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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 14:01

                                                                     MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 

 

De : Loredana

mardi 24 janvier 2012

 

Loredana, 25 ans, enseignante près d’Annecy, est d’origine sicilienne. Elle a écrit à Rue89 la semaine dernière pour attirer l’attention de la rédaction sur un mouvement de révolte inédit en Sicile, le mouvement des Forconi. Elle nous a envoyé ce témoignage pour porter la parole de ses amis et de sa famille. Zineb Dryef.

Depuis le début de l’année, un vent de révolte souffle sur la Sicile. L’enfoncement de l’Italie dans la crise, les plans de rigueur, les appels à d’énièmes sacrifices ont fini par lasser la population. Dans une région où l’essence a atteint les 1,70 euros au litre et où 25% de la population est au chômage, le vase a fini par déborder.

Des agriculteurs et des artisans ont fondé le Mouvement des Forconi, de la Fourche, appelant à la révolte et au refus de cette situation de plus en plus invivable. La fourche, symbole agricole par excellence de la protestation. Cet outil fait écho aux révoltes paysannes des siècles passés, où le peuple se révoltait contre les dirigeants en employant la force. La force, qui aujourd’hui semble être le seul moyen de faire changer les choses, l’ultime recours. Car en Sicile, on se bat et on se battra.

Je les chasserai à coups de fourche dans les fesses

Faisant un parallèle avec les derniers événements en Tunisie, Onofrio, agriculteur palermitain, dit « moi je ne me suiciderai pas. Je chasserai plutôt à coups de fourche dans les fesses ceux qui veulent me conduire au suicide. » Les pêcheurs, les chauffeurs routiers et les conducteurs des transports en commun ont rallié le mouvement. Un mouvement qui se veut dans l’action, dans le concret. Gaetano, commerçant de Catania dit « vous vous parlez, ici on combat ».

Un blocus total de l’île pendant 5 jours, du 16 au 20 janvier a donc été décidé. Pendant cinq jours, plus de transports en commun, plus de livraisons d’essence ni de nourriture. Une grève généralisée, en somme ? Ceci n’est pas une grève, non c’est un blocus.

En réalité c’est bien plus que ça. Il s’agit de frapper un grand coup et de dire : Basta ! Suffit de payer une crise qu’on n’a pas provoquée, suffit d’être sollicités par un Etat qui nous ignore et nous méprise.

Ilaria, 24 ans, étudiante à l’université d’Agrigente, explique les origines de ce mouvement :

« Le blocus de ces derniers jours est très étrange, c’est le signe que quelque chose est en train de changer dans l’esprit des Siciliens, habitués depuis des siècles à voir notre terre soumise à des forces hégémoniques, certaines, telle la Mafia, étant nées sur ce même sol. C’est du moins l’expression d’une volonté de changement chez un peuple soumis depuis trop longtemps et qui veut maintenant lever la tête.

Nous sommes dans une région où les personnes qui s’opposent au pizzo (racket organisé par la Mafia qui oblige les chefs d’entreprise à lui verser un impôt sous peine de voir son commerce détruit), comme l’entrepreneur Ignazio Cutrò, au lieu d’être assistées par les institutions n’ont d’autre recours que la grève de la faim pour se faire entendre et continuer à vivre et à travailler honnêtement sur sa propre terre.

C’est vrai que risquer sa vie pour continuer à vivre dignement peut sembler paradoxal mais au pays des paradoxes, c’est malheureusement normal. Ici il faut se faire entendre. »

La Sicile, terre des bouseux, est en révolte

Car la Sicile est un beau paradoxe ; c’est à la fois la région la plus riche en ressources naturelles et la plus pauvre de l’Italie. C’est une région qui a nourri pendant des siècles les régions moins fertiles du Nord, puis y a envoyé des milliers de bras travailler dans les usines et participer au grand « boom économique » .

Et aujourd’hui, cette région dérange, elle fait tache avec ses taux records de chômage, sa mafia, son travail au noir. Certains politiciens d’extrême droite la considèrent même comme faisant partie de l’Afrique, tâche de boue dans laquelle tape la botte. Et pourtant, la Sicile, bien que région autonome, c’est l’Italie ! C’est là qu’ont débarqué Garibaldi l’unificateur et les Américains sauveurs du fascisme.

Le mépris du Nord envers la Sicile, terre de « terroni » (bouseux) et d’« accattoni » (sangsues de l’Etat) est culturel ; déjà en 1955 on pouvait voir dans le film de Pietro Germi, « Sedotta e abbandonata », un carabinier muté en Sicile retrouver le sourire lorsqu’il cachait la Sicile de la carte de l’Italie. Région aux multiples problèmes qui seraient sans doute résolus si la Sicile cessait d’être le jeu des politiciens qui, en période électorale, promettent de s’intéresser au Sud et qui une fois au pouvoir, ne font plus rien.

