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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 14:13

                                                                  MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

Bank of GreeceLes grèves sont légion à Athènes depuis que la troïka et les gouvernements européens ont décidé de saigner à blanc les travailleurs et les citoyens au nom du sacro-saint remboursement de la dette. Mais celle du mardi 19 février a particulièrement fait enrager Antónis Samarás et ses ministres. C’est en effet ce jour-là que François Hollande est arrivé dans la capitale hellénique pour contrôler que le premier ministre grec respecte bien à la lettre les recommandations de Bruxelles. Et c’est aussi ce jour-là que les journalistes se sont mis en grève, provoquant un véritable black-out de l’information. Un mouvement social du syndicat des journalistes qui a provoqué la colère du porte-parole officiel du gouvernement, Simos Kedikoglou, selon lequel « la décision de l’ESIEA (association des rédacteurs de la presse quotidienne à Athènes – NDLR) de provoquer une grève de vingt-quatre heures le 19 et non le lendemain a pour objectif évident de passer sous silence la visite du président français en Grèce ».

 

Mais si les ministres et les collaborateurs de Samaras sont irrités, les citoyens et les travailleurs grecs le sont encore plus depuis que certains media ont diffusé une information qui, pour beaucoup, équivaut à la goutte d’eau qui fait déborder le vase. En effet, selon le quotidien Parapolitika, plus de trente-cinq députés ont demandé un prêt à la banque de Grèce pour « besoins financiers exceptionnels » et chacun d’eux s’est vu attribuer, sans exception, une somme de 10.000 euros. Quinze autres demandes émanant d’autres parlementaires étaient quant à elles en attente d’être évaluées. Cela fait pourtant bien longtemps que les banques n’accordent plus de prêts aux entreprises ou aux ménages grecs, étranglés par les coupes budgétaires et la hausse des impôts. Une situation qui ne fait qu’accréditer l’idée selon laquelle les « représentants du peuple » jouissent d’un bien contestable traitement de faveur.

 

Les travailleurs ont encore battu le pavé le 20 février pour une énième journée de manifestation contre les politiques d’austérité imposées par la troïka à tout le peuple grec. L’annonce faite par Parapolitika leur aura donné une raison supplémentaire de le faire. La grève générale annoncée par l’ADEDY (confédération des syndicats des fonctionnaires publics), la GSEE (confédération générale des travailleurs grecs) et le PAME (front militant de tous les travailleurs) a paralysé le pays durant vingt-quatre heures. Les syndicats réclament un arrêt immédiat des coupes claires dans les budgets sociaux et des licenciements dans la fonction publique dans un pays où le taux de chômage atteint désormais 27 % de la population active. Un pourcentage qui n’est pas prêt de baisser avec la prochaine fusion de grands groupes bancaires qui devrait jeter sur le carreau quelque 25.000 employés du secteur…

 

Les organisations de travailleurs exigent également que cesse la politique de répression des employés des grandes entreprises contraints de plus en plus souvent à des grèves sauvages pour bloquer les licenciements. Une politique diligentée par la troïka et suivie le plus souvent d’interventions brutales des forces de l’ordre. Misère, violences policières et sombres perspectives sont désormais le pain quotidien des citoyens grecs. La situation est explosive et les victimes de cette saignée programmée pourraient vite se rendre compte qu’ils n’ont plus que leurs chaînes à perdre…

 

Capitaine Martin   

 source: Résistance-politique.fr
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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 14:10

 

 

http://www.medelu.org/Ce-que-le-film-Lincoln-ne-dit-pas

 

 

À l’occasion de la sortie en salle de Lincoln, le film réalisé par Steven Spielberg, Mémoire des luttes publie un article inédit en France, et dont le propos sera, à n’en pas douter, absent de la plupart des commentaires et des critiques proposés par les grands médias.

Qui sait que le seizième président des Etats-Unis fut très proche des idées socialistes et des revendications du mouvement ouvrier ? Et qu’il liait indissociablement la question de l’abolition de l’esclavage à celle de l’émancipation de la classe ouvrière tout entière ?

On verra en quoi l’adaptation de Steven Spielberg déforme l’histoire, et les raisons idéologiques et culturelles de ce parti pris.

Cet article est publié en français et dans sa version originale en espagnol (sur le site Publico). Il est accompagné de la lettre de félicitations que reçut Abraham Lincoln le 30 décembre 1864 de la Première Internationale pour sa toute récente réélection. Ce document d’histoire – réelle, elle – fut rédigé par Karl Marx.

Le film Lincoln, produit et dirigé par l’un des réalisateurs les plus connus des Etats-Unis, Steven Spielberg, a provoqué un regain d’intérêt pour la figure d’Abraham Lincoln. Un président qui, comme Franklin D. Roosevelt, a marqué la culture étatsunienne et l’imaginaire collectif. Ce personnage politique fait figure de garant de l’unité du pays après la défaite des Confédérés qui aspiraient à la sécession des Etats du Sud vis-à-vis de l’Etat fédéral. Il s’est également distingué dans l’histoire des Etats-Unis en abolissant l’esclavage et en offrant la liberté et la citoyenneté aux descendants des immigrés d’origine africaine, à savoir à la population noire dite « afro-américaine ».

Lincoln a également été le fondateur du Parti républicain. Un parti qui, à l’origine, n’avait pas grand chose à voir avec la formation actuelle, fortement influencée par un mouvement – le Tea Party – chauvin, raciste et particulièrement réactionnaire, derrière lequel se cachent des intérêts économiques et financiers déterminés à éliminer l’influence du gouvernement fédéral sur la vie économique, sociale et politique du pays.

Le Parti républicain du président Lincoln était au contraire une organisation fédéraliste qui considérait le gouvernement central comme le garant des droits humains. Parmi ces derniers, c’est l’émancipation des esclaves, thème majeur de Lincoln, qui fut le principal cheval de bataille du président. L’abolition de l’esclavage permit aux individus asservis d’acquérir le statut de travailleurs propriétaires de leur propre travail.

Mais Lincoln, avant même de devenir président, considérait d’autres conquêtes sociales comme faisant partie des droits humains. Parmi elles, le droit du monde du travail à contrôler non seulement son travail, mais aussi le produit de son travail. Le droit à l’émancipation des esclaves transforma ces derniers en individus libres salariés, unis – selon lui – par des liens fraternels avec les autres membres de la classe laborieuse, indépendamment de la couleur de leur peau. L’ambition de rendre l’esclave libre et celle de faire du travailleur – qu’il soit blanc ou noir – le maître non seulement de son travail, mais aussi du produit de son travail, étaient aussi révolutionnaires l’une que l’autre.

La première faisait de l’esclave un individu libre et propriétaire de son travail, tandis que la seconde rendait la classe laborieuse maîtresse du produit de son travail. Lincoln tenait à ces deux aspects de l’émancipation. Or le second est totalement absent dans le film. Il est ignoré. J’utilise délibérément le terme « ignoré » plutôt qu’« occulté », car il est tout à fait possible que les auteurs du film ou du livre dont il s’inspire ne connaissent même pas la véritable histoire d’Abraham Lincoln.

La guerre froide, qui perdure dans le monde culturel - y compris universitaire - des Etats-Unis et la domination écrasante de ce que l’on nomme là-bas la corporate class (à savoir la classe des propriétaires et des fondés de pouvoir du grand capital) sur la vie non seulement économique, mais aussi civique et culturelle, explique que l’histoire officielle des Etats-Unis enseignée à l’école et dans les universités soit fortement biaisée. Elle est purifiée de toute « contamination » idéologique liée au mouvement ouvrier, qu’il s’agisse du socialisme, du communisme ou de l’anarchisme.

La vaste majorité des étudiants américains, y compris ceux des universités les plus prestigieuses, ignorent que la fête du 1er mai, célébrée à travers le monde en tant que Journée mondiale du travail, rend hommage aux syndicalistes américains morts en défendant la journée de huit heures (au lieu de douze). C’est cette victoire qui permit de porter avec succès cette revendication dans la plupart des pays du monde. Or aux Etats-Unis, le 1er mai, outre qu’il n’est pas férié, est le jour dit de la loi et de l’ordre – Law and Order Day – (lire l’ouvrage A People’s History of the United States, de Howard Zinn). La véritable histoire des Etats-Unis est fort différente de la version officielle promue par les structures de pouvoir étatsuniennes.

Des sympathies politiques ignorées et/ou occultées

Lincoln, lorsqu’il était membre de la Chambre des représentants de son Etat (l’Illinois), sympathisait avec les revendications socialistes du mouvement ouvrier, non seulement américain, mais aussi international. Pour lui, le droit des travailleurs à contrôler le produit de leur travail était un droit humain, ce qui constituait à l’époque – et constitue encore aujourd’hui – une position tout à fait révolutionnaire. Or ni le film ni la culture dominante aux Etats-Unis n’en font état. Cet aspect a été opportunément oublié par les appareils idéologiques de l’Establishment américain contrôlés par la corporate class.

En réalité, Lincoln considérait l’esclavage comme la domination suprême du capital sur le travail. Son opposition aux structures de pouvoir des Etats du Sud s’expliquait justement par le fait qu’elles représentaient pour lui les piliers d’un régime économique fondé sur l’exploitation absolue des travailleurs. Il voyait ainsi dans l’abolition de l’esclavage la libération non seulement de la population noire, mais de tous les travailleurs, y compris ceux appartenant à la classe laborieuse blanche, dont le racisme allait selon lui à l’encontre de ses propres intérêts.

