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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 08:46

                                                                   

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Entretien avec Nicholas Shaxson, auteur de Les paradis fiscaux : enquête sur les ravages de la finance néolibérale

« La Grande-Bretagne est au centre d’un réseau de paradis fiscaux qui enveloppe la planète »
Par Christophe Ventura  | 

Journaliste financier et auteur britannique de réputation internationale, Nicholas Shaxson écrit régulièrement dans le Financial Times et dans The Economist. Dans son enquête approfondie consacrée au système de la finance internationale « off-shore », l’auteur éclaire d’un jour nouveau le rôle de la City de Londres – située au cœur du nouveau scandale bancaire du Libor – et du réseau formé par les anciennes colonies de l’empire britannique dans ce dernier.

Christophe Ventura : Dans votre ouvrage, vous indiquez les montants exorbitants (actifs bancaires, investissements directs à l’étranger des multinationales, évasion fiscale, etc.) qui transitent par le système international des paradis fiscaux. Selon vous, « plus de la moitié du commerce international (...) passe par eux ». Mais, au fond, qu’est-ce qu’un paradis fiscal ?

Nicholas Shaxson : On peut expliquer facilement ce qu’est un paradis fiscal avec deux mots : « échapper à » et « ailleurs ».
Les paradis fiscaux permettent d’échapper à l’impôt, certes, mais aussi aux lois pénales, à la régulation financière, aux obligations de transparence, etc. En un mot, aux responsabilités civiques et sociales. Ils exemptent les riches et les entreprises des contraintes, risques et obligations que la démocratie exige de chacun d’entre nous. La fiscalité n’est qu’un aspect de la question.
Le mot « ailleurs » est également crucial. Pour échapper aux responsabilités, il faut mettre son argent (son argent personnel ou celui de sa société) ailleurs. D’où le mot « off-shore », littéralement, en anglais : « hors du pays ». Ainsi, par exemple, la législation des Bahamas sera conçue pour attirer l’argent, non pas des habitants de l’archipel, mais des ressortissants étrangers.

CV : Quelle est leur fonction dans l’architecture de la finance internationale ?

NS : Les paradis fiscaux servent plusieurs objectifs. Leurs thuriféraires disent qu’ils permettent de remédier aux « insuffisances » du système financier international : grâce à eux, les capitaux se déplacent plus vite dans l’économie et rencontrent moins d’obstacles. Une image souvent utilisée est celle des grains de sable dans la machine : les paradis fiscaux fournissent l’huile qui lubrifie le moteur. Mais si l’on y regarde de plus près, l’on a une tout autre perspective. Quels sont ces « obstacles » qui sont supposés ralentir la finance mondiale et la rendre moins « efficiente » ? Ce sont les impôts, la régulation financière et les obligations de transparence – toutes choses qui ont une bonne raison d’exister ! On ne voit pas très bien, par exemple, en quoi le secret bancaire est « efficient » : il est peut-être bien pratique pour des personnes privées, mais il nuit au système dans son ensemble.

CV : Vous décrivez l’un des mécanismes auquel ont recours les multinationales : la « manipulation des prix de transfert  ». De quoi s’agit-il ?

NS : Les prix de transfert sont un dispositif utilisé par les multinationales pour réduire le montant de leurs impôts. En gros, ce dispositif permet de localiser les profits de la société dans un paradis fiscal – où ils ne sont pas imposés –, et les coûts dans un Etat à forte fiscalité – où ils sont déductibles des impôts. Comment la multinationale procède-t-elle ? En jouant sur le prix des biens et des services que se facturent ses filiales. Prenons par exemple le cas d’une machine construite en France et vendue en l’Equateur via les Bermudes. Les coûts de production s’élèvent à 1000 dollars pour la filiale française ; le prix de vente en Equateur est de 2000 dollars. La filiale des Bermudes paie à la filiale française 1001 dollars pour la machine, qu’elle facture ensuite à la filiale équatorienne 1998 dollars. La filiale française réalise donc 1 dollar de profit (1001 – 1000 = 1), la filiale équatorienne 2 dollars (2000 – 1998 = 2), ce qui génère très peu de recettes fiscales tant pour l’Etat français que l’Etat équatorien. La filiale des Bermudes réalise quant à elle un profit de 997 dollars (1998 – 1001 = 997), qui n’est pas imposé. Hey presto ! Voilà comment a disparu une note d’impôt salée ! La réalité est bien sûr plus complexe, mais l’idée de base est là.

CV : Qu’est-ce que l’Offshore Magic Circle  ?

NS : C’est le nom que s’est donné le petit groupe de cabinets juridiques qui dominent le secteur de la finance « off-shore ». Ils ont des bureaux dans de nombreux paradis fiscaux à travers le monde et sont passés maîtres dans l’art d’élaborer des montages financiers transfrontaliers, si fréquents aujourd’hui.

CV : Vous analysez la géographie politique des paradis fiscaux à l’échelle internationale et introduisez le lecteur aux différents groupes de « juridictions du secret  ». Selon vous, il existe une « toile d’araignée  » formée par trois cercles dont les plus importants et les plus agressifs gravitent autour de la City de Londres. Vous développez l’idée que le système des paradis fiscaux aurait une filiation avec l’histoire coloniale britannique, mais aussi française. De quoi s’agit-il ? Comment fonctionne ce nouvel empire de la finance ? Quel est le rôle actuel de la City de Londres dans le monde « off-shore  » ?

NS : La Grande-Bretagne est au centre d’un réseau de paradis fiscaux qui alimente en capitaux la City de Londres et lui procure un gigantesque volume d’affaires. Le premier cercle de la toile est constitué de ce qu’on appelle les dépendances de la Couronne – Jersey, Guernesey et l’île de Man –, dont l’essentiel de l’activité se fait avec les pays d’Europe, d’Afrique, d’ex-URSS et du Moyen-Orient. Le deuxième cercle regroupe les territoires britanniques d’outre-mer, dont les îles Caïmans et les Bermudes, tournés surtout vers l’Amérique du Nord et du Sud. Ces entités (dépendances de la Couronne et territoires d’outre-mer) sont en partie britanniques, en partie autonomes : la Grande-Bretagne prend en charge leur défense, s’assure de leur « bonne gouvernance », et les gouverneurs sont nommés par la reine ; leur politique intérieure est en revanche indépendante. Au-delà de ces deux cercles, d’autres paradis fiscaux entretiennent des relations étroites avec la City de Londres, mais ils ont rompu tout lien institutionnel avec l’ancienne métropole coloniale – Hong-Kong par exemple.
Ce réseau de paradis fiscaux enveloppe la planète : chaque maillon « capture » les capitaux qui transitent dans sa sphère géographique et les achemine jusqu’à la City.

CV : Et celui des Etats-Unis ?

NS : Les Etats-Unis, notamment depuis les années 1970, ont sciemment adopté une législation qui assure aux fonds étrangers le secret bancaire et divers avantages fiscaux ; cela a permis d’attirer dans le pays quelques milliers de milliards de dollars de capitaux flottants en provenance de l’étranger. Certaines infrastructures « off-shore » existent au niveau de tel ou tel Etat, mais les plus importantes sont directement disponibles au niveau fédéral. Les Etats-Unis disposent également d’un petit réseau de satellites, tels le Panama ou les îles Vierges américaines, mais ce réseau est sans commune mesure avec la toile d’araignée britannique.

CV : Plongeant le lecteur dans l’histoire de l’évasion financière et fiscale, vous indiquez que le « vrai Big-Bang  » a eu lieu à la fin des années 1950 avec l’émergence des eurodollars – les dollars détenus en dehors des Etats-Unis – et de l’Euromarket. Pouvez-vous nous en dire plus ?

NS : C’est une longue histoire, fort passionnante. En résumé, la City de Londres a offert aux banques un nouvel environnement non régulé, qui leur a permis dès les années 1950 de contourner la réglementation financière stricte mise en place au niveau national. En définitive, grâce à ce terrain de jeu « off-shore », Wall Street a pu croître de façon extraordinaire et retrouver toute sa puissance politique : elle a fait mainmise sur l’appareil d’Etat aux Etats-Unis et convaincu le législateur que la seule voie à suivre était celle prise par Londres.

CV : Vous proposez d’affronter le « système off-shore  » et formulez pour ce faire plusieurs recommandations précises. Elles concernent les pays occidentaux (notamment le Royaume-Uni) comme ceux du Sud, le thème des réformes fiscales ou celui de la lutte contre la corruption. Que pourrait être, selon vous, une finance régulée ?

NS : Le système de Bretton-Woods, en place pendant les vingt-cinq années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, nous fournit le meilleur exemple d’une finance bien régulée : de nombreux pays avaient instauré un contrôle des capitaux et un contrôle des changes ; les échanges financiers et la spéculation internationale étaient sévèrement encadrés ; le taux marginal de l’impôt sur le revenu était très élevé. Certains aujourd’hui considèrent cette période comme l’âge d’or du capitalisme : le commerce était libre (relativement), mais pas la finance ; il y avait une forte croissance économique, peu de crises financières, et les inégalités se réduisaient. Il est intéressant de noter que, tout récemment, le FMI a estimé que le contrôle des capitaux n’était peut-être pas une si mauvaise idée que ça…

CV : Que peut faire un pays comme la France ou l’Union européenne pour lutter efficacement contre les effets nocifs de la finance « off-shore »  ?

NS : Il n’y a pas de recette miracle. La première chose à faire est de bien comprendre le rôle de la finance « off-shore » dans l’économie mondiale. Il convient de s’en faire une nouvelle idée. Puis il faut prendre toute une série de mesures ciblées – j’en décris certaines dans mon livre. Il faut par exemple établir un régime où les multinationales sont imposées en fonction de leur activité économique réelle plutôt qu’en fonction de leur forme juridique artificielle et compliquée : dans un tel régime, leur activité dans les paradis fiscaux ne serait pas prise en compte. Si les multinationales se retirent des paradis fiscaux, ceux-ci perdront une grande part des protections politiques dont ils bénéficient depuis des années.

CV : La construction européenne, dont deux principes fondamentaux sont « la libre circulation des capitaux » et « la concurrence libre et non faussée », n’a-t-elle pas favorisé la concurrence fiscale et par là même la constitution de nouveaux paradis fiscaux à l’intérieur même de ses frontières (le Luxembourg, les Pays-bas, l’Irlande, etc.) à côté des paradis fiscaux « traditionnels » comme la Suisse ?

