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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 09:48

                                                                        MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

Israël a émis soixante ordres de démolition à Jérusalem en deux jours

 

Démolition de maison à JérusalemDes sources palestiniennes font état d’une politique systématique d’évacuation des habitants arabes par l’État israélien, sous des prétextes illégaux ou injustifiés.

 

Dans un communiqué de presse publié jeudi 7 février, Muhannad Jannara, avocat palestinien de Jérusalem, a indiqué que « ce sont entre cinquante et soixante avis de démolition qui ont été émis dans certaines zones de la ville sainte en deux jours à peine. Ces zones intéressent l’administration communale et le ministère de l’Intérieur ».

 

Jabbara, qui est aussi expert en questions urbanistiques, tient à signaler que les ordres de démolition sont concentrés dans ou autour de la vieille ville : Silwan, le Mont des Oliviers, Beït Hanina, Beït Safafa et autres zones politiquement sensibles. Il a ajouté que « les démolitions ont été décidées pour répondre à des objectifs israéliens, parmi lesquels le soutien au tourisme religieux (juif) ou la construction de postes de police, comme celui situé près du mur d’al-Buraq,  tout près de la mosquée al-Aqsa ».

 

Jabbara a souligné que « ces démolitions ont été sporadiquement organisées depuis des années. Cependant, leur intensité est montée d’un cran depuis la reconnaissance par l’ONU de l’État palestinien, de telle sorte qu’elles apparaissent aux yeux de ses concitoyens comme une punition collective ». 

 

Le juge palestinien a estimé que « les démolitions ont des aspects gravissimes et peuvent être assimilées à des avanies imposées par Israël pour opprimer l’Autorité palestinienne dans la mesure où le foyer est un élément fondamental de la vie humaine ». Jabbana explique que la ville de Jérusalem avance principalement deux prétextes pour justifier les démolitions : l’absence de permis de construire et la présence non autorisée de caravanes.

 

Jabbara a signalé les efforts, individuels ou collectifs, mis en œuvre pour repousser ces démolitions au moins jusqu’à la prononciation du verdict des tribunaux israéliens,  affirmant : « nous présenterons des pétitions contre la municipalité et le ministère de l’Intérieur, et nous chercherons à connaître les raisons qui jusque-là interdisent la délivrance de permis de construire dans la vieille ville. De même, nous chercherons à faire modifier le plan d’urbanisme de Beït Hanina ».

 

Israël a émis soixante ordres de démolition en deux jours à peine. Et Jabbara est bien conscient des limites de ces démarches dans la mesure où les tribunaux seront juges et parties. Finalement, on n’a peut-être rien trouvé de mieux que la force pour résister à la violence. Face au terrorisme sioniste, Palestine debout !

 

 source: Resistance

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 09:32

                                                                              MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

Des Egyptiennes élèvent la voix contre les agressions sexuelles

mercredi 13 février 2013,

Des Egyptiens, hommes et femmes, sont de nouveau descendus dans la rue mardi pour exiger la fin des violences sexuelles contre les femmes en Egypte, qui se sont multipliées ces derniers mois dans le centre du Caire.
"La voix de la femme est une révolution", ont scandé les manifestants, en agitant des drapeaux marqués du visage d’icônes féminines égyptiennes.
Ce rassemblement est le dernier d’une série d’actions demandant la fin de la culture d’impunité vis-à-vis des agressions sexuelles commises par des groupes d’hommes sur la place Tahrir et dans ses environs.
Ces attaques sont "une arme dans l’actuel conflit politique", a dit une manifestante, Mayar Abdel Aziz, en accusant "les opposants à la liberté" d’en être les auteurs.
Le harcèlement des femmes dans les rues d’Egypte est depuis longtemps un problème, mais le phénomène s’est récemment amplifié. Des agressions et des viols ont aujourd’hui régulièrement lieu en marge des manifestations.
Les manifestants se sont aussi dits furieux de déclarations de membres de la chambre haute du Parlement, qui ont rendu les femmes responsables des attaques.
"Les femmes parfois provoquent le viol en se mettant dans une position qui les rend susceptibles d’être violées", a ainsi dit le sénateur Adel Afifi, cité par les médias locaux.
La semaine dernière, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a appelé le président Mohamed Morsi à prendre des "mesures drastiques" pour mettre fin aux violences sexuelles contre les femmes.
A la manifestation du Caire, des femmes dénonçaient le caractère "systématique" des attaques.
"Nous avons toujours eu du harcèlement. Ce qu’il y a de nouveau c’est que la violence est devenue systématique", a dit Asmaa Ali, qui dirige un groupe contre le phénomène. "Harcèlement est un terme poli. Il faut qualifier cela d’agressions sexuelles. Ca a atteint le niveau de viols collectifs place Tahrir", a-t-elle ajouté.

(13-02-2013 - Avec les agences de presse)

"Assawra"

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 08:41

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"Lénine et la révolution". Conférence de Jean Salem from Les Films de l'An 2 on Vimeo.

Sous l’effet des interrogations liées à l’ampleur de la crise systémique actuelle et des difficultés rencontrées par les tenants de l’émancipation et de la transformation sociale pour y répondre, on assiste à un retour de Marx dans le débat idéologique, et les références aux apports d’Antonio Gramsci, de Rosa Luxembourg, voire de Lénine se multiplient. Cela incite Espaces Marx à proposer un travail dont l’objectif est de revisiter et réinterroger les travaux, les concepts développés par ces acteurs et penseurs révolutionnaires. En quoi peuvent-ils être opérationnels dans les combats contemporains ? Lors de cette séance nous entendrons Jean Salem nous présenter la pensée de Lénine. (L'Humanité du 22 juin 2011)

Jean Salem,
Professeur de philosophie à Panthéon-Sorbonne
Auteur de « Lénine et la révolution », édition Encre Marine

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 08:23

 

 

 

                                         Avec l'Humanité Dimanche Jeudi 13 février

                               

l'Humanité Dimanche publie, demain jeudi 13 février, un document de décryptage article par article de l'"accord" dit de sécurisation de l'emploi. Avec les points de vue de Bernard Thibault (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO) qui n'ont pas signé ce texte, et de nombreuses personnalités. Dans son éditorial, Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité appelle à chacune et chacun à se saisir de de ce document pour "Prendre connaissance et débattre autour de soi de cet « accord dit de sécurisation de l’emploi ». Créer un mouvement d’opinion majoritaire pour défendre le droit social..."

