Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 08:40

 

A la télévision, sur France 2, le présentateur, M.Pujadas, s'est bien gardé de s'étendre sur le vote des députés communistes : à l'entendre, il y aurait eu une touchante quasi - unanimité pour approuver ce texte de capitulards (droite et social-démocratie, même combat???), au point qu'on pouvait se demander: "Mais qu'est-ce qu'ils ont voté, les camarades?

   Ci-dessous l'explication de vote  présentée par A. Chassaigne: u-cursinu-rossu.jpg

 

 

 

                                                                                                                  U Cursinu Rossu

                                                               drapeau rouge agité

André CHASSAIGNE

Député du Puy-de-Dôme

 

Pt européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance

mardi 9 octobre 2012 – 1ère séance

 

Explication de vote

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, tout au long du débat sur ce traité de l’austérité, le Gouvernement a balayé, d’un revers de la main ou par des raisonnements fallacieux, nos arguments justifiant le rejet de ce texte. Toutefois, nous restons convaincus – et vous n’avez pas réussi à nous démontrer le contraire – que l’adoption de ce traité ne résoudra pas la crise économique, financière et sociale en Europe. Elle ne fera que l’exacerber, et à quel prix pour notre souveraineté !

Je reprendrai donc ici les réponses les plus emblématiques qui nous ont été faites car je veux tenter, une ultime fois dans cet hémicycle, d’éclairer nos collègues qui hésitent encore, à quelques minutes du scrutin, ou qui se sont trop vite résignés à respecter les consignes partisanes.

Concernant notre demande de référendum, les arguments que vous nous avez opposés, monsieur le ministre des affaires européennes, relèvent de la mauvaise foi.

Ils n’ont aucune valeur juridique. Vous nous dites : «On ne peut pas organiser un référendum chaque fois qu’un sondage montre que les Français le souhaitent.» C’est une évidence. Vous savez bien qu’il ne s’agit pas de cela.

Si nous demandons un référendum, c’est parce que ce traité est fondamental : notre pays ne pourra plus décider seul de ses choix économiques et devra se soumettre aux consignes des fonctionnaires de Bruxelles.

Ne croyez-vous pas que, dans pareil cas, le peuple a son mot à dire, qu’il a le droit de décider s’il souhaite ou non que ses institutions démocratiques soient démantelées pour confier leurs compétences politiques à des institutions techniques qui échappent à tout contrôle démocratique ?

Pour refuser de consulter le peuple, vous vous appuyez sur le Conseil constitutionnel, qui a rendu une décision politique en jugeant qu’il n’y avait pas d’abandon de souveraineté. Pourtant, et malgré cette décision, la Constitution vous autorise à organiser ce référendum puisqu’elle dispose, en son article 11, que «Le Président de la République […] peut [...] soumettre au référendum tout projet de loi [...] tendant à autoriser la ratification d’un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions».

Si vous ne le faites pas, ce n’est donc pas pour des raisons juridiques ou constitutionnelles, mais parce que vous craignez un vrai débat démocratique.

C’est le verdict du peuple qui vous fait peur !

Vous n’avez certainement pas tort car ce débat mettrait en évidence que le pseudo-pacte de croissance n’est qu’un rideau de fumée.

Il a été mis en avant par le Président de la République pour faire passer la pilule du traité de l’austérité signé par Nicolas Sarkozy. Son niveau est tellement faible face à l’ampleur des pactes d’austérité, tellement ridicule face aux efforts qui ont été consentis pour sauver les banques ! Il ne fait que reprendre des projets déjà engagés. Pire encore, son volet dédié à la croissance est soumis à des contraintes, écrites noir sur blanc, aussi «austéritaires» qu’ultra-libérales : casse du code du travail, ouverture à la concurrence des secteurs du transport et de l’énergie, mise à mal de notre système de retraite.

Enfin, j’en terminerai par votre argument massue.

Il a été notamment mis en avant par notre présidente de la commission des affaires étrangères : «Ce traité n’ajoute pas grand-chose aux règles en vigueur et au droit européen existant. Il n’y a donc pas lieu de nous affoler.»

En quelque sorte, chers collègues, ce traité serait un couteau sans manche qui aurait perdu sa lame ! Mais si ce n’est rien, pourquoi en passer par la solennité d’un traité et par une loi organique ? Cette banalisation des enjeux ne traduirait-elle pas plutôt une prise de conscience, celle que les plaidoyers en faveur de l’austérité ont de plus en plus de mal à passer, et surtout auprès des électeurs de gauche, et sans doute dans les rangs mêmes de la majorité ?

Mes chers collègues, il faut refuser cet acharnement à persévérer dans l’erreur, refuser de croire que seules des politiques d’austérité peuvent réduire les déficits et relancer la croissance.

L’austérité n’entraîne que la récession, et ne peut que plonger les économies européennes dans le cercle vicieux de la crise, aux dépens des peuples.

Et quelle terrible erreur de penser que l’austérité nous met à l’abri des attaques des marchés financiers ! Elle va au contraire, et vous le savez bien, renforcer leur tutelle au prix de l’abandon de toutes les grandes avancées sociales du siècle précédent et du dessaisissement démocratique des citoyens et des peuples.

Les députés du Front de gauche voteront résolument contre ce texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

 

Partager cet article
Repost0
10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 19:17

 

 

  lvres en ligne 1027

 

 

 

 

Israël/Palestine - Du refus d’être complice à l’engagement

 

Israël/Palestine - Du refus d’être complice à l’engagement
de Pierre Stambul
Editions Acratie
600 pages – 25 euros
A paraître en Novembre 2012

Souscription : 20 euros en souscription (port compris)
Chèque à l’ordre d’Acratie (Acratie, l’Essart, 86310 La Bussiere)

**

Entre Mer Méditerranée et Jourdain, Palestiniens et Israéliens sont en nombre sensiblement égal. Mais les Israéliens possèdent tout : les richesses, la terre, l’eau, les droits politiques. La Palestine est volontairement étranglée et sa société est détruite. L’inégalité est flagrante et institutionnelle.
Il faut dire les mots pour décrire ce qui est à l’œuvre : occupation, colonisation, apartheid, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, racisme. La majorité des Israéliens espèrent qu’à terme, les Palestiniens deviendront des indigènes marginalisés incapables de défendre leurs droits.
Les gouvernements israéliens s’acharnent à fragmenter la Palestine en des entités aux statuts différents : Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-Est, Palestiniens d’Israël, réfugiés…
Comment un État colonialiste peut-il se revendiquer du passé quand les Juifs étaient les parias de l’Europe ? L’idéologie sioniste est au cœur de ce processus. Le sionisme n’est pas seulement militariste, raciste, colonialiste ou pro-impérialiste. Il a contribué à une gigantesque manipulation de l’histoire, de la mémoire et des identités juives. Le sionisme est au départ une idéologie de la séparation proclamant que Juifs et non-juifs ne peuvent pas vivre ensemble. Dans l’État juif, les non-juifs sont des étrangers dans leur propre pays.
Il n’y aura pas de paix si on ne la fonde pas sur l’égalité des droits dans tous les domaines. Il n’y aura pas de paix sans une rupture avec le sionisme ou un dépassement de cette idéologie. Le sionisme n’est pas seulement criminel pour les Palestiniens, il est suicidaire pour les Juifs.

Pierre Stambul, est né en 1950, professeur de mathématiques retraité. Il est juif tout en étant athée et antisioniste. Son judaïsme est principalement issu du souvenir du génocide nazi. Parents résistants dans la MOI. Mère dont la famille a été exterminée. Père qui fut dans le groupe Manouchian et a été déporté à Buchenwald.
C’est au nom de ce judaïsme qu’il milite depuis 2002 dans l’Union Juive Française pour la Paix pour les droits du peuple palestinien et pour une paix au Proche-Orient fondée sur l’égalité et la justice.

  source: "Assawra"

Partager cet article
Repost0
10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 12:41

                                                                     MARE NOSTRUM-copie-1

 

  

Syrie : la troisième armée

mercredi 10 octobre 2012

Des dizaines de corps brûlés dans un double attentat-suicide à la voiture piégée, devant le siège des services de sécurité de l’armée de l’air, près de Damas. La veille, c’était le quartier général de la police qui était visé par une attaque. Les images de ces attentats, devenus quasiment quotidiens en Syrie, ne sont pas sans rappeler la tragédie irakienne. Le régime syrien, qui ne cesse depuis le début de la révolte populaire d’accuser des "groupes terroristes" de vouloir semer le chaos dans le pays, aurait-il raison ? Ces attaques ne seraient pourtant pas l’oeuvre des déserteurs de l’Armée syrienne libre (ASL), engagée depuis un an dans une lutte sans merci contre le pouvoir syrien.

