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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 13:34

 

Il est courant de dire que les Japonais sont des gens discrets et courtois. C’est certainement vrai pour la grande majorité de la population sans oublier que les grands chefs nippons tout au long de l’Histoire ont fait couler pas mal de sang en hurlant à la mort. Les Chinois en savent quelque chose. Mais, direz-vous avec raison,  d’autres dans le monde ne se sont pas mieux conduits. Il n’empêche que l’on peut se demander de quoi se mêle le ministre japonais des Finances.

Jun Azumi, c’est son nom, a exigé  de François Hollande, quelques heures seulement après la clôture du scrutin présidentiel, de « respecter les engagements pris par la France en matière de déficit public ». Pour bien se faire comprendre, il a impérialement martelé : « Nous voulons que la France fasse ce qui a été décidé». Et de souligner son « hostilité » à l’idée d’une révision du pacte budgétaire européen.

Le minimum de savoir vivre aurait consisté à observer un peu de retenu, un peu de réserve, un peu de patience, bref, un peu de diplomatie. Le très pressé et très gonflé Jun Azumi, sourire aux lèvres et mains jointes, a versé son fiel à la manière d’un vulgaire Sarkozy. Ancien présentateur sur la chaîne publique de télévision NHK, il se croit toujours en représentation dispensant la vérité officielle sur le petit écran. Spécialiste des gaffes, son comportement est souvent violent. Quant à la diplomatie, il s’en moque royalement regrettant le temps où l’empire régnait en maitre.

Jun Azumi ne restera pas célèbre dans les annales japonaises, encore moins internationales. Quant à son avenir personnel nous nous en contrefoutons. Pourtant, magnanimes, nous nous permettons de lui délivrer un conseil. Non pas d’aller se faire voir chez les… , pour rester poli. Plus simplement nous lui rappelons qu’avant de donner des conseils et des ordres aux autres, il ferait bien de balayer devant sa porte : la dette japonaise s’élève à 220% de son produit intérieur brut (PIB).

José Fort

L’Humanité Cactus 10 mai

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 13:19

                                                                   CERVEAU.gif

 

 

esperance.jpgDans une parfaite prescience de ce qu’est notre condition actuelle, Rousseau ne cachait pas être effaré qu’on puisse appeler « démocratie » un système qui donne la parole au peuple une fois tous les cinq ans pour le renvoyer à la passivité et à l’inexistence politique tout le reste du temps. Il vaut donc mieux ne pas louper l’ouverture de la fenêtre quinquennale ! — coup de chance c’est maintenant… comme en témoignent les cris d’horreur des médias redécouvrant qu’il existe un électorat d’extrême droite, peut-être même qu’il existe un électorat tout court, redécouverte il est vrai facilitée chaque fois que l’électorat en question les contredit. A quelque chose malheur est bon et, au milieu de si nombreux motifs d’accablement, le spectacle de la volaille éditocratique courant en tous sens dans un nuage de plumes pourrait presque être divertissant — s’il n’était destiné à finir aussi brutalement, et inutilement, qu’il a commencé : passé le second tour des législatives, « l’électorat » retournera aussitôt au néant dont, idéalement, il n’aurait jamais dû sortir.

Vaticinations ordinaires

Dans cette agitation intellectuelle sans lendemain où la sociologie spontanée le dispute à la prophétie historique, on est à peu près sûr d’engranger quelques perles, à l’image d’une longue tradition de vaticinations post-électorales dont il est tout de même utile de rappeler quelques-uns des plus remarquables accomplissements (à l’usage d’une corporation qui aurait sans doute élu le signe zodiacal du poisson rouge s’il avait existé). En 1988, persuadés d’avoir enfin rencontré la fin de l’histoire conforme à leur vœu, François Furet, Jacques Julliard, et Pierre Rosanvallon nous annoncent l’avènement définitif de la « République du centre » [1], entendre de la raison gestionnaire, celle dont on fait les cercles, nécessairement centriste car enfin débarrassée des embardées intempestives de l’« idéologie ». En tout cas la chose est certaine : l’affrontement bipolaire est mort et bien mort.

En 2002, avec un Front national (FN) au second tour de la présidentielle, la république du centre, légèrement sonnée, n’a pas trop compris ce qui lui est arrivé. Comme en 1995 (15 % déjà tout de même), mais en plus appuyé, l’extrême droite impose son irréductible mystère puisqu’elle a la propriété, dans le même mouvement, et de plonger le commentariat dans une insondable perplexité et de se poser (à chaque fois !) comme une aberration impossible à rattacher à l’ordre des causes ordinaires. Que la république du centre et ses puissants effets d’indifférenciation politique aient pu en être l’origine ne traverse évidemment pas un instant l’esprit des vaticinateurs. Les percées successives de l’extrême droite sont donc vouées à prendre l’étrange statut oxymorique d’une « exception récurrente » : à chaque fois uniques et incompréhensibles dans leur singularité même… mais faisant régulièrement retour ! Le commentaire autorisé à tendances prophétiques reprend heureusement tous ses droits, et surtout ses aises, lorsque le FN se fait oublier et avec lui l’encombrante « exception » sur laquelle on renâclait tout de même à prononcer la fin de l’histoire. Sous ce rapport, la présidentielle de 2007 est un millésime de première qualité puisque on nous y annonce simultanément et la résolution définitive du problème de l’extrême droite en France (« siphonnée ») et – « république du centre » RIP – l’avènement d’un sain bipartisme à l’anglo-saxonne (probablement « sain » parce qu’à l’anglo-saxonne) ne laissant plus face à face que les deux partis de gouvernement sérieux (à quelques pulvérisations latérales près ; quant aux 18,5% (!) de François Bayrou ils sont déclarés quantité négligeable, preuve supplémentaire que la république du centre mange pour de bon les pissenlits par la racine).

2012, patatras ! FN à 18% et solide quadripartisme : tout est par terre…

Le paradoxe de 2007 tient sans doute au fait qu’on n’aura rarement tiré conclusions si définitives à l’occasion d’un scrutin pour le coup si peu ordinaire — et alors même que (à moins que ce ne soit parce que) il a été lu, après celui de 2002, comme faisant heureusement retour à « l’ordre des choses ». En vérité 2007 et 2012 ne peuvent être analysés séparément, et le second est comme le reflet monstrueux du premier. Car on peut au moins mettre au compte du Sarkozy de 2007 d’avoir compris qu’il y avait matière à attraper l’électorat du FN aussi par la question sociale et d’avoir délibérément monté une stratégie électorale en conséquence, notamment : revalorisation salariale (« le président du pouvoir d’achat », sans doute accommodé à la manière de droite dans les escroqueries du « travailler plus pour gagner plus » — il est en effet d’une logique élémentaire de gagner plus si l’on travaille plus… — mais peu importe, c’est « pouvoir d’achat » qui, comme prévu, a été entendu) ; et puis, déjà, prise de distance d’avec l’Europe de la concurrence et déclarations d’empathie pour la France du « non » au Traité constitutionnel européen (TCE) de 2005.

On se souviendra pourtant surtout de la désinvolture rigolarde avec laquelle la « présidence du pouvoir d’achat » a été liquidée au détour d’une conférence de presse en 2008 ; quant à la « confrontation » avec l’Europe, l’alignement sans discussion sur le modèle allemand de l’austérité généralisée, la célébration du triple-A, le sacrifice des retraites en son nom, et la déclaration de mobilisation nationale pour le conserver (avant de le perdre) la font entrer sans coup férir dans les annales des reniements « fondateurs », à l’image du « tournant » de 1983 ou de l’enterrement de la « fracture sociale » d’octobre 1995.

Il faut avoir peu de sens commun pour s’étonner qu’à ce degré de trahison, l’électorat frontiste, un instant attiré par une offre politique mainstream qui semblait prêter attention à ses revendications sociales ait si violemment fait retour à ses positions de départ, avec en prime l’intention écumante de faire la peau au menteur. Et il en faut encore moins pour ne pas remettre l’événement dans la série longue qui lui donne toute sa signification politique — au prix, il est vrai, d’attenter aux vérités que la « république du centre » (électoralement morte mais encore bien vivante dans les têtes de l’oligarchie politique-éditocratique) avait en son temps rêvé de figer pour l’éternité : la mondialisation et l’Europe libérales.

