(13-02-2013 - Avec les agences de presse)
"Assawra"
Des sources palestiniennes font état d’une politique systématique d’évacuation des habitants arabes par l’État israélien, sous des prétextes illégaux ou injustifiés.
Dans un communiqué de presse publié jeudi 7 février, Muhannad Jannara, avocat palestinien de Jérusalem, a indiqué que « ce sont entre cinquante et soixante avis de démolition qui ont été émis dans certaines zones de la ville sainte en deux jours à peine. Ces zones intéressent l’administration communale et le ministère de l’Intérieur ».
Jabbara, qui est aussi expert en questions urbanistiques, tient à signaler que les ordres de démolition sont concentrés dans ou autour de la vieille ville : Silwan, le Mont des Oliviers, Beït Hanina, Beït Safafa et autres zones politiquement sensibles. Il a ajouté que « les démolitions ont été décidées pour répondre à des objectifs israéliens, parmi lesquels le soutien au tourisme religieux (juif) ou la construction de postes de police, comme celui situé près du mur d’al-Buraq, tout près de la mosquée al-Aqsa ».
Jabbara a souligné que « ces démolitions ont été sporadiquement organisées depuis des années. Cependant, leur intensité est montée d’un cran depuis la reconnaissance par l’ONU de l’État palestinien, de telle sorte qu’elles apparaissent aux yeux de ses concitoyens comme une punition collective ».
Le juge palestinien a estimé que « les démolitions ont des aspects gravissimes et peuvent être assimilées à des avanies imposées par Israël pour opprimer l’Autorité palestinienne dans la mesure où le foyer est un élément fondamental de la vie humaine ». Jabbana explique que la ville de Jérusalem avance principalement deux prétextes pour justifier les démolitions : l’absence de permis de construire et la présence non autorisée de caravanes.
Jabbara a signalé les efforts, individuels ou collectifs, mis en œuvre pour repousser ces démolitions au moins jusqu’à la prononciation du verdict des tribunaux israéliens, affirmant : « nous présenterons des pétitions contre la municipalité et le ministère de l’Intérieur, et nous chercherons à connaître les raisons qui jusque-là interdisent la délivrance de permis de construire dans la vieille ville. De même, nous chercherons à faire modifier le plan d’urbanisme de Beït Hanina ».
Israël a émis soixante ordres de démolition en deux jours à peine. Et Jabbara est bien conscient des limites de ces démarches dans la mesure où les tribunaux seront juges et parties. Finalement, on n’a peut-être rien trouvé de mieux que la force pour résister à la violence. Face au terrorisme sioniste, Palestine debout !
source: Resistance
mercredi 13 février 2013,
Des Egyptiens, hommes et femmes, sont de nouveau descendus dans la rue mardi pour exiger la fin des violences sexuelles contre les femmes en Egypte, qui se sont multipliées ces derniers mois dans le centre du Caire.
"La voix de la femme est une révolution", ont scandé les manifestants, en agitant des drapeaux marqués du visage d’icônes féminines égyptiennes.
Ce rassemblement est le dernier d’une série d’actions demandant la fin de la culture d’impunité vis-à-vis des agressions sexuelles commises par des groupes d’hommes sur la place Tahrir et dans ses environs.
Ces attaques sont "une arme dans l’actuel conflit politique", a dit une manifestante, Mayar Abdel Aziz, en accusant "les opposants à la liberté" d’en être les auteurs.
Le harcèlement des femmes dans les rues d’Egypte est depuis longtemps un problème, mais le phénomène s’est récemment amplifié. Des agressions et des viols ont aujourd’hui régulièrement lieu en marge des manifestations.
Les manifestants se sont aussi dits furieux de déclarations de membres de la chambre haute du Parlement, qui ont rendu les femmes responsables des attaques.
"Les femmes parfois provoquent le viol en se mettant dans une position qui les rend susceptibles d’être violées", a ainsi dit le sénateur Adel Afifi, cité par les médias locaux.
La semaine dernière, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a appelé le président Mohamed Morsi à prendre des "mesures drastiques" pour mettre fin aux violences sexuelles contre les femmes.
A la manifestation du Caire, des femmes dénonçaient le caractère "systématique" des attaques.