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 16:39

 

 

Michel STEFANI

Les dirigeants du STC m’ont attaqué pour ce qui est du paiement des jours de grève aux agents des CFC engagés dans le dernier conflit. Sur le fond leurs arguments, s’agissant de syndicalistes, peuvent surprendre. Sur la forme, ils auraient du être informés que la même mesure avait été retenue à la sortie du conflit de 2010, mené par le STC, à savoir : 2/3 à la charge de la CTC et le restant réparti pour moitié à la charge de l’exploitant et pour moitié à la charge des agents grévistes.

Quant à la lutte des 145 ouvriers de FEMENIA FABRICATION qui a durée cinq ans: Les propos qui laissent sous entendre que cette entreprise privée, dans laquelle effectivement je militais avant d’être licencié avec 96 autres camarades, aurait été fermée parce que nous étions trop revendicatifs et trop payés sont tout aussi significatifs d’une curieuse conception du syndicalisme. Sans entrer ici dans le détail, mais je suis prêts à le faire si nécessaire, ce n’est pas en raison des salaires, très critiqués il est vrai à l’époque par un patronat local dont on connaît la fibre sociale, que cette entreprise a été fermée mais bien en raison de la politique de déstructuration industrielle du machinisme agricole français dans le cadre du marché européen. Nous nous sommes battus contre cette politique dont on voit encore aujourd’hui les effets néfastes. Cette lutte allait dans le sens de l’intérêt bien compris du pays et de la Corse pour laquelle FEMENIA FABRICATION était une grande entreprise industrielle.

Il m’est reproché également d’avoir œuvré afin que le dialogue social reprenne entre les grévistes (STC, CGT et non syndiqués) et le président de l’OTC. Venant des défenseurs du service minimum en cas de grève je n’en suis pas surpris. Ce faisant, aucune explication n’ait donnée sur le fond du problème. Quand 191 agents signent une lettre pétition dans laquelle ils expliquent n’avoir pas d’information sur le contenu du projet d’accord, notamment sur le titre 7 concernant la rémunération, ce n’est pas Michel Stefani qui les y oblige. Il en est de même s’agissant de la lettre des 7 chefs de services, il y en a 9 aux CFC, dénonçant leur mise à l’écart alors qu’ils devaient être associés conformément au protocole du 4 juillet 2012. Il en est encore de même quand le 21 décembre 126 agents observent une journée de grève puis, un mois plus tard, 110 à 120 se déclarent en grève à nouveau pendant 15 jours. Chacun comprendra que m’attribuer la responsabilité de ces faits est pour le moins excessif.

Plus sérieusement, j’ai essayé de comprendre et d’agir pour sortir du blocage. Mes prises de positions publiques analysées trop souvent en termes de désaccord dans la majorité régionale le confirment. La réunion du CA de la SAEML, le montre tout autant puisque, sur ma proposition, un vote unanime est intervenu demandant la reprise du dialogue social et la tenue d’une réunion mettant toutes les parties autour d’une table. C’est ce qui a été acté au protocole de sortie de conflit entre le président de l’OTC et les représentants des personnels grévistes des CFC. Le STC d’ores et déjà a fermé cette porte c’est regrettable et éclairant. Car il s’agit d’un refus de corriger plusieurs imperfections et inégalités à l’avantage de certains agents alors que d’autres seraient lésés.

Enfin il me semble que la confusion doit être levée entre masse salariale et contribution financière. La première est aujourd’hui de 15.5 M€ la seconde est de 22 M€ est constitue « l’enveloppe constante » versée par la CTC chaque année de la DSP soit 10 ans. Cependant les premières analyses montrent que la mise en œuvre du projet d’accord conduirait à une évolution de la masse salariale d’environ 30 % sur cette période à effectif et euro constants. Devraient s’y ajouter la réparation des inégalités, l’effacement des imperfections et la prise en compte de la mutuelle. Aussi j’ai indiqué que les recettes commerciales, à elles seules, ne permettraient pas de faire face à ces exigences en même temps qu’aux négociations annuelles sur le pouvoir d’achat et les avancements ; à la nécessité d’embaucher pour tenir les objectifs de montée en charge de l’exploitation ; aux dépenses quotidiennes de fonctionnement.

On le voit la question n’est pas, contrairement à ce qui a été déclaré, d’enlever des avantages aux uns, majoritaires, pour en donner aux autres mais d’améliorer ce projet d’accord afin qu’aucun agent ne soit lésé et que l’entreprise puisse fonctionner normalement. Viendrait ensuite le temps où l’Assemblée de Corse se prononcerait pour dire, chiffrage à l’appui, si elle autorise les administrateurs de la SAEML à donner mandat au DG qui est la seule personne en définitive habilitée à signer cet accord en lui donnant force de loi.

Sans verser dans la polémique que d’aucuns recherchent en m’attaquant personnellement, il m’est apparu indispensable pour la bonne compréhension des choses au Chemin de fer de la Corse d’apporter ces quelques éléments d’information à la connaissance des lecteurs et auditeurs de la presse régionale.

Michel Stefani

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 15:39

 

 

                                  

Un prédicateur égyptien légitime le harcèlement sexuel et le viol des femmes, place Tahrir
source:
 
 
 

Dangereux pousse-au-crime, la misogynie viscérale qui enflamme le prédicateur égyptien salafiste, Mahmoud Ahmad Abdallah, plus connu sous le nom d'Abou Islam, dépasse l’entendement tant son aversion pathologique des femmes confine à l’irrationnel.

Alors que le fléau du harcèlement sexuel dans les lieux et transports publics gangrène le pays et considère les femmes comme des proies toutes désignées, ce prêcheur fanatique, qui est à la tête de la chaîne de télévision privée « Al-Ummah », a justifié sur la chaîne Al-Arabiya les attouchements sexuels, et pire encore, les viols des manifestantes sur la célèbre place Tahrir en diabolisant ces dernières outrageusement.