Portant à toutes les erreurs d’analyse ceux qui étaient trop disposés à prendre leur désir pour la réalité, l’« anomalie » du scrutin de 2007 demande donc bien plutôt à être reconsidérée comme une occurrence de plus d’une régularité politique de longue période — mais celle-là même qu’aucune des certifiées élites ne voudra admettre, ni seulement voir. Car sans discontinuer depuis 1995, le corps social, quoique se dispersant entre des offres politiques variées, n’a pas cessé de manifester son désaccord profond avec le néolibéralisme de la mondialisation et de l’Europe Maastricht-Lisbonne ; et avec la même constance, le duopole de gouvernement, solidement d’accord, par delà ses différences secondes, sur le maintien de ce parti fondamental, n’a pas cessé d’opposer une fin de non-recevoir à ce dissentiment populaire. La montée du FN n’est pas autre chose que le cumul en longue période de ces échecs répétés de la représentation, le produit endogène des alternances sans alternative qui pousse, assez logiquement, les électeurs à aller chercher autre chose, et même quoi que ce soit, au risque que ce soit n’importe quoi.

Granitique continuité de la vie politique française

La séquence historique devrait pourtant être suffisamment éloquente pour qu’on y prête attention. 1993 et l’élection d’Edouard Balladur seront le chant du cygne du néolibéralisme période « comme dans du beurre ». Jacques Chirac ne gagne en 1995 que d’avoir, ou de feindre avoir compris et les dégâts de cette politique et le désaveu où elle est tombée — mais d’une compréhension manifestement insuffisante pour joindre le geste à la parole. La « fracture sociale » est la première réponse politique à cette colère sociale et significativement elle rafle la mise, quoique avec déjà Le Pen père à 15 %… avant d’être abandonnée en rase campagne sous la pression, non pas des « événements » ou des « contraintes extérieures », mais de l’obstination de la classe préceptrice, technocrates de cabinets indifférenciés, éditorialistes commis et experts de service, qui, confits dans leur propre satisfaction matérielle, sont à cent lieues de concevoir qu’une partie croissante de la population ne partage pas leur félicité, et plaident sans relâche pour la perpétuation de ce monde qui leur va si bien — c’est-à-dire pour l’adaptation au cadre des contraintes, plutôt qu’à sa transformation. Le retour de manivelle ne se fera pas attendre bien longtemps. La « fracture sociale » classée sans suite fin octobre, le plus grand mouvement social depuis 1968 commence fin novembre. Et le faux rebouteux est renvoyé à l’inauguration des chrysantèmes en 1997.

Intrat Lionel Jospin, élu non seulement par la disgrâce de Chirac (Alain Juppé) mais aussi pour avoir tenu le discours susceptible de rencontrer les attentes populaires, à savoir : arrêt des privatisations, notamment celle de France Télécom, et engagement solennel à ne valider le Traité d’Amsterdam qu’à satisfaction de trois conditions catégoriques (l’instauration d’un gouvernement économique pour contrebalancer le pouvoir de la BCE, une orientation de politique monétaire qui écarte les aberrations de « l’euro fort », et une réorientation des traités économiques dans le sens de la croissance). Comme on sait France Télécom finira privatisée — le bilan du gouvernement Jospin en cette matière surpassant même celui de son prédécesseur Balladur. Quant aux trois conditions sine qua non, il ne faudra pas quinze jours pour qu’elles soient abandonnées à quelques oblats rhétoriques qui n’engagent à rien, le « pacte de stabilité » devenant « pacte de stabilité et de croissance », avec les mirifiques effets que l’on sait. Ajoutons pour la route le refus de s’opposer à la fermeture de Vilvoorde, l’aveu déconfit de ce que « l’Etat ne peut pas tout », en particulier pas sauver les LU, le grassouillet régime fiscal des stock-options (Strauss-Kahn), la conversion de la gauche-de-gouvernement au reaganisme de la baisse des impôts (Laurent Fabius), la signature (quinze jours avant le premier tour de 2002 — quel talent !) des accords européens de Barcelone ouvrant à la concurrence les services publics de l’énergie, des transports et du courrier, et il s’en trouve encore pour s’étonner rétrospectivement que Jospin se soit fait sortir, et surtout de s’être retrouvés avec le FN au second tour…

Et revoilà Chirac ! Mais assisté de tous les bien-placés qui, FN oublié depuis le lendemain de sa réélection, font bloc pour défendre le TCE en 2005. Trois fois déjà le corps social a protesté contre la continuité du duopole néolibéral, mais c’est probablement qu’il n’a pas bien compris. On va donc lui réexpliquer. Par chance la ratification du TCE offre une occasion sans équivalent de pédagogie à l’usage du peuple enfant, PS et UMP unis pour la défense des choses vraiment importantes — on se souvient de cette fameuse « une » de Paris Match conjoignant… François Hollande et Nicolas Sarkozy, en un raccourci politique saisissant de toute l’époque. Le succès est total. Expérience de pensée : soit une hypothétique élection présidentielle en décembre 2005, quel aurait pu être le score du Front national ? Vous direz quels arguments permettent de prévoir ou non sa présence au second tour et tenterez d’évaluer le nombre de manifestants lycéens et le format de titraille des « unes » antifascistes de Libération propres à éviter l’élection pour de bon de son candidat.

Arrive Sarkozy 2007… On connaît la suite : simulacre de compréhension du rejet de la population à l’endroit du néolibéralisme européen, construction d’une position politique syncrétique en campagne mais contradictoire (et intenable) en régime, résolution violente de la contradiction par reniement express, à la fois par la force des inclinations de classe — le président des riches peut à la rigueur dire certaines choses... mais certainement pas les faire — et par l’obstination de l’oligarchie dirigeante, élites économiques, administratives et médiatiques confondues. 2012, sanction, celle de Sarkozy en particulier, mais plus généralement — la cinquième d’affilée tout de même ! — d’une « démocratie représentative » qui ne représente plus rien.

Le FN, produit endogène des alternances sans alternative

On ne reconnaît pourtant jamais si bien la surdité politique qu’à son empressement à certifier qu’elle a « bien entendu le message » et que « les Français ont envoyé un signal fort ». Il faut croire que la force adéquate du « signal », désormais, ne devrait pas viser en dessous du coup de fourche pour que « le message soit entendu » pour de bon. En attendant, de secousse en secousse, le FN fait sa pelote, et toujours pour les mêmes raisons, celles de la protestation antilibérale constamment réaffirmée, et du déni qui lui est constamment opposé. Il faut donc vraiment des œillères pour ne pas voir, ou ne pas vouloir voir, la régularité granitique qui conduit la vie électorale française : quand l’orthodoxie néolibérale pressure les salaires, dégrade les conditions de travail, précarise à mort ou jette au chômage, quand elle détruit les services publics, abandonne les territoires par restriction financière, menace la sécu et ampute les retraites, toute proposition de rupture reçoit l’assentiment, toute trahison grossit le ressentiment, tout abandon du terrain nourrit le Front national [2].

La vie politique française est donc bien moins compliquée que ne voudraient le faire croire les experts à tirer dans les coins qui se sont fait une spécialité de l’évitement des questions de fond, et notamment de celle qui (les) fâche : la question de la mondialisation, et de son incarnation européenne — à l’image de l’inénarrable Bernard Guetta qui, après les baffes successives du TCE, des scrutins désastreux et de la crise européenne sans fond en est toujours à trouver insensé qu’on puisse faire « de l’Union européenne le cheval de Troie de la mondialisation [3] ». Aussi vont-ils répétant que tout projet de transformation de cet ordre social n’est que « repli sur soi »... Le libre-échange et la finance déréglementée nous détruisent, mais toute tentative d’échapper à la destruction commet la faute morale du « repli sur soi ». Le corps social devrait donc avoir l’heur de se laisser détruire avec grâce — et l’on s’étonne qu’une part croissante de l’électorat prenne le mors aux dents ! Conformément en effet à un enchaînement très semblable à celui que Karl Polanyi avait décrit à propos des années 1920-1940, le (néo)libéralisme, entre inégalités, relégation des pauvres et déréliction individualiste, détruit la société [4]. Très logiquement, et de la même manière qu’alors, le corps social lutte pour résister à sa propre destruction, quitte à s’emparer des pires moyens, parce que toutes autres solutions épuisées, ce sont les seuls, et qu’aux désespérés quelque chose vaut toujours mieux que rien.