Pour Lincoln, « le travail précède le capital. Le capital est seulement le fruit du travail et il n’aurait jamais pu exister si le monde du travail n’avait tout d’abord existé. Le travail est supérieur au capital et mérite donc une plus grande considération (…). Dans la situation actuelle, c’est le capital qui détient tout le pouvoir et il faut renverser ce déséquilibre ». Il n’aura pas échappé aux lecteurs des écrits de Karl Marx, contemporain d’Abraham Lincoln, que certaines de ces phrases sont très proches de celles utilisées par le penseur allemand dans son analyse de la relation capital/travail au sein d’un système capitaliste.

Nombre de lecteurs seront en revanche surpris d’apprendre que l’oeuvre de Karl Marx a influencé Abraham Lincoln, comme le montre de manière très détaillée le journaliste et écrivain John Nichols dans son excellent article intitulé  »Reading Karl Marx with Abraham Lincoln Utopian socialists, German communists and other republicans », publié dans Political Affairs (27 novembre 2012) et dont sont extraites les citations et la plupart des éléments figurant dans le présent article.

Les écrits de Karl Marx étaient connus des intellectuels, tel Lincoln, qui se montraient très critiques vis-à-vis de la situation politique et économique des Etats-Unis. Marx écrivait régulièrement dans The New York Tribune, le journal intellectuel le plus influent dans le pays à cette époque. Son directeur, Horace Greeley, se considérait comme socialiste. Il admirait Karl Marx à qui il proposa de rédiger des chroniques dans son journal.

The New York Tribune comptait d’ailleurs parmi ses collaborteurs un grand nombre de militants allemands qui avaient fui les persécutions pratiquées dans leur pays d’origine. Il s’agissait à l’époque d’une Allemagne fortement agitée, avec la naissance d’un mouvement ouvrier remettant en cause l’ordre économique existant. Certains de ces immigrés allemands (connus aux Etats-Unis, à cette époque, sous le nom de « Républicains rouges ») luttèrent ensuite au côté des troupes fédérales commandées par le président Lincoln pendant la guerre de Sécession.

Greely et Lincoln étaient amis. Greeley et son journal soutinrent dès le départ la carrière politique de Lincoln. Ce fut d’ailleurs Greeley qui lui conseilla de se porter candidat à la présidence du pays. De plus, de nombreux éléments indiquent que Lincoln était un fervent lecteur du New York Tribune. Lors de sa campagne électorale pour la présidence des Etats-Unis, il proposa à plusieurs « Républicains rouges » d’intégrer son équipe. Auparavant déjà, en tant que membre du Congrès représentant les citoyens de Springfield, dans l’Etat de l’Illinois, il s’était fréquemment montré solidaire des mouvements révolutionnaires d’Europe, en particulier de Hongrie, en signant des documents témoignant de son soutien.

Au côté des travailleurs des Etats-Unis et du monde entier

Loin d’être fortuite, la connaissance qu’avait Lincoln des traditions révolutionnaires de l’époque résultait de sa sympathie pour le mouvement ouvrier international et ses institutions. Il encouragea ainsi les travailleurs des Etats-Unis à organiser et à mettre sur pied des syndicats, y compris au cours de son mandat de président, ce qui explique qu’il fut nommé membre honoraire de plusieurs d’entre eux. Aux syndicats de New York, il déclara : « Vous avez compris mieux que quiconque que la lutte contre l’esclavage vise à émanciper le monde du travail, c’est-à-dire tous les travailleurs. La libération des esclaves du Sud et celle des travailleurs du Nord ne sont qu’un seul et même combat ». Pendant la campagne électorale, Lincoln adopta une posture anti-esclavagiste, précisant sans équivoque que l’émancipation des esclaves permettrait aux travailleurs de réclamer des salaires leur offrant une vie décente et digne, contribuant ainsi à augmenter la rémunération de tous les travailleurs, qu’ils soient noirs ou blancs.

Dans leurs textes, Marx comme Engels relatèrent avec enthousiasme la campagne de Lincoln au moment où tous deux préparaient la Première Internationale ouvrière. Au cours de l’une des sessions, ils proposèrent d’ailleurs à l’Internationale d’envoyer une lettre au président Lincoln afin de le féliciter pour son attitude et sa position. Dans cette lettre, la Première Internationale félicitait le peuple des Etats-Unis et son président pour avoir, en abolissant l’esclavage, favorisé l’émancipation de l’ensemble de la classe laborieuse, non seulement étatsunienne, mais aussi mondiale.

Dans sa réponse, Lincoln remercia la Première Internationale pour sa lettre et affirma qu’il faisait grand cas du soutien des travailleurs du monde entier à ses politiques. Son ton cordial ne manqua pas de provoquer une certaine panique parmi les membres de l’Establishment économique, financier et politique des deux côtés de l’Atlantique.

Au niveau international, il semblait évident que, comme l’indiqua ultérieurement le dirigeant socialiste américain Eugene Victor Debs au cours de sa propre campagne électorale, « Lincoln avait été un révolutionnaire et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Parti républicain avait assumé par le passé une tonalité rouge ».

Une révolution démocratique avortée

Il va sans dire qu’aucun de ces éléments n’est relaté dans le film Lincoln, et qu’ils restent peu connus aux Etats-Unis. Mais, comme l’indiquent John Nichols et Robin Blackburn (autres auteurs ayant beaucoup écrit au sujet de Lincoln et de Marx), pour saisir le personnage de Lincoln, il est indispensable de comprendre l’époque et le contexte dans lesquels il a vécu.

Lincoln n’était pas marxiste, terme utilisé à l’excès dans l’historiographie et dénoncé par Marx lui-même. Il souhaitait non pas éradiquer le capitalisme, mais corriger l’immense déséquilibre entre capital et travail inhérent à ce système. Reste qu’il fut sans aucun doute fortement influencé par Marx et par d’autres penseurs socialistes avec lesquels il partagea des désirs immédiats, affichant une sympathie pour leurs opinions et adoptant une position très radicale dans son engagement démocratique. En ignorant ces faits, le film Lincoln déforme ainsi l’histoire.

Il est indéniable que Lincoln fut une personnalité complexe et ambiguë. Mais il existe dans ses discours des preuves écrites et sans équivoque des sympathies qu’il entretenait. De plus, les vifs débats qui animaient les gauches européennes avaient cours également dans les cercles progressistes des Etats-Unis. En réalité, ce sont les socialistes utopiques allemands, dont une grande partie s’était réfugiée dans l’Illinois après avoir fui la répression européenne, qui eurent le plus d’influence sur Lincoln.

Le communalisme qui caractérisait ces socialistes influença la conception de la démocratie de Lincoln. Il la considérait comme la conduite des institutions politiques par le peuple, un peuple dont les classes populaires constituaient la majorité.

Sa célèbre formule « La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » – devenue une magnifique maxime démocratique connue dans le monde entier – pointe sans équivoque l’impossibilité de faire triompher une démocratie du peuple – et pour le peuple – si elle n’est pas mise en oeuvre par le peuple lui-même.

C’est pourquoi Lincoln voyait dans l’émancipation des esclaves et des travailleurs des éléments indispensables à cette démocratisation. Sa vision de l’égalité était nécessairement en contradiction avec la domination des institutions politiques par le capital. Pour preuve, la situation actuelle aux Etats-Unis que je détaille dans mon article « Lo que no se ha dicho en los medios sobre las elecciones en EEUU » [1] (« Ce qui n’a pas été dit dans les médias sur les élections aux Etats-Unis », Público, 13 novembre 2012). Aujourd’hui, c’est la corporate class qui contrôle les institutions politiques du pays.

Dernières observations, et un souhait

Je répète qu’aucun de ces faits n’est relaté dans le film. Après tout, Spielberg n’est pas Pontecorvo, et le climat intellectuel aux Etats-Unis porte encore les stigmates de la guerre froide. « Socialisme » demeure un terme négativement connoté dans l’Establishment culturel du pays. Et, sur les terres de Lincoln, le projet démocratique qu’il avait rêvé n’est jamais devenu réalité du fait de l’influence considérable du pouvoir du capital sur les institutions démocratiques, une influence qui a muselé l’expression démocratique aux Etats-Unis.

Terrible ironie de l’histoire : le Parti républicain est devenu l’instrument politique le plus agressif au service du capital.

Je serais reconnaissant à celles et ceux qui trouveront cet article intéressant de bien vouloir le diffuser le plus largement possible. Y compris auprès des critiques de cinéma qui, dans le cadre de la promotion du film, ne diront pas un mot de cet autre Lincoln méconnu dans son propre pays et dans bien d’autres. L’un des fondateurs du mouvement révolutionnaire démocratique n’est même pas reconnu comme tel. L’abolition de l’esclavage a constitué une grande victoire qui mérite d’être célébrée. Mais l’action de Lincoln ne s’y réduit pas. Et de cela nul ne parle.

Traduction : Frédérique Rey

 

 

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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 14:05

 

 

 

Mali : gauche proguerre et recolonisation (Réponse à Samir Amin)
Bruno DRWESKI, Jean-Pierre PAGE

La gauche anti-guerre dans le camp de la guerre ?

