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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 12:47

 

COCO-PLUS-QUE-JAMAIS---2.jpg

                                                           

Épilogue

La vie aura passé comme un grand château triste que tous les vents traversent
Les courants d'air claquent les portes et pourtant aucune chambre n'est fermée
Il s'y assied des inconnus pauvres et las qui sait pourquoi certains armés
Les herbes ont poussé dans les fossés si bien qu'on n'en peut plus baisser la herse

Quand j'étais jeune on me racontait que bientôt viendrait la victoire des anges
Ah comme j'y ai cru comme j'y ai cru puis voilà que je suis devenu vieux
Le temps des jeunes gens leur est une mèche toujours retombant dans les yeux
Et ce qu'il en reste aux vieillards est trop lourd et trop court que pour eux le vent change

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Je vois tout ce que vous avez devant vous de malheur de sang de lassitude
Vous n'aurez rien appris de nos illusions rien de nos faux pas compris
Nous ne vous aurons à rien servi vous devrez à votre tour payer le prix
Je vois se plier votre épaule A votre front je vois le pli des habitudes

Bien sûr bien sûr vous me direz que c'est toujours comme cela mais justement
Songez à tous ceux qui mirent leurs doigts vivants leurs mains de chair dans l'engrenage
Pour que cela change et songez à ceux qui ne discutaient même pas leur cage
Est-ce qu'on peut avoir le droit au désespoir le droit de s'arrêter un moment

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Songez qu'on arrête jamais de se battre et qu'avoir vaincu n'est trois fois rien
Et que tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable
Nous avons vu faire de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables
Car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien

Et vienne un jour quand vous aurez sur vous le soleil insensé de la victoire
Rappelez-vous que nous avons aussi connu cela que d'autres sont montés
Arracher le drapeau de servitude à l'Acropole et qu'on les a jetés
Eux et leur gloire encore haletants dans la fosse commune de l'histoire

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre

Je ne dis pas cela pour démoraliser Il faut regarder le néant
En face pour savoir en triompher Le chant n'est pas moins beau quand il décline
Il faut savoir ailleurs l'entendre qui renaît comme l'écho dans les collines
Nous ne sommes pas seuls au monde à chanter et le drame est l'ensemble des chants

Le drame il faut savoir y tenir sa partie et même qu'une voix se taise
Sachez-le toujours le chœur profond reprend la phrase interrompue
Du moment que jusqu'au bout de lui-même Le chanteur a fait ce qu'il a pu
Qu'importe si chemin faisant vous allez m'abandonner comme une hypothèse

J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon cœur quatre fois y battre
Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre
 
 
                                                     site: Liban Résistance
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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 16:57

 

 

L'enquête grand public sur le Padduc organisée par la CTC est en ligne depuis ce matin.
 
Pour participer et donner votre avis il vous suffit de cliquer sur le lien ci-dessous :
 <http://www.corse.fr/padduc/Enquete-en-ligne_a20.html> http://www.corse.fr/padduc/Enquete-en-ligne_a20.html

 

 

 

 

 


Quel modèle de développement pour la Corse ?
Quel modèle de développement pour la Corse ?
Chères concitoyennes, chers concitoyens,

Par cette enquête, nous vous sollicitons pour contribuer à l’élaboration de notre Plan d’Aménagement et de Développement Durable de la Corse (Padduc).

Aménager notre territoire n’a de sens que si nous choisissons au préalable et ensemble le modèle de développement dont les corses ont besoin.

Ce modèle, véritable projet de société nous concerne tous !

Il ne saurait être question de définir l’avenir de notre île, sans vous consulter.

Ainsi, et dès aujourd’hui, nous vous proposons d’initier un dialogue avec chacun d’entre vous au moyen de ce questionnaire que vous avez la possibilité, à votre convenance, de renseigner et de renvoyer aux adresses indiquées en fin du document à remplir.

Cette consultation citoyenne revêtira différentes formes et se poursuivra tout au long de la démarche de construction de notre Padduc.

Nous sommes en amont de la première étape d’un processus qui va amener l’Assemblée de Corse à se déterminer, successivement sur la société que nous voulons construire, le projet de développement dont nous avons besoin et enfin le type d’aménagement le plus adapté pour rendre possible ce projet.

Cette sollicitation est donc la première d’une série d’échanges destinés à co-construire ce document essentiel, fondateur pour le développement de la Corse.

U Padduc, hè l’affare di tutti. U vostru parè hè di primura per aiutà l’eletti chè noi simu, per scrive oghje è purta dumane stu pianu di sviluppu chi sarà l’avvene di tutti quelli chi campanu nantu à sta terra di Corsica.

A ringraziavi.

Quel modèle de développement pour la Corse ?
Maria Guidicelli
Conseillère Exécutive en charge du Padduc



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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 11:24

                                                                       Soviet---Hammer-02.gif

Partido-Comunista-Chile.pngAvec la même force que lorsqu’il fut fondé, le 4 juin 1912, le Parti communiste chilien (PCCh) arive à son centenaire. En ces temps de nouvelles batailles, les communistes chiliens suivent la voie tracée par Luis Emilio Recabarren, le typographe qui fonda, dans la ville d’Iquique, le Parti ouvrier socialiste (POS). Dix ans plus tard, le 2 janvier 1922 au Congrès de Rancagua, cette organisation rejoignit l’Internationale communiste, prenant alors son nom actuel.

luis-emilio-recabarren.jpg

Dans sa Déclaration de principes, le Parti de la classe ouvrière soulignait la nécessité de supprimer l’exploitation de l’homme par l’homme, propre au capitalisme, et d’instaurer une société communiste. Pour ce faire, il fallait constituer « un organisme d’avant-garde aux objectifs clairs et avec des décisions précises qui ne peut être autre que le Parti communiste ».


Le PCCh avait également pour mission de hisser la lutte des classes du prolétariat à son plus haut niveau et à une forme supérieure d’organisation. C’est alors qu’il adopte l’idéologie du prolétariat : le marxisme-léninisme.

Ce Parti, avec d’autres forces politique, fut protagoniste de la geste glorieuse du gouvernement de l’Unité populaire du président Salvador Allende (1970-1973). Ces journées allaient constituer l’expression la plus haute de la lutte des classes au Chili, et témoigner du niveau d’organisation atteint par le prolétariat et d’autres secteurs sociaux.

kuis-corvalan.jpg

À la suite du putsch perpétré par Augusto Pinochet, le Parti retrouva son rôle dirigeant dans la lutte insurrectionnelle contre la dictature. À cette époque les communistes chiliens vécurent leur expérience la plus difficile. Les rangs du PCCh furent décimés par la répression. Des milliers de dirigeants et de militants furent assassinés et d’autres furent contraints à l’exil.

chili-pc-photos.jpg

Cependant, la dictature militaire ne parvint pas à faire taire la voix de ceux qui avaient assumé un rôle d’avant-garde au sein du PCCh. Des figures de la taille de Pablo Neruda, Victor Jara, Gladys Marin et Volodia Teitelboim, entre autres, poursuivirent la lutte en faveur des secteurs les plus démunis de la société chilienne. Les communistes chiliens se distinguèrent par leur engagement infatigable dans la lutte pour la justice sociale et l’équité.

Aujourd’hui, alors que le PCCh s’apprête à fêter un siècle d’existence, en jouissant d’un grand prestige au sein de la gauche latino-américaine, nous viennent à l’esprit les paroles de Ricardo Fonseca, qui fut l’un des secrétaires généraux de cette formation politique. Fonseca soulignait qu’un communiste était indestructible parce que son existence obéissait aux intérêts, aux besoins et aux luttes des classes populaires.


Laura Bécquer Paseiro


Source du texte : « Granma »

pcf-chili.jpg

 

 

 

site:El Diablo

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 09:21
CERVEAU.gifParaguay (juin 2012) - Honduras (juin 2009) : d’un coup d’Etat à l’autre

25 juin par Eric Toussaint


A trois ans de distance, se répète au Paraguay un scénario de coup d’Etat mis en pratique au Honduras en juin 2009. Dans les deux cas, un organe du pouvoir resté aux mains des représentants de la classe dominante destitue le président légalement élu. Le coup d’Etat respecte les apparences de la légalité. Dans une analyse rédigée en 2009, le CADTM dénonçait le coup d’Etat au Honduras, les complicités dont les putschistes bénéficiaient du côté de Washington. La dernière phrase de l’article annonçait ce qui vient de se passer au Paraguay : « Le cas hondurien risque d’ouvrir la voie à des coups d’État réalisés par l’armée avec l’aval de certaines institutions étatiques comme le Parlement ou la Cour suprême. » |1|