On dira cependant que, cette année, un autre moyen il y en avait un, puisqu’il y avait un Front de gauche (FdG), et qu’il n’a pas empêché les 18 % de Le Pen. Mais c’est que le FN est dans le paysage depuis trente ans, et le FdG depuis trois ! — encore n’a-t-il eu probablement pour bon nombre d’électeurs d’existence réelle pour la première fois que cette année. Or la présence pérenne du FN a eu le temps de produire ces pires effets d’incrustation, aussi bien, dans les classes populaires, la conversion partielle des colères sociales en haines xénophobes, que, dans les classes bourgeoises (petites, et parfois grandes), la libération d’un racisme longtemps tenu à l’isolement par les conventions sociales et la menace de l’indignité, mais jouissant de nouvelles licences quand 15 % à 20 % de la population rejoignent ouvertement l’extrême droite — et qu’il est désormais permis de vivre sa « foi » à l’air libre. C’est tout cela qu’il appartient à un Front de gauche de défaire, et d’en venir à bout dès son premier scrutin présidentiel était à l’évidence trop demander. Ceux qui voyaient Jean-Luc Mélenchon au second tour se sont enivrés tout seuls, aidés le cas échéant de quelques liqueurs sondagières — mais ceci n’était pas raisonnable. Le FdG a fait 6,5 % pour sa première sortie électorale nationale (les européennes de 2009), il fait 11 % à sa deuxième, ce sont des résultats plus qu’encourageants. Mais qui ne doivent pas faire oublier que la construction d’une position électorale est une longue patience.

Une patience d’autant plus longue en l’occurrence qu’à propos des électeurs FN qu’il lui incombe de reconquérir, même la gauche (la vraie gauche) commence à donner des signes de fatigue intellectuelle. En témoignent les refus exaspérés d’entendre seulement dire « la France qui souffre ». Assez de la souffrance sociale ! et retour aux explications simples et vraies : ce sont des salauds de racistes. Dans une parfaite symétrie formelle avec la droite qui, en matière de délinquance, refuse les « excuses sociologiques », d’ailleurs tristement suivie par la (fausse) gauche depuis un sombre colloque de Villepinte en 1997 (à chaque terme socialiste ses abandons…), voilà qu’une partie de la (vraie) gauche, en matière de vote FN, ne veut plus de « l’alibi » de la souffrance sociale. Cette commune erreur, qui consiste à ne pas faire la différence entre deux opérations intellectuelles aussi hétérogènes que expliquer et justifier (et par suite « excuser »), finit inévitablement en le même catastrophique lieu de l’imputation d’essence, seul énoncé demeurant disponible quand on s’est privé de toute analyse par les causes. Les délinquants seront alors la simple figure du mal, n’appelant par conséquent d’autre réponse que la répression. Quant aux électeurs de l’extrême droite, ils sont donc « des salauds », appelant… quoi d’ailleurs ? La colonie lunaire ? Au déplaisir général sans doute, il faudra pourtant faire avec eux.

Le déplaisir, voilà précisément l’affect à laisser à sa place autant que possible quand il est tant soit peu question d’analyse politique. Et jamais peut-être la dégrisante maxime spinoziste n’aura été plus nécessaire, qui appelle à « ne pas rire, ne pas déplorer, non plus détester, mais comprendre ». Sinon la suspension complète du jugement, du moins sa trempe est en l’occurrence d’autant plus requise que, d’un racisme l’autre, la démission à comprendre le racisme tout court a le plus souvent pour terminus le racisme social : affreux, sales et méchants — on imagine sans peine les effets politiques qu’il est permis d’attendre d’un viatique intellectuel de pareille minceur, et l’on notera au passage la symétrie tropologique de ces deux cousins opposés, l’un comme l’autre démarrant du même pas : « à la fin, ça suffit, il faut bien appeler un chat un chat », soit : « les électeurs du FN sont des gros cons » exactement comme « les arabes sont trop nombreux ».

Sauf à des esprits un peu épais et par trop portés aux visions du monde par antinomies, vouloir sortir les électeurs FN de la catégorie « gros cons » n’équivaut donc en rien à les verser dans celle des « gens aimables ». Il s’agit bien plutôt de les soustraire à toutes les catégories (morales) du jugement par sympathie ou par empathie (ou bien antipathie) pour les restituer à la seule compréhension causale — dénuée de toute participation. Il n’y a rien à « admettre », encore moins à « partager » du racisme des racistes, mais tout à comprendre, à plus forte raison pour tous ces cas de racisme qui, ne s’expliquant pas directement par les causes matérielles (retraités niçois ou toulonnais très convenablement argentés par exemple), n’en sont par là que des défis plus urgents à l’analyse.

Hollande, ultime recours ??

Dans l’intervalle, on accordera sans peine qu’il faut de l’estomac pour avaler les « France qui souffre » débitées ad nauseam par Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé et leur clique. Mais d’une part il n’y a aucune raison de céder à une sorte de loi de Gresham par laquelle, de même que la mauvaise monnaie chasse la bonne, les usages hypocrites chasseraient les usages pertinents. Et d’autre part, la question de la sincérité pourrait bien être finalement secondaire — étrange et anachronique reliquat du débat théologique de l’attrition et de la contrition — : si la « démocratie » électorale a un seul avantage c’est peut-être, dans certaines conditions (rares), de forcer les gouvernants à au moins dire des choses que jamais ils ne diraient spontanément, et même, encore au-delà (bien au-delà), de les forcer parfois à les faire. La seule question intéressante est donc moins celle de la sincérité que celle de la jonction du geste à la parole, qui n’est pas une affaire de disposition intérieure mais de rapport de force extérieur !

Il est bien certain, pour l’heure, qu’entre le FN qui rafle la mise, Sarkozy qui court derrière, et le Front de Gauche encore à sa maturation, l’état du rapport de force en question n’est pas exactement un motif de réjouissance. C’est donc le PS de Hollande qui est l’ultime recours — nous voilà propres… Car « l’ultime recours », devenu depuis vingt ans étranger à la souffrance sociale et aux classes qui l’expriment, dénégateur des destructions de la mondialisation et de l’Europe libérale, liquidateur répété de ses propres embryons de promesses progressistes, incarnation jusqu’à la caricature sociologique de l’isolement des gouvernants, ignorant tout des conditions de vie des gouvernés, ce « recours »-là porte à part égale la coresponsabilité historique du désastre politique présent.

C’est bien pourquoi les maigrelets engagements du candidat « socialiste » ne peuvent jouir que d’un crédit très limité, particulièrement sur les questions qui décident de tout : la finance et l’Europe. Confirmant que le socialisme de gouvernement a été historiquement le meilleur ami de la déréglementation financière, François Hollande, sitôt dénoncé « l’ennemi sans visage », s’est empressé d’aller à Londres rassurer la City quant à l’innocuité de ses intentions véritables. On ne s’étonnera donc pas de trouver dans son programme sous le titre ronflant de « Dominer la finance » des propositions à l’état de simples songes, ou d’inoffensives bluettes, à l’image d’une agence de notation publique — problème dont il faut rappeler sans cesse qu’il est totalement périphérique —, ou d’un projet de contrôle des produits dérivés, pourtant crucial mais laissé à l’état de pure évocation, toutes choses d’ailleurs renvoyées à d’improbables initiatives de l’Europe — dont la passivité et l’incapacité à avoir produit la moindre avancée régulatrice sérieuse, cinq ans après le déclenchement de la plus grande crise financière de l’histoire, en disent pourtant assez long sur le degré auquel elle est commise à la financiarisation.

Plus gros morceau encore, le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), dont le candidat Hollande a promis d’un ton martial mais pas trop tout de même qu’il demanderait la renégociation — et l’on pense inévitablement au sine qua non de Jospin à propos du Traité d’Amsterdam... A tous les niveaux décidément, les mêmes causes entraînent les mêmes effets, avec en plus une aisance croissante dans le reniement, devenu pratique habituelle. Michel Sapin, potentiel ministre de l’économie, s’en va ainsi rassurer le Financial Times et jurer que son candidat « ne dit pas que nous devons renégocier la discipline budgétaire » [5] — au moins c’est clair. Tout l’article du Monde qui relate ces savants ajustements anticipés est de la même édifiante farine : « il faut à ses [François Hollande] yeux compléter le traité en adjoignant à la “règle d’or” un volet “croissance” » — « compléter » qui ne signifie donc pas « retrancher », et « adjoindre » qui veut dire « conserver »... Mais le meilleur tient sans doute à l’énoncé à peine voilé des conditions auxquelles le président Hollande a d’ores et déjà prévu de rendre les armes de bonne grâce : « les socialistes font savoir qu’un pacte non modifié (c’est moi qui souligne), mais accompagné d’un protocole additionnel, et de conclusions du Conseil européen plus substantielles sur la croissance pourrait être acceptable par la France ». « Les socialistes font savoir » que la verroterie avec laquelle on les achète est toujours aussi modique : comme en 1997, des mots suffiront.