Le double attentat de Damas a été revendiqué lundi soir par le Front al-Nosra (Front de défense du peuple syrien), un groupe djihadiste lié à al-Qaida, qui affirme être derrière la majorité des attaques ciblant depuis un an les intérêts du régime. Selon le communiqué du groupe, publié sur Facebook, "un véhicule bourré de neuf tonnes d’explosifs (...) a détruit l’immeuble" des services de renseignement puis un autre kamikaze "a fait sauter (une) ambulance transportant une tonne d’explosifs qu’il conduisait pour détruire le reste de ce siège et tuer les survivants".

Fondée en septembre 2011, juste après le massacre de Hama, l’organisation réunit exclusivement des Syriens qui se réclament de la mouvance salafiste djihadiste. "Spécialisée dans les opérations-suicides, elle se focalise sur la colonne vertébrale du régime syrien : les renseignements militaires", souligne l’islamologue Mathieu Guidère (1). Le groupe, qui ne compterait pas plus de quelques centaines de membres, se démarque en ce sens des autres déserteurs de l’Armée syrienne libre, dont il fustige l’inefficacité.

"S’ils visent systématiquement des cibles militaires, ils frappent des zones habitées et infligent d’importants dommages collatéraux chez les populations civiles", précise Thomas Pierret (2), maître de conférences en islam contemporain à l’université d’Édimbourg. "Contrairement aux autres groupes, ils n’arborent pas le drapeau de la révolution syrienne, mais celui, noir à calligraphies blanches, symbole du djihadisme mondial. Ce genre d’attaques-suicides leur apporte une certaine visibilité ainsi qu’un prestige, plus important que leur force réelle", ajoute le spécialiste

Face à l’absence de réponse internationale au drame syrien, cette aide inespérée apportée à la révolution syrienne impressionne. "Ainsi, le Front al-Nosra peut espérer recruter d’autres combattants au sein de la population", note Thomas Pierret. "Leur grande force, c’est qu’ils n’ont pas peur de mourir", assure à l’AFP Jamal Addine Ibrahim, chef d’une brigade de l’ASL à Alep. "L’autre jour, nous étions sous le feu d’un sniper. Un moudjahid a foncé à découvert jusqu’au pied de l’immeuble, est rentré dedans et l’a abattu. Aucun de mes hommes ne peut faire ça. Je viens ici pour mourir, a-t-il dit en riant", ajoute le responsable rebelle.

"Le Front al-Nosra est fabriqué par le régime syrien lui-même, pour diaboliser l’Armée syrienne libre", assure, au contraire, au Point.fr, Fahad al-Masri, porte-parole du commandement conjoint de l’Armée syrienne libre de l’intérieur. "Le régime syrien a libéré 5 000 prisonniers, en majorité des membres d’al-Qaida et du parti Al-Tahrir, à condition de collaborer avec lui", ajoute le porte-parole. De là à viser ses propres services de sécurité ? "Déjà affaibli, ce régime est prêt à tout pour diaboliser la révolution", souligne Fahad al-Masri. Outre le Front al-Nosra, les Syriens ont récemment vu émerger sur d’autres combattants, cette fois étrangers.

"Des salafistes armés sont arrivés en provenance du Maghreb, du Pakistan et de l’Afghanistan, pour mener le djihad", affirme Mathieu Guidère. Parmi eux figureraient également des djihadistes français. Réunis par nation au sein de "sections" d’environ 80 personnes, ils seraient aujourd’hui 3 000. Un nombre toutefois minime face aux 350 000 soldats de l’armée syrienne, et au 30 000 combattants de l’ASL. Si les déserteurs bénéficient de livraisons limitées d’armes, de la part du Qatar et de l’Arabie Saoudite, ce n’est pas le cas des djihadistes.

"L’Arabie saoudite ne soutient que ceux qui s’inscrivent dans un cadre national syrien, souligne Thomas Pierret. Le rêve saoudien serait de favoriser en Syrie l’émergence d’un régime militaire, sunnite et conservateur, pour ainsi garantir le statu quo dans la région." Le royaume Saoud n’a pas oublié qu’il y a dix ans à peine il était secoué par la menace djihadiste. "Le royaume craint que, s’il renaît en Syrie, le djihad global n’atteigne vite Riyad." "Le cas Ben Laden leur a servi de leçon", renchérit de son côté Mathieu Guidère. Toutefois, d’après l’islamologue, l’intérêt de l’Arabie saoudite se situerait surtout dans la guerre par procuration qu’il mène contre l’Iran.

"L’axe sunnite Arabie saoudite-Qatar-Turquie affronte en Syrie l’axe chiite composé par l’Iran, la Syrie et le Hezbollah, explique l’islamologue. Le but de Riyad est d’attirer ses adversaires en territoire syrien." Et cela fonctionne. Le soutien total de Téhéran à son seul allié arabe de la région ne fait plus aucun doute. Livraisons massives d’armes, envoi de forces terrestres, soutien logistique et formation des soldats, la République islamique met tout en oeuvre pour ne pas voir se briser 30 ans de politique étrangère. Elle a récemment enregistré le soutien de combattants chiite en provenance du Liban.

"Nous avons capturé 13 soldats libanais du Hezbollah à Homs, affirme Fahad al-Masri. Ils ont été profondément embrigadés et croient réellement à un complot en Syrie." D’autre part, l’ASL détient toujours les 48 officiers iraniens, appartenant à la brigade al-Qods des Gardiens de la révolution (armée idéologique de Téhéran, NDLR), qu’elle avait capturés en août à Damas. "Nous refusons de libérer ces Iraniens avant de définir nos conditions, prévient le porte-parole de l’ASL. Si les Iraniens ne les appliquent pas, certains de leurs compatriotes, qui assassinent notre peuple, vont bientôt décrocher leur passeport pour l’enfer."

(10 Octobre 2012 - Armin Arefi)

(1) Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à l’université de Toulouse-II, auteur de Printemps islamiste (éditions Ellipses).
(2) Thomas Pierret, auteur de Baas et islam en Syrie. La dynastie Assad face aux oulémas (PUF, 2011).

site "Assawra"

Partager cet article
Repost0
10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 11:59
 
                                                                      pipeau-4.gif                                                                                 
                                                                          
                                                                       
 

                          Adaptation d'une précision  de Omma.com

 

 Jean-François Copé, qui navigue dans des eaux de plus en plus brunes, l'a assuré: de jeunes enfants se seraient fait "arracher" leur pain au chocolat à la sortie de l'école par des "voyous" musulmans au motif «qu'on ne mange pas au ramadan».(ceci s'adresse aux seuls musulmans, naturellement!)

 

Il se trouve que depuis deux ans, le jeune musulman du mois lunaire de  ramadan tombe en plein été.

Pour les gens un peu informés-ce qui n'est pas le cas, semble-t-il de J.F Coppé, l' été, en France métropolitaine, c'est la période des grandes vacances  pour de jeunes enfants, qui sont donc des élèves.

 Pour les ignorants, dont J.Coppé, qui aspire pourtant à s'exprimer au nom de tous les français de quelque confession que ce soit, précisons, en plus, que  c'est à la puberté que l'on commence à jeûner...et donc les jeunes enfants... 

                                                                                                    U Cursinu Rossuu-cursinu-rossu.jpg
Partager cet article
Repost0
9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 15:37

 

 

 

 source: vendémiaire 

                                                                            

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 15:33

PCV psuv 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

« La victoire de Chavez est également la victoire de tous les peuples d'Amérique latine ».

 

Ce commentaire du président bolivien Evo Morales souligne l'enjeu du scrutin présidentiel vénézuelien du 7 octobre, dépassant le sort même de la seule République bolivarienne du Vénézuela.

 

Avec 54,8% des voix, soit 7,8 millions de suffrages exprimés, Hugo Chavez devance assez nettement le candidat unitaire de l'opposition, Henrique Capriles Radonski qui obtient 44,55% des voix, soit 6,3 millions de votes.

 

Jamais élection n'a été aussi polarisée, réduite à deux blocs antagonistes. Chacun des partis se positionnant dans les coalitions formées par les deux principaux candidats. Le « Pôle patriotique » autour d'Hugo Chavez face à la Coalition pour l'unité démocratique (Mesa de la unidad democratica/MUD)

 

La défaite d'une coalition contre-révolutionnaire et libérale, rassemblant de l'extrême-gauche à l'extrême-droite

 

Comme lors des législatives 2010, l'opposition est parvenue à rassembler sous la bannière du MUD une coalition hétérogène mais unie dans un même objectif contre-révolutionnaire, et une volonté commune de faire tomber Chavez.

 

Une coalition d'une vingtaine de partis, allant de forces gauchistes anti-communistes (LCR-La causa radical, Bandera roja) jusqu'à la droite dure (La Justice d'abord).

 

Néanmoins, le centre de gravité de cette coalition se retrouve, paradoxe apparent, au centre-gauche avec des partis sociaux-démocrates, parfois anciens alliés de Chavez, présents en masse parmi les forces dirigeantes de la coalition (Action démocratique/Un nuevo tiempo/Mouvement vers le socialisme).