Autour de moi, le désespoir

Aujourd’hui, les Siciliens disent stop. Basta ! Le mouvement des Forconi se revendique avant tout comme un mouvement apolitique. C’est un mouvement social, le mouvement d’un peuple qui souffre et qui en a marre. Samantha, étudiante en Droit à l’université d’Agrigente, explique ainsi le malaise :

« Partout autour de moi, en Sicile, il n’y a que le désespoir. Des jeunes de presque 30 ans qui sont toujours sans travail, sans espoir et surtout sans rêves.

En fait, parmi tout ce qui nous manque en Sicile, il y a surtout la possibilité de rêver d’un futur et d’une famille dans la sérénité ! »

Ce mouvement est la prise de conscience que le peuple est capable de se faire entendre et de s’affranchir du jeu des politiciens. Onofrio, exhorte ainsi les Siciliens :

« Ne pensez pas que vos problèmes ne regardent que vous car ces problèmes sont les nôtres et nous devons les régler pour les générations futures. »

Pour ces raisons, bloquer l’île devrait attirer l’attention sur la détresse des habitants. Or depuis le début de l’action, un lourd silence plane sur l’événement. Pas un mot dans les journaux nationaux ; La Repubblica ou le Corriere della Sera parlent en première page du naufrage du Costa Concordia. Tout au plus un petit encart est-il consacré à la « grève des chauffeurs de bus en Sicile ». L’action est ignorée et déformée.

Silence dans les médias

Lorsqu’il ne peuvent plus ignorer ce qu’il se passe, les médias tentent de discréditer le mouvement. Ainsi lit-on que le Mouvement des Forconi est appuyé par des groupuscules néo-fascistes et par le parti d’extrême droite Forza Nuova. Un mouvement de masse, car c’est un mouvement de masse social, appuyé par un parti qui a obtenu 0,8% des votes aux dernières élections ? Cela semble gros, et pourtant, quelques doutes naissent.

Même au sein de la population solidaire du mouvement, on ne sait pas quelle est la couleur politique de ce mouvement, signe qu’il est avant tout ce qu’il se revendique, un mouvement apolitique et social. Onofrio, avec son franc-parler avertit :

« Participe qui veut à ce mouvement, mais que ne se fassent pas voir les drapeaux des partis car nous les chasserons à coups de pied dans le cul. »

Une telle tentative de sape de la part des médias et des journaux laisse entendre que ce mouvement est à prendre au sérieux, qu’il dérange. Et les citoyens au cœur de ce qu’il se passe en sont bien conscients. Ilaria, explique :

« La Sicile est l’effet collatéral d’une maladie qui frappe tout le pays et dont on craint la propagation.

Voilà pourquoi le mouvement et le blocus sont censurés, ignorés ou déformés par les médias ; il faut à tout prix éviter la contagion.

C’est aussi pour cette raison que l’on tente de décrédibiliser le mouvement, il faut éviter la contagion. »

Facebook et YouTube pour témoigner

Et pourtant, ça bouge ! Et pourtant le mouvement se propage ! Malgré tout, grâce aux réseaux sociaux et aux sites de partage comme Youtube, l’information réussit à filtrer. Sur Facebook, des Mouvements des Forconi locaux se multiplient dans les autres grandes villes du Sud. Les Pouilles, la Calabre et même le Lazio !

En dépit de la censure, gravissime dans un pays démocratique respectueux des droits de l’Homme, et des tentatives pour discréditer le mouvement, des actions similaires sont prévues dans d’autres régions d’Italie. Aux dernières nouvelles, un blocus a été mis en place en Calabre, un autre est prévu à Pescare. Les informations, relayées par les réseaux sociaux et Youtube, déjouent ici la censure et font leur chemin.

La fourche, symbole d’un monde ancien, aurait-elle trouvé là une nouvelle forme ? Au XIXe siècle les révoltes étaient réprimées par la force et dans le sang. En 2012, le silence des médias et le travail de désinformation sont les nouveaux moyens de répression, plus sournois. La fourche se fait souris et les idées, elles, finissent par s’exprimer. Serait-on à l’aube d’un Printemps italien ?

 

Article complet sur

http://www.rue89.com/2012/01/23/une...

 

relayé par http://bellaciao.org/fr/spip.php?page=article_txt&id_article=124621

                
                                                         site: vendémiaire
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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 22:07

                                                                      MARE NOSTRUM-copie-1

 

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Othman Tazghart عثمان تزغارت

 

Traduit par Info-Palestine.net

 

 

 

C’est un secret de polichinelle que le militant révolutionnaire Georges Abdallah, largement ignoré par les médias occidentaux, a été illégalement condamné à une peine de prison à vie qu’il purge depuis trois décennies. Mais les autorités françaises n’ont de cesse de le garder derrière les barreaux, alors qu’il aurait légalement déjà dû sortir de prison.