Se peut-il que la sortie de Mario Draghi, président de la BCE, appelant à sauver la croissance en train de périr pour de bon sous les plans d’austérité magnifiquement coordonnés, puisse modifier sensiblement la donne ? A l’évidence bon nombre de pays serrent les dents des absurdités de l’austérité en période de crise, et sont visiblement en attente d’une possible coalition (à laquelle la France apporterait une contribution importante) qui permettrait de desserrer la contrainte. Si la chose se produisait, elle devrait cependant moins au volontarisme transformateur de François Hollande qu’à la cristallisation fortuite d’une situation politique nouvelle après l’accumulation d’échecs (le dernier en date étant l’Espagne) et surtout l’ajout à la liste des Pays-Bas, jusqu’ici membre insoupçonnable du hard core triple-A, mais désormais lui aussi hors des clous et condamné à la rigueur.

Que « la chose » se produise reste pourtant très improbable. Car dans un de ces faux-semblants rhétoriques qui est comme la marque de fabrique d’un néolibéralisme devenu illégitime, la « croissance » de Mario Draghi parle de tout ce qu’on veut sauf de ce dont il est vraiment question, à savoir : en finir avec l’aberrante obligation de réduire les déficits à toute force en période de récession, équivalent fonctionnel des contresens que furent les politiques de Hoover en 1929, de Laval en 1935… ou de Brüning en 1931. Bien plutôt il s’agira — il en est en fait déjà question depuis assez longtemps — de « politiques structurelles », c’est-à-dire de quelques pas de plus dans la déréglementation (des services, du marché du travail, etc.), contresens ajouté au contresens car ces politiques ne visent qu’à relancer la croissance par la compétitivité et les exports, ce qui signifie d’une part que leur généralisation les voue à l’inefficacité collective (la compétitivité par la déflation salariale n’est jamais qu’un avantage relatif… qui disparaît comme tel lorsque tout le monde la poursuit), et d’autre part, qu’à supposer même ces politiques efficaces, elles ne produiraient leurs effets au mieux qu’à horizon de plusieurs années — pas vraiment à la hauteur des urgences d’une relance réelle.

De « complément » en « adjonction » en tout cas, le candidat Hollande a déjà fait savoir que le dispositif central du TSCG, à savoir la règle d’or comme mécanisme aveugle de réduction des déficits, n’attirait pas de sa part la moindre critique de fond. Et on l’a moins encore entendu exprimer la moindre protestation à l’idée de l’empire des marchés financiers sur les politiques économiques, ni le premier projet d’y remédier sérieusement. Désormais accoutumé à la verroterie, on peut compter sur lui pour valider les prodigieuses avancées qui verront, à l’occasion de l’un de ces irréparables sommets dont l’Europe a pris l’habitude, « la-croissance » rejoindre en mots toutes les dispositions qui la tuent en fait.

***

On ne saurait que difficilement reprocher aux électeurs du FN d’être incapables de rapporter leurs misères sociales à l’article 63 (liberté de mouvements des capitaux) ou aux articles 123 (interdiction du financement des déficits par la Banque centrale européenne) et 126 (déficits excessifs) du Traité de Lisbonne, ou à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou au comité de Bâle qui en sont pourtant les causes réelles mais abstraites, et surtout lointaines — à défaut de quoi, comme on sait, la déflection du mécontentement peut élire n’importe quel fait comme cause prochaine (et dernière) : par exemple des Arabes vus à la télé… C’est lorsque ceux à qui il appartiendrait d’établir les connexions réelles des causes et des effets commencent à manquer à leurs devoirs, par la dénégation, ou pire encore par la diversion, que le débat politique prend un mauvais tour. Or, tout autour du peuple abandonné il n’y a plus que cela : précepteurs de la raison social-libérale occupés à nier toute implication de leur monde rêvé dans les infortunes populaires et à exclure même que la question soit posée — des Bernard Guetta —, ou bien, forme évidemment plus pernicieuse, crapules politiques affairées à conforter ces électeurs dans l’idée qu’en effet les Arabes sont le problème et la police la solution. Spectacle à laisser la mâchoire pendante, voilà qu’au beau milieu de la plus grande crise du capitalisme le débat de second tour roule sur le vote des étrangers et la présomption de légitime défense des flics sans qu’aucun des interrogateurs du candidat de droite ne viennent dire le caractère éhonté de sa manœuvre — il est vrai que depuis des décennies les médias n’ont eu de cesse d’escamoter les vrais problèmes et de promouvoir les faux, et eux, ce qui est peut-être pire, sans la moindre intention manœuvrière…

Alors très bien, prolongeons les tendances : un FN resplendissant, une droite désormais accrochée à ses basques, un Front de gauche sans doute sorti des limbes mais au début seulement de son parcours, un PS frappé de stupeur à l’idée qu’on puisse objecter quoi que ce soit de sérieux à l’Europe libérale et à la mondialisation, un chœur de précepteurs éditocratiques-experts obstiné à le conforter dans cette sage restriction (comme en témoigne incidemment le délire haineux dont a fait l’objet la campagne de Mélenchon, engagé à poser les questions qui ne doivent pas être posées)… On cherche la maxime qui, toutes choses égales par ailleurs, permettrait d’éclairer par anticipation la situation politique de 2017. Et facilement on trouve : mêmes causes, mêmes effets.

Notes

[1] François Furet, Jacques Julliard, Pierre Rosanvallon, La République du centre. La fin de l’exception française, Seuil, 1988.

[2] Lire Claude Julien, « Les fourriers du Front national », Le Monde diplomatique, mars 1996.

[3] Bernard Guetta, « Le crime des nouvelles droites européennes », Libération, 26 avril 2012.

[4] Cf. « Avez-vous lu Polanyi ? », Le Monde diplomatique, janvier 2012.

[5] Philippe Ricard (à Bruxelles), avec Frédéric Lemaître (à Berlin), Sandrine Morel (à Madrid), Philippe Ridet (à Rome) et Alain Salles (à Athènes), « Le débat sur la croissance s’intensifie en Europe », Le Monde, 25 avril 2012.

 

 

http://blog.mondediplo.net/2012-05-02-Front-national-memes-causes-memes-effets

 

                                     Par valenton rouge

 

 

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 13:11

                                                                     

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  Saïd Bouamama : « A diaboliser les musulmans, on crée des islamophobes »

4085583-6199ec41-0e144.jpg Le score obtenu par le Front national lors du premier tour des élections françaises en a consterné plus d’un. Est-il le signe d’une islamophobie grandissante ? Ou reflète-t-il tout simplement une société française baignant dans des manipulations à la fois politique et médiatique ? Investig’Action a tenté de répondre à ces questions en rencontrant Saïd Bouamama, sociologue et militant engagé depuis de nombreuses années dans les luttes de l’immigration pour l’égalité réelle des droits en France.