Alors que le monde capitaliste s’enfonce dans une crise systémique sans précédent et que le monde arabe est traversé par des tentatives de déstabilisation qui sont dues aux décennies de pillage et de dictature mais qui ne sont pas toutes, loin de là, le résultat de facteurs locaux, que l’Afrique vit à l’heure du pillage et de conflits non réglés, du Congo à la Cote d’Ivoire, du Sud-Soudan à la Libye, la France s’est engagée de nouveau dans un conflit armé dans une de ses anciennes colonies, le Mali. La "gauche antiguerre" est globalement passée entretemps de la condamnation du bout des lèvres des bombardements en Yougoslavie et en Afghanistan au soutien déclaré à l’ingérence en Libye, en Syrie et au Mali. On doit essayer de comprendre pourquoi ? Et pourquoi il peut être difficile de naviguer entre les réseaux occidentaux de la gauche ex-antiguerre à la gauche anti-impérialiste des pays du Sud ?

L’inaction coupable, voire l’aquiescement aux thèses dominantes, de beaucoup de « progressistes » occidentaux sur les questions de la guerre et de la paix au cours des derniers événements de Libye, de Syrie ou du Mali tranchent radicalement avec le « guerre à la guerre » de Henri Barbusse, slogan qui fut fondateur, en France, de la gauche anti-impérialiste, anticolonialiste et anticapitaliste. Et dans ce contexte, on peut ressentir la position prise par Samir Amin en particulier sur les événements du Mali (1), comme une rupture avec les principes qui fondent l’internationalisme : souveraineté, indépendance, non ingérence mais également une rupture avec, par exemple, la gauche latino-américaine et plus largement celle des pays du Sud.

Comment peut-on présenter Hollande et le gouvernement « socialiste » comme étant désintéressé et quasimment représentant l’honneur d’une Europe incapable de position commune face aux crises arabe et africaine et face au grand méchant loup US – Américain, avec également un flou sur la question de l’attitude à avoir à l’égard de la Chine et de la Russie ? Alors que nous avons affaire en France à un gouvernement qui incarne l’ingérence, l’interventionnisme, dans le droit fil de ce que furent historiquement en France les « socialistes » : un instrument du colonialisme et d’une répression féroce contre le mouvement de libération nationale (voir en particulier : Mitterand et l’Algérie). Un passif qui n’a jamais été analysé, dénoncé, et donc dépassé par les intéressés.

Nous attendons du Président du Forum des alternatives (Samir Amin) qu’il présente une alternative à la prolongation des errements de la gauche socialiste depuis la période coloniale qui s’est en fait poursuivie tout au long des gouvernements de gauche depuis 1981. L’interventionisme militaire des États riches, qui plus est ex-pays colonisateurs, a tout pour lui, sauf de constituer une référence morale et philantropique de la part de ceux-là même qui ont mis en place et entretenu après les indépendances des régimes fantoches comme celui existant encore aujourd’hui au Mali ! Après le renversement par la force et la manipulation des services néocoloniaux du gouvernement progressiste du grand patriote malien Modibo Keita (2).

Comportement grotesque donc que ne peuvent accepter les authentiques soutiens aux pays du Tiers-monde qui réclament toujours sans succès depuis les années 1960 un véritable nouvel ordre économique mondial égalitaire, et donc un nouvel ordre politique qui soit, lui aussi, égalitaire, à l’opposé donc du « nouvel-ancien ordre mondial » prôné désormais par les centres impérialistes, dans la foulée des politiques réactionnaires menées tambour battant au cours des derniers trente ans.

Comment peut-on imaginer dès lors que ce soit la France, avec son passé, qui pourrait assurer les négociations au Mali ? Au nom de quoi, de qui, pourrait-elle le faire de façon équilibrée ? Au fond, n’est-ce pas là nous renvoyer encore une fois à la fameuse « responsability to protect » concoctée par les droidelomistes d’outre-Atlantique en justifiant, ou en légitimant ici, l’ingérence militaire française au Mali, à partir du même concept à la mode du « droit à protéger ». Ce qui sera vécu, lorsque la poussière des chars sera retombée, par les peuples intéressés comme une arrogance, un mépris vis à vis des peuples d’Afrique qui doivent adorer voir dans les rues de Tombouctou les drapeaux français qu’on a distribué aux enfants, et où il ne manque en fait plus qu’on nous dise "merci bwana !"

Ces reportages de propagande sont de véritables insultes pour ceux qu’on présente comme « les bons nègres » qui applaudissent les piou piou français, comme voici plus d’un siècle, ceux qui « amenaient la civilisation aux peuplades déshéritées et incultes ». Au fond, après avoir raillé le discours de Dakar de Sarkozy et sa façon de présenter l’Afrique, et en particulier celle « sur l’incapacité de l’homme africain à entrer dans l’histoire » (3), c’est exactement en fait le même discours dont nous abreuvent les médias.

Enfin, un économiste « de gauche », si ce terme veut encore dire quoique ce soit, et « antiguerre », au moment où la France et l’Europe s’enfoncent dans la crise, le chômage de masse et la misère doit prendre position également sur le coût de cette guerre, les estimations variant entre 30 millions d’euros à ce jour (selon le ministre français de la guerre) jusqu’à un million d’euros par jour ! (4). Et de demander : et si ces sommes considérables étaient affectées au développement et à la coopération réelle du Mali avec la France, que resterait-il aux fameux « islamistes », ou aux séparatistes touaregs, ou à leurs alliés du Qatar et d’ailleurs, comme espace politique pour intervenir ?

Comment analyser la crise du Mali

Il est clair que les événements du Mali ne peuvent être séparés des effets à long terme de la colonisation et des politiques néocoloniales menées depuis le renversement du premier gouvernement malien réellement indépendant et voué au développement national, celui du président Modibo Keita, mis à mort en prison alors que les auteurs du coup d’état avaient été portés au pouvoir sous l’influence des pouvoirs français de l’époque. Coup d’état qui engagea jusqu’à aujourd’hui le Mali sur la voie de la soumission à l’influence néocoloniale et freina toute politique de développement autocentré.

Il est également clair que les événements actuels au Mali sont la conséquence directe de la destruction de l’Etat libyen due à l’ingérence des puissances de l’OTAN et des monarchies absolutistes de la péninsule arabique. Les armes et groupes armés rassemblés dans le nord du Mali à partir de la Libye ont été acheminés après la chute de l’Etat libyen vers le Mali, sans que les satellites spatiaux des Etats-Unis ne sonnent l’alarme.

Il est clair aussi que l’affaiblissement depuis plusieurs décennies de l’Etat malien et de son armée, comme celui d’autres Etats voisins, a été toléré, voire encouragé, par des puissances extérieures, et que les militaires maliens qui ont été formés par des militaires US sont en grande partie passés avec armes et bagages dans le camp rebelle lors de l’arrivée des groupes armés de différentes obédiences dans le Nord du Mali.

Il est clair également que le Mali, comme ses voisins, recelle des ressources stratégiques (uranium, pétrole, gaz, or) convoitées à l’heure où émergent sur la scène internationale des puissances concurrençant les Etats-Unis et leurs protégés, et qui sont à la recherche de sources d’énergie et de richesses pour assurer leur développement.

Il est clair aussi que le seul Etat constitué et indépendant dans la région est désormais l’Algérie, le plus grand pays d’Afrique depuis le démantèlement du Soudan unifié accompli sous influence des USA et d’Israël.

Il est clair également que le conflit au Mali est caractérisé d’une part par des contradictions traversant les puissances occidentales et les grandes compagnies transnationales dans une zone qui constitue le pré-carré traditionnel de la France coloniale et post-coloniale.

Et c’est dans ce contexte que l’on doit analyser l’engagement français qui a rencontré un appui distant de la part de ses alliés officiels et des puissances émergentes. Dans un pays qui ne possède pas de véritable gouvernement légitime puisque le gouvernement malien actuel est le résultat d’un rapport de force provoqué par un coup d’état et contre-coup d’état, et que l’intervention française jouit de l’appui d’une CEDEAO, organisation a priori strictement économique, dont les dirigeants sont souvent contestés quant à leur souveraineté, en particulier celui de la Cote d’Ivoire dont le gouvernement a été mis en place à la suite d’une intervention extérieure, une première dans les anales internationales, chargée de décider qui était censé avoir gagné les élections dans ce pays. Rappelons à ce sujet que, en plus du caractère ignoble, agressif et criminel du gouvernement français de l’époque dans ce conflit toujours non réglé, le Parti socialiste français a alors manifestement accompagné ce mouvement en trahissant ses « camarades » du Front populaire ivoirien, parti membre de l’Internationale socialiste. Indépendamment par ailleurs des opinions que les Ivoiriens peuvent porter sur le gouvernement Gbagbo et qui sont les seuls en droit de porter un jugement sur ce sujet.

Il est clair par ailleurs que l’on a trouvé dans les cartons des stratèges de l’AFRICOM le vieux plan séparatiste français datant de la fin de la période coloniale du « grand Sahel », prévoyant de casser les Etats existant au profit d’une vaste entité désertique peu peuplée et facilement contrôlable. L’AFRICOM, c’est le commandement de l’armée US pour l’Afrique, qui cherche toujours, sans succès, un pays africain acceptant d’héberger son siège qui se trouve pour le moment « exilé » à Stuttgart, en Allemagne. Plan qui est donc repris comme hypothèse de travail par la puissance qui semble concurrencer sur ce terrain une France qui soutient désormais l’existence formelle des Etats aujourd’hui constitués (5).

« Communauté de destin » atlantique et/ou contradictions inter-impérialistes ?

Puisque le Qatar est visiblement derrière toutes les tentatives de renversements violents dans les pays arabes et musulmans, en particulier au Mali, et que le Qatar constitue lui même, pour la majorité de son territoire, une base de l’armée US, comment concevoir les contradictions qui semblent émerger au Mali entre la position française et celle du Qatar ...et de son protecteur ?