 

Derrière cette façade de centre-gauche, que le candidat Capriles a tenté de cultiver pendant la campagne, un programme de droite libérale classique (le « paquetazo ») porté par celui qui est l’héritier d'une des plus grandes fortunes du pays :

 

libéralisations et privatisations dans les secteurs-clés de l'économie, en premier lieu le pétrole ; décentralisation des services publics pour mieux les privatiser ; remise en cause des programmes sociaux gouvernementaux de lutte contre la pauvreté et la faim.

 

Si la droite a encore une fois été vaincue, l'écart se resserre. La preuve d'une résistance de plus en plus organisée de la bourgeoisie vénézuelienne, aidée par le parrain nord-américain, et de sa puissance sociale toujours intacte.

 

Les communistes en progression constante

 

Les électeurs avaient également, sur leur bulletin électoral, la possibilité de choisir non seulement leur candidat mais aussi leur « parti de préférence », engagé dans l'un des deux camps en présence.

 

Parmi les partis du camp révolutionnaire, si le PSUV reste très largement en tête avec 42,80%, la bonne surprise est venue du Parti communiste du Vénézuela (PCV) qui s'installe comme deuxième force de gauche, avec 3,5% des voix et près de 500 000 votes apportés au président Chavez.

 

En 2000, le PCV ne récoltait que 0,8% des voix. En 2006, il connaissait une progression importante avec 2,9% des voix et 340 000 voix, alors que la coalition chaviste avait obtenu, dans son ensemble, 9 points de plus qu'en 2012.

 

La carte électorale du Parti est relativement homogène, les meilleurs scores se trouvant dans les régions du Nord-ouest du pays : les États de Yaracuy (6,1%), Trujillo (6,2%) et Portuguesa (6,3%).

 

Une victoire pour la révolution bolivarienne et ses succès...


 

 

La progression du Parti communiste est autant la reconnaissance du travail réalisé sur le terrain par les 40 000 militants du Parti que celle de la justesse de la ligne proposée par le Parti.

 

Depuis quatorze ans, le PCV s'est affirmé comme le soutien le plus résolu de la révolution bolivarienne menée par Hugo Chavez. En 2010, au plus fort des défections des partis sociaux-démocrates, le président Chavez avait affirmé que le PCV était « le seul allié qui nous reste ».

 

Le Parti communiste apporte son soutien à toutes les mesures dans les intérêts des travailleurs : missions sociales, augmentations du salaire minimum, nationalisations.

 

Les communistes se réjouissent de la baisse drastique de la pauvreté depuis l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez, de 49,4% de la population en 1999 à 27,6% en 2008 ainsi que de la réduction massive des inégalités dans la même période.

 

qui ne fait pas taire les critiques constructives des communistes envers un processus révolutionnaire inachevé

 

Néanmoins, les communistes ne peuvent se satisfaire de ces progrès accomplis depuis treize ans. Le Vénézuela reste un pays capitaliste, où les principaux leviers de l'économie restent entre les mains du privé (65% de l'économie est entre les mains du privé en 2010, le même chiffre qu'en 1999).

 

Le PCV met en garde depuis plusieurs années contre cette puissance économique et sociale du capital privé domestique. La progression de la droite contre-révolutionnaire ne s'appuie pas que sur le soutien international de Washington mais aussi sur cette bourgeoisie encore puissante.

 

Le Parti communiste ne cache pas ses critiques constructives.

 

Tout d'abord la nécessité de mettre en place une véritable direction collective révolutionnaire, pour dépasser un leadership personnel, ou encore les tentatives de constituer un parti unique de la gauche.

 

Ensuite, la nécessité d'approfondir la révolution bolivarienne, et de passer d'une révolution démocratique-nationale à la phase de transition vers le socialisme. Un programme qui passe pour le PCV par la nationalisation des grands moyens de production, gérés par les travailleurs eux-mêmes, par l'instauration d'un système national de Sécurité sociale, et enfin par une politique nationale d'industrialisation.

 

Les communistes se sont toutefois réjouit des pas réalisés par le président dans ce sens, notamment avec la formation du « Pôle patriotique » en 2010, embryon d'une direction collective.

 

Toutefois, la route est encore plus longue sur la voie du socialisme, affirmé dans les discours et les textes officiels du président mais qui peine encore à se matérialiser dans la transformation radicale de l'économie et de la société vénézuelienne.

 

Dans ce parcours vers le socialisme, plus que jamais, les communistes vénézueliens restent le meilleur allié du président Chavez et de la force dirigeante de la révolution, mais ce sans mettre leur drapeau dans leur poche et sans taire leurs critiques sur un processus révolutionnaire encore inachevé.

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 15:22

 

 

 

 

LAVER L’AFFRONT DE COLMAR

 

 

Par Pierre Pranchère, ancien résistant à l’AS et aux FTP, co-fondateur du Collectif Maquis de Corrèze, député honoraire

 

L’inadmissible vient de se produire avec la condamnation de Robert Hébras, rescapé de la sauvage tuerie perpétrée par les SS de la division Das Reich à Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944.

 

C’est en poursuivant son devoir de témoignage qu’il exerce depuis 68 années que le dernier survivant des rescapés de cette nuit de juin constellée de tortures (André Malraux) vient d’être l’objet d’une sentence choquante prononcée par la cour d’appel de Colmar : 1 euro de dommages et intérêts et 10 000 euros de frais de justice aux associations de « Malgré-Nous ». Comment admettre que cela a pu être fait au nom de notre peuple ? Robert Hébras est une figure emblématique qui fait l’honneur de la France, comme en témoigne la décoration allemande de haut niveau et chargée de symboles qui lui a lui été décernée et la reconnaissance du gouvernement français qui l’a fait commandeur de la Légion d’Honneur.

 

L’indignation grandit et l’action s’organise. La question centrale à poser et à résoudre n’est-elle pas : quelle base a permis à des magistrats de commettre un tel jugement ?

 

La réponse doit être claire, directe et sans tabou. Pour y parvenir la référence à la seconde guerre mondiale et à son histoire s’impose car c’est elle qui engendra Oradour-sur-Glane, Tulle, Maillé et autres crimes de guerre nazis. Que se passa-t-il avant ?

 

Après une année de « drôle de guerre » et la débâcle de 1940 l’Alsace fut annexée au 3ème Reich. Seuls de Gaulle et le PCF clandestin protestèrent. Le nazi allemand Wagner fut le bourreau sanglant de l’Alsace et ses crimes de guerre, dont l’incorporation de force, le firent condamner à mort et exécuter. Il fut le seul en France. L’Alsace eut ses résistants héroïques et ses collaborateurs. Aujourd’hui, comme ailleurs en France les croix gammées y apparaissent.

 

Revenons au verdict de Colmar. Il est la conséquence directe de l’incroyable amnistie votée en février 1953 en faveur des alsaciens de la division SS Das-Reich condamnés au procès de Bordeaux. La 3ème force régnait en maître. Les résistants étaient pourchassés, les criminels de guerre libérés. Or, cette loi fut votée en violation de la Constitution car la France était et reste toujours engagée par l’imprescriptibilité des crimes de guerre. L’imprescriptibilité découle de l’accord de Londres du 8 août 1945, accord qui fonde le droit international dans la Charte des Nations Unies ratifiée par le général de Gaulle le 4 janvier 1946. En 1952, le 28 février, par le décret 52-253 la France a prolongé l’accord de Londres avec la signature de Vincent Auriol, Président de la République, d’Edgar Faure, Président du Conseil ainsi qu’Henri Queuille et Robert Schuman au bas des Conventions de Genève du 12 août 1949 (JO du 6 mars 1952).

 

Les bases de l’inculpation et du jugement des criminels de guerre étaient établies et si les droits de la défense étaient garantis l’amnistie était de fait exclue. La constitution d’octobre 1946 en vigueur en 1953 reconnaît sans équivoque cette autorité supérieure dans ses articles 26, 27 et 28.

 

Qu’il me soit permis de rappeler que l’émotion du vote de cette loi d’amnistie en 1953 fut considérable. C’est dans l’honneur que furent prises des mesures pour faire respecter la mémoire des 644 victimes parmi lesquelles 206 enfants dont 66 âgés de moins de 6 ans. Un panneau cita les auteurs de ce vote à l’entrée de ce lieu tragique qui bouleverse et bouleversera éternellement le monde civilisé. Les députés communistes votèrent contre cette loi inique. Je revois mes amis Clément Chausson, Jean Goudoux (19), Alphonse Denis, Jean Tricart (87), Auguste Tourtaud, Demeix (23). Nous avons poursuivi dans la législature du 2 janvier 1956 ce combat pour la justice des hommes en exigeant l’extradition de Lammerding.

En 1962, le journal l’Echo-du-Centre révéla que Lammerding devenu industriel du bâtiment vivait au grand jour à Dusseldorf. La nouvelle fit sensation et le 6 et 7 mai 1962 je conduisis à Dusseldorf une délégation de résistants et de rescapés d’Oradour-sur-Glane. Reçus et guidés par les résistants antifascistes allemands nous avons débusqué Lammerding dans la Vogelstrasse (la rue des Oiseaux). Se précipitant dans sa maison, il nous envoya sa garde menaçante des 3 ou 4 SS qui ne le quittaient jamais. Nous avions pris alors la décision de ne jamais baisser la garde et le serment a été tenu.