NS : Absolument. Tout le monde sait que la Suisse est un paradis fiscal, mais il y en a d’autres en Europe : le Luxembourg, notamment, et bien sûr le Royaume-Uni. L’Autriche, les Pays-Bas et l’Irlande jouent aussi un rôle important. A chaque fois que l’Union européenne tente de s’attaquer au problème, elle se heurte à des obstacles politiques – et ce, depuis le début.

CV : La lutte contre les paradis fiscaux n’est-elle pas perdue d’avance : les pays émergents tels que le Chine, l’Inde et d’autres ne vont-ils pas aussi chercher à profiter des facilités de la finance « off-shore »  ?

NS : Les paradis fiscaux ont été voulus par les élites fortunées des différents pays de la planète. Ils causent sans doute bien davantage de dégâts dans les pays en développement que dans les pays riches de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Et oui, c’est vrai : les élites chinoises soutiennent fermement Hong Kong (et son proche associé : les îles Vierges britanniques), en dépit des conséquences désastreuses pour le reste de la population du pays.

CV : Dans vos conclusions, vous vous adressez également aux médias. Quel est votre message aux journalistes et experts ?

NS : Un consensus est parvenu à s’imposer. Il stipule que le système est « efficient » et que les paradis fiscaux sont une bonne chose. Commençons par remettre en cause ce postulat. Le sujet est souvent si complexe que, pour expliquer comment les choses fonctionnent, les journalistes ont recours aux « experts » – la plupart du temps, des professionnels des « Big Four », les quatre grands cabinets d’audit. Le problème, c’est que ces cabinets d’audit font leur chiffre d’affaires en aidant leurs clients à échapper à l’impôt et à leurs autres obligations. Leur point de vue est donc biaisé en faveur du système. A chaque fois que les journalistes font appel à eux, leur vision du monde pernicieuse se diffuse auprès de l’opinion et s’incruste davantage dans les consciences.

CV : Voyez-vous une responsabilité imputable aux places « off-shore » dans les déboires de la zone euro, du système bancaire européen et de la Grèce ?

NS : Ceux qui, dans les paradis fiscaux, font les lois sont toujours séparés de ceux qui ont à en subir les conséquences. Il n’y a jamais de véritable consultation démocratique quand ces lois sont adoptées. Le problème est que ceci n’est pas seulement un acte délibéré. Les choses vont plus loin. C’est l’essence même des paradis fiscaux. Ces lois sont faites par des initiés pour des initiés : personne ne rend de comptes à personne, au contraire de ce qu’exige la démocratie. Les paradis fiscaux sont des machines législatives à usage privé, quasiment des cabinets secrets. Les conclusions à tirer de la dernière crise financière, comme de la prochaine, devraient être plutôt claires.

Entretien traduit par Emmanuel Fourmont, traducteur de l’ouvrage.

Les Paradis fiscaux : Enquête sur les ravages de la finance néolibérale, de Nicholas Shaxson, aux éditions André Versaille, Bruxelles, avril 2012, 448 pages, 19.90 euros.

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 14:48

  Clio

Clio,la Muse de l'Histoire  

 

 

 

L’Appel du 10 juillet 1940 de Duclos et Thorez.

Quel contraste entre la célébration, relancée par Chirac et Sarkozy, de l’Appel du 18 juin 1940 de De Gaulle et le silence autour de l’Appel du 10 juillet 1940 de Jacques Duclos et Maurice Thorez !

Rien même, cette année encore, dans l’Humanité sur ce texte essentiel dans le développement de la Résistance en France, cette base des acquis de la Libération! Comme si plus aucune voix ne devait s’élever contre l’histoire officielle des tenants de l’idéologie dominante qui s’applique à dénigrer le rôle du PCF, comme avant-garde de la classe ouvrière, dès 1940 dans la restauration de l’indépendance nationale et dans les avancées sociales de la Libération.

Il y a quelques semaines, une provocation de la municipalité d’extrême-droite de Bollène dans le Vaucluse (Mme Bompard) suscitait l’indignation légitime de toutes les organisations républicaines, au premier rang desquelles le Parti communiste français. Lors de la cérémonie commémorative de l’Appel du 18 juin, les autorités municipales ont fait couper la sonorisation lors de la diffusion du Chant des Partisans. C’est un affront aux anciens résistants présents, à la mémoire de l’unité des forces patriotiques pour la Libération du pays. La maire, qui dissimule mal sa nostalgie pétainiste, s’est engagée à laisser diffuser le Chant des Partisans à l’occasion de la cérémonie de libération de la ville en août.

De telles attaques ne sauraient, pour autant, laisser confondre de façon indifférenciée et unanimiste toute l’histoire de la Résistance dans l’imagerie gaulliste.

L’Appel du 18 juin et l’Appel du 10 juillet sont de nature complètement différente.

De Gaulle, représentant de la caste militaire et de la partie des classes possédantes qui ne mise pas sur l’Allemagne et souhaite défendre l’indépendance de l’impérialisme français, n’appelle pas à la résistance sur le sol national en 1940.

Son « appel » appelle à s’appuyer sur l’Empire colonial et sur les impérialismes britannique et américain pour continuer la guerre de l’extérieur. Il demande à tous ceux qui le peuvent à le rejoindre à l’étranger.

Son but affiché est la restauration de l’impérialisme français. Il se manifestera de façon permanente dans les trois décennies qui suivront, à commencer par l’horreur des massacres colonialistes de Sétif en Algérie dès mai 1945. Un livre récent de l’historien Henri de Wailly, peu marqué à gauche,  « 1945, l’Empire rompu » (éditions Perrin), souligne l’intransigeance aveugle et meurtrière de De Gaulle en Syrie, en Indochine et en Algérie.

A la Libération, de façon pragmatique, considérant le rapport de force, De Gaulle, ce représentant de la grande bourgeoisie réactionnaire, devra concéder au mouvement populaire, conduit par la résistance communiste, certains acquis sociaux et démocratiques. A contrecœur.

L’Appel de Jacques Duclos et Maurice Thorez a une signification politique bien plus profonde. C’est un texte décisif et fondateur. Il porte une analyse précise de la trahison des classes possédantes, passant par Munich, qui a conduit à l’invasion allemande et à la perte de la souveraineté nationale. Il l’analyse envisageant, déjà en 1940, les ruptures structurelles qu’il faudra imposer. Il est un appel clair à la mobilisation du peuple, d’abord de la classe ouvrière, parce que c’est cette classe sociale qui a le plus intérêt à combattre le joug nazi et la politique fasciste, antisociale et antinationale, de la Collaboration. Il est le point de départ de la réorganisation du PCF, seul parti à rester organisé, même pendant les plus dures périodes pendant toute la guerre, et à mettre toute sa structure au service de la libération nationale et des intérêts populaires. Il porte aussi, ce n’est pas un détail, la revendication de la libération des peuples asservis par l’impérialisme français.

« Ce ne sont ni les généraux battus, ni les affairistes, ni les politiciens tarés qui peuvent relever la France… C’est dans le peuple que résident les grands espoirs de libération nationale et sociale. Et c’est seulement autour de la classe ouvrière, ardente et généreuse, pleine de confiance et de courage, parce que l’avenir lui appartient ; c’est seulement autour de la classe ouvrière guidée par le Parti communiste, parti de la propreté, de l’honneur et de l’héroïsme, que peut se constituer le front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France ».

Cet extrait de l’Appel du 10 juillet 1940 était prémonitoire.

 

120710_appel_thorez_duclos.jpgNous reproduisons ci-dessous un article d’André Moine, paru en 1974, dans les Cahiers d’histoire de l’Institut Maurice Thorez.

Il explique bien le contexte de la rédaction de l’Appel du 10 juillet, sa diffusion de masse, le rôle qu’il a joué dans la préparation puis le développement de la résistance, comment il préfigure, de loin, la Libération nationale et sociale et ses conquêtes. L’Appel s’adresse aux travailleurs, aux masses populaires, à l’intérieur du pays, à cette classe ouvrière qui « seule, dans sa masse aura été fidèle à la France  profanée », selon la formule reconnaissante de l’écrivain François Mauriac.  

Il émane du parti qui « a été le noyau le plus ferme et le plus clairvoyant du grand combat pour la libération de la France » (André Moine).

(L’article d’A. Moine en PDF)

(L’Appel de Duclos et Thorez en PDF)

 

Un appel historique à l’union : 10 juillet 1940

 

Par André Moine (Les Cahiers d’histoire de l’Institut Maurice Thorez, n°10, 1974)

 

Début juillet 1940 : nous sommes au cœur d’une véritable dislocation nationale ; en juin, 6 millions de Français sont dispersés sur les routes, mitraillés par les aviations allemande et italienne. Quand les longues files de l’exode s’arrêtent, c’est pour se rendre compte de la dispersion des familles et de l’ignorance du sort de deux millions de prisonniers. L’armée est disloquée, et c’est pour beaucoup une dure et inexplicable surprise. Les institutions du pays sont en grande partie mises dans l’impossibilité de fonctionner et toutes les formations sociales et politiques légales sont divisées, désemparées. La confusion est partout. Et puis, d’abord, il faut vivre, dans une confrontation parfois tragique avec le retour d’exode, le ravitaillement, le travail, la recherche des disparus…

La défaite écrase les esprits : la stratégie des généraux français, vainqueurs 25 ans plus tôt, a été bousculée ; les places fortes « imprenables », la ligne Maginot rendues inutiles ; le matériel de guerre apparemment surclassé ; et, par-dessus tout, la pagaille, l’incapacité, les ordres en qui se flaire la trahison.

Les Allemands, qui occupent déjà une partie de l’Europe, s’installent sur près des deux tiers du pays, provoquant un choc psychologique, une crainte indécise, un problème imprévu, dont on ne discerne pas encore les contours.

C’est dire que les perspectives nationales sont bouchées, ou plutôt qu’elles s’ouvrent, comme le note R. Paxton, sur une volonté massive de paix chez les civils et chez les militaires.

Or la défaite n’était pas le fruit du hasard, de circonstances imprévisibles, pas plus que d’une simple supériorité militaire allemande. Elle était la conséquence logique d’une politique menée depuis 1938, qui tournait le dos à l’intérêt national.