Il semble donc dans ce contexte qu’il y a aujourd’hui d’une part complémentarité entre l’action de la France au Mali et l’objectif stratégique des USA de contrôler l’Afrique et de bloquer le développement des contacts entre les pays africains et les puissances émergentes du BRICS, en particulier la Chine, et d’empêcher aussi le maintien d’Etats forts et indépendants, tant politiquement que économiquement, dans cet axe qui commence sur les rives de l’océan Atlantique et se prolonge jusqu’au Xinjiang, axe qui permet de couper l’Afrique et l’Eurasie en deux parties.

Mais il existe aussi une contradiction inter-impérialiste entre le vieux colonialisme français et ses prolongements fatigués de ladite « Françafrique », et les puissances anglo-saxonnes, ce qui apparaît en particulier avec la concurrence entre le groupe Total et les groupes British Petroleum et Exxon Mobile. Et on peut supposer qu’il en va de même pour l’uranium et l’or.

Or, en Algérie, l’attaque venue de Libye qui a visé récemment le site gazier d’In Amenas visait un site de British Petroleum où, à la demande même de BP, il n’y avait pas de présence militaire algérienne, la sécurité étant déléguée en principe à des sociétés de sécurité privées choisies par la compagnie, ...et que l’on n’a pas vu agir lors de l’attaque terroriste. On aurait ainsi voulu faciliter l’attaque de ce site situé à proximité immédiate de la frontière libyenne qu’on ne s’y serait pas pris autrement, ce qui permet d’émettre l’hypothèse d’une provocation extérieure. La réaction rapide et surprenante des pouvoirs algériens a empêché une longue crise des otages qui aurait permis toutes les « médiations » et toutes les ingérences dans les affaires intérieures de l’Algérie. Pays dont la population a refusé de céder aux syrènes dudit « printemps arabe » et des partis algériens, tant « laïcs » que « régionalistes » ou « islamistes » qui sont reçus régulièrement par l’ambassadeur des USA et ses collègues des autres puissances occidentales ou qui entretiennent des télévisions satellitaires « islamiques » d’opposition basées à Londres et au Qatar. Ce qui peut expliquer la colère manifestée au départ par le premier ministre britannique envers Alger. L’Algérie, sans doute plus encore que le Mali, semble constituer une cible de choix pour les pouvoirs impérialistes de l’OTAN. Elle semble même constituer leur prochaine cible privilégiée. Tout ayant été fait pour que le long de toutes ses vastes frontières, du Maroc au Mali en passant par le Sahara occidental, et du Mali à la Libye, voire à la Tunisie, ce soient des pouvoirs ou des forces hostiles à ce pays non aligné et symbole d’une lutte ardue et réussie pour l’indépendance qui s’installent.

Dans ce contexte, on peut penser qu’il y a dans la crise du Mali deux niveaux de contradictions : tout d’abord une contradiction inter-impérialiste entre la France et les puissances anglo-saxonnes, entre les firmes transnationales basées en France et celles associées aux puissances anglo-saxonnes. Il y a ensuite simultanément une volonté de la France de renforcer sa position au sein même de l’alliance atlantique, en montrant le rôle incontournable qu’elle pourrait jouer dans le refoulement de toutes les tentatives de développement de relations plus étroites et plus avantageuses entre les pays africains et les puissances émergentes du BRICS, en particulier la Chine et l’ensemble des pays non alignés attachés au développement de relations économiques équitables « Sud-Sud ». A moins que l’on adopte le point de vue optimiste selon lequel, la France voudrait renouer avec sa tradition gaulliste, et soutenue en principe par le Parti communiste français à l’époque, d’une politique « arabe » et mondiale « équidistante » tout en rompant en plus avec la tradition de la « Françafrique », et qu’il s’agirait aussi d’imposer cela en Afrique. Mais pour le moment, rien ne le laisse supposer puisque même les hésitations manifestées par le candidat Hollande envers l’OTAN ont fait long feu dès son arrivée à l’Elysée, ce que les activités de la France en Syrie et les multiples consultations poursuivies entre Paris, Doha et Tel Aviv semblent démontrer.

Il est impossible, dès lors que l’on reste attaché à la Charte des Nations Unies et donc à la souveraineté nationale et à la non ingérence dans les affaires intérieures des Etats, d’appuyer une quelconque politique de puissance, de morcellement ou de domination en Afrique, d’où qu’elle vienne. On ne peut que soutenir le droit à l’autodétermination, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des pays arabes et africains. Et donc tout ce qui tendra vers la restauration de l’indépendance totale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale du Mali et le maintien de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de l’Algérie et de tous les pays de la zone sahélienne. Raisons pour laquelle il faut au moins rester très prudent, voire circonspect, à propos des récents événements au Mali et dans les pays voisins. Pays qui sont tous menacés par des groupes terroristes implantés depuis longtemps, et d’abord connus pour leurs liens avec la criminalité et les services secrets occultes avant même de faire allégeance, pour la plupart, à un prétendu « islamisme » concocté sous l’influence de monarchies d’un autre âge et dont les activités ont été soutenues et le sont toujours par des puissances extérieures, en Libye, en Syrie ou ailleurs.

Nous ne pouvons donc, si c’est le progrès social et le progrès des peuples qui nous tient à coeur, que militer pour que la France fasse, avant toute prise de position, preuve de cohérence sur les principes mis de l’avant par son gouvernement, pour des raisons de pure forme sans doute, en dénonçant ces groupements transnationaux et leurs appuis dans la péninsule arabique, où qu’ils soient, et donc en particulier en Syrie, ce qui permettrait de créer les conditions permettant au Mali de jouir le plus rapidement possible de sa pleine indépendance et d’élaborer un calendrier de reconstruction rapide d’une armée nationale digne de ce nom, d’évacuation du pays par les forces étrangères en même temps qu’auront été créées les conditions pour des négociations de paix entre toutes les forces politiques maliennes, sans ingérences extérieures. Ce qui entre évidemment en contradiction avec les intérêts économiques à court terme des classes dirigeantes en France. Ce qui implique aussi que la France cesse toutes les activités en Libye qui prolongent les résultats de l’intervention désastreuse à laquelle le précédent gouvernement français avait procédé et qu’elle cesse toute politique d’ingérence dans les affaires intérieures syriennes et coupe tout lien avec une opposition extérieure et armée dont la présence doit bien plus à des facteurs extérieurs qu’à un souhait jamais prouvé de la population syrienne. Qu’on le veuille ou non, il existe un lien direct entre les événements de Libye, de Syrie, du Mali et d’Algérie. Et la politique du gouvernement français ne pourra être appuyée que lorsqu’il aura fait preuve de cohérence. La fin de l’appui des monarchies absolutistes du Golfe, relais régional habituel de l’impérialisme US, aux groupes rebelles armés en Syrie, en Libye et au Mali devrait entraîner ipso facto,la fin des conflits dans ces pays et rendre donc inutile la présence de l’armée française au Mali. Si c’est là vraiment l’objectif recherché par Paris.

Dans ce contexte, nous ne pouvons que nous étonner que certaines voix comme Samir Amin, connues pour leur engagement anti-impérialiste prennent partie dans ce conflit, qui plus est en soutenant l’action de la France elle même appuyée par l’OTAN, alors même que, comme l’a rappelé l’ambassadeur russe à l’ONU, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ne donne pas à la France le droit de tout faire au Mali.

« L’islam politique » comme élément légitimateur de l’ingérence

C’est dans ce contexte global là qu’il faut mesurer et analyser les questions qui troublent nombre de militants du progrès social, en particulier la question dudit « islam politique ». Il faut tout d’abord rappeler que cette notion est typiquement d’origine occidentale puisque le fondateur de l’islam fut d’abord le chef d’un parti politique revendiqué comme tel ayant pour nom « Hezbollah », et qu’il fut le chef d’un Etat établi à Médine qui élabora la première constitution au monde, constitution garantissant les règles de cohabitation de tribus et de religions différentes au sein d’un Etat commun. L’islam est donc par principe non seulement une croyance dans l’au delà, non seulement une éthique sociale et juridique, mais c’est aussi un projet politique depuis ses origines (économie non usuraire, égalité sociale devant la loi, tolérance religieuse, etc.) même si ce projet, comme d’autres, peut être lu et décliné sur un mode réactionnaire ou progressiste. Il est donc clair que, au même titre, qu’un Chavez, voire une Angela Merkel, peut se revendiquer d’un « christianisme politique » et social, et aussi d’une analyse sociale marxiste en parallèle dans le cas vénézuélien, on ne peut a priori refuser à des musulmans le droit de proposer librement à leurs peuples une projet politique en accord avec leurs convictions profondes. A moins d’accepter, au nom du vieux laïcisme hypocrite social-démocrate dénoncé en son temps par Lénine, puis par Maurice Thorez, un deux poids deux mesures rappelant l’ethnocentrisme colonial. La question dudit « islamisme », en fait du takfirisme, de l’exclusivisme extrémiste, est ailleurs. Elle constituerait une stricte question intérieure pour les peuples concernés dont aucun Etat extérieur n’aurait le droit de se mêler, y compris s’il prenait la forme effectivement réactionnaire qu’il a le plus souvent pris de nos jours, si ces courants n’étaient pas souvent instrumentalisés par des grandes puissances impérialistes et leurs féaux des monarchies absolutistes absolument soumises aux règles politiques et économiques du capitalisme prédateur mondialisé.