 
Comment expliquez-vous le score élevé du Front national lors du premier tour des présidentielles ?
Il relève selon moi de deux causes essentielles. La première est historique et liée à l’héritage de la colonisation. A l’époque, pour que le colonialisme puisse fonctionner, il fallait préparer les esprits, créer un espace mental colonial. Les Arabes, les noirs et les musulmans ont ainsi été présentés comme des sujets allergiques à la modernité, à la laïcité, à la république… Des gens dangereux pour la démocratie en somme. Les sujets étant présentés comme cela, il apparaissait normal que le colonialisme les transforme complètement et s’autorise même à les mâter en cas de révolte. Aujourd’hui, l’extrême-droite française instrumentalise cet héritage pour des besoins contemporains. Et le champ politique se trouve pris en otage car les autres partis reprennent ces thèmes imposés par l’extrême-droite au lieu de se démarquer complètement de cette mouvance.
Le deuxième facteur, c’est la crise économique. Elle a entraîné l’appauvrissement d’une partie de la population et rendu précaires nombre de garanties sociales. Le FN surfe sur le mécontentement des gens. Il n’est donc pas surprenant qu’un tel parti réalise un bon score dans le contexte actuel. L’inverse m’aurait surpris. Mais il y a une autre leçon importante à tirer de ce scrutin : le résultat obtenu par Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier a pris de front les thèses du FN, il ne leur a accordé aucune concession. Son score révèle donc l’émergence d’une minorité de citoyens qui centrent leurs préoccupations sur les questions socio-économiques.
La montée de l’islamophobie est-elle liée à l’échec de la politique d’immigration en France ?
Mais il n’y a pas d’échec de la politique d’immigration, pour autant que l’on considère son véritable objectif. L’objectif de la politique d’immigration est très simple : assurer une force de travail moins chère que la force de travail national. Cette mise en concurrence des travailleurs permet de niveler par le bas les coûts du travail. Par conséquent, au-delà des beaux discours idéologiques sur l’intégration, il y a toujours eu une politique très simple qui visait à assigner les immigrés et leurs enfants français à des places du marché du travail moins bien payées.
Il n’y a donc pas d’échec de la politique d’intégration, qui a toujours été réactionnaire. Le véritable échec, c’est d’avoir cru que cette politique pouvait être viable sur le long-terme. Assigner systématiquement des personnes à des places subalternes ne peut entraîner que des frustrations, des revendications, des révoltes et des réaffirmations identitaires. Or, on avait l’habitude de cantonner les immigrés au silence. Ce type de revendications perturbe donc l’ordre établi, elles vont donner de l’eau au moulin de l’extrême-droite en particulier et, de manière générale, vont être utilisées par les politiciens pour dire : « vous voyez, ils ne sont pas assimilables ».
On ne peut donc pas parler d’un échec de la politique d’immigration en France. Ce que l’on considère comme un échec n’est que le résultat inévitable des modalités économiques posées par cette politique d’immigration.
Depuis dix ans, Nicolas Sarkozy fait de la sécurité son terrain de jeu électoral avec un discours qui, selon l’analyse de Gilles Kepel, repose sur les fameux 4 i : immigration, islam, insécurité, identité nationale. Ce type de discours est primordial pour la survie de la droite ?
Absolument. Mais il en va de même pour le Parti socialiste. L’insécurité est un débat-écran qui vise à masquer des problèmes de société bien plus importants. Tant pour l’insécurité, que pour des soi-disant actes terroristes ou que pour les attaques contre la laïcité, des petits faits sont transformés en faits généralisés. En France, il n’y a pas de montée massive de l’insécurité, d’un repli communautaire ou d’un danger intégriste. Il n’y a rien qui permette objectivement d’attester d’une telle montée.
En revanche, ces trois dernières décennies ont été marquées par les quatre processus suivants : 1. Appauvrissement massif d’une classe sociale. 2. Précarisation d’une grande partie des travailleurs qui, malgré un emploi, redoutent l’avenir. 3. Discrimination raciste grandissante. Je rappelle que quatre employeurs sur cinq font de la discrimination à l’embauche. C’est le Bureau International du Travail qui le dit et on ne peut pas vraiment dire que c’est une organisation militante radicale. 4. Processus d’humiliation dans les quartiers populaires avec des contrôles de police permanents.
Ces questions devraient être au centre de la campagne électorale ?
Ce sont de véritables questions que l’on peut poser à la société française. Comment lutter contre la paupérisation ? Comment redonner des garanties aux travailleurs ? Comment combattre les discriminations racistes ? Comment arrêter la mise sous surveillance des quartiers populaires par les forces de police ? Ces questions ne plaisent pas alors il faut des débats pour faire écran comme ceux que vous avez cités : identité nationale, insécurité, etc.
Quels sont les effets de ces processus actifs depuis trente ans ?
Ils nous font basculer de modèle. Nous passons du modèle de bouc-émissaire, modèle historique qui a toujours existé en Europe, à celui de l’ennemi intérieur. Aujourd’hui, les réactions xénophobes ne touchent plus seulement les immigrés qui débarquent en France. Désormais, quelqu’un qui est né français, qui a toujours vécu en France et qui est totalement français peut aussi être perçu comme un étranger. Ce phénomène est nouveau et il déplace la cible de l’immigré vers le musulman : c’est le passage du bouc-émissaire à l’ennemi de l’intérieur.
Les politiques et les médias nous rabattent les oreilles avec le terrorisme islamiste mais depuis 1991, 94% des attentats commis en Europe sont le fait de l’extrême-droite et de groupes séparatistes. Seulement 0,4% sont imputés aux islamistes. Comment expliquez-vous cela ?
Depuis que le FN a imposé ses thématiques, il y a une rentabilité électorale et médiatique à introduire la peur. Par souci électoral ou d’audimat, on a mis en place une machine à fabriquer la peur et le musulman est l’outil de cette fabrication. D’un côté, il n’y a pas de faits matériels qui expliquent le ciblage d’une population particulière comme les musulmans. D’un autre côté, il y a une invention idéologique qu’on peut nommer islamophobie. 
Le véritable problème de société n’est pas l’existence d’actes terroristes ou d’actes antirépublicains commis par des musulmans. C’est, au contraire, les discours idéologiques islamophobes qui entrainent des actes islamophobes. A force de diaboliser les musulmans, on crée des islamophobes. D’ailleurs, les acteurs de ce phénomène ne sont plus seulement les partis politiques mais aussi les pouvoirs publics, le débat s’étant invité dans les juridictions. Quand on fait une loi pour les jeunes filles voilées, même si on l’appelle autrement, c’est une loi qui ne s’adresse qu’à une partie de la population. Par conséquent, on assiste à un ciblage pratiqué par le Front national mais aussi par l’appareil d’Etat.
Vous parlez des politiques et de la justice. Et les médias ?
Ils fonctionnent plus comme catalyseurs de l’islamophobie que comme créateurs, les créateurs regroupant un groupe beaucoup plus large où l’on trouve les grand partis politiques de droite et d’extrême-droite ainsi que le Parti socialiste qui a accordé de nombreuses concessions sur ce terrain.
La manière dont les médias se comportent avec certaines questions de société est gênante. Généralement, l’angle qu’ils adoptent renforce, catalyse et diffuse de manière plus large le discours islamophobe.
Un commentaire sur l’affaire Merah ? Y a-t-il eu récupération politique ?
Evidemment. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir cette récupération. Mais contrairement à ce qu’a prétendu Sarkozy, Merah n’est pas la production d’un pays étranger. Il est au contraire le résultat des carences, des inégalités, des humiliations et des contradictions de la société française. Dire cela ne justifie pas d’aller tuer des policiers ou des enfants. Cela montre juste à quel point la société française ne fonctionne pas bien.
Comment expliquer la différence dans le traitement médiatique des affaires Breivik et Merah ? Le premier est qualifié de fou, le second est étiqueté terroriste musulman…
On est bien dans l’islamophobie profonde. En effet, l’islamophobie consiste notamment à ne pas expliquer un phénomène à partir de l’ensemble de ses causes mais de le limiter à une explication culturaliste. Ici, en l’occurrence, on a évoqué la religion de Merah. Or, toutes les explications exclusives à une communauté sont inévitablement racistes. Dans l’affaire Merah, les médias ont directement écarté les explications de type pathologique : on l’a présenté comme un homme stable, faisant des choix politiques rationnels qui seraient compatibles avec ses mœurs… Par contre, quand le tueur n’est pas musulman, on dit généralement que ça ne peut être qu’un malade mental.
Un rapport récent d’Amnesty International accable la France et la Belgique sur la question de l’islamophobie. Cela pourrait-il contribuer à améliorer les conditions de vie des musulmans en Europe ?
« Améliorer », n’exagérons rien. Mais ça reste un pas positif. En effet, nous sommes nombreux à dénoncer la montée de l’islamophobie depuis des décennies. Mais systématiquement, nos détracteurs jugeaient que notre discours était idéologique et que l’islamophobie était une invention. Alors, qu’une organisation comme Amnesty International puisse aujourd’hui objectiver les faits et conclure à l’existence de législations islamophobes, c’est une étape positive. Ca nous sort du champ idéologique.
 
 
 

 

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 12:53

                                                                                  MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

Gregorios III« Il n’y a plus de Révolution, il n’y a plus de manifestations. Il y a seulement du banditisme et le monde entier refuse de le reconnaître ». Ces paroles ne sont pas celles du président syrien Bachar el-Assad, ni celles d’un de ses ministres, ou celles d’un membre d’un quelconque gouvernement arabe soutien du régime, mais celles du patriarche de l’Église grecque-catholique melkite, dont la résidence est à Damas.

 

Le prélat n’a pas fait usage de termes vagues pour décrire l’actuel état de crise dans lequel se trouve plongé la Syrie : « des éléments étrangers sont entrés dans le pays et ont même commencé à frapper les chrétiens, qui ont dû quitter Homs étant donné la dangerosité de la situation », a expliqué le patriarche qui n’a pas caché une certaine insatisfaction vis-à-vis de la situation jugée trop souple du Vatican à son égard. Grégoire III s’en est pris ensuite à la presse européenne avec laquelle il a eu affaire lors de récentes visites sur le Vieux Continent pour raconter ce qui était justement en train de se passer en Syrie. « Je n’excuse pas le régime comme j’ai pu l’entendre en France, mais je soutiens une réalité. Les journaux sont stéréotypés, ont des sources uniques et ne sont prêts à écouter personne, pas même moi », a avancé le prélat qui n’ pas hésité à parler d’une vraie « dictature de la presse au service des États-Unis ». Le patriarche a même raconté une anecdote arrivée au neveu d’un évêque travaillant à Dubaï (Émirats arabes unis), qui, alors qu’il se rendait un jour à son travail, a entendu derrière lui un homme annoncer au téléphone qu’il se trouvait à Homs, pendant que les troupes gouvernementales faisaient l’assaut de la ville, en tuant femmes et enfants.