La grande bourgeoisie française, profondément effrayée par le mouvement du Front populaire en France et en Espagne, fit tout pour arrêter cet élan des masses, y compris en cherchant ses appuis à Berlin. Les dirigeants français revinrent dès cette époque à leur politique des années 1918/1920 qui visait à détruire militairement l’Union Soviétique considérée comme le cœur du mouvement ouvrier, mais cette fois avec un nouvel instrument : Hitler. Répression antidémocratique, antisoviétisme, recherche d’appuis avec l’Allemagne nazie allaient de pair. La classe dirigeante ne prépara pas la guerre et elle accepta la défaite comme le moyen d’asseoir plus sûrement sa domination.

Entré au ministère comme vice-président du Conseil, signant l’armistice après l’avoir appelé de ses vœux, Pétain assassina la République le 10 juillet 1940, se faisant octroyer les pleins pouvoirs par un Parlement d’où sont exclus les communistes depuis huit mois. Seuls quatre-vingts parlementaires ne participent pas à ce coup de grâce.

Le diplomate américain à Paris, Biddle, témoigne : « Le Maréchal Pétain avait été choisi comme chef du gouvernement parce qu’il passait pour le seul homme qui put amener le peuple à accepter des conditions d’armistice que l’on prévoyait rigoureuses et qui put en même temps empêcher une révolution ».

En fait, la défaite permet de parachever la victoire des forces réactionnaires et antinationales. Pétain, après avoir « fait don de sa personne à la France », fait don de la France à l’Allemagne, qui va commencer une politique de pillage des richesses françaises.

Cependant, cette politique se couvre d’un rideau « national » et « socialiste ». Le partage des tâches, nécessaire, entre le gouvernement de Vichy et les représentants nazis à Paris n’est pas toujours facile.

Pétain tire, à sa façon, les leçons de la défaite, en culpabilisant les Français : « l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice… On a voulu épargner l’effort ; on rencontre aujourd’hui le malheur » (21 juin). Il faut donc, d’après lui, se soumettre aux conséquences de la défaite. Pétain n’hésite pas à parler de régime nouveau, de « Révolution nationale » et à développer, dès 1940, des thèmes anticapitalistes, nationalistes ; il se fera, à ce moment, procureur contre les « responsables de la déroute ». S’appuyant sur la défaite et sur la crise sociale, usant des pouvoirs qu’il a reçus et de son prestige, Pétain préside à une puissante campagne pour dévoyer l’opinion.

L’occupant, lui, fait patte de velours ; c’est le temps de l’offensive du sourire et des manœuvres pour gagner le cœur et la pensée des Français.

Certes, la présence du drapeau à croix gammée porte un coup aux sentiments des patriotes et des antifascistes. Mais les soldats allemands sont corrects, les autorités allemandes aident la population à se réinstaller, elles libèrent des prisonniers politiques, et vont jusqu’à laisser entendre que le Parti communiste français pourrait accepter une telle politique. Les nazis s’efforcent de faire faire le travail répressif, la sale besogne, par les hommes de Vichy.

On conçoit que, dans de telles conditions, l’obscurité, la confusion, les interrogations et les doutes dominent les pensées. Si les perspectives d’avenir ne se discernent pas, les dangers sont bien réels d’une perversion des esprits, tout du moins d’une résignation générale.

Il importe de ne pas oublier, ni de sous-estimer la conscience nationale et la volonté de résistance d’une petite minorité : officiers, soldats qui refusent de capituler devant l’armistice, civils qui mesurent le drame et se rangent dans l’opposition, rares hommes politiques. Puis, le Parti communiste français se dresse contre le nouveau régime et l’occupation. Mais, il faut bien dire qu’en juillet, tous ceux-là sont à contre-courant et leur mérite peut en être d’autant souligné. Leur attitude laisse seulement percevoir ce qu’il aurait été possible de faire avec une autre politique, et en fait, ce que deviendra la Résistance.

D’autant plus qu’on ne saurait méconnaître les racines de la naissance et du développement de la Résistance. D’une part, elles se frayaient un chemin à travers certaines volontés de redressement, qui se reflètent même en mai 1940, jusque parmi des ministres, et se traduisent notamment par des tentatives d’ouvertures en direction de l’URSS.

D’autre part et surtout, elles se sont nourries des actes d’un parti, le Parti communiste français. En mai, à plusieurs reprises, dans l’Humanité clandestine, il trace l’ébauche d’une politique de défense nationale avec des propositions claires tendant à transformer le caractère de la guerre : chasser les banqueroutiers, libérer les emprisonnés et les internés, réintégrer les élus du peuple, rétablir les libertés démocratiques et les lois sociales ; constituer un gouvernement de paix s’appuyant sur les masses populaires, prenant des mesures immédiates contre la réaction et s’entendant avec l’URSS pour rétablir la paix générale.

Un mot d’ordre est partout répété : imposer la paix dans la sécurité et l’indépendance nationale.

On sait que le 6 juin, le Parti communiste, par l’intermédiaire de G. Politzer, transmettait au gouvernement des propositions de mesures concrètes de mobilisation populaire pour la défense de Paris.

Ainsi, le Parti communiste français s’efforçait, dès ce moment, de poser des jalons pour l’avenir et de dégager les bases d’une action capable de s’opposer aux conséquences de la capitulation.

L’appel du 10 juillet est inséparable de cette situation historique concrète comme des prémices politiques qui l’enracinent.

 

LES CIRCONSTANCES DE L’ELABORATION ET DE LA DIFFUSION DE L’APPEL

 

Si l’on se reporte aux Mémoires de Jacques Duclos, c’est le 5 juillet, à l’annonce de la réunion de l’Assemblée des deux chambres, que fut décidé l’appel au peuple de France.

Deux documents nous confirment que l’élaboration de l’appel date bien de la première décade de juillet : un numéro 60 de l’Humanité clandestine du 7 juillet et un deuxième numéro 60 sans date, mais dont la rédaction permet de le situer, en tout cas, avant le 10 juillet. Ces numéros contiennent un « Appel au peuple de France » signé de M. Thorez et de J. Duclos. Très court, on y retrouve des formules identiques ou analogues, de mêmes mots d’ordre, la même idée centrale du front de la liberté, du travail, de l’indépendance de la France.

C’est une ébauche, une préfiguration de l’Appel du 10 juillet.

Cependant, le texte donné aux imprimeurs Tirand et Le Marrec ne sera pas tiré sans difficulté. D’après Jean Jérôme, qui servit d’intermédiaire, une première composition, trop longue pour le papier disponible, dut être refaite après une recherche de caractères plus petits…

Ce contre-temps permit à J. Duclos de revoir le texte et de l’actualiser ; finalement, l’appel commença à être tiré, sur deux machines, à des centaines de milliers d’exemplaires, vraisemblablement au plus tard dès la dernière décade de juillet.

Du fait de la publication massive de l’appel sous forme de tracts, l’Humanité clandestine centrale, à Paris, ne le reproduit pas et se contenta d’y faire référence en appelant à le lire et à le diffuser. Par contre, il est reproduit dans les numéros de l’Humanité clandestine de la zone non occupée, dès août 1940.

C’est ainsi que l’appel du 10 juillet fut diffusé dans toute la France durant, au moins, tout le dernier semestre de 1940. Il constitua, non seulement un élément psychologique important, mais il servit effectivement de guide pour des milliers de militants plongés au plus noir de la clandestinité.

Son impact, sa valeur politique, son rôle de témoignage historique ne sont disparus après la Libération. Il a subi avec succès l’épreuve du temps : des extraits, des citations ont été repris dans ne nombreux ouvrages. On retrouve intégralement le texte de l’appel notamment dans le tome XIX des œuvres de M. Thorez, édité en 1959, ainsi que dans le tome II des Œuvres choisies, publié en 1966.

L’appréciation correcte d’un texte ne peut se faire que si l’on prend en considération la situation du moment.

Nous avons rappelé plus haut quelques traits de cette situation en juillet 1940. Cela ne saurait suffire. Il faut encore saisir les conditions « internes » dans lesquelles il a été rédigé.

D’abord, celle de la clandestinité totale, sans appui de masse, sous une pression considérable : 90 arrestations, 9 organisations détruites entre le 1er et 7 juillet, rien que dans la région parisienne.

Les hommes qui rédigent l’appel sont en partie isolés, ne disposent que des informations officielles et de bien rares informations de leurs « contacts ». Il a fallu beaucoup de mérite et de lucidité pour ne pas se tromper sur l’essentiel dans ces conditions.

De plus, il fallait tenir compte de l’appréciation sur le caractère de la guerre formulée par l’Internationale Communiste, à laquelle appartenait le Parti communiste français. On sait que l’IC avait analysé la guerre de 1939-1940 comme une guerre uniquement et globalement impérialiste, sans tenir compte des situations particulières où se trouvèrent placés différents pays. Même si elle ne correspondait pas à sa politique effective, cette appréciation est reprise par le Parti communiste français, et se traduit, dans l’Humanité par exemple, par des formulations inadaptées, en décalage avec d’autres.

Cette analyse pèse visiblement sur l’appel. D’autant plus que l’heure n’est pas à la manifestation de divergences qui risqueraient d’ajouter à la confusion générale. Ainsi, la dénonciation du capitalisme d’une manière générale, en bloc, manque sans doute de nuances ; l’insistance sur la volonté de paix des communistes en 1939-1940, si elle est opportune et justifiée, ne peut-elle pas apparaître à tort comme estompant les responsabilités profondes du nazisme ?

D’autres formulations, qui, aujourd’hui, peuvent paraître à première vue des erreurs grossières, doivent être appréciées, elles aussi, dans la réalité précise des circonstances pour les situer à leur juste niveau ; elles doivent faire l’objet d’un examen parfois très fin. Ainsi, « la réprobation de voir la France enchaînée au char de l’impérialisme britannique » voilait certes la distinction à faire, dès ce moment, avec l’impérialisme allemand. Mais, d’une part, n’avait-elle pas un fondement, après le rôle néfaste joué en 1938-1939 par l’impérialisme britannique, après son projet d’union asservissante en 1940, et après le bombardement de Mers-el-Kébir ? De Gaulle n’a-t-il pas été obligé par la suite de résister, parfois durement, aux pressions constantes des autorités britanniques dont les buts de guerre n’ont jamais été séparés d’intérêts impérialistes ?

D’autre part, il convient de remarquer que cette réprobation se présente dans le texte de M. Thorez et de J. Duclos comme un rappel du passé : « Le peuple de France… a su, sous les formes les plus diverses, montrer sa réprobation de voir la France enchaînée au char de l’impérialisme britannique et il saura signifier aussi à la bande actuelle au pouvoir sa volonté d’être libre ». La nuance ne saurait être négligée : elle est, au contraire, très significative de l’orientation générale qui guida le rédacteur.

