La victoire du parti de gauche Syriza et le message ainsi adressé par le peuple grec aux tenants de l’austérité viennent ringardiser un peu plus cette posture. Les citoyens grecs ont rejeté les vieilles recettes imposées par la troïka pour faire confiance à une gauche de la résistance et de l’espoir. En France, le débat sur le projet de loi a permis de préciser les contours d’une autre gauche, opposée à l’austérité, décidée à retrouver le chemin du progrès social et écologique, fière de l’héritage des luttes sociales qui du repos dominical aux 35 heures en passant par les congés payés, du salaire minimum au droit à la retraite en passant par la Sécurité sociale, ont permis au fil du siècle dernier de forger un modèle social qui est aujourd’hui le patrimoine commun de millions de Français.

 
 
 

Il ne s’agit pas que d’une question de principes et de valeurs. L’ambition de relance de la croissance affichée par l’intitulé même du projet de loi est, en effet, loin d’être garantie. Nous pourrions multiplier les exemples de mesures qui ne créent pas d’activité, mais qui se contentent en réalité de transférer des services et activités du public vers le privé sans la moindre utilité sociale ou économique. Pis, les mesures de facilitation des licenciements économiques et de casse du droit du travail prévues dans la dernière partie du texte desserviront l’activité économique et aggraveront encore la condition sociale des salariés. Véritable symbole de ce texte, la banalisation du travail le dimanche est symptomatique de la stratégie et de la philosophie globales du gouvernement. Nous les récusons d’autant plus fermement, que nous aspirons avec nos concitoyens à une cohésion et à une solidarité renforcée par des dispositifs politiques et sociaux dignes d’un pouvoir de gauche.

Or, sur ce point, le débat parlementaire a eu le mérite de faire une nouvelle démonstration du fossé qui s’est creusé entre la majorité socialiste au pouvoir et les forces du Front de gauche. Certains socialistes n’ont pas masqué leur malaise à l’égard de ce texte de renoncement à notre modèle social. Des voix convergentes venues des différents bancs de la gauche ont exprimé le refus du parti pris libéral. Rarement, en effet, nous aurons vu un texte qui privilégie de manière aussi cynique que systématique l’entreprise au détriment du salarié, la consommation au détriment de la vie familiale et du lien social, la compétitivité au détriment de l’environnement, des services publics et de l’égalité territoriale. Loin de nous décourager, la loi Macron annonce un réveil des forces de gauche qui enverra l’archéo-libéralisme aux oubliettes de l’Histoire.

André CHASSAIGNE Député du Puy-de-Dôme, Président du groupe Front de gauche à l'Assemblée nationale