Livrées à la vindicte sur le petit écran et sur le Net (la vidéo ayant été publiée en ligne mercredi dernier),  les Egyptiennes de la place Tahrir subissent un procès en sorcellerie par celui qui s'est érigé en censeur et grand Inquisiteur, se voyant qualifiées de "croisées" qui "n’éprouvent aucune honte, aucune peur, et n’incarnent pas le féminisme". La haine aveugle d'Abou Islam lui fait atteindre des sommets d’abjection, quand il déclare sans ambages que ces activistes qui vont « nues» place Tahrir, n’y vont «pas pour protester, mais pour être violées»...

Ces femmes-là, des "diables" avec des "cheveux flous", sont une "ligne rouge" qu’il faut allègrement franchir, exhorte Abou Islam dont les propos résonnent comme un appel au meurtre. Et de poursuivre en distinguant les manifestantes en deux catégories  : "90% sont des croisées, et les 10% restantes sont des veuves qui n’ont personne pour les contrôler, vous voyez bien que ces femmes parlent comme des monstres".

Les déclarations rageuses de cet ultra, qui ont déchaîné la fureur de nombre d’Egyptiens sur Twitter, certains le traitant "d’idiot congénital ou encore de dangereux psychopathe", font suite aux récentes condamnations émises par plusieurs associations des droits de l’Homme, qui ont révélé au grand jour que 25 Egyptiennes ont été victimes de graves attouchements sexuels et de viols lors des manifestations organisées à l’occasion du deuxième anniversaire de l’insurrection populaire.

Abou Islam a déversé son fiel alors qu'il n'est pas en odeur de sainteté au sein du ministère public égyptien, qui croule sous les notifications l'accusant de diffamer la religion, notamment le christianisme, son fils et lui-même ayant, en septembre dernier, déchiré et brûlé une bible en face de l’ambassade américaine au Caire en réaction au film anti-islam.

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 15:33

 

 

                                              

BDS: action en direction des douanes françaises (vidéo)
                     BDS: action en direction des douanes françaises (vidéo)
 
 

Le 7/02, en prélude au lancement le 9/02/201 de la Campagne Internationale initiée par les paysans palestiniens, les comités populaire et le BNC, les Comités BDS France 30 & 34 ont mené une action en directions des douanes françaises. Ils ont occupé le hall de la direction régionale des douanes et obtenu d'être reçus par le directeur régional. Ils lui ont signifié qu'au-delà de la sanction des fraudes israéliennes,  il fallait bloquer les produits israéliens en provenance des territoires occupés, car ils sont des produits issus du crime de guerre que constitue l'exploitation économique des territoires occupés palestiniens.

                                                 

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 13:55

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Des effets politiques de l’ouvrage de Paul Boccara "Le capital de Marx, son apport, son dépassement" , sous-titre : au-delà de l’économie
par  Pierre Martin 

Paul Boccara vient de faire paraître un ouvrage qui nous parait intéressant de discuter et commenter. Mais avant toute chose, il nous semble important de resituer le parcours économico-politique de Paul Boccara, dans les enjeux internes de l’histoire du P.C.F. En effet, le débat sur les concepts économiques qu’il utilise ou ceux qu’il valorise, chez Marx, sont surtout importants pour nous au regard de la ligne politique que ceux-ci induisent ou favorisent.

Paul Boccara a joué un rôle central dans la structuration idéologique du groupe dirigeant et aidé à la mise en place d’une ligne de masse durant la période de Georges Marchais.

"Le Capitalisme Monopoliste d’Etat, sa crise et son issue" est un ouvrage qui a contribué à assurer au sein de la revue Économie et Politique, une ligne hégémonique exclusive de toutes les autres. Qu’ils soient partisans d’une lecture "soviétique" du CME, qu’ils soient au contraire réticents à s’inscrire dans la logique du CME et de la suraccumulation-dévalorisation du capital tel que Boccara les liait, pour produire une lecture plus radicale de la crise du système capitaliste (De Brunhoff, Palloix, etc.), ou bien encore qu’ils considèrent le Capital de Marx comme une critique de toute économie politique (Balibar), l’aile gauche du parti n’a jamais pu accéder aux mêmes possibilités de publication dans la revue d’économie du parti que les amis de Paul. Ceux-ci continuent d’ailleurs d’assurer l’essentiel de la production des propositions actuelles du parti et à animer la revue Économie Politique.

Ils sont les derniers survivants d’un groupe beaucoup plus vaste qui a construit la production d’une ligne officielle. En philosophie et psychologie avec Lucien Sève et sa théorie de la personnalité, en sociologie avec Lojkine, en histoire avec Roger Martelli (autour des cahiers de l’Institut Maurice Thorez etc.). Cette ligne incarnation française d’un "centrisme" politique autour de G. Marchais, a contribué à empêcher toute lecture contradictoire de la situation économique et politique de l’époque, comme du passé. La même fermeté a conduit le directeur des Éditions Sociales (Lucien Sève) à ne pas éditer les textes de l’opposition, par exemple ceux de Louis Althusser, et c’est au moment où la notoriété de ce dernier est devenue incontournable, que Sève a fini par publier en un ouvrage unique "Positions" qui rassemblaient certains de ses anciens articles.

Le "centrisme" des économistes est le seul qui ait résisté. Sève a fini par rejoindre le positionnement de Garaudy et se faire lui aussi le chantre de "l’Humain d’abord" et de l’"aliénation". Martelli incarnation de l’aile des historiens, producteur d’une lecture officielle de l’histoire du parti, coauteur avec Sève de L’ouvrage "Les Communistes et L’Etat" qui se voulait la justification théorique de l’abandon de la dictature du prolétariat, idem. Reste donc nos amis économistes.

