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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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10 novembre 2012 6 10 /11 /novembre /2012 12:47

La compétitivité, ou la loi des multinationales

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http://dessousdebruxelles.ellynn.fr/spip.php?article187

 

Après avoir annoncé un nécessaire « choc de compétitivité » appelé des vœux de la droite et du MEDEF, le gouvernement souhaite désormais construire un « pacte de compétitivité » sur l’ensemble du quinquennat de François Hollande. Une préoccupation bien ancrée dans l’air du temps : la « compétitivité » est désormais sur toutes les lèvres, omniprésente dans le débat public. Sans qu’on se donne la peine de se demander : d’où vient, au juste, cet impératif de compétitivité ?

30 octobre

Depuis les années 90, la compétitivité est devenue le maître mot du discours politique, un véritable mantra. Aujourd’hui encore, depuis le Parti socialiste jusqu’à la droite, la compétitivité serait l’unique voie de sortie de la crise. Pourquoi au juste ? Parce qu’il n’y a pas le choix. Dans un contexte de libéralisation et de concurrence généralisées, la compétitivité, c’est l’équation gagnante : compétitivité des entreprises = croissance = créations d’emploi.

Cette simple équation permet de comprendre comment la compétitivité s’est imposée comme un objectif ultime, un modèle « gagnant-gagnant » : les entreprises, les salariés et les gouvernements, tout le monde y gagne ; c’est la fin de la lutte des classes, sous la bénédiction bienveillante du capitalisme financier.

Cette potion magique ne s’applique pas seulement à l’économie, mais à la société toute entière. Bien entendu, sur le plan économique, il faut plus de libre-échange, moins de régulation, moins d’impôts pour les (grandes) entreprises, moins de droit du travail, moins de cotisations sociales… Mais il faut aussi mettre l’école, la recherche, les services publics, l’écologie, la culture, nos villes, nos régions... et nous-mêmes au service de la compétitivité.

Sauf que, sauf que… appliquées depuis plus de 20 ans, les bonnes recettes de la compétitivité n’ont jamais tenues leurs promesses. Loin d’apporter des perspectives pour les économies européennes, ces mesures ont en grande partie préparé la crise financière de 2008, puis elles ont contribué à l’empirer [1].

Pourtant, la quête de la sacro-sainte compétitivité n’a pas été en pertes pour tous. Les privatisations, dérégulations, et autres flexibilisations du marché du travail, menées au nom de la compétitivité semblent finalement aboutir aux mêmes conséquences : les bénéfices de quelques-uns ne cessent d’enfler, au détriment des conditions de vie de la majorité. Alors, quid de la compétitivité ? Un petit retour historique s’impose.

Le rêve des industriels

En 1967, le premier ministre Georges Pompidou donnait déjà les premiers éléments de ce que va devenir le discours de la compétitivité : la menace de la concurrence sera l’occasion de sortir la France et ses industriels de la léthargie, de la paresse dans laquelle l’ont plongée les protections douanières.

Si Pompidou laisse entendre que l’effort d’ajustement coûtera aux industriels, l’économiste de la CGT Jean Duret percevait déjà en 1956 la feinte derrière les velléités de libéralisation du marché commun européen : « On invoquera les dures lois de la compétition internationale pour démontrer qu’un niveau d’emploi élevé ne pourra être assuré que si les travailleurs se montrent "raisonnables" [2] ».

C’est pourtant à partir des années 80 que prend forme une véritable doctrine européenne de la compétitivité, sous l’impulsion décisive de la Table ronde des industriels européens (European Round Table ou ERT), puissant lobby industriel rassemblant quelques 45 dirigeants de grands groupes européens [3].

La Table ronde se donne pour objectif d’influencer la structure même de la construction européenne, pour la rendre favorable au développement de l’industrie. Elle est bien implantée dans les réseaux de pouvoir bruxellois puisque fondée à l’initiative de deux commissaires européens dont Etienne Davignon, futur dirigeant… de la Société générale de Belgique [4].

Ses premiers succès ne se font pas attendre. Le lobby industriel participera activement à l’élaboration de l’Acte unique européen, qui détaillait les barrières commerciales et réglementaires à supprimer pour permettre l’émergence du marché unique. Le traité se basait sur le Livre Blanc publié par la commission Delors en 1985. Ce document était, comme le reconnurent ses auteurs, lui-même directement inspiré du rapport « Europe 1990 » rédigé par le lobby industriel [5].

Le marché unique sera un premier pas dans l’imposition de la compétitivité comme impératif catégorique [6]. Ce n’était qu’un début : lorsque Delors rend en 1993 son Livre blanc sur la croissance, la compétitivité et l’emploi, il remercie les industriels pour leur soutien lors de sa préparation [7]. Une semaine plus tôt, il avait pris part à la conférence de presse de la Table ronde des industriels qui présentait son dernier rapport, selon lequel la compétitivité était LA solution pour « vaincre la crise ».

Ce n’est donc pas une surprise : le Livre Blanc approuvé par les gouvernements européens reprend les analyses et préconisations des industriels. Cette séquence témoigne de l’« alliance objective » qui voit le jour pendant les années Delors entre la Commission et les milieux d’affaires. Elle permettra notamment la construction du marché unique face à des gouvernements parfois peu enthousiastes, et se poursuivra après le départ de Delors.

Les termes de cette relation « gagnant-gagnant » semblent se résumer ainsi : la Table ronde appelle à plus d’intégration européenne et de nouveaux pouvoirs pour la Commission, et celle-ci, de son côté, contribue à promouvoir la doctrine des industriels au sommet de l’agenda des politiques européennes [8].

Pas d’alternative à la compétitivité

La stratégie de Lisbonne proposée par la Commission et adoptée en mars 2000 apparaît comme l’aboutissement de cette symbiose entre la commission et le lobby industriel. Elle sacrait pour 10 ans la compétitivité comme objectif n°1 de l’Union européenne, appelée à devenir « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010 ».

Pour les lobbies industriels comme l’ERT, le rêve se réalisait : l’Union européenne, dévouée toute entière au bien-être des grands groupes privés. Cette orientation sera confirmée en mars 2010 avec la stratégie « Europe 2020 » qui reprenait avec quelques ajouts les recettes pro-compétitivité promues dans le cadre de la stratégie de Lisbonne [9].

Dans le cadre de cette croisade pour la compétitivité, la commission préconise d’accroître la concurrence dans le marché intérieur. Au programme, la déréglementation des marchés, et notamment du marché des services, une politique de libre-échange exacerbée, et la libéralisation et privatisation des services publics, notamment l’énergie et le transport. Autant de mesures que l’on retrouve à nouveau dans le « Pacte de croissance » promu en juin par le Président Hollande [10].

En fait, ces politiques de concurrence sont la seule voie possible pour les gouvernements souhaitant stimuler l’économie, puisque, côté macro-économique, les politiques « alternatives » sont exclues : on impose un carcan sur les salaires (« modération salariale ») pour assurer d’une part la compétitivité du coût du travail, et de l’autre la stabilité de la monnaie unique.

Dans le même temps, la mise en place de la monnaie unique empêche tout ajustement par dévaluation de la monnaie. Une perspective qui n’est pas sans déplaire à l’économiste Bulchadani, de la banque Morgan Stanley, qui expliquait en 1998 : « Si l’on supprime la devise nationale comme soupape de sécurité, les gouvernements devront se concentrer sur les changements concrets à effectuer pour devenir plus compétitifs : impôts plus bas, flexibilité du marché du travail et cadres réglementaires plus favorables à l’industrie. »

Les gouvernements doivent par ailleurs renoncer à toute politique budgétaire ambitieuse : obligés d’emprunter sur les marchés financiers, ils doivent désormais faire preuve de « rigueur » budgétaire. Et plus question d’augmenter les impôts… là encore, compétitivité oblige.

Dès lors, comme disait Margaret Thatcher, « il n’y a pas d’alternative ». Les élus n’ont plus le choix : comme de bons entrepreneurs, ils doivent s’assurer de garantir partout, à tous les niveaux de décision, un contexte « favorable aux entreprises » (business friendly). Le principe avait été décrit par Jean Duret un demi-siècle auparavant : « Les capitaux auront tendance à déserter les régions et les pays où les salaires seront relativement élevés, où certaines lois sociales seront susceptibles de gêner une exploitation trop éhontée. [11] »

A l’échelle des Etats, des régions, des villes, les élus deviennent des « managers », et leurs performances sont comparées à l’échelle européenne (le « benchmark ») pour déterminer les « bonnes pratiques ». A l’aune... de la compétitivité, bien sûr. C’est le triomphe du nouveau management public, qui se traduit en France par la RGPP (revue générale des politiques publiques).

La compétitivité s’impose partout

Depuis 2000, la commission emboîte le pas aux lobbies industriels, pour qui presque tout finit par se rapporter à la compétitivité, y compris les politiques écologiques et sociales. C’est la raison pour laquelle l’ERT encourage l’« évaluation comparative », c’est-à-dire l’utilisation de la comparaison quantitative des effets des politiques de compétitivité pour déterminer les nouvelles mesures à adopter. L’évaluation comparative, cela signifie « scruter le monde afin d’y découvrir ce que les autres ont de meilleur, où que ce soit, pour ensuite, essayer de l’égaler ou de le surpasser [12] »

A commencer par l’aménagement du territoire. Les élus locaux deviennent des « managers » de territoire qui doivent désormais tout faire pour attirer entreprises et investissements privés. Fiscalité aux petits oignons, partenariats publics-privés, infrastructures adaptées... Les grands projets d’infrastructures, autoroutes, lignes à grande vitesse, aéroports (comme celui de Notre-Dame des Landes) deviennent des éléments essentiels de l’« attractivité » des régions [13].

L’université et la recherche n’y échappent pas : elles doivent, elles aussi, se soumettre au dogme de la compétitivité. La stratégie de Lisbonne, puis la stratégie « Europe 2020 », stipulent que l’université doit permettre de former une main d’œuvre adaptée aux demandes du marché du travail, c’est-à-dire des entreprises. La commission en appelle même à enseigner « l’esprit d’entreprise » dès le plus jeune âge [14]. La recherche doit, elle, se focaliser sur l’« innovation », et donner aux entreprises européennes des avantages compétitifs.

Les politiques écologiques sont elles aussi soumises à l’impératif de « compétitivité ». Face aux enjeux climatiques, la commission en appelle à une « croissance verte » fondée sur le développement des « technologies vertes » (dont certaines controversées, comme les biocarburants, par exemple). Les mécanismes de compensation comme la « finance carbone » sont censés inciter les industriels à modifier leurs comportements… alors que toute régulation contraignante sur le changement climatique ou les produits chimiques des industries polluantes est exclue... là encore, compétitivité oblige.

Enfin, la protection sociale doit, elle aussi, se mettre au service de la compétitivité : il faut, d’une part, flexibiliser le droit du travail, en finir avec le CDI et les conventions collectives pour faciliter les licenciements – et ainsi permettre aux entreprises de mieux s’adapter aux fluctuations des marchés et mettre en œuvre la « modération salariale ». De l’autre part, il faut « activer » les politiques de l’emploi, c’est-à-dire inciter les chômeurs à accepter des emplois qu’ils n’accepteraient pas spontanément en durcissant les règles ou en diminuant les allocations. Enfin, la sécurité sociale, dont le financement pèserait trop sur les entreprises, doit être confiée aux assurances privées.

Une équation truquée

En stipulant que toute mesure en faveur des entreprises allait automatiquement réduire le chômage et donc bénéficier à tous, l’« équation magique » de la compétitivité a contribué à propager l’idée que les mesures politiques qui vont dans l’intérêt immédiat des plus grandes firmes internationales sont également, par transitivité, dans l’intérêt de tous.

En voyant, encore aujourd’hui, la quasi-totalité de la classe politique sauter comme un cabri en criant « compétitivité ! compétitivité ! », on ne peut s’empêcher de se dire que les lobbies industriels ont bien joué leur coup. Et on ne peut qu’être perplexe en se demandant comment tout ce beau monde peut-il tomber dans un tel panneau si facilement.

Car il est pourtant évident que cette équation est truquée.

Tout d’abord parce que la centralisation de la production et de la distribution catalysées par le Marché unique ont permis aux multinationales de diminuer les coûts en réduisant considérablement leur main-d’œuvre. Les mesures de concurrence, le libre-échange et la dérégulation du marché du travail censément prises pour stimuler la « compétitivité » ne font qu’accentuer cette tendance.

Sur une durée de cinq ans à partir de 1989, la compagnie d’électronique hollandaise Philips a réduit son personnel de 22 % – environ 68 000 emplois [15] ; British Telecom a pu se glorifier d’avoir réduit son effectif de 235 000 à 125 000 entre 1985 et 1996 [16]. À la fin des années 1990, une nouvelle vague de fusions, d’acquisitions et de restructurations industrielles a encore eu pour résultat d’engendrer à la fois des bénéfices record et d’importantes suppressions d’emplois [17].

Le discours orwélien des industriels atteint des sommets, lorsqu’un rapport de la Table ronde des industriels explique que lutter contre les plans de licenciements, c’est lutter contre l’emploi : « lutter contre la restructuration revient simplement à faire obstacle au changement et à la création d’emplois [18] »

Le dogme de la compétitivité exclut toute mesure structurelle qui pourrait être prise pour endiguer le chômage : la modération salariale, la rigueur budgétaire pèse sur l’activité et maintient un taux de chômage élevé. Dès lors, la « lutte contre le chômage » mise en œuvre par les gouvernements européens relève au mieux du trompe l’œil. Au pire, elle contribue à flexibiliser davantage les conditions de travail, à développer les contrats précaires et à accroître les contraintes sur les chômeurs à travers « le durcissement des critères d’éligibilité, la réduction des montants et des durées d’indemnisation, [et] le renforcement des contrôles [19] ».

La conclusion est donc claire. La compétitivité, ce n’est pas l’emploi : c’est le chômage, la précarité, et l’explosion des inégalités. Tout ce que l’on nous a imposé depuis plus de vingt ans.

Un modèle de société

C’est Georges Pompidou qui vend la mèche, dans l’interview citée plus haut. La doctrine de la compétitivité, qui s’impose à toutes les strates de la décision publique, contribue à forger, par le biais d’une menace permanente, une société sous tension. Dans la même veine, Laurence Parisot se demandait en 2005 dans le Figaro : « La vie est précaire, l’amour est précaire, pourquoi le travail ne serait pas précaire ? ».

Cette tension est inhérente à nos sociétés « compétitives ». Elle n’a de cesse de s’accroître, et avec elle les profits des grands groupes. A mesure que les prétendus « remèdes » prouvent leur inanité, on les prescrit avec d’autant plus de force.

Georges Pérec avait donné une image qui pourrait illustrer ce modèle : une île, W, où les habitants sont des athlètes contraints à la compétition et qui deviennent obsédés par la victoire - condition de leur survie. Une société toute entière tournée vers la « compétitivité »... où l’on découvre finalement que les performances des athlètes sont dérisoires :

« Il faut voir fonctionner cette machine énorme dont chaque rouage participe, avec une efficacité implacable, à l’anéantissement systématique des hommes, pour ne plus trouver surprenante la médiocrité des performances enregistrées : le 100 mètres se court en 23"4, le 200 mètres en 51" ; le meilleur sauteur n’a jamais dépassé 1,30m [20]. »

La farce a assez duré. Il est grand temps d’en finir avec la « compétitivité », et d’inventer un autre imaginaire... plus vivable.


Frédéric Lemaire

 PS : Le dernier chapitre de W ou le souvenir d’enfance

[1] D’une part, la modération salariale a été un des facteurs déclencheurs de l’endettement des ménages, la consommation étant "dopée" à la dette. De l’autre, le dogmatisme néolibéral qui préside aux politiques de compétitivité n’a pas permis de mettre en place les mesures pour relancer l’activité après la crise.

[2] Jean Duret, « Que signifie le Marché commun dans une Europe capitaliste ? », Cahiers internationaux, n°78, juillet 1956, p.19-30, cité dans le Plan B n°13

[3] Lire la présentation de la Table rondes des industriels européens : http://dessousdebruxelles.ellynn.fr...

[4] Lire Quand le Vicomte Davignon privatisait la Commission http://ellynn.fr/dessousdebruxelles...

[5] Bastiaan van Apeldoorn et Otto Holman, « Transnational Class Strategy and the relaunching of European Integration : The Role of the European Roundtable of Industrialists », 35e convention de l’International Studies Association, Washington, 28 mars-1er avril 1994, p. 21.

[6] Delors déclarera en 1986, devant ses collègues socialistes : « J’ai toujours pensé, en France, qu’il n’y avait pas assez de marché et que l’Etat était, pour des raisons historiques, omniprésent et trop souvent étouffant ou dominant. La plupart des Français n’ont pas encore acquis cette mentalité d’ouverture au monde sans laquelle nous ne pouvons pas édifier une économie compétitive » (Jacques Delors s’adressant à ses camarades socialistes, 1986, cité dans « Delors… » de Charles Grant)

[7] Agence Europe, 12 décembre 1993 ; cité in Bastiaan Van Apeldoorn, op. cit., p. 246.