 

« On a parlé de complot, mais c’est bien plus grave que cela : il y a une volonté internationale de nuire à la Syrie », a encore affirmé Grégoire III tout en se demandant comment certains États pouvaient changer en peu de mois « le régime qui a tant fait pour sa population », alors que ces mêmes Etats ne réussissent pas à mettre fin au conflit israélo-palestinien.  « Aucune sanction n’a été approuvée contre les colonies israéliennes, a-t-il ajouté, alors qu’elles sont illégales. Tout le monde en est persuadé mais personne ne fait rien ».

 

Enfin, répondant à une question des journalistes relative aux actions de l’armée syrienne vis-à-vis de la population, le patriarche n’a pas hésité à affirmer que l’intervention des forces armées a été « tardive et trop légère » pour espérer mettre fin aux violences des bandes rebelles.

 

Un témoignage important sur la situation réelle de la Syrie qui tranche singulièrement avec ce qu’on peut trouver dans les principaux media, lesquels ne se préoccupent décidément pas d’informations claires et objectives. 

 

Capitaine Martin

 site:Résistance-politique

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 09:38

 

 

Le 16 juin, Nicolas Sarkozy, heureusement dégagé, redeviendra un "simple français parmi lers Français"(sic)comme il le dit lui-même.... Voire!

 6000E/mois , c'est le montant de la retraite qu'il va toucher (comme tout président sortant) .

Sa présence de droit au Conseil Constitutionnel lui rapportera 11500 E/mois.

Il bénéficiera d'un appartement de fonction, meublé et équipé. Il parait que cela ne serait ni à La Courneuve, ni dans les quartiers Nord de Marseille ni à Lupino, à Bastia.

Il bénéficiera d'une voiture de fonction, de deux chauffeurs (des fois que l'un d'entre eux se foule le poignet, en le conduisant de Neuilly au "Fouquet's"...), de sept collaborateurs (espérons-le, choisis plus qualifiés que lui en expression écrite et orale). Deux policiers seront chargés de sa protection.

Il bénéficiera  de voyages à l'oeil sur Air-France et la SNCF (des fois qu'il soit un peu juste pour partir en vacances...)

 

 Il bénéficiera aussi du privilège, commun à tous les "simples français",de redevenir un justiciable coomme les autres. Ce qui, dit-on, ferait déjà saliver certains juges...

 

  A part ça, tout le monde comprendra que si la crise(sic) nous impose l'austérité et de nous  serrer la ceinture,comme on l'a tant répété à droite,  l'exemple ne puisse venir d' en haut.

 

                                                           U Cursinu Rossuu-cursinu-rossu.jpg

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 06:22

                                                                              MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

ekl1« Nous serons en première ligne des luttes dès maintenant contre la nouvelle offensive visant le monde du travail »



Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Communiqué du comité central du KKE sur le résultat des élections du 6 mai



Les résultats électoraux révèlent manifestement un bouleversement de la vie politique telle qu'elle nous était coutumière, la fin de l'alternance entre les deux partis dominants, PASOK et Nouvelle démocratie. Nous avançons vers une phase de transition où il y aura des tentatives de créer une nouvelle scène politique avec de nouvelles formations, de nouvelles figures avec une orientation de centre-droit ou basée sur une nouvelle social-démocratie dont le cœur serait SYRIZA, visant à faire obstacle à la montée de positions radicales au sein du peuple qui pourrait faire évoluer la situation vers une rupture qui irait dans les intérêts du peuple. Il y aura des tentatives pour former un gouvernement, que ce soit à partir de ces élections ou des suivants, un gouvernement auquel participeraient tous les partis, soit un gouvernement d'union nationale soit une coalition gouvernementale visant justement à empêcher la constitution d'un courant majoritaire qui lutterait pour le changement.



Nous nous adressons aux adhérents du parti, aux membres de la KNE, à nos amis, sympathisants, électeurs, à ceux qui travaillent avec le parti, à tous ceux qui ont été avec nous en première ligne du mouvement et de la bataille électorale, et nous vous appelons à être en première ligne des luttes à venir car la pression monte, il y a actuellement des questions cruciales, comme celle des conventions collectives, de la protection des chômeurs, de la faillite des caisses de sécurité sociale, des nouvelles mesures qui s’élèveront à 11,5/14,5 milliards d'euros et qui seront payés de la poche du peuple. Il n'y a pas de temps à perdre. Le peuple n'a pas de temps à perdre.



Nous encourageons les électeurs du PASOK et de la Nouvelle démocratie en particulier, ceux qui font partie de la classe ouvrière et des couches populaires à être en première ligne également, avec nous et les militants, dans les luttes, sur les lieux de travail, dans les écoles et les universités, dans les quartiers populaires. Ce sont eux qui doivent apporter un nouvel élan et un caractère de masse à la lutte. Nous appelons les travailleurs à ne pas se laisser duper par les tentatives de travestissement du système politique qui vont avoir cours dans les prochains jours, les prochains mois. Les résultats électoraux, bien que les voix se soient dispersés dans deux directions opposées, à droite comme à gauche, sont révélateurs objectivement d'une tendance positive : que des changements radicaux sont en train de mûrir ou vont mûrir dans la conscience populaire, que le mouvement pour une véritable rupture est en train de faire son chemin et que ce mouvement n'est plus si éloigné, ou encore qu'il ne s'inscrit pas en opposition avec les propositions politiques du KKE concernant les problèmes immédiats, pour le pouvoir populaire et ouvrier.



Nous considérons comme un point important, positif et un formidable point d'appui pour la période à venir que nous soyons parvenus à affronter tout seul l'ensemble des forces pro-européennes, pro-UE, quelles que soient les positions adoptées concernant le mémorandum, le fait que nous nous soyons battus pour faire avancer nos propositions alternatives qui vont dans les intérêts du peuple. Nous estimons que ces propositions constituent un point d'appui important pour le peuple et, bien sûr, qu'elles peuvent donner un nouvel élan aux luttes populaires. Nous avons la sensation que nos responsabilités et notre rôle, par rapport aux problèmes que rencontre notre peuple, ne vont faire que s'accroître et nous croyons, en fait nous en sommes certains, que nous continuerons à être une force irremplaçable, la seule qui défende les intérêts du peuple.



Concernant les résultats électoraux du KKE : bien entendu, le Comité central rendra une analyse plus globale après avoir étudié les résultats dans son ensemble et les évolutions de notre électorat dans chaque région afin d'en tirer des conclusions plus exhaustives. Mais ce que nous pouvons dire, c'est que le KKE a littéralement franchi les obstacles qui lui ont été posés, dans deux directions différentes. D'une part, il y avait la colère, la protestation, l'indignation qui était absolument justifiée mais sans aucune perspective, de l'autre il y avait les illusions. Comme les résultats le prouvent, le KKE a légèrement progressé. Naturellement, nous aurions préféré une progression plus importante. Néanmoins, je dois dire que le Comité central et le parti dans son ensemble n'avaient aucune illusion sur une augmentation exponentielle du nombre de voix du KKE car les performances électorales du KKE est avant tout liée à la formation pas uniquement d'un mouvement populaire militant mais bien à la formation d'un puissant courant majoritaire qui devra s'émanciper tant des fausses alternatives que des illusions sans cesse ranimées.



Le KKE a rendu public en temps opportun, c'est-à-dire avant les élections et sans la moindre hésitation, quelle serait sa position face à n'importe quel gouvernement qui pourrait sortir des élections, qu'il soit de centre-droit, de centre-gauche ou de « gauche » comme on nous le présentait traditionnellement ou dans le cas d'un gouvernement d'union nationale ou trans-partisan comme cela apparaît désormais.



Nous clarifions notre position : bien entendu, nous sommes certains que ni le PASOK ni la Nouvelle démocratie ne nous fera de proposition. Ils connaissent bien l'ampleur des divergences qui nous séparent. Mais nous souhaiterions répondre une nouvelle fois aux propositions que SYRIZA a réitérées après les élections, concernant un gouvernement de gauche. Nous répondrons clairement, sans même mentionner ce que tout le monde peut voir, c'est-à-dire que les voix et les sièges ne sont pas suffisants. Peut-être SYRIZA pense que cela suffit, ce qui voudrait dire qu'il va tenter d'emporter le soutien et les voix de députés d'autres partis. Nous souhaitons clarifier notre position : nous continuons à dire non à cette collaboration, car en fin de compte, nous n'adaptons pas nos positions de fond aux fluctuations conjoncturelles de nos résultats électoraux.