 

Le moyen décisif pour laver l’affront de Colmar est de conduire avec une détermination sans faille le rassemblement des forces antifascistes, populaires et patriotiques pour la renaissance d’un Conseil Nationale de la Résistance (CNR) et de ses valeurs.


Partager cet article
Repost0
9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 15:16

 

 

 La vie du Parti    PCF-OUTILS.jpg   

 

 

36ème congrès du PCF en 2013
Réformer profondément la politique du PCF
Contribution de Caroline Andreani
1- Le contexte international

- la crise exacerbée du capitalisme

Le 36ème congrès du PCF s’ouvre dans des circonstances particulières. La situation internationale est caractérisée par des rapports internationaux de plus en plus tendus entre l’impérialisme américain et ses séides – pays de l’UE, Japon, Israël, Turquie, Arabie Saoudite... – et des pays qui s’opposent, pour des raisons diverses et parfois contradictoires, aux États-Unis, Chine, Russie, Iran pour nommer les principaux.

La crise qui a éclaté en 2008 a des prolongements inattendus, notamment dans les pays de l’Union européenne, étranglés par le poids de la dette. Les États-Unis, autrefois leader du capitalisme mondialisé, présentent aujourd’hui des fragilités toujours plus importantes. A l’intérieur, la crise ne peut plus être cachée. L’industrie américaine, à l’exception de l’industrie militaire, connaît un déclin que rien ne semble pouvoir arrêter. Des millions d’Américains vivent sous le seuil de pauvreté et la crise des subprimes à jeté à la rue une part non négligeable de la classe moyenne. À l’extérieur, les dirigeants américains sèment la guerre et la terreur au nom de croisades contre le terrorisme ou de défense des droits de l’homme. Les États-Unis ont la configuration d’un empire en fin de vie dont l’agonie mettra certainement des décennies.

Une bonne partie des pays d’Amérique du Sud ont opté pour des régimes de rupture comme au Venezuela. D’autres se sont orientés vers des expériences sociales-démocrates. Quant aux pays qui restent dans le sillage US comme le Mexique et la Colombie, leurs populations vivent de véritables désastres faits de corruption généralisée, criminalité sans contrôle, répression systématiques des mouvements syndicaux et progressistes.

- un capitalisme toujours plus prédateur

Le capitalisme est dans une phase de plus en plus prédatrice. Sans aucun frein depuis la chute de l’URSS au début des années 90, il montre son véritable visage. Partout, le capitalisme impose la loi de l’exploitation la plus féroce, qui combine pillages des ressources naturelles, pillage des ressources humaines, exploitation sans limite du monde du travail.

Le capitalisme en est à un stade où il doit justifier idéologiquement son système de prédation autrement que par le seul credo de la loi du marché. D’où des « croisades idéologiques » autour de deux thèmes principaux : la lutte contre le terrorisme bien entendu islamiste – guerre en Afghanistan, en Irak... - et la « défense des droits de l’homme » qu’il utilise contre la Russie, la Chine, la Syrie, etc.

- des conflits impérialistes réguliers

D’où des conflits impérialistes qui se succèdent à intervalles réguliers contre des ennemis désignés : hier, la Yougoslavie de Milosevic, l’Irak de Saddam Hussein ou la Libye de Khadafi, aujourd’hui la Syrie de Bachar El Assad, l’Iran, etc. Sans oublier les conflits « régionaux » comme au Congo démocratique, les « salafistes » au Mali, la Colombie au nom de la lutte contre les narco-trafiquants, etc.

Ces conflits ont au moins deux visées : affirmer à la face du monde que les États-Unis interviennent partout où ils le veulent ; un intérêt économique immédiat qui permet aux pays producteurs d’armes et de technologie militaire de faire des profits réguliers et quasiment illimités.

- une crise économique européenne visant à mettre les peuples sous tutelle de l’UE

La crise n’épargne pas l’Europe. Plusieurs pays sont très directement touchés : la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et l’Irlande, ainsi que tous les pays d’Europe de l’Est entrés dans l’UE et qui n’en tirent pas les bénéfices promis. L’imposition du TSCG, après Maastricht et le TCE nouvelle version, est un mécanisme supplémentaire pour étrangler les États et aboutir à ce dont rêvent les promoteurs de l’UE depuis des décennies : une structure supra-nationale de type fédératif, chapeautant les États de l’UE et leur imposant leur politique budgétaire, financière, militaire et politique.

2- En France, une donne politique nouvelle

- l’arrivée au pouvoir de Hollande et du PS

En France, l’arrivée au pouvoir de François Hollande à la tête d’une majorité socialiste-verts ne change pas radicalement les orientations politiques de fonds prises par les précédents gouvernements. Tout comme la droite, le Parti socialiste est dans la dynamique pro-Union européenne qui se construit sur la « concurrence libre et non faussée », la disparition des services publics, l’effondrement des acquis sociaux, etc.

- une crise économique gravissime à laquelle le pouvoir ne répond pas Les premiers pas de F. Hollande en politique étrangère confirment cette analyse. Or, la crise économique s’aggrave. Les conditions de vie se dégradent rapidement et les peuples européens se révoltent partout, même si ces mouvements sociaux ne sont pas médiatisés. En France, la crise va encore s’approfondir avec l’application du TSCG. Les mesurettes prises par le gouvernement Ayrault auront tôt fait de ne plus suffire face aux critères draconiens du TSCG.

- la poursuite de la déconstruction de la société entamée par la droite. La feuille de route du PS sera la même que celle de la droite : poursuivre la casse industrielle du pays, réduire les services publics au maximum notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, et des collectivités territoriales, et poursuivre la casse des acquis sociaux (retraite, droit du travail, etc.)

- la montée de l’extrême droite

Face à ces attaques, le grand gagnant est indéniablement l’extrême droite de Marine Le Pen. Avec un discours résolument anti-européen et à caractère social, l’extrême droite attire à elle une frange importante des classes populaires et des classes moyennes durement touchées par la crise. En témoignent ses résultats à l’élection présidentielle avec près de 18 %.

L’aggravation de la détérioration de l’économie ne peut que renforcer le poids de l’extrême droite et lui donner une assise politique telle qu’elle deviendra incontournable dans le jeu politique.

3- Un parti communiste en recherche de stratégie

- la stratégie du Front de gauche : quel bilan en tirer ?

Face à cette situation, depuis quatre élections (européennes, régionales, présidentielle et législatives), le Parti communiste a expérimenté une nouvelle stratégie, celle du Front de gauche. Présentée comme une alliance politique ponctuelle, cette stratégie s’oriente de plus en plus vers la construction d’une force politique autonome où le Parti communiste se met au service des intérêts d’une autre formation, le Parti de gauche. C’est ainsi qu’aux élections régionales, le PCF a perdu la moitié de ses élus au profit de forces politiques minoritaires érigées en partenaires incontournables. Or, sur le terrain, la réalité était beaucoup plus contrastée puisque dans l’immense majorité des cas, le PCF représentait l’essentiel des forces politiques organisées.

- le Front de gauche, une chance ou un risque grave ?

Le résultat des dernières élections présidentielles avec 11 % obtenus par le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon semble donner raison aux tenants de cette stratégie. Il faut donc en avoir une analyse critique sans pour autant tomber dans le sectarisme dogmatique.

11 % à un candidat soutenu par le PCF, c’est un résultat indéniablement positif, surtout quand ce candidat porte des valeurs proches des nôtres et un discours très mobilisateur.

Malgré tout, aux élections législatives, le Front de gauche n’a pas su convaincre les électeurs. Seuls les candidats très ancrés dans le local ont pu se faire élire. Même en tenant compte de la vague rose, il faut constater que le Front de gauche a essuyé un grave échec, ce qui repose la question de la pertinence de la stratégie.

Dans toute son histoire, le Parti communiste n’a jamais été aussi fort que quand il a su développer des alliances. La victoire du Front populaire ne s’est pas faite autour du seul Parti communiste. Le Front national durant la 2ème guerre mondiale ou le CNR ont été des espaces d’alliances, de confrontation et parfois de contradictions. De 1944 à 1947, le Parti communiste n’a du ses grandes victoires – la sécurité sociale, le statut des fonctionnaires, l’instauration d’EDF-GDF....- que dans le cadre de ces alliances.

Le problème n’est donc pas le principe de l’union, mais la tentative de transformation d’alliances électorales en une force politique nouvelle. Plusieurs expériences de ce type dans les pays européens montrent que les partis communistes sortent toujours affaiblis de ce type d’alliances et parfois, ne s’en remettent jamais.

- quelles évolutions pour le PCF dans le contexte général ?