Dès 2009, la grande presse internationale accordait un soutien passif ou actif aux putschistes et le quotidien Libération vient de reproduire à chaud le même type de comportement. Voici ce qu’il publie à propos du coup d’Etat au Paraguay : « Le président paraguayen Fernando Lugo a été officiellement démis de ses fonctions vendredi à l’issue d’un procès politique en destitution de quelques heures mené devant le Sénat, a constaté un journaliste de l’AFP. » C’est la phrase suivante qui donne clairement l’opinion du journal : « Elu en 2008 avec le soutien d’une large coalition d’une vingtaine de partis, M. Lugo avait progressivement perdu l’essentiel de ses partisans au Parlement après une série de désaccords politiques. » |2| En réalité, Fernando Lugo, qui a été élu au suffrage universel en tant que président avec un fort appui populaire, n’a jamais eu de véritable majorité parlementaire pour mener à bien son projet car les deux partis traditionnels de la droite dominaient les institutions parlementaires (il s’agit du parti libéral et du parti Colorado, ce dernier ayant appuyé la dictature de Stroessner entre 1954 et 1989. Le parti Colorado a exercé sa mainmise sur le gouvernement et l’Etat paraguayens durant 62 ans). Lugo a alors dû négocier le soutien du parti libéral (dont une partie importante des dirigeants s’était opposée à la dictature de Stroessner) |3|. Donc contrairement à ce qu’affirme Libération, Lugo n’a pas perdu l’essentiel de ses partisans au parlement. Ses partisans à proprement parler étaient très minoritaires dans le parlement et ils sont restés avec lui. Ses liens avec Domingo Laino |4|, un dirigeant historique du Parti libéral (pour son opposition radicale à la la dictature de Stroessner) et ses partisans, se sont même renforcés. En revanche, la direction du parti libéral auquel appartient le vice-président Federico Franco qui vient de prendre le pouvoir n’a soutenu Lugo que comme la corde soutient le pendu. Il n’a jamais fait partie des partisans de Lugo. Le parti libéral était un allié qui bloquait toutes les tentatives de réaliser les profondes réformes sociales et économiques dont le pays a besoin. Malgré ce blocage, les réalisations sociales du gouvernement Lugo, bien que limitées, étaient incontestables et la popularité du président est réelle. Depuis le début du mandat de Fernando Lugo, le vice-président Federico Franco a multiplié les critiques contre le président au mépris du compromis politique qui les liait. Il vient d’accéder à la présidence grâce au soutien de l’oligarchie qui a gardé le contrôle des institutions parlementaires suite à des décennies de domination politique sur le pays où le clientélisme joue un rôle clé. De leur côté les dissidents du Parti libéral, Domingo Laino et le sénateur libéral Luis Alberto Wagner, se sont opposés le 22 juin 2012 à la décision prise par le comité politique du Parti libéral de destituer le président Lugo. Ils ont dénoncé le non respect des règles internes du parti libéral et ont affirmé qu’une telle décision ne pouvait être prise que par le directoire du Parti, instance supérieure et plus large que le comité politique |5|.

Honduras 2009

Trois ans après le coup au Honduras, en guise de rappel des événements et afin d’aider à la compréhension des similitudes entre les coups d’Etat hondurien et paraguayen, voici un large extrait d’un article publié en octobre 2009 sur le site www.cadtm.org |6|. : « Lorsque le président constitutionnel Manuel Zelaya a été renversé par les militaires le 28 juin 2009, l’écrasante majorité des médias a déclaré, en contradiction totale avec la vérité, que les militaires réagissaient à sa volonté de modifier la Constitution afin de rester au pouvoir. De nombreux médias ajoutaient qu’il suivait en cela l’exemple d’Hugo Chavez, présenté comme un dirigeant populiste autoritaire. En réalité, Manuel Zelaya proposait aux citoyens honduriens de se prononcer en faveur de l’organisation d’élections générales à une Constituante ce qui aurait représenté une réelle avancée démocratique dans ce pays. C’est ce qu’expliquent très bien Cécile Lamarque et Jérôme Duval, de retour d’une mission du CADTM au Honduras : « Le coup d’État est réalisé le jour où Manuel Zelaya organise une ’consultation’ à caractère non contraignant demandant aux Honduriens s’ils désiraient, ou non, la convocation d’une Assemblée nationale constituante, après les élections prévues le 29 novembre 2009. La question était : « Êtes-vous d’accord qu’aux prochaines élections générales de 2009, une 4e urne soit installée pour permettre au peuple de se prononcer sur la convocation d’une assemblée nationale constituante ? OUI ou NON  ». Si cette consultation avait recueilli une majorité de ’oui’, le président aurait soumis un décret à l’approbation du Congrès pour que, le 29 novembre, les Honduriens se prononcent formellement sur la convocation d’une Constituante, dans une ’quatrième urne’ (les trois premières étant réservées respectivement à l’élection du président, des députés et des maires). Pour donner un semblant de légalité au coup, le Congrès et la Cour Suprême, associés au putsch, ont jugé ce scrutin illégal et ont fait valoir que le président Zelaya a « violé la Constitution » en prétendant la modifier « pour pouvoir briguer un nouveau mandat », à la manière d’un « apprenti dictateur chaviste ». Or, Manuel Zelaya ne cherchait pas, via cette consultation populaire, à reconduire son mandat présidentiel lors des prochaines élections puisque celles-ci se tiendront dans le cadre de l’actuelle Constitution qui prévoit des mandats présidentiels de quatre ans non renouvelables. Zelaya ne pouvait donc pas être candidat à sa propre succession » |7|. »

« Alors que les mouvements populaires d’opposition aux putschistes ont multiplié grèves et manifestations en juillet, en août et septembre, les grands médias y ont à peine consacré quelques lignes. Les rares fois où les grands quotidiens consacrent un article de fond à la situation au Honduras, ils pratiquent une politique de dénigrement du président constitutionnel quand ils ne présentent pas carrément l’action des militaires sous la forme d’un coup militaire démocratique. C’est le cas The Wall Street Journal, qui dans son éditorial du 1er juillet 2009, écrivait que “le coup d’Etat militaire qui a eu lieu au Honduras le 28 juin dernier et qui a conduit à l’exil le président de ce pays d’Amérique centrale, Manuel Zelaya, est étrangement démocratique”. L’éditorial ajoute que “les autorités législatives et judiciaires resteront intactes” suite à l’action militaire. De son côté et de manière plus nuancée, le célèbre quotidien français Le Monde a participé à une campagne de dénigrement de Manuel Zelaya. En voici un exemple. Le 12 septembre 2009, Jean-Michel Caroit, son envoyé spécial au Honduras, cite les paroles d’une Française expatriée dans ce pays et ensuite accole le mensonge répété systématiquement sur les mauvaises intentions attribuées à Manuel Zelaya : « « Pour les Honduriens, le retour de Zelaya est inacceptable car il signifierait vingt ans de dictature à la [Hugo] Chavez », s’exclame Marianne Cadario, en référence au président du Venezuela qui comme son allié Manuel Zelaya prétendait le faire(c’est moi qui souligne) – a modifié la Constitution pour pouvoir se faire réélire. Marianne Cadario, une Française installée depuis trente ans au Honduras, se dit «  hyperchoquée par la réaction de la communauté internationale » qui a condamné le putsch. ». |8| Le ton des journaux comme Le Monde et Libération a commencé à changer fin septembre après que les putschistes aient franchi plusieurs degrés supplémentaires dans la répression. Il est devenu assez critique à l’égard des putschistes. Ceci dit, le quotidien Libération mérite un prix pour l’utilisation des euphémismes. En effet, le 28 septembre 2009 (3 mois après le coup jour pour jour), il intitulait « Parfum de dictature » (c’est moi qui souligne) le paragraphe dans lequel il expliquait que le gouvernement putschiste avait décrété : « l’interdiction de « toute réunion publique non autorisée », arrestation de « toute personne mettant en danger sa vie ou celle des autres », « évacuation » des locaux occupés par les manifestants et brouillage de « l’émission par n’importe quel média de programmes portant atteinte à la paix. » » |9|. » |10|

Le régime issu du Coup d’Etat du 28 juin 2009 a bénéficié de la complaisance voire du soutien actif de l’administration Obama. Le CADTM a rendu compte de la résistance du peuple hondurien et a analysé l’attitude de Washington qui signifiait un encouragement à d’autres candidats putschistes en Amérique latine. Voici ce qui a été publié sur le site du CADTM en décembre 2009 :

« Alors que le président Manuel Zelaya, rentré clandestinement dans son pays le 21 septembre 2009, avait trouvé refuge à l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa, la capitale hondurienne, les putschistes ont continué à réprimer violemment les manifestations des partisans du président constitutionnel et ont décrété, le 27 septembre, un état de siège d’une durée de 45 jours |11|. Commentaire du n°2 de Washington à l’OEA, Lewis Amselem : « le retour de Zelaya est irresponsable » |12|. De son côté, Hillary Clinton n’a pas condamné le couvre-feu prolongé. L’accord qui est intervenu le 30 octobre 2009 sous les auspices de Washington entre les représentants de Manuel Zelaya et ceux de Roberto Micheletti, stipulait expressément que les parties s’engageaient à ne pas faire d’appel direct ou indirect à la convocation d’une assemblée constituante ou à toute consultation populaire (point 2 de l’accord). De plus, il ne prévoyait pas explicitement le retour de Manuel Zelaya à la présidence du pays afin de terminer son mandat. Roberto Micheletti et ses partisans ont dès lors décidé de ne pas rendre la présidence à Manuel Zelaya qui a, par conséquent, appelé la population à ne pas participer aux élections générales prévues pour le 28 novembre 2009. Le principal candidat de gauche à la présidence, Carlos Reyes, ainsi qu’une centaine de candidats de différents partis (dont un secteur du parti libéral) |13|, ont alors retiré leur candidature. Le 10 novembre 2009, Washington a annoncé qu’elle reconnaîtrait le résultat des élections. À la veille des élections, les organisations de défense des droits humains recensaient plus de vingt opposants politiques assassinés depuis le coup d’État, ainsi que deux cent onze blessés lors des actions de répression, près de deux mille détentions illégales, deux tentatives d’enlèvement et cent quatorze prisonniers politiques accusés de sédition. Les médias opposés au coup étaient soit fermés, soit harcelés. L’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation des États Américains (OEA), l’Union européenne, l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR) |14|, les pays membres du Groupe de Rio et de l’ALBA avaient décidé de ne pas envoyer d’observateurs. Les estimations du pourcentage des électeurs qui ont participé au scrutin oscillent selon les sources. Il n’a certainement pas atteint la moitié de l’électorat. Malgré cela, le porte-parole du département d’État, Ian Kelly, a vu dans ces élections « un nécessaire et important pas en avant » |15|. Washington a reconnu l’élection à la présidence de Porfirio Lobo, du Parti national, un représentant dur de l’oligarchie foncière et de la droite qui ont organisé le coup d’État. L’ambassadeur des États-Unis à Tegucigalpa, Hugo Llorens, a déclaré que les élections avaient constitué une « grande célébration de la démocratie » et a affirmé que les États-Unis travailleraient avec Porfirio Lobo, surnommé « Pepe ». « Pepe Lobo est un homme d’une grande expérience politique », a-t-il indiqué à la radio HRN. « Je lui souhaite bonne chance et les États-Unis vont travailler avec lui pour le bien de nos deux pays... Nos relations seront très fortes ». Soutenir un processus électoral issu d’un coup d’État et œuvrer à la reconnaissance internationale des autorités qui l’ont perpétré et à celles qui en sont issues, donne ainsi un encouragement aux candidats putschistes qui se placent politiquement dans le camp de Washington. » |16|