Nous avons que le président de SYRIZA va demander à nous rencontrer et qu'ils vont vouloir entamer des discussions de couloir autour du programme d'un futur gouvernement de coalition. Logiquement, quiconque aurait émis une proposition de coalition gouvernementale aurait dû afficher dans le détail, avant les élections, que ce qu'il comptait faire en juin, en juillet, sur des questions très concrètes au lieu d'en rester aux mots d'ordre généraux et aux dénonciations vagues du mémorandum. Ou au moins, ils devraient être prêts à le faire maintenant. Que veulent-ils exactement ? Nous avons juste entendu quelques mots sur certaines prestations sociales, et d'autres déclarations de ce type.



Néanmoins un gouvernement, peu importe sa composition, devra affronter l'ensemble du spectre des problèmes. Il devra non seulement dénoncer le mémorandum mais rétablir les acquis remis en cause avant le mémorandum – car la plupart de nos acquis ont été perdus avant le mémorandum – ainsi que tous les autres remis en cause après le mémorandum. Un gouvernement devra gérer l'ensemble de la situation et pas seulement les allocations-chômage, comme cela fut évoqué. Il devra traiter des questions économiques, de la position des grands groupes économiques vis-à-vis des travailleurs, de la liste des privatisations actées ces dernières années. Il devra traiter les questions de politique étrangère, des obligations générales qui découlent de notre participation à l'UE, à l'OTAN, de notre alliance stratégique avec les Etats-unis. Il n'y a pas de gouvernement qui puisse déchirer les accords concrets, se réduire à d'abstraites considérations politiques et ne puisse mettre en avant que les mesures se projetant dans un avenir proche.



Pour s'entendre sur un tel gouvernement, le KKE devrait réaliser une volte-face, une culbute et non pas une simple retraite, un petit virage. Il s'agirait d'un changement d'orientation et de principes. Et avant tout il faudrait réaliser d'inacceptables compromis qui n'auraient rien à voir avec les intérêts du peuple. Peut-être les gens ne voient pas d'intérêt dans les querelles sur la pureté idéologique des différents partis, mais ils sont intéressés qu'un parti qui durant toutes ces années, dès sa fondation, a été en première ligne des luttes, refuse désormais d'abandonner ces positions pour gagner quelques strapontins ministériels. Ce n'est pas de ce KKE-là dont le peuple a besoin.

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 14:19

 

POINGLe vote Hollande est-il un vote d'adhésion ? Celui qui adhère à ce postulat devra vite déchanté. Ce vote n'est  rien d'autre qu'un vote qui avait un seul objectif, viré Sarko. Hollande fera-t-il mieux que Sarko, c'est peu probable, le pire est même vraisemblable. Procès d'intention, absolument pas. c'est ce qui nous attend compte tenu de l'état de soumission du PS à l'égard de la domination du capital et de son instrument l'Europe de la concurrence libre et non faussé. La variable d'ajustement, c'est vous, vos salaires, vos pensions, vos prestations. Tout dépendra de vous, de votre capacité à vous organiser. Personne d'autres que vous-même, avec vos collègues n'est en capacité de le faire à votre place. De ce point de vue, l'outil de votre autonomie reste le PCF, bien que celui-ci soit largement déterrioré par son groupe dirigeants

F. Hollande refuse de s'attaquer à la domination du capital (appelé aujourd'hui pudiquement "marchés"). De ce fait, il se condamne à faire du SARKO en pire, c'est à dire du Papandréou. Le PS est devenu un parti "libéral" comme un autre, guère plus à gauche que le parti démocrate américain. Il n'est définit comme "socialiste" que par pure inertie historique.

Ce qui sépare la droite du PS c'est un petit ruisseau. Ce qui devrait séparer le PCF du PS, c'est le grand canyon. (Encore que !!!)  Ce n'est pas parce que l'on préside aux destinées d'un PGE financé par les banksters en charge de l'Europe que l'on est obligé d'avaler toutes les couleuvres. Première urgence appeler le monde du travail à s'organiser car les coups vont pleuvoir

 

    site: pcf bassin

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 14:11

      

                                                                    MARE NOSTRUM-copie-1

 

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Appel urgent : Bilal Diab et Thaer Halahleh dans un état grave.
mercredi 2 mai 2012 par Addameer

 
Ramallah, 1er mai 2012

Addameer exprime sa plus extrême inquiétude pour les vies de Bilal Diab et Thaer Halahleh, actuel­lement à leur 63e jour entier de grève de la faim pour pro­tester contre leur détention admi­nis­trative. Un médecin indé­pendant des Médecins pour les Droits de l’Homme-Israël (PHR-​​Israel) a constaté hier, 30 avril, que Bilal court un risque immédiat de mort et que tous les deux, lui et Thaer, doivent être trans­férés immé­dia­tement vers un hôpital civil afin d’y recevoir des soins médicaux appro­priés. La visite d’hier de PHR-​​Israel a été seulement la seconde visite d’un médecin indé­pendant depuis le début de leur grève de la faim et n’est inter­venue qu’à la suite d’une requête judi­ciaire enre­gistrée dans un tri­bunal israélien de dis­trict en direction du Service des Prisons israélien (SPI) pour per­mettre l’accès auprès de Bilal et Thaer au centre médical de la prison de Ramleh. Toute visite sui­vante pourrait encore demander de retourner devant le tribunal.

Selon PHR-​​Israel, “les deux détenus souffrent d’une fai­blesse mus­cu­laire aigue dans les membres qui les empêche de se lever. Ils ont besoin tous les deux d’une assis­tance com­plète dans les acti­vités quo­ti­diennes telles que prendre une douche , bien qu’une telle aide ne soit pas apportée à l’infirmerie du SPI. Tous les deux souffrent d’une dimi­nution aigue de la tonicité mus­cu­laire et sont cloués au lit, ce qui les expose à une double menace : atrophie mus­cu­laire et throm­bo­phlébite, ce qui peut mener à un caillot sanguin fatal.”

En outre, le médecin de PHR-​​Israel a remarqué que l’état de santé de Bilal menaçant sa vie com­prend une perte de poids pro­noncée, une crainte de dommage nerveux péri­phé­rique, un pouls extrê­mement bas (39 pul­sa­tions par minute) et une tension arté­rielle faible, une sévère déshy­dra­tation et une pos­sible hémor­ragie interne. Le médecin a déclaré que Bilal devait être transféré immé­dia­tement vers un hôpital et béné­ficier d’un contrôle complet du coeur. Après la visite du médecin, Bilal a été transféré vers un hôpital civil, seulement pour être retransféré à la prison de Ramleh quelques heures plus tard. Après un col­lapsus cet après-​​midi, il a été transféré de nouveau à l’hôpital Assaf Harofeh, où il demeure actuel­lement. Ces fré­quents trans­ferts ne serve qu’à mettre davantage en danger son état fragile.

Le médecin a constaté que Thaer aussi est dans un état de santé inquiétant et souffre d’une perte de poids pro­noncé et a mal du côté gauche en haut du dos, qui, selon PHR-​​Israel, associé à d’autres symp­tômes, “peut indiquer une inflam­mation de la plèvre (mem­brane autour des poumons) ou même un caillot sanguin, qui peut être mortel sans des soins médicaux appro­priés”. Par consé­quent, le médecin en a conclu que Thaer doit être transféré vers un hôpital civil, étant donné qu’il a besoin d’un CT scanner des poumons, qui ne peut être effectué au centre médical du SPI.

Les craintes d’Addameer, que l’état médical sérieux de Bilal et Thaer soit arrivé à cause des réponses inap­pro­priées et nui­sibles de la part du SPI au centre médical de la prison de Ramleh ont été confirmées par la visite d’hier du médecin. En plus des trans­ferts imprudent en allant et venant vers l’hôpital pour Bilal, Thaer et Bilal ont tous les deux rap­porté que les gardes de la prison étaient récemment entrés dans leurs cel­lules et avaient exécuté des fouilles vio­lentes. Thaer a aussi rap­porté avoir été insulté par un médecin du SPI deux jours auparavant.

