Depuis quelques semaines, une terrible épidémie semble contaminer un à un les différents candidats à l’élection présidentielle. Tour à tour, chacun reprend le vocabulaire du Front de Gauche. Marine Le Pen avait déjà commencé en affirmant qu’elle voulait “ rendre visibles, les invisibles ” reprenant ainsi les mots prononcé par Jean-Luc Mélenchon lors de sa première visite – après sa désignation comme candidat commun du Front de Gauche – aux salariés de Fralib. Récemment, c’est François Bayrou qui a été atteint par le virus en appelant à la résistance lors de son meeting de Dunkerque le 19 janvier dernier. François Hollande a également repris le vocabulaire du Front de Gauche lorsqu’il a affirmé dans son meeting au Bourget que son “ adversaire, c’est le monde de la finance ”.
C’est d’ailleurs sur cette question de la finance que l’épidémie “ Front de Gauche ” semble faire le plus de ravages. S’ils sont sincères, nous ne pouvons que nous réjouir que les autres candidats reprennent nos mots pour décrire les dérives inacceptables du système financier actuel. Mais une fois d’accord sur le constat d’une finance toute-puissance, encore faut-il se donner les moyens de l’affronter directement. Comme l’a rappelé Jean-Luc Mélenchon lors de son meeting de Besançon, “ on ne combat pas le capitalisme de notre époque avec un pistolet à bouchon ”.
La droite au pouvoir a cherché à faire croire qu’elle réformerait la finance mondiale comme le claironnait Nicolas Sarkozy lors de son premier discours de Toulon. Elle ne trompe aujourd’hui plus personne. Toute son action pendant 5 ans n’a cessé de donner toujours plus de pouvoir au monde de la finance. C’est notamment Michel Barnier, en tant que Commissaire européen, qui a augmenté le pouvoir des agences de notation. Grâce à lui, les agences peuvent venir émettre des notations sans que personne ne leur demande !
François Bayrou s’est lui aussi récemment emporté contre les dérives de la finance : “ à l’argent roi, nous allons résister ” a-t-il déclaré lors d’un meeting à Dunkerque. Pourtant, François Bayrou est l’un des défenseurs les plus zélés de la finance : il a été l’un des premiers à défendre la fameuse “ règle d’or ” cher aux financiers. En réalité, Bayrou est un super libéral défendant une super austérité (lien vers la brochure FDG) donnant ainsi toujours plus de pouvoir au monde de la finance.
Enfin, c’est François Hollande qui a récemment déclaré que “ [son] adversaire, c’est le monde de la finance ”. D’une manière générale, plus on connait son adversaire, plus il est facile de l’affronter. Mais pour François Hollande cet adversaire n’a “ pas de nom, pas de visage ”. Pourquoi ne demande t-il pas à son ami, Jean-Pierre Jouyet, président de l’Autorité des marchés financiers, qui sont les grands financiers d’aujourd’hui ?
François Hollande a tout de même le mérite d’avancer quelques pistes programmatiques pour freiner le développement d’une finance toute-puissance. La séparation des banques d’affaires et de dépôts, la suppression des stocks options, une taxe sur les transactions financières (encore faudrait-il connaître son montant), etc. C’est bien mais cela n’est pas suffisant.
Seul le Front de Gauche assume aujourd’hui, dans ses mots et dans son programme, une réelle volonté d’affrontement avec les marchés financiers. Standard & Poor’s a déclaré la guerre à la France ; le Front de Gauche dispose des armes nécessaires pour que le peuple Français résiste au monde de la Finance.
Les mesures du Front de Gauche pour reprendre le pouvoir aux banques et aux marchés financiers:
→ Création d’un pôle public bancaire part la mise en réseau des institutions bancaires publiques actuelles ( Caisse des dépôts, Crédit foncier, OSEO, CNP, Banque postale) et la nationalisation de banques privées ;
→ Séparation des banques de dépôts et des banques d’affaires ;
→ Les banques qui ne respecteraient pas la nouvelle réglementation de lutte contre la spéculation seront placées sous contrôle social ;
→ Interdiction des agences de notation ;
→ Blocage des échanges de capitaux avec les paradis fiscaux ;
→ Interdiction des stock-options et des LBO (technique consistant à acheter une entreprise avec des capitaux empruntés et remboursés rapidement en saignant voire en revendant par morceaux la société achetée).
→ Permettre à la BCE et à la Banque de France de racheter directement des titres publics avec un taux d’intérêt très faible voire nul afin de financer des projets socialement et écologiquement justes.
→ Agir pour le changement des statuts de la BCE afin de mettre un terme à son indépendance.