On ne peut pas non plus confondre les groupes de trafiquants transnationaux de drogue, d’armes et de migrants qui ont pris le label « islamiste » comme paravent pour leurs activités lucratives et leurs luttes pour le contrôle du territoire, ce que l’on connait depuis au moins une vingtaine d’années dans les pays du Sahel, et ce que les grandes puissances impérialistes et leurs Etats vassaux ont laissé faire, voire favorisé, avec les activités d’autres « islamistes », aussi réactionnaires soient ils. Il est nécessaire de rappeler ici que, à l’époque du gouvernement des talibans en Afghanistan, la culture de l’opium avait été presque totalement éradiquée au nom des valeurs traditionnelles de l’islam et que, si l’Afghanistan est redevenu aujourd’hui le principal producteur de drogue, cela fait suite, à l’image de ce qui s’était fait auparavant sous l’égide de la CIA en Amérique latine, à l’occupation du pays par l’OTAN qui a renversé un gouvernement « islamiste » national, réactionnaire et indépendant pour le remplacer par un gouvernement « islamiste » soumis, s’appuyant sur tous les trafics possibles et non moins sinon plus réactionnaire encore dans les faits, que ce soit vis à vis des couches sociales et des régions marginalisées que vis à vis des femmes, hors de la scène médiatique centrale constituée par la capitale à usage des journalistes occidentaux.

Il est donc clair qu’il existe un lien entre les puissances impérialistes déclinantes d’Occident, les monarchies absolutistes créées de toute pièce par les colonialistes à l’époque de leur puissance et les réseaux de trafiquants « islamistes » utilisés par ces mêmes cercles qui aiment jouer aux pompiers pyromanes. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas des contradictions entre tous ces cercles. Il ne faut toutefois pas confondre les contradictions qui peuvent être à un moment donné non antagoniques au sein de la bourgeoisie impérialiste et compradore, et les contradictions antagoniques, ou qui peuvent le devenir éventuellement. On peut certes estimer que la France défend ses propres intérêts capitalistes au Sahel et que cela passe par des attitudes plus modérées envers les populations locales et envers des Etats indépendants comme l’Algérie, mais on ne peut nier que son intervention ouvre logiquement la voie à d’autres interventions, et que rien ne dit que l’intervention dont le ministre français de la « défense » actuel souhaite qu’elle se prolonge jusqu’à la victoire « totale » ne profite qu’à TOTAL en finale, et qu’elle n’entraine pas une guerre sans fin, achevant de désintégrer les Etats existant et ouvrant, comme cela est le cas en Libye actuellement, la voie à un désordre généralisé permettant aux compagnies transnationales les plus puissantes de « sécuriser » les mines et gisements qu’elles auront réussi à s’accaparer, laissant le reste du territoire aux mains de seigneurs de la guerre, à l’image de ce qui s’était passé pendant la période coloniale dans l’ex-empire de Chine dépecé jusqu’à la victoire de la Révolution chinoise qui restaura l’intégrité territoriale du pays à partir de 1949.

L’ennemi principal des peuples au Sahara n’est pas d’origine locale, il provient des centres même de l’impérialisme, et la France, si elle était sérieuse dans ses revendications de respect des peuples, prendrait le chemin d’un projet de coopération mutuellement avantageux avec ces peuples, d’une rupture avec l’OTAN et l’UE, et d’un rapprochement avec les puissances émergentes et les Etats réellement indépendants d’Eurasie, de Méditerranée, d’Afrique et d’Amérique latine qui constituent aujourd’hui le seul contrepoids réel face aux menées guerrières et destructrices du capitalisme prédateur mondialisé, « sécurisé » autour de l’OTAN et des plus de 700 bases militaires US répandues dans le monde et de l’archipel des prisons secrètes de la CIA qui bénéficient de la coopération effective de tous les Etats membres de l’OTAN et de toutes les dictatures ou démocraties formelles qui lui restent soumis.

Quant au Maliens, rien ne permet de dire quelles sont leurs opinions envers les événements qui ensanglantent leur pays, puisque rien n’a été fait auparavant par les protagonistes extérieurs de la crise actuelle pour permettre des négociations entre toutes les parties représentatives de ce peuple. À l’apparence que semble procurer à certains la recherche de succès politiques ou médiatiques éphémères, nous préférons pour notre part la défense de principes.

Bruno Drweski*, Jean-Pierre Page**

http://www.lapenseelibre.org/article-mali-gauche-proguerre-e...

* Historien, Politologue, Militant du Collectif d’associations « Pas en notre nom ».

** Syndicaliste, ancien responsable du département international de la CGT, ancien membre du Comité central du Parti communiste français.

1 Voir http://www.m-pep.org/spip.php?article3184, consulté le 31 janvier 2013

2 Modibo Keïta est un homme politique malien, premier Président du Mali après son indépendance et promoteur de l’éphémère Fédération du Mali avec le Sénégal dont le gouvernement préféra en finale se rapprocher de Paris. Modibo Keïta a gouverné son pays entre 1960 et 1968 lorsqu’il fut renversé par un coup d’état qui bénéficiait visiblement de l’appui des cercles colonialistes. Il est né en 1915 à Bamako et est mort en détention au camp des commandos parachutistes de Djikoroni Para à Bamako, le 16 mai 1977, ses geôliers lui ayant apporté de la nourriture empoisonnée, à un moment où la crise de la politique néocoloniale française devenait patente. Panafricaniste et tiers-mondiste convaincu, Modibo Keïta a mené une politique de non alignement radical, établissant des rapports étroits avec les pays ayant opté pour le socialisme.

3 Pour « les deux discours de Dakar », voir http://www.lexpress.fr/actualite/politique/hollande-et-sarko..., consulté le 3 février 2013

4 Voir http://www.rfi.fr/afrique/20130123-cout-guerre-mali-operatio..., consulté le 2 février 2013

5 Mireille Mendez-France-Fanon, « Mali : les dessous impérialistes d’une intervention franco-américaine », http://counterpsyops.com/tag/africom, consulté le 3 février 2013 ; Mahdi Darius Nazemroaya, Julien Teil, « America’s conquest of Africa – The roles of France and Israel », http://counterpsyops.com/2011/10/08/americas-conquest-of-afr..., consulté le 3 février 2013

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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 14:01

 

Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim.
OXFAM France

Selon un rapport publié le 12 février par Oxfam France, les principales banques françaises possédaient en 2012 au moins 18 fonds leur permettant de spéculer pour plus de 2,5 milliards d’euros sur les marchés de matières premières. La BNP Paribas, à elle seule, possédait plus de la moitié de ces fonds, pour un montant total de 1,4 milliard d’euros. Dans le cadre de la réforme bancaire dont l’examen commence aujourd’hui à l’Assemblée nationale, Oxfam France demande aux parlementaires de mettre un terme à la spéculation sur les matières premières agricoles des acteurs financiers français.

Dans son rapport intitulé Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim, Oxfam France établit un classement des différentes banques françaises qui spéculent le plus sur les matières premières. La BNP Paribas arrive largement en tête de ce classement, suivi par Natixis (groupe Banque populaire/Caisse d’Epargne), la Société générale, et le Crédit agricole. La compagnie d’assurance Axa figure elle aussi parmi les acteurs proposant de tels fonds spéculatifs.

"Les banque françaises, au premier rang desquelles BNP Paribas, participent à l’insécurité alimentaire mondiale croissante en spéculant sur les marchés de matières premières agricoles, a déclaré Clara Jamart, d’Oxfam France. Ces banques proposent à leurs clients des outils financiers destinés à parier sur la faim. Face aux conséquences des flambées des prix alimentaires à répétition, ces groupes doivent mettent fin à leurs activités de spéculation sur les matières premières agricoles."

Il faut agir maintenant. Les marchés de matières premières agricoles, désormais considérés comme rentables par les spéculateurs, se financiarisent en effet massivement, et entrainent régulièrement des pics de prix alimentaires tels que ceux qu’on a pu observer en 2008, 2010 et 2012. Entre février 2005 et février 2008, les prix alimentaires ont augmenté de 83%, enregistrant des hausses records de 191% pour des denrées de base comme le blé. Ces violentes fluctuations des prix touchent sévèrement les ménages les plus pauvres des pays du Sud, qui peuvent consacrer jusqu’à 75% de leur budget à l’alimentation.

"L’évolution des pratiques est inquiétante : c’est depuis la crise alimentaire de 2008 que la majorité des fonds permettant de spéculer sur les matières premières agricoles ont été créés en France. Au niveau mondial, la tendance est la même : le montant total de ces fonds représentait 90 milliards de dollars en 2011, contre moins de 10 milliards en 2004. La réforme bancaire française doit être bien plus ambitieuse et être l’occasion d’y mettre un terme" poursuit Clara Jamart.

Oxfam France considère que les propositions de réforme du gouvernement en matière de spéculation alimentaire et agricole ne vont pas assez loin, et demande au gouvernement et au parlement d’inclure dans le projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaire l’interdiction de toute forme de spéculation sur les matières premières agricoles, que les institutions financières agissent avec leurs fonds propres – ce qui est déjà inclus dans le projet actuel – ou pour le compte de leurs clients. Les opérations correspondant à un besoin légitime de couverture des risques liés à l’activité agricole sur les marchés physiques ne seraient pas touchées par cette interdiction.

