des expériences de ce qu’il est convenu d’appeler le socialisme réel, comprendra clairement que nous, nous ne voulons pas instaurer un socialisme de marché.
C’est une expression qui servait à qualifier les réformes économiques entreprises dans les années 60 du siècle dernier qui ont favorisé une large introduction de mécanismes de marché dans des pays comme la Yougoslavie, la Hongrie et aussi l’URSS avec la Perestroïka.

Ces réformes supposaient que le marché dans son fonctionnement n’était pas du tout contradictoire avec le socialisme. C’est pourquoi on a élargi de plus en plus la présence de ces mécanismes pour rendre plus « efficiente » la gestion économique, sans tenir compte de la connotation sociale de ceux-ci et sans surveiller ni contrebalancer leurs effets pervers. L’Histoire a démontré que le socialisme de marché est devenu le marché tout court, sans socialisme

Les critiques de la cubanologie suivent la logique que si on introduit le marché, on doit le pousser jusqu’à ses ultimes conséquences, c’est-à-dire le capitalisme –pour parvenir à une efficience supérieure- Partant de là, ils présupposent euphémiquement des changements politiques pour s’adapter à cette tendance, ce qui revient à provoquer la transition vers le capitalisme.. Ils auront beau retourner le problème dans tous les sens, c’est ce qui constitue le fond de leurs « recommandations ».

- Nombreux sont ceux qui exigent plus de célérité dans les changements et nombreux même sont ceux qui se prononcent pour un « électrochoc ». Est-il possible d’imposer un rythme plus rapide aux transformations ?

- On ne peut pas perdre de vue qu’après les longues années de la Période Spéciale, les attentes de la population sont nombreuses et dans bien des cas intenses.

Cependant, l’ampleur des changements nécessaires dans le fonctionnement de l’économie pour satisfaire les besoins de la population sont d’une grande ampleur et d’une grande complexité. Il s’agit même de mettre en œuvre des mesures pour lesquelles il n’existe pas d’expériences dans notre environnement.

C’est pourquoi il faut une période d’essai pour valider et même pour évaluer non seulement leur impact économique mais aussi sociopolitique, étant donné la grande importance des facteurs subjectifs dans ce processus.

Une décision précipitée en ce sens peut compromettre le processus d’actualisation. Ceci ne signifie pas que l’on n’avance pas dans tout ce qui et possible et ne met pas en péril les objectifs stratégiques à atteindre. Par exemple, on a pris des décisions qui flexibilisent la vente de logements privés, l’accès aux installations touristiques internationales et on accepte l’embauche de retraités qui peuvent, en plus, toucher un salaire sans perdre leur pension.

En résumé, je pense que la consigne du Président Raul Castro d’avancer sans précipitation mais sans pauses, a toute sa validité.

Il est difficile de préciser les rythmes de changements dans l’économie.

- Dans quels secteurs le changement espéré quand on a approuvé les Lignes Directrices il y a deux ans et demi ne s’est-il pas produit ?

- En premier lieu, il faut rappeler que les Lignes Directrices ont une période de mise en œuvre de 5 ans, ou plus dans certains cas. C’est pourquoi beaucoup des effets attendus dans le planning d’application peuvent encore être en cours de réalisation.

D’autre part, la concrétisation des résultats dans l’économie cubaine qui a un niveau d’ouverture supérieur à 47% -et qui dépend donc beaucoup aussi de ce qui se passe dans l’économie internationale- est soumise à un haut degré d’incertitude. Si à cette réalité, nous ajoutons la présence du blocus économique des Etats-Unis, il est très difficile de parvenir à une grande précision dans les rythmes de changement de l’économie.

En plus de ça, il y a des mesures qui, à l’origine, ont été prises sous certaines prémisses et qui, au fil du temps, ont dû être complétées par d’autres décisions. Un exemple est celui de l’affectation de terres incultes à la production agropastorale qui était régie à l’origine par le Décret Loi 259 et qui, ensuite, a été complétée par le Décret Loi 300, ainsi que par une autre série de mesures destinées à faciliter la gestion du secteur.

L’expérimentation de nouvelles formes de gestion du pouvoir populaire dans les provinces d’Artemisa et Mayabeque s’est aussi prolongée dans le temps au-delà du délai prévu initialement, à partir de l’analyse des expériences de sa complexe mise en œuvre.

- Quels bénéfices perçoit-on des transformations initiées en 2011 ?

- L’ordonnancement du modèle économique cubain a nécessairement dû commencer par les grandes décisions qui modifient la structure de la gestion de la macroéconomie, c’est pourquoi, logiquement, c’est une sphère dans laquelle nous pouvons percevoir quelques résultats importants.

Si nous considérons les problèmes les plus significatifs que recueillent les lignes directrices de la politique économique et sociale, nous constaterons que ceux-ci sont le déséquilibre du commerce extérieur et la basse productivité présents dans le pays.

Sur le premier point, on observe que d’un solde commercial négatif par rapport au PIB qui était de – 5% en 2008, on est passé à un solde positif de + 1,6% en 2013 grâce à la croissance des exportations et à la substitution des importations et à l’épargne.