[8] « Nous sommes en train de réduire les prérogatives de l’Etat et du secteur public en général de par les privatisations et la dérégulation… [...] L’unification européenne progresse, et elle favorise les entreprises internationales telles que les nôtres », expliquait le président de l’ERT Daniel Janssen - "The Pace of Economic Change in Europe", 2000 Tokyo Meeting, Trilateral Commission.

[9] L’Europe des industriels n’est pas en panne http://dessousdebruxelles.ellynn.fr...

[10] 5 recettes socialistes pour réorienter l’Europe http://dessousdebruxelles.ellynn.fr...

[11] Jean Duret, op.cit.

[12] ERT, Benchmarking for Policy-Makers : The Way to Competitiveness, Growth and Job Creation, Bruxelles, 1996.

[13] Sur le marketing territorial, lire : http://dessousdebruxelles.ellynn.fr...

[14] Lire Esprit d’entreprise : consultation sur les actions futures au niveau de l’UE : http://europa.eu/rapid/press-releas...

[15] Nicholas Hildyard, Colin Hines et Tim Lang, « Who Competes ? Changing Landscapes of Corporate Control », The Ecologist, vol. 26, n° 4, juillet / août 1996, p. 131.

[16] Competitiveness Advisory Group, « Capital Market for Competitiveness : Report to the President of the European Commission, the Prime Ministers and Heads of State », juillet 1998.

[17] La compagnie Ericsson, membre suédois de l’ERT, a par exemple annoncé début 1999 son projet de supprimer 11 000 emplois – soit 10 % de sa main-d’œuvre mondiale. Pilkington, géant de la verrerie et membre de l’ERT, basé au Royaume-Uni, a supprimé 9 000 emplois en 1998 et prévoit finalement de diminuer de moitié sa main-d’œuvre par rapport à 1990. Annonçant ces suppressions, Paolo Scaroni, directeur exécutif de la compagnie, a expliqué que cette mesure faisait partie du processus de « restructuration » en cours pour diminuer les coûts et augmenter les profits. À la même époque, il déclarait fièrement à la presse que Pilkington empochait un minimum de 20 % de bénéfices sur ses investissements de capitaux et 12 % sur les ventes (lire Magnus Grimond, « Pilkington lops 1500 job in costs drive », Associated Newspapers Ltd, 29 octobre 1998)

[18] ERT, « La création d’emplois et la compétitivité par l’innovation », Bruxelles, nov.1998.

[19] Florence Lefresne, « Regard comparatif sur l’indemnisation du chômage : la difficile sécurisation des parcours professionnels », Chronique internationale de l’IRES¸ n° 115 : Indemnisation du chômage : débat sur les réformes, novembre 2008, p. 3-28, http://www.ires-fr.org/IMG/File/C11....

[20] Georges Pérec, W ou le souvenir d’enfance, Gallimard coll. "l’imaginaire", 1993, 219p. lire : http://www.ouvroir.info/zinc/spip.p...

                                    

                                                                source:camarade

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 14:09

 

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 ASSEMBLEE DE CORSE

SESSION 27 ET 28 SEPTEMBRE 2012

MOTION AVEC DEMANDE D’EXAMEN PRIORITAIRE DEPOSEE PAR : JOSETTE RISTERUCCI risterucci-josette.jpg

REPONSES EN ATTENTE MINISTERE DE LA SANTE

 

 ASSEMBLEE DE CORSE

SESSION 27 ET 28 SEPTEMBRE 2012

MOTION AVEC DEMANDE D’EXAMEN PRIORITAIRE DEPOSEE PAR : JOSETTE RISTERUCCI

REPONSES EN ATTENTE MINISTERE DE LA SANTE

 

 

SITUATION SANITAIRE À LURI cap-corse la carte

 

CONSIDERANT l’entretien du Président de l’Exécutif, de la Conseillère Exécutive en charge du sanitaire et médico-social, avec Monsieur le Directeur de Cabinet de la Ministre de la Santé au mois de juillet 2012,

CONSIDERANT que l’ensemble des urgences dans ce domaine ont pu être présentées et largement débattues lors de cette réunion en présence de l’ARS de Corse, CONSIDERANT que des mesures immédiates ont pu être prises pour l’hôpital de la Miséricorde et que d’autres nécessitaient un délai plus important,

CONSIDERANT qu’à ce jour les réponses attendues depuis plus de 15 ans concernant la vétusté et l’urgence de la modernisation de l’Hôpital de Bastia, ne peuvent plus attendre un délai supplémentaire compte tenu de la situation financière et sociale de l’établissement,

CONSIDERANT que nous sommes en phase de consultation du Projet Régional de Santé pour la Corse, période durant laquelle nous devrons acter le projet mais aussi avoir les engagements des moyens financiers qui correspondent,

CONSIDERANT que l’accès aux soins est une préoccupation première dans notre région,

CONSIDERANT les déserts médicaux constatés et les besoins exprimés actuellement par le bassin de population de la région de Luri,

CONSIDERANT la gravité et les conséquences de la situation sanitaire de Luri en raison de l’absence de médecin et de la fermeture de la pharmacie,

L’ASSEMBLEE DE CORSE

DEMANDE à Mme Marisol TOURAINE, Ministre de la Santé d’apporter des réponses urgentes au sujet :

• De l’aide à l’investissement de l’hôpital de Bastia attendue depuis plus de 15 ans,

• Du financement pérenne des missions d’intérêt général principalement les SAMU/SMUR/EVASAN pour la région

• De la présentation des États Prévisionnels des Recettes et des Dépenses des établissements publics (EPRD) en début d’année, puisque prévisionnels, et non au mois d’octobre pour certains hôpitaux et remédier rapidement aux déficits financiers structurels des établissements

• des déserts médicaux notamment dans le rural.

DEMANDE que les moyens soient donnés rapidement pour :

• Permettre la réouverture et le maintien de la pharmacie de Luri

• Permettre l’installation d’un médecin, dont l’ARS pourra vérifier le cursus, par l’accompagnement de la commune dans ses démarches afin de permettre la finalisation du projet de maison de santé et d’un projet territorial de santé adapté à la région du Cap Corse

 

 

 

CONSIDERANT l’entretien du Président de l’Exécutif, de la Conseillère Exécutive en charge du sanitaire et médico-social, avec Monsieur le Directeur de Cabinet de la Ministre de la Santé au mois de juillet 2012,

CONSIDERANT que l’ensemble des urgences dans ce domaine ont pu être présentées et largement débattues lors de cette réunion en présence de l’ARS de Corse, CONSIDERANT que des mesures immédiates ont pu être prises pour l’hôpital de la Miséricorde et que d’autres nécessitaient un délai plus important,

CONSIDERANT qu’à ce jour les réponses attendues depuis plus de 15 ans concernant la vétusté et l’urgence de la modernisation de l’Hôpital de Bastia, ne peuvent plus attendre un délai supplémentaire compte tenu de la situation financière et sociale de l’établissement,

CONSIDERANT que nous sommes en phase de consultation du Projet Régional de Santé pour la Corse, période durant laquelle nous devrons acter le projet mais aussi avoir les engagements des moyens financiers qui correspondent,

CONSIDERANT que l’accès aux soins est une préoccupation première dans notre région,

CONSIDERANT les déserts médicaux constatés et les besoins exprimés actuellement par le bassin de population de la région de Luri,

CONSIDERANT la gravité et les conséquences de la situation sanitaire de Luri en raison de l’absence de médecin et de la fermeture de la pharmacie,

L’ASSEMBLEE DE CORSE

DEMANDE à Mme Marisol TOURAINE, Ministre de la Santé d’apporter des réponses urgentes au sujet :

• De l’aide à l’investissement de l’hôpital de Bastia attendue depuis plus de 15 ans,

• Du financement pérenne des missions d’intérêt général principalement les SAMU/SMUR/EVASAN pour la région

• De la présentation des États Prévisionnels des Recettes et des Dépenses des établissements publics (EPRD) en début d’année, puisque prévisionnels, et non au mois d’octobre pour certains hôpitaux et remédier rapidement aux déficits financiers structurels des établissements

• des déserts médicaux notamment dans le rural.

DEMANDE que les moyens soient donnés rapidement pour :

• Permettre la réouverture et le maintien de la pharmacie de Luri

• Permettre l’installation d’un médecin, dont l’ARS pourra vérifier le cursus, par l’accompagnement de la commune dans ses démarches afin de permettre la finalisation du projet de maison de santé et d’un projet territorial de santé adapté à la région du Cap Corse.

 

 

 

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9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 13:36

                                                                         MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

                                            "Rien ne justifie l'assassinat d'enfants"

                                 B. Netanyahou, 1er minstre israëlien, en viste en France

Gaza : un enfant Palestinien tué dans un raid aérien israélien

jeudi 8 novembre 2012, par assawra

Un adolescent palestinien a été tué jeudi après-midi par un raid aérien de l’armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière avec Israël, a-t-on annoncé de sources médicales palestiniennes.
"Hmeid Younès Abou Daqqa, 13 ans, a été tué par des balles tirées par un hélicoptère israélien au cours d’une incursion dans les localités d’Abbasan et Qarara", à l’est de Khan Younès, a précisé à l’AFP le porte-parole des services de santé du gouvernement du Hamas, au pouvoir à Gaza, Achraf al-Qoudra.
Des témoins ont affirmé que des hélicoptères israéliens avaient ouvert le feu pendant que des chars israéliens effectuaient une incursion limitée à l’est de Khan Younès.
Des combattants palestiniens ont tiré des obus de mortier sur les chars, déclenchant de brefs échanges de tirs, selon les témoins.
Interrogée, l’armée israélienne a indiqué qu’elle vérifiait ces informations.
Une source militaire israélienne a de son côté fait état d’un soldat israélien blessé jeudi lors d’accrochages survenus dans le même secteur avec des Palestiniens près de la barrière de sécurité entre le sud d’Israël et la bande de Gaza.
"Un soldat a été très légèrement blessé quand des assaillants ont tiré une roquette contre une patrouille de l’armée près de la barrière de sécurité, à la hauteur du kibboutz Nirim", a précisé cette source.
"Auparavant, il y a eu des tirs à l’arme automatique contre les soldats qui ont riposté en direction des agresseurs", a encore ajouté cette source.

 

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 15:04

 

  • MAURICETHOREZjpg.jpg"QUE LES BOUCHES S'OUVRENT..."   Soviet---Hammer-02.gif

                   (Maurice Thorez)

  •  

 

 

Unir les communistes pour un PCF de combat, marxiste, populaire et rassembleur 

Le prochain congrès du PCF en Janvier 2013, concerne bien sûr les communistes du PCF, mais il concerne aussi les communistes qui l'ont quitté, et plus généralement, tout ceux et celles qui refusent l'injustice du monde, qui cherchent le chemin d'une alternative à cette société toujours plus violente et inégalitaire, à de nouvelles formes de colonisations contre les souverainetés nationales et populaires.

 

De grandes questions politiques ont été historiquement portées par le PCF :
- la place du monde du travail et de la création dans la vie politique et économique
- la propriété publique et l'appropriation sociale des grands moyens de production et d'échange
- l'alliance du patriotisme et de l'internationalisme, de la lutte contre le fascisme et colonialisme avec l'action pour la paix et le désarmement
- les conditions concrètes de l'exercice conjoint de la liberté, de l'égalité et de la fraternité
- ...

Ces questions se reposent avec acuité dans notre pays confronté à une crise sans précédent, à une fracture politique béante entre les aspirations de la grande majorité et les perspectives politiques reconnues.

Le texte qui suit est une proposition de base commune de discussion des communistes pour leur prochain congrès. Parmi les textes qui seront soumis à la consultation des communistes les 14 et 15 Décembre prochain, celui-coi fait le pari d'unir les communistes d'hier et d'aujourd'hui autour d'un parti communiste renforcé, retrouvant son histoire et son engagement marxiste et populaire, renouant avec les partis communistes du monde entier qui se reforment et se renforcent dans de nombreux pays, y compris des ex-pays socialistes.

Il est soumis à la discussion de tous et à la signature des communistes. La liste des signataires est en ligne

 


Base commune alternative soumise à signature
« L'histoire de toute société n'a été jusqu'à ce jour que l'histoire de la lutte des classes » Karl Marx et Friedrich Engels, Le Manifeste du Parti Communiste (1848).

Ce texte de base commune est proposé comme alternative à celle votée par le conseil national. Il a été rédigé par de nombreux camarades de l'Hérault, du Rhône, de Gironde, du Loiret, de l'Eure, de Seine-St-Denis, du Val de Marne, des Bouches du Rhône, de l'Isère, de la Drôme, de Paris, de l'Eure, de l'Ain, des Pyrénées Atlantiques...

L'enjeu de ce 36ème congrès est de rassembler une majorité de communistes affirmant que le PCF doit rester autonome, tourné vers l'organisation de terrain, dans le monde du travail et les quartiers populaires, retissant les liens avec son histoire et le marxisme, renouant avec les partis communistes du monde, affirmant clairement son projet de société, un socialisme à la Française du XXIème siècle, faisant écho aux ruptures de l'Amérique Latine, à la renaissance des non alignés, aux résistances aux impérialismes et aux guerres.

Dans cet esprit, nous sommes ouverts à toute proposition permettant d'aller vers un texte unique de tous ceux qui veulent tourner la page des renoncements de Martigues.


Sommaire :

- 1 - Préambule
- 2 - La crise du système capitaliste, une machine de guerre contre les peuples
- 3 - Impérialisme, guerres et résistances des peuples
- 4 - L'Union Européenne, prison des peuples
- 5 - Le socialisme est à l'ordre du jour
- 6 - Quelle stratégie pour le PCF ?
- 7 - Faire vivre et renforcer le Parti Communiste Français
- 8 - Un parti de résistance au capitalisme et de construction du socialisme


1 - Préambule

Avec ce texte, nous proposons aux communistes de se rassembler pour construire une alternative aux choix portés par la direction du PCF depuis le congrès de Martigues de 2000.

L'expérience de l'Assemblée nationale extraordinaire de 2007 où les communistes ont décidé de continuer le PCF, les textes alternatifs aux 32ème, 33ème et 34ème congrès pour un parti communiste, marxiste et révolutionnaire, le vote en 2011 pour un candidat communiste à l'élection présidentielle... tous ces moments forts de débats ont permis aux communistes de garder le PCF, malgré les divisions et les tensions, contrairement à ce qui s'est passé en Italie.

C'est un acquis considérable. Le Parti Communiste Français a de l'avenir ! Aujourd'hui, il faut décider de l'orientation politique et stratégique du PCF, du contenu que nous donnons à notre combat pour les années qui viennent. Dans une démarche idéaliste, le texte présenté par la majorité du Conseil National fait l'impasse sur l'analyse critique de notre situation, sur les contradictions du capitalisme et ses tentatives pour les surmonter. Il propose comme à Martigues un nouveau vocabulaire politique qui semble innovant mais qui est coupé des luttes de classe réelles.

Ce texte pousse à réduire l'action du PCF à la défense des différents combats sociétaux additionnés et à l'enfermer dans une prétendue nouvelle forme politique. Il s'agit avec ce projet et cette construction politique d'occuper l'espace représenté par une minorité de l'aile gauche du Parti socialiste et par l'extrême gauche, et d'installer donc durablement le PCF dans le réformisme, au mieux cheville ouvrière d'un regroupement à la gauche du Parti socialiste. Nous proposons une stratégie différente pour un PCF qui affirme sa vocation révolutionnaire dans la période de lutte des classes intenses actuelle, son ambition d'être le parti de la rupture avec le capitalisme en France, son idéal d'une société communiste libérée de l'exploitation de l'homme par l'homme. Nous refusons de nous enfermer dans la gauche de la gauche et visons un rassemblement populaire largement majoritaire dans lequel le PCF joue un rôle majeur.

C'est pourquoi, nous assumons dans les conditions présentes, le choix du Congrès de Tours de 1920 issu de la boucherie de 14/18 et de la révolution d'Octobre 1917, affirmant la différence entre réformisme et révolution et la nécessité pour les révolutionnaires de s'organiser dans leur propre parti, le PCF.

C'est aussi pourquoi nous affirmons l'efficacité de la pensée marxiste et de ses développements actuels pour analyser la crise exacerbée du capitalisme et comprendre la réalité sociale même quand elle est masquée par les apparences qui se construisent dans la bataille idéologique.

Au capitalisme prédateur qui garde ses deux fers au feu -fascisme et guerre d'un côté, contre-réformes libérales de l'autre- nous opposons le projet du socialisme du 21ème siècle.