"Nous avons toujours eu du harcèlement. Ce qu’il y a de nouveau c’est que la violence est devenue systématique", a dit Asmaa Ali, qui dirige un groupe contre le phénomène. "Harcèlement est un terme poli. Il faut qualifier cela d’agressions sexuelles. Ca a atteint le niveau de viols collectifs place Tahrir", a-t-elle ajouté.
(13-02-2013 - Avec les agences de presse)
"Assawra"
"Lénine et la révolution". Conférence de Jean Salem from Les Films de l'An 2 on Vimeo.
Sous l’effet des interrogations liées à l’ampleur de la crise systémique actuelle et des difficultés rencontrées par les tenants de l’émancipation et de la transformation sociale pour y répondre, on assiste à un retour de Marx dans le débat idéologique, et les références aux apports d’Antonio Gramsci, de Rosa Luxembourg, voire de Lénine se multiplient. Cela incite Espaces Marx à proposer un travail dont l’objectif est de revisiter et réinterroger les travaux, les concepts développés par ces acteurs et penseurs révolutionnaires. En quoi peuvent-ils être opérationnels dans les combats contemporains ? Lors de cette séance nous entendrons Jean Salem nous présenter la pensée de Lénine. (L'Humanité du 22 juin 2011)
Jean Salem,
Professeur de philosophie à Panthéon-Sorbonne
Auteur de « Lénine et la révolution », édition Encre Marine
l'Humanité Dimanche publie, demain jeudi 13 février, un document de décryptage article par article de l'"accord" dit de sécurisation de l'emploi. Avec les points de vue de Bernard Thibault (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO) qui n'ont pas signé ce texte, et de nombreuses personnalités. Dans son éditorial, Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité appelle à chacune et chacun à se saisir de de ce document pour "Prendre connaissance et débattre autour de soi de cet « accord dit de sécurisation de l’emploi ». Créer un mouvement d’opinion majoritaire pour défendre le droit social..."
Les dirigeants du STC m’ont attaqué pour ce qui est du paiement des jours de grève aux agents des CFC engagés dans le dernier conflit. Sur le fond leurs arguments, s’agissant de syndicalistes, peuvent surprendre. Sur la forme, ils auraient du être informés que la même mesure avait été retenue à la sortie du conflit de 2010, mené par le STC, à savoir : 2/3 à la charge de la CTC et le restant réparti pour moitié à la charge de l’exploitant et pour moitié à la charge des agents grévistes.
Quant à la lutte des 145 ouvriers de FEMENIA FABRICATION qui a durée cinq ans: Les propos qui laissent sous entendre que cette entreprise privée, dans laquelle effectivement je militais avant d’être licencié avec 96 autres camarades, aurait été fermée parce que nous étions trop revendicatifs et trop payés sont tout aussi significatifs d’une curieuse conception du syndicalisme. Sans entrer ici dans le détail, mais je suis prêts à le faire si nécessaire, ce n’est pas en raison des salaires, très critiqués il est vrai à l’époque par un patronat local dont on connaît la fibre sociale, que cette entreprise a été fermée mais bien en raison de la politique de déstructuration industrielle du machinisme agricole français dans le cadre du marché européen. Nous nous sommes battus contre cette politique dont on voit encore aujourd’hui les effets néfastes. Cette lutte allait dans le sens de l’intérêt bien compris du pays et de la Corse pour laquelle FEMENIA FABRICATION était une grande entreprise industrielle.
Il m’est reproché également d’avoir œuvré afin que le dialogue social reprenne entre les grévistes (STC, CGT et non syndiqués) et le président de l’OTC. Venant des défenseurs du service minimum en cas de grève je n’en suis pas surpris. Ce faisant, aucune explication n’ait donnée sur le fond du problème. Quand 191 agents signent une lettre pétition dans laquelle ils expliquent n’avoir pas d’information sur le contenu du projet d’accord, notamment sur le titre 7 concernant la rémunération, ce n’est pas Michel Stefani qui les y oblige. Il en est de même s’agissant de la lettre des 7 chefs de services, il y en a 9 aux CFC, dénonçant leur mise à l’écart alors qu’ils devaient être associés conformément au protocole du 4 juillet 2012. Il en est encore de même quand le 21 décembre 126 agents observent une journée de grève puis, un mois plus tard, 110 à 120 se déclarent en grève à nouveau pendant 15 jours. Chacun comprendra que m’attribuer la responsabilité de ces faits est pour le moins excessif.