Poursuivant l’analyse, en janvier 2010, sur le site du CADTM, on pouvait lire la description du coup d’Etat en préparation au Paraguay, coup qui a finalement eu lieu le 22 juin 2012 :

« C’est le cas au Paraguay, où une partie de la droite a repris l’offensive. En décembre 2009, le sénateur libéral Alfredo Luís Jaeggli a ainsi appelé à renverser le président Fernando Lugo qu’il accuse de vouloir, comme Manuel Zelaya, imposer le modèle chaviste du « socialisme du XXIème siècle ». Jaeggli, dont le parti constitue le principal « soutien » parlementaire du gouvernement, affirme dans la foulée que le coup d’État réalisé au Honduras n’en est pas un : le renversement de Manuel Zelaya et l’action menée depuis lors par le régime de facto seraient parfaitement légaux |17|. Et il appelle même le parlement paraguayen à intenter un procès politique contre Lugo afin de le destituer et de le remplacer par le vice-président de la République, le libéral de droite Federico Franco. Le sénateur Jaeggli reproche à Lugo de ne pas prendre exemple sur les pays qui ont réussi une réforme économique comme le Chili, avec les changements entamés sous Pinochet, et l’Argentine sous la présidence de Carlos Menem. À l’évidence, le cas hondurien risque d’ouvrir la voie à des coups d’État réalisés par l’armée avec l’aval de certaines institutions étatiques comme le Parlement ou la Cour suprême. » |18|

Le 22 juin 2012, suite à une procédure expéditive, le Sénat paraguayen contrôlé par l’oligarchie mécontente des réalisations de Fernando Lugo a destitué le président démocratiquement élu au suffrage universel en 2008. Le 23 juin 2012, un large front de la résistance s’est mis en place pour obtenir le rétablissement de la démocratie. A la date du 24 juin, sept pays latino-américains ont retiré ou rappelé leurs ambassadeurs du Paraguay (Argentine, Brésil, Colombie, Uruguay, Pérou, Equateur, Mexique). Cinq ont annoncé qu’ils ne reconnaissaient pas le nouveau gouvernement : Venezuela, Bolivie, Equateur, Salvador et Nicaragua. Le Mercosur dont l’économie paraguayenne dépend fortement pour ses échanges commerciaux a décidé de ne pas inviter le nouveau régime à représenter le pays lors de la réunion qui se tient le 29 juin 2012 à Mendoza en Argentine. Au Paraguay, la mobilisation populaire en défense de la démocratie est en train de s’organiser. Il est important qu’elle puisse s’appuyer sur un maximum de soutien international.

Au Honduras, trois ans se sont écoulés depuis le Coup d’Etat perpétré contre le président Zelaya et contre le peuple hondurien qui l’avait élu. Le pays est depuis plongé dans une crise sans précédent. La violence s’est considérablement accrue à l’égard de celles et ceux qui résistent pour défendre les libertés et droits fondamentaux du peuple et pour dénoncer l’orientation ultralibérale du gouvernement de Porfirio Lobo, à la solde de l’oligarchie et des transnationales complices du Coup. Les syndicalistes, mitant-e-s associatifs et des droits humains, féministes, homosexuel-le-s, membres des communautés indigènes et afro-descendantes, journalistes d’opposition, etc., subi

Paraguay (juin 2012) - Honduras (juin 2009) : d’un coup d’Etat à l’autre

25 juin par Eric Toussaint


A trois ans de distance, se répète au Paraguay un scénario de coup d’Etat mis en pratique au Honduras en juin 2009. Dans les deux cas, un organe du pouvoir resté aux mains des représentants de la classe dominante destitue le président légalement élu. Le coup d’Etat respecte les apparences de la légalité. Dans une analyse rédigée en 2009, le CADTM dénonçait le coup d’Etat au Honduras, les complicités dont les putschistes bénéficiaient du côté de Washington. La dernière phrase de l’article annonçait ce qui vient de se passer au Paraguay : « Le cas hondurien risque d’ouvrir la voie à des coups d’État réalisés par l’armée avec l’aval de certaines institutions étatiques comme le Parlement ou la Cour suprême. » |1|

Dès 2009, la grande presse internationale accordait un soutien passif ou actif aux putschistes et le quotidien Libération vient de reproduire à chaud le même type de comportement. Voici ce qu’il publie à propos du coup d’Etat au Paraguay : « Le président paraguayen Fernando Lugo a été officiellement démis de ses fonctions vendredi à l’issue d’un procès politique en destitution de quelques heures mené devant le Sénat, a constaté un journaliste de l’AFP. » C’est la phrase suivante qui donne clairement l’opinion du journal : « Elu en 2008 avec le soutien d’une large coalition d’une vingtaine de partis, M. Lugo avait progressivement perdu l’essentiel de ses partisans au Parlement après une série de désaccords politiques. » |2| En réalité, Fernando Lugo, qui a été élu au suffrage universel en tant que président avec un fort appui populaire, n’a jamais eu de véritable majorité parlementaire pour mener à bien son projet car les deux partis traditionnels de la droite dominaient les institutions parlementaires (il s’agit du parti libéral et du parti Colorado, ce dernier ayant appuyé la dictature de Stroessner entre 1954 et 1989. Le parti Colorado a exercé sa mainmise sur le gouvernement et l’Etat paraguayens durant 62 ans). Lugo a alors dû négocier le soutien du parti libéral (dont une partie importante des dirigeants s’était opposée à la dictature de Stroessner) |3|. Donc contrairement à ce qu’affirme Libération, Lugo n’a pas perdu l’essentiel de ses partisans au parlement. Ses partisans à proprement parler étaient très minoritaires dans le parlement et ils sont restés avec lui. Ses liens avec Domingo Laino |4|, un dirigeant historique du Parti libéral (pour son opposition radicale à la la dictature de Stroessner) et ses partisans, se sont même renforcés. En revanche, la direction du parti libéral auquel appartient le vice-président Federico Franco qui vient de prendre le pouvoir n’a soutenu Lugo que comme la corde soutient le pendu. Il n’a jamais fait partie des partisans de Lugo. Le parti libéral était un allié qui bloquait toutes les tentatives de réaliser les profondes réformes sociales et économiques dont le pays a besoin. Malgré ce blocage, les réalisations sociales du gouvernement Lugo, bien que limitées, étaient incontestables et la popularité du président est réelle. Depuis le début du mandat de Fernando Lugo, le vice-président Federico Franco a multiplié les critiques contre le président au mépris du compromis politique qui les liait. Il vient d’accéder à la présidence grâce au soutien de l’oligarchie qui a gardé le contrôle des institutions parlementaires suite à des décennies de domination politique sur le pays où le clientélisme joue un rôle clé. De leur côté les dissidents du Parti libéral, Domingo Laino et le sénateur libéral Luis Alberto Wagner, se sont opposés le 22 juin 2012 à la décision prise par le comité politique du Parti libéral de destituer le président Lugo. Ils ont dénoncé le non respect des règles internes du parti libéral et ont affirmé qu’une telle décision ne pouvait être prise que par le directoire du Parti, instance supérieure et plus large que le comité politique |5|.