Cependant les seules fois où Boccara, dans cet ouvrage, fait explicitement référence à un positionnement politique sur la question de la lutte politique vis-à-vis de l’État, sont pour défendre et valoriser les thèses de ses deux anciens camarades de sensibilité. Par exemple, p.132, pour la énième fois, comme ses camarades de l’époque, il survalorise des propos d’Engels sur la possibilité du passage pacifique au socialisme, alors même que celui-ci ne cesse de répéter qu’une telle possibilité est incertaine et rarissime. Pas un mot sur la lettre de Marx à Weidemeyer de 1852, pas un mot sur les propos de Lénine qui fait de cette même lettre le point obligé de tout positionnement communiste, de même sur la rectification du Manifeste Communiste de 1872. Très bizarrement quand Boccara lit Lénine, il ne lit que le Lénine économiste. "L’Etat et la Révolution", "la Révolution Prolétarienne et le Renégat Kautsky" etc. etc. Paul ne les connait pas. Il ne veut pas rompre avec la ligne politique du 22ème congrès, alors que ce congrès apparait aujourd’hui clairement comme celui qui a donné aux thèses droitières et social-démocrates, l’impulsion nécessaire et suffisante, pour inverser le rapport de force dans le parti, abandonner la classe ouvrière, puis renoncer congrès après congrès à tout ce qui a fait la structuration idéologique et politique de l’activité communiste.

Par contre, et rendons lui hommage, il sait encore se revendiquer du Lénine économiste ; "L’impérialisme stade suprême du capitalisme" est cité de nombreuses fois, et Paul inscrit le fondateur de l’internationale communiste dans la droite ligne de Marx. C’est courageux de sa part à une époque ou le nom même de Lénine n’est plus prononcé, ni par le journal l’Humanité ni dans les textes de congrès. Cependant cette lecture "économiste" produit des effets pour le moins singulier, ainsi Boccara après avoir été l’un des plus ardent défenseurs des nationalisations à l’époque du programme commun, devient-il un singulier défenseur d’autres formes de "propriétés publiques", entre autre la municipalisation. La commune "gestionnaire", voilà le nouveau credo de notre ami (p131). Paul n’est pas sans ignorer que cette question constitue une ligne de démarcation entre anarchistes et marxistes accusés par les premiers d’être des "étatistes". Certes Marx y fait référence mais bien moins qu’à la nécessité d’une étatisation (de même Engels), mais Marx ne sous-estime pas la question de l’État-Nation, et aujourd’hui on pourrait légitimement s’inquiéter du nouveau positionnement de Paul Boccara, dans un environnement qui cherche à la fois la disparition des départements mais aussi de l’État, au profit d’un axe : métropoles de communes, régions, Europe. Pour finir, et en dehors de cette singulière référence, tout l’ouvrage fait l’impasse sur la question de l’abolition de la propriété privée des moyens de production, dont Marx dit dans le Manifeste qu’elle résume à elle seule, la question de l’idéal des communistes.

Nous considérons donc, que le camarade continue un irrésistible glissement vers le social-démocratisme, et s’il ne peut y avoir de lecture mécanique entre son œuvre théorique et le rassemblement politique représenté par ses amis de l’ANR, soulignons quand même l’absence de textes alternatifs proposés maintenant depuis 2 congrès, par cette sensibilité, alors que très clairement les bases communes mis aux votes sont de plus en plus calamiteuses et ouvertement droitières. Cela traduit, pour le moins, la grande confusion qui règne dans leurs esprits.

Concernant l’ouvrage, celui-ci dans la droite ligne de ce que Paul a toujours produit, cherche une nouvelle fois à valoriser les Livres 2, et surtout 3, du Capital qui auraient été injustement sous-estimés au profit du Livre 1. Ce dernier insistant unilatéralement sur la question de l’exploitation et celle de la division du travail au sein de la catégorie sociale des ouvriers. Il s’agit donc pour Boccara de réévaluer les opérations de circulation et de valorisation, mais aussi d’aller au-delà de cette manifestation, pour atteindre à une réalité individuelle qui se cacherait derrière ces phénomènes. Il y a un après économie, appelant une nouvelle civilisation qu’il nomme "anthroponomique" qui nous permettrait d’accéder, enfin, à l’homme "vrai". Cet homme débarrassé de ses oripeaux économiques, se révélant essentiellement un être de communication et d’échange, qui ne peut accéder à la pleine réalisation de soi, pour profiter des révolutions scientifiques et techniques que le système génère (entre autre la révolution informationnelle), du fait de son enchâssement dans les rapports capitalistes.

La valorisation de la circulation et de la validation dans l’œuvre économique de Marx à donc pour fonction de mettre en avant, cette autre thèse essentielle pour Boccara, que l’individu est avant tout un être social, parce que c’est un être communicant. Cette thèse n’est pas différente de celle de Sève, elle s’en inspire. De ce point de vue Boccara tombe sous la même critique que nous jugeons essentielle qui cherche à réduire ce que Marx appelle les rapports sociaux, à des relations sociales. La théorie de la socialisation cherche à mettre en liens des niveaux d’échanges qui sont de natures différentes. La socialisation par altérité de l’individu, la socialisation par échange (économique etc.), et la socialisation par exploitation, alors qu’elles ne recouvrent nullement des phénomènes de natures identiques. Pourtant toutes se présentent sous la forme d’une circulation et d’un échange. Si Boccara cherche à tout prix à mettre en avant les Livres 2 et 3 au dépend du Livre 1, ce n’est pas innocent. Le Livre 1 insiste sur les conditions techniques de production de l’échange et sur la nature de l’objet échangé. Marx y affirme très clairement que cela joue un rôle essentiel sur l’échange lui-même, y compris au niveau économique ; c’est ainsi que si la théorie du profit concomitante de plusieurs modes de production est bien portée par le livre 2 et 3, celle de l’exploitation et de la plus-value sont masquée par la division technique et la division sociale du travail, thèse du Livre 1. Or Boccara ne veut pas lâcher l’affaire sur sa prétendue neutralité de la révolution scientifique et technique, hier sous la forme de l’automation et de la machine à commande numérique, aujourd’hui sous celle de la révolution informationnelle.

Ce qui gêne profondément, les partisans d’une neutralité des moyens de production, et de leurs organisations, c’est que Marx dans le livre 1 du Capital non seulement ne voit pas dans le passage de la manufacture à la fabrique un progrès qui améliorerait par effets mécaniques la situation des travailleurs, mais qu’au contraire ce bouleversement a pour origine la volonté d’en augmenter l’exploitation. Si Boccara était marxiste dans l’analyse de cette nouvelle phase de l’histoire du développement industriel et technologique qu’il nomme "révolution informationnelle", ce ne sont pas les bienfaits supposés de cette révolution qu’il chercherait d’abord et avant tout à valoriser, mais au contraire, il devrait démontrer comment ceux-ci accroissent l’exploitation des salariés qui la mettent en œuvre, tout en accentuant la division du travail entre eux ; et pourquoi la bourgeoisie a tenu, et tient tant aujourd’hui, à la voir se généraliser.