Plus sérieusement, j’ai essayé de comprendre et d’agir pour sortir du blocage. Mes prises de positions publiques analysées trop souvent en termes de désaccord dans la majorité régionale le confirment. La réunion du CA de la SAEML, le montre tout autant puisque, sur ma proposition, un vote unanime est intervenu demandant la reprise du dialogue social et la tenue d’une réunion mettant toutes les parties autour d’une table. C’est ce qui a été acté au protocole de sortie de conflit entre le président de l’OTC et les représentants des personnels grévistes des CFC. Le STC d’ores et déjà a fermé cette porte c’est regrettable et éclairant. Car il s’agit d’un refus de corriger plusieurs imperfections et inégalités à l’avantage de certains agents alors que d’autres seraient lésés.
Enfin il me semble que la confusion doit être levée entre masse salariale et contribution financière. La première est aujourd’hui de 15.5 M€ la seconde est de 22 M€ est constitue « l’enveloppe constante » versée par la CTC chaque année de la DSP soit 10 ans. Cependant les premières analyses montrent que la mise en œuvre du projet d’accord conduirait à une évolution de la masse salariale d’environ 30 % sur cette période à effectif et euro constants. Devraient s’y ajouter la réparation des inégalités, l’effacement des imperfections et la prise en compte de la mutuelle. Aussi j’ai indiqué que les recettes commerciales, à elles seules, ne permettraient pas de faire face à ces exigences en même temps qu’aux négociations annuelles sur le pouvoir d’achat et les avancements ; à la nécessité d’embaucher pour tenir les objectifs de montée en charge de l’exploitation ; aux dépenses quotidiennes de fonctionnement.
On le voit la question n’est pas, contrairement à ce qui a été déclaré, d’enlever des avantages aux uns, majoritaires, pour en donner aux autres mais d’améliorer ce projet d’accord afin qu’aucun agent ne soit lésé et que l’entreprise puisse fonctionner normalement. Viendrait ensuite le temps où l’Assemblée de Corse se prononcerait pour dire, chiffrage à l’appui, si elle autorise les administrateurs de la SAEML à donner mandat au DG qui est la seule personne en définitive habilitée à signer cet accord en lui donnant force de loi.
Sans verser dans la polémique que d’aucuns recherchent en m’attaquant personnellement, il m’est apparu indispensable pour la bonne compréhension des choses au Chemin de fer de la Corse d’apporter ces quelques éléments d’information à la connaissance des lecteurs et auditeurs de la presse régionale.
Michel Stefani
Dangereux pousse-au-crime, la misogynie viscérale qui enflamme le prédicateur égyptien salafiste, Mahmoud Ahmad Abdallah, plus connu sous le nom d'Abou Islam, dépasse l’entendement tant son aversion pathologique des femmes confine à l’irrationnel.
Alors que le fléau du harcèlement sexuel dans les lieux et transports publics gangrène le pays et considère les femmes comme des proies toutes désignées, ce prêcheur fanatique, qui est à la tête de la chaîne de télévision privée « Al-Ummah », a justifié sur la chaîne Al-Arabiya les attouchements sexuels, et pire encore, les viols des manifestantes sur la célèbre place Tahrir en diabolisant ces dernières outrageusement.
Livrées à la vindicte sur le petit écran et sur le Net (la vidéo ayant été publiée en ligne mercredi dernier), les Egyptiennes de la place Tahrir subissent un procès en sorcellerie par celui qui s'est érigé en censeur et grand Inquisiteur, se voyant qualifiées de "croisées" qui "n’éprouvent aucune honte, aucune peur, et n’incarnent pas le féminisme". La haine aveugle d'Abou Islam lui fait atteindre des sommets d’abjection, quand il déclare sans ambages que ces activistes qui vont « nues» place Tahrir, n’y vont «pas pour protester, mais pour être violées»...