Oxfam France lance aujourd’hui une nouvelle campagne intitulée Banques : la faim leur profite bien. Cette campagne, qui durera jusqu’en juin, vise à interpeller les PDG des grandes banques françaises afin qu’ils mettent fin aux activités bancaires qui nuisent à la sécurité alimentaires des populations du Sud.

http://www.oxfamfrance.org

Réforme bancaire : ces banques françaises qui spéculent sur la faim - Rapport Oxfam France, février 2013 - PDF - 2.2 Mo

URL de cet article 19375
http://www.legrandsoir.info/reforme-bancaire-ces-banques-francaises-qui-speculent-sur-la-faim.html
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17 février 2013 7 17 /02 /février /2013 13:53

                                                                         MARE NOSTRUM-copie-1

 

syrian-cp-logoSyrie : appel du Parti Communiste unifié sur les graves conséquences de l’ingérence impérialiste





Traduction proposée et remanée par la rédaction d'Alger Républicain reprise par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Vous savez que notre pays- la Syrie - vit depuis plus de vingt mois, une guerre déclenchée contre elle par de nombreux pays impérialistes, aux côtés d’autres pays qui tournent autour d’eux comme des satellites. Leur but est de détruire l’Etat syrien qui se tient comme un obstacle sur le chemin de ceux qui essaient d’imposer le plan d’un " Grand Moyen Orient", après avoir brisé les Etats de la région en les divisant en petites entités se combattant les unes les autres, afin d’imposer une domination absolue sur les ressources pétrolières et en gaz ; éliminer le problème palestinien d’une manière entièrement opposée aux intérêts du peuple palestinien.



Ces pays ont exploité les erreurs et les défauts du régime d’un côté, et les mouvements s’opposant à ces défauts, de l’autre. Ces mouvements étaient au début pacifiques. Ensuite certains se transformèrent en mouvements armés recevant le soutien sur une vaste échelle de l’alliance qui a émergé comprenant les USA, la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite. La Turquie a occupé la frontière existante avec la Syrie pour aider à la contrebande des armes, l’entrée de milliers de mercenaires se nommant eux-mêmes "Jihadistes". Ils ont ouvert des camps pour l’entraînement de leurs soutiens et de leurs alliés. Des milliards de pétrodollars US ont été dispensés dans ce but. Ils ont eu recours aux formes les plus provocantes de la guerre psychologique, relayées par les l’action d’environ une centaine de stations de TV pour semer le sectarisme et les conflits ethniques dans les esprits et parmi les membres d’un même peuple. Ensuite, les prétendus groupes djihadistes se sont mis à détruire l’économie syrienne. Ils ont déclaré la guerre contre le peuple syrien en décrétant l’embargo économique et les sanctions. Des attaques armées furent déclenchées contre les propriétés populaires et privées. Des explosifs et des véhicules chargés d’explosifs furent aussi utilisés.



Les stations génératrices d’électricité ont été dynamitées. Les câbles des réseaux d’électricité ont été détruits, les puits de pétrole incendiés, les tankers transportant le pétrole brûlés. Des milliers de tonnes d’acier ont été dérobés et passés en contrebande en Turquie. Environ un millier d’usines et ateliers d’Alep ont été pillés. Les machines de ces usines ont été revendues en pièces détaches en Turquie à de bas prix. Les projets d’irrigation et également les centres d’élevage des animaux ont été attaqués, les routes reliant les villes et les cités entre elles à travers la Syrie fermées ; les centres de santé, les écoles et les universités ciblées. Des scientifiques, des docteurs ont été ciblés, kidnappés ou capturés et souvent assassinés.



Des milliers de soldats et également des civils ont été kidnappés. Il a été découvert que les gangs armés ont mis à exécution les massacres. Les corps des victimes ont été jetés dans les rivières.



Certaines victimes ont été décapitées. D’autres ont été mutilées. Ces formes de crimes appartiennent au moyen âge.



Peu de jours après, les criminels mirent à exécution une série de crimes au moyen de véhicules chargés d’explosifs, particulièrement à Alep où 85 étudiants de l’université ont été tués et des centaines blessés.



Aujourd’hui la Syrie est directement la cible de la Turquie à travers une guerre directe. La Turquie a admis publiquement qu’elle fournit aux terroristes et aux criminels, des armes de toutes sortes, des assassins qui appartiennent à 20 pays.



Ces actions sont contraires de façon flagrante au droit international qui interdit à tout pays d’utiliser ses territoires pour attaquer ses voisins. Nous savons que la Turquie, seule, ne peut pas du tout accomplir ces choses sans le soutien des Etats américain, européens et du Golf. De toute manière, la Syrie qui est un pays en auto-défense résiste à cette agression et inflige de lourdes pertes à ces gangs. En conséquence, les criminels et aussi bien les terroristes ne sont pas en mesure d’atteindre tous leurs objectifs. Mais les Syriens paient un lourd prix dans leur résistance.



La Syrie ne croit pas non plus que la solution du problème est militaire. Au contraire, elle s’est prononcée depuis la naissance du problème pour une solution pacifique et politique à travers un dialogue national d’ensemble. En même temps, l’alliance agressive impose des conditions préalables au dialogue national de façon à rendre impossible la solution politique.



Le gouvernement syrien a fait une déclaration importante en lançant une nouvelle initiative pacifique, en accord total avec le droit international qui interdit l’ingérence dans les affaires des pays voisins. Les initiatives soulignent encore plus le besoin de réformes démocratiques, une nouvelle Constitution, à côté d’un nouveau pacte général et national qui serait préparé par toutes les forces y compris l’opposition. Le pacte insisterait sur la fin de toutes les opérations militaires conduites d’une part par l’Armée Syrienne, et d’autre part la cessation de l’infiltration de mercenaires en Syrie. Malheureusement, l’initiative a été immédiatement refusée par les groupes armés terroristes et par ceux qui les soutiennent et qui incitent à la poursuite de la violence et du terrorisme.



La situation a connu il y a deux jours un nouveau développement, susceptible de changer la direction des événements en Syrie. Que signifie l’agression soudaine d’Israël contre le centre de recherche scientifique de Syrie près des frontières syriennes et libanaises ? En commettant une telle agression, Israël a dévoilé sa nature réelle, ses tentatives de manipuler les événements actuels en Syrie pour affaiblir l’armée syrienne et ouvrir de nouveaux fronts.



Plus encore le peuple syrien doit payer un très lourd prix, des dizaines de milliers de civils ont été tués. Aujourd’hui la Syrie est exposée à une catastrophe humanitaire.



Environ trois millions de citoyens syriens ont fui leurs domiciles et deviennent des réfugiés constamment déplacés dans les pays voisins vivant dans des conditions misérables incroyables et ils ont des besoins en nourriture et en médicaments. Ces réfugiés en appellent à l’opinion publique internationale pour faire pression sur les gouvernements des USA et d’Europe, du Qatar et de l’Arabie Saoudite afin qu’ils mettent un terme au siège économique et aux sanctions imposées à la Syrie. En outre, ils demandent que le soutien armé aux gangs cesse immédiatement, parce qu’il menace non seulement la Syrie mais un grand nombres de régions dans le monde.



Votre solidarité et votre soutien à notre peuple seront hautement appréciés par notre peuple en ces jours. Plus encore, ils représentent une autre preuve indiquant l’unité et la solidarité des forces révolutionnaires dans le monde entier.

 

 

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 10:24

 

 

    

Angelo Branduardi

 

 

Pour écouter un titre appuyez sur la flèche qui lui correspond  --  Bonne écoute !

 

 

Alla Fiera del l'Est

 
Angelo Branduardi est un cantautore (auteur-compositeur-interprète) italien né le 12 février 1950 à Cuggiono, près de Milan.
Sa famille s'installe rapidement à Gênes où il étudie le violon au Conservatoire Niccolò Paganini, avant d'être engagé comme soliste dans l'orchestre du Conservatoire. Plus tard, la famille d'Angelo Branduardi déménage à Milan, où il rencontre le poète italien Franco Fortini.
Il suit des cours de philosophie et commence simultanément à composer des chansons. Au début des années 1970, Angelo Branduardi rencontre Luisa Zappa qui écrira la plupart des textes de ses chansons, et deviendra sa femme.
Multi-instrumentiste, il chante et il joue notamment du violon, de la guitare et du dulcimer. Branduardi enregistre son premier album Branduardi en 1974 et connaît dès la fin des années 1970 un succès phénoménal avec ses ritournelles, ses berceuses et ses danses populaires endiablées. Sa musique est généralement décrite comme une sorte de folk-rock d'influence médiévale.
Il interprète en plusieurs langues — italien, français, anglais, espagnol, langues anciennes — les textes de Serge Essenine, Federico Garcia Lorca, François d'Assise et consacre un album complet à William Butler Yeats, le grand poète irlandais. Par ailleurs Angelo Branduardi s'est associé à plusieurs reprises aux œuvres du compositeur français Alan Simon (Le petit Arthur, Excalibur la légende des celtes, Gaia)...
Musicien sans concession, il a souvent fui le devant de la scène pour écrire des musiques de films, enregistrer de la musique ancienne (œuvres de Giorgio Mainerio) ou peindre. Éternel amateur, il est certainement un des derniers troubadours.

 

                                                              

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16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 10:05

                                                                             CERVEAU.gif

 

 

 

 

                                        

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 16:15

                                                                       ECOLE-EN-DANGER.jpg   

 

 

La réforme des rythmes scolaires accentue l’inégalité de l’école

La récente réforme des rythmes scolaires, voulue par Vincent Peillon, prolonge et aggrave les entorses inacceptables à la laïcité scolaire instaurées par les lois Debré, Guermeur et Carle.
En dépit de la loi de 1905 qui précise clairement que la République ne reconnaît, ni ne subventionne aucun culte, le dualisme scolaire n’a cessé de mettre à mal ce principe, principe renforcé par la constitution de 1958 qui oblige l’État à organiser un service public d’éducation dans tout le territoire.
En effet, le ministère de l’Éducation nationale vient d’adresser aux communes un document de mise en œuvre de ladite réforme, spécifiant les financements et obligations des écoles privées sous contrat d’association, dits « fonds d’amorçage ».