Outre la question des alliances, cela pose donc la question des évolutions souhaitables du Parti communiste dans les prochaines années. Il nous faut un parti communiste de notre temps, en prise avec la réalité, et surtout loin du sectarisme étroit qui ne peut que conduire, comme la dilution voulue par la direction nationale, qu’à la disparition.

Le problème, ce ne sont pas les alliances mais la manière dont elles sont conçues et menées pour affaiblir le PCF. Se replier sur soi en refusant de travailler avec d’autres n’est pas non plus la solution, car cela conduirait à affaiblir notre audience et à nous marginaliser.

En l’état actuel, mesurons que le Parti communiste n’est plus la force qu’il était dans les années 80. Implanté localement certes, capable (au prix de grosses contorsions) d’avoir des groupes parlementaires et des groupes dans les collectivités territoriales. Mais l’emprise du PCF est en recul et nous sommes sur le repli plus que sur la reconquête.

- quelles perspectives politiques ?

Quelles perspectives politiques avons-nous ? Le paysage politique en France est caractérisé par la bi-polarisation. Depuis les années 80, le Parti socialiste s’est imposé comme la principale force à gauche, et la droite conservatrice (RPR puis UMP) a laminé les centristes. L’extrême droite est en passe de devenir une force politique incontournable. Le passage de témoin entre Jean-Marie Le Pen et sa fille s’est fait avec une facilité déconcertante. Elle a réussi à donner au Front national une image moins repoussoir, et à l’ancrer dans le paysage politique.

Avec près de 20 %, c’est le Front national qui est le véritable trublion de la politique française. Le Front de gauche ne vient que loin derrière.

Quant au Parti communiste, il se trouve dans une situation paradoxale. D’une part, il a repris une certaine vigueur et une crédibilité avec les résultats du Front de gauche. D’autre part, il gomme volontairement son poids politique au sein de cette alliance en mettant en avant Jean-Luc Mélenchon, et en restant en retrait.

Or, le discours musclé d’un Mélenchon, comme celui de Besancenot auparavant, montre que les idées de gauche n’ont pas disparu. Elles ne demandent qu’à renaître et seul le Parti communiste, avec son implantation, est capable de porter une idéologie de rupture avec le capitalisme.

4- Réformer profondément la politique du PCF

- refonder une politique communiste moderne : un véritable enjeu, sur quelles bases et avec quelle analyse de la société actuelle ?

Depuis la mutation initiée par Robert Hue dans les années 90, le Parti communiste n’a pas mené véritablement d’analyse sur les évolutions de la société et sur le rôle d’un Parti communiste en phase avec son temps. La société française compte un important prolétariat dont la composition sociologique s’est modifiée. La classe ouvrière, représentant plus de 23 % du monde du travail, est en recul. Dans le même temps, une fraction toujours plus importante de la population travaille dans le secteur tertiaire non qualifié. Il existe donc une fraction du prolétariat non organisée, sans conscience de classe, dans laquelle le mouvement syndical lui-même peine à s’organiser, en direction duquel le Parti communiste devrait intensifier ses efforts.

Comment être en prise dans la société actuelle sans analyser ses évolutions ? Le discours que les communistes tenaient dans les années 30, dans les années 50 ou dans les années 70 n’est plus adapté à ce nouveau prolétariat, qui ne peut pas s’identifier à l’âge d’or perdu de la classe ouvrière conquérante. Comment toucher une fraction de la société marginalisée dans le système économique actuel fait de temps partiel forcé, de revenus en baisse, d’acquis sociaux presque réduits à néant ? Comment faire pour que des salariés travaillant dans des TPE puissent acquérir une conscience de classe ? Comment s’adresser aux jeunes issus de l’immigration qui vivent une exclusion multiforme – culturelle, sociologique, économique ?

Autant de questions qui n’ont pas été posées dans les congrès précédents.

- comment re-mobiliser les classes populaires ?

Comment re-mobiliser les classes populaires ? Cette interrogation doit être la base de notre réflexion. Si nous ne mettons pas en place des outils adaptés pour re-mobiliser les classes populaires dans toute leur diversité, nous allons à l’échec.

Nous percevons, grâce aux importants mouvements sociaux de ces dernières années, qu’une fraction de la population est très consciente des mécanismes d’exploitation, et qu’elle remet en cause pêle-mêle la mondialisation, les rapports d’exploitation et le capitalisme. Mais passés les mouvements sociaux, cette fraction de la population n’est plus mobilisée.

Nous percevons aussi qu’une partie des habitants des quartiers populaires n’ont plus de repère de classe. Ils acceptent l’idéologie dominante qui veut que l’on soit « un jeune de banlieue », « une femme issue de l’immigration ». Tout est fait pour gommer les réalités de la lutte de classe, à commencer par les divisions culturelles exacerbées par l’actualité.

Re-mobiliser les classes populaires, cela commence par refuser le découpage artificiel de la société basé sur des différences culturelles pour repositionner le débat sur les véritables divisions entre détenteurs du capital et des outils de production et exploités. Re-mobiliser les classes populaires, cela implique un travail d’éducation populaire que le PCF ne mène malheureusement plus. Cela veut dire re-former les militants communistes, retravailler la théorie marxiste, repartir dans les quartiers populaires pour faire de la politique et non plus se limiter à des apparitions ponctuelles lors des échéances électorales.

Cela passe également par un travail militant en direction du monde du travail dans toute sa diversité : services publics, administrations, grandes entreprises nationales, mais aussi petites structures locales, entreprises de services, etc.

C’est un travail difficile, de longue haleine, mais qui seul permettra au Parti communiste de renouer avec les classes populaires.

- analyser la politique européenne du PCF pour sortir du guêpier du PGE

La grande difficulté du PCF aujourd’hui, outre sa coupure avec les classes populaires, est la contradiction majeure qu’il porte sur les questions européennes. Déjà en 2005, se battre contre le Traité constitutionnel européen tout en prétendant bâtir une « Europe sociale » relevait du numéro d’équilibriste. Aujourd’hui, les contradictions sont encore plus exacerbées compte tenu du degré atteint par la crise du capitalisme. Comment combattre le TSCG tout en acceptant le cadre du Parti de la gauche européenne, qui pose l’Union européenne comme un horizon indépassable ?

L’Union européenne est une geôle pour les peuples, elle est le fer de lance du capitalisme. En accepter le cadre en laissant entendre qu’il serait ré-orientable est une fable politique qui conduit à une impasse. Le PCF doit surmonter cette contradiction majeure s’il veut être compris. Il est néfaste de laisser au seul Front national la critique de l’Union européenne, quand il suffirait d’analyser les mécanismes de l’Union européenne pour en dénoncer toute la nocivité. Il serait alors possible de proposer d’autres cadres de coopération avec les pays d’Europe, basés sur le respect de la souveraineté des nations et les coopérations mutuellement avantageuses.

- repenser notre politique internationale

La même contradiction est perceptible sur les questions internationales. D’une part, le PCF prétend défendre la paix, mais au pied du mur, ses positions sont en demi-teinte. Lors des agressions contre l’Irak, la Libye ou la Syrie, le PCF finit par céder à la propagande impérialiste quand il faudrait analyser les situations dans leur globalité et dans la réalité des rapports de force. Là encore, il s’agit d’une faillite idéologique, car critiquer l’œuvre de destruction massive de l’impérialisme dans le monde ne signifie en aucun cas adhérer à l’idéologie de ses ennemis désignés.

Le PCF a déserté les structures internationales où siègent les partis communistes frères pour lui préférer des structures comme le PGE. Il faudrait revenir à une politique internationale ambitieuse, basée sur une analyse anti-impérialiste conséquente.

 

Au total, le Parti communiste est à la croisée des chemins. Le congrès qui va s’ouvrir en février 2013 peut être celui de la liquidation s’il entérine une stratégie de dilution du PCF dans le Front de gauche et s’il ne remet pas en cause les fondements même du capitalisme à travers la domination de l’Union européenne.

Il peut aussi s’agir d’un congrès donnant une nouvelle impulsion à l’appareil, en repartant sur des bases saines qui doivent se fonder sur une analyse approfondie de la société et de l’état réel du capitalisme.

 

Caroline Andréani


Partager cet article
Repost0
9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 15:08

                                                                          MARE NOSTRUM-copie-1

 

 Entretien avec le Dr. Ammar Bagdache, secrétaire général d’un des deux partis communistes syriens

 

Réalisé par Ernesto Gómez Abascal, écrivain et journaliste, ex-ambassadeur cubain dans différents pays du Proche-Orient.

Il existe actuellement deux partis communistes syriens, utilisant le même titre. Ils sont nés d’une scission ayant eu lieu en 1986 à propos de l’analyse de l’évolution de l’ex-URSS avec Gorbatchev. Les deux partis semblent toutefois suivre aujourd’hui une même ligne politique. N’ayant pas à prendre position pour l’un ou pour l’autre, il est intéressant d’écouter ce qu’a à dire le secrétaire général d’un de ces deux partis.