Ces femmes-là, des "diables" avec des "cheveux flous", sont une "ligne rouge" qu’il faut allègrement franchir, exhorte Abou Islam dont les propos résonnent comme un appel au meurtre. Et de poursuivre en distinguant les manifestantes en deux catégories : "90% sont des croisées, et les 10% restantes sont des veuves qui n’ont personne pour les contrôler, vous voyez bien que ces femmes parlent comme des monstres".
Les déclarations rageuses de cet ultra, qui ont déchaîné la fureur de nombre d’Egyptiens sur Twitter, certains le traitant "d’idiot congénital ou encore de dangereux psychopathe", font suite aux récentes condamnations émises par plusieurs associations des droits de l’Homme, qui ont révélé au grand jour que 25 Egyptiennes ont été victimes de graves attouchements sexuels et de viols lors des manifestations organisées à l’occasion du deuxième anniversaire de l’insurrection populaire.
Abou Islam a déversé son fiel alors qu'il n'est pas en odeur de sainteté au sein du ministère public égyptien, qui croule sous les notifications l'accusant de diffamer la religion, notamment le christianisme, son fils et lui-même ayant, en septembre dernier, déchiré et brûlé une bible en face de l’ambassade américaine au Caire en réaction au film anti-islam.
Le 7/02, en prélude au lancement le 9/02/201 de la Campagne Internationale initiée par les paysans palestiniens, les comités populaire et le BNC, les Comités BDS France 30 & 34 ont mené une action en directions des douanes françaises. Ils ont occupé le hall de la direction régionale des douanes et obtenu d'être reçus par le directeur régional. Ils lui ont signifié qu'au-delà de la sanction des fraudes israéliennes, il fallait bloquer les produits israéliens en provenance des territoires occupés, car ils sont des produits issus du crime de guerre que constitue l'exploitation économique des territoires occupés palestiniens.
Paul Boccara vient de faire paraître un ouvrage qui nous parait intéressant de discuter et commenter. Mais avant toute chose, il nous semble important de resituer le parcours économico-politique de Paul Boccara, dans les enjeux internes de l’histoire du P.C.F. En effet, le débat sur les concepts économiques qu’il utilise ou ceux qu’il valorise, chez Marx, sont surtout importants pour nous au regard de la ligne politique que ceux-ci induisent ou favorisent.
Paul Boccara a joué un rôle central dans la structuration idéologique du groupe dirigeant et aidé à la mise en place d’une ligne de masse durant la période de Georges Marchais.
"Le Capitalisme Monopoliste d’Etat, sa crise et son issue" est un ouvrage qui a contribué à assurer au sein de la revue Économie et Politique, une ligne hégémonique exclusive de toutes les autres. Qu’ils soient partisans d’une lecture "soviétique" du CME, qu’ils soient au contraire réticents à s’inscrire dans la logique du CME et de la suraccumulation-dévalorisation du capital tel que Boccara les liait, pour produire une lecture plus radicale de la crise du système capitaliste (De Brunhoff, Palloix, etc.), ou bien encore qu’ils considèrent le Capital de Marx comme une critique de toute économie politique (Balibar), l’aile gauche du parti n’a jamais pu accéder aux mêmes possibilités de publication dans la revue d’économie du parti que les amis de Paul. Ceux-ci continuent d’ailleurs d’assurer l’essentiel de la production des propositions actuelles du parti et à animer la revue Économie Politique.
Ils sont les derniers survivants d’un groupe beaucoup plus vaste qui a construit la production d’une ligne officielle. En philosophie et psychologie avec Lucien Sève et sa théorie de la personnalité, en sociologie avec Lojkine, en histoire avec Roger Martelli (autour des cahiers de l’Institut Maurice Thorez etc.). Cette ligne incarnation française d’un "centrisme" politique autour de G. Marchais, a contribué à empêcher toute lecture contradictoire de la situation économique et politique de l’époque, comme du passé. La même fermeté a conduit le directeur des Éditions Sociales (Lucien Sève) à ne pas éditer les textes de l’opposition, par exemple ceux de Louis Althusser, et c’est au moment où la notoriété de ce dernier est devenue incontournable, que Sève a fini par publier en un ouvrage unique "Positions" qui rassemblaient certains de ses anciens articles.