La tête dans les étoiles mais les pieds dans la braise sociale, avec le cœur et la raison, nous relevons le défi des chantiers du changement de société : la reconstruction de services publics qui garantissent l'égalité des citoyens, la reconquête de la sécurité sociale et de la retraite, la défense du salaire contre la baisse du coût du travail, le refus de payer la dette des usuriers de la finance, la nationalisation/socialisation de secteurs clefs de l'économie condition du changement de rapport de force entre capital et travail, la reconquête de l'industrie, les nouveaux droits des salariés, la souveraineté nationale et populaire contre l'Union européenne prison des peuples, le rassemblement populaire contre la division des exploités, le défi de la solidarité internationale et du droit au développement des peuples, une gestion de l'environnement et du cadre de vie au service des êtres humains et des générations futures, la paix dans le monde contre l'offensive de l 'impérialisme et du colonialisme sous des prétextes humanitaires.

De tels combats exigent des efforts idéologiques et d'organisation importants au sein du PCF, en priorité en direction de nos organisations de base des quartiers populaires et des entreprises.

Alors que la crise sociale et politique ne cesse de grandir et que la situation internationale est lourde de danger, ce congrès doit permettre de tirer les leçons de notre activité depuis 2008. Il doit porter une analyse et des propositions utiles pour agir dans la situation sociale et économique terrible de notre pays.

Nous avons l'ambition de créer au 36ème congrès les conditions d'un débat fraternel et constructif entre les communistes qui devront se prononcer sur l'avenir du PCF. L'enjeu pour ce congrès est de tourner ensemble, sur la base de notre expérience, la page de Martigues et d'affirmer au sein du PCF le choix de la révolution, de la lutte des classes et du marxisme.

2 - La crise du système capitaliste, une machine de guerre contre les peuples

Ce 36ème congrès s'ouvre dans une situation de crise exacerbée du capitalisme, payée à 100 % par les peuples auxquels il est demandé de plus en plus de sacrifices au nom d'une dette qui n'est pas la leur.

Pour chaque milliard de dette des États, il y a des millions de bénéfice d'intérêts pour les prêteurs ! Et pire, l'argent qu'ils prêtent aux États, ce n'est pas le leur, c'est de la création monétaire ! Cette étroite et ancienne imbrication du capital et des banques a été officialisée par le traité de Maastricht qui a donné le droit exclusif aux banques privées de prêter aux États en créant de la monnaie. Les États, à travers la pression fiscale sur les contribuables et les coupes réalisées sur leurs dépenses, remboursent donc aux banques de l'argent qu'elles n'avaient en réalité pas ; c'est le même mécanisme que celui de la dette des pays du Tiers-Monde dans les années 90 qui a réduit ces peuples à la misère.

La crise en France et dans l'Union Européenne

La crise qui frappe la France et l'Europe est une crise généralisée du système capitaliste, conséquence de la sur-accumulation des capitaux dans un contexte de financiarisation de la domination capitaliste ; cette financiarisation renforce de manière spectaculaire les caractéristiques de l'impérialisme analysées par Lénine, tout comme celles du rôle de l'État capitaliste au service des monopoles, étudiées dans les années 60 :

  • Suppression des frontières douanières et interdiction de toute mesure protectionniste
  • Liberté totale de circulation des capitaux et de leurs revenus
  • Déréglementation des outils de domination financière ; fonds spéculatifs, produits dérivés...
  • Mise en place de l'Euro, interdisant toute politique monétaire nationale
  • Privatisations massives, régression des services publics et marchandisation de tous les aspects de la vie (éducation, santé, culture...)

La mondialisation capitaliste est organisée pour faire baisser les coûts du travail afin de dégager une plus-value toujours plus importante. Les conséquences sont connues : suppressions d'emploi, délocalisations, disparition des services publics dont les activités sont livrées au privé, baisses du salaire direct mais aussi des retraites et des minima sociaux... Les peuples grecs, espagnols, portugais, irlandais, italiens, en payent le prix fort. Ils résistent, comme le montrent les manifestations, les grèves, les protestations sous toutes leurs formes. Mais cette résistance n'est pas encore suffisante pour faire reculer les dirigeants européens. Quant aux pays les plus riches de la zone euro comme l'Allemagne et la France, ils imposent à leurs peuples des politiques d'austérité qui se traduisent par des reculs dans tous les domaines : acquis sociaux, protection sociale, éducation santé, etc... La crise met les peuples en concurrence et les écrase tous !

L'austérité ne fait qu'aggraver la crise. La baisse du pouvoir d'achat réduit la demande, l'offre, la production et l'emploi. Elle tue la croissance et installe la récession, alors que le pays a besoin d'une dynamique de développement et de création de richesses.

Notre congrès doit être un moment fort pour refuser l'austérité, affirmer que c'est à la bourgeoisie de payer pour les injustices, pour les destructions imposées aux peuples, pour les usines détruites, les écoles et hôpitaux fermés, les millions de pauvres et de précaires, les reculs sociaux et les sacrifices qu'ils ont imposés à la France, pendant que leurs fortunes battaient des records !

La crise outil contre les peuples

Si la crise, loin d'être un accident, est le fonctionnement normal et cyclique de ce système, les capitalistes s'en servent pour accroître leur domination sur les peuples, après la restauration capitaliste à l'Est de l'Europe qui les a mis en position hégémonique.

De nombreux pays qui étaient en développement au lendemain de la décolonisation sont devenus des pays en récession parfois de manière brutale, minés par le pillage de leurs ressources, par l'abandon de leurs cultures vivrières sacrifiées aux productions intéressant les grands groupes des pays développés. Endettés, soumis à des plans d'ajustement structurels, ils sont enfermés durablement dans la dépendance et la récession.

Des pays émergents tirent pour l'instant la croissance mondiale, même si la crise des pays capitalistes réduit leurs débouchés. Toutefois la constitution d'oligarchies financières dans plusieurs de ces pays exacerbe les contradictions et les tensions.

Dans l'Union européenne, c'est la guerre des capitaux. Les bourgeoisies nationales grecques, espagnoles, portugaises... les placent dans les pays les plus puissants et les paradis fiscaux pour les protéger de toute mesure de fiscalité nationale ou de risque de décote.

Ainsi, les mécanismes mis en place conduisent aux crises qui sont une opportunité pour les pays capitalistes les plus puissants.

La dimension environnementale de la crise est elle aussi utilisée pour déréguler, mettre en cause les services publics, développer de nouvelles marchandisations pour la qualité de vie, recréer des emplois déqualifiés à bas coûts de services à la personne. Non seulement, le capitalisme vert n'apporte pas de réponses aux enjeux environnementaux, mais il renforce l'exploitation du travail et de la nature.

La concurrence du tous contre tous se révèle à l'opposé d'un monde où la coopération permet le développement de chacun.

3 - Impérialisme, guerres et résistances des peuples

Dans le monde, le capitalisme à l'offensive

Jamais les questions nationales n'ont été aussi directement liées aux questions internationales. Jean Jaurès disait : "un peu d'internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d'internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l'internationale, beaucoup de patriotisme y ramène".

La mondialisation capitaliste conduit à une nouvelle phase de paupérisation du monde du travail et des peuples au Nord comme au Sud, à la multiplication des conflits et des guerres.

Les dernières années ont confirmé la pertinence des analyses de Marx et Lénine :

  • incapacité du capitalisme à produire la stabilité et la paix
  • stade impérialiste marqué par l'exacerbation de la concurrence
  • concentration à grande échelle de la domination de la grande bourgeoise monopolistique par la maîtrise des banques et circuits financiers
  • surarmement et guerre permanente pour le (re)partage du monde, conduisant à de nouvelles colonisations (Irak, Afghanistan, Libye), la déstabilisation d'États (Syrie, Mali, Iran...). La bataille idéologique mobilise dans une véritable guerre de l'information tous les moyens modernes de communication pour masquer la réalité des guerres qui seraient faites pour la démocratie, les droits de l'homme, la civilisation.

Mais la réalité finit par apparaître. Les alliances nouées par les puissances occidentales jusqu'aux intégristes religieux ont pour objectif de diviser et d'opposer les pays. Les véritables motivations sont économiques et géostratégiques... En Irak ou en Libye, le vrai résultat des interventions militaires occidentales, c'est la destruction d'États indépendants, des régions du monde livrées aux chefs de guerre locaux sous contrôle colonial de grandes puissances.

La guerre menace désormais toute la planète. Elle s'étend du Moyen-Orient jusqu'en Afrique et les menaces contre l'Iran peuvent conduire à une nouvelle étape révélant l'enjeu de l'affrontement entre l'occident et la Chine.

La bataille pour la paix doit être un moment essentiel de notre congrès et redevenir un axe fort de notre activité. Elle doit prendre tout son sens dans le rassemblement le plus large contre le colonialisme, contre l'impérialisme, pour le respect de l'indépendance nationale, condition du désarmement.

Des peuples en résistance

Cette contre-offensive des forces du capital rencontre des résistances importantes dans un monde qui reste marqué par les acquis historiques issus de la lutte des peuples et du socialisme.

La dernière période confirme la force de ces nouvelles résistances ancrées dans un mouvement pour l'indépendance nationale, au plan politique comme économique.

Cela apparaît dans le succès des ruptures politiques en Amérique Latine, que confirment la nouvelle victoire d'Hugo Chavez, la place réaffirmée de Cuba dans les nations américaines, et même les dernières élections au Mexique.

Les pays de l'ALBA en Amérique du Sud coopèrent pour faire progresser le niveau de vie de leur population, maîtriser leurs ressources, se donner des outils de coopérations qui échappent au contrôle du FMI et de la banque mondiale.

Le socialisme est redevenu une perspective politique au Venezuela, en Bolivie, en Équateur, au Nicaragua, mais aussi au Népal. Il redevient un enjeu de choix politique dans l'ancienne Europe de l'Est, en Afrique, notamment en Afrique du Sud marquée par un renforcement des luttes des travailleurs. Partout, les peuples qui relèvent la tête avec des organisations politiques ancrées dans la lutte des classes, sont confrontés, pour la rupture avec le capitalisme, à la perspective du socialisme. Cuba n'est plus isolé.

Des puissances indépendantes, marquées par leur relation historique avec le socialisme et le mouvement des non alignés font progresser le niveau de vie moyen de la planète. Le Brésil, l'Inde, la Russie, l'Afrique du Sud... développent des politiques indépendantes marquées par les contradictions entre acceptation de la domination occidentale et la recherche d'alliances alternatives. En Chine, le niveau de vie progresse, avec des contradictions fortes. Il est important pour les communistes de comprendre la nature des transformations de ces pays.

Des luttes sociales importantes se développent, en Europe comme aux USA, dans des situations politiques diverses. Après des années d'acceptation de l'idéologie capitaliste et d'affaiblissement des organisations politiques révolutionnaires, avec des niveaux de conscience disparates, elles cherchent confusément encore les voies d'une rupture politique qui pose de fait la question de la révolution et du socialisme.

La question du socialisme est ainsi posée aux peuples.

4 - L'Union Européenne, prison des peuples

Brisons le tabou : les communistes doivent discuter des objectifs fondateurs de l'U.E. et de l'Euro et de ce qui en découle pour la stratégie du PCF.

Pourquoi notre parti, qui a combattu énergiquement cette construction patronale dès le début, y compris dans la bataille acharnée qu'il a failli gagner contre le traité de Maastricht, considère-t-il aujourd'hui, la remise en question de l'euro et de l'U.E. comme un tabou ?

Comment répondre à la patronne du Medef, Laurence Parisot, qui affirme : « La solution existe. Elle est audacieuse. Elle s'appelle États unis d'Europe, fédéralisme européen, délégation de souveraineté. Elle offrirait enfin aux Européens un projet, une ambition, une fierté » (Le Monde, 1er décembre 2011).

Nous proposons d'ouvrir un débat approfondi sur cette question.

L'Union Européenne, créature du capital

Robert Schuman, "Père de l'Europe", était un homme du Comité des Forges (aujourd'hui le Medef), homme d'extrême-droite, collaborateur avec les nazis. C'est lui qui va avec Jean Monnet, l'homme des américains, imposer en catimini aux français la CECA en 1951. Déjà, la concurrence libre et non faussée est affichée comme un principe intangible.

En mars 1957, le Traité de Rome reprend ce principe et établit le fonctionnement de l'Union Européenne dans les grandes lignes antidémocratiques que l'on connaît aujourd'hui. Seuls les communistes et les gaullistes vont s'opposer à cette structure supranationale qui n'aura de cesse de dépouiller les peuples de leur souveraineté.

Toutes les étapes de la construction de l'Union Européenne ont été imposées aux peuples, jusqu'au traité constitutionnel, balayé en 2005 par les peuples de France et des Pays-Bas, mais que les gouvernements imposeront dans un véritable déni de démocratie. Avec l'Union Européenne, le capitalisme ne cesse de montrer son vrai visage, celui de la dictature.

Dès sa création, l'Union Européenne a deux objectifs : faciliter l'accumulation des capitaux et doper les taux de profits en faisant baisser le coût du travail. Cela passe par la casse du cadre national et l'ouverture des frontières afin de permettre la libre circulation des capitaux et de la main d'œuvre bon marché et par la dérégulation financière.

L'Union Européenne organise ainsi le dumping social, c'est-à-dire la mise en concurrence déloyale de pays à niveaux de développement économiques très inégaux, faisant pression sur les salaires, les acquis sociaux et l'emploi ; après d'autres, Unilever a bien l'intention de délocaliser l'usine Fralib… en Pologne !

L'Union Européenne dépossède les peuples et les nations de toute souveraineté monétaire, financière et budgétaire, pour imposer au travers de la dette artificielle et de l'euro, la baisse automatique et autoritaire du prix de la force de travail, c'est-à-dire des salaires, des pensions et des prestations sociales.

De par les traités signés, le fonctionnement de l'Union Européenne est profondément antidémocratique et tout changement des "règles du jeu" ne pourrait se faire qu'avec l'unanimité des États membres, en conséquence appeler à un autre fonctionnement relève de l'idéalisme.

Le dernier traité en date, le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG), après le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) est une nouvelle étape de la soumission des peuples à la domination du capital.

TSCG : la France sous tutelle

François Hollande et son gouvernement ont fait adopter au pas de charge le TSCG par le parlement et placé ainsi la France sous tutelle.

En même temps le gouvernement affirme sa volonté de réduire le déficit en réduisant encore le coût du travail (hausse des cotisations, diminution des prestations sociales) comme l'a annoncé explicitement Moscovici, ministre de l'économie.

Désormais, les projets de budgets nationaux seront validés au niveau européen au printemps de chaque année avant qu'ils ne soient présentés devant les Parlements nationaux. Le principe de l'équilibre budgétaire -ou de l'excédent- est renforcé, ainsi que les sanctions en direction des États récalcitrants.

Des inspecteurs de la Commission européenne pourront être dépêchés dans les pays récalcitrants, comme c'est déjà le cas en Grèce, au Portugal et en Irlande et un contrôle juridictionnel supranational est prévu pour vérifier le respect des engagements des États. C'est le retour des tous puissants gouverneurs dans les provinces de l'antique Empire romain.

L'austérité est devenue la loi et les peuples vont payer le prix fort.

La casse de la Nation

L'Union Européenne franchit une nouvelle étape dans la destruction des États-nations dont il faudra caractériser la nature. Le développement du régionalisme et du nationalisme raciste en Belgique, en Espagne, en Hongrie, dans la Baltique, en Pologne, multiplie les foyers de tensions. Après l'éclatement de la Yougoslavie, cela nous montre jusqu'où peut aller l'exploitation des contradictions régionales, sur fond de misère sociale.

En France, ce sont les acquis de la révolution française qui sont visés, aussi bien sur le plan institutionnel (commune - département - nation) que sur le plan culturel. Il leur faut briser toute possibilité de résistance.

Certains s'inscrivent dans l'Europe des régions contre la nation. Comme l'écrit Huchon, président de la région Ile-de-France, "le seul territoire capable de rompre l'unicité de la loi (c'est-à-dire son caractère national et égal pour tous), c'est la région" [1].

La réforme des collectivités territoriales décidée par le gouvernement Sarkozy visait à soumettre l'organisation de la France aux objectifs de l'Union européenne en éloignant les lieux de décisions du peuple, en privant de moyens et d'autonomie les collectivités locales qu'ils veulent transformer en machines technocratiques.

Le candidat Hollande avait promis l'abolition de cette loi.

Aujourd'hui, rien n'est fait sinon une vague annonce de report des élections cantonales et régionales.

Au nom d'une prétendue "efficacité économique", c'est dans le cadre de cette loi que les collectivités locales sont contraintes de se réorganiser.

Notre parti doit faire de l'abrogation complète de la réforme des collectivités locales, une grande bataille, et faire grandir ses propositions pour des collectivités locales autonomes et des droits nouveaux pour les citoyens.