Mettons donc chaque chose à sa place : les appréciations déformantes, les formulations discutables, inadaptées doivent, elles aussi, être replacées dans l’ensemble du texte et situées dans toute la politique patriotique pratiquée par le PCF durant cette période. La ligne générale doit être dégagée et replacée dans la globalité de la pratique politique.

 

LE CONTENU FONDAMENTAL

 

L’Appel répond aux interrogations pressantes des masses populaires

 

Ces interrogations concernent les raisons de la situation créée et les responsabilités. L’Appel les dévoile.

« La France meurtrie, douloureuse, trahie par ses dirigeants subit la rançon de la défaite. Voilà où nous ont conduit les politiciens à la Daladier… soutenus par un Parlement de valets et de corrompus. » L’Appel insiste sur la « trahison des classes possédantes » en évoquant les « Bazaines de 1940 », Thiers et l’Assemblée de Versailles. Il dénonce « les gouvernants français qui n’ont pas voulu la paix, ne se sont pas préparés à la guerre et ont sciemment organisé la trahison ».

Pareillement, il met au pilori les affairistes les profiteurs de guerre, la « dictature des forbans » qu’il oppose à la misère sans nom des blessés, des malades, des chômeurs, et des victimes de la répression.

En parallèle, il invoque l’attitude des communistes qui « seuls… ont lutté contre la guerre » et que l’on a frappés parce que défenseurs du peuple, sous le prétexte d’avoir réclamé un débat sur la paix au Parlement.

L’Appel, par ses explications, révèle une de ses premières qualités : il reflète la situation concrète, la pensée populaire. Non pour la suivre, mais pour l’éclairer.

Il est né dans la souffrance du moment et l’exprime intensément, non à la manière de Pétain pour justifier les abdications, mais au contraire, pour en dévoiler les causes réelles, accuser les responsables, et appeler au refus.

Pour l’organisation et le développement futur de la Résistance, il fallait que ces choses soient dites, et seul, le Parti communiste pouvait le faire pleinement.

Les revendications proposées, les mots d’ordre revendicatifs formulés tendent à regrouper les travailleurs pour leur propre défense. Ils répondent aussi à une exigence politique du moment : démasquer la démagogie pétainiste et nazie, faire pièce aux illusions semées par les thèmes de la « Révolution nationale ».

La perspective avancée d’un « gouvernement de la renaissance française composé d’hommes courageux et honnêtes, de travailleurs manuels et intellectuels… », souligne qu’il n’y a rien à attendre d’un « gouvernement de honte », d’affairistes et de politiciens tarés. Elle s’inscrit dans la grande idée qui traverse le document : c’est dans le peuple que se trouvent les forces de rénovation et de libération.

 

L’Appel indique où sont les forces nationales, l’espoir de la France

 

Les élites ont trahi ; Pétain abdique. La France est isolée, en partie occupée. Beaucoup, comme l’antimunichois de l’Aude, Georges Hourdin, doutant de tout, estiment que le pays « était devenu définitivement une petite nation ».

 

Que faire donc ? Vers qui se tourner ?

L’Appel de M. Thorez et de J. Duclos réplique à ces attitudes, répond à ces questions ; il indique le sens d’une recherche, donne une perspective, dégage une nouvelle confiance. Cela était capital.

Il le fait par son existence même qui affirme que dans la tempête subsiste, comme un roc, une grande force politique, point de ralliement des courages dispersés. Dans les mois qui suivent, il sera une arme précieuse, matérielle et politique, pour le regroupement et le redressement du Parti, premier noyau nationalement organisé de la Résistance.

Il le fait par des phrases incisives : « C’est dans le peuple que résidente les grands espoirs de libération nationale et sociale… C’est autour de la classe ouvrière ardente et généreuse… »

Il s’agit d’une appréciation fondamentale, d’une portée historique, qui plonge dans le passé et va au-delà des circonstances. Là encore, seul, le Parti communiste pouvait la saisir, non pas par une sorte de divination, ou en raison d’une « mission » à remplir, mais du fait de son enracinement dans les masses populaires, de la rigueur, même relative, de ses analyses et de la pratique politique invariablement nationale élaborée depuis une dizaine d’années sous la conduite de M. Thorez.

Avec les batailles antifascistes, le Front populaire, les luttes pour une « France forte, libre et heureuse », l’opposition à la trahison de Munich, la classe ouvrière s’élève aux responsabilités nationales, elle devient l’élément déterminant de la nation, le meilleur catalyseur des forces populaires et patriotiques. En 1940, c’est elle qui pouvait et devait, avec son parti d’avant-garde, relever le drapeau de l’indépendance nationale. L’appel du 10 juillet est la suite logique des propositions du 6 juin pour la défense de Paris. On sait que F. Mauriac fera, plus tard, le constat lucide du rôle national de la classe ouvrière.

Enfin le texte rappelle qu’il existe un pays, l’URSS, qui peut aider la France à reconquérir son indépendance. Il ouvre, dans ce domaine, l’espoir d’un appui international.

 

Résistance dans le mot ou préparation réelle ?

 

En juillet 1940, il ne pouvait être question, en France, de résistance au plein sens du terme. La résistance militaire était brisée ; la résistance politique devait prendre corps, d’abord en démasquant Pétain. Lorsqu’une grève ouvrière est complètement battue dans une entreprise, le syndicat liquidé, les militants révoqués et le syndicat patronal triomphant, il n’est plus question de grève, mais d’un log et difficile travail d’explications, de clarifications, voire d’organisation clandestine. C’était, sur le terrain national, la situation de juillet 1940.

De Gaulle, à Londres, le percevait bien, qui appelait au regroupement en Grande-Bretagne et dans l’Empire. « Nous sommes submergés par les forces ennemies… La France n’est pas seule ! Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique » (appel du 18 juin). « Je parle avant tout pour l’Afrique du Nord française » (appel du 19 juin). Le 26 du même mois, son mémorandum à Churchill préconise la formation d’un Comité national français pour organiser les résistances qui « se révèleraient dans l’Empire, et, peut-être, dans la métropole ».

Cette attitude de de Gaulle se comprend d’autant mieux que ses positions de classe ne l’amène pas à regarder vers le peuple.

Le texte du 10 juillet, rédigé à Paris, au cœur du drame, ne pouvait évidemment pas être un appel direct à la Résistance. Il était l’énoncé concret de sa préparation. Il en définissait déjà les trois grandes composantes : l’indépendance nationale, l’action populaire, l’union de tous les patriotes.

Certes, l’Appel part en quelque sorte de la situation matérielle des Français ; il détermine avec précision un certain nombre de revendications : le travail, l’aide aux démobilisés, aux victimes de la guerre, aux paysans qui ont perdu leur récolte, le rétablissement des libertés, le droit de parution de la presse démocratique…

Mais en quoi cela est-il contradictoire avec la lutte nationale ? La liaison entre ces deux objectifs de lutte n’est-elle pas, au contraire, une condition de sensibilisation et, ensuite, de mobilisation des masses ? Comment regrouper, non plus quelques personnes d’élite, mais de larges secteurs de l’opinion, les engager à une action immédiatement possible et encourageante à partit des plus petits faits sensibles, qui rendra confiance aux larges masses ? Que l’accent, à tort ou à raison, soit mis sur tel aspect ou tel autre, on peut en discuter. Cela ne change en rien au fond.

En juillet-août 1944, dans une situation et un rapport de forces complètement modifiés, l’Humanité clandestine, qui appelle à la préparation directe de l’insurrection, n’en néglige pas pour autant la lutte revendicative. Le numéro du 4 août 1944, en première page, titre : « La lutte pour le pain inséparable de la lutte pour la délivrance de la patrie ».

En vérité, en ce domaine, l’Appel reflète un solide réalisme et un grand sens politique ancrés dans les luttes sociales et politiques précédentes ; il exprime aussi une orientation profonde : faire confiance, et s’appuyer sur l’action du peuple français.

 

4) Une trame globale ; l’Union pour l’Indépendance nationale. 

 

Le soubassement de l’Appel et de tous les fils qui s’en dégagent jusqu’aux mots d’ordre finaux s’articule autour des deux thèmes de l’union et de l’indépendance nationale, toujours liés à l’action populaire.

Ce n’est pas un hasard si la première phrase est pour dénoncer les responsables de la guerre, de la défaite et de l’occupation. Il est bien précisé par la suite qu’il s’agit « de l’occupation par l’armée allemande aux frais de la France ». Que de ce fait, « le peuple de France connaît l’humiliation de cette occupation et ne sent pas chez lui ».

Le ton n’est pas seulement à une constatation, mais à l’opposition : « la France ne deviendra pas une sorte de pays colonisé… il faut que la France soit aux Français… La France veut vivre libre et indépendante… La France doit se relever en tant que grand pays avec son industrie et son agriculture… Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves… il n’y a de paix que dans l’indépendance des peuples… ».

Le fait qu’on trouve une douzaine de fois le mot indépendance dans l’Appel (« indépendance complète et réelle ») n’a-t-il pas une signification dans un pays occupé ? Et peut-on négliger l’invitation à la constitution d’une « Front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France », qui n’apparaît en aucun cas comme un mot d’ordre plaqué mais qui s’insère dans tout le texte ?

A moins que les mots ne perdent leur sens, il nous emble que tout cela est, globalement sans équivoque.

 

En fait, un souffle patriotique incontestable anime l’Appel. On y sent l’indignation et la colère vengeresse contre la trahison.

Ici, les auteurs assument les traditions patriotiques des jacobins, des communards, des antimunichois, d’un patriotisme populaire contre les fossoyeurs de la patrie et contre l’occupation étrangère.

L’Appel fond en quelque sorte la revendication à la libération nationale avec celle de la libération sociale sous-tendant les réclamations immédiates au pain et à la liberté. Ce faisant, il ne réduit pas le patriotisme, il lui donne, au contraire, toute sa force – un patriotisme qui n’est pas inspiré par les seules circonstances, ou par les intérêts occasionnels d’une caste, d’une minorité, ou qui risque d’être un jour perturbé ou limité par eux, mais qui s’enracine et prend sa vigueur dans le peuple tout entier. En ce sens, comme en 1792, il est pleinement national. Et cela le différencie profondément de l’Appel de de Gaulle.

C’est à cette conception et à cette pratique de la lutte contre l’occupant et contre Vichy que se rallieront les résistants en 1944, avec l’adoption du Programme du CNR, où se fondent l’appel à la libération nationale et l’énoncé de mesures de libérations sociales. Ce sont les fondements d’une union large et durable qu’on trouve donc déjà dans l’Appel de juillet.