Le "centrisme" des économistes est le seul qui ait résisté. Sève a fini par rejoindre le positionnement de Garaudy et se faire lui aussi le chantre de "l’Humain d’abord" et de l’"aliénation". Martelli incarnation de l’aile des historiens, producteur d’une lecture officielle de l’histoire du parti, coauteur avec Sève de L’ouvrage "Les Communistes et L’Etat" qui se voulait la justification théorique de l’abandon de la dictature du prolétariat, idem. Reste donc nos amis économistes.
Cependant les seules fois où Boccara, dans cet ouvrage, fait explicitement référence à un positionnement politique sur la question de la lutte politique vis-à-vis de l’État, sont pour défendre et valoriser les thèses de ses deux anciens camarades de sensibilité. Par exemple, p.132, pour la énième fois, comme ses camarades de l’époque, il survalorise des propos d’Engels sur la possibilité du passage pacifique au socialisme, alors même que celui-ci ne cesse de répéter qu’une telle possibilité est incertaine et rarissime. Pas un mot sur la lettre de Marx à Weidemeyer de 1852, pas un mot sur les propos de Lénine qui fait de cette même lettre le point obligé de tout positionnement communiste, de même sur la rectification du Manifeste Communiste de 1872. Très bizarrement quand Boccara lit Lénine, il ne lit que le Lénine économiste. "L’Etat et la Révolution", "la Révolution Prolétarienne et le Renégat Kautsky" etc. etc. Paul ne les connait pas. Il ne veut pas rompre avec la ligne politique du 22ème congrès, alors que ce congrès apparait aujourd’hui clairement comme celui qui a donné aux thèses droitières et social-démocrates, l’impulsion nécessaire et suffisante, pour inverser le rapport de force dans le parti, abandonner la classe ouvrière, puis renoncer congrès après congrès à tout ce qui a fait la structuration idéologique et politique de l’activité communiste.
Par contre, et rendons lui hommage, il sait encore se revendiquer du Lénine économiste ; "L’impérialisme stade suprême du capitalisme" est cité de nombreuses fois, et Paul inscrit le fondateur de l’internationale communiste dans la droite ligne de Marx. C’est courageux de sa part à une époque ou le nom même de Lénine n’est plus prononcé, ni par le journal l’Humanité ni dans les textes de congrès. Cependant cette lecture "économiste" produit des effets pour le moins singulier, ainsi Boccara après avoir été l’un des plus ardent défenseurs des nationalisations à l’époque du programme commun, devient-il un singulier défenseur d’autres formes de "propriétés publiques", entre autre la municipalisation. La commune "gestionnaire", voilà le nouveau credo de notre ami (p131). Paul n’est pas sans ignorer que cette question constitue une ligne de démarcation entre anarchistes et marxistes accusés par les premiers d’être des "étatistes". Certes Marx y fait référence mais bien moins qu’à la nécessité d’une étatisation (de même Engels), mais Marx ne sous-estime pas la question de l’État-Nation, et aujourd’hui on pourrait légitimement s’inquiéter du nouveau positionnement de Paul Boccara, dans un environnement qui cherche à la fois la disparition des départements mais aussi de l’État, au profit d’un axe : métropoles de communes, régions, Europe. Pour finir, et en dehors de cette singulière référence, tout l’ouvrage fait l’impasse sur la question de l’abolition de la propriété privée des moyens de production, dont Marx dit dans le Manifeste qu’elle résume à elle seule, la question de l’idéal des communistes.
Nous considérons donc, que le camarade continue un irrésistible glissement vers le social-démocratisme, et s’il ne peut y avoir de lecture mécanique entre son œuvre théorique et le rassemblement politique représenté par ses amis de l’ANR, soulignons quand même l’absence de textes alternatifs proposés maintenant depuis 2 congrès, par cette sensibilité, alors que très clairement les bases communes mis aux votes sont de plus en plus calamiteuses et ouvertement droitières. Cela traduit, pour le moins, la grande confusion qui règne dans leurs esprits.