 

 

 

Abdallah aurait tout d’abord dû être libéré de prison après 18 mois. Mais son cas a rapidement pris une tournure très différente, conduisant à sa condamnation et à son emprisonnement à vie - Photo : Marwan Tahtah

 

Les autorités françaises insistent sur le maintien d’un ex-combattant des Factions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL) en prison, malgré le fait que 28 ans se soient écoulées depuis qu’il a été placé en détention. Ceci est une violation des plus graves des procédures juridiques françaises et de la Convention européenne des Droits de l’Homme, qui stipule que les détenus condamnés à une peine à perpétuité doivent être libéré après avoir purgé une période maximale de 18 ans.

 

Georges Ibrahim Abdallah, qui a commencé son combat en tant que membre du Parti Social-Nationaliste Syrien (PSNS), puis du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) avant de rejoindre les FARL, a été arrêté à Lyon ’en octobre 1984. À l’époque, les FARL étaient accusées d’un certain nombre d’opérations de type commando, la plus importante étant celle qui avait conduit à la mort de l’attaché militaire américain à Paris, Charles Robert Ray (le 18 Janvier 1982) et à celle du diplomate israélien Yaacov Bar-Simantov (le 3 avril 1982).

 

Initialement, les autorités françaises ne parvenaient pas à trouver assez de preuves pour accuser Abdallah d’avoir participé à ces opérations. En dehors de quelques tracts établissant qu’il appartenait aux FARL et d’un faux passeport algérien en sa possession, les autorités françaises peinaient à organiser un procès contre lui. Par conséquent, quand il a comparu la première fois devant le tribunal en juillet 1986, il avait été inculpé d'un seul délit, l’utilisation d’un document de voyage falsifié.

 

Dans ses mémoires, intitulés Les Années de l’Elysée, et publiés en 1988, Jacques Attali, le conseiller du président François Mitterrand, a écrit le 6 mars 1985 : « Nous n’avons aucune preuve contre Georges Ibrahim Abdallah. La seule chose dont nous pouvons l’accuser c’est d’être en possession d’un faux passeport ».

 

A l’origine, Abdallah aurait dû être libéré de prison après 18 mois. Mais son cas à vite pris une tournure très différente, conduisant à sa condamnation et à l’emprisonnement à vie.

 

Isabelle Coutant-Peyre, qui était membre de l’équipe de la défense d’Abdallah (alors dirigée par le célèbre avocat Jacques Vergès), rappelle les détails de la « conspiration judiciaire » contre les révolutionnaires libanais : « Abdallah a été soudainement rappelé à la cour le 28 février 1987. Nous avons été surpris qu’il se soit alors retrouvé face à des charges différentes et à de nouvelles preuves qui n’étaient pas incluses dans son dossier lors du premier procès. L’accusation a affirmé que des armes avaient été trouvées dans des cachettes secrètes et des appartements appartenant à Abdallah. Ceci a été pris comme une preuve de sa participation dans les opérations de commando menées par les FARL en France en 1982 ».

 

Et Coutant-Peyre d’ajouter : « Le tribunal n’a pas hésité à condamner notre client à la prison à vie, malgré les protestations de l’équipe de la défense que les preuves contre lui n’étaient pas incluses dans le procès initial et avaient été fabriquées plus tard pour le faire condamner rétroactivement. Cela a été une violation des plus graves de la procédure légale ». Il était clair que Abdallah était devenu la victime d’un complot des services de renseignement.

 

Toutefois, les détails de la conspiration mise au point par la DST française n’ont pas été révélées avant le 10e anniversaire de la condamnation d’Abdallah. Dans ses mémoires, intitulées Contre-espionnage, mémoires d'un patron de la DST, l’ancien directeur du renseignement français, Yves Bonnet, a également révélé quelques-uns des fils de la conspiration.

 

« Nous avons été en mesure de recueillir suffisamment d’informations contre Abdallah après que la tête du réseau anti-terroriste, Jean-François Clair, eut réussi à recruter un informateur qui était très proche des FARL », écrit Bonnet. Il mentionnait l’informateur de l’époque comme étant « Jean-Paul M. » en indiquant aussi qu’il était avocat.

 

En juillet 2001, alors qu’Abdallah était déjà en prison depuis 17 ans, l’avocat Jean-Paul Mazurier, un membre de l’équipe de la défense d’Abdallah, a jeté une bombe qui a secoué le système judiciaire français. Dans une longue interview au journal Libération, il a avoué être l’informateur évoqué par Yves Bonnet. L’avocat a révélé en détail comment les services français de renseignement l’avaient recruté pour espionner son client (ce qui est en soi un élément suffisant pour une annulation de la peine d’Abdallah).

 

Mazurier a ajouté que la DST lui avait dit de faire en sorte que son client pense qu’il partageait ses convictions révolutionnaires et qu’il était en faveur de la lutte pour la cause palestinienne. Abdallah a commencé à lui faire confiance et lui a permis de rencontrer ses amis des FARL au Liban. Ceci a rendu plus facile pour les services de renseignement français la pénétration dans le groupe et la collecte d’éléments pour faire ensuite condamner Abdallah.