Honduras 2009

Trois ans après le coup au Honduras, en guise de rappel des événements et afin d’aider à la compréhension des similitudes entre les coups d’Etat hondurien et paraguayen, voici un large extrait d’un article publié en octobre 2009 sur le site www.cadtm.org |6|. : « Lorsque le président constitutionnel Manuel Zelaya a été renversé par les militaires le 28 juin 2009, l’écrasante majorité des médias a déclaré, en contradiction totale avec la vérité, que les militaires réagissaient à sa volonté de modifier la Constitution afin de rester au pouvoir. De nombreux médias ajoutaient qu’il suivait en cela l’exemple d’Hugo Chavez, présenté comme un dirigeant populiste autoritaire. En réalité, Manuel Zelaya proposait aux citoyens honduriens de se prononcer en faveur de l’organisation d’élections générales à une Constituante ce qui aurait représenté une réelle avancée démocratique dans ce pays. C’est ce qu’expliquent très bien Cécile Lamarque et Jérôme Duval, de retour d’une mission du CADTM au Honduras : « Le coup d’État est réalisé le jour où Manuel Zelaya organise une ’consultation’ à caractère non contraignant demandant aux Honduriens s’ils désiraient, ou non, la convocation d’une Assemblée nationale constituante, après les élections prévues le 29 novembre 2009. La question était : « Êtes-vous d’accord qu’aux prochaines élections générales de 2009, une 4e urne soit installée pour permettre au peuple de se prononcer sur la convocation d’une assemblée nationale constituante ? OUI ou NON  ». Si cette consultation avait recueilli une majorité de ’oui’, le président aurait soumis un décret à l’approbation du Congrès pour que, le 29 novembre, les Honduriens se prononcent formellement sur la convocation d’une Constituante, dans une ’quatrième urne’ (les trois premières étant réservées respectivement à l’élection du président, des députés et des maires). Pour donner un semblant de légalité au coup, le Congrès et la Cour Suprême, associés au putsch, ont jugé ce scrutin illégal et ont fait valoir que le président Zelaya a « violé la Constitution » en prétendant la modifier « pour pouvoir briguer un nouveau mandat », à la manière d’un « apprenti dictateur chaviste ». Or, Manuel Zelaya ne cherchait pas, via cette consultation populaire, à reconduire son mandat présidentiel lors des prochaines élections puisque celles-ci se tiendront dans le cadre de l’actuelle Constitution qui prévoit des mandats présidentiels de quatre ans non renouvelables. Zelaya ne pouvait donc pas être candidat à sa propre succession » |7|. »

« Alors que les mouvements populaires d’opposition aux putschistes ont multiplié grèves et manifestations en juillet, en août et septembre, les grands médias y ont à peine consacré quelques lignes. Les rares fois où les grands quotidiens consacrent un article de fond à la situation au Honduras, ils pratiquent une politique de dénigrement du président constitutionnel quand ils ne présentent pas carrément l’action des militaires sous la forme d’un coup militaire démocratique. C’est le cas The Wall Street Journal, qui dans son éditorial du 1er juillet 2009, écrivait que “le coup d’Etat militaire qui a eu lieu au Honduras le 28 juin dernier et qui a conduit à l’exil le président de ce pays d’Amérique centrale, Manuel Zelaya, est étrangement démocratique”. L’éditorial ajoute que “les autorités législatives et judiciaires resteront intactes” suite à l’action militaire. De son côté et de manière plus nuancée, le célèbre quotidien français Le Monde a participé à une campagne de dénigrement de Manuel Zelaya. En voici un exemple. Le 12 septembre 2009, Jean-Michel Caroit, son envoyé spécial au Honduras, cite les paroles d’une Française expatriée dans ce pays et ensuite accole le mensonge répété systématiquement sur les mauvaises intentions attribuées à Manuel Zelaya : « « Pour les Honduriens, le retour de Zelaya est inacceptable car il signifierait vingt ans de dictature à la [Hugo] Chavez », s’exclame Marianne Cadario, en référence au président du Venezuela qui comme son allié Manuel Zelaya prétendait le faire(c’est moi qui souligne) – a modifié la Constitution pour pouvoir se faire réélire. Marianne Cadario, une Française installée depuis trente ans au Honduras, se dit «  hyperchoquée par la réaction de la communauté internationale » qui a condamné le putsch. ». |8| Le ton des journaux comme Le Monde et Libération a commencé à changer fin septembre après que les putschistes aient franchi plusieurs degrés supplémentaires dans la répression. Il est devenu assez critique à l’égard des putschistes. Ceci dit, le quotidien Libération mérite un prix pour l’utilisation des euphémismes. En effet, le 28 septembre 2009 (3 mois après le coup jour pour jour), il intitulait « Parfum de dictature » (c’est moi qui souligne) le paragraphe dans lequel il expliquait que le gouvernement putschiste avait décrété : « l’interdiction de « toute réunion publique non autorisée », arrestation de « toute personne mettant en danger sa vie ou celle des autres », « évacuation » des locaux occupés par les manifestants et brouillage de « l’émission par n’importe quel média de programmes portant atteinte à la paix. » » |9|. » |10|

Le régime issu du Coup d’Etat du 28 juin 2009 a bénéficié de la complaisance voire du soutien actif de l’administration Obama. Le CADTM a rendu compte de la résistance du peuple hondurien et a analysé l’attitude de Washington qui signifiait un encouragement à d’autres candidats putschistes en Amérique latine. Voici ce qui a été publié sur le site du CADTM en décembre 2009 :

« Alors que le président Manuel Zelaya, rentré clandestinement dans son pays le 21 septembre 2009, avait trouvé refuge à l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa, la capitale hondurienne, les putschistes ont continué à réprimer violemment les manifestations des partisans du président constitutionnel et ont décrété, le 27 septembre, un état de siège d’une durée de 45 jours |11|. Commentaire du n°2 de Washington à l’OEA, Lewis Amselem : « le retour de Zelaya est irresponsable » |12|. De son côté, Hillary Clinton n’a pas condamné le couvre-feu prolongé. L’accord qui est intervenu le 30 octobre 2009 sous les auspices de Washington entre les représentants de Manuel Zelaya et ceux de Roberto Micheletti, stipulait expressément que les parties s’engageaient à ne pas faire d’appel direct ou indirect à la convocation d’une assemblée constituante ou à toute consultation populaire (point 2 de l’accord). De plus, il ne prévoyait pas explicitement le retour de Manuel Zelaya à la présidence du pays afin de terminer son mandat. Roberto Micheletti et ses partisans ont dès lors décidé de ne pas rendre la présidence à Manuel Zelaya qui a, par conséquent, appelé la population à ne pas participer aux élections générales prévues pour le 28 novembre 2009. Le principal candidat de gauche à la présidence, Carlos Reyes, ainsi qu’une centaine de candidats de différents partis (dont un secteur du parti libéral) |13|, ont alors retiré leur candidature. Le 10 novembre 2009, Washington a annoncé qu’elle reconnaîtrait le résultat des élections. À la veille des élections, les organisations de défense des droits humains recensaient plus de vingt opposants politiques assassinés depuis le coup d’État, ainsi que deux cent onze blessés lors des actions de répression, près de deux mille détentions illégales, deux tentatives d’enlèvement et cent quatorze prisonniers politiques accusés de sédition. Les médias opposés au coup étaient soit fermés, soit harcelés. L’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Organisation des États Américains (OEA), l’Union européenne, l’Union des Nations Sud-américaines (UNASUR) |14|, les pays membres du Groupe de Rio et de l’ALBA avaient décidé de ne pas envoyer d’observateurs. Les estimations du pourcentage des électeurs qui ont participé au scrutin oscillent selon les sources. Il n’a certainement pas atteint la moitié de l’électorat. Malgré cela, le porte-parole du département d’État, Ian Kelly, a vu dans ces élections « un nécessaire et important pas en avant » |15|. Washington a reconnu l’élection à la présidence de Porfirio Lobo, du Parti national, un représentant dur de l’oligarchie foncière et de la droite qui ont organisé le coup d’État. L’ambassadeur des États-Unis à Tegucigalpa, Hugo Llorens, a déclaré que les élections avaient constitué une « grande célébration de la démocratie » et a affirmé que les États-Unis travailleraient avec Porfirio Lobo, surnommé « Pepe ». « Pepe Lobo est un homme d’une grande expérience politique », a-t-il indiqué à la radio HRN. « Je lui souhaite bonne chance et les États-Unis vont travailler avec lui pour le bien de nos deux pays... Nos relations seront très fortes ». Soutenir un processus électoral issu d’un coup d’État et œuvrer à la reconnaissance internationale des autorités qui l’ont perpétré et à celles qui en sont issues, donne ainsi un encouragement aux candidats putschistes qui se placent politiquement dans le camp de Washington. » |16|

Poursuivant l’analyse, en janvier 2010, sur le site du CADTM, on pouvait lire la description du coup d’Etat en préparation au Paraguay, coup qui a finalement eu lieu le 22 juin 2012 :

« C’est le cas au Paraguay, où une partie de la droite a repris l’offensive. En décembre 2009, le sénateur libéral Alfredo Luís Jaeggli a ainsi appelé à renverser le président Fernando Lugo qu’il accuse de vouloir, comme Manuel Zelaya, imposer le modèle chaviste du « socialisme du XXIème siècle ». Jaeggli, dont le parti constitue le principal « soutien » parlementaire du gouvernement, affirme dans la foulée que le coup d’État réalisé au Honduras n’en est pas un : le renversement de Manuel Zelaya et l’action menée depuis lors par le régime de facto seraient parfaitement légaux |17|. Et il appelle même le parlement paraguayen à intenter un procès politique contre Lugo afin de le destituer et de le remplacer par le vice-président de la République, le libéral de droite Federico Franco. Le sénateur Jaeggli reproche à Lugo de ne pas prendre exemple sur les pays qui ont réussi une réforme économique comme le Chili, avec les changements entamés sous Pinochet, et l’Argentine sous la présidence de Carlos Menem. À l’évidence, le cas hondurien risque d’ouvrir la voie à des coups d’État réalisés par l’armée avec l’aval de certaines institutions étatiques comme le Parlement ou la Cour suprême. » |18|

Le 22 juin 2012, suite à une procédure expéditive, le Sénat paraguayen contrôlé par l’oligarchie mécontente des réalisations de Fernando Lugo a destitué le président démocratiquement élu au suffrage universel en 2008. Le 23 juin 2012, un large front de la résistance s’est mis en place pour obtenir le rétablissement de la démocratie. A la date du 24 juin, sept pays latino-américains ont retiré ou rappelé leurs ambassadeurs du Paraguay (Argentine, Brésil, Colombie, Uruguay, Pérou, Equateur, Mexique). Cinq ont annoncé qu’ils ne reconnaissaient pas le nouveau gouvernement : Venezuela, Bolivie, Equateur, Salvador et Nicaragua. Le Mercosur dont l’économie paraguayenne dépend fortement pour ses échanges commerciaux a décidé de ne pas inviter le nouveau régime à représenter le pays lors de la réunion qui se tient le 29 juin 2012 à Mendoza en Argentine. Au Paraguay, la mobilisation populaire en défense de la démocratie est en train de s’organiser. Il est important qu’elle puisse s’appuyer sur un maximum de soutien international.