On peut y lire que les écoles privées sont libres d’organiser leur semaine d’enseignement.
En outre, elles seront éligibles aux mêmes dotations de 50 euros par élève, majorés de 45 euros dans le cadre d’une application rapide de la réforme au même titre que les écoles publiques.
Ces mesures sont pourtant en contradiction flagrante avec l’article 212-8 du code de l’éducation qui limite les dépenses obligatoire des communes envers les écoles privées à celles de fonctionnement, à l’exclusion des activités périscolaires.
Enfin, le transfert de charges de l’État aux collectivités territoriales en matière éducative pose question : comment les communes, communautés de communes ou d’agglomérations disposant d’un budget serré vont-elles pouvoir assurer l’égalité républicaine, qui constitue l’esprit même de l’école ? Comment imaginer que les écoles privées ne vont pas réclamer la mobilisation du personnel communal pour encadrer le temps périscolaire, au détriment du public et au moyen de l’argent du contribuable ?
Le dualisme scolaire aux frais du contribuable est donc conforté, puisque les écoles privées se voient encore une fois reconnues officiellement comme des institutions de la République.

L’UFAL :

  • dénonce un renforcement du dualisme scolaire inacceptable,
  • s’inquiète d’une réforme aux conséquences anti-laïques redoutables,
  • pppelle les maires et présidents d’EPCI républicains à refuser la mobilisation du personnel communal pour les écoles privées, au nom du fait que la religion n’est pas un service public.
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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 15:26

 

 La vie du Parti    PCF-OUTILS.jpg   

  

 

Envoyé par Jean Jacques Karman :

 

Il n’est pas juste de réduire le contenu du 36ème congrès du PCF à la non présence sur la nouvelle carte d’adhérent du symbole communiste de la faucille et du marteau, même si cette décision n’est pas neutre et dénote une certaine orientation politique de la direction du PCF.

Preuve, Pierre Laurent, dans son discours de clôture du 36ème congrès, est revenu longuement sur cette question pour répondre à la presse en général, mais aussi pour avancer une explication interne très discutable et sur certains points erronée.

Le symbole de la faucille et du marteau fut créé par le par le Parti Bolchevick en 1917. A l’origine, il cohabitait même avec d’autres symboles, comme par exemple, un marteau croisant une charrue, pour symboliser l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie dans la révolution russe et dans la guerre civile.

L’Internationale Communiste nouvellement créée utilise ce symbole dès 1919, et il devient ainsi celui des communistes et du communisme. Toutes les sections nationales de l’Internationale communiste l’adoptent immédiatement après leur adhésion. En France, la faucille et le marteau ne sont pas présents au congrès de Tours, car l’adhésion à l’internationale communiste ne se fera qu’à la fin du congrès. Le nouveau Parti Communiste SFIC les prend comme « emblème » dès son premier congrès en 1921, au congrès de Marseille (voir photo).

 

Il deviendra le symbole officiel de l’URSS en 1922 ; puis la charrue et le marteau furent utilisés par l'Armée rouge.

La faucille et le marteau étaient l'un des symboles de la RSFS de Russie depuis 1917. Il fut adopté sur le drapeau de l'Union soviétique en 1923, institué dans la constitution en 1923 et placé sur les drapeaux des Républiques de l'Union soviétique après cette date.

La faucille et le marteau furent de toutes les luttes, de 1936 en France, à la guerre d’Espagne, de la Résistance en France (l’Humanité clandestine), à la prise de Berlin par l’Armée Rouge, de Mai 68 en France, à la lutte du peuple chilien.

Alors, quand mon camarade Pierre Laurent laisse entendre que la faucille et le marteau datent qu’après la mort de Lénine (en janvier 1924), il dit même 1925, il ne dit pas la vérité historique. Pour être juste, la faucille et le marteau sont encore sur le timbre de la carte pour le prélèvement automatique, en très petit, en blanc sur fond jaune pale (il faut de bons yeux !).

Il faut savoir qu’aujourd’hui, une personne qui est trouvée en possession de ce symbole communiste en Pologne peut-être condamnée à une peine de deux ans de prison.

 

Mais pourquoi la direction du PCF recule-t-elle devant ce symbole, le symbole du communisme ?

 

Le premier abandon de la faucille et du marteau imposé par la direction du PCF date de décembre 1996, sans aucune consultation des adhérents ou des organismes de direction du PCF. En effet, pour la première fois dans l’histoire du PCF, aucune faucille et marteau dans la salle du congrès au 29ème congrès à la « Défense » près de Paris.

C’était le congrès de « La Mutation » de Robert Hue, le congrès du renoncement de la voie  communiste (classe ouvrière, révolution marxiste et socialisme) choisie lors du congrès de Tours en 1920. Le PCF était lui-même en question. La faucille et le marteau étaient restés, pour le moment, sur les cartes d’adhérents. Maintenant ils resteront que sur un timbre blanc et jaune, jusqu’à la prochaine décision d’un dirigeant, toujours sans consultation des communistes. Non, ne tournons pas autour du pot, la vraie question, c’est celle du oui ou du non au marxisme !

Jean Jacques Karman Aubervilliers

                                       source: Réveil communiste
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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 14:36

 

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Mali : ingérence humanitaire ou nouveau Sahelistan ? (Première partie)

De Ali El Hadj Tahar

Global Research, février 08, 2013

Url de l'article:
http://www.mondialisation.ca/mali-ingerence-humanitaire-ou-nouveau-sahelistan-13/5322275

 

La crise malienne est-elle en train d’être réglée ou bien va-t-elle perdurer ? Quelles sont ses origines ? Quels sont les acteurs de l’ombre et à qui obéissent les prétendus groupes «islamistes » et «séparatistes» qui s’apparentent beaucoup plus à des mercenaires qu’à des rebelles de conviction et de principes, aussi faux et archaïques soient-ils ? Pourquoi l’Azawad est un mensonge, une mystification et surtout une construction coloniale ? Comment a fonctionné le scénario qui a permis à ces mercenaires de s’installer au Mali ? Avec quels moyens et soutiens ? Pourquoi le Mali ne pouvait pas se défendre ? Comment il en a été empêché avant et après un mystérieux coup d’Etat ? Dans ce conflit, l’Algérie a-t-elle été à la hauteur pour défendre ses intérêts et sa profondeur stratégique ? Un Sahelistan est-il possible et quels ingrédients lui faut-il ? Lorsque le terrorisme est utilisé comme outil de politique étrangère par des Etats, cela s’appelle guerre par procuration. Cette guerre a aussi été livrée à l’Algérie, sur le sol algérien, à In Aménas… Des réponses et des tentatives d’approche sur une crise face à laquelle l’Algérie ne peut se contenter de fermer ses frontières pour se croire à l’abri.

Personne ne s’intéresse au Mali, mais lorsqu’on y découvre du pétrole tout le monde arrive... Les «Printemps arabes» sont le déclencheur d’une stratégie globale de restructuration de la planète, et ces pseudo-révolutions concoctées entre Washington et la base d’El Oudeïd, au Qatar, en coordination avec des services arabes, s’inscrivent dans un plan dont la crise malienne fait partie. Il s’agit d’un même programme, ce fameux Grand Moyen-Orient (GMO) révélé par George Bush après «l’attentat» du 11 septembre 2011, et qui vise à chambouler les frontières héritées du partage de Sykes-Picot pour des considérations économiques et géostratégiques au profit de l’Occident. Lorsqu’on parle de stratégie impérialiste de cette envergure, on prête parfois à rire et ceux qui en rient ignorent que la Nasa, qui dépend de la Maison-Blanche, planifie des programmes spatiaux qui n’auront lieu que dans 20 ans mais sur lesquels des dizaines d’entreprises et de savants travaillent déjà. Ce sont les politiques qui permettent à ces programmes de se faire, et ils sont aussi capables de réfléchir sur le long terme aux ressources nécessaires à leur exécution et au maintien du niveau de vie des Américains, ce paramètre fondamental de la politique extérieure américaine. Le think tank qui a imposé les projets militaires de George Bush (guerres d’Afghanistan et d’Irak) s’appelle «Projet pour un nouveau siècle américain» et comprend de nombreux décideurs, chercheurs, théoriciens et chefs d’entreprise dont Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Richard Armitage et Dick Cheney... Le remodelage du monde musulman est une idée ancienne qui a pris forme juste après la fin du bloc communiste, l’Amérique voulant immédiatement rentabiliser à son avantage la conjoncture favorable de l’ordre unipolaire à peine naissant. En effet, le 11 septembre 1990, à la veille de l’attaque contre l’Irak, le président George H. W. Bush a révélé les grandes lignes du nouveau projet impérialiste américain : «Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le Golfe persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix.» Quelques mois après, il envahira l’Irak, rendant effectif ce qu’on appellera le Nouvel ordre mondial (NOM). Son fils, George W. Bush, celui qui présidait aux destinées des USA lors de «l’attentat» du 11 septembre 2001, a dit : «La lutte contre le terrorisme a commencé et elle va durer longtemps. (...) C’est la première guerre du XXIe siècle.» Il n’a d’ailleurs pas dit la guerre, mais la «première guerre», laissant entendre qu’il y en aurait d’autres. Cela montre que l’invasion de l’Afghanistan (novembre 2001) et celle de l’Irak (20 mars 2003) étaient déjà planifiées, sous de faux prétextes : l’une pour «l’élimination» ou «l’arrestation» de Ben Laden, et l’autre pour détruire les «armes de destruction massive» de Saddam Hussein. Bush junior affine donc le concept du NOM, qui deviendra le Grand Moyen- Orient (GMO), dont la stratégie et les desseins sont identiques et visent la colonisation permanente ou momentanée de certains pays musulmans et arabes, et/ou la refondation de leurs frontières pour piller leurs richesses et les empêcher d’avancer sur tous les plans. D’ailleurs, douze ans après l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, au lieu d’éliminer Al-Qaïda, l’intervention étatsunienne en a fait un fléau international et mis ces pays sur les genoux. Obama sera le continuateur de cette politique militaire dépensière imposée par le complexe militaro-industriel aux républicains comme aux démocrates.