En d’autres termes, le solde positif du commerce extérieur apporte des recettes qui permettent d’initier un processus graduel de renégociation et de paiement de la dette extérieure ; Sur ce dernier point, on voit que l’on a obtenu récemment une remise de 90% de la dette avec l’ancienne URSS auprès de la Russie – dette inscrite au Club de Paris- et on a obtenu aussi la remise de 70% de la dette avec le Mexique, en même temps que l’on consacrait une part substantielle des recettes à liquider les dettes extérieures, à partir de 2009.

Tout ceci a une importance stratégique, car cela permet de créer de meilleures conditions pour accroître les investissements étrangers, de faire grimper le taux d’investissement du pays et d’augmenter les rythmes de croissance jusqu’à atteindre en quelques années seulement des taux de l’ordre de 6% à 8%.

Quant à la productivité du travail, celle-ci a augmenté de 7,8% ces cinq dernières années, rythme qui, bien qu’il ne soit pas très élevé, a permis dans la dernière période que cet indicateur augmente plus vite que le salaire moyen pour éviter des pressions inflationnistes.

Cependant, il reste beaucoup à faire pour parvenir à une croissance équilibrée et durable, mais cela aussi demande du temps et des ressources.

La fin de la double monnaie, un ajustement précautionneux.

-La majorité de la population ne ressent pas encore d’améliorations de la microéconomie. Comment maintenir le consensus dans de telles conditions ?

- Tout processus d’ajustement économique –même s’il est fait avec des critères essentiels pour préserver les acquis de notre société- implique des défis inévitables à court terme. L’un des plus grands défis est probablement la façon de réaliser les changements structurels indispensables pour que le pays se développe et, en même temps, d’obtenir des améliorations dans le niveau de satisfaction des besoins de la population qui –comme on l’a déjà noté- cumule des carences liées à la Période Spéciale.

Quelques unes des décisions prises vont dans ce sens. Par exemple, le processus de restructuration des entreprises étatiques permet que celles-ci ajustent le paiement des salaires aux résultats productifs, ce qui – là où on a appliqué les mesures proposées – a permis d’augmenter substantiellement les salaires sans provoquer de pressions inflationnistes, ce qui ouvre potentiellement de nouvelles alternatives à 49% des actifs du secteur étatique qui travaillent dans des entreprises.

La situation est plus complexe dans la fonction publique, mais – sans compromettre l’équilibre fiscal indispensable – on a également haussé les salaires dans le secteur de la santé et du sport. De la même façon, dans le secteur non étatique –où travaillent environ 26% des actifs- on obtient des revenus plus élevés.

Cependant, malgré ces progrès et les potentialités que l’on perçoit, la détérioration du salaire réel et les restrictions pour étendre des services comme les transports et la construction de logements constituent des facteurs à prendre en compte dans la lutte pou l’indispensable équilibre que l’on doit atteindre progressivement entre la satisfaction des attentes et la création des conditions pour y prétendre.

Avec ce progrès, nécessairement graduel, on doit atteindre un plus haut niveau d’information et de participation des travailleurs dans tout ce processus, ce qui constitue, à mon avis, un élément essentiel pour maintenir le consensus indispensable.

-Quel est le poids de l’unification monétaire dans la réussite globale de la transformation de l’économie à Cuba ?

- La dualité monétaire qui a conduit à la circulation parallèle du peso cubain (CUP) et du peso convertible (CUC), qui a été mise en œuvre en 1993, a permis d’éviter une dévaluation du taux de change officiel qui – s’il s’était produit – aurait conduit à une situation très difficile à contrôler. Dans le secteur des entreprises, il a permis également de mettre en œuvre en parallèle un processus de décentralisation de la prise de décisions que nous pouvons aujourd’hui évaluer positivement avec la distance qui nous sépare des années 90.

La dualité monétaire a aussi permis –à travers la création des Bureaux de Change (CADECA) de drainer une part significative de l’excès de liquidité qui s’était accumulé entre les mains de la population dans ces années-là et qui avait atteint 73% du PIB. En même temps, on ouvrait une consommation en devises – elle aussi grevée par un impôt sur les ventes — au moins pour la partie de la population qui y avait accès, proportion qu’on est parvenu à évaluer à environ 60% de la population à la fin de la décennie précédente.

Tous ces effets positifs se sont perdus progressivement dans la mesure où la double circulation monétaire et le double taux de change qui y était associé ont rendu de plus en plus complexe la gestion de la comptabilité dans deux monnaies, ce qui rendait très difficile l’évaluation de la situation économique réelle du pays.

Par conséquent, un processus de changements comme le processus actuel a comme exigence indispensable d’ordonner notre comptabilité et nos statistiques en revenant à un système monétaire unique avec le peso cubain comme base.

Cependant, il s’agit là d’un processus d’une extrême complexité qui prendra nécessairement beaucoup de temps, puisqu’il s’agit de dévaluer le taux de change officiel qui se maintient aujourd’hui à 1 CUP = 1 CUC ou peso convertible (équivalent à un dollar étasunien) et faire converger le taux de change entre l’Etat et la population où on change 1 CUC contre 25 CUP. C’est sans doute une opération dans laquelle il faut avancer précautionneusement pour qu’elle soit couronnée de succès.

Actuellement, on travaille sur le bloc des transformations les plus complexes dans une conjoncture extérieure défavorable. Cependant, la feuille de route qui a été tracée avec les Lignes Directrices approuvés en 2011, assure les changements indispensables pour avancer stratégiquement dans la création des conditions pour un développement durable à moyen terme.

traduit par Pascale Hebert

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