Ouvrons le débat : comment se libérer de l'Union Européenne et de l'euro ?

L'acharnement du capital au travers de l'Union Européenne contre la souveraineté nationale montre bien que le cadre national reste le plus favorable à l'expression des peuples et au rassemblement.

Le refus de mettre en débat notre position concernant l'Union Européenne et l'euro nous coupe un peu plus des catégories populaires qui identifient l'institution et la monnaie comme directement responsable de la situation de notre pays.

La formule magique de la soi-disant "Europe sociale" a fait son temps, d'autant qu'elle est indifféremment utilisée par la droite et la gauche.

Même Laurence Parisot déclare dans un point de presse de juin 2012 : « Nous disons aussi qu'il nous faut une Europe sociale, qu'il ne peut pas y avoir de grande avancée économique, qu'il ne peut pas y avoir de discipline budgétaire s'il n'y a pas en même temps une pensée audacieuse sur la question sociale. Et nous, Medef, nous sommes prêts à aller sur cette voie ».

L'U.E. montre de plus en plus son vrai visage, celui d'un système dictatorial.

Nous pensons qu'il faut faire grandir le rassemblement du refus des traités et directives européennes jusqu'à l'exigence de faire éclater ce cadre institutionnel et monétaire. Il a fallu aux peuples d'Amérique du Sud mettre à bas l'accord de libre échange (ALCA) que voulaient imposer les USA pour pouvoir inventer un accord de coopération non marchand (ALBA) basé non sur une monnaie mais sur un outil de compensation entre monnaies nationales.

Une telle bataille du PCF constituerait un événement qui le rendrait identifiable par les catégories populaires, qui, à chaque étape, à chaque consultation, ont exprimé majoritairement leur rejet de cette construction européenne.

Une situation nouvelle serait ainsi créée en France et en Europe, une situation porteuse de ruptures et de bouleversements au profit des peuples, permettant de construire des nouvelles coopérations mutuellement avantageuses entre nations souveraines.

5 - Le socialisme est à l'ordre du jour

Il n'y a plus de marge de manœuvre dans le capitalisme, plus de compromis possible avec la grande bourgeoise, tant son intérêt vital pour maintenir ses revenus et son mode de vie, est d'obtenir une réduction massive des salaires et des droits. La conséquence est qu'une solidarité réelle assurant des droits à tous nécessite une véritable révolution, oblige à s'inscrire dans la construction d'une autre société, dans le renversement du rapport de forces entre capital et travail.

Assumer notre histoire !

La conscience des méfaits du capitalisme n'a jamais été aussi grande. Pourtant la conscience qu'une autre société est possible, la capacité à décrire et nommer cette société n'a peut-être jamais été aussi difficile. A force d'emprunter à l'idéologie dominante son vocabulaire, nous ne savons plus très bien nous-mêmes de quoi nous parlons.

Fondamentalement, les communistes pensent qu'une société sans classe, sans exploitation de l'homme par l'homme est possible et qu'elle ne peut se construire qu'en enlevant le pouvoir d'État à la bourgeoisie pour lui substituer un pouvoir des travailleurs. Ce pouvoir ne pouvant évidemment pas résoudre tous les problèmes d'un coup, ni dans un "grand soir", les communistes ont appelé cette société dominée par les intérêts des travailleurs une société socialiste, dans laquelle les luttes de classes sont encore vives, car elles construisent étape par étape cette nouvelle société, débarrassée de toute domination et aliénation, le communisme.

Depuis Martigues, le mot capitalisme est remplacé par libéralisme, finance ou "modèle dominant", les mots révolution ou lutte des classes sont délaissés. La révolution est devenue émancipation, notre communisme serait de nouvelle génération... Le texte "Il est grand temps de rallumer les étoiles" fait l'impasse sur le mot socialisme auquel se substitue le "développement humain durable".

C'est la conséquence de l'affrontement économique et idéologique du XXème siècle. Les expériences socialistes défaites par le capitalisme, ont échoué. Elles ont alors été criminalisées, renvoyées dos à dos avec le fascisme. L'absence d'analyse critique des communistes sur cette histoire récente, l'acceptation du caractère totalitaire du communisme, l'auto-culpabilisation de certains dirigeants communistes, nous ont empêchés de mener le combat idéologique pour le socialisme.

Nous voulons sortir de cette confusion des mots qui nourrit la confusion des idées. C'est nécessaire pour reconstruire la conscience de classe et pour que le mouvement populaire identifie les obstacles auxquels il est confronté et les combats nécessaires pour les dépasser.

Nous devons tirer un réel bilan du socialisme, les yeux grands ouverts sur les crimes comme sur les acquis, sur les échecs comme sur les réussites et nous devons mesurer à quel point le socialisme issu de 1917 continue à marquer le monde du XXIème siècle, ses rapports de forces, ses espérances.

Le socialisme du XXIème siècle

Ce qui au fond travaille la société française c'est la nécessité historique que le monde du travail prenne toute sa place dans la direction des affaires du pays pour la maîtrise de ses moyens de production et d'échanges, de ses conditions de travail et de vie.

La bourgeoisie, ses rentiers, spéculateurs, affairistes, spécialistes de la subvention publique et de l'optimisation des marchés, est inapte pour diriger la société dans le sens de l'intérêt général. Ce sont les travailleurs qui doivent se considérer comme les véritables dirigeants, ceux qui peuvent décider quel travail est utile, sous quelle condition, pour quelle production, pour quel besoin social.

Nous notons avec intérêt que le mouvement de la jeunesse communiste, a choisi dans son dernier congrès de mettre à l'ordre du jour la construction du socialisme.

Nous considérons la nature comme le cadre de vie de l'humanité, et nous portons comme Marx la critique du capitalisme qui « épuise la Terre et le Travail ». Le socialisme que nous voulons assurera la gestion des ressources naturelles pour les besoins de l'humanité d'aujourd'hui et de demain, fera de la biodiversité, de la qualité de l'air et de l'eau, de l'efficacité énergétique, de la préservation des sols, de la réduction des pollutions, des critères essentiels de la planification et des choix économiques.

Ces derniers mois, de Florange à Fralib, de PSA à Sanofi, la question du rôle de l'État dans les décisions industrielles est de nouveau portée par des travailleurs. Privilégions dans les luttes les revendications politiques qui portent cette exigence de s'approprier les techniques, les filières de production, les marchés, les besoins de financement pour être capable de diriger l'économie.

Nous nommons donc sans complexe notre projet de société comme une société socialiste, réduisant par de larges nationalisations des grands moyens de production et d'échange le pouvoir de la bourgeoisie, recherchant des coopérations internationales libérées de la domination des règles des marchés.

Nous défendons clairement et simplement l'idée d'un plan conduit par un État démocratisé de haut en bas, possédant les moyens de le mettre en œuvre, avec des services publics élargis facteur d'égalité, des cadres règlementaires et fiscaux plus contraignants pour tourner l'effort des entreprises vers les objectifs de la société, s'appuyant sur la mobilisation du mouvement populaire pour une nouvelle démocratie, de la cité à l'entreprise.

Le 36ème congrès doit ouvrir le chantier du socialisme !

6 - Quelle stratégie pour le PCF ?

Contre la fracture politique, construire l'unité du peuple

Nous avons pris toute notre place dans la défaite de Nicolas Sarkozy car il fallait condamner sans appel sa politique. Mais François Hollande et sa majorité socialistes/verts s'inscrivent dans la logique de l'Union Européenne : réduction des déficits publics, concurrence libre et non faussée, disparition des services publics, effondrement des acquis sociaux. Son empressement à faire ratifier sans référendum le TSCG comme les premières décisions budgétaires ne laissent aucun doute !

Cette situation, en l'absence de perspective de changement de société, ne peut qu'aggraver la fracture politique, le fossé qui se creuse toujours plus entre les catégories populaires et les institutions politiques et qui se traduit par une abstention croissante, les divisions au sein du peuple, la montée du Front National.

Cette situation profite d'abord au Front national qui a fait près de 18% à la présidentielle. Avec son discours démagogique et raciste qui apparaît social et anti-européen, il attire une part importante des classes populaires durement touchées par la crise.

Le capitalisme travaille dans la bataille d'idées comme dans l'organisation de la société à diviser le peuple pour empêcher qu'il identifie les responsables de la situation et qu'il se rassemble.

La solidarité est mise à l'épreuve entre les salariés des secteurs où l'emploi a été pour l'essentiel préservé et ceux qui subissent de plein fouet la précarité, entre les salariés du public et du privé, entre les couches moyennes qui espèrent ne pas être confrontées au chômage et les quartiers populaires qui (se) vivent massivement comme exclus. Ce "chacun pour soi", loin d'être une nouveauté sociétale, s'ancre dans la réalité de la dégradation des rapports sociaux et facilite la domination de classe sur le monde du travail.

Le FN, la droite, l'intégrisme religieux utilisent ces divisons, les aggravent en désignant des boucs émissaires, en exacerbant la peur de l'autre, du plus pauvre que soi, la peur de la société, le rejet des institutions et favorisent ainsi les replis identitaires et communautaires.

Le PCF doit privilégier l'activité de terrain, l'éducation populaire et la défense des intérêts populaires, travailler à faire reculer la division des exploités, à faire grandir la conscience de classe, favoriser le rassemblement de tous ceux qui ont intérêt au changement de société, construire l'unité du peuple.

Front de gauche : Quel bilan ?

Après l'échec de Marie-Georges Buffet candidate des collectifs antilibéraux qui faisaient suite à la faillite de la gauche plurielle et au score calamiteux aux élections présidentielles de Robert Hue, le 34ème congrès a lancé "la dynamique des fronts".

Ces fronts se sont finalement réduits en un Front de Gauche, au départ une alliance avec une partie de la gauche du PS et de la Gauche unitaire venue de la LCR.

Nous avons alerté sur les risques liés à cette nouvelle construction politique.

A plusieurs reprises, le Front de gauche est apparu comme une force politique à part entière effaçant le PCF, que ce soit dans les dénominations de nos groupes politiques, les logos de nos candidats ou le cadre et les contenus des initiatives en direction des citoyens.

En terme d'alliance, ce rassemblement à la gauche de la gauche ne nous semble pas en mesure de mobiliser largement les catégories populaires qui ont intérêt au changement.

Aux élections européennes de 2009, le Front de gauche a recueilli nationalement 6 % des votes et 5 sièges avec l'outre-mer.

Aux élections régionales de 2010, cette stratégie électorale a eu pour résultat de diviser le nombre de conseillers régionaux communistes par deux. En effet, les alliances avec les "partenaires" PG et GU se sont faites au détriment du Parti communiste. Les résultats ne permettaient généralement pas d'être présents au second tour. Donc, après avoir négocié avec les partenaires du Front de gauche, il a fallu négocier avec le Parti socialiste par Front de gauche interposé alors que ce dernier avait été présenté comme une alternative à la tutelle du Parti socialiste.

A l'élection présidentielle de 2012, nos résultats de 2002 et 2007 ont amené de nombreux camarades à accepter la stratégie du Front de gauche avec un certain optimisme.

En même temps, la volonté que le PCF tienne sa place dans cette bataille était forte puisqu'elle a conduit plus de 40% des communistes à soutenir une candidature communiste, le plus grand nombre se rassemblant sur le nom d'André Chassaigne.

Le choix de Jean-Luc Mélenchon comme candidat s'est fait à la majorité des communistes et il est indéniable qu'une dynamique s'est enclenchée aux présidentielles autour de sa candidature.

Le résultat obtenu, plus de 11% des votes soit 8,65% des inscrits, paraît être un succès même s'il est en deçà des espérances annoncées. Mais si ce résultat traduit un redressement après l'effondrement de 2007, il ne fait pas progresser le cumul Parti communiste + extrême gauche, qui continue à s'affaiblir, 14,2% en 1995, 13,8% en 2002, 13,1% en 2012.

Le niveau de l'abstention populaire est resté élevé, tandis que le vote FN a poursuivi sa progression, Marine Le Pen arrivant en troisième position.

Une analyse détaillée des résultats du Front de gauche montre un recul par rapport à la présidentielles de 1995 dans quasiment toutes les zones de force du PC et en revanche une progression dans des terres où l'influence communiste était très faible. Ces constats interrogent pour le moins notre ancrage historique et populaire.

Les législatives qui ont suivi ont vu le PCF diviser par deux le nombre de ses élus à l'Assemblé nationale, avec 6,91% des exprimés soit 3,91% des inscrits et 20 millions de Français, un sur deux, se sont abstenus.

La poussée à gauche n'a pas profité à nos candidats mais quasi exclusivement au Parti socialiste qui se retrouve majoritaire à lui seul à l'Assemblée nationale.

On est très loin de la promesse de la direction au moment du débat sur la candidature aux présidentielles : « A Mélenchon la présidentielle, au PCF les législatives et les députés ».

Au final, cette séquence électorale se traduit par un nouvel affaiblissement du PCF qui plus est dans sa représentation politique nationale.

Nous entendons des camarades dire que le Front de gauche a dynamisé le PCF. Tout bien analysé, y compris les risques d'effacement rapide, cette affirmation est-elle juste ?

Et dans cette situation de crise supposée renforcer l'anti-capitalisme, rien ne prouve qu'un candidat communiste aurait fait moins bien ! Et quelle différence pour nos candidats aux législatives ensuite !

Si l'objectif de fusion ou absorption du PCF dans le FG ne semble plus ouvertement d'actualité, la proposition de "coopérative politique" ou de "holding" reproduirait le processus qui a conduit à l'échec des collectifs antilibéraux, parlant et décidant au nom de ses composantes, se noyant dans des problèmes de représentativité, de pouvoir, de personnes. Cela conduirait à la perte d'autonomie politique du parti.

Nous constatons que de plus en plus souvent, la parole, les actions du PCF et même la vie interne s'effacent au profit de celles du Front de gauche alors même que nous ne sommes plus en campagne électorale.

L'ambiguïté demeure donc sur la nature de cette nouvelle forme politique. Le PCF est-il capable d'avoir une activité autonome du Front de gauche dans les mois qui viennent ? Si oui alors montrons-le ! Levons les ambiguïtés en affirmant clairement dans un texte de congrès notre refus de l'adhésion directe au Front de gauche et d'une quelconque subordination du PCF à un cadre politique extérieur permanent.

Pour porter le choix stratégique d'un nouveau rassemblement populaire, voire d'un front qui unisse toutes les forces politiques, syndicales, associatives, populaires et progressistes, il faut non pas une nouvelle forme politique, mais au contraire, un parti renforcé en conscience et en organisation.

Notre priorité c'est le renforcement idéologique, politique et populaire du PCF ! Ni repli, ni effacement : nous voulons rompre clairement avec toute pratique ou démarche qui s'inscrive dans l'effacement ou la marginalisation du PCF comme grande force politique nationale.

Notre conception du rassemblement populaire !

Dans son histoire, le PCF a à plusieurs reprises noué des alliances qui ont abouti à des avancées sociales considérables, comme le Front populaire et le programme du Conseil National de la Résistance, mais qui ont aussi amené à la pédagogie du renoncement des années Mitterrand et un premier effacement du PCF au profit du PS.

Les alliances ne peuvent se résumer à un affichage électoral visant à assurer notre place dans les institutions, auquel cas elles ne feront au mieux qu'additionner les forces des uns et des autres sans en gagner de nouvelles.

Notre ambition n'est pas de nous disputer avec nos partenaires du Front de gauche les 4 millions d'électeurs de Mélenchon à la présidentielle. Adressons-nous à tous ceux qui s'abstiennent aujourd'hui parce qu'ils pensent que la politique ne sert plus à rien, à ceux qui votent PS faute de mieux, aux électeurs populaires qui votent Front National contre leur intérêt parce qu'ils croient que c'est la meilleure manière de donner un coup de pied dans la fourmilière.

Les communistes ont vocation à s'adresser au peuple tout entier et les alliances sont un outil pour construire des majorités sur des projets de rupture, en laissant toujours la primauté au mouvement populaire.

Nous devons combattre l'idée que notre effacement pourrait favoriser le rassemblement, comme cela a trop souvent été dit quand il a fallu choisir le candidat à la présidentielle.

C'est pourquoi nous devons toujours présenter nos propres candidats autour d'un programme populaire de rupture.

Nous devons faire de la reconquête des milieux populaires notre priorité.

Un programme de rupture avec le capital

Le parti socialiste, accompagné de quelques verts et radicaux, dirige le pays. Il est largement majoritaire à l'Assemblée nationale, dans les conseils généraux et régionaux.

Dès avant son élection, François Hollande se situait dans l'alternance.

Il ne s'agit ni de nourrir des illusions sur ses intentions réelles, ni d'attendre l'arme au pied les prochaines élections en pariant sur une déception qui profiterait dans ces conditions d'abord au Front National. Nous devons porter immédiatement un programme de rupture et construire avec et autour de nos propositions, de larges rassemblements.