Lepcf.fr


"Les forces révolutionnaires et progressistes internationales doivent soutenir les gouvernements et les partis anti-impérialistes et antisionistes"

Ernesto Gómez Abascal : Comment le Parti Communiste de Syrie (PCS) juge-t-il le gouvernement de Bachar Al Assad ?

Ammar Bagdache : Pour le Parti Communiste de Syrie, c’est un gouvernement patriotique, anti-impérialiste et antisioniste, malgré son modèle économique clairement capitaliste. Même si le Parti Baas -qui était et est toujours la force dirigeante du gouvernement- a proclamé le socialisme arabe en Syrie, il n’est pas socialiste au sens marxiste du terme. Cependant, le PCS fait partie du Front Progressiste composé aujourd’hui de 10 partis.

Nous avons un ministre dans le gouvernement et nous considérons, qu’à cette étape du parcours, c’est la meilleure option. Nous sommes et nous avons toujours été disposés à améliorer le système. En 2005 nous nous sommes opposés à des changements calqués sur le modèle néolibéral, nous avons la preuve aujourd’hui qu’ils ont donné naissance à une catégorie de marginaux que l’opposition armée a su s’attirer. Des erreurs ont été commises, maintenant il faut les corriger.

EGA : Y a-t-il des forces et des partis de gauche parmi ceux qui combattent pour renverser le gouvernement de Bachar Al Assad ? Face au gouvernement actuel, existe-t-il une alternative de gauche ?

AB : Quelques personnes qui étaient de gauche, y compris des marxistes, vivent à l’extérieur du pays depuis pas mal de temps, mais elles ont changé. Certains avaient fait de la prison en Syrie, aujourd’hui ils ont renoncé au marxisme, plusieurs ont même rejoint les Frères Musulmans, d’autres sont devenus les agents des monarchies du Golfe.

En Syrie, il y a des gens qui se considèrent de gauche qui veulent des changements et des réformes, mais ce sont des individualités, pas des partis ou des forces politiques organisées, ils sont tout de même opposés à l’intervention étrangère. Le gouvernement que nous avons en Syrie a une position constructive pour réaliser des changements importants, ils commençaient à être adoptés mais l’intervention armée étrangère empêche, pour le moment, leur mise en application normale.

Si le gouvernement actuel venait à être renversé, la seule éventualité serait la prise du pouvoir par les Frères Musulmans, ce qui constituerait un grand bond en arrière pour un peuple qui, depuis pas mal d’années, bénéficie d’un système laïque moderne, ne connait pas le sectarisme et n’a jamais vécu avec de telles tensions. Mais nous sommes optimistes, même si la lutte dure encore un certain temps, nous sommes certains qu’ils ne pourront pas nous vaincre.

JPEG - 11.9 ko Le secrétaire général entouré de membres du PC Syrien à leur siège

EGA : Sur la situation militaire, comment voyez-vous la suite ?

AB : Plus le temps passe, plus il est clair qu’ils ne pourront pas nous vaincre. Ils [l’opposition armée, NdT] n’ont pu prendre le contrôle d’aucune ville importante, malgré leur plan initial et l’arrivée de milliers de mercenaires extrémistes et salafistes, assistés des services spéciaux US et leurs alliés de l’OTAN qui travaillent depuis la Turquie, pays avec qui nous partageons une longue frontière. Le Qatar et l’Arabie saoudite leur apportent également le soutien économique et militaire. Bien sûr, notre gouvernement est soutenu par la majorité de la population. Les forces armées de la nation et les milices populaires restent unies et en ordre combatif. Malgré la situation compliquée dans laquelle se trouve le pays, les institutions fonctionnent.

EGA : Pensez-vous qu’en Libye, il y avait la possibilité de soutenir quelque force révolutionnaire ou progressiste pour une alternative au gouvernement de Kadhafi ?

AB : Le cas de la Libye est totalement différent à celui de la Syrie. Même si le peuple libyen jouissait du meilleur niveau de vie d’Afrique, avec le PIB par habitant le plus important, la personnalité de Kadhafi était très contestée, il était très incohérent dans ses positions et il a souvent abusé de méthodes anticommunistes. Il s’était réconcilié avec l’occident, mais il n’existait ni parti ni aucune force organisée connue, avec un programme révolutionnaire, progressiste ou anti-impérialiste, qui aurait pu recevoir un soutien en tant qu’alternative au gouvernement de Kadhafi.

Le positionnement approprié des révolutionnaires était de laisser les libyens résoudre leurs problèmes et s’opposer par tous les moyens à l’intervention de l’alliance impérialiste et la réaction arabe. Notre parti n’avait aucune sympathie pour Kadhafi, mais c’est l’OTAN qui l’a renversé et non le peuple libyen. Aujourd’hui, le gouvernement installé à Tripoli est assujetti aux intérêts des impérialistes.

EGA : Comment le PCS caractérise t-il le Hezbollah et l’Iran, un parti et un pays à caractère islamique ?

AB : Nous voyons qu’ils maintiennent des positions patriotiques, contre l’impérialisme et le sionisme, par conséquent ils sont des alliés. Le Hezbollah au Liban dirige un mouvement dans lequel participent aussi des partis et des organisations chrétiennes, sunnites et même marxistes. Il y a des musulmans de sensibilités politiques différentes et notre parti, part du principe qu’avec la situation actuelle dans la région, la place d’une force politique est d’être du côté des intérêts du peuple, d’être anti-impérialiste et antisioniste. C’est pourquoi nous considérons Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, comme étant un véritable révolutionnaire.

EGA : Pensez-vous qu’un parti ou une force de gauche puisse parvenir au pouvoir dans un pays de la région ?

AB : Nous n’écartons pas cette possibilité, cela dépend des masses, du peuple. En 1958, je crois que peu de gens dans le monde avait prévu qu’une révolution allait triompher à Cuba, et deux ans plus tard qu’elle proclamerait le socialisme. Le rôle d’un leadership est également très important et on ne peut pas l’exclure totalement.

EGA : Le président égyptien Mohammed Mursi, des Frères Musulmans, a tenu un discours, lors de la dernière assemblée générale de l’ONU il y a quelques jours, qui semble montrer que ce grand pays est en train de reprendre la main sur sa politique extérieure. Qu’en pensez-vous ?

AB : Je pense qu’il agit selon la volonté des masses, du peuple égyptien qu’il ne peut ignorer. Ce qu’il déclare ne doit pas faire plaisir aux USA et encore moins à Israël. Il est possible que Mursi travaille à redonner à l’Égypte le leadership du monde arabe. De plus, il est impossible d’être plus grande marionnette de l’impérialisme que Moubarak, ce serait très difficile. À l’Assemblée Générale de l’ONU, s’il a déclaré qu’il était opposé à une intervention extérieure contre mon pays, c’est parce qu’il a vu que le peuple syrien organise la résistance contre l’agression que lui soumettent l’occident et les pays du golfe, cela peut influer ses positions. Il faudra voir par la suite s’il maintient une ligne contraire aux USA et Israël.

EGA : Quelle devrait être la position de la gauche internationale, des révolutionnaires, par rapport à l’intervention manifeste de l’impérialisme et la réaction arabe pour produire des changements de régime ?

AB : Notre parti estime que les forces révolutionnaires et progressistes internationales doivent soutenir les gouvernements et les partis anti-impérialistes et antisionistes face à l’agression de la réaction, de l’impérialisme et sa politique interventionniste et d’ingérence qui transgresse les lois internationales. De nos jours, c’est cela qui caractérise une position de principes et révolutionnaire.

On ne peut se réclamer de gauche ou se dire progressiste et révolutionnaire et en même temps adhérer à ce que disent et font les Hillary Clinton, les monarques corrompus du Golfe et les dirigeants de l’OTAN.

_ _ _

Entretien avec le Dr. Ammar Bagdache, secrétaire général du Parti communiste Syrien et membre du Parlement de la République Arabe de Syrie.

Cet entretien a été publié le 02 octobre 2012 sur le site Rebelión et traduit par Jilata sur le site La garde.


 

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 15:03

 

 

 

 La vie du Parti    PCF-OUTILS.jpg   

Contribution pour un projet communiste et internationaliste
dimanche 7 octobre 2012
par  Gautier Weinmann

L’actualité du communisme

Bien des erreurs ont été commises au nom du communisme et continuent de l’être. Mais on ne peut jeter le bébé avec l’eau du bain. On ne peut minorer les mérites de l’économie nationalisée et planifiée établie par la Révolution russe d’octobre 1917. Plusieurs pays d’Amérique latine sont engagés dans des expériences progressistes qui reposent sur la reconquête de la souveraineté nationale, des nationalisations et la participation populaire. Cuba et la Corée du Nord, s’ils ne sont pas des modèles transposables à la France, résistent à l’impérialisme. Notre espérance reste celle d’une société débarrassée de l’exploitation et de la misère.