Au Honduras, trois ans se sont écoulés depuis le Coup d’Etat perpétré contre le président Zelaya et contre le peuple hondurien qui l’avait élu. Le pays est depuis plongé dans une crise sans précédent. La violence s’est considérablement accrue à l’égard de celles et ceux qui résistent pour défendre les libertés et droits fondamentaux du peuple et pour dénoncer l’orientation ultralibérale du gouvernement de Porfirio Lobo, à la solde de l’oligarchie et des transnationales complices du Coup. Les syndicalistes, mitant-e-s associatifs et des droits humains, féministes, homosexuel-le-s, membres des communautés indigènes et afro-descendantes, journalistes d’opposition, etc., subissent pressions, intimidations, harcèlements et agressions - quand ils ne tombent pas sous les balles -, de la part du pouvoir d’Etat mais aussi de la part de groupes paramilitaires et de milices privées qui sévissent en toute impunité. Dans la région de l’Aguán, la répression est continue à l’encontre des communautés paysannes dans le cadre du conflit agraire qui les oppose aux grands propriétaires terriens. Selon Reporters sans frontières, plus de 70 avocats ont perdu la vie en trois ans pour avoir notamment défendu les victimes d’abus de la police et de l’armée, et 28 journalistes ont été tués au cours de la dernière décennie, dont 23 depuis le coup d’État |19|. Le 28 juin 2012, le Front National de Résistance Populaire (FNRP) organise une mobilisation nationale à l’occasion des trois ans de ce régime funeste.

Le CADTM apporte sa contribution à la solidarité internationale avec les peuples paraguayen et hondurien.

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Le CADTM apporte sa contribution à la solidarité internationale avec les peuples paraguayen et hondurien.

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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 09:17
CERVEAU.gif
LA REVOLUTION PERMANENTE EGYPTIENNE : UN DEFI AU NOUVEAU POUVOIR
La Révolution, parce que rien n’est encore acquis et parce qu'elle est de nature permanente, se poursuivra.
Il s’agit de :
1- Satisfaire aux revendications du peuple quant à la justice sociale et le progrès ; les attentes ne portent ni sur des lois ou décrets venant au secours d’un régime néo libéral à bout de souffle, en faillite et ayant provoqué l’étincelle du Printemps arabe en Égypte, ni sur les politiques d’austérité qu’imposera l’Occident à la moindre demande d’aide financière et ni sur les petits ajustements des mécanismes de distribution des richesses et de lutte contre tous les abus.
2- Préserver les libertés en les consolidant ; il s’agit de la liberté de la Femme ainsi que les libertés de croyance, d’expression et syndicales, comme il s’agit également de l’égalité des égyptiens devant les droits et les devoirs, indépendamment de leurs croyances et le respect des minorités.
3- Exiger la neutralité de l’Armée à l’égard de la démocratie et abolir tous ses privilèges qui lui furent accordés par la dictature .
4- Rompre définitivement avec cette politique de normalisation avec l’entité sioniste en dénonçant les accords signés ; mais aussi soutenir concrètement la résistance palestinienne en commençant par initier une concrète solidarité avec Gaza et exiger la fin du blocus. Le droit au retour des réfugiés palestiniens dans leur pays, la libération de tous les prisonniersl’arrêt du processus de colonisation, la démolition du mur de l’apartheid sioniste et la libération des terres arabes toujours occupées devront être des exigences constantes en matière de politique régionale de l’Égypte.
Voilà en quoi consistera le défi que lance la Révolution Égyptienne non seulement au nouveau Président de la République, mais aussi à toute la classe politique.
Le sang n’a pas été versé pour rien ; il a exigé la Révolution ; donc cette dernière restera permanente jusqu’à sa première victoire et au-delà de cet instant historique tant espéré et attendu.
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26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 09:12
CERVEAU.gifLes Etats-Unis étalent leur hypocrisie : Washington dénonce l’armement de la Syrie par la Russie tout en armant le Bahreïn (Forbes)
Doug Bandow


Il n’y a pas si longtemps, la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton disait que le Président Bashar Assad était une force de réforme. Maintenant elle se dit scandalisée par la Russie accusée de soutenir Assad en lui livrant des armes. Au même moment, les Etats-Unis sont en train d’armer le gouvernement de Bahreïn, qui opprime sa minorité Chiite.

La duplicité et l’hypocrisie sont peut-être inévitables en diplomatie, mais une duplicité et hypocrisie flagrantes ne le sont pas. Dénoncer solennellement Moscou parce qu’il se comporte comme Washington ternit l’image internationale de l’Amérique.

La Syrie est une tragédie, une guerre civile où la majorité de la population tente de renverser une dictature familiale. Mais contrairement à la Libye, une partie importante de la population soutien Assad ou s’oppose à une révolution qui pourrait déboucher sur une vague de violences contre les minorités ethniques et religieuses. L’avenir est sombre et il n’y a pas grand-chose que Washington puisse faire.

Par ailleurs, il n’y a là aucun enjeu pour la sécurité des Etats-Unis, ni même d’enjeu quelconque, qui puisse justifier une intervention militaire de plus dans un pays Musulman et Arabe. L’humanitaire n’est pas non plus une justification acceptable. L’Irak devrait ouvrir les yeux à tous ceux qui pensent que la guerre peut être un outil sophistiqué pour mener de délicats changements sociaux à l’étranger. Avec au moins 200.000 Irakiens tués au cours de la « splendide petite guerre » de George W. Bush, Barack Obama serait bien inspiré de garder les troupes à la maison.

Et il est temps que les responsables politiques américains cessent leur petit jeu international de « faites ce que je dis et pas ce que je fais ». Ca fait longtemps déjà que l’on assiste à un groupe de diplomatiques de Washington qui parcourent le monde pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme tandis qu’un autre groupe s’attelle à promouvoir la stabilité et la sécurité nationale. C’était particulièrement évident pendant la Guerre Froide. Les Etats-Unis défendaient tout ce qui était juste et bon, sauf dans les cas de la Corée du Sud, du Pakistan, de l’Egypte, du Nicaragua, du Chili, du Zaïre, de l’Iran, de la Somalie, de l’Irak, de l’Arabie Saoudite, et d’autres dictatures dans le tiers-monde.

La disparition de l’Union Soviétique a ôté à l’Amérique son apparent besoin de violer ses principes afin de les sauver. Puis la dénommée guerre globale contre le terrorisme a rapproché Washington du Pakistan, l’Arabie Saoudite et les voyoucraties d’Asie centrale. Plus récemment, l’administration Obama a eu du mal à réagir devant le Printemps Arabe parce qu’elle avait soutenu le dictateur égyptien Hosni Mubarak et se montrait parfaitement accommodant avec le dictateur syrien Bashar Assad.

Entretemps, Washington a retrouvé sa voix contre Assad, jugé de manière très opportune comme le probable perdant. Le Président Barack Obama a récemment déclaré « nous défendons des principes qui englobent les droits universels pour tous les peuples et des réformes politiques et économiques justes ». Au moins en ce qui concerne la Syrie.

Au moment même où l’administration fait campagne contre Assad, elle continue de soutenir l’autocratie du Bahreïn et son principal soutien autocrate, l’Arabie Saoudite. A la manière qui n’appartient qu’à eux, les officiels Américains ont appelé les deux camps à faire preuve de retenue – les Bahreïnis qui manifestent pour la Démocratie et les Bahreïnis qui tirent sur ceux qui manifestent pour la Démocratie.

Il ne fait aucun doute que la situation en Syrie est pire qu’à Bahreïn. Et aucune hypocrisie de Washington ne saurait justifier le comportement de Damas. Néanmoins, le comportement de l’administration Obama ridiculise toutes les proclamations du gouvernement américain en faveur de la démocratie et des droits de l’homme.

Le Bahreïn, comme la plupart des états du Golfe, est essentiellement une dictature monarchique. Une royauté sunnite manipule le système à l’avantage de la population sunnite minoritaire. La population chiite est défavorisée et réprimée. L’année dernière, les chiites se sont soulevés et ont connu la répression brutale des dirigeants de Manama qui ont fait une démonstration de leur pouvoir. Des manifestants pacifiques furent attaqués. Il y a eu de nombreux morts. Beaucoup ont été arrêtés, y compris des médecins qui soignaient des manifestants blessés. Le Bahrain Youth Society a documenté de nombreux morts et brutalités à l’encontre des manifestants au cours de l’année écoulée. Une enquête indépendante sur les droits de l’homme a révélé que la torture était une « pratique systématique ».