C'est ainsi que nous pouvons contribuer à ce que le mouvement populaire se développe jusqu'à contraindre ce gouvernement à changer de politique et dans tous les cas construire une issue à la situation.

Dans la période présente, nous voulons insister sur les propositions qui nous semblent essentielles immédiatement pour faire reculer la souffrance populaire et aller vers plus de justice :

  • Nationalisation/socialisation des secteurs bancaires et financiers, des secteurs vitaux pour le pays
  • Re-nationalisation immédiate d'EDF-GDF et de la Poste
  • Plan de développement des services publics, en priorité école, santé, transports et postes avec les embauches statutaires nécessaires
  • Remise en cause fondamentale de la dette publique
  • Interdiction des licenciements et des délocalisations et appropriation par les salariés avec le concours de la force publique des entreprises désertées ou bradées par leurs actionnaires
  • Augmentation significatives des salaires, des pensions et minima sociaux
  • Rétablissement de la retraite à 60 ans à taux plein et départ dès 55 ans pour les carrières longues
  • Blocage des prix des produits de première nécessité
  • Construction de logements sociaux à hauteur des besoins, blocage des loyers et interdiction des saisies et expulsions pour les familles en difficultés
  • Non appli cation des directives et traités européens
  • Sortie de l'OTAN et l'alliance atlantique, refus de toute intervention militaire de la France dans un pays souverain
7 - Faire vivre et renforcer le Parti Communiste Français

Le pari de l'existence du PCF

Depuis maintenant plus de 10 ans, le PCF a fait l'objet de diverses recettes présentées comme autant de remèdes à notre affaiblissement : changement de nom, mutation, transformation, métamorphose, disparition des cellules, carte pluriannuelle...

Tout cela a surtout conduit à l'affaiblissement de sa vie démocratique, à la disparition de bons nombres de cellules notamment dans les entreprises et les quartiers populaires et au départ ou à la mise à l'écart de nombreux camarades. En 2007, la liquidation du PCF a même été envisagée par sa direction et c'est la volonté majoritaire des adhérents qui a permis de le conserver.

Ce congrès doit clairement s'engager dans la reconstruction de l'organisation communiste trop souvent défaite et fermer la porte à toute métamorphose ou dilution.

Alors que la politique spectacle domine, nous voulons faire vivre ce parti afin de permettre que la classe ouvrière toujours présente mais rendue invisible, joue tout son rôle.

Plus que jamais, dans cette période d'affrontement de classe aigu, lourde de dangers mais aussi de possibles, nous avons besoin du PCF pour permettre au peuple de relever la tête, de mener le combat et de créer de larges rassemblements autour de propositions de rupture avec le capital jusqu'à les porter à la direction du pays.

Un bilan transparent

Depuis le 34ème congrès, les efforts de la direction ont plus porté sur la construction du Front de gauche que sur la vie du PCF.

Nous entendons que tout irait mieux.

Le congrès doit procéder sans complaisance à un bilan précis de l'état de l'organisation du PCF, depuis le nombre d'adhérents, l'état des cotisations et versements d'élus, jusqu'au fonctionnement de la direction en passant par les cellules, les sections et le nombre de nos élus.

Il ne s'agit pas d'en rester à un bilan comptable mais bien de dégager ce qui est essentiel : la force ou la faiblesse de nos liens avec les plus exploités, la classe ouvrière, les salariés dans leur diversité. Ce lien se mesure au travers du nombre et de la vie de nos cellules dans les quartiers populaires et entreprises, et de la place de ces femmes et hommes dans nos organismes de direction. Ayons aussi un regard précis sur nos liens avec les ingénieurs, cadres, chercheurs et intellectuels.

Combien de cellules, de sections dans les centres universitaires ?

De la crise naît la révolte et la volonté de s'organiser collectivement pour agir... de nombreuses femmes et hommes, des jeunes nous ont rejoints ces derniers mois. Ils sont porteurs comme tous les salariés de capacités de révolte, d'engagement, de connaissances, mais sont aussi porteurs des idées dominantes, celles que l'expérience immédiate impose si elle ne rencontre par l'effort d'analyse critique collective. Ils sont souvent sans lien avec l'expérience accumulée dans l'histoire du mouvement populaire.

Quelles décisions prenons-nous pour les rendre pleinement acteurs et décideurs dans le combat politique, pour qu'ils puissent jouer leur rôle de révolutionnaire du 21ème siècle ?

Un parti populaire et de combat

Il suffit de regarder la composition sociologique du Conseil National pour mesurer à quels points nous avons reculé dans les milieux populaires.

La liquidation des cellules, notamment d'entreprises, dans un contexte de confusion idéologique et politique a été meurtrière.

Il nous faut évidemment prendre en compte l'évolution des modes de vie dans notre militantisme, notamment en ce qui concerne les outils de communication, mais ne ce ne sont pas les blogs, ni les pages sur les réseaux sociaux qui manquent.

Reconstruisons au plus près des habitants et des salariés ces organisations de base que sont les cellules, lieu d'élaboration politique collective, de construction d'action, de mélange des expériences sociales et de liens permanents avec tous les adhérents.

Renouons dans les conditions présentes avec l'éducation populaire à partir de la théorie marxiste pour permettre à chacun de se libérer du carcan des idées dominantes et d'être un repère politique pour ceux qui l'entourent.

C'est dans ce travail de terrain, dans les grandes et petites luttes, que nous ferons grandir à égalité les dirigeantes et dirigeants issus du monde populaire dont nous avons besoin pour mener le combat communiste aujourd'hui. Nous devons travailler à construire des directions qui jouent pleinement leur rôle d'impulsion et d'appui à l'activité des communistes dans un esprit de rassemblement et de fraternité.

Un parti libre de ces choix

En 2004, le PCF a adhéré au PGE après une consultation banalisée qui a laissé indifférent un grand nombre de communistes. Au final, compte-tenu du faible nombre de votants, c'est une minorité des communistes qui a validé cette adhésion au Parti de la gauche européenne.

L'adhésion au PGE marque une rupture avec l'internationalisme communiste, nous coupant de plusieurs partis communistes d'Europe qui ont fait des choix différents. Le PGE fait de l'Union européenne un horizon indépassable et ne s'inscrit pas dans le combat anticapitaliste.

Ainsi, le PGE annonce explicitement (en anglais sur son site internet) "La vieille contradiction facilement comprise entre le Capital et le Travail est balayée par de nouvelles aspirations et contradictions entre les sexes, les générations, les cultures, les groupes ethniques et surtout par une conscience nouvelle de l'interrelation entre l'humanité et l'environnement".

Ce positionnement pèse de toute évidence sur les décisions du PCF. Nous souhaitons qu'un débat s'ouvre au congrès sur ces questions : le rôle du PGE, ses orientations, notre adhésion.

Démocratie et fraternité

Ce congrès devra revoir les statuts du PCF adoptés en 2006.

Nous donnons la priorité aux organisations locales comme lieu d'élaboration et de mise en œuvre de la politique du PCF. Cela restera lettre morte si ces organisations ne retrouvent pas la maîtrise de la remise de la carte et du versement des cotisations.

Nous mettons en garde contre toute tentation de régler des débats politiques par des mesures administratives.

Nous avons plus que jamais besoin de nous confronter sur les questions posées aujourd'hui aux révolutionnaires pour construire des positionnements communs et partagés.

C'est dans les combats partagés que se renforcera la fraternité des communistes.

8 - Un parti de résistance au capitalisme et de construction du socialisme

Ce document n'aborde pas tous les sujets. Il se concentre sur les questions politiques auxquelles notre peuple est confronté, celles qui conditionnent ses capacités de résistances, de rassemblement, de conscience des enjeux de la crise du capitalisme et du niveau des réponses qui peuvent réellement ouvrir une rupture avec sa gestion de gauche ou de droite.

En 2008, nous avons décidé de garder le PCF. Nous voulons que le 36ème congrès permette un débat fraternel entre communistes pour affirmer la nécessité de faire vivre un PCF autonome.

Nous faisons le choix prioritaire de nous adresser à la classe ouvrière élargie, aux couches populaires rejetées par le système dans l'abstention, le vote protestataire ou le vote utile. Elles sont la clé de notre renforcement.

Nous faisons le choix du socialisme comme cœur du changement de société nécessaire, s'appuyant sur l'expérience du XXème siècle. Il est la réponse moderne à la violence du capitalisme, au retour du colonialisme.

Nous travaillons pour une analyse communiste des succès et des échecs des partis communistes dans le monde, contre la criminalisation du communisme que l'idéologie dominante veut imposer.

Nous décidons de renouer avec les partis communistes du monde entier, dans le respect des différences de position, en cherchant à favoriser l'internationalisme des travailleurs face aux multinationales et aux guerres.

Nous assumons d'être en dehors des discours consensuels et bien-pensants, fussent-ils de gauche et même de la gauche de la gauche. Nous partons des faits, de leur analyse, du bilan de notre expérience, pour atteindre nos propres objectifs.

Nous faisons le choix d'un parti renforcé, autonome dans ses alliances et ses efforts de rassemblement, construisant son organisation dans l'action de ses militants organisés dans le quartier et l'entreprise, utile aux alliances sociales ou électorales qui élargissent le niveau de conscience et d'organisation du mouvement populaire.

Vive le Parti Communiste Français !


Pour apporter son soutien à ce texte alternatif, ne pas oublier de porter :

Nom, prénom, responsabilités éventuelles au sein du PCF, département, section.

Et bien penser à mettre à jour vos cotisations !


Editeur : Faire Vivre le PCF !
http://www.lepcf.fr

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 14:59

                                                                               MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

kke48.jpgGrève générale en Grèce
Succès des manifestations de masse organisées par le PAME

 

Communiqué du Parti communiste de Grèce (KKE)

 

 

 

Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

Les manifestations du premier jour de grève mardi matin organisées par le PAME à Athènes et dans une dizaine d'autres villes grecques ont été massives et animées. Une indication de l'ampleur de la manifestation à Athènes, le ait qu'elle ait rempli la totalité du centre-ville. Des milliers d'ouvriers et de salariés, de travailleurs indépendants, de commerçants, de jeunes et de femmes ont manifesté leur opposition aux mesures brutales, anti-ouvrières et anti-populaires, mises en place par le gouvernement, l'UE et la troika. Le mot de l'ordre de la manifestation : « ces mesures doivent être mises en échec, le peuple doit avoir son mot à dire, soit nous gagnons soit ce sont les monopoles qui gagneront ! »

 

Lorsque les forces du PAME étaient arrivés au Parlement, le flot humain de manifestants avec les drapeaux et les banderoles du PAME avait encerclé la place Syntagma. Une fois de plus, le rassemblement et le défilé du PAME étaient bien plus massif que celui des directions collaboratrices de la GSEE et de l'ADEDY.

 

La grève a commencé à l'aube mardi. Les travailleurs sur leurs lieux de travail et les syndiqués des organisations de classe étaient devant les usines, super-marchés, commerces, banques, dans toute la Grèce pour défendre la grève et appeler les travailleurs à participer aux manifestations.

 

Un moment important fut l'initiative du syndicat des travailleurs du secteur financier qui ont déployé une banderole géante couvrant la façade de la « Banque du Pirée », en réaction au rôle capital joué par ce groupe bancaire, parmi d'autres, dans l'offensive anti-ouvrière contre les employés du secteur bancaire.

 

Un peu plus tard, les contingents commencèrent à arriver au lieu de rassemblement central avec les banderoles de dizaines de syndicats ouvriers, des comités populaires, des comités de chômeurs, d'étudiants, d'enseignants, de travailleurs de la santé et de la sécurité sociale etc

 

Nikos Papageorgiou, président du Syndicat des travailleurs des restaurants-du tourisme-de l’hôtellerie en Attique, était le principal intervenant au rassemblement du PAME et il a souligné : « Si nous ne nous organisons pas et ne luttons pas pour une rupture profonde au niveau économique et politique, il n'y aura pas moyen de rétablir le niveau des retraites, des droits sociaux, de la sécurité sociale à celui d'il y a 2 ou 3 ans ».

 

« Pour le mouvement ouvrier sur des positions de classe », a-t-il ajouté, « il n'y a pas d'autre perspective que la lutte pour un autre mode de développement, où le peuple contrôlera l'économie, sans engagements envers l'UE, à partir de la socialisation des grands monopoles. D'ici là nous allons lutter, en exprimant une véritable solidarité de classe, sur chaque lieu de travail, dans chaque quartier, afin que les mesures ne soient pas adoptées, que personne ne se sente seul contre les patrons et leurs organismes de pouvoir. Nous allons intensifier la lutte afin que les gens ne restent pas de simples spectateurs des événements, mais au contraire qu'ils puissent en être les acteurs ».

 

« Nous allons continuer à mener une action encore plus résolue dans et hors des lieux de travail », a-t-il souligné, appelant à une participation massive à la manifestation du PAME pour le deuxième jour de grève, mercredi à 17h à Omonia.

 

Une importante délégation du comité central du KKE a participé à la manifestation, menée par Aleka Papariga, secrétaire-générale du KKE, qui a pris la parole au rassemblement du PAME : « Nous lançons un appel au peuple afin qu'il manifeste, de façon systématique et organisée, une désobéissance et une défiance non seulement envers les mesures gouvernementales, mais le système en général. C'est un bon départ pour l'organisation de la riposte, qui doit avoir pour but l'abolition de monopoles, le désengagement de l'UE. Toute autre solution proposée s'inscrirait dans le cadre du système. »

 

Des messages de solidarité ont été envoyés aux manifestants de la part d'une dizaine d'organisations de classe et de syndicats du monde entier, dont le Bureau régional européen de la Fédération syndicale mondiale.

 

Une autre manifestation militante et combative se déroule mercredi après-midi, elle est suivie d'un défilé dont le point d'arrivée est le Parlement au moment où est votée une nouvelle vague de mesures anti-ouvrières brutales qui bouleversera la vie de millions de travailleurs.

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 14:40

                                                                        CERVEAU.gif

 

 

Capitalisme libéral, capitalisme de connivences et lumpen-développement. Quelles réponses immédiates ? Le cas de l’Egypte
Mercredi 7 novembre 2012
Par Samir Amin
Président du Forum Mundial des Alternatives (FMA)
http://www.forumdesalternatives.org

 

A.    Capitalisme « libéral » ou capitalisme de connivences  ?

Le capitalisme libéral (ou néolibéral) proposé et imposé comme sans alternatives repose sur sept principes considérés comme valables pour toutes les sociétés de la planète mondialisée.

1.      L’économie doit être gérée par des entreprises privées car elles seules se comportent naturellement comme des acteurs soumis aux exigences de la compétition transparente, au demeurant avantageuses pour la société, dont elle assure une croissance économique fondée sur l’allocation rationnelle des ressources et la juste rémunération de tous les facteurs de la production – capital, travail et ressources naturelles. En conséquence s’il y a des actifs possédés par l’Etat, héritage malheureux du « socialisme », (entreprises productives, institutions financières, terrains urbains ou terres agricoles), ceux-ci doivent être privatisés.

2.      Le marché du travail doit être libéralisé, les fixations « autoritaires » d’un salaire minimum (et a fortiori d’une échelle mobile pour celui-ci) doivent être supprimés. Le droit du travail doit être réduit aux règles minimales garantissant la moralité des rapports humains entre employeur et employé ; les droits syndicaux limités et encadrés à cet effet. La hiérarchie des salaires qui résulte des négociations individuelles et libres entre employés et employeurs doit être acceptée, tout comme le partage du revenu national net entre les revenus du travail et ceux du capital qui en résulte.

3.      Les services dits sociaux – l’éducation, la santé, voire la fourniture d’eau et d’électricité, le logement, les transports et les communications – lorsqu’ils ont été dans le passé assurés par des agences publiques (Etat et pouvoirs locaux) doivent être également  autant que possible privatisés ; leur coût doit être supporté par les individus qui en sont les bénéficiaires et non couverts par l’impôt.

4.      La fonction fiscale doit être réduite au minimum nécessaire pour couvrir les seules fonctions souveraines (ordre public, défense nationale en particulier) ; les taux d’imposition doivent donc demeurer relativement modérés, pour ne pas décourager l’initiative privée et pour assurer la garantie de sa récompense.

5.      La gestion du crédit doit être assumée par les intérêts privés, permettant à la rencontre libre entre offre et demande de crédits de se former sur un marché monétaire et financier rationnel.

6.      Les budgets publics doivent être conçus pour être équilibrés sans déficit autre que circonstanciel et conjoncturel. Si un pays souffre d’un déficit structurel hérité d’un passé dont on veut renier l’héritage son gouvernement doit s’engager dans des réformes qui en réduisent l’ampleur aussi rapidement que possible. En attendant le déficit ne doit être couvert que par le recours à l’emprunt sur le marché financier privé, national ou étranger.