Concernant l’ouvrage, celui-ci dans la droite ligne de ce que Paul a toujours produit, cherche une nouvelle fois à valoriser les Livres 2, et surtout 3, du Capital qui auraient été injustement sous-estimés au profit du Livre 1. Ce dernier insistant unilatéralement sur la question de l’exploitation et celle de la division du travail au sein de la catégorie sociale des ouvriers. Il s’agit donc pour Boccara de réévaluer les opérations de circulation et de valorisation, mais aussi d’aller au-delà de cette manifestation, pour atteindre à une réalité individuelle qui se cacherait derrière ces phénomènes. Il y a un après économie, appelant une nouvelle civilisation qu’il nomme "anthroponomique" qui nous permettrait d’accéder, enfin, à l’homme "vrai". Cet homme débarrassé de ses oripeaux économiques, se révélant essentiellement un être de communication et d’échange, qui ne peut accéder à la pleine réalisation de soi, pour profiter des révolutions scientifiques et techniques que le système génère (entre autre la révolution informationnelle), du fait de son enchâssement dans les rapports capitalistes.
La valorisation de la circulation et de la validation dans l’œuvre économique de Marx à donc pour fonction de mettre en avant, cette autre thèse essentielle pour Boccara, que l’individu est avant tout un être social, parce que c’est un être communicant. Cette thèse n’est pas différente de celle de Sève, elle s’en inspire. De ce point de vue Boccara tombe sous la même critique que nous jugeons essentielle qui cherche à réduire ce que Marx appelle les rapports sociaux, à des relations sociales. La théorie de la socialisation cherche à mettre en liens des niveaux d’échanges qui sont de natures différentes. La socialisation par altérité de l’individu, la socialisation par échange (économique etc.), et la socialisation par exploitation, alors qu’elles ne recouvrent nullement des phénomènes de natures identiques. Pourtant toutes se présentent sous la forme d’une circulation et d’un échange. Si Boccara cherche à tout prix à mettre en avant les Livres 2 et 3 au dépend du Livre 1, ce n’est pas innocent. Le Livre 1 insiste sur les conditions techniques de production de l’échange et sur la nature de l’objet échangé. Marx y affirme très clairement que cela joue un rôle essentiel sur l’échange lui-même, y compris au niveau économique ; c’est ainsi que si la théorie du profit concomitante de plusieurs modes de production est bien portée par le livre 2 et 3, celle de l’exploitation et de la plus-value sont masquée par la division technique et la division sociale du travail, thèse du Livre 1. Or Boccara ne veut pas lâcher l’affaire sur sa prétendue neutralité de la révolution scientifique et technique, hier sous la forme de l’automation et de la machine à commande numérique, aujourd’hui sous celle de la révolution informationnelle.
Ce qui gêne profondément, les partisans d’une neutralité des moyens de production, et de leurs organisations, c’est que Marx dans le livre 1 du Capital non seulement ne voit pas dans le passage de la manufacture à la fabrique un progrès qui améliorerait par effets mécaniques la situation des travailleurs, mais qu’au contraire ce bouleversement a pour origine la volonté d’en augmenter l’exploitation. Si Boccara était marxiste dans l’analyse de cette nouvelle phase de l’histoire du développement industriel et technologique qu’il nomme "révolution informationnelle", ce ne sont pas les bienfaits supposés de cette révolution qu’il chercherait d’abord et avant tout à valoriser, mais au contraire, il devrait démontrer comment ceux-ci accroissent l’exploitation des salariés qui la mettent en œuvre, tout en accentuant la division du travail entre eux ; et pourquoi la bourgeoisie a tenu, et tient tant aujourd’hui, à la voir se généraliser.
Ce qui traduit le glissement de l’esprit droitier dans le marxisme depuis toujours, est précisément la représentation de l’environnement économique et social comme une réalité qui irait spontanément vers son amélioration et la résolution de ses contradictions, alors que Marx comme Lénine n’ont cessé d’affirmer le contraire. C’est pourquoi ils n’ont jamais cessé de défendre la nécessité d’une révolution "violente" comme bouleversement total et complet de l’ordre économique et social, et ce n’est pas innocemment que Boccara insiste au contraire sur le passage pacifique au "socialisme". Si l’environnement économique, dans sa modification bienfaitrice sur les forces productives, n’attend plus qu’un bouleversement majoritaire d’adhésion de consciences, alors une victoire électorale suffit.
En fait, la révolution informationnelle imposée par le capitalisme en crise finale n’est pas la solution, elle est le problème.