Ce qui traduit le glissement de l’esprit droitier dans le marxisme depuis toujours, est précisément la représentation de l’environnement économique et social comme une réalité qui irait spontanément vers son amélioration et la résolution de ses contradictions, alors que Marx comme Lénine n’ont cessé d’affirmer le contraire. C’est pourquoi ils n’ont jamais cessé de défendre la nécessité d’une révolution "violente" comme bouleversement total et complet de l’ordre économique et social, et ce n’est pas innocemment que Boccara insiste au contraire sur le passage pacifique au "socialisme". Si l’environnement économique, dans sa modification bienfaitrice sur les forces productives, n’attend plus qu’un bouleversement majoritaire d’adhésion de consciences, alors une victoire électorale suffit.

En fait, la révolution informationnelle imposée par le capitalisme en crise finale n’est pas la solution, elle est le problème.

En cas de changement politique, pourrions-nous la redévelopper ailleurs et autrement qu’elle s’est construite ? Oui, si elle n’excluait personne, mais c’est précisément ce qu’elle ne peut pas faire, puisqu’elle n’inclue que du travail qualifié dans et à l’extérieur de sa partie mécanique. Hors précisément tout le développement économique au sein du capitalisme est basé sur une accentuation de la division du travail, une ségrégation et une segmentation du marché du travail et des qualifications. Pour instituer un autre ordre économique, la crise du capitalisme comme la crise du socialisme ayant réellement existé, nous oblige à chercher une autre mise en œuvre technologique. Celle-ci ne peut continuer à être imposée de l’extérieur pour venir chapeauter les conditions de production. Elle doit au contraire être le résultat d’une révolution culturelle au sein du collectif de travail, qui vise à en briser la division technique et la division sociale.

La théorie du CME, telle que présentée et actualisée par ses partisans au sein du PCF, est le miroir des intérêts de l’aristocratie ouvrière (ouvriers qualifiés, techniciens, ingénieurs etc. généralement, hommes, blancs, etc.), qui sont naturellement portés à considérer le progrès technique comme ce qui fait le lien entre leur catégorie sociale et la catégorie immédiatement supérieure (enseignants, chercheurs, les producteurs de connaissance etc.) d’où la place centrale qu’elle occupe comme force libératrice dans leur imaginaire. La contradiction tient en ce qu’elle est exclusive des autres catégories, et en particulier de celles qui ont subi un procès de déqualification.

Deux solutions sont proposées à cette contradiction, la première considère que nous pouvons tous devenir des ingénieurs et techniciens, qui dans un modèle hyper-productiviste inonderait le monde de ses bienfaits. Il y a du monde, il y a de la misère, produisons pour le monde. La difficulté d’un tel raisonnement tient à ce que le reste du monde a lui aussi ses chômeurs et ses déqualifiés qui doivent impérativement produire, pour sortir eux, et leurs pays, du sous développement. Le reste du monde n’a donc pas besoin qu’on produise pour lui, il demande juste à produire pour lui-même.

La seconde tient dans la reprise du seul modèle de passage au communisme qui ait jamais été proposé jusqu’à ce jour, celui de Lénine. Le communisme est une société sans classes et sans État. Pour parvenir à cette situation, il faut mettre fin à la lutte des classes. Mais pour Lénine, la lutte de classe n’a pas pour mission de valoriser des positions propres à la classe ouvrière en matière de production, mais simplement à la faire disparaître comme les autres. Dès lors, (pour Boccara) le modèle rationnel devient celui du citoyen fonctionnaire (Agent de l’État, donc porteur de droit, improductif, donc inexploité etc.) si tout le monde est fonctionnaire, l’État étant partout, il est nulle part. Il suffit d’un seul individu appuyant sur le bouton de Big-Brother, d’une immense usine en automates informationnelles, et le tour est "joué". Il se trouve que ce modèle vient d’échouer (bien qu’il n’ait jamais atteint le paroxysme de notre démonstration, en Europe de l’Est et aujourd’hui à Cuba), un salaire minimal pour tous et personne ne s’occupe de la production et de la qualité de la marchandise.

Paul Boccara est un communiste intelligent et sincère, son néo-léninisme est réconfortant, il ne lâche ni sur la surqualification de l’aristocratie ouvrière, ni sur le citoyen-fonctionnaire (qu’il résout par la figure d’un citoyen propriétaire communal), en ce sens il reste fidèle au modèle dominant du parti, en essayant toujours de répondre à la question : "le communisme c’est quoi, et on y va comment". Ce qui aujourd’hui est rare dans le parti. Mais alors que suite à la crise généralisée du socialisme ayant réellement existé, il convient de remettre en cause le contenu du bouleversement, il continue de défendre le point de vue économique de Lénine et à ignorer son point de vue politique. Nous pensons nous, à l’inverse, qu’il faudrait réévaluer son point de vue politique, la question du pouvoir d’État et son extinction, et remettre en question son modèle économique basé sur la généralisation de la division du travail et l’application systématique du capitalisme d’État, dans un environnement technologiquement neutre.

Pierre Martin


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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 13:26

 