7.      Les six principes considérés doivent être mis en œuvre non seulement aux échelles de toutes les nations de la planète mondialisée, mais encore dans les relations internationales, régionales (pour l’Union européenne par exemple) ou globales. Le capital étranger privé doit être libre de ses mouvements et être traité sur pied d’égalité avec le capital privé local.

Ces principes constituent ensemble le « fondamentalisme libéral ». Je rappellerai ici l’inconsistance des hypothèses de départ et l’absence de conformité du schéma avec la réalité. Très brièvement la preuve par le raisonnement logique que le jeu libre des marchés généralisés, même dans l’hypothèse extravagante (non conforme à la réalité) de l’existence d’une compétition dite transparente, produirait un équilibre entre offre et demande (de surcroît socialement optimal), n’a jamais pu être faite. Au contraire le raisonnement logique conduit à la conclusion que le système se déplace de déséquilibre en déséquilibre sans jamais tendre à l’équilibre. Les déséquilibres successifs en question sont produits parce que cette théorie (qui définit la pseudo science économique conventionnelle) exclut de son champ d’investigation : le conflit des intérêts sociaux et nationaux. Par ailleurs ces hypothèses décrivent un monde imaginaire qui n’a rien à voir avec ce qu’est le système contemporain réellement existant, qui est celui d’un capitalisme de monopoles généralisés, financiarisés et mondialisés. Ce système n’est pas viable et son implosion, en cours, le démontre. Je renvoie ici à mes développements sur cette critique radicale du système en question et de la théorie économique.

Mis en œuvre à l’échelle mondiale les principes du libéralisme ne produisent pas autre chose, dans les périphéries du « sud » qui acceptent de s’y soumettre, qu’un capitalisme de connivences (crony capitalism ) articulé sur un Etat compradore, par opposition à l’Etat national engagé sur une voie de développement économique et social viable. Ce capitalisme de connivences (et il n’y en a pas d’autre possible) produit donc non le développement, mais un lumpen-développement. L’exemple de l’Egypte, considéré dans ce qui suit, en fournit un bel exemple.

B.     Capitalisme de connivences, Etat compradore et lumpen-développement : le cas de l’Egypte (1970-2012)

Les gouvernements égyptiens successifs depuis l’accès de Sadate à la Présidence (1970) jusqu’à ce jour ont mis en œuvre avec assiduité tous les principes proposés par le fondamentalisme libéral. Ce qui en est résulté a fait l’objet d’analyses précises et sérieuses dont les conclusions indiscutables sont les suivantes :

1.      Le projet nassérien de construction d’un Etat national développementaliste avait produit un modèle de capitalisme d’Etat que Sadate s’est engagé à démanteler, comme il l’a déclaré à ses interlocuteurs étatsuniens (« je veux renvoyer au diable le nassérisme, le socialisme et toutes ces bêtises et j’ai besoin de votre soutien pour y parvenir » ; un soutien qui lui a été évidemment apporté sans restriction). Les actifs possédés par l’Etat – les entreprises industrielles, financières et commerciales de l’Etat, les terrains agricoles et urbains, voire les terres désertiques – ont donc été « vendus ».

A qui ? A des hommes d’affaires de connivence, proches du pouvoir : officiers supérieurs, hauts fonctionnaires, commerçants riches rentrés de leur exil dans les pays du golfe munis de belles fortunes (de surcroît soutiens politiques et financiers des Frères Musulmans). Mais également à des « Arabes » du Golfe et à des sociétés étrangères américaines et européennes. A quel prix ? A des prix dérisoires, sans commune mesure avec la valeur réelle des actifs en question.

C’est de cette manière que s’est construite la nouvelle classe « possédante » égyptienne et étrangère qui mérite pleinement la qualification de capitaliste de connivence (rasmalia al mahassib, terme égyptien pour la désigner, compris par tous). Quelques remarques :

a. la propriété octroyée à « l’armée » a transformé le caractère des responsabilités qu’elle exerçait déjà sur certains segments du système productif (« les usines de l’armée ») qu’elle gérait en tant que institution de l’Etat. Ces pouvoirs de gestion sont devenus ceux de propriétaires privés. De surcroît dans la course aux privatisations les officiers les plus puissants ont également « acquis » la propriété de nombreux autres actifs d’Etat : chaines commerciales, terrains urbains et périurbains et ensembles immobiliers en particulier.

b. L’opinion égyptienne qualifie toutes ces pratiques de « corruption » (fasad) en se situant sur le terrain de la morale, faisant ainsi l’hypothèse qu’une justice digne de ce nom pourrait les combattre avec succès. Une bonne partie de la gauche elle-même fait la distinction entre ce capitalisme « corrompu » condamnable et un capitalisme productif acceptable et souhaitable. Seule une petite minorité comprend que dès lors que les principes du « libéralisme » sont acceptés comme fondements de toute politique prétendue « réaliste » le capitalisme dans les périphéries du système ne peut être autre. Il n’y a pas de bourgeoisie se construisant par elle-même, de sa propre initiative comme la Banque mondiale veut le faire croire. Il y a un Etat compradore actif à l’origine de la constitution de toutes ces fortunes colossales.

c. Les fortunes en question égyptiennes et étrangères ont été constituées par l’acquisition d’actifs déjà existants, sans adjonction autre que négligeable aux capacités productives. Les « entrées de capitaux étrangers » (arabes et autres), au demeurant  modestes, s’inscrivent dans ce cadre. L’opération s’est donc soldée par la mise en place de groupes monopolistiques privés qui dominent désormais l’économie égyptienne. On est loin de la concurrence saine et transparente du discours libéral élogieux à leur encontre. D’ailleurs la plus grande part de ces fortunes colossales est constituée par des actifs immobiliers : villages de vacances (« marinas ») sur les côtes de la Méditerranée et de la Mer Rouge, quartiers nouveaux » fermés d’enceintes, gardées (à la mode latino-américaine – jusque là inconnue en Egypte), terrains désertiques en principe destinés à une mise en valeur agricole. Ces terrains sont conservés par leurs propriétaires qui spéculent sur leur revente après que l’Etat ait assuré les coûts vertigineux des infrastructures qui les valorisent (et ces coûts n’ont évidemment pas été pris en compte dans le prix de cession des terrains)…

2. Les positions monopolistiques de ce nouveau capitalisme de connivences ont été systématiquement renforcés par l’accès presqu’exclusif de ces nouveaux milliardaires au crédit bancaire, (notamment pour « l’achat » des actifs en question) au détriment de l’octroi de crédits aux petits et moyens producteurs.

3. Ces positions monopolistiques ont été également renforcées par des subventions colossales de l’Etat, octroyées par exemple pour la consommation de pétrole, de gaz naturel et d’électricité par les usines rachetées à l’Etat (cimenterie, métallurgie du fer et de l’aluminium, textiles et autres). Or la « liberté des marchés » a permis à ces entreprises de relever leurs prix pour les ajuster à ceux d’importations concurrentes éventuelles. La logique de la subvention publique qui compensait des prix inférieurs pratiqués par le secteur d’Etat est rompue au bénéfice de super profits de monopoles privés.

4. Les salaires réels pour la grande majorité des travailleurs non qualifiés et des qualifications moyennes se sont détériorés par l’effet des lois du marché du travail libre et la répression féroce de l’action collective et syndicale. Ils sont désormais situés à des taux très inférieurs à ce qu’ils sont dans d’autres pays du Sud dont le PIB per capita est comparable. Super profits de monopoles privés et paupérisation vont de pair et se traduisent par l’aggravation continue de l’inégalité dans la répartition du revenu.

5. L’inégalité a été renforcée systématiquement par un système fiscal qui a refusé le principe même de l’impôt progressif. Cette fiscalité légère pour les riches et les sociétés, vantée par la Banque mondiale pour ses prétendues vertus de soutien à l’investissement, s’est soldée tout simplement par la croissance des superprofits.

6. l’ensemble de ces politiques mises en œuvre par l’Etat compradore au service du capitalisme de connivence ne produit par elle-même qu’une croissance faible (inférieure à 3 %) et partant une croissance continue du chômage. Lorsque le taux de celle-ci a été un peu meilleur, cela a été du intégralement à l’expansion des industries extractives (pétrole et gaz), à une conjoncture meilleure concernant leurs prix, à la croissance des redevances du Canal de Suez, du tourisme et des transferts des travailleurs émigrés.

7. Ces politiques ont également rendu impossible la réduction du déficit public et de celui de la balance extérieure commerciale. Elles ont entraîné la détérioration continue de la valeur de la livre égyptienne, et imposé un endettement interne et extrême grandissant. Celui-ci a donné l’occasion au FMI d’imposer toujours davantage le respect des principes du libéralisme.

C.    Les réponses immédiates

Ces réponses ne sont pas l’œuvre de l’auteur de ces lignes qui s’est contenté de les collecter auprès des responsables des composantes du mouvement – partis de gauche et du centre démocratique national, syndicats, organisations diverses de jeunes et de femmes etc. Un travail considérables et de qualité a été conduit depuis plus d’un an par ces militants, responsables de la formulation d’un programme commun répondant aux exigences immédiates. Leur mise en forme (reprise ici) a d’ailleurs déjà fait l’objet de publications entre autre de notre collègue Ahmad El Naggar. J’en retiens les points saillants qui sont les suivants :

1.      Les opérations de cession des actifs publics doivent être l’objet de remises en question systématiques. Des études précises – équivalentes à de bons audits – sont d’ailleurs disponibles pour beaucoup de ces opérations et des prix correspondant à la valeur de ces actifs précisés. Etant donné que les « acheteurs » de ces actifs n’ont pas payé ces prix, la propriété des actifs acquis doit être transférée par la loi après audit ordonné par la justice à des sociétés anonymes dont l’Etat sera actionnaire à hauteur de la différence entre la valeur réelle des actifs et celle payée par les acheteurs. Le principe est applicable pour tous, que ces acheteurs soient égyptiens, arabes ou étrangers.

2.      La loi doit fixer le salaire minimum, à hauteur de 1 200 LE par mois (soit 155 Euro au taux de change en vigueur, l’équivalent en pouvoir d’achat de 400 Euros). Ce taux est inférieur à ce qu’il est dans de nombreux pays dont le PIB per capita est comparable à celui de l’Egypte. Ce salaire minimum doit être associé à une échelle mobile et les syndicats responsables du contrôle de sa mise en œuvre. Il s’appliquera à toutes les activités des secteurs public et privé.

Etant donné que, bénéficiaires de la liberté des prix, les secteurs privés qui dominent l’économie égyptienne ont déjà choisi de situer leurs prix au plus proche de ceux des importations concurrentes, la mesure peut être mise en œuvre et n’aura pour effet que de réduire les marges de rentes des monopoles. Ce réajustement ne menace pas l’équilibre des comptes publics, compte tenu des économies et de la nouvelle législation fiscale proposées plus loin.

Les propositions faites par les mouvements concernés seront renforcées par l’adoption du salaire maximal : 15 fois le salaire minimum.

3.      Les droits des travailleurs – conditions de l’emploi et de la perte d’emploi, conditions de travail, assurances maladies/chômage/retraites – doivent faire l’objet d’une grande consultation tripartite (syndicats, employeurs, Etat). Les syndicats indépendants constitués à travers les luttes des dernières dix années doivent être reconnus légalement, comme le droit de grève (toujours « illégal » dans la législation en cours).

Une « indemnité de survie » doit être établie pour les chômeurs, dont le montant, les conditions d’accès et le financement doivent être l’objet d’une négociation entre les syndicats et l’Etat.

4.      Les subventions colossales octroyées par le budget aux monopoles privés doivent être supprimées. Ici encore les études précises conduites dans ces domaines démontrent que l’abolition de ces avantages ne remet pas en cause la rentabilité des activités concernées, mais réduisent seulement leurs rentes de monopoles.

5.      Une nouvelle législation fiscale doit être mise en place, fondée sur l’impôt progressif des individus et le relèvement à 25% du taux de taxation des bénéfices des entreprises occupant plus de 20 travailleurs. Les exonérations d’impôts octroyées avec une largesse extrême aux monopoles arabes et étrangers doivent être supprimées. La taxation des petites et moyennes entreprises, actuellement souvent plus lourde (!) doit être révisée la baisse. Le taux proposé pour les tranches supérieures des revenus des personnes – 35%  – demeure d’ailleurs léger dans les comparaisons internationales.

6.      Un calcul précis a été conduit qui démontre que l’ensemble des mesures proposées dans les paragraphes 4 et 5 permet non seulement de supprimer le déficit actuel (2009-2010) mais encore de dégager un excédent. Celui-ci sera affecté à l’augmentation des dépenses publiques pour l’éducation, la santé, la subvention aux logements populaires. La reconstitution d’un secteur social public dans ces domaines n’impose pas de mesures discriminatoires contre les activités privées de même nature.

7.      Le crédit doit être replacé sous le contrôle de la Banque centrale. Les facilités extravagantes octroyées aux monopoles doivent être supprimées au bénéfice de l’expansion des crédits aux entreprises de petites dimensions actives ou qui pourraient être créées dans cette perspective. Des études précises ont été conduites dans les domaines concernées et toutes ces activités artisanales, industrielles, de transport et de service. La démonstration a été faite que les candidats à prendre des initiatives allant dans le sens de la création d’activités et d’emplois existent (en particulier parmi les diplômés chômeurs).

8.      Les programmes proposés par les composantes du mouvement demeurent moins précis pour ce qui concerne la question paysanne. La raison en est que le mouvement de résistance des petits paysans aux expropriations accélérées en cours depuis que les politiques de « modernisation » de la Banque mondiale ont été adoptées demeure éclaté ne dépasse jamais le village concerné – en particulier du fait de la répression féroce auquel il est soumis et de la non reconnaissance de sa légalité.

La revendication actuelle du mouvement – principalement urbain, il faut le reconnaître – est simplement l’adoption de lois rendant plus difficile l’éviction des fermiers incapables de payer les loyers exigés d’eux et l’expropriation des petits propriétaires endettés. En particulier on préconise le retour à une législation fixant les loyers de fermage maximaux (ils ont été libérés par les lois successives de vision de la réforme agraire).

Mais il faudrait aller plus loin. Des organisations progressistes d’agronomes ont produit des projets concrets et argumentés destinés à assurer l’essor de la petite paysannerie. Amélioration des méthodes d’irrigation (goutte à goutte etc.), choix de cultures riches et intensives (légumes et fruits), libération en amont par le contrôle par l’Etat des fournisseurs d’intrants et de crédits, libération en aval par la création de coopératives de commercialisation des produits associées à des coopératives de consommateurs. Mais il reste à établir une communication renforcée entre ces organisations d’agronomes et les petits paysans concernés. La légalisation des organisations de fait des paysans, leur fédération aux niveaux provinciaux et national devrait faciliter l’évolution dans ce sens.

9.      Le programme d’actions immédiates repris dans les paragraphes précédents amorcerait certainement une reprise d’une croissance économique saine et viable. L’argument avancé par ses détracteurs libéraux – qu’il ruinerait tout espoir d’entrées nouvelles de capitaux d’origine extérieure – ne tient pas la route. L’expérience de l’Egypte et des autres pays, notamment africains, qui ont accepté de se soumettre intégralement aux prescriptions du libéralisme et ont renoncé à élaborer par eux-mêmes un projet de développement autonome « n’attirent » pas les capitaux extérieurs en dépit de leur ouverture incontrôlée (précisément à cause de celle-ci). Les capitaux extérieurs se contentent alors d’y conduire des opérations de razzia sur les ressources des pays concernés, soutenues par l’Etat compradore et le capitalisme de connivences. En contrepoint les pays émergents qui mettent en œuvre activement des projets nationaux de développement offrent des possibilités réelles aux investissements étrangers qui acceptent alors de s’inscrire dans ces projets nationaux, comme ils acceptent les contraintes qui leur sont imposées par l’Etat national et l’ajustement de leurs profits à des taux raisonnables.

10.   Le gouvernement en place au Caire, composé exclusivement de Frères Musulmans choisi par le Président Morsi a d’emblée proclamé son adhésion inconditionnelle à tous les principes du libéralisme, pris des mesures pour en accélérer la mise en œuvre, et déployé à cette fin tous les moyens de répression hérités du régime déchu. L’Etat compradore et le capitalisme de connivences continuent ! La conscience populaire qu’il n’y a pas de changement en vue grandit comme en témoigne le succès des manifestations populaires des 12 et 19 octobre. Le mouvement continue !

11.   Le programme des revendications immédiates dont j’ai retracé ici les lignes dominantes ne concerne que le volet économique et social du défi. Bien entendu le mouvement discute tout également de son versant politique : le projet de constitution, les droits démocratiques et sociaux, l’affirmation nécessaire de « l’Etat des citoyens » (dawla al muwatana) faisant contraste avec le projet de théocratie d’Etat (dawla al gamaa al islamiya) des Frères Musulmans. Ces questions n’ont pas été abordées ici.