 

L’appel à l’action

 

 Enfin, le texte n’est pas une proclamation généreuse vide de sens pratique. Il est un appel à l’action. Une action qui se discerne encore mal, dont les conditions devront mûrir pour être formulées avec précisions et qui aussi pourra devenir largement mobilisatrice ; une action dont les mots d’ordre évolueront sans cesse, jusqu’à celui de l’insurrection nationale, lorsque les conditions seront données. Pour l’heure, en juillet 1940, on conçoit que les mots d’ordre très généraux comme : « à bas le capitalisme générateur de misère et de guerre » en côtoient d’autres très immédiats et très précis comme celui de remettre la France au travail ou celui des Comités de solidarité et d’entraide, des comités de chômeurs, des comités d’entreprise. Et les communistes sont appelés à jouer leur rôle de défenseurs du peuple. Dans la misère générale, ils doivent être les initiateurs de la solidarité et de l’entraide, les animateurs d’actions, même élémentaires qui montreront aux masses que leur salut est entre leurs propres mains, dans l’action.

La politique, dit-on, est l’art du possible. Visant loin avec l’union et l’action de tous les Français, avec la libération de la France, l’Appel s’incruste dans le possible immédiat, s’accroche à tout ce qui va permettre de faire un pas en avant, de donner une nouvelle confiance, d’éclairer le chemin.

Nous trouvons ici un autre trait important de l’Appel, éminemment réaliste quant aux conditions objectives du moment : Il fait, en même temps, confiance au peuple. Sa confiance en l’avenir ne se place pas particulièrement dans une avant-garde de l’armée, dans une élite politique, dans une libération venant de l’extérieur et hypothéquant l’indépendance ultérieure ; elle se situe essentiellement dans la masse des Français eux-mêmes. Ce sont eux qu’il appelle à l’action, ce sont eux qui, dans les combats, doivent trouver les chemins de leur union ; ce sont eux qui donneront toute sa force à la résistance et permettront à la France de reconquérir toute sa place dans le monde. En ce sens aussi, l’Appel est pleinement national, patriotique.

 

QUELQUES REFLEXIONS

 

L’examen du document du 10 juillet 1940, écrit à l’aube du mouvement complexe de la Résistance en plein sens du terme, appelle à réflexions : sur la Résistance elle-même, sur la place et le rôle du Parti communiste français ainsi que sur les possibilités de l’union du peuple de France et les chemins que prospecte aujourd’hui le mouvement populaire.

Il est significatif qu’en juin juillet 1940, deux conceptions se firent jour, non pas opposées mais distinctes, différentes.

De Gaulle, à Londres, en militaire issu d’un milieu de la bourgeoisie, ne conçoit la résistance que militaire, comme la simple poursuite de la guerre, et, en raison des circonstances, s’organisant à l’extérieur, comme force faisant bloc avec l’armée anglaise, éventuellement avec l’appui des forces qui pourraient surgir sur le sol national.

Le Parti communiste français, enraciné dans le peuple, envisage la résistance comme un mouvement populaire, de masse, essentiellement en France même, trouvant son dynamisme dans les initiatives de masses, dans l’action. Cette conception incluait nécessairement une lutte diversifiée, multiforme : Revendicative, politique, idéologique, militaire. Elle comportait nécessairement une politique d’union patriotique donnant au mouvement un contenu non fractionné, pleinement national. Cette politique s’inspirait du patriotisme populaire né avec 1789 ;  seul un parti ancré dans les masses et ayant une pratique politique liée à leurs luttes pouvait la concevoir et la promouvoir.

L’expérience a apporté la vérification de ces idées : après un long cheminement, le sommet de la Résistance, l’insurrection nationale n’est possible que lorsque les masses les plus larges en acceptent l’idée, soutiennent les combattants armés, participent à la lutte par les sabotages, les grèves, les manifestations dans un combat unifié par des organisations comme celles formant le CNR.

Et c’est seulement ce combat qui a permis à la France de retrouver, en août 1944, son indépendance, malgré les projets américains.

Il nous semble à ce propos intéressant de noter que de Gaulle a été sensible aux réalités, qu’il n’est pas resté figé sur ses positions de départ et qu’il a su proclamer que la libération nationale était inséparable de l’insurrection nationale.

L’union de la Résistance a été extrêmement large, regroupant des couches sociales différentes, les familles politiques et idéologiques les plus diverses. Or, cette union s’est réalisée autour de l’intérêt national qui s’est révélé indissociable des besoins et des aspirations populaires (programme du CNR).

C’est ce développement qui était contenu dans la vision de l’Appel du 10 juillet ; on peut affirmer du reste qu’il s’agit d’une conception fondamentale dont la valeur ne s’est pas atténuée aujourd’hui.

Une autre réflexion peut porter sur la formation et le développement de la résistance dont on a, trop souvent, une vue statique, déformante.

De juin à octobre 1940, surgissent des éléments spontanés de résistance : refus de la capitulation, de l’occupation, haine de l’envahisseur, opposition au régime autocratique de Vichy, constitution de petits groupes de propagande et d’action… Dans certaines régions, comme le Nord, l’Appel de de Gaulle n’est pas sans impact. Les communistes, dispersés, s’engagent dans la lutte sur tous les terrains, dans toute la France…

Il y a des résistants, il n’y a pas encore de Résistance. Il manque, pour la masse des Français susceptibles d’agir, les liaisons, la coordination, l’organisation à l’échelle de la nation. Il manque surtout, des perspectives et une plate-forme nationale d’union et d’action, une stratégie mobilisatrice.

Ce n’est que lentement, dans les drames et les épreuves, que se formera et se forgera le mouvement de la Résistance. On pourrait en situer les étapes depuis les premiers contacts entre communistes et « gaullistes » au début de 1941, la constitution du Front national pendant l’été de la même année, du CNR en 1943, l’élaboration de son programme en mai 1944, puis, parallèlement, à Londres et à Alger, la formation du Comité français de libération nationale, puis du gouvernement provisoire de la République française.

Cette longue gestation, ce mûrissement au fil des ans ne peut être isolé de la vision définitive qu’on peut avoir à partir de 1944. Ce mûrissement s’alimente dans le mouvement spontané de résistance qui se développe – par exemple avec l’opposition au STO. Mais il n’est possible que parce qu’il est fécondé, orienté, impulsé et structuré par les organismes dirigeants dont la propre conscience s’élève sans cesse dans l’expérience, dans les débats et les luttes politiques et idéologiques.

Dans cette évolution constructive, l’Appel du 10 juillet apparaît comme un élément précurseur qui apporte la conscience la plus vaste et la plus claire des problèmes, à l’échelle de la nation, des masses populaires.

Ainsi orienté, le Parti communiste français sera la première organisation nationale de résistance, nationale par son rayonnement sur tout le pays, nationale par le contenu de sa politique. Il pratiquera en effet une politique audacieuse d’union et de combat, marquée par ses initiatives comme l’appel à la constitution du Front national, la formation des FTP et ses mots d’ordre unificateurs comme « S’unir, s’armer, se battre ». Dans ce sens, il mènera une lutte permanente contre l’attentisme, reflet persistant d’une conception étriquée de la résistance. La presse du Parti, en particulier l’Humanité clandestine, dont la parution sera ininterrompue, jouera un rôle sans équivalent.

Avec le recul du temps qui permet de mieux saisir la globalité des problèmes et des événements, il ne nous semble pas présomptueux de dire que le Parti communiste français, porteur de grandes initiatives, s’il n’a pas été le seul mouvement de résistants – loin de nous cette idée – a été le noyau le plus ferme et le plus clairvoyant du grand combat pour la libération de la France.

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 14:41

 

michel stefani 

                                                  

Michel STEFANI

Chaque fois qu’un débat intervient sur l’organisation de la desserte de service public maritime nous avons droit à un déferlement de déclarations plus ou moins intéressées et argumentées. Cette fois-ci comme les précédentes le bal s’est ouvert avec cette déclaration de Monsieur Mattei dirigeant de CFF indiquant « la CGT marin veut nous sortir de la carte de France ».

Immédiatement après, les présidents des Chambres de commerces et d’agriculture lui ont emboité le pas dénonçant le « monopole public » qui selon eux fait le malheur de la Corse depuis 1976. S’agissant de monopole ils sont bien placés pour parler ils en jouissent dans la gestion des ports et aéroports et comme la question de la durée n’est un problème à leurs yeux que dans les transports publics ils l’ont demandé et obtenu pour quinze ans.

La palme d’or revient au MEDEF, mouvement des entreprises de France, et ses satellites qui ne pouvait se contenter ni d’un communiqué ni d’une demi page des socioprofessionnels dans le Corse matin et qui est revenu, sur une pleine page, le jour même où les élus de l’Assemblée de Corse débattaient les exhorter de ne pas voter l’extension de la DSP à Toulon.

Le monopole, qui n’a jamais existé sur la desserte de la Corse où il y a toujours eu deux voire trois et quatre compagnies, leur fait peur, ils sont pour la concurrence puisqu’eux-mêmes l’affrontent sans s’en plaindre. Le contraire serait étonnant venant de ceux qui la prônent mais qui reconnaissent lorsqu’ils sont directement concernés qu’elle peut être déloyale et qu’il faut l’écarter. Ici ils disposent d’un rapport sénatorial, d’un rapport de la CRC qui montrent en quoi et pourquoi il y a distorsion de concurrence mais ils n’en tiennent pas compte.

Il faudrait donc laisser les choses en l’état avec une DSP sur Marseille dans une position de faiblesse face à l’écrémage au prétexte que la SNCM et la CMN doivent s’adapter et les personnels renoncer au droit de grève pour défendre en définitive leurs emplois et le service public. Qui peut contester dans ces cas qu’ils ne s’attaquent pas à l’intérêt général eux dont les économies ne s’envolent pas vers la Suisse.

Forts de ces soutiens ultralibéraux, permanents, les dirigeants de CFF cherchent en fait, ce que confirme le Tribunal de l’Union Européenne dans son analyse du mécanisme d’aide d’Etat (affaire T-349/03, 15 juin 2005), non pas à défendre l’activité économique du transport maritime ou ses propres intérêts directs dans le cadre de violations du droit dont elle serait victime, mais à obtenir à son avantage une position dominante et ce sans craindre de mettre en permanence en question l’intérêt général et les choix de la Collectivité territoriale de Corse par un acharnement procédurier sans comparaison.