Selon le dernier bilan sur les droits de l’homme au Bahreïn du Département d’Etat : « les problèmes les plus flagrants relevés en 2011 sont l’incapacité pour les citoyens de changer de gouvernement par des moyens pacifiques ; le licenciement et l’expulsion des travailleurs et des étudiants engagés dans des activités politiques ; l’arrestation et détention arbitraire de milliers de personnes, y compris des médecins, des militants des droits de l’homme et des personnalités politiques, dont certains seront torturés et/ou tués en prison ; et l’absence d’état de droit. »

Ce n’est pas tout. Le Département d’Etat ajoute : «  Parmi d’autres préoccupations il y a les privations de vie arbitraires (sic – NdT) ; détention de prisonniers d’opinion ; violations de la vie privée et des libertés civiques, dont la liberté d’expression, de presse, de rassemblement, d’association et certaines pratiques religieuses. Dans certains cas, le gouvernement a imposé et renforcé les restrictions sur les déplacements des militants politiques. » En ce qui concerne la religion, explique le Département d’Etat, « la population musulmane sunnite jouit d’un statut privilégié et la population chiite est discriminée. » Et le Département d’Etat poursuit. Les chiites de Bahreïn n’ont pas subi uniquement la répression de Bahreïn. Le régime a naturellement accusé l’Iran d’avoir fomenté les troubles sans présenter de preuve quant à une implication de Téhéran. Cependant, d’autres états du Golfe, menés par l’Arabie Saoudite, ont envoyé des troupes pour venir en aide à la royauté bahreïnie. La Maison de Saoud est à la fois une kleptocratie familiale et une dictature sunnite. Riyad n’a certainement aucun respect pour les droits de l’homme. Le dernier rapport sur les droits de l’homme du Département d’Etat y signale : « parmi les problèmes figurent l’absence de droits ou de moyens légaux pour la population de changer de gouvernement ; des restrictions sur des droits universels tels que la liberté d’expression, y compris l’accès à Internet, et la liberté d’assemblée, d’association, de mouvement et de religion ; l’inégalité des droits pour les femmes et les enfants ainsi que pour les travailleurs. »

Le rapport mentionne aussi «  la torture et autres abus, des conditions de détention déplorables, l’arrestation et détention de prisonniers politiques, l’absence d’état de droit et les arrestations et détentions arbitraires, des violations arbitraires de la vie privée, des habitations et du courrier.  » Sur le plan de la vie privée, notamment les pratiques religieuses, le système est totalitaire. Les Etats-Unis sont allés en guerre contre l’Irak en s’alliant avec l’Arabie Saoudite mais le sort d’une femme chrétienne aurait été beaucoup plus enviable à Bagdad qu’à Riyad.

Les royaux saoudiens savent qu’ils mènent la belle vie et ils sont prêts à verser tout le sang qu’il faudra pour préserver leur système. Ce qui signifie étouffer la révolte chiite dans l’état voisin de Bahreïn. En fait, Riyad a proposé un quasi mariage à ses petits voisins, ce qui naturellement horrifié les chiites bahreïnies. On ne peut pas dire que la brutalité saoudienne empêche les présidents américains de dormir. Ces derniers ont régulièrement loué les dirigeants de la Maison de Saoud. En réalité, le mot « démocratie » a rarement été prononcé par un diplomate américain devant un prince saoudien.

Il faut reconnaître que Washington a été embarrassé par les protestations à Bahreïn. Il a froncé les sourcils devant la répression brutale des manifestations pro-démocratie et a déclaré que la famille royale al-Khalifa devait se montrer plus gentille envers la population qu’elle massacrait. Récemment l’administration Obama s’est déclarée « très déçue » par la décision de Bahreïn de confirmer les condamnations des médecins qui ont soigné les manifestants : «  ces condamnations semblent se baser, du moins en partie, sur les critiques émises par les accusés contre la politique et les actions du gouvernement ». Qui l’eut cru ?

Mas le Roi Hamad de Bahreïn a récemment menacé l’opposition pour avoir « insulté » l’armée, qui est le principal rempart du régime. Il a annoncé que les « services exécutives devaient prendre les mesures légales nécessaires pour mettre fin à ces violations. » Ce qui, selon l’expérience passée, signifie l’arrestation, la torture et la emprisonnement, et même la mort, pour les coupables. Pourtant, Washington persiste à jouer les équilibristes. Au début du mois, la porte-parole du Département d’Etat Victoria Nuland a dit : « Nous appelons toutes les parties à œuvrer ensemble pour mettre fin aux violences et s’abstenir de toute provocation. » Si seulement les chiites cessaient de critiquer leurs oppresseurs, ils ne se feraient peut-être pas tirer dessus.

Le dilemme de l’administration est évident. La 5ème flotte US est basée à Manama. Et les Etats-Unis ne veulent pas que des peccadilles telles que des violations des droits de l’homme par un état viennent entacher une si belle amitié.

Cependant, les Etats-Unis ne cessent d’acquiescer devant la famille royale bahreïnie, ses pillages et ses tortures. Washington est activement en train de renforcer le régime. L’année dernière, sous pression du Congrès, l’administration Obama avait suspendu à contrecœur les ventes d’armes. A présent, Washington est en train de libérer 53 millions de dollars pour « du matériel déjà prévu et nécessaire à la défense de Bahreïn et le soutien aux opérations de la 5ème flotte. » D’autres assistances en matière de sécurité restent suspendues, du moins pour le moment. « Bahreïn est un partenaire et allié important en matière de sécurité dans la région et fait face à d’énormes défis, » explique Nuland. Peu importe comment l’administration tente de justifier sa décision, celle-ci sera perçue comme un soutien à la dictature d’al-Khalafi. Et ce que Manara comprendra, c’est « Vous devriez vraiment être plus gentils avec les gens que vous réprimez et, ah, au fait, voici les armes qui vous attendiez. » Un militant des droits de l’homme bahreïni, Mohammed al-Maskati, a protesté : « C’est un message clair de soutien aux autorités et de non-soutien à la démocratie à Bahreïn, de non-soutien aux manifestants de Bahreïn. »

L’administration reconnaît comment ses actions sont perçues. Un officiel US qui n’a pas été nommé a déclaré au (magazine) Christian Science Monitor : « Nous avons pris cette décision conscients du fait qu’il persiste un certain nombre de violations graves des droits de l’homme à Bahreïn et nous espérons que le gouvernement de Bahreïn se penchera sur la question. » C’est sûr, après avoir rempli son arsenal, le roi se fera un plaisir de se pencher sur la question.

Tom Malinowski, directeur à Washington de Human Rights Watch, tout en prenant acte que Washington affirme soutenir une réforme politique, déclare que «  le premier intérêt de sécurité nationale à Bahreïn à l’heure actuelle n’est pas la fiabilité des F-16 mais de s’assurer que des réformes soient mises en œuvre pour garantir la stabilité à long terme de la relation . »

La révélation sur la vente d’armes américaine a coïncidé avec l’attaque virulente de l’administration contre Moscou, accusé d’avoir fourni des hélicoptères à la Syrie. Une telle chose, a dit la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, « ferait escalader le conflit d’une manière tout à fait dramatique ». Elle a appelé Moscou à « couper totalement ses relations militaires » puisque « l’heure est venue pour toute la communauté internationale, y compris la Russie… de parler d’une seule voix à Assad et d’insister que la violence doit cesser.  »

Les accusations des Etats-Unis, délivrées avec le ton sentencieux habituel, se révélèrent fausses. Les hélicoptères étaient syriens et avaient été envoyés en Russie pour réparation. Apparemment, Moscou n’a pas vendu d’hélicoptères à Damas depuis les années 90. Le Ministre des Affaires Etrangères Sergei Lavrov a dit que son pays était « en train de finaliser des contrats signés et payés il y a longtemps. Ce sont tous sont des contrats qui ne concernent que des systèmes de défense aériens. »

Nuland a tenté de rattraper la bourde de Washington en déclarant que des hélicoptères, neufs ou réparés, pouvaient être employés contre des manifestants. Mais un officiel anonyme du Pentagone a déclaré au New York Times que la secrétaire d’Etat « manipulait l’affaire pour tenter de mettre les Russes en difficulté. » Ce qui aurait peut-être pu fonctionner avant qu’il ne devienne évident que le gouvernement représenté par la Secrétaire Clinton était en train d’armer la famille royale bahreïnie malgré son comportement brutal.

Le Barheïn n’est pas le seul exemple. Washington a joyeusement échangé des armes américaines contre du cash saoudien malgré les violations par Riyad des droits de l’homme. L’Egypte s’éloigne de la démocratie mais continue de recevoir l’aide de l’étranger. Beaucoup de fonds US vont à l’armée pakistanaise, qui est la principale barrière à une véritable démocratie au Pakistan. Israël reste un partenaire privilégié malgré la mise sous coupe de millions de Palestiniens et l’occupation de la Cisjordanie. Les dirigeants américains ne laissent que rarement les droits de l’homme venir troubler le commerce des armes.

Ironiquement, des armes Russes à Damas pourraient contribuer à mettre fin à la guerre. Apparemment, la Russie a fourni à la Syrie quelques armes de défense aériennes et navales. Le chef de la société d’état d’exportation d’armes de la Russie a affirmé qu’elles permettraient à la Syrie de prévenir de toute attaque. Et Damas a bien plus de bonnes raisons que le Bahreïn pour chercher à se défendre. Ces derniers serait très certainement protégés par l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis dans l’éventualité peu probable d’une attaque, supposément de l’Iran. Par contraste, des gens influents à Washington et dans les capitales européennes poussent à une attaque contre la Syrie. Des officiels de l’administration Obama ont déclaré à CNN que l’armée US avait complété ses plans pour une intervention en Syrie.

Le monde serait meilleur avec Bashar Assad et ses alliés dans les poubelles de l’histoire. Mais personne ne sait qui le remplacera, ni si le monde s’en porterait mieux. L’expérience de l’Amérique dans d‘autres aventures militaires folles indiquent que Washington devrait ne pas s’en mêler. Les Etats-Unis n’ont pas besoin d’une nouvelle guerre inutile et imprévisible dans le monde musulman. Dans le même temps, les responsables américains devraient cesser de jouer les donneurs de leçons. La moralisation sans fin a depuis longtemps miné la politique étrangère des Etats-Unis. Si Washington veut armer des régimes oppressifs, il ne peut pas à la fois préserver sa crédibilité et protester si Moscou en fait autant. Y compris en Syrie.