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Avec la précipitation des événements au Mali, il apparaît que la France joue son rang de puissance et le Mali son existence dans ce premier engagement militaire direct français, en solitaire, sur un théâtre d’opération depuis la fin de la guerre d’Algérie. Dans ce contexte, l’Algérie, ayant connu par le passé le fléau terroriste, se trouve à nouveau confrontée à cette nébuleuse comme l’ont montré les récents événements d’In Amenas. Aussi, ne peut-elle pas se considérer en marge des événements qui ont secoué la Tunisie, la Libye et actuellement le Mali. La région sahélienne étant devenue une poudrière aux conséquences imprévisibles, dans cette phase de géo-dislocation globale de la sphère arabe, l’impératif de l’Algérie est de desserrer le nœud coulant néo-islamiste et forcer la porte des BRICS, le moteur de la nouvelle diplomatie multilatérale. Un mois après le lancement de l’opération Serval, et pour mieux élucider ces questions géostratégiques, La Nouvelle République a fait le point avec René Naba, journaliste, écrivain et politologue.
René Naba
La Nouvelle République : Quel bilan tirez-vous tant pour la France que pour le Mali, un mois après le lancement de l'opération Serval ?
René Naba : La France joue son rang de puissance et le Mali son existence dans cette expédition du Mali, premier engagement militaire direct français, en solitaire, sur un théâtre d’opération depuis la fin de la guerre d’Algérie en 1962. En première ligne dans la guerre de prédation économique du versant sud de la Méditerranée – la Libye et la Syrie, sans endettement extérieur, disposent de réserves énergétiques –, la France se retrouve de plein fouet sur la ligne de front, en confrontation directe avec ses frères d’armes de Libye et de Syrie, qu’elle cherche à terrasser. Qu’il est douloureux le venin inoculé par la morsure d’un serpent nourri en son sein. L’expédition punitive du Mali de janvier 2013 se présente dans une configuration stratégique sensiblement différente des précédentes séquences (Suez, Bizerte, Kolwezi). Au Mali, face à des hordes furtives, la France est sous perfusion technologique américaine, sous transfusion matérielle et humaine européenne et africaine (2 000 Tchadiens, 500 Nigérians), sous injection financière arabe. Serval traduit un effondrement de la capacité de projection de la puissance française. Et cela, quelle que soit l’issue des combats. Un échec de la France poserait la question de la légitimité de sa présence au sein du Conseil de sécurité en sa qualité de membre permanent doté d’un droit de veto. Un statut octroyé en dépit de sa collaboration avec l’Allemagne nazie sous Vichy, non pas tant pour sa contribution à l’effort de guerre allié, mais en raison de sa possession à l’époque d’un consistant empire colonial. Dissipé depuis, l’empire est désormais réduit à sa honteuse portion congrue de la Françafrique. Un éventuel échec réduirait le rôle de la France à celui d’un satrape régional. La guerre du Mali est la conséquence directe de la guerre de Libye. Nicolas Sarkozy et son compère Bernard-Henry Lévy doivent rendre compte de ce gâchis humanitaire, en comparution immédiate. De même qu’Alain Juppé et Laurent Fabius, les deux super-capés de droite et de gauche, dont l’activisme en Libye et en Syrie auprès des frères d’armes des djihadistes d’Ansar Dine s’explique par leur «complexe de la pénombre». Une pathologie qui se traduit par une volonté de compenser leur éclipse relative de la scène publique du fait de leur condamnation par la justice de leur pays, le néo-atlantiste gaulliste pour avoir « trahi la confiance du peuple souverain » dans l’affaire dite des emplois fictifs et le néoconservateur de gauche dans l’affaire du «scandale du sang contaminé ». L’intervention précipitée de la France au Mali vise à créer de nouvelles conditions face à la nouvelle administration Obama dont les postes clés, le Département d'Etat (John Kerry) et la Défense (Chuck Hagel), ont été confiés à des hommes de dialogue, contrairement à Hillary Clinton. La réunion du groupement de l'opposition syrienne atlantiste le 28 janvier à Paris, le jour même où l'opposition démocratique syrienne se réunissait à Genève, relève de cette même politique du fait accompli en ce qu'elle est destinée à barrer la voie à toutes les initiatives diplomatiques qui se situeraient hors du champ français. Le télescopage de la réunion de l’opposition offshore syrienne avec celle du colloque de Genève à l’initiative de l’Institut scandinave des droits de l’Homme constitue, en tout état de cause, une mauvaise manière faite à la démocratie en ce que la France apporte la démonstration qu’elle ne tolère que les opinions conformes à ses vues. Sous le rationalisme cartésien, couve dans ce grand corps malade une distorsion mentale. Combattre la succession au sein des républiques arabes et propulser l’héritier d’un autocrate au Gabon (Ali Bongo) en truquant les élections ou tendre la sébile aux Arabes et faire le matamore à propos de leur Mandela, le Libanais Georges Ibrahim Abdallah, le doyen des prisonniers politiques en France, au prétexte d’une matrimonialité seconde du responsable de l’ordre public, relève d’un dérèglement moral en ce qu’elle signe la confusion de la sphère publique et privée dans la gestion des affaires publiques. L’exemple le plus patent en est Manuel Valls. Le ministre de l’Intérieur et des Cultes se considère désormais « éternellement lié » depuis son mariage en seconde noces avec une musicienne française de confession juive, non avec la France dont il est le citoyen, mais à Israël, non le pays, mais le lieu de référence religieuse de son épouse, indice pathétique du dévoiement de la pensée. François Hollande, Nicolas Sarkozy et Manuel Valls.
Que pensez-vous justement de la politique de François Hollande par rapport à celle de Nicholas Sarkozy, n’y-a-t-il pas là une certaine continuité ?
Le comportement de Nicolas Sarkozy relevait de l’ordre primaire obsessionnel et compulsif. François Hollande a l’apparence de la bonne courtoisie. Une différence à la marge. Sur la forme, non sur le fond en ce que l’alternance a substitué un néo-conservatisme de droite par un néo-conservatisme socialiste. Un néo-conservatisme hard en un néo-conservatisme soft. Le cas le plus flagrant est le cas Manuel Valls. Nous y revenons en ce qu’il est le cas symptomatique de l’équipe socialiste. Ministre de l’Intérieur et des Cultes, il est en charge de l’ordre public et de la concorde nationale. Les aléas de sa vie affective ne doivent pas déterminer sa vie publique. Un bon ministre de l’Intérieur est celui qui est invariablement lié, de manière éternelle, aux intérêts fondamentaux de son propre pays. Une action en suspicion légitime devrait être exercée à son encontre en ce qu’il ne se comporte pas en arbitre soucieux de privilégier les intérêts supérieurs de la nation française. Entre Nicolas Sarkozy et l’ancien maire d’Evry, qui projetait de transplanter des White au sein de sa population Blakos, la différence est inexistante. Valls est un néo-conservateur rentré. A la manière d’un acte manqué.