 

A la suite du scandale déclenché par les aveux de l’avocat-informateur, tout le monde s’attendait à ce que l’équipe de défense d’Abdallah présente une requête à la cour pour reconsidérer la condamnation de son client. La loi française interdit que l’on ait recours à des avocats, des médecins ou des journalistes pour espionner des accusés et pour recueillir des preuves contre eux.

 

Toutefois, l’équipe de la défense ont pris une autre décision. Elle a décidé d’attendre jusqu’en 2002 pour présenter une demande de libération d’Abdallah après qu'il eut purgé sa peine. Malgré le rejet systématique de ces demandes répétées sur une période de dix ans, l’équipe de la défense s’est abstenue de de déposer une requête en annulation de la condamnation sur la base de l’incident d’espionnage. Tous ceux de l’équipe de la défense, avec qui Al-Akhbar a pu parler, ont refusé d’expliquer les raisons derrière cette non-décision. L’un d’entre eux a déclaré : « Cette question devrait être posée aux camarades d’Abdallah dans les FARL ».

 

Quant à l’ancien directeur de la DST, Yves Bonnet, il admet maintenant que ce qui s’est passé était "une conspiration illégale du renseignement".

 

« Nous nous sommes vraiment comportés comme des criminels dans cette affaire », a-t-il dit, ajoutant : « Je dois ajouter ma voix aujourd’hui à ceux qui appellent à la libération d’Abdallah. Il est temps de mettre un terme à l’injustice dont nous nous sommes rendus responsables à son égard ».

 

►Consultez le site pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah

 

 

 


Merci à Info-Palestine.net


Source: http://www.al-akhbar.com/node/30430


Date de parution de l'article original: 21/01/2012


URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=6685

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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 11:01
La guerre mondiale contre la démocratie


 
 
 
 

Lisette Talate est décédée l’autre jour. Je me rappelle d’une fine femme à l’intelligence aiguisée qui masquait sa peine avec une détermination qui était une présence en elle-même. Elle était la personnification de la résistance des peuples à la guerre contre la démocratie. Je l’ai d’abord entr’aperçu dans un film du bureau des colonies datant des années 1950, à propos des gens des îles Chagos, une petite nation créole vivant à mi-chemin entre l’Afrique et l’Asie dans l’Océan Indien. La caméra se déplaçait dans des villages fourmillant, une église, une école, un hôpital, construits dans un endroit phénoménal de beauté naturelle et de paix. Lisette se rappelle du producteur du film lui disant à elle et ses amies adolescentes: “Continuez à sourire les filles !”

Assise dans sa cuisine de l’île Maurice plusieurs années plus tard, elle dit: “On n’avait pas besoin de me demander de sourire. J’étais une enfant heureuse, parce que mes racines descendaient profondément dans ces îles, mon paradis. Mon arrière grand-mère était née là-bas, j’ai fait 6 enfants là-bas. Voilà pourquoi ils ne pouvaient pas nous jeter légalement en dehors de nos maisons; ils devaient nous terrifier pour que nous partions ou nous forcer à partir. Au début, ils ont essayé de nous affamer. Les vaisseaux de ravitaillement cessèrent de venir, ensuite ils ont répandu les rumeurs que nous serions bombardés, puis ils se sont retournés contre nos chiens.”

Au début des années 1960, le gouvernement travailliste (NdT: les “socialistes” britanniques) d’Harold Wilson acquiesça secrètement à une demande de Washington pour que l’archipel des Chagos, une colonie britannique, soit “nettoyée” et “aseptisée” de ses 2 500 habitants afin qu’une base militaire puisse être construite sur l’île principale de l’archipel, l’île de Diego Garcia. “Ils savaient que nous étions inséparables de nos animaux domestiques”, dit Lisette, “quand les soldats américains sont arrivés pour construire la base, ils firent reculer leurs gros camions jusqu’aux baraques de briques dont nous nous servions pour préparer les noix de cocos; des centaines de nos chiens avaient été emprisonnés dedans. Ils les ont gazé avec des raccords fait à leur pots d’échappement. On pouvait les entendre hurler.”

Lisette, sa famille et des centaines d’insulaires furent mis de force sur un vieux bateau à vapeur rouillé à destination de l’île Maurice, distante de 4 000 km. Ils devaient dormir dans les cales contenant du fertilisant: de la merde d’oiseaux. La météo était dure, tout le monde était malade; deux femmes firent des fausses-couches. Larguée sur les quais de Port Louis, les deux plus jeunes enfants de Lisette Jollice et Régis, moururent à une semaine d’intervalle. “Ils sont morts de tristesse”, dit-elle. “Ils avaient tout entendu et ont vu l’horreur du gazage de nos chiens. Ils savaient qu’ils quittaient leur maison pour toujours. Le médecin de Maurice nous a dit qu’il ne pouvait pas guérir la tristesse.”