Doug Bandow

Source : http://www.forbes.com/sites/dougbandow/2012/06/18/u-s-hypocr...

Traduction « Forbes - la magazine des milliardaires et la voix des opprimés ! » par VD pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles.

URL de cet article 17030
http://www.legrandsoir.info/les-etats-unis-etalent-leur-hypocrisie-washington-denonce-l-armement-de-la-syrie-par-la-russie-tout-en-armant-le-bahrein-forbes.html

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 12:58
SMIC : Une pichenette n'est pas un coup de pouce ! L'événement
Pour une vraie hausse du Smic !
  • Alors que les conflits se multiplient sur la question salariale, après des années de diète, le gouvernement peut donner l'exemple en augmentant sensiblement le Smic. La hausse limitée à 2% en préparation, soit 6,6 euros mensuels seraient très loin des attentes et des besoins des salariés.

                             

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 07:17

 

 

     La vie du Parti    PCF-OUTILS.jpg                

 

 

A qui nous adressons-nous, à la "gauche" ou à la classe ouvrière ?
Intervention de Pasquale Noizet (Paris) au CN du 11 mai 2012
samedi 12 mai 2012
Intervention non prononcée (faute de temps : il en fallait pour que les camarades du CN puissent développer leurs rêves de "réorienter l’Europe" !)

Que voulons-nous ? A qui nous adressons-nous au parti à travers le front de gauche ? A la gauche, nous l’avons compris mais ne faut-il pas s’adresser aussi aux abstentionnistes souvent issus de la classe ouvrière et à celles et ceux qui se sentant délaissés par les politiques de gauche et de droite ont voté FN ?

L’extrême droite monte en Europe et s’y développe à cause de son fonctionnement antidémocratique laissé aux mains de la finance. Le parti communiste à travers le front de gauche reçoit un écho favorable de ce que l’on qualifie souvent de classe moyenne, travailleurs de la fonction publique notamment, mais demeure peu crédible pour une partie conséquente du peuple qui subit la crise de plein fouet. Ces accidentés du système capitalistes sont les plus extrémistes dans leurs revendications, nous le savons, mais n’est-il pas de notre devoir de répondre à leurs inquiétudes, voire à leurs peurs par des réponses et des actions concrètes sur l’emploi, les délocalisations, la désindustrialisation et l’incidence de l’Euro sur le pouvoir d’achat ?

Ce repli qui s’étend à toute l’Europe est très inquiétant. La situation de la Grèce est une question centrale. La position du parti communiste sur la dette doit s’affirmer et dénoncer haut et fort les pouvoirs de la BCE dont l’impact sur la politique des nations est très négative. La Grèce en est l’exemple frappant et alarmant. Je trouve d’ailleurs très déplacée la médiatisation faite à l’extrême droite grecque qui ne fait pourtant pas le score du Front national français.

En préparant les présidentielles, nous avions discuté de notre stratégie pour les législatives avec nos partenaires du Front de Gauche. Il ne faudrait pas oublier qu’il existe un rapport de force réel avec nos partenaires, le PCF étant le moteur du front de gauche avec des élus reconnus localement. Il n’est pas question de s’effacer au profit de nos partenaires et au dépend de nos élus qui sont sur le terrain et le « labourent » depuis de longues années sans en avoir pesé les conséquences pour l’avenir du parti.

J’ai écouté et entendu les arguments de notre camarade Hervé Poly et je pense que la situation qu’il vit à Hénin-Beaumont est très difficile, j’y suis sensible mais je reste dans le doute sur les chances de Mélenchon à remporter cette élection. Je regrette aussi que le PCF ne soit pas de front dans cette bataille plus que symbolique. Je n’aimerais pas que ce qui est un problème de fond sur le terrain devienne une querelle entre deux personnalités pour le seul plaisir des médias qui comme on le sait font et défont les réputations.

Lors du débat télévisé avec Sarkozy, Hollande n’est pas revenu sur le vote des français contre la constitution européenne non respectée par le gouvernement de droite. C’est une erreur qui, je pense, lui a coûté des voix mais aussi celles qui se sont ralliées au vote FN.

Concernant une participation des communistes au gouvernement social démocrate (évoquée par des camarades du CN), je vois mal le retour d’une gauche plurielle qui effacerait ainsi l’ardoise d’une expérience malheureuse qui aura laissé des traces dans le peuple (qu’il soit de gauche ou de droite). Sur cette question, la position (à ce jour) de Jean Luc Mélenchon a le mérite d’être claire.

Nous avons tout à gagner en demeurant crédible, en tant que communistes hors et dans le Front de Gauche.

Pasquale Noizet, le 11 mai 2012


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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 07:09

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SYRIE : une réflexion de la commission internationale du PRCF

« L’Orient compliqué » dont parlait le Général de Gaulle ne permet pas, contrairement à la non-pensée-BHL, des analyses à l’emporte pièce. Le schéma « western » n’est pas de mise, tant pis pour ceux, nos médias de masse, propriété, faut-il le rappeler de grands groupes capitalistes, et de marchands d'armes en particulier, qui ne sont capables de raisonner que de façon manichéenne : là les gentils, ici les méchants, et cela dans le but de préparer les esprits aux guerres d'agression impérialistes. Les "médias-mensonges" du type "Timisoara" ou "pouponnières du Koweït" ne doivent pas être négligés.

La situation en Syrie est caractérisée par des affrontements extrêmement violents entre des  rebelles  opposés au régime Assad - l’actuel Président du pays - certains armés comme l’ « Armée Libre »  et les partisans du régime dont l’armée reste globalement fidèle à Assad. Tueries, massacres se succèdent, manipulations médiatiques et politiques aussi. De plus les deux blocs qui s’opposent ne sont pas homogènes : parmi les opposants nous trouvons des citoyens qui veulent en finir avec un régime clanique et corrompu mais aussi des terroristes d’Al-Qaïda, sans parler des agents des « services » occidentaux qui jettent de l’huile sur des feux qu'ils ont eux mêmes allumé. Parmi les soutiens au régime il y a aussi des inconditionnels, ceux qui profitent du régime et de son évolution néo-libérale, et des critiques, qui soutiennent l’indépendance de la Syrie contre les menées impérialistes plus que le régime lui-même.

D’autre part, le pays est non seulement composé de courants politiques différents et opposés mais aussi de communautés religieuses qui se positionnent en fonction de ce qu’elles croient être leurs intérêts : les Alaouites (groupe minoritaire dont fait partie le « clan »Assad) ou les Chrétiens plutôt avec le régime qui se proclame laïc et qui « protège » les minorités, puisqu'il est lui-même une minorité, les sunnites majoritaires et partiellement opposés à Assad, la forte minorité Chiite et les Druzes.

Enfin il faut tenir compte du fait que les tribus, leurs chefs, gardent une importance certaine dans les relations politiques inter-syriennes dans un écheveau complexe et fluctuant.

N’oublions pas, par ailleurs, que le conflit syrien est surdéterminé par la géopolitique mondiale. Les USA et la FRANCE impérialiste veulent profiter de la guerre civile pour recoloniser de fait le pays, tuer toute opposition au « Grand Israël » et au « Grand Proche-Orient » voulu par Bush, et surtout, finir de couper la Russie et la Chine de l’Afrique et de la Méditerranée. Déjà la Russie a prévenu qu’elle ne reculerait pas en Syrie. Les enjeux dépassent, en effet, le cadre proche-oriental, le but pour la Trilatérale USA/UE/Japon est de briser l’élan des « BRIC », les pays émergents qui réclament leur part au soleil dans le cadre de la mondialisation capitaliste. Sans idéaliser aucun des États concernés, qui postulent à des degrés divers à des positions dominantes dans le cadre du système capitaliste, il est impossible de ne pas voir que les « BRIC » sont conjoncturellement amenés à défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes – une revendication plus révolutionnaire que jamais -, alors que le bloc trilatéral est porté à broyer l’indépendance de tous les peuples, à commencer par le nôtre : si bien que toute victoire de l’impérialisme « français », y compris dirigé par le « gentil » et « normal » Hollande, est d’abord une défaite pour le mouvement démocratique dans notre pays.

Bien entendu, l’histoire de la Syrie conditionne aussi le présent. C’est après un long combat contre les puissances coloniales que la Syrie devient officiellement indépendante en 1946. Lutte contre l’occupation turque dure 400 ans et prend fin à la suite de la Révolte arabe et du rapport de forces crée après la Première guerre mondiale. Mais en 1920 la France impose son mandat avec son armée. C’est alors que la Syrie est démembrée en trois États: Liban, Jordanie et Syrie proprement dite. Événement qui explique l’attitude interventionniste de la Syrie à l’égard du Liban pendant des décennies. Finalement c’est en 1948, après la Deuxième guerre mondiale que la République syrienne est proclamée. Mais bien entendu les puissances impérialistes, en particulier les États-Unis tente de garder la main sur ce pays.