En cas de changement politique, pourrions-nous la redévelopper ailleurs et autrement qu’elle s’est construite ? Oui, si elle n’excluait personne, mais c’est précisément ce qu’elle ne peut pas faire, puisqu’elle n’inclue que du travail qualifié dans et à l’extérieur de sa partie mécanique. Hors précisément tout le développement économique au sein du capitalisme est basé sur une accentuation de la division du travail, une ségrégation et une segmentation du marché du travail et des qualifications. Pour instituer un autre ordre économique, la crise du capitalisme comme la crise du socialisme ayant réellement existé, nous oblige à chercher une autre mise en œuvre technologique. Celle-ci ne peut continuer à être imposée de l’extérieur pour venir chapeauter les conditions de production. Elle doit au contraire être le résultat d’une révolution culturelle au sein du collectif de travail, qui vise à en briser la division technique et la division sociale.
La théorie du CME, telle que présentée et actualisée par ses partisans au sein du PCF, est le miroir des intérêts de l’aristocratie ouvrière (ouvriers qualifiés, techniciens, ingénieurs etc. généralement, hommes, blancs, etc.), qui sont naturellement portés à considérer le progrès technique comme ce qui fait le lien entre leur catégorie sociale et la catégorie immédiatement supérieure (enseignants, chercheurs, les producteurs de connaissance etc.) d’où la place centrale qu’elle occupe comme force libératrice dans leur imaginaire. La contradiction tient en ce qu’elle est exclusive des autres catégories, et en particulier de celles qui ont subi un procès de déqualification.
Deux solutions sont proposées à cette contradiction, la première considère que nous pouvons tous devenir des ingénieurs et techniciens, qui dans un modèle hyper-productiviste inonderait le monde de ses bienfaits. Il y a du monde, il y a de la misère, produisons pour le monde. La difficulté d’un tel raisonnement tient à ce que le reste du monde a lui aussi ses chômeurs et ses déqualifiés qui doivent impérativement produire, pour sortir eux, et leurs pays, du sous développement. Le reste du monde n’a donc pas besoin qu’on produise pour lui, il demande juste à produire pour lui-même.
La seconde tient dans la reprise du seul modèle de passage au communisme qui ait jamais été proposé jusqu’à ce jour, celui de Lénine. Le communisme est une société sans classes et sans État. Pour parvenir à cette situation, il faut mettre fin à la lutte des classes. Mais pour Lénine, la lutte de classe n’a pas pour mission de valoriser des positions propres à la classe ouvrière en matière de production, mais simplement à la faire disparaître comme les autres. Dès lors, (pour Boccara) le modèle rationnel devient celui du citoyen fonctionnaire (Agent de l’État, donc porteur de droit, improductif, donc inexploité etc.) si tout le monde est fonctionnaire, l’État étant partout, il est nulle part. Il suffit d’un seul individu appuyant sur le bouton de Big-Brother, d’une immense usine en automates informationnelles, et le tour est "joué". Il se trouve que ce modèle vient d’échouer (bien qu’il n’ait jamais atteint le paroxysme de notre démonstration, en Europe de l’Est et aujourd’hui à Cuba), un salaire minimal pour tous et personne ne s’occupe de la production et de la qualité de la marchandise.
Paul Boccara est un communiste intelligent et sincère, son néo-léninisme est réconfortant, il ne lâche ni sur la surqualification de l’aristocratie ouvrière, ni sur le citoyen-fonctionnaire (qu’il résout par la figure d’un citoyen propriétaire communal), en ce sens il reste fidèle au modèle dominant du parti, en essayant toujours de répondre à la question : "le communisme c’est quoi, et on y va comment". Ce qui aujourd’hui est rare dans le parti. Mais alors que suite à la crise généralisée du socialisme ayant réellement existé, il convient de remettre en cause le contenu du bouleversement, il continue de défendre le point de vue économique de Lénine et à ignorer son point de vue politique. Nous pensons nous, à l’inverse, qu’il faudrait réévaluer son point de vue politique, la question du pouvoir d’État et son extinction, et remettre en question son modèle économique basé sur la généralisation de la division du travail et l’application systématique du capitalisme d’État, dans un environnement technologiquement neutre.
Pierre Martin