(document rédigé par Samir Amin en octobre 2012)

 
 
Par Samir Amin
Président du Forum Mundial des Alternatives (FMA)
http://www.forumdesalternatives.org

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 14:33

 

 

 nécessité d'assumer l'héritage de la révolution d'Octobre pour la relance du mouvement communiste, par Andrea Catone, directeur de la revue italienne Marx XXI

 
longa-vida-a-revolu--o-de-outubro.jpgNotre Octobre

par Andrea Catone, directeur de Marx XXI, revue marxiste liée au Parti des communistes italiens (PdCI)

Article datant initialement du juin 2006

 



 

Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Commémorer l'Octobre soviétique n'est plus depuis longtemps à la mode ni politiquement correct pour la gauche. On préfère plutôt rendre hommage à d'autres « octobre »: la « chute du mur de Berlin » en 1989 ou l'insurrection anti-communiste de Budapest en 1956 saluée par le président de la république Napolitano et par le président de l'Assemblée Bertinotti – l'un ancien communiste, l'autre leader d'un parti qui se réclame de la refondation communiste – comme la vraie révolution annonciatrice des « révolutions » de 1989-91 qui marquèrent la fin des démocraties populaires et de l'URSS, de ce long cycle historique qui traverse le « court siècle », inauguré justement par la révolution d'Octobre. La boucle semble se boucler. Le verdict de l'histoire – dit-on – a été prononcé sans discussion possible: cette révolution (mais parmi les repentis du communisme certains ont même épousé la thèse du putsch, du coup d'Etat) a produit d'indicibles horreurs et elle s'est achevée dans un champ de ruines. De là une condamnation sans appel, l'abolition de cette histoire, son effacement du calendrier des anniversaires qu'il convient de rappeler aux nouvelles générations pour leur formation communiste. Et ceux qui veulent se réclamer de l'histoire des révolutions communistes du XXème siècle ouvert par l'Octobre soviétique sont étiquetés de nostalgique, irrémédiablement incapables de lire les défis du temps présent.



C'est actuellement la tendance dominante – exceptées de méritoires exceptions – dans la culture politique de la « gauche », des héritiers de ce que fut le parti communiste italien et de la « nouvelle gauche » soixantehuitarde et post-soixanthuitarde, en Italie et dans de nombreux pays du monde. Cette situation est bien présente aux communistes qui résistent, qui n'acceptent pas l'effacement d'une histoire, d'un projet de société, d'une identité qui a marqué profondément l'histoire du XXème siècle et que l'on veut aujourd'hui condamner au silence et à l'oubli.



Contre cette tendance majoritaire et dévastatrice, qui semble tout renverser dans sa furie iconoclaste, dont ne peuvent être sauvés non seulement les bolchéviques – cela va de soi – mais pas plus Rousseau et les jacobins français et quiconque qui ait l'odeur du révolutionnaire (la seule « révolution » aujourd'hui acceptée est la contre-révolution!), la première réaction immédiate et passionnée est celle de brandir bien haut notre drapeau rouge et de crier de toutes nos forces: vive Lénine! Vive la révolution d'Octobre, qui a ouvert la voie à la libération des peuples du joug colonial et impérialiste! Vive le parti bolchévique qui a su – seul parmi les partis de la Seconde internationale – déclarer la guerre à la guerre et transformer la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire! Vive l'Internationale communiste, qui a formé une génération de communistes capables de lutter dans la clandestinité contre le fascisme et de mener les résistances en Europe! Vive l'Union soviétique, qui avec l'armée rouge et la résistance de ses peuples a été déterminante dans la victoire contre le nazisme et le fascisme! Vive l'URSS qui après la guerre a su affronter l'impérialisme américain et a favorisé, par sa seule existence, la résistance vietnamienne, la libération de l'Angola et du Mozambique, les luttes anti-coloniales, la révolution cubaine et les luttes populaires en Amérique latine!



Vive la révolution qui, première dans l'histoire, a essayé de construire une société sans privilèges de caste, sans propriété capitaliste, fondée sur l'idée d'un développement rationnel et équilibré de l'économie par la planification!



Et cela, nous le disons et le rappelons à ceux qui veulent effacer de l'histoire le communisme du XXème siècle. Mais cela ne suffit pas, et au contraire, si cela reste seulement un cri désespéré contre l'infamie et la calomnie, cela peut être également une réaction impuissante, le signe d'une faiblesse stratégique. La commémoration comme fin en soi n'a jamais intéressé les communistes. Le jeune Gramsci dans un de ses articles passionnés accusait le parti socialiste d'avoir réduit Marx à une icône, un saint, à ressortir pour les grandes occasions, les commémorations, les anniversaires, pour ensuite le laisser pourrir au grenier tout le reste de l'année, en évitant scrupuleusement de transformer en action politique vivante sa pensée critique.



Rappeler, défendre, approfondir la mémoire historique est utile et nécessaire dans la mesure où nous réussissons à traduire cette mémoire en action culturelle et politique, en consolidation et accumulation de forces communistes, en formation politique pour les nouvelles générations. Nous ne sommes pas ici pour agiter des drapeaux ou des icônes, nous ne sommes pas les nostalgiques (même si cette « nostalgie » communiste est un sentiment qui mérite le respect) d'un paradis perdu, d'illusions non-réalisées, d'un noble rêve, d'une utopie irréalisable. Si le 7 novembre 1917 est encore une date dont nous devons nous souvenir et que nous devons honorer, ce n'est pas seulement pour rendre un hommage mérité aux furies héroïques d'un temps révolu, nous ne cherchons pas à être les avocats commis d'office de la révolution. L'Octobre soviétique n'en a pas besoin comme les communistes aujourd'hui n'en ont pas non plus besoin.



Par ailleurs, il y a un besoin urgent. En premier lieu, de se réapproprier notre histoire communiste, contre toute diabolisation, mais libres de toute mythification. Le communisme naît comme critique – critique théorique de l'économie politique bourgeoise dans le « Capital » de Marx et critique comme praxis (et l'action théorique est également une action pratique dans la mesure où elle influe sur la transformation des rapports sociaux), pratique politique pour l'abolition de l'état actuel des choses, pour la transformation des rapports de propriété bourgeois en propriété communiste. Il faut savoir se réapproprier de manière critique notre histoire communiste du XXème siècle. Ce sont les autres, le camp bourgeois et anti-communiste, qui écrivent aujourd'hui cette histoire – pour partie de façon très grossière, pour partie avec des moyens plus raffinés qui tirent profit également de centaines de milliers et de millions de documents historiques soviétiques et des pays qui furent des démocraties populaires rendus aujourd'hui accessibles aux chercheurs. Sur ce terrain, nous ne sommes pas à la traîne. Qui a essayé d'écrire en histoire sait que c'est par la sélection que le chercheur opère dans la documentation archivistique qu'il peut tracer tel ou tel cadre d'analyse. Les documents – en en vérifiant philologiquement l'authenticité – rapportent les faits, mais à l'intérieur d'une masse qui comme dans le cas russe est véritablement extraordinaire (6 millions de documents dans les Archives centrales russes) on peut sélectionner certains éléments et en omettre d'autres. Ainsi, l'histoire de l'URSS peut aussi être réduite à celle d'un immense Goulag et la famine en Ukraine dans les années 1930 peut être attribuée à un plan stalinien diabolique d'élimination physique d'une nation. Il est temps de commémorer l'Octobre en dotant les communistes des instruments adéquats pour répondre aux dénigrements et à la démolition de l'expérience historique du communisme du XXème siècle.



Mais il ne s'agit pas seulement de répondre à la diffamation historique.Le travail que les communistes peuvent et doivent entreprendre dans la connaissance de l'histoire des révolutions ne peut pas être principalement « réactif », il ne doit pas naître seulement de la réponse aux attaques. L'étude passionnée et critique de notre histoire doit savoir jouer avec plusieurs coups d'avance – pour le dire par un trait d'esprit: il ne faut attendre août 2008 pour travailler sur une compréhension solide de ce qui a emmené les chars soviétiques à Prague. Les communistes doivent se concevoir et s'organiser comme formation autonome, qui prenne l'initiative également sur le terrain dangereux et fondamental de la lutte culturelle, sans attendre que ce soient les autres qui choisissent et fixent le terrain sur lequel nous affronter.



L'histoire – dans tous ses aspects – des révolutions communistes du XXème siècle doit être étudiée et approfondie en se dotant de tous les instruments appropriés pour un travail collectif critique non seulement pour vaincre le « révisionnisme historique » mais parce qu'elle constitue un bagage d'expériences fondamentales pour la lutte politique d'aujourd'hui, ses perspectives. Pour en citer seulement un aspect: le terrain de la construction d'une nouvelle organisation économique fondée sur une propriété majoritairement publique, étatique, et dans certains cas sociale. Cette organisation économique, tant admirée aussi par les pays en développement parce qu'elle a réussi à doter l'URSS en quelques années d'un grand appareil industriel, l'emmenant à pouvoir faire concurrence dans certains domaines avec les pays capitalistes les plus avancés, n'a pas réussi à passer au stade supérieur d'une économie intensive à haute productivité. Et cela fut certainement une des causes qui ont conduit le pays d'Octobre à sa fin peu glorieuse de 1991. Mais pendant ce temps, les bolchéviques et les communistes des démocraties populaires se sont posés et se sont mesurés à la question de l'organisation et la gestion d'une économie socialisée, avec certains succès à côté de lourdes défaites. Ce grand patrimoine d'expériences, de théorisation de l'économie politique du socialisme, de pratiques, ne peut pas être rejeté dans l'oubli par ceux qui se proposent comme fin le dépassement de la propriété bourgeoise en propriété socialiste. Seuls ceux qui ont embrassé un nouveau bernsteinisme et défendent la thèse que le mouvement est tout et la fin rien – et qu'on ne peut ni ne doit rien dire sur une société socialiste, mais attendre que quelque chose émerge des contradictions seules de la société – peut éluder la référence à cette expérience. Mais les contradictions du capitalisme, comme Walter Benjamin en avait bien l'intuition, ne mènent pas inévitablement au socialisme, et sans l'action consciente et organisée, dirigée vers une fin, peuvent mener à la destruction de la civilisation: socialisme ou barbarie.



La pire conséquence de l'idéologie de la fin des idéologies et de l'élimination de l'histoire communiste est le total obscurcissement des perspectives de transformation future de la société. La tactique, dans un présent sans histoire, sans passé et sans futur, est devenue le pain quotidien d'une bonne partie du personnel politique ex-communiste ou pseudo-communiste. A bien y regarder, ce n'est rien d'autre que l'apologie du capitalisme existant. La couverture de l'oubli qui recouvre l'histoire ouverte avec Octobre vise également – et surtout – à cela: pas seulement à régler ses comptes avec l'histoire communiste, mais surtout à éluder la question de la perspective communiste. La classe politique nihiliste ex-communiste ou pseudo-communiste n'est pas en mesure et ne veut pas aller au-delà de la tactique quotidienne.



Étudier Octobre – et le rappeler aujourd'hui, comme nous l'avons expliqué, ce n'est pas chercher à agiter des drapeaux mais à construire une science communiste pour la construction d'une société socialiste – nous permet au contraire de penser et d'agir stratégiquement, sans élever la tactique en une fin en soi.



Penser en termes stratégiques et pas seulement réactifs. Ce qui nous manque aujourd'hui, ce dont nous avons besoin, cela nous conduit aujourd'hui à commémorer ce grand tournant de l'histoire que fut le 1917 russe. La grandeur de nos maîtres – de Lénine en premier lieu – est d'avoir su placer tout choix tactique à l'intérieur d'une grande perspective, mettant au premier plan la question stratégique. Penser stratégiquement signifie construire les conditions pour que ce soient les communistes qui fixent le terrain sur lequel poser les grandes questions. Réagir, répondre aux attaques et aux provocations de l'adversaire est juste et méritoire, mais la seule réaction ne nous fait pas accomplir le bond qualitatif dont les communistes ont aujourd'hui plus que jamais besoin. L'ordre du jour du monde, des grandes questions culturelles d'importance stratégique, ce ne sont pas les autres qui doivent nous l'imposer, mais c'est aux communistes de le fixer.



Commémorer aujourd'hui Octobre signifie alors penser stratégiquement pour la recomposition et la relance à l'échelle mondiale du mouvement communiste. Un élément important pour cette pensée stratégique est la construction, en coordonnant les forces et les intelligences, capables de lire notre histoire et d'analyser les contradictions mondiales et leur développement, en pensant la révolution, ce qui signifie isoler dans les contradictions de l'impérialisme les prémisses non seulement d'une résistance des peuples aux agressions, mais aussi de la possible transformation de la guerre en révolution, de la résistance nationale en transition socialiste. Commémorer aujourd'hui Octobre signifie passer de la résistance réactive à la « résistance stratégique ». On ne peut pas être seulement « anti »: anti-capitalistes, anti-fascistes, anti-impérialistes. Octobre russe ne fut pas seulement contre la guerre, « pacifiste », elle ne fit pas seulement la « guerre à la guerre », mais a transformé la guerre en révolution sociale.



Penser stratégiquement signifie savoir se doter aujourd'hui également des instruments culturels pour la transformation socialiste au XXIème siècle. Nous ne regarderons pas l'histoire du communisme du XXème siècle comme un témoignage du passé à sauvegarder des intempéries et intempérances des nouveaux barbares, comme les moines coptes qui sauvaient les trésors perdus des classiques antiques, mais comme une mine précieuse, un trésor d'expériences dont on peut apprendre, un patrimoine d'inestimable valeur où doivent s'immerger les racines de notre identité et de notre avenir. Nous ne vivrons pas ainsi plongés dans la tactique quotidienne d'un présent sans histoire, mais dans la perspective stratégique de la construction des conditions de la révolution, qui se trouve dans les choses actuelles.

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 14:27

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 14:18

 

                                                                    

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"Comment la terre d’Israël fut inventée" - Note de lecture

mercredi 7 novembre 2012, par Pierre Stambul

Note de lecture

"Comment la terre d’Israël fut inventée"
(Shlomo Sand, Ed. Flammarion)

**

Dans la guerre israélo-palestienne, il y a un aspect qu’il ne faut jamais mésestimer. Le sionisme a opéré une gigantesque manipulation de l’histoire, de la mémoire et des identités juives. C’est cette manipulation qui permet l’adhésion majoritaire des Juifs (aussi bien en Israël que dans le reste du monde) à un projet colonialiste et militariste qui détruit chaque jour un peu plus la Palestine et généralise l’apartheid.
Dans un ouvrage précédent (« Comment le peuple juif fut inventé » chez Fayard), Shlomo Sand avait réduit à peu de choses deux mythes fondamentaux du sionisme : l’exil et le retour. Non, il n’y a pas eu d’exode massive des Juifs lors de la destruction du Temple par les troupes de Titus en 70 ap JC. Les Juifs d’aujourd’hui ne sont pas les descendants des Hébreux de l’Antiquité. Ils descendent majoritairement de convertis. L’idée sioniste qu’après des siècles d’exil, ils auraient fait leur retour sur la terre de leurs ancêtres est une fiction.
Cette fois-ci, Shlomo Sand s’attaque à un autre mythe meurtrier. Pour les membres du courant national-religieux, « Dieu a donné cette terre au peuple juif » et au nom de ces conceptions intégristes, les Palestiniens sont des intrus. Mais les sionistes « laïques » partagent cette même conception. Ils ont fait de la Bible un livre de conquête coloniale en affirmant que les Juifs ont toujours eu un attachement indéfectible à « la terre d’Israël », ce qui leur donne un droit de propriété exclusif. C’est ce mythe de la terre qu’il passe à la moulinette avec un style agréable et de très nombreuses références historiques et bibliographiques. Bref, c’est un livre absolument indispensable.