On a pour habitude de dire que pour une île, la politique de transports est vitale. La Corse, seule région métropolitaine dans ce cas, bénéficie d’une dotation inscrite au budget de la Nation pour assumer cette compétence en tant qu’autorité organisatrice. Cette enveloppe indexée sur le PIB jusqu’en 2009 est gelée depuis à hauteur de 187 M€, ce qui prive la CTC de 29 M€ de ressources.

La CTC a dû dans ces conditions et pour la première fois, prélever 10 M€ sur son budget propre pour les verser à l’OTC qui affiche un déficit structurel de 20 M€ depuis 2007. Cette dégradation brutale des comptes, notons qu’il y avait en 2002 un excédent de 42 M €, est consécutive des choix retenus en 1999 pour la desserte aérienne puis en 2002 pour le maritime, avec comme objectif de « mettre fin aux monopoles » en soutenant de fait la concurrence.

Dans leurs rapports, la Chambre régionale des comptes et la mission sénatoriale Revet ont souligné la distorsion de concurrence patente établie ainsi sur une interprétation de la réglementation concernant l’aide sociale détournée de son objet pour devenir une subvention exorbitante. Elles l’ont fait sans pouvoir imaginer à quel point la flambée du prix du pétrole viendrait s’ajouter au gel de l’enveloppe de continuité territoriale pour augmenter le déficit structurel de l’OTC.

Il faut donc agir au niveau de la CTC au regard des compétences dévolues et au niveau de l’Etat toujours actionnaire de la SNCM et garant des principes républicains. Cela suppose de rétablir la capacité financière de l’OTC. Les élus communistes et citoyens du Front de gauche ont fait deux propositions en ce sens, l’une consiste à affirmer l’indispensable ré-indexation de l’enveloppe, l’autre, à prévoir un mécanisme distinct permettant d’ajuster la dépense combustible avec l’évolution du prix du baril de brut.

La CTC pourra ainsi se réapproprier cette compétence et ne plus laisser aux seuls opérateurs, au nom de la logique du marché, le soin de définir ce que doivent être les conditions et les moyens de la mise en œuvre de la continuité territoriale. Dans le cas contraire, la Corse pourrait se retrouver dans une situation identique à celle de la Sardaigne où les tarifs ont augmenté de 150 voire 170 %.

Pour écarter cette option ultralibérale, la CTC devra, retenir le choix d’une DSP de 12 ans étendue à Toulon pour stopper l’écrémage, établir des OSP en conséquences fixant les fréquences, les capacités et les tarifs, la qualité du service et ses retombées économiques pour notre île, toute l’année et la règle de pavillon 1er registre français qui est la garantie de tout cela.

De même, la réforme du remboursement de l’aide sociale devra dans tous les cas être maintenue d’ici à 2014 en précisant les conventions par de nouvelles OSP sur Toulon et Nice afin de permettre aux usagers en situation de précarité de bénéficier de cette aide selon des modalités nouvelles et conformes à ses objectifs.

Redéfinir la desserte de service public implique donc de revenir aux fondamentaux de la continuité territoriale pour pouvoir établir un choix inscrit et valide sur la durée du PADDUC. A défaut, en restant sur la pente actuelle, voulue par les dirigeants de CFF des CCI et du MEDEF, la SNCM mais aussi à la CMN devraient continuer à s’adapter aux exigences économiques et sociales ultralibérales, en s’abaissant au niveau low cost avec les conséquences que l’on imagine pour la qualité du service et l’impact d’un côté comme de l’autre de la méditerranée.

Et cela nous intéresse, comme nous sommes intéressés par les retombées économiques dans notre île liées à la commande réalisée par la SNCM et la CMN qui s’élève à plusieurs dizaines de millions d’euros conformément au cahier des charges de la DSP dont la CTC assume la rédaction. Peut-on enfin faire abstraction des taxes, des salaires de plus 1000 employés de ces deux compagnies résidents en Corse, du devenir de l’école de marine qui perçoit la taxe d’apprentissage ?…

Au-delà des questions de formes tels sont les éléments essentiels d’un débat politique certes complexe mais qu’il ne faut pas obscurcir volontairement pour rester dans une logique libérale d’ouverture à la concurrence qui a montré à travers sa perversité et son opacité qu’elle n’était ni économe de l’argent public ni dans l’intérêt bien compris des Corses et de la Corse.

Michel Stefani

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 14:30
Pacte budgétaire, TSCG, « Sixpack » et Règle d’or : La nouvelle gouvernance européenne au service des rapaces financiers

9 juillet par Olivier Bonfond, Didier Brissa (site CADTM)


Nouvelle gouvernance économique européenne – De l’engagement à la contrainte

Entre le Traité de Rome (1957) et l’Acte Unique européen (1986), la construction de l’Union européenne est allée de l’avant par petites touches. Une conjonction d’éléments va favoriser l’accélération et le développement de l’Union dans un sens très particulier :

- Le décès de De Gaule a levé le veto français à l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne (1973) celle-ci est dirigée par Margaret Thatcher et les économistes du parti conservateur, entièrement acquis à l’idéologie économique de l’école de Chicago. Les maîtres-à-penser de ce courant sont les économistes néolibéraux Milton Friedman et Friedrich Von Hayek. Au Chili, leurs disciples expérimenteront leurs recettes en réduisant à néant les conquêtes sociales et économiques apportées par le gouvernement Allende, en conseillant la dictature de Pinochet sur les privatisations du secteur public et la libéralisation du marché privé.

- C’est sous la présidence britannique de l’Europe en 1981 que sera présenté le projet d’« Acte européen » visant à améliorer les mécanismes institutionnels (ce qui deviendra l’Acte Unique en 1986). Un des objectifs déclarés de l’école de Chicago est d’abolir le corpus législatif apporté par les politiques keynésiennes après le Krach boursier de 1929 en matière de régulation financière et d’activité bancaire1, mais également de mettre fin aux interventions de l’état (ou de les modifier dans un sens favorable au marché) dans la sphère économique2 ;

- Ce courant néolibéral anglo-saxon va trouver des alliés au sein des institutions européennes, influencés par les économistes ordo-libéraux3 qui alimentent depuis des décennies les orientations de politique économique de la CDU en Allemagne. Ces derniers sont, entre autres, à l’origine de la politique d’autonomie et anti-inflationniste de la Banque centrale d’Allemagne, qui servira de modèle à la Banque centrale européenne (BCE).

- L’autonomisation des Etats pétroliers vis-à-vis des anciennes puissances coloniales, notamment à travers une politique de nationalisation des ressources pétrolières, et la coordination de leur politique des prix pétroliers par le biais de l’OPEP ont conduit aux deux crises pétrolières des années ’70. Les coûts de productions, particulièrement dans les industries des pays les plus avancés (USA, UE, Japon), ont considérablement augmenté et le chômage conjoncturel est parti à la hausse particulièrement en Europe.

- L’épouvantail soviétique se fissure de plus en plus, à la fois sous les coups de butoir de la corruption de la bureaucratie et l’énormité du poids sur le budget de la course aux armements. La chute du mur de Berlin en 1989 et la dissolution de l’URSS en 1991 en sont les étapes ultimes. Par contrecoups, la social-démocratie occidentale, se retrouve fragilisée à la fois dans ses références idéologiques et dans son rapport de force avec les puissances financières et industrielles.

Pour lire le texte dans sa totalité, ouvrir le fichier ci-dessous

PDF - 591.5 ko
La nouvelle gouvernance européenne au service des rapaces financiers
 
 
On trouvera aussi beaucoup d'intérêt à lire l'ouvrage de P.Le Hyaric, directeur de l'Huma et député européen.
Le Pacte des Rapaces
6,00€

Dans l’indifférence quasi générale, dans le silence et le secret des instances européennes, un grave et dangereux scénario contre les peuples a été écrit : un Pacte diabolique baptisé « Pacte pour l’Euro plus » , anciennement « Pacte pour la compétitivité ».

Il engage la vie des familles populaires et celle des générations à venir. Pourtant il est caché. C’est un pas au-delà du Traité de Lisbonne pour constitutionnaliser des politiques antisociales qui devront être déclinées dans un plan national de réformes dans chaque pays.

On n’imagine pas l’extrême gravité des projets en cours. Voilà pourquoi Patrick Le Hyaric a entrepris de le révéler et de le décrypter dans ce livre.

Patrick le Hyaric est directeur de l’Humanité et de l’Humanité Dimanche. Il est également député européen, Vice-président du groupe de la Gauche unitaire européenne, Gauche verte nordique, membre des commissions emploi, affaires sociales et spéciale crise du Parlement européen.

  Le Pacte des Rapaces

Éditions de L’Humanité

Mai 2011 – 230 pages

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 14:23

                                                                     MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 

              Lancement à Tunis du Séminaire du CADTM Afrique (9-11 juillet)

Révolutions arabes et crise de la dette : quels rôles pour les femmes ?

10 juillet par CADTM international

 


Lundi 9 juillet a débuté en Tunisie le Séminaire du CADTM Afrique intitulé ’Révolutions arabes et crise de la dette : quels rôles pour les femmes ?’. Cet événement organisé par l’association tunisienne RAID (membre des réseaux CADTM et ATTAC) et le Réseau CADTM Afrique s’est tenu en plein cœur de Tunis dans les locaux de l’UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens). Il a réuni une cinquantaine de participant-e-s dont une quinzaine de délégué-e-s du réseau CADTM venu-e-s de Tunisie, Maroc, Mali, Bénin, Sénégal, Burkina Faso, Mauritanie, Togo, Guinée-Conakry, Congo-Kinshasa, Congo-Brazzaville et de Belgique.

Trois ateliers successifs ont été organisés durant cette première journée. Le premier a porté sur les leçons des révolutions du Maghreb-Machrek avec une intervention de Mimoun Rahmani d’ATTAC/CADTM Maroc qui s’est arrêté sur les principales leçons à retenir des soulèvements populaires que connaît la région arabe, tout en précisant qu’ils sont le résultat d’un changement profond de système des valeurs. Fathi Chamkhi, porte-parole de RAID/ATTAC/CADTM Tunisie a focalisé, quant à lui, son intervention sur les spécificités de la révolution tunisienne.