Nous sommes fiers d’être communistes, de notre contribution décisive pour notre peuple. Oui, nous sommes des bolchéviks ! La lutte de classe entre le prolétariat et les capitalistes n’est pas un choix idéologique, elle est une nécessité qui découle de la nature même du système. Le parti peut rassembler largement le peuple de France, les ouvriers, les ingénieurs, les techniciens, les employés, les cadres, les travailleurs indépendants, les fonctionnaires. Il peut aussi faire un bout de chemin avec les vrais patriotes républicains et antifascistes qui veulent ressourcer la France dans les idées du programme du CNR, de l’indépendance nationale, de la coopération internationale, de la nationalisation des grands trusts et des banques, du progrès social, de la centralité du monde du travail dans la République, de la démocratie large et de l’implication populaire. Notre parti doit se doter à l’occasion de ce 36ème congrès d’un véritable programme de luttes et de ruptures, d’un véritable projet internationaliste. C’est le sens de cette contribution, qui se veut une base de débat et non un programme ficelé de gouvernement.

Nationaliser massivement

Comme l’indiquaient Marx et Engels, la question de la propriété est la question fondamentale du mouvement révolutionnaire contre l’ordre existant. Pourquoi imaginer une usine à gaz complexe de mesures juridiques et fiscales diverses, avec d’innombrables fonds publics, régionaux ou européens, dans le but d’inverser la redistribution des richesses, quand le chemin le plus sûr est le contrôle direct des entreprises par la société ? Pourquoi ne pas lier les revendications en matière de salaires, de maintien de l’emploi, de temps de travail, de logement, d’éducation, de santé, etc. à la question du contrôle des entreprises ?

Le caractère privé des moyens de production freine le développement des forces productives. Malgré des ressources suffisantes et des capacités scientifiques et techniques pouvant satisfaire les besoins sociaux élémentaires de toute la population de la planète, la misère s’étend. Sur la base des technologies modernes et de l’augmentation de la productivité du travail, il est possible d’éradiquer complètement la pauvreté, les mauvaises conditions de logement et toutes les autres manifestations de la misère. Puisqu’une minorité détentrice des moyens de production fonde sa richesse sur l’exploitation de la majorité, sur la dépossession des moyens de production, nous en déduisons que les rapports sociaux capitalistes doivent être abolis pour permettre le développement harmonieux de l’humanité. La propriété lucrative doit être abolie, la liberté d’entreprendre, redéfinie. Cette dernière ne devra pas impliquer la domination d’un employeur sur ses employés, notamment en vertu de l’article IV de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui stipule que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».

Notre projet de société est l’appropriation collective des moyens de production et l’instauration d’une société sans classes. Toutes les banques et compagnies d’assurances, tous les grands groupes du secteur industriel et de l’agro-alimentaire, les grandes chaînes de distribution, les grands médias, doivent être soustraits au contrôle des capitalistes. Tout le CAC 40 sera nationalisé, mais pas uniquement, sans indemnités pour les gros actionnaires. La nationalisation-sanction sera d’actualité pour tous les licencieurs et les casseurs d’industries. La gestion démocratique et transparente dans l’intérêt des salariés, des usagers et des consommateurs sera établie par la loi et garantie par la Constitution. La propriété juridique des moyens de production et leur possession effective, leur jouissance, seront dissociées. Les prérogatives des actionnaires seront réduites. Il ne sera pas obligatoire de nationaliser toutes les boutiques, les cafés, les petits commerces et les entreprises artisanales.

Euthanasier les rentiers et rendre le travail obligatoire

Toute activité nécessite du capital et du travail. L’industrie lourde nécessite plus de capital (machines, bâtiments…) que les services, comme par exemple la coiffure. L’intensité capitalistique varie, mais un minimum de matériel ou d’outils est toujours nécessaire ; seules les combinaisons productives diffèrent. Le processus de production nécessite certes du capital, mais pas forcément de capitalistes !

L’idée que l’exploitation serait étrangère à la relation entre le salarié et son employeur est mise en avant par les forces réactionnaires et réformistes. L’exploitation serait d’une autre ère, celle de l’esclavage et du féodalisme. Si l’exploitation se perpétue de nos jours, ce ne serait que de manière exceptionnelle et déviante dans certains pays émergents ou chez une poignée de patrons voyous. Pour Marx et Engels, au contraire, l’exploitation n’est pas une exception mais la règle : elle est la condition sine qua non de toute embauche dans un régime capitaliste. Seuls les travailleurs produisent des richesses. Le capital exploite toujours - et de plus en plus férocement -, la force de travail en vue de dégager un profit pour ses détenteurs.

On connaît le coût du travail, le salaire (net et indirect). Il existe également un coût du capital. Celui-ci peut être estimé par le montant des crédits bancaires des entreprises et par celui des dividendes versés aux actionnaires. Les dividendes constituent le paiement de la souscription d’actions, ces dernières n’étant pas du capital réel, mais des droits de tirage sur la valeur créée au cours du processus de production et de vente.

C’est par la baisse massive du coût en capital de la production que nous pouvons renforcer notre efficacité productive et aller vers une répartition juste des fruits du travail. La baisse drastique du coût en capital signifiera l’augmentation des marges de manœuvre des entreprises françaises dans leur gestion quotidienne. Elle aura pour conséquence le déclenchement d’un cercle vertueux de développement humain. Nous proposons d’« euthanasier les rentiers », par le gel du versement des dividendes et la confiscation des actions des plus grandes firmes. L’oisif ira loger ailleurs !

D’un autre côté, face au cancer du chômage, il est vital de favoriser l’emploi stable et de garantir à chacun un droit à la sécurité d’emploi et de formation tout au long de la vie. Le travail obligatoire sera instauré pour éradiquer le fléau du chômage et l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Dans le même mouvement, ce travail sera rendu plus libre, plus intéressant, par la démocratisation de l’organisation du travail. Le préambule de notre Constitution n’est-il pas limpide ? « Le peuple français (...) proclame (...) comme particulièrement nécessaires à notre temps, les principes politiques, économiques et sociaux ci-après : (...) chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ».

Socialiser l’investissement

Il y a quelques décennies, l’investissement était administré, fixé par le Gouvernement et la Banque de France à sa main, dans le cadre d’une économie d’endettement bancaire. Désormais, la Banque centrale européenne est indépendante du pouvoir politique et les entreprises satisfont leurs besoins de capitaux via la souscription d’actions. Le secteur financier a été dérégulé, il n’y a presque plus de banques publiques et celles-ci sont soumises aux critères de gestion capitaliste.

La direction du Parti propose de redéfinir les missions de la Banque centrale européenne et de la mettre au service de la croissance et de l’emploi par une sélectivité du crédit. Cette idée, désormais défendue par les économistes et les politiciens du système eux-mêmes, est irréaliste car elle nécessite l’acceptation de toutes les autres nations de l’Union européenne. Croit-on vraiment que les 27 vont aller dans ce sens dans les quelques mois ou années qui viennent, rendant possible une révision progressiste des traités européens ? Le rythme des mobilisations sociales et des agendas politiques est propre à chaque nation. Il n’y a pas nécessairement coïncidence entre les différents pays. Si nous voulons être crédible dans la conquête du pouvoir, il nous faut faire la démonstration que nous sommes capables d’agir vite, sans hypothéquer la réalisation de notre projet au veto des autres gouvernements européens.

Le temps n’attend pas. C’est en ce sens que nous mettons en débat la nationalisation des banques et compagnies d’assurance ainsi que la reprise en main de la Banque de France, afin d’assurer le financement de l’économie. Nous mettons aussi en débat la fermeture de la Bourse ou de la faire dépérir. La Bourse est une aberration : ce sont aujourd’hui les entreprises qui la financent et non l’inverse. Les entreprises y vont moins s’approvisionner en capital qu’elles ne s’y font dépouiller. Les actionnaires extorquent en dividendes et en rachat d’actions plus d’argent qu’ils n’en apportent. Enfin, les actionnaires découragent eux-mêmes le financement par action puisque les nouvelles émissions ont la caractéristique de diluer le capital existant.

« Couper la dette » à l’aristocratie de la finance

La France a-t-elle trop dépensé pour l’école ou la santé, ou bien est-ce que ce sont les cadeaux fiscaux et sociaux qui ont asséché les recettes ? La dette a-t-elle été contractée dans l’intérêt général, ou bien peut-elle être considérée en partie comme illégitime ? À quelle oligarchie financière mondiale profite la dette publique ? Quelle stratégie engager pour se libérer de la pression des marchés ?

La charge de la dette représente désormais le premier poste budgétaire de la Nation. En 2012, près de 50 milliards d’euros ont été versés aux rentiers. Il ne faudra pas faire dans la demi-mesure. Nous devons porter la réflexion sur cette « dette odieuse », contractée sous la dictature des marchés financiers pour des objectifs contraires à l’intérêt général. La nature économique des sommes prêtées est un facteur de plus qui interroge la légitimité de la dette publique. Celles-ci, en effet, sont loin d’être la contrepartie d’une épargne patiemment amassée suite à un dur labeur. Ces sommes relèvent, pour bonne part, des banques ou des « hedge funds ». Alors que Marx, déjà, avait énoncé que la dette fournissait un moyen pour l’aristocratie de rançonner l’État et s’enrichir, les communistes doivent promouvoir l’annulation massive de la dette, comme solution à fondement économique et éthique. En 1918, la Russie bolchévique répudia complètement et unilatéralement les dettes et les emprunts contractés par la Russie tsariste. Plus récemment, la Grèce ou l’Argentine ont répudié leur dette. Pourquoi ne serait-il pas possible de faire la même chose en France, où nous subissons au quotidien l’austérité budgétaire ? Du passé, faisons table rase !