Avec l’échec de l’Occident dans sa lutte contre la piraterie somalienne, d’une part, quel pronostic pourrait-on avancer sur l’intervention française au Mali ? Et d’autre part, avec cet engagement de la France au Mali, ne pensez-vous pas que cela va mettre en péril les intérêts français partout dans le monde ?
L’opération de Somalie est un ratage monumental, d’autant plus incompréhensible et injustifié qu’une armada de 37 bateaux de guerre occidentaux opèrent dans le Golfe d’Aden pour lutter contre la piraterie maritime aux larges des côtes de Somalie. Ce grave échec a d’ailleurs stimulé les contestataires à l’ordre français en Afrique et accentué les risques.
Quelles conséquences sur le plan interne français ?
Le Mali va mettre en veilleuse les grands problèmes lancinants de la société française. Reléguer au second plan les questions sociétales telles la réforme du statut du mariage, le problème de la cohésion sociale tel le vote des étrangers, les douloureux problèmes de niveau de vie tels l’usure du pouvoir d’achat, la hausse du chômage, l’accroissement de la misère et de la précarité ainsi que le délitement de la société et l’augmentation de l’insécurité, enfin, dernier et non le moindre, le vieillissement de la démocratie française. En quarante ans, la France a perdu, du fait de la concurrence internationale et de l’inadéquation de sa formation professionnelle, près de neuf cents métiers et trois millions d’emplois. Tant sur le plan interne qu’international, elle est atteinte d’un malaise vagal stratégique. Le Mali a transformé François Hollande, décrié auparavant pour sa mollesse, en chef de guerre, lui conférant une stature de chef de guerre à l’effet de le remonter dans les sondages. En ces heures douloureuses, il est à espérer que le septentrion malien ne soit pour le général Flanby ce que la Cyrénaïque fut pour le maréchal Erwin Rommel Ne pensez-vous pas que la Mali paye aujourd’hui le prix fort de sa déliquescence ?
S’il en est ainsi, que devrait-il faire pour redresser sa situation ?
Le Mali doit rendre justice à son histoire, en faisant, sans retard, sans ménagement, le procès de l’institution militaire qui, en un demi-siècle d’indépendance, a sinistré le pays en phase de délitement du fait de sa déroute militaire et sa banqueroute économique. De la déliquescence de l’État à la régression nationale : jamais un pays n’aura connu pareille décélération. Du fait d’une mafia politico-militaire. En toute impunité. En cinquante ans d’indépendance, le Mali n’aura connu qu’un seul mandat de bonne gouvernance, celui du premier président du Mali indépendant, Modibo Keita (1960-1968). Son renversement par un coup d’État d’un lieutenant fantasque, Moussa Traoré, va inaugurer une ère de plus de quarante années de mensonges et de corruption, dont le Mali ne connaîtra l’épilogue tragique qu’avec le régime calamiteux d’Amadou Toumani Touré (ATT) et le coup d’État pathétique du capitaine Ahmadou Haya Sanogo. Cinq officiers supérieurs, les fameux planqués de la République, sont particulièrement visés par ce propos :
- Le dictateur Moussa Traoré, parricide du symbole de l’indépendance malienne, deux fois condamné à mort, puis gracié, vivant désormais une retraite pieuse mais très confortable aux frais de l’État, à Bamako, narguant de sa présence aux cérémonies les proches de ses victimes.
- Le velléitaire cumulard Ahmad Toumani Touré, le planqué de Dakar, planqué avec son magot dans un silence tonitruant.
- Le putschiste Ahmad Haya Sanogo, planqué à l’ombre de ses 60 Humvee (High mobility multipurpose wheeled vehicle), affectés à sa protection, qui doivent être impérativement réaffectés au champ de bataille et non plus servir à sa parade, de même que les 600 millions de francs maliens ponctionnés mensuellement sur le budget malien pour sa dépense personnelle, reversés au budget de guerre.
Enfin, les deux planqués de la déroute militaire, les deux grands vaincus de la bataille de 2012, le colonel Gamou, responsable de la base de Kidal jusqu’à sa chute en février 2012, réfugié au Niger avec cinq cents soldats ainsi que le colonel Maydoun, son alter ego de la base Gao. Décréter la mobilisation générale, rétablir le service militaire obligatoire. Mener sa propre guerre de libération nationale, à l’exemple de son voisin et ami l’Algérie, qui a vaincu le colonialisme avant de vaincre le terrorisme. En un mot se débarrasser de sa mentalité d’assisté… Tel doit être le mot d’ordre du Mali pour reconquérir sa dignité avant sa souveraineté.
Comment voyez-vous la position de l’Algérie par rapport à tout ce remue-ménage politico-militaire qui se déroule à ses frontières ?
Qui tient l’Afrique tient l’Europe, assurait Karl Marx. L’Algérie occupe une position centrale au Sahara. Frontalière de sept pays (Maroc, Tunisie, Libye, Mali, Mauritanie, Niger et RASD) elle se doit de demeurer au centre du jeu d’autant plus impérieusement que l’Algérie est chez elle au Sahara et dispose d’une frontière commune de 1 300 km avec le Mali soit infiniment plus que la totalité du métrage de la France avec ses pays limitrophes (Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Suisse). La France au Mali est davantage préoccupée par les gisements d’uranium du Niger que pour la souveraineté nationale du Mali. La géostratégie des minerais, de même que la drogue, a horreur du vide. François Hollande au Mali roule pour Areva et tant pis si l’intégrité du Mali devrait éventuellement en pâtir. Il s’en accommodera pour peu que la tutelle targuie en gestation dans le nord malien accepte de jouer le jeu. Pour preuve, François Hollande n’a pas manifesté le même zèle pour voler au secours de François Bozizé en ce que les intérêts stratégiques français n’étaient pas menacés en République centre-africaine. Mais le Mali revêt une autre dimension transarabe. Il est à coupler avec la Syrie. Ces deux pays constituant les deux points de fixation de la Russie et de l’Algérie dans la bataille de l’énergie que se livrent en sourdine le camp atlantiste et leurs fournisseurs de gaz. Alliées de la Syrie, la Russie et l’Algérie sont de surcroît les deux principaux ravitailleurs en gaz de l’Europe occidentale, laquelle veut réduire sa dépendance de ces deux pays situés hors de la sphère atlantiste. La guerre de Syrie s’explique dans ce contexte et vise un triple objectif :