Un deuxième atelier a porté sur les révoltes populaires en Afrique du Nord et subsaharienne avec un accent particulier sur la crise malienne, dans le cadre des interventions de Sekou Diarra de la CAD Mali et d’Issa Aboubacar du RNDD Niger (tous deux membres du réseau CADTM). Adama Soumare du CADTM Sénégal a, quant à lui, insisté sur les répercussions des révolutions arabes sur l’Afrique subsaharienne avec notamment le soulèvement populaire qu’a connu le Sénégal, conduit par les jeunes universitaires et les musiciens rappeurs regroupés dans le mouvement « Y en a marre ».

Le troisième atelier a permis de mettre en évidence les rôles des femmes dans le processus révolutionnaire en Tunisie et les impacts de la dette sur leur vie. L’intervention d’une membre de l’Association tunisienne des femmes démocrates (UTFD) a bien démontré que les Tunisiennes ont de tout temps été actives dans les luttes sociales (grèves et occupations d’usines par les ouvrières du textiles en 2005, actions des femmes du bassin minier qui ont empêché tout arrivage ferroviaire durant 3 mois dans la région) et politiques (opposition structurée du mouvement féministe à la dictature de Ben Ali leur ayant valu une répression violente). En première ligne lors des mobilisations populaires, les femmes ont initié de nouvelles formes de luttes telles que les sit-in à la Kasbah (place publique face au gouvernement de Tunis), des blocages, des convois routiers permettant aux femmes rurales de participer aux manifestations…L’arrivée au pouvoir du parti islamiste Ennahda fut vécue comme un véritable coup de massue. Disposant depuis 1956 du Code du statut personnel le plus progressiste du monde arabe proclamant le principe de l’égalité de l’homme et de la femme sur le plan de la citoyenneté, interdisant la polygamie et la répudiation et autorisant le divorce et l’avortement, les femmes tunisiennes craignent désormais fortement pour leurs droits et libertés. L’un des défis majeurs de l’UFDT est de parvenir à inscrire dans la nouvelle Constitution le principe de l’égalité des sexes et l’interdiction de toute forme de discrimination à l’égard des femmes. L’UFDT entend bien continuer à se battre pour le respect effectif des droits sociaux, économiques, culturels et reproductifs des femmes.

Il a aussi été question de l’Égypte avec l’intervention de Noha El Shoky, co-fondatrice de la Campagne populaire contre la dette de l’Egypte (partenaire du CADTM). Sous la dictature de Moubarak, le mouvement féministe était contrôlé et dirigé par le pouvoir. On pouvait parler sans ambiguïté d’un féminisme d’Etat. L’implication des Egyptiennes au processus révolutionnaire n’a nullement débouché sur la concrétisation d’une quelconque égalité des sexes. Que du contraire ! Frères musulmans et salafistes travaillent conjointement à imprégner la société d’idées rétrogrades et agressives pour les femmes. Si on ne peut prouver qu’ils les provoquent directement, aucun de ces deux mouvements ne condamnent les violences, harcèlements sexuels et intimidations de tout ordre qu’ont à subir les militantes pour leurs actions publiques et politiques. Afin de faire face à ces attaques, les féministes tout comme l’ensemble du mouvement social égyptien doivent, selon Noha, travailler à devenir plus homogène et renforcer leurs convergences avec les mouvements progressistes des pays limitrophes (Tunisie, Libye, Maroc, etc.).

La place des femmes des autres pays africains en proie à des soulèvements populaires et militaires (au Mali, au Sénégal et au Maroc) a également été développée. Les intervenant-e-s ont notamment rappelé que les femmes des militaires insurgés contre la menace sécessionniste au Nord du Mali se sont organisées au sein d’un mouvement populaire ’Trop c’est trop’ pour dénoncer l’embargo illégitime imposé par la CEDEAO au Mali en réaction au coup d’état militaire et l’ingérence des puissances impérialistes occidentales comme la France coloniale qui soutient les Touaregs du Nord.

La journée s’est achevée sur une présentation par Samir Abi (ATTAC-CADTM Togo) des outils pédagogiques pour rendre accessible à toutes et à tous la question de la dette.

Les deux prochains jours du séminaire seront organisés en collaboration avec le collectif ACET (Auditons les Créances européennes envers la Tunisie) et porteront sur les thèmes suivants : les liens entre la dette, la souveraineté populaire, les droits des femmes, les ressources naturelles et les politiques de libre-échange. Les conférencier-e-s présenteront aussi l’audit de la dette et les campagnes en cours en Afrique. Enfin ils questionneront le rôle de la Banque centrale et la souveraineté monétaire en Tunisie. Un grand meeting populaire clôturera ce séminaire mercredi à 19h00 à la Bourse du Travail.

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 14:19

mario_monti.jpgRèglement Monti II : quand l'Union européenne relance l'offensive contre le droit de grève

 

 

Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

 

Dans le Morning Star, le dirigeant syndical, membre de la coalition « No2EU – Non à l'Union européenne », Brian Denny analyse de nouvelles législations qui représentent une escalade dans la stratégie anti-syndicale des promoteurs d'un marché unique européen dérégulé.

 

 

Élaboré par le premier ministre Italien non-élu « technocratique » Mario Monti, un nouveau règlement porte sur la controverse qui a fait rage autour de deux fameux jugements anti-syndicaux – les affaires Viking et Laval – rendus par la Cour de justice européenne (CJE), récemment renommée Cour de justice de l'Union européenne (à ne pas confondre avec la Cour européenne des droits de l'Homme, qui n'est pas un organe de l'UE).

 

Membre éminent du très secret Groupe Bilderberg, ce club fermé rassemblant l'élite des financiers, industriels et politiciens occidentaux, et conseiller international de Goldman Sachs, Monti a soutenu fort logiquement les jugements de la CJE et les a désormais inscrit dans le droit communautaire.

 

Comme la directrice de l'Institut pour les droits liés à l'emploi (IER), Carolyn Jones, l'explique, dans les affaires de la CJE, la Cour a décidé que le droit des employeurs à parcourir le globe à la recherche d'une main d'oeuvre bon marché afin d'offrir des « biens et des services » l'emportait sur le droit fondamental des travailleurs à l'action de grève visant à protéger leurs contrats et conditions de travail.

 

« Ainsi, dans le cas Viking, une entreprise de ferry Finlandaise a remis en cause les contrats des marins Finlandais en adoptant le pavillon Estonien et en embauchant des travailleurs Estoniens moins chers.

 

Dans le cas Laval, une entreprise Lettone a remis en cause les termes d'une convention collective Suédoise en embauchant des travailleurs Lettons moins chers afin de travailler sur un chantier Suédois », a-t-elle affirmé.

 

Dans les deux cas, les syndicats concernés ont lancé des actions de grève afin de défendre leurs conventions et leurs conditions. Et dans les deux cas, la CJE a décidé que l'article 43 (liberté d'établissement) et l'article 49 (liberté à offrir des services) du Traité CE étaient plus fondamentaux que le droit de grève.

 

L'application de Viking et Laval dans les tribunaux nationaux des Etats-membres de l'UE a fait l'objet de plaintes auprès des organismes de contrôle de l'Organisation internationale du travail (OIT), qui à son tour a fait savoir très clairement que le droit élaboré par la CJE n'était pas conforme aux obligations relevant des conventions 87 et 98 de l'OIT.

 

Parmi ces plaintes, celles émises par le syndicat des pilotes Balpa, qui lors d'une lutte avec British Airways a été menacé d'une action légale et d'amendes illimitées – non car le syndicat avait enfreint la loi nationale mais parce que son action constituait une violation du droit de l'employeur garanti par l'article 43 du Traité CE (désormais article 49 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne), à la suite de la décision prise dans l'affaire Viking.

 

En réponse, le comité d'experts de l'OIT a jugé que les effets de l'affaire Viking, tels que reflétés dans la décision contre Balpa, ne faisaient que placer la Grande-Bretagne encore plus en contradiction avec la Convention 87.

 

Selon le comité, « la menace omniprésente d'une action pour dommages et intérêts qui pourraient démolir financièrement le syndicat, possible désormais à la lumière des jugements Viking et Laval, crée une situation où les droits garantis par la Convention ne peuvent être appliqués ».

 

Désormais Monti II, signé le 21 mars, remet en cause le droit des syndicats à s'engager dans des négociations collective lors d'un mouvement de grève.

 

Il restreint le droit à l'action collective de bien des manières.

 

Il garantit que les « libertés » économiques auront la priorité sur les droits sociaux fondamentaux.

 

Il renforce le test de « proportionnalité » élaboré dans le cas Viking, permettant aux juges nationaux et de la CJE de décider si l'action collective des travailleurs est « nécessaire ».

 

Il renforce l’interprétation donnée par la CJE dans les cas Viking et Laval et ne résout pas les problèmes causés par ces jugements.

 

Le professeur à l'IER Keith Ewing affirme que le règlement Monti II « échoue à traiter l'évolution des droits de l'Homme relatifs au droit de grève.

 

Au lieu de cela, le règlement ferait entrer les décisions de la CJE dans le droit communautaire, laissant aux juges nationaux et de la CJE le recours à un test de proportionnalité étroit et biaisé dans les intérêts du capital.

 

Il n'y aura de solution au problème Viking et Laval tant qu'il n'y aura pas de règles claires indiquant que l'action collective puisse être entreprise dans le respect des droits de l'Homme, et tant que la menace de dommages illimités pesant sur les syndicats pour le simple exercice d'un droit social fondamental ne sera pas levée », a déclaré Ewing.

 

Carolyn Jones souligne que l'échec du règlement à corriger le déséquilibre de plus en plus important entre les droits économiques des employeurs et les droits humains des travailleurs souligne les limites de l' « Europe sociale » telle que la présentait Delors et telle que l'a adopté le mouvement syndical en 1988.

 

« Le Traité pour la stabilité, la coordination, et la gouvernance signé par les gouvernements de la zone euro en mars 2012 promet de porter l'Europe encore plus loin sur la voie de l'austérité en imposant des coupes draconiennes aux États-nations au nom de la réduction des déficits.

 

Si les syndicats continuent à être restreints dans la manière dont ils peuvent répondre légalement à ces coupes, alors peut-être une action alternative deviendrait nécessaire.

 

Une action qui aiderait à bousculer les esprits européens serait de soutenir les appels venant de toute l'UE à des référendums questionnant l'idée même de l'adhésion à l'UE », a-t-elle affirmé.

 

RMT [NdT : Syndicat des transports, cheminots et dockers, connu pour ses positions de lutte de classe et anti-européennes] est un syndicat qui affirme depuis longtemps que l' « Europe sociale » est un écran de fumée déployé pour aspirer la classe ouvrière organisée dans les structures de l'UE tout en ne donnant que des miettes aux travailleurs.