Et qui plus est, l’avocat de Bilal et Thaer, Jamil Al-​​Khatib a essayé de rendre visite à Bilal cet après-​​midi et a été repoussé par le SPI. On lui a dit qu’il devait sou­mettre une ”demande spé­ciale “ aux conseillers juri­diques du SPI. Les requêtes de Bilal et Thaer à la Haute Cour israé­lienne contre leur ordre de détention admi­nis­trative seront exa­minées en audience le 3 mai. Une requête pour des visites fami­liales à Bilal a aussi été rejetée par le SPI, qui a déclaré que les visites fami­liales avaient offi­ciel­lement été refusées du 9 février au 9 juillet pour “avoir violé un ordre du SPI” en étant en grève de la faim. Le SPI continue d’utiliser tout obs­tacle à sa dis­po­sition en empê­chant les avocats et les médecins d’accéder auprès des pri­son­niers faisant la grève de la faim. Ces tac­tiques sont des­tinées à isoler les gré­vistes de la faim autant que pos­sible des sources de soutien fiables et de l’information médicale, dans une totale indif­fé­rence à leur état le plus pressant.

Addameer condamne la plus fla­grante vio­lation par le SPI de l’éthique médicale dans son trai­tement de Bilal, de Thaer et de tous les autres gré­vistes de la faim demandant des soins médicaux, et tient la Puis­sance occu­pante pour res­pon­sable de leur état actuel. Addameer appelle la com­mu­nauté inter­na­tionale à exiger que Bilal et Thaer soient immé­dia­tement admis tous les deux dans les hôpitaux civils, sans trans­ferts sup­plé­men­taires, et qu’ils aient accès de façon incon­di­tion­nelle à des médecins indé­pen­dants et à leurs avocats. Addameer exhorte l’Union Euro­péenne, les Nations Unies et le Comité Inter­na­tional de la Croix Rouge à agir immé­dia­tement et à inter­venir auprès d’Israël de la manière la plus ferme pos­sible pour sauver les vies de Bilal et Thaer avant qu’il ne soit trop tard.

(Traduit de l’anglais par Yves Jardin)

Original en anglais sur le site d’Addameer


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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 14:01

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  Le KKE refuse de rencontrer Syriza

Mardi 8 Mai 2012
Le Comité central du KKE, le PC grec, refuse de rencontrer le chef de file de la coalition Syriza, composée de différentes formations de gauche dont Synaspismos. Alexis Tsipras, à la tête d’une formation arrivée en deuxième position des législatives du 6 mai, s’est en effet vu confier par le Président de la république grecque la tâche de former un gouvernement. Le parti arrivé en première position, Nouvelle Démocratie (ND) dirigé par Antonis Samaras, a échoué à en constituer un.  
Le KKE refuse de rencontrer Syriza
Habituellement, le KKE arrivait devant Syriza. A l’issue de ces élections, Syriza, dont le score a plus que doublé, a obtenu 16,78% et le KKE 8,48%. Alexis Tsipras s’est régulièrement exprimé en faveur d’une coalition de gauche, progressiste, regroupant toutes les forces anti-mémorandaires. Le KKE a refusé toutes les mains tendues. Un pas supplémentaire est franchi avec ce refus du principe mêeme d’une rencontre entre le leader de Syriza et la secrétaire nationale du KKE, Aleka Papariga. D’après nos informations confirmées par le KKE lors d’un entretien téléphonique, cette décision a été prise par le comité central ce jour, malgré le séisme électoral de dimanche et la crise politique qui s'en est suivie.

La Gauche démocratique prête à participer à une coalition en Grèce

La Gauche démocratique est prête à participer à un gouvernement de coalition de gauche en Grèce, a déclaré mardi son chef de file, Fotis Kouvelis. La Gauche démocratique a obtenu 19 élus au parlement (sur 300) lors des élections législatives de dimanche. Alexis Tsipras, leader de la Gauche radicale (Syriza), deuxième formation représentée à la Vouli avec 52 élus, a trois jours pour tenter de former un nouveau gouvernement, les conservateurs de Nouvelle Démocratie, vainqueurs du scrutin (108 députés), ayant renoncé.

Le Parti communiste (KKE) a déjà annoncé qu'il ne participerait à aucune coalition gouvernementale.
Nicolas Maury

 

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8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 13:55

 

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Municipales en Italie:
déroute de la droite de Berlusconi,
poussée des mouvements anti-politiques


 

La droite de Silvio Berlusconi est en déroute à l'issue du premier tour des élections municipales partielles organisées dimanche et lundi, selon de premières estimations publiés lundi, qui montrent que dans de nombreux cas elle ne sera même pas qualifiée pour le second tour.</br>Credit : Vladimir Rodionov

La droite de Silvio Berlusconi est en déroute à l'issue du premier tour des élections municipales partielles organisées dimanche et lundi, selon de premières estimations publiés lundi, qui montrent que dans de nombreux cas elle ne sera même pas qualifiée pour le second tour.

 

Le scrutin aura été marqué par une forte poussée de l'abstention pour un type de scrutin habituellement très prisé des Italiens: le taux de participation s'établit à près de 67%, en recul de 7 points par rapport à 2007.

Le succès du mouvement "Cinq Etoiles" du comique Bepe Grillo, en lutte contre la "partitocratie" et très présent sur les réseaux sociaux, a aussi frappé les esprits, en particulier dans des villes comme Parme ou Gênes où il pourrait arriver en deuxième ou en troisième positions.

Il a même conquis dès le premier tour une municipalité, Sarego, en Vénétie.

"C'est juste un début. Les citoyens se réapproprient leurs institutions", s'est félicité Grillo dans un message sur YouTube.

Ces élections étaient un premier test politique près de six mois après l'entrée en fonction du gouvernement de technocrates mené par l'ex-commissaire européen Mario Monti, qui a mis fin au règne de Silvio Berlusconi, miné par la corruption et de multiples scandales.

Les prochaines législatives doivent se tenir en avril 2013.

Les premiers résultats ont montré un important recul du Peuple de la Liberté (PDL, parti de Silvio Berlusconi) et aussi de son ancien allié la Ligue du Nord dans ce scrutin, où sont en jeu 941 municipalités (sur 8.000), dont 26 chefs-lieux de province. "Nous avons subi une défaite", a reconnu le secrétaire général du PDL, Angelino Alfano.

Le Parti Démocratique, principale formation de gauche, est "en tête dans la grande majorité des communes de plus de 15.000 habitants", s'est réjoui un de ses responsables, Davide Zoggia, mettant l'accent sur le fait que "dans plusieurs cas la droite n'arrivera même pas au ballottage".

"La nouveauté de ces élections a été le retour à de larges coalitions de centre-gauche dans de nombreuses villes", a analysé le maire de Milan, Giuliano Pisapia.

A Parme (nord), le candidat du PD Vincenzo Bernazzoli est nettement en tête avec 39,3%, devant l'aspirant "Cinq étoiles", Federico Pizzarotti (19,4%).

Scénario proche à Gênes, le grand port ligure, où le candidat du centre-gauche Marco Doria caracole largement en tête avec 48,7% des voix, devant deux candidats au coude à coude, Enrico Musso (centre) et Paolo Putti ("Cinq étoiles"), tous les deux aux alentours de 14%.

Le succès des listes "Cinq étoiles" était "dans l'air, ce sont des phénomènes qui se produisent dans des moments où les gens se sentent désorientés", a réagi la ministre de l'Intérieur Annamaria Cancellieri.

A Palerme (Sicile), la plus grande ville appelée aux urnes, deux candidats de gauche devraient se retrouver en ballottage au second tour les 20 et 21 mai: Leoluca Orlando (46,6%), porte-parole de l'Italie des Valeurs, et Fabrizio Ferrandelli (20,7%), candidat du Parti démocrate (PD).

M. Orlando qui a déjà été maire de Palerme, de 1985 à 1990, où il fut un emblème de la lutte anti-mafia, s'est exclamé: "la ville est enfin libre!". Le candidat du PDL, Massimo Costa, arrive seulement troisième avec moins de 11,3% des suffrages.

"Nous nous sommes trompés en choisissant les candidats (...) On a la manie de chercher de jolies têtes sans s'informer de leur expérience, alors que les gens veulent des personnes fiables", a estimé Ignazio La Russa, coordinateur national du PDL.

Le maire sortant de Vérone (nord), Flavio Tosi, ténor de la Ligue du Nord, sera réélu dès le premier tour avec 57,4% des voix, nettement devant le candidat de centre-gauche Michele Bertucco (22,7%).

Mais M. Tosi fait figure d'exception pour la Ligue, dont plusieurs dirigeants sont soupçonnés d'avoir détourné des fonds publics. Ce parti favorable à l'autonomie du nord du pays est en fort recul dans ses fiefs septentrionaux, de Varese à Côme en passant par Monza et Bergame.

bur-glr-jlv-ide/pre

                                           site:canempechepasnicolas

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