Les desseins impérialistes de l’Occident

C’est Obama - pas George Bush - qui dira en juin 2010, à quelques mois des «Printemps arabes» : «Dans ce monde incertain, le temps est venu pour un nouveau commencement, une nouvelle aube de leadership américain.» Et d’ajouter : «Notre puissance économique doit soutenir notre force militaire, notre influence diplomatique et notre leadership mondial. Voilà pourquoi je construirai une armée du XXIe siècle et un partenariat aussi puissant que l’alliance anticommuniste qui a remporté la guerre froide, afin que nous demeurions partout à l’offensive, de Djibouti à Kandahar.» Cette «armée du XXIe siècle » vise donc clairement le monde musulman, car il cite deux villes musulmanes, ce qui inscrit donc son programme belliqueux dans le GMO. Par «partenariat aussi puissant que l’alliance anticommuniste», il entend une alliance stratégique et fondamentale avec des Etats-valets comme le Qatar, l’Arabie Saoudite et les nouveaux gouvernements issus des «Printemps arabes» qui s’acharnent déjà à détruire d’autres peuples arabes et à écraser le dernier des raïs digne de ce nom. Ce partenariat est en action, de manière foudroyante : plusieurs présidents déchus en l’espace d’une année, plusieurs crises nouvelles dans le monde arabe et, pour finir, un Sahelistan qui prend forme dans plusieurs régions, à nos frontières. Jamais le monde musulman n’a vécu des crises aussi graves et destructrices, autant de divisions et de partitions. L’invasion du Nord-Mali et l’attentat d’In Amenas s’inscrivent dans cette logique bien ficelée jusqu’au dernier détail. Notre propos vise à prouver qu’au Mali il ne s’agit pas de terrorisme mais de terrorisme d’Etat, les mercenaires employés pour ce dessein ne sont que des tentacules d’une même pieuvre, qu’ils prétendent agir au nom de l’Islam ou au nom de l’Azawad. La crise malienne s’inscrit dans une vision géostratégique impérialiste avec une aire géographique précise qui cadre avec la théorie huntingtonienne du «Clash des civilisations» et dont le but est la mainmise sur des ressources, l’extension et la domination mais aussi l’octroi de budgets faramineux aux entreprises du complexe militaro- industriel, entre autres. Cet impérialisme et ce bellicisme américains - en contradiction avec la Constitution du pays - est induit par un budget immense consacré à la défense, un budget par essence belliciste, qui ne s’explique que par une volonté de guerre permanente. Lorsqu’on sait que 70% de ce budget va aux entreprises privées, on comprend qui commande en Amérique et qui commandite les guerres menées par l’Amérique, «au nom de la justice» et même «au nom du Christ» comme l’a prétendu George Bush junior. Notre étude sur le Mali n’apparente pas le terrorisme et l’islamisme qui le sous-tend à une idéologie mais à un mercenariat de groupes qui travaillent pour des forces étrangères. Dès lors qu’il tue et terrorise et viserait à instaurer une dictature fasciste, «l’islamisme» n’est donc pas une idéologie mais un crime, pour paraphraser Bertolt Brecht qui disait que «le nazisme n’est pas une idéologie mais un crime». Elle s’articule sur des faits, mais aussi sur les données avancées dans de nombreux livres et études sur le terrorisme, essentiellement d’auteurs progressistes américains. C’est en partant du point de vue - démontré par plusieurs auteurs et que nous alimenterons par notre analyse - que le terrorisme dit «islamiste» est, premièrement, une fabrication américaine qui ne sert que les intérêts occidentaux, avec le soutien et la bénédiction de supplétifs et, deuxièmement, que l’alliance qui a permis de faire sortir les Russes d’Afghanistan et de détruire le bloc communiste est non seulement en vigueur mais plus solide et puissante que jamais. Aujourd’hui, cette stratégie ne vise plus un seul pays mais plusieurs à la fois, depuis que les «Printemps arabes» ont enclenché le passage de ce plan impérialiste à une vitesse supérieure.

La misère de la zone franc

Au-delà de la présente phrase, nous n’emploierons qu’entre guillemets et très rarement les termes fallacieux de «terrorisme islamiste», de «djihadistes », d’«islamistes» ou «d’islamisme» car cette terminologie et sa propagation relèvent de la stratégie qui nourrit les fléaux qu’ils couvrent : tous ces termes sont inadéquats car il ne s’agit pas de combattants au nom de l’Islam ni même d’un Islam perverti mais de mercenaires sans principes, sans attaches ni programme ni but. Ils ne servent pas leurs intérêts propres mais ceux de l’Occident, de manière consciente et préméditée. Ces mercenaires sont les harkis des temps modernes, et comme les harkis n’ont pas d’idéologie, les terroristes se prétendant de l’Islam n’en ont pas. Aucun musulman et aucun savant musulman ne peut ignorer que «vouloir créer un Etat musulman, c’est sacraliser le pouvoir», comme le résume le mufti de la république syrienne, cheikh Badr El-Dine Hassoun qui considère que l’Etat en terre d’Islam ne peut être que laïc et séculier pour que des hommes ne monopolisent pas les Choses d’Allah, qui sont censées appartenir à tous. Et ce, ajoute un autre imam syrien, Mohamed Saïd Ramadan Al-Bouti, pour que le savant musulman et la théologie musulmane ne soient pas prisonniers de potentats se prétendant de l’Islam comme l’ont montré les dictatures saoudiennes et celles des rois Hassan II du Maroc et Hussein de Jordanie… La dette malienne s’élevait à 3,19 milliards de dollars en 2012, ce qui est énorme pour un pays qui ne vit que de la vente du coton, d’élevage et d’agriculture. Comment satisfaire les besoins d’une population de 14 millions d’habitants avec un budget de l’Etat de 150 millions d’euros (année 2012), soit à peine la moitié du budget du ministère algérien de la Culture ? La France détient 25% de cette dette et le Qatar, 4%. Les créanciers refusent de passer l’éponge, ce qui oblige le Mali à accepter, en 1992, un plan d’ajustement structurel (libéralisation des prix, ouverture du marché, vente des terres agricoles aux Français) qui, au lieu de relancer la croissance, a rendu le pays plus vulnérable et dépendant de l’extérieur, avec un appauvrissaient plus grand. 72,8% des Maliens vivent avec moins d’un dollar par jour. La misère ne fait que grandir mais les créanciers restent de glace. Pis : le 11 janvier 1994, la France décide de dévaluer le franc CFA de 50% par rapport au franc français, car le Mali fait partie de la zone franc comme quatorze autres Etats africains et des îles du Pacifique. Cette dévaluation met le peuple malien à genoux : la descente aux enfers peut commencer, et le plan se resserrer. Heureusement, Kadhafi offre des milliers d’emplois aux Maliens, y compris au sein de son armée. Mais lorsqu’il propose au Mali et à d’autres pays de sortir de la zone franc pour préparer la création d’une nouvelle monnaie africaine, de gros problèmes commencent pour les Maliens et Libyens. Les problèmes maliens sont aussi liés au refus du président Amadou Toumani Touré (ATT) d’offrir à la France une base militaire au Mali, base destinée à contrecarrer l’influence libyenne, chinoise, russe et américaine dans sa zone d’influence historique. Les militaires français ont été chassés du Sénégal et doivent bientôt déguerpir du Tchad : la crise malienne va-t-elle empêcher cela et servir à renforcer le prestige d’une France-civilisée-libératrice-des-nationsdu- terrorisme-barbare ? La «menace» terroriste marche à tous les coups, y a qu’à voir l’augmentation exponentielle des ventes d’armes à travers le monde et la prolifération de bases militaires américaines. ATT aurait aussi voulu écarter la France (Total) de l’exploitation des gisements de pétrole qui ont récemment été découverts... au Nord-Mali, au sud de la wilaya algérienne d’Adrar. Le pétrole est dans le ventre de la terre mais par-dessus, c’est la misère. Le remboursement de la dette et l’ajustement structurel imposé par le FMI ont mis le Mali à genoux : il n’avait même pas de quoi acheter des munitions pour ses soldats : c’est ce qu’a dit le président ATT ! D’ailleurs, déjà en 2010, selon un câble de Wikileaks(1), le brigadier général marocain Abdellah Hamdoun, directeur de l’Intelligence marocaine, informait les Etats-Unis que le Mali manquait de moyens pour contrer Aqmi...

Ali El Hadj Tahar

 

1.http://wikileaks.org/cable/2010/01/10RABAT5.html

à suivre…

Publié sur Le Soir d’Algérie

 

Copyright © 2013 Global Research

 

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