 

S'exprimant récemment à une rencontre du mouvement « People's Pledge » [NdT : Campagne pour un référendum portant sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE] à Thurrock appelant à un référendum sur l'adhésion à l'UE, le secrétaire général du RMT Bob Crow a mis en garde sur le fait que des institutions de l'UE non-élues, représentant directement les plus grandes banques Européennes et leurs intérêts, allaient renverser des gouvernements élus et imposer le chômage de masse, le dumping social et l'austérité à perpétuité partout.

 

« Il est temps pour le mouvement syndical d'exiger un référendum afin de construire la résistance à l'avidité capitaliste, que ce soit à l'UE ou à son partenaire de rang inférieur, ce gouvernement Conservateur-démocrate complètement pourri », a-t-il conclu.

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 14:08

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Il y a 40 ans, le Mossad assassinait le grand écrivain palestinien Ghassan Kanafani

                                                                                                                ecrivain_palestinien.jpg

  Le 8 juillet 1972, Ghassan Kanafani, le grand écrivain et journaliste palestinien mourait à l’âge

de 36 ans, en même temps que sa nièce de 15 ans, assassiné par une charge de dynamite placée sous sa voiture, à Beyrouth, par les services secrets israéliens.

Ghassan Kanafani, porte-parole du Front Populaire de Libération de la Palestine, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Al Hadaf », était romancier, auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont l’œuvre est profondément enracinée dans la culture arabe palestinienne. Il a inspiré une génération entière de son vivant jusqu’à aujourd’hui, par ses actes et ses écrits.*

Né à Acre (nord de la Palestine) le 9 juillet 1936, il a vécu à Jaffa jusqu’en mai 1948, quand il fut contraint à l’exil avec sa famille. Il a vécu et travaillé à Damas, puis au Koweït et, à partir de 1960, à Beyrouth.

D'un style pur et concis, ses oeuvres incitaient à la lecture y compris ceux qui n’étaient pas des intellectuels, et engageaient à réfléchir aux grands problèmes sociaux à travers une vision marxiste du monde arabe.

Réaliste, il avait été le premier à prêcher la reconversion de la guérilla pour qu’elle limite son action à l’intérieur du « petit et grand Israël », tout en étant fidèle à Georges Habache, dès 1954.

La grande presse occidentale, si prompte à dénoncer à longueur de colonnes les « méthodes violentes » quand ce sont des Palestiniens qui en font usage, n’a consacré que quelques lignes à l’assassinat, à Beyrouth, par un réseau terroriste israélien, de Ghassan Kanafani. Ceci malgré son grand retentissement dans le monde arabe et les quelque 40.000 personnes qui ont suivi ses funérailles à Beyrouth.

lsraël a attendu 2005, soit 32 ans pour reconnaître avoir été le commanditaire de son assassinat.

*Avant de mourir prématurément, Ghassan Kanafani a publié dix-huit livres et écrit des centaines d’articles sur la culture, la politique et la lutte du peuple palestinien. Après sa mort, tous ses livres ont été republiés dans plusieurs éditions en arabe. Ses romans, ses nouvelles, ses pièces de théâtre, ses essais ont été rassemblés et publiés en quatre volumes. Une grande partie de l’œuvre littéraire de Ghassan Kanafani a été traduite en dix-sept langues et publiée dans plus de vingt pays différents. Certaines œuvres ont été adaptées pour la radio et le théâtre dans de nombreux pays, arabes et autres. Deux de ses romans ont été adaptés au cinéma. Son œuvre littéraire, écrite entre 1956 et 1972, reste aujourd’hui encore importante.

CAPJPO-EuroPalestine      

 

 

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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 15:30
Rentrée universitaire 2012-2013 : téléchargez le dossier de candidature - Aide aux parcours d’excellence
Mardi 31 Juillet 2012



Rentrée universitaire 2012-2013 : téléchargez le dossier de candidature - Aide aux parcours d’excellence 
Cette mesure concerne les étudiants  qui poursuivent des études, en formation initiale d’enseignement supérieur français, situé hors de Corse et qui relevent d’un cursus d’excellence.

Il s’agit d’écoles caractérisées par une sélectivité forte et conduisant à l’obtention d’un diplôme de niveau Bac +5. 

L’expression « Grande Ecole » désigne un établissement d’enseignement supérieur français recrutant majoritairement sur concours parmi les élèves des classes préparatoires aux Grandes Ecoles. 

Sur cette base a été établie une liste d’établissements validée par l’Assemblée de Corse 

Téléchargez le barême de notation de l'aide au parcours d'excellence

Téléchargez le dossier de candidature

liste_des_cursus_et_ecoles_eligibles_2012_1.pdf Liste des cursus et écoles éligibles au dispositif - 2012.pdf  (188.31 Ko)
bareme_de_notation_aide_au_parcours_d__excellence_1.pdf Barême de notation aide au parcours d'excellence.pdf  (51.26 Ko)
dossier_de_candidature_aide_aux_parcours_d__excellence__2012_1__1.doc Dossier de candidature Aide aux Parcours d'Excellence 2012.doc  (248 Ko)


                                                           site: CTC
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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 15:23

 

 

Françafrique : Hollande avec les dictateurs, le Front de Gauche avec la résistance ! Jeudi 5 Juillet 2012

Le Président de la République française fait le choix délibéré en ce début d'investiture de recevoir à l'Elysée le Président gabonais Ali Bongo Ondimba le 5 juillet 2012, allant à l'encontre de sa promesse électorale de ne rencontrer aucun dictateur
Françafrique : Hollande avec les dictateurs, le Front de Gauche avec la résistance !
A cette occasion une délégation de la société civile gabonaise est arrivée en France pour condamner cette rencontre qui n’a que pour unique objectif la défense des intérêts économiques et stratégiques français. Mais également pour dénoncer les effets d'une politique répressive, clanique et d'enrichissement personnel subit par le peuple gabonais, ainsi que les dénies de démocratie réguliers mettant à mal les droits humains.

Le PCF et le Front de Gauche tiendront à Paris une conférence commune avec cette délégation pour condamner les choix dans la continuité de la Françafrique de ses prédécesseurs du Président français nouvellement élu.

La France doit mettre fin au soutien des dictatures et dictateurs au nom des intérêts des entreprises françaises. Ces dernières semaines, la répression politique s'est intensifiée, conduisant à l'arrestation arbitraire et à l'usage de la torture à l'encontre des étudiants et des opposants politiques gabonais.

http://pcfnicenord.over-blog.com/article-francafrique-hollande-avec-les-dictateurs-le-front-de-gauche-avec-la-resistance-107735834.html
                                                                    site: N.Maury
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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 15:13

 

                                                                       CERVEAU.gif

 

 

Amnesty International et Human Rights Watch : les mercenaires de l’Empire

Mercenaires de l'Empire ou associations pour les droits humSous la présidence d’Obama, l’impérialisme étasunien a endossé les habits de protecteur des peuples de la planète grâce à une rhétorique humanitaire bien ficelée qui sert aujourd’hui à enrober chaque agression, chaque violation de la loi internationale, chaque guerre de pillage et/ou de conquête.

 

Les anciens colonisateurs européens et leurs cousins d’Amérique, naguère enrichis par le génocide des Indiens et l’esclavage africain, veulent nous faire croire qu’ils protègent aujourd’hui les peuples qu’ils massacraient hier. Mais si la liberté, voire la vie, des peuples de couleurs ou non-chrétiens, n’avaient jusqu’ici que peu d’intérêt pour les défenseurs des valeurs démocratiques, force est de constater que, dans la configuration géopolitique actuelle, les droits de l’homme sont devenus le mot d’ordre de l’Empire. Et les soi-disant organisations occidentales spécialisées dans la défense des droits humains occupent une place stratégique de premier plan.

 

Parmi ces organisations, Amnesty International et Human Rights Watch. Elles dépensent ainsi toutes les deux une grande partie de leur énergie à soutenir les États-Unis et leurs affidés, pourtant bien connus pour piétiner allégrement la souveraineté des pays les plus faibles comme s’ils incarnaient à eux seuls le droit international.

 

Á la mi-mai, des milliers de manifestants pacifistes ont protesté contre le sommet de l’OTAN à Chicago. Dans le même temps, Amnesty International organisait un contre-sommet dont les rangs étaient formés de militants favorables à l’intervention de l’Oncle Sam en Afghanistan. La tristement célèbre Madeleine Albright, qui estimait il n’y a encore pas si longtemps que la guerre en Irak et l’embargo, pourtant responsable de la mort de milliers d’enfants, se justifiaient, s’est naturellement joint à ce macabre cortège. L’ancienne secrétaire d’Etat (sous l’ère Bush, excusez du peu) et l’ONG ont depuis estimé que la présence étasunienne en Afghanistan devait se prolonger autant que nécessaire pour le bien des femmes afghanes. Un exemple parmi d’autre de la collusion entre les uns et les autres…

 

Et une position d’autant plus incompréhensible que les États-Unis ont dépensé des milliards de dollars dans une joint-venture avec le Pakistan et l’Arabie saoudite pour aider les islamistes à renverser le président Mohammed Nadjibullah qui, soutenu par l’Union soviétique et animé par des idées progressistes, avait pourtant plaidé la cause des femmes afghanes.

 

Aujourd’hui, Amnesty International et Human Rights Watch accusent de concert la Chine et la Russie d’être des ennemies des droits humains en Syrie parce que ces pays ont tous deux refusé de jouer la carte de l’intervention militaire dont on connaît désormais les conséquences en Libye.

 

Lorsqu’Amnesty International et Human Rights Watch font activement campagne en faveur d’une guerre, il est curieux de constater que cette dernière colle systématiquement aux plans de l’Empire. Ces deux organisations humanitaires ont fourni une grande partie des munitions durant la guerre aux rebelles libyens tout en se faisant caisse de résonnance de la propagande étasunienne en faisant croire au monde entier qu’un massacre imminent allait se perpétrer à Benghazi. 

 

Ces deux associations pratiquent en réalité l’imposture à l’échelle planétaire, feignant d’un côté de s’occuper des droits humains et soutenant de l’autre les États-Unis et leurs affidés dans leurs guerres impérialistes tout en se drapant des oripeaux du droit international.

 

Amnesty International et Human Rights Watch sont bel et bien de parfaits mercenaires de l’Empire.

 

Capitaine Martin
                                                 site:résistance.fr

 

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