De 1948 à 1963 toute une série de coups d’état ont lieu et le pays reste très instable, mais les progrès du panarabisme socialisant au Moyen-Orient, avec, en Egypte le nassérisme, poussent à la création du Parti Baas. Celui-ci finit par s’emparer du pouvoir en 63 mais ce n’est qu’en 1970 que Hafez el Assad, à la suite d’un nouveau coup d’état, s’empare du pouvoir. Il meurt en 2000 et son fils Bachir lui succède. Disons tout de suite que, dès l’origine, le « socialisme » dont se réclame le Baas se définit comme antimarxiste, récusant la lutte des classes : c’est en fait l’idéologie de la bourgeoisie anti-impérialiste et laïque obligée de tenir compte d’un rapport de forces mondial alors favorable au camp socialiste et au progressisme. Constatons d’ailleurs que l’orientation de plus en plus à droite, de plus en plus favorable au capital, de plus en plus favorable à l’impérialisme même, se produit simultanément que l’affaiblissement, puis la défaite du camp socialiste, avec les privatisations massives de l’économie, y compris sous la forme d’une coupe réglée clanique, le recul de la laïcité, le recul de l’indépendance nationale au profit des impérialismes.

Cette situation nouvelle entraîne un mécontentement de masse parmi les peuples arabes qui luttent pour plus de justice et de libertés. Comme l’impérialisme ne supporte plus la moindre autonomie des régimes du Moyen-Orient du fait de la présence de sources d’énergie vitales pour les pays impérialistes, les États-Unis et ses alliés, malgré des contradictions internes, veulent instaurer un « nouveau » Moyen-Orient, comprendre un nouveau protectorat sur cet espace géostratégique, d’autant plus important que les USA tentent de couper la Chine de son approvisionnement en énergie, Chine qui est l’ennemi stratégique fondamental des E-U. C’est d’ailleurs la raison de l’affirmation de l’alliance Chine-Russie récemment affirmée à Pékin par les deux grands pays qui du coup s’opposent aux ingérences impérialistes en Syrie au sein de l’ONU. Surtout qu’ils ont été échaudés par l’affaire libyenne dont on n’a pas assez dit qu’elle devait beaucoup aux plans de Kadhafi de se rapprocher de la Chine.

En tous les cas la conjonction de ces deux facteurs, mécontentement social profond des masses arabes et volonté de l’impérialisme de détruire les vestiges du nationalisme arabe ont créé une situation explosive dont une des expressions sont les «révolutions arabes ». Ceci étant, comme les régimes arabes bourgeois ont pourchassé, massacré, anéanti les avant-gardes progressistes et révolutionnaires arabes, les masses se sont trouvées, avec les islamistes, un porte-parole de substitution. Mais il se trouve que ce porte-parole est parfaitement compatible avec l’impérialisme. Un nouveau genre de bourgeoisie « compradore » qui veut sa part des richesses mais ne remet pas en cause le capitalisme ni la domination impérialiste. Ceci étant des contradictions peuvent apparaitre et apparaissent entre eux et l’autonomie des sujets politiques est telle que nous ne devons pas avoir une vision mécaniste des ces situations mais une vision dialectique, appréhendant les contradictions qui peuvent surgir chez nos ennemis, impérialistes ou islamistes. Mais force est de constater que ces derniers sont, en Syrie, soutenus et armés par le Qatar et l'Arabie Saoudite, donc par les Américains.

Dans ce contexte, quelle attitude pour les communistes ?

Soutenir les luttes des masses populaires arabes et de la région en tant qu’elles expriment leur indépendance par rapport aux ingérences impérialistes et qu’elles refusent l’appel à l’ingérence franco-américaine. Soutenir l’indépendance nationale et la souveraineté des pays concernés. Développer une ligne anti-impérialiste conséquente : ne jamais sombrer dans la métaphysique manichéenne et soutenir l’insoutenable, sachant que l'ennemi de mon ennemi n’est pas forcément mon ami....l’histoire illustre amplement l’impasse de ce genre de raisonnement primaire et antidialectique, soyons donc lucides et vigilants. Développer la solidarité de classe avec les communistes syriens, iraniens, etc.

Défendre un pays contre l’agression et l’ingérence impérialiste prime sur toute autre considération, car l’impérialisme est l’ennemi principal des peuples. Mais cela ne signifie pas donner brevet de progressisme et de vertu à un régime. Nous serons, en tous les cas, au premier rang du combat contre les guerres impérialistes et aux côtés des peuples.

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 07:03

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Déclaration du Comité Exécutif du PCPE devant l'intervention économique de l'Union Européenne

Le Comité Exécutif du PCPE, devant l'intervention directe de l'UE dans l'État Espagnol, en la masquant sous forme de concession à l'État d'un crédit de 100 milliards d'euros destinés à essayer de sauver le secteur financier espagnol de sa situation de faillite, déclare :

1 - Le gouvernement ment quand il dit que ce n'est pas un plan d’aide et que cet argent ne sera pas rendu par le peuple. Comme il a menti, également, ces dernières semaines, en niant avec grand cynisme l’imminence connue de ce plan d’aide. Et le gouvernement ment aussi maintenant, quand il dit que ce crédit multimillionnaire n'a pas de contreparties politiques.

2 - Avec cette intervention de la part des structures économiques et politiques de l'oligarchie de l'Union Européenne, on constate l'échec le plus absolu du projet politique de la bourgeoisie de ce pays, exprimé dans les politiques appliquées par les divers gouvernements qui se sont relayés ces dernières années. Le Parti Populaire, comme Parti Socialiste Espagnol, ainsi que le reste des partis qui ont partagé le consensus constitutionnel pendant presque 35 ans, ont été incapables de porter un projet d'avenir dans un état souverain et ont fini par céder de fait - et formellement - la totalité de la souveraineté économique et politique aux institutions supranationales impérialistes comme l'UE et le FMI.

3 - Cette manœuvre ne suppose aucune injection de liquidités dans l'économie productive espagnole, pas plus que dans l'économie familiale angoissante, mais elle n’est destinée qu’à soulager un système bancaire espagnol cadavérique, imprégné totalement par la crise structurelle dans laquelle est immergé le système capitaliste en général et sa fraction financière en particulier.

4 - Cette intervention suppose un échec de plus pour les forces de la bourgeoisie, qui ont démontré - encore une fois - leur incapacité absolue à diriger et à soutenir un projet pour l'Espagne, sous-tendu par une intégration avantageuse dans la chaîne impérialiste internationale. La logique du développement impérialiste, définie par un processus très accéléré et irrépressible de concentration et de centralisation du capital, détermine la soumission des éléments les plus faibles de la chaîne, laissant, comme élément de pure rhétorique, le soi-disant processus d'intégration européenne de l'UE, comme un prétendu accord entre des nations libres et souveraines. Une fois de plus, sont mises en évidence les illusions du réformisme d’impulser une Europe prétendue "sociale". Il n'existe pas, il n’existera pas une Europe sociale dans le projet impérialiste de l'UE. Indépendamment de l'orientation politique des forces bourgeoises, les politiques appliquées - par tous les gouvernements concernés - ont conduit à une situation généralisée d'appauvrissement et de perte de droits, insoutenable pour la majorité sociale et populaire qui, en plus de voir comment on réduit et on détruit les conquêtes historiques, doit affronter maintenant une nouvelle vague d'ajustements qui n’entraînera que plus de chômage, plus de misère et plus d’exploitation pour la classe ouvrière.

5 - Le PCPE considère que cette intervention - ultime démonstration de l'incapacité du système capitaliste à vaincre sa crise structurelle-, ne sera, en aucun cas, un soulagement pour les secteurs ouvriers et populaires affectés directement par la crise, mais augmentera encore plus l’impayable et insupportable dette publique qui sera utilisée comme prétexte pour que les forces bourgeoises redoublent leur attaque contre les droits économiques, sociaux, syndicaux et du travail de la majorité sociale.

6 - Devant cet échec du projet historique de la bourgeoisie pour l'Espagne, qui ne pourra pas être résolu dans le cadre du système capitaliste et sous domination de la bourgeoisie, le Parti Communiste des Peuples d'Espagne appelle les travailleurs et les travailleuses à assumer le rôle principal social qui leur revient et agit, en conséquence, pour proposer une alternative globale et un changement radical pour la majorité sociale : la prise du pouvoir par la classe ouvrière, la construction d'un modèle d'économie au service du peuple, la construction du socialisme. Impulsant à partir du processus émergeant de la mobilisation ouvrière, en développant des journées de lutte générale dans tout le pays, et en faisant de la grève générale l'outil principal de ses luttes. En construisant le Front Ouvrier et Populaire pour le Socialisme comme cadre des alliances, pour avancer vers ce pouvoir de la classe ouvrière.

7 - Le PCPE s'oppose frontalement à cette intervention, ainsi qu’à toutes les mesures politiques annexes qui seront connues dans les prochaines semaines, et dénonce toutes ces positions qui, venant de la bourgeoisie ou du réformisme, en proposeront une gestion souple, comme cela a déjà été précédemment utilisé dans d'autres pays. Notre position n'est pas basée sur la nécessité de renégocier des délais, des intérêts ou des quantités lorsque le gouvernement aura accepté l'intervention, nous refusons de payer  cette dette contractée par la bourgeoisie. Le PCPE appelle à lutter pour la rupture immédiate avec les structures impérialistes, avec l'UE, l'euro et l'OTAN, avec l’objectif clair de commencer le développement d'un projet basé sur la socialisation des moyens stratégiques de production, du secteur financier et la construction d'une économie au service du peuple et non des monopoles.

8 - Le PCPE lance un appel à construire la plus ample alliance sociale et populaire contre les effets de cette intervention, à redoubler et à multiplier la lutte des masses, dans les rues et les centres de travail, jusqu'à la déroute totale de la bourgeoisie et de son système politique capitaliste.

Madrid, 10 juin 2012

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