Mener la planification socialiste

La remise en cause du pouvoir capitaliste entraînera des résistances (fuites des capitaux, crise d’investissement, perte du profit…). Ces résistances sont déjà à l’œuvre face au Gouvernement PS-EELV (décisions d’ArcelorMittal, de PSA, mouvement des pigeons etc.). Une planification démocratique vigoureuse est à même de contrecarrer la contre-révolution patronale et de répondre aux besoins sociaux dans le temps long (Karl Marx ne disait-il pas que « le capital ne produit la richesse qu’en épuisant la Terre » ?).

Avancer vers le socialisme par l’appropriation effective de tous les pouvoirs par les salariés nécessitera une refonte de tout notre ordre juridique actuel (dans le passé, le Conseil constitutionnel a toujours censuré les dispositions qui allaient dans le sens d’une intervention accrue des salariés dans la définition de leurs conditions de travail). Nous instaurerons une république socialiste et révolutionnaire. Dans celle-ci, les travailleurs, et non plus les capitalistes, constitueront la classe dirigeante et exerceront leur pouvoir au moyen d’une démocratie directe, impliquant la masse de la population dans la direction des affaires, à tous les niveaux.

Libérée du joug du capitalisme et de l’exploitation, la masse de la population détiendra les clés de sa propre émancipation démocratique, sociale et culturelle. L’État sera fermement sous le contrôle démocratique des travailleurs et de leurs représentants, à tous les niveaux. C’est la condition pour que l’économie ne soit plus à la merci de la loi du profit et des forces aveugles du marché capitaliste, mais fasse l’objet d’une planification consciente dans l’intérêt de la société dans son ensemble. Cela exige de définir de nouveaux lieux de pouvoir et de contrôle démocratique et de donner les moyens intellectuels, matériels et juridiques à la masse de la population laborieuse, Français et étrangers, afin qu’elle soit en position d’intervenir constamment dans les affaires publiques. Population qui sera amenée à se prononcer en faveur de l’abrogation des Traités européens, à commencer par celui de Lisbonne.

Sortir la France de l’Union européenne, prison des peuples

Le capital mondialisé utilise la liberté de circulation des marchandises et des capitaux pour, à travers la concurrence généralisée des entreprises, des salariés entre eux, des peuples entre eux, tirer l’ensemble des sociétés vers le bas. L’Union européenne est au cœur de ce dumping social, fiscal et écologique, dans l’idée de faire grossir les profits des grands groupes à l’échelle mondiale. L’UE, ses traités, ses directives, sa monnaie sont des armes de destruction massives contre les travailleurs. L’Union européenne, construite par et pour le capital, constitue le talon de fer pour écraser les peuples. La perte de souveraineté budgétaire, dénoncée au sujet du traité d’austérité Sarkozy-Merkel (TSCG), ne date pas d’hier, mais au moins du traité de Maastricht conclu il y a maintenant 20 ans !

Une réorientation de la BCE, la démocratisation des institutions européennes ou encore une harmonisation européenne des fiscalités, des droits sociaux et des salaires ne peut se concevoir que dans le cadre d’une UE fédérale dans laquelle la souveraineté et la prise de décisions seraient transférées au niveau européen. Cette perspective est une illusion mortelle pour le mouvement populaire. Sous un discours européen qui se veut attractif, le grand patronat entend mettre un point final à l’histoire de France, renégocier à l’échelle européenne les conventions collectives, le code du travail et les statuts nationaux jugés trop favorables aux salariés de France. Il s’agirait de la casse définitive de la souveraineté nationale et des acquis. Le développement de l’empire européen du capital est le seul projet que les politiciens à la solde du patronat ont à vendre aux peuples, quoiqu’ils se passent parfaitement de son avis !

Lénine avait écrit que l’unification de l’Europe sur des bases capitalistes était une « utopie réactionnaire ». Notre projet internationaliste se fonde sur le retour à la République française souveraine. Jean Jaurès disait : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène. » Ne confondons pas internationaliste et supranationalisme ! Reprenons le combat franchement anti-UE et anti-euro, abandonné au FN au nom de la respectabilité. Tant que la « gauche de la gauche » se contentera de coller au slogan social-démocrate mensonger d’« Europe sociale », elle ne décollera pas dans les milieux populaires qui vomissent littéralement l’intégration européenne, le libre-commerce et le maudit euro. L’opposition de notre parti en 1992 à Maastricht est fondamentale, la crise actuelle le démontre. Nous appelons à reprendre ces analyses et positions de lutte, loin des illusions sur « l’Europe sociale ». « La responsabilité de la classe ouvrière dans la lutte pour l’indépendance et l’avenir de la nation n’est pas un complément à son combat pour la révolution socialiste ; elle est partie intégrante de ce combat (Marx et Engels) ».

L’euro n’a été que la cerise sur le gâteau d’un programme ultraréactionnaire dirigé pour la rente, avec l’inflation faible et écrasement des salaires. Il pousse aux délocalisations et à la désindustrialisation. Il est le vecteur permettant la libre-circulation des capitaux. Il n’est pas un « bouclier » anti-spéculation, il attire la spéculation ! La sortie de l’euro est la seule solution viable, car c’est l’euro qui n’est pas une monnaie viable, car une monnaie unique ne peut être calquée sur des économies trop différentes. L’euro n’a fait que creuser les déséquilibres structurels de la zone euro et exacerbé le différentiel de compétitivité entre les pays. La sortie de l’euro ne sera pas un cataclysme. Elle conduira effectivement à faire exploser la dette libellée en euros et obligera à des apports de capitaux dans les banques. C’est la raison pour laquelle nous proposons une sortie de l’euro par la gauche, avec annulation d’une grande partie la dette publique et socialisation des banques et sociétés d’assurance. L’État socialiste imposera aux banques et aux compagnies d’assurance l’achat régulier de bons du Trésor et la Banque de France lui prêtera sans intérêt, comme avant la loi de 1973, la loi « Rothschild ».

La sortie progressiste de l’euro se fera dans un cadre internationaliste de coopération, par la création concomitante d’une monnaie commune (mais pas unique), comme dans l’Amérique progressiste de l’ALBA. Le but ne serait évidemment pas de mener une illusoire guerre des monnaies, mais de permettre le financement des services publics par la Banque de France et la réforme immédiate du système de crédit en France. La France socialiste ne tirera pas sa croissance au détriment de ses voisins et des pays étrangers. Elle ne mènera pas une politique commerciale agressive, contrairement à l’Allemagne, par exemple, car cela est tout le contraire de la coopération, d’une « association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement pour tous » (Karl Marx). Le retour au contrôle des frontières nationale se réalisera dans le cadre d’accords bilatéraux entre la France et chacun des pays. La Charte de La Havane, dont l’objectif est de parvenir à un équilibre des échanges commerciaux entre les pays (suppression à terme de tout excédent ou de tout déficit durable de la balance des paiements de chaque pays), sera promue.

Le PCF a de l’avenir

Les travailleurs, le peuple de France ont plus que jamais besoin d’un parti communiste. Poursuivre le PCF, c’est faire le choix de continuer les luttes glorieuses de générations de militants, héritiers d’une longue et fructueuse tradition humaniste, révolutionnaire, républicaine et progressiste française. C’est empêcher de saborder les progrès historiques qui ont pu être arrachés en 1936, 1945, 1968 et à l’occasion d’autres rapports de force. C’est faire le choix de défendre les libertés, la démocratie, le progrès, la souveraineté nationale et la solidarité internationale, c’est faire le choix de la transformation progressiste de la société, de l’anti-impérialisme, de l’anticolonialisme, de l’antimilitarisme, du refus du supranationalisme autoritaire, du pacifisme, de l’antiracisme et de l’antifascisme.

C’est toujours quand le Parti communiste a été fort que d’importantes conquêtes ont été possibles. C’est quand le Parti communiste a su se faire entendre que la gauche s’est unie sur la base d’un programme ambitieux. C’est pourquoi, l’heure n’est pas à se renier mais à continuer notre combat communiste dans les conditions de notre temps. Soucieux de répondre aux enjeux tout en portant un regard critique sur nos erreurs et nos échecs depuis des années, le PCF doit se situer aujourd’hui dans la continuité historique du mouvement communiste en France, celui de la commune de Paris, du Front populaire, de la résistance, du refus de la guerre, des luttes anticoloniales, des grands mouvements ouvriers et des combats pour le progrès social.

Gautier Weinmann


Partager cet article
Repost0