Histoires personnelles
Dans « Comment le peuple juif fut inventé », Shlomo Sand avait raconté quelques anecdotes personnelles. Son amitié ancienne avec le poète palestinien Mahmoud Darwish, banni de son propre pays et qui n’aura même pas pu être enterré dans son village d’origine (qui n’existe plus). L’histoire aussi de son beau-père, catalan et rescapé de la guerre d’Espagne qui finit par « atterrir » en Israël.
Là, Shlomo nous livre quelques touches de ses origines. Il est né dans un de ces camps de rescapés juifs du génocide nazi pour lesquels il n’y avait qu’une seule destination possible : Israël. Les Palestiniens ont payé pour un crime européen.
En 1967, Shlomo est soldat dans une armée qui fait la conquête sanglante de Jérusalem-Est. Il décrit la fièvre nationaliste des jeunes qui l’entourent, cette certitude de « revenir sur la terre de leurs ancêtres ». Il décrit aussi un crime de guerre gratuit : un vieux Palestinien torturé à mort par cette armée qui se dit morale. Son écriture s’empreigne alors d’une grande émotion.
Shlomo Sand est un professeur universitaire d’histoire. Son université, située dans les faubourgs de Tel-Aviv, a été construite sur un de ces nombreux villages (plusieurs centaines) rayés de la carte avec l’expulsion de la population palestinienne en 1948. Les habitants de ce village n’ont pas combattu et ont espéré jusqu’au bout qu’ils ne seraient pas expulsés. L’État d’Israël pratique un négationnisme total sur la vraie histoire de cette terre et notamment sur les Palestiniens. Shlomo évoque l’action de l’association israélienne anticolonialiste « Zochrot » qui fait revivre la mémoire de ces villages rayés de la carte.
Shlomo a milité dans le mouvement de l’extrême gauche antisioniste Matzpen dans les années 80. Il ne se définit plus comme antisioniste. Pourtant, encore plus que le précédent, son livre démolit avec beaucoup d’efficacité les mythes sionistes.
Il est partisan de deux États vivant côte à côte en Palestine qui seraient des États de tous leurs citoyens. Il écrit pourtant : « En apparence, l’occupation, entrée dans sa cinquième décennie, prépare au plan territorial, la constitution d’un État binational ».
Il est contre le droit au retour des réfugiés palestiniens. Il explique à titre de comparaison qu’on ne fera pas revenir les millions d’Allemands originaires des pays de l’Est descendants de ceux qui ont été chassés en 1945.
Pourtant, il montre bien comment l’expulsion des Palestiniens de leur pays en 1948 a été criminelle, comment Israël a rendu définitive leur expulsion. Son enquête sur le village détruit pour construire son université (et ses habitants) est précise et sans concession.
Il a espéré avant 1967 que son pays saurait se normaliser et faire une paix juste. Amèrement il écrit : « je ne savais pas que je vivrais la majeure partie de mon existence à l’ombre d’un régime d’apartheid, alors que le monde « civilisé », du fait notamment de sa mauvaise conscience, se sentirait obligé de transiger avec lui, et même de lui apporter son soutien ». Le mot « apartheid » est souvent utilisé dans le livre pour qualifier la réalité actuelle.

Une terre habitée par de nombreux peuples et une religion venue de l’étranger.
Dans « Comment le peuple juif fut inventé », il y avait un chapitre difficile pour un non-spécialiste sur la notion de « peuple ». Cette fois-ci, Shlomo examine les notions de patrie, de frontières, du droit du sol et de droit du sang. Chapitre ardu mais dont la conclusion est claire. La prétention des sionistes de retourner dans leur « patrie » au nom d’une histoire réécrite ne repose sur aucune des différentes constructions de patries que l’histoire a connue.
Comment la terre qui est aujourd’hui Israël/Palestine fut appelée dans l’histoire ? Quelle est l’importance de Jérusalem ?
La Bible parle de Canaan et affirme que les Hébreux sont venus de l’étranger. Les deux personnages centraux, Abraham et Moïse seraient venus, l’un de Mésopotamie, l’autre d’Égypte. Ces personnages sont légendaires. Le livre de Josué (qui est une véritable apologie du nettoyage ethnique et du génocide) évoque une terre habitée par de nombreux peuples qui restent toujours là malgré les massacres. Autrement dit la religion juive décrit un peuple venu de l’extérieur ayant une haine terrible pour les autochtones.
Dans « la Bible dévoilée », les archéologues israéliens estimaient que la Bible avait été essentiellement écrite dans le royaume de Judée, peu avant la prise de Jérusalem par les Babyloniens (VIIe siècle av JC). Shlomo Sand va plus loin. Il pense que le texte a été écrit par les lettrés qui ont été autorisés par l’empereur perse Cyrus à retourner à Jérusalem, voire plus tard à l’époque hellénistique. Ces lettrés sont entourés de paysans restés majoritairement païens, ce qui explique tout le mal que la Bible dit des autochtones.
Dans le « livre des livres », la promesse de la terre pour le peuple élu est toujours soumise à condition. Tout est conditionné par le degré d’intensité de la foi en Dieu. Quand les colons religieux actuels prétendent que « Dieu leur a donné cette terre », ils s’écartent beaucoup de leur texte fondateur. La région d’Israël/Palestine s’est appelée Canaan et la région de Jérusalem la Judée. Cette région avait un peuplement hétérogène et on y parlait des langues diverses. Ce n’est qu’à l’époque des Maccabées (IIe siècle av JC) que la religion s’est répandue dans de nouvelles régions (Samarie, Galilée, Néguev) puis plus loin dans l’empire romain. Il n’y a aucune référence à la « terre promise ». Le philosophe juif Philon d’Alexandrie a vécu à l’époque de Jésus-Christ et il est peu probable qu’il ait effectué un quelconque pèlerinage à Jérusalem pourtant toute proche.
Contrairement au mythe enseigné aujourd’hui dans les écoles israéliennes (l’exode de plusieurs de millions de Juifs quand les troupes de Titus détruisent le deuxième temple), il y a eu trois grandes révoltes juives aux premiers et deuxièmes siècles après JC qui traduisent un antagonisme fondamental entre polythéistes et monothéistes. Mais aucun exode massif et encore moins un tel nombre. Après la dernière révolte juive (Bar Kokhba, 135 ap JC), la région prend le nom de Palestine et la population va se convertir au christianisme puis cinq siècles plus tard à l’islam. Il n’y a pas de trace du terme « Eretz Israel » (la terre d’Israël) à l’époque.

La religion juive et l’absence d’attachement à la terre
Le premier commandement du Talmud « interdit explicitement aux fidèles juifs de s’organiser pour émigrer dans le foyer saint avant la venue du messie ». Seule une dissidence du judaïsme, les karaïtes prêcheront une immigration en Palestine. Malgré (comme les Juifs) une grande dispersion dans le monde, les karaïtes seront présents à Jérusalem lors de la prise de la ville par les Croisés et il y a toujours une synagogue karaïte à Jérusalem.
Les lettrés juifs qui visitent la région au Moyen-Âge cherchent surtout leurs coreligionnaires. L’un note d’ailleurs qu’il y a beaucoup plus de Juifs à Damas qu’à Jérusalem.
À la base du sionisme, il y a l’alyah, la « montée » en Israël. C’est une manipulation : l’alyah, c’était (dans la Kabbale) « l’ascension mystique de la personne qui se condense dans la formule : ascension de l’âme ».
Du IVe au XIXe siècle, les chroniques ont répertorié seulement 30 pèlerinages juifs en Palestine alors qu’elles ont répertorié 3500 comptes-rendus de pèlerinages chrétiens. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Le pèlerinage est une tradition chrétienne puis musulmane. La prière juive « l’an prochain à Jérusalem » évoque une rédemption prochaine et pas une émigration. « La ville sainte est pour le juif religieux un souvenir qui nourrit la voix et pas un site géographique attractif ».

Et si le sionisme était une invention chrétienne ?
On connaît aujourd’hui les mouvements chrétiens sionistes. Ces mouvements évangélistes ont très puissamment aidé la colonisation de la Palestine financièrement et politiquement. Accessoirement, ces Chrétiens sionistes sont attachés à un « Juif irréel », pas aux Juifs réels. Pour eux, les Juifs doivent chasser de la terre sainte Armageddon (= le mal = les Arabes) puis se convertir à la « vraie foi », sinon ils disparaîtront car ce courant est millénariste (et antisémite). Ces Chrétiens sionistes ont identifié la colonisation de nouveaux territoires (Amérique du Nord, Afrique du Sud, Australie) à la conquête de Canaan par Josué.
Déjà Mohamed Taleb était allé plus loin dans l’idée que le sionisme a des origines chrétiennes. Les Chrétiens sionistes, ce sont les « dissidents » du protestantisme (évangélistes, puritains).
Shlomo Sand parle aussi des Anglicans et il accumule des faits sur l’histoire anglaise. Dès le XVIe siècle avec la Réforme, la Bible est traduite. Le monde hébraïque antique, tel qu’il est décrit dans la Bible devient familier. Le « juif irréel » devient sympathique. Après plusieurs siècles d’interdiction de séjour, Cromwell (en 1656) autorise le retour des Juifs en Angleterre (des facteurs économiques jouent aussi. Les Juifs chassés d’Espagne et réfugiés aux Pays-Bas ont contribué à la prospérité de ce concurrent).
De nombreux personnages publics britanniques évoquent le « retour » des Juifs en Palestine (au XIXe siècle, Shaftbury, Palmerston et bien sûr Disraeli, Premier ministre et fils de Juif converti). Les Britanniques manifestent un intérêt croissant vers la Palestine, pièce essentielle sur la route de l’Inde.
À partir des pogroms de 1881, des millions de Juifs de l’empire russe partent vers l’Ouest. Ils iront principalement vers les États-Unis car la Grande-Bretagne ferme ses portes. Premier ministre en 1905, Lord Balfour fait adopter en 1905 une loi très restrictive contre l’immigration, principalement celle des Juifs. Il tiendra publiquement des propos antisémites. Le même enverra à Rothschild la fameuse déclaration Balfour en 1917. Il n’y a pas contradiction. Pour Balfour, les Juifs sont « inassimilables » s’ils viennent en Europe mais ils deviennent des colons servant les intérêts de l’empire britannique s’ils vont s’installer en Palestine. Pour de nombreuses raisons, dont l’attachement à une lecture familière de la Bible, la déclaration Balfour a fait consensus chez les principaux hommes politiques britanniques.
On a donc eu au début du XXe siècle la rencontre de trois phénomènes politiques qui ont rendu faisable le projet sioniste : une sensibilité chrétienne issue du monde protestant articulée avec une vision coloniale britannique, l’antisémitisme virulent en Europe de l’Est et l’apparition d’un nationalisme juif qui a tout inventé : l’histoire, la terre, la langue.

Le sionisme et la religion juive
On connaît les virulentes critiques contre le sionisme, venues des Juifs socialistes qui seront hégémoniques dans le monde juif européen jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Le Bund, parti ouvrier préconisant « l’autonomie culturelle » des Juifs sans territoire spécifique, était farouchement antisioniste. Et les partis ouvriers socialistes ou communistes dans lesquels militaient beaucoup de Juifs/ves étaient aussi très critiques.
On connaît moins l’opposition radicale des Juifs religieux au sionisme. Le livre de Yacov Rabkin « Au nom de la Torah, l’opposition juive au sionisme » apporte de nombreux faits. On a souvent en tête l’attitude actuelle des religieux juifs. Depuis 1967, ils sont devenus majoritairement colonialistes, nationalistes et racistes à l’image d’Ovadia Yossef, fondateur du Shass ou du grand rabbin de la ville de Safed qui interdit de louer à des « Arabes ».
Il n’en a pas toujours ainsi et Shlomo Sand rappelle que pour les religieux, la « terre sainte » n’a jamais été la patrie des Juifs. Le judaïsme réformateur était contre le sionisme car il craignait (à juste titre) que cela retarderait la marche vers l’égalité des droits. Les Juifs orthodoxes étaient encore plus durs. Citons certains de leurs propos : « reçois la Torah dans le désert, sans pays, sans propriété terrienne », « Les sionistes n’aspirent qu’à secouer le joug de la Bible et des commandements pour n’en conserver que le national, voilà ce que sera leur judaïsme ».
Dans le sionisme, la terre remplace la Bible, et la prosternation devant le futur État prend la place de la ferveur envers Dieu.
Quand Theodor Herzl essaiera de rallier au sionisme les rabbins, l’immense majorité d’entre eux protestera et organisera même une résistance aux idées sionistes. Ils publieront à plusieurs en 1900 une brochure : « livre éclairant , pour les honnêtes gens, contre le système sioniste ».
Le sionisme n’est pas seulement en contradiction avec les droits fondamentaux (refus du racisme, du colonialisme, des inégalités), il est aussi en contradiction avec la religion. Il a nationalisé le langage juif religieux et transformé la Bible en un livre de conquête coloniale.

Le sionisme et les Arabes.
La question de la présence d’Arabes en Palestine au début du mouvement sioniste n’a quasiment jamais été soulevée. Comme la plupart des colonisateurs, les sionistes n’ont pas vu (ou pas voulu voir) le peuple autochtone.
Pourtant, alors que jusqu’en 1922, l’immigration des Juifs en Palestine est autorisée, ce pays reste arabe à 90% à cette époque. Et les Palestiniens formeront les 2/3 de la population quand la guerre de 1948 éclate.
Il y a eu chez les sionistes des humanistes qui imaginaient une coexistence pacifique avec les Palestiniens. Citons Ahad Haam ou plus tard Martin Buber.
Mais ils ont vite été débordés par les partisans du « transfert », l’expulsion des Palestiniens.
Dans son film « La terre parle arabe », la cinéaste franco-palestinienne Maryse Gargour montre que tous les dirigeants sionistes étaient favorables au « transfert » dès 1930. Ils ne divergeaient que sur la méthode pour y parvenir.
Dès 1930, la plupart des recherches sionistes sur le passé se sont efforcées de situer et de maintenir la terre d’Israël au centre de « l’être juif ». Ils sont parvenus à une conclusion insensée : « les Arabes se sont emparés de la terre d’Israël en 634 et ils s’y sont maintenus depuis lors en tant qu’occupants étrangers ». Certains propagandistes vont même jusqu’à comparer avec la présence arabe en Espagne qui a duré plus de 7 siècles.
En fait, au-delà de tous les textes d’autojustification, la colonisation sioniste n’a connu comme seul frein que les limites du rapport de force. C’est pourquoi le gouvernement israélien actuel qui est soutenu à bout de bras par l’Occident semble pouvoir tout se permettre.
Shlomo Sand analyse plusieurs mythes qui ont accompagné la conquête sioniste : celui du travail, celui des kibboutz qui, au-delà de l’idéal égalitaire, étaient avant tout des instruments de conquête de la terre réservés aux seuls Juifs, et celui du syndicat Histadrout, réservé lui aussi aux seuls Juifs.
Les kibboutz ont systématiquement été installés dans les zones frontalières pour empêcher le retour des « infiltrés » (= les réfugiés palestiniens). Ils sont en déclin aujourd’hui parce qu’on est passé à une nouvelle forme de colonisation.

Depuis 1967
Le mythe de la terre a guidé la politique sioniste. Depuis 1967, il en est le centre.
La colonisation sioniste s’est faite sous l’égide imaginaire, dynamique et mobilisatrice de la « rédemption du sol ».
Shlomo Sand est très sévère pour la « gauche sioniste » qui a participé à toutes les conquêtes.
Il y a eu consensus pour le concept de « judaïsation de la terre » qui signifie bien sûr l’expulsion des Palestiniens. Les nationalistes les plus zélés sont venus de la gauche : Moshé Dayan, Yigal Allon. Shlomo pense que la guerre de 1967 n’était préméditée ni d’un côté, ni de l’autre. J’ai des doutes à partir d’un témoignage familial. Un cousin de mon père, général de l’armée de l’air israélienne, m’a affirmé dès juillet 1967, qu’Israël n’avait pas été menacé, que les projets de bombardements étaient prêts depuis des années et que la colonisation allait commencer.
Dès la fin de cette guerre, les intellectuels israéliens les plus éminents ont signé le « manifeste pour le grand Israël », prélude à la colonisation. 20 ans plus tard et malgré l’Intifada, le principe de l’État « ethno-démocratique » a repris le dessus. Le sionisme est une machine infernale qui ne saura pas s’arrêter d’elle-même.

Pour conclure
Logiquement, Israël se retrouve aujourd’hui gouverné par une coalition d’extrême droite. Le consensus qui a abouti à cela vient en partie d’une histoire totalement réécrite. Comme pour son livre précédent, Shlomo Sand sera sûrement très lu en Israël. Les sionistes l’injurieront. On enverra d’éminents spécialistes pour réfuter des faits pourtant indéniables.
Ce livre doit nous aider à démonter les mythes meurtriers. Le jour où la « rupture du front intérieur » sera possible en Israël, ce livre, comme le précédent, aidera les Israéliens à se débarrasser d’une identité falsifiée qui contribue à détruire la société palestinienne mais qui est aussi suicidaire à terme pour les Israéliens.

Pierre Stambul
Novembre 2012

Accès à un entretien-vidéo avec Shlomo Sand à propos de son livre : www.Assawra.Info/sand1.htm

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8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 14:10

 

Jeudi, 08 novembre 2012

La Californie a rejeté mardi 6 novembre, par voie référendaire, l’abolition de la peine de mort, ont annoncé les autorités après le dépouillement de près de trois quarts des bulletins. Le non l’a emporté avec près de 54% des suffrages, selon le ministère de l’intérieur californien.
Le texte prévoyait le remplacement de la peine capitale par la réclusion à perpétuité, sans possibilité de libération anticipée.
Treize personnes ont été exécutées depuis le rétablissement de la peine capitale. Au 1er avril 2012, 724 personnes attendaient dans le couloir de la mort en Californie — le plus peuplé des Etats-Unis, devant la Floride (407).

source "Assawra"

 

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