- Désarticuler le maillon intermédiaire de l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine dans la zone, constitué de l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais.
- Affaiblir économiquement l’Iran, sous embargo depuis trente ans, et la Russie.
- Fixer la Syrie et la Russie sur cet abcès de fixation le temps de procéder au déroutement du trafic gazier du Détroit d’Ormuz vers la Méditerranée orientale avec des terminaux en Syrie et en Turquie.
Pour les initiés, c’est la fameuse bataille du projet transeuropéen Nabucco contre le projet russe North and South Stream. L’écharde nord-malienne s’explique dans ce contexte. L’Algérie, ultime survivant de l’ancien «front du refus arabe», flanquée de surcroît désormais de deux régimes néo-islamistes, la Libye et la Tunisie, est ainsi rivée au sol par le dossier du séparatisme du nord du Mali. Le Mali, toutefois, ne sera pas une promenade de santé. Les sables mouvants sont insondables et les voies des pistes caravanières sont impénétrables. Serval est le prolongement sur le théâtre africain de la grande géodéstabilisation globale de la sphère arabe, du Sahara… du Nord-Mali, au Sahara algérien, à la Libye, à la Syrie. L’assaut d’In Anemas relève de ce schéma visant à entraîner l’Algérie dans les sables mouvants du désert saharien. Quels seraient, d’après vous, les atouts de l’Algérie dans ce nouvel échiquier ? L’Algérie a une expertise reconnue dans le domaine de la guérilla acquise durant sa guerre de Libération nationale, doublée d’une expertise dans la lutte contre le terrorisme acquise durant la décennie noire 1990-2000), mais aussi et surtout, mais cela les initiés en conviennent, sous la houlette soviétique lors de la guerre d’Afghanistan (1980-1990). De ce fait, l’Algérie n’est redevable à aucun état occidental du moindre soutien logistique ou financier dans sa guerre contre le terrorisme. Elle a donc les coudées franches. Mais cette guerre risque d’être longue et coûteuse, la génération de la guerre d’indépendance au pouvoir depuis cinquante ans arrive, à plus ou moins brève échéance, au terme de son mandat. Il importe que la relève soit assurée et la transition maîtrisée. C’est là une des failles du système, qu’elle doit remédier sans retard. Avec 250 milliards de dollars de réserve, l’Algérie est le deuxième pays arabe par l’importance de ses devises, derrière l’Arabie Saoudite. Elle ne saurait se comporter en « état rentier » se contentant de son statut de « pays émergent », qui n’est rien d’autres qu’un strapontin, autrement dit « un piège à cons ». Par fidélité à son histoire, l’Algérie, le pays le moins dépendant du monde arabe sur le plan international, se doit de monter au créneau par une meilleure répartition de ses richesses, la relance de son agriculture, le développement de son infrastructure, la dynamisation de sa bureaucratie, en même temps que la démocratisation de son espace public, en impulsant une citoyenneté active à sa population, particulièrement sa jeunesse trépidante, en développant un esprit critique de sa presse, pour rejoindre le BRICS (Brésil, Russie, Afrique du sud, Inde), nouveau moteur de la diplomatie multilatérale. Au BRICS en tant que représentante des pays arabes et musulmans, pour y développer une coopération sud-sud, en substitution à une coopération verticale de subordination et de prédation des économies nationales des pays arabes. En un mot, établir un rapport de qualité entre les deux sphères de la Méditerranée et entre les deux hémisphères de la planète.
Dans cette nouvelle approche de la lutte antiterroriste prônée par l’Occident, quel devenir d’après-vous de l’islamisme politique ?
La guerre décennale contre le terrorisme (2001-2011) a laissé le monde occidental exsangue sur le plan économique avec la crise bancaire américaine, (une perte de capitalisation bancaire de l’ordre de 25 000 milliards de dollars), la crise systémique de l’endettement européen (les guerres d’Irak et d’Afghanistan, d’un coût global de 3 000 milliards de dollars). De quoi effacer les dettes publiques de l’ensemble des pays de la planète, de financer un gigantesque plan de grands projets à l’effet d’éradiquer les pandémies, la pauvreté, l’analphabétisme, la malnutrition dans le monde, d’offrir une retraite décente à ses occupants, avec, cerise sur le gâteau, la réhabilitation de la Palestine, victime des turpitudes occidentales. Il était possible aux pays arabes de faire une offre gagnant-gagnant au monde occidental : renflouer son économie par injection massive de pétrodollars en contrepartie du règlement de leur question centrale : la Palestine La configuration se prêtait d’autant plus que pour la première fois dans l’histoire moderne arabe, les islamistes étaient parvenus au pouvoir dans la quasi-totalité des pays arabes, du golfe pétromonarchique wahhabite rétrograde, aux gouvernements néo-islamistes des rives de la Méditerranée (Egypte, Libye, Tunisie). Mais en accordant la priorité à la destruction de pays arabes, sous couvert de lutte pour la démocratie, plutôt qu’à la libération de la Palestine, les pétromonarchies, les régimes les plus rétrogrades au monde, se sont révélées les commanditaires de leur propre mercenariat en vue de leur auto-asservissement alors que le néoislamisme pro-américain est, lui, apparu comme le gestionnaire de l’ordre rentier pétromonarchique, ainsi qu’en témoigne le règlement de la dernière offensive israélienne de Ghaza Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), le monde arabe est passé par trois phases de transformation révolutionnaire, trois phases de lutte : - Lutte contre le colonialisme ou l’occupation étrangère, avec l’indépendance de la quasi-totalité des vingt pays membres de la ligue arabe du Machreq et du Maghreb - Lutte contre la dictature interne ou l’occupation interne avec la chute de Zine El-Abiddine Ben Ali (Tunisie), Hosni Moubarak (Egypte), Mouammar Kadhafi (Libye) et l’élimination des Premiers ministres d’Irak (Noury Saïd) et de Jordanie (Wasfi Tall) et du président égyptien Anouar Al-Sadate notamment. Lutte enfin dans la phase finale contre les trafiquants de la religion, les nouveaux marchands de temple de l’ère contemporaine, tant il est vrai que l’islam du XXIe siècle se doit être une religion d’avenir et que l’adhésion à une foi ne dispense de disposer d’une solide morale.
Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm

                           

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 13:19

 

                                            Terre Corse de février est paru:

                     http://terrecorse.tumblr.com/

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