Cet acte fut fait dans le plus grand des secrets. Dans un document d’archive officiel, sous le titre de “Maintenir la fiction”, le conseiller juridique du ministère des affaires étrangères exorte ses collègues de camoufler leurs actions en “reclassifiant” la population comme étant une population “flottante, nomade” et de “refaire les règles au fur et à mesure”. L’article 7 des statuts du TPI dit que “la déportation ou le transfert forcé de populations” est un crime contre l’humanité. Que la Grande-Bretagne ait commis un tel crime en échange d’une ristourne de 14 millions de dollars sur un sous-marin nucléaire américain Polaris, n’était pas dans l’agenda d’un groupe de correspondants de la “défense” qui furent envoyés aux îles Chagos par le ministère de la défense lorsque les travaux de la base américaine furent terminés. “Il n’y a rien dans nos dossiers”, dit un officiel du ministère, “à propos des habitants ou à propos d’une évacuation.”

Aujourd’hui, l’île de Diego Garcia est cruciale à la guerre contre la démocratie menée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Les plus gros bombardements qui ont eu lieu en Afghanistan et en Irak ont été lancés de cette base, au delà de laquelle le cimetière et l’église abandonnés par les insulaires se dressent comme des ruines archéologiques. Le jardin en terrasse d’où Lisette souriait à la caméra est maintenant un dépôt pour des bombes anti-bunkers transportées sur leurs lieux de bombardements sur deux continents par des bombardiers B-2 furtifs aux allures de chauve-souris. Une attaque sur l’Iran commencera de là. Comme pour compléter le blason du pouvoir criminel omni-présent, la CIA y a ajouté une prison du style de Guantanamo pour les victimes de son programme de “rendition”, appelé “Camp Justice”.

Ce qui fut fait au paradis de Lisette a une signification forte et universelle dans la mesure où cela représente la nature violente et sans pitié d’un système entier derrière sa façade démocratique et la mesure de notre propre endoctrination avec ses suppositions messianiques, décrites par Harold Pinter comme “de brillants numéros d’hypnose, spirituels même, qui fonctionnent”. Plus longue et plus sanglante que toute guerre depuis 1945, faite avec des armes démoniaques et un gangstérisme déguisé en politique économique, parfois connu sous le nom de mondialisme, la guerre contre la démocratie n’est pas mentionable dans les cercles de l’élite. Comme l’a écrit Pinter: “Cela ne s’est jamais produit et dans le même temps cela se produisait”. En Juillet dernier, l’historien américain William Blum a publié son sommaire mis à jour des statistiques de la politique étrangère américaine. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont:

1. Tenté de renverser plus de 50 gouvernements la plupart d’entr’eux démocratiquement élus.

2. Tenté de supprimer un mouvement populiste ou national dans 20 pays.

3. Interféré éhontement dans des élections démocratiques dans au moins 30 pays.

4. Bombardé les populations de plus de 30 pays.

5. Tenté d’assassiner plus de 50 leaders politiques étrangers.

Au total, les Etats-Unis ont commis une ou plus de ces actions dans 69 pays. Dans la plupart des cas, la Grande-Bretagne a été la complice et la collaboratrice. L’”ennemi” change de nom, de communisme à islamisme, mais le plus souvent c’est la montée de mouvement démocratique indépendant du pouvoir occidental ou une société occupant un territoire stratégiquement utile, jugée aléatoire, comme les îles Chagos.

La véritable échelle de la souffrance, sans parler de celle de la criminalité impliquée, n’est pas connue en occident, malgré la présence des systèmes de communication les plus avancés au monde, nominalement le journalisme le plus libre et l’académie la plus admirée. Que le plus grand nombre de victimes du terrorisme, du terrorisme occidental, soient les musulmans est quelque chose qu’on ne peut pas dire, si cela est seulement su. La mort d’un demi million d’enfants irakiens dans les années 90 suite à l’embargo imposé par la Grande-Bretagne et l’Amérique n’a absolument aucun intérêt. Que le djihadisme extrême, celui qui mena aux attentats du 11 Septembre, fut couvé et développé comme une arme par la politique occidentale (“Opération Cyclone”) est une information connue des spécialistes mais autrement complètement supprimée.

Alors que la culture populaire en Grande-Bretagne et en Amérique immerge la seconde guerre mondiale dans un bain éthique pour les vainqueurs, les holocaustes qui émergent de la domination anglo-américaine des régions riches en ressources naturelles sont consignés dans le tiroir de l’oubli. Sous le tyrant indonésien Suharto, adoubé “notre homme” par Thatcher, plus d’un million de personnes furent massacrées. Décrit par la CIA comme “le pire massacre de masse de la seconde partie du XXème siècle”, les estimations ne prennent même pas en compte le tiers de la population du Timor oriental qui fut affamé ou massacré avec la complicité de l’occident, des avions et des mitrailleuses britanniques.

Ces histoires vraies sont racontées dans des documents déclassifiés et archivés dans les archives publiques, néanmoins elles représentent une dimension entière de la politique et de l’exercice du pouvoir complètement exclu de la vie publique et de la considération du public. Ceci fut réalisé par un régime non-coercitif de contrôle de l’information, depuis le mantra évangélique de la publicité consumériste aux informations de la BBC en passant par les médias sociaux éphémères.

C’est comme si les écrivains faisant fonction de rempart n’étaient plus ou sont sous l’emprise d’un zeitgeist sociopathe, convaincus qu’ils sont trop intelligents pour être dupés. Voyez la ruée des sycophants en mal de déifier Christopher Hitchens (NdT: journaliste anglo-américain grand supporteur de la guerre d’Irak), un amoureux de la guerre qui s’est languit d’être autorisé à justifier les crimes du pouvoir prédateur. “Pour presque la première fois depuis deux siècles”, écrivit Terry Eagleton, “il n’y a pas de poète britannique éminent, de dramaturge ou de romancier, préparés à questionner les fondations même du mode de vie occidental”. Plus d’Orwell pour nous dire que nous ne devons pas nécessairement vivre en société totalitaire pour être corrompu par le totalitarisme. Plus de Shelley pour parler pour les pauvres, plus de Blake proférant une vision, plus d’Oscar Wilde pour nous rappeler que “la désobéissance, aux yeux de tous ceux qui ont lu l’histoire, est la vertu originelle de l’Homme.”

Et plus de Pinter rageant contre la machine de guerre comme dans American Football:

Hallelujah.

Praise the Lord for all good things … [Rendons grâce à Dieu pour toutes les bonnes choses...]

We blew their balls into shards of dust, [Nous leur avons explosé les couilles en débris de poussière,]

Into shards of fucking dust … [En débris de putain de poussière...]

En débris de putain de poussière s’en vont toutes les vies détruites là par Barack Obama l’Auguste du changement et de l’espoir de la violence occidentale. Quand un des drones d’Obama élimine une famille complète dans une région tribale lointaine du Pakistan, de Somalie, ou du Yémen, les contrôleurs du jeu américains devant leurs écrans de jeu vidéo, tapent sur leur clavier “insecte écrabouillé” (NdT: “bugsplat” en anglais). Obama aime les drones et a fait des plaisanteries à ce sujet avec les journalistes. Une de ses premières actions comme président des Etats-Unis fut d’ordonner une vague d’attaques de drones Predator sur le Pakistan, qui tua 74 personnes. Il a depuis tué des milliers de personnes, pour la plupart des civils. Les drones Predator tirent des missiles Hellfire “feu de l’enfer” qui vide les poumons des enfants de leur air et laissent des lambeaux de chair humaine sur le terrain.

Rappelez-vous des manchettes de journaux noyées de larmes lorsque la “marque” Obama fut élue: “Monumental, donne la chair de poule”, titra le Guardian. “Le futur américain”, écrivit Simon Schama “est fait de vision, sacré, léger…” Le chroniqueur du San Francisco Chronicle y vît “un éclairagiste spirituel qui peut pousser pour une nouvelle façon d’être sur la planète”. Au delà de ce radotage, comme l’avait prédit le grand lanceur d’alerte Daniel Ellsberg, un coup d’état militaire se déroulait à Washington et Obama était leur homme. Après avoir séduit le mouvement anti-guerre jusqu’à un silence virtuel, il donna à la classe des officiers militaires corrompue américaine des pouvoirs d’état et d’engagement sans précédent. Ceci inclut la possibilité de guerres en Afrique et des opportunités de provocations contre la Chine, le plus grand créditeur de l’Amérique et nouvel “ennemi” d’Asie. Sous le régime Obama, la vieille source de paranoïa officielle, la Russie, a été encerclée par un rideau de missiles ballistiques et l’opposition russe a été infiltrée. Des équipes d’assassins de la CIA et de l’armée ont été déplacées dans 120 pays, les attaques planifiées de longue date sur la Syrie et l’Iran laissent présager d’une guerre mondiale. Israël, le clone américain de la violence et de l’illégalité par proxy vient juste de recevoir son argent de poche annuel de 3 milliards de dollars avec la bénédiction d’Obama pour voler toujours plus de territoires palestiniens.

La réussite la plus “historique” d’Obama a été d’amener la guerre contre la démocratie sur le sol de l’Amérique. Au réveillon du nouvel an, il signa la loi du National Defense Authorization Act (NDAA), une loi qui donne le droit au Pentagone de kidnapper à la fois des étrangers et des citoyens américains, de les détenir de manière indéfinie, de les interroger, de les torturer et même de les tuer. Les victimes n’ont seulement besoin que d’être “associées” avec ceux qui sont en guerre contre les Etats-Unis. Il n’y aura aucune protection légale, aucun procès, aucune représentation légale. Ceci est la première législation qui abolit le Habeas Corpus (le droit a une procédure judiciaire légale) et réfute de facto les droits civiques de 1789.

Le 5 Janvier, dans un discours incroyable au Pentagone, Obama a dit que l’armée devra non seulement être prête “à sécuriser territoires et populations” à l’étranger, mais également à se battre ™à domicile” et “donner du soutien aux autorités civiles”. En d’autres termes, les troupes américaines seront déployées dans les rues des villes des Etats-Unis lorsque les troubles sociaux inévitables se déclancheront.

L’Amérique est aujourd’hui un pays de la pauvreté épidémique et de prisons barbares: la conséquence d’un extrémisme de marché, qui sous Obama, a favorisé le transfert de 14 000 milliards de dollars d’argent public aux entreprises criminelles de Wall Street. Les victimes en sont le plus souvent les jeunes chômeurs, sans abri, incarcérés afro-américains, qui ont été trahis par le premier président noir américain. Le corollaire historique d’un état de guerre perpétuel, ceci n’est pas le fascisme, pas encore du moins, mais cela n’est pas non plus la démocratie dans une forme reconnaissable, indépendemment de la politique placebo qui se déroulera juqu’à Novembre. La campagne présidentielle, dit le Washington Post va “mettre en scène le choc des philosophies enracinées dans des vues différentes de l’économie.” Ceci est faux. La tâche qui incombe au journalisme des deux côtés de l’Atlantique est de créer l’illusion d’un choix politique là où il n’y en a aucun.

La même ombre plane sur la Grande-Bretagne et la plupart de l’Europe où la social-démocratie, un article de foi il y a encore deux générations, a capitulé devant les dictateurs des banques centrales. Dans la “grande société” de David Cameron, le vol de 84 milliards de Livres en emplois et en services dépasse même le montant des impôts “légalement” évités par les entreprises pirates. Le blâme demeure non pas avec l’extrême-droite, mais avec une culture politique libérale couarde qui a permis à tout cela de se produire, ce qui, écrivit Hywel Williams juste après les attentats du 11 septembre 2001, “peut devenir en soi une forme de fanatisme de l’auto-satisfaction”. Tony Blair est un de ces fanatiques.. Dans sa gestion indifférente des libertés qu’il clame pourtant être chères, la Grande-Bretagne bourgeoise blairienne a créé un état policier avec plus de 3000 lois et actes délictuels nouveaux: plus que pour l’ensemble du siècle précédent. La police croit de manière évidente qu’elle a l’impunité totale de tuer. A la demande de la CIA, des cas juridiques comme celui de Binyam Mohamed, un citoyen britannique innocent, torturé puis emprisonné pour cinq ans à Guantanamo, seront traités dans des cours de justice spéciales et secrètes en Grande-Bretagne afin de “protéger les agences de renseignement”, les bourreaux.

L’état invisible a permis au gouvernement de Blair de lutter contre les habitants des îles Chagos alors qu’ils se levaient de désespoir depuis leur exil pour demander justice dans les rues de Port Louis et de Londres. “Seulement quand vous menez une action directe, face à face, et même que vous enfreignez la loi, alors on vous remarque”, a dit Lisette. “Et plus vous êtes petit, le plus grand est l’exemple pour les autres.” Une telle réponse éloquente donne de quoi réfléchir à ceux qui demandent toujours: “Que puis-je faire ?”

J’ai vu pour la dernière fois la fine silhouette de Lisette debout sous une pluie battante, aux côtés de ses camarades devant le parlement. Ce qui me frappa par dessus tout fut le courage endurant de leur résistance. C’est le refus d’abandonner que le pouvoir pourri craint par dessus tout, car il sait que c’est la graine plantée sous la neige.

John Pilger
Le 19 janvier 2012.



Article original en anglais : http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=28753

Traduction par Résistance 71.

Visitez le site de John Pilger : http://www.johnpilger.com/


John Pilger est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca.  Articles de John Pilger publiés par Mondialisation.ca

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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 10:51

 

                                                                     MARE NOSTRUM-copie-1

 

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Dans une rue de Chatila, une porte criblée d'impacts semble pleurer des larmes de chaux.
© Laurent de Saint Périer pour J.A.

Du 16 au 18 janvier 1982, 1 500 personnes étaient massacrées par une milice chrétienne avec la complicité des forces israéliennes dans le camp palestinien de Chatila, situé en périphérie de Beyrouth. L'une des plus terribles pages de l'histoire du Liban s'écrivait en lettres de sang. Trente ans plus tard, qu'est-il advenu du quartier ? Reportage.

Chatila. Un nom qui sent le feu et le sang, un lieu qui rappelle le massacre de centaines d’innocents. Créé en 1949 dans la banlieue de Beyrouth, ce camp palestinien a été la scène d’un des actes les plus tragiques de la guerre du Liban, du 16 au 18 septembre 1982. Pour venger l’assassinat, le 14 septembre, de leur chef Béchir Gemayel, cent-cinquante membres des Phalanges, la milice chrétienne libanaise, pénètrent dans le camp avec la complicité et la participation des forces israéliennes qui encerclent la ville.

 

Chatila, Beyrouth, Liban (2012) par Laurent de Saint Périer.

Hommes, femmes, enfants, vieillards : la plupart de ceux qui n’ont pas le temps de fuir sont impitoyablement exécutés. L’opération de nettoyage fait au moins 1 500 victimes. Trente ans plus tard, à part une carcasse de béton défoncée, peu de choses laissent soupçonner l’ampleur du drame qui s’est déroulé dans ce quartier toujours misérable, mais reconstruit et grouillant d’une turbulente jeunesse. Rien, sinon le regard vide de certains habitants. De ces derniers, Nesrine, un membre de l’ONG Children and Youth Centre qui s’occupe des jeunes du camp, dit qu’ils n’ont jamais pu dépasser la douleur d’avoir perdu un mari, une sœur, un fils dans le carnage…

Cantonnés dans douze camps (officiels), plus de 455 000 réfugiés sont interdits d’exercer 25 professions.

Nakba et Naksa

Fuyant l’avancée des troupes israéliennes lors de la Nakba (la catastrophe) de 1948 et de la Naksa (le revers) de 1967, des dizaines de milliers de Palestiniens se sont réfugiés dans les États limitrophes. Le Liban, qui s’épuisait déjà à préserver un équilibre politique précaire par un partage compliqué du pouvoir entre ses 18 communautés religieuses, risquait d’être fatalement déstabilisé par l’afflux des réfugiés.

Des règlementations sévères ont été adoptées par l’État pour éviter le tawtin : l’implantation et l’intégration de la population apatride au jeune État. Cantonnés dans douze camps (officiels), plus de 455 000 réfugiés sont soumis à l’ordre et aux désordres des différentes factions armées, privés de services publics, interdits d’exercer 25 professions sur le sol libanais (77 jusqu’en 2005), et des milliers d’entre eux sont tout simplement privés de papiers et d’existence légale, car non-reconnus par l’UNWRA, l’organisme des Nations Unies qui s’occupe des déplacés palestiniens au Moyen-Orient.

Mais c'est la jeunesse qui, sans conteste, règne sur Chatila : 40% de la population y a moins de 25 ans.

À Chatila, 12 000 habitants, en grande majorité des réfugiés, s’entassent sur une surface de 40 000 m². De la quatre-voies impeccable qui mène de Beyrouth centre-ville à l’aéroport, une route défoncée bifurque sur la droite. Au bout d’une centaine de mètres, une arche en fer marque l’entrée du camp. Elle brandit les insignes du Hamas, le mouvement islamiste qui règne sur Gaza et dont les affiches tapissent les murs du camp. Nesrine assure que « le Hamas et le Fatah cogèrent Chatila en liaison avec les forces de sécurité libanaises », mais tout semble indiquer la prééminence du mouvement islamiste sur le périmètre.

"Vive la Palestine arabe !"

Mais c'est la jeunesse qui, sans conteste, règne sur Chatila : 40% de la population y a moins de 25 ans. Elle est partout. Paisible ou turbulente elle déboule des immeubles, occupe la rue et s’amasse dans les quelques cybercafés du camp. Ces jeunes visages ne semblent pas marqués par les tragédies qui ont creusé les rides et les regards des plus anciens : « les enfants savent peu de choses de ce qui s’est vraiment passé ici pendant la guerre, seuls le jour de commémoration du massacre qui est férié, le mémorial des martyrs et quelques histoires de famille le leur rappellent », explique Nesrine. En ce 7 janvier, jour de célébration des morts palestiniens, un groupe d’écoliers en uniforme passe avec des drapeaux rouge, blanc, vert et noir, et chante à tue-tête : « Vive la Palestine arabe ! ». Assis nonchalamment devant les boutiques et les cafés, beaucoup de jeunes gens désœuvrées ne semblent plus attendre l’accomplissement d’improbables espoirs de patrie, de dignité et de prospérité…


Le périmètre des douze camps palestiniens du Liban est fixe. Mais la démographie ne l'est pas : chaque mètre carré est exploité.

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Comme un camp romain, Chatila est un quadrilatère délimité par quatre avenues et traversé par deux rues principales perpendiculaires où se concentrent les commerces. En pénétrant au cœur du camp, les rues s’étranglent et la lumière du jour s’évanouit. Comme dans une antique médina, des chemins tortueux et sombres serpentent entre des immeubles bricolés qui se rejoignent parfois aux étages supérieurs, plongeant le passage dans l’obscurité. « Les égouts sont hors d’usage et l’hiver, quand tombent les grandes pluies, les rues se transforment en torrents de boue et d’ordures », se désole Nesrine.

Rires et misère

L’air est empoisonné : beaucoup souffrent d’asthme et de maladies respiratoires

Presqu’à hauteur d’homme, un écheveau de câbles électriques usés et de canalisations suintantes court dans le ciel du camp : « les électrocutions sont une des premières causes de mortalité… » Une forte odeur de plastique brûlé pique soudain les narines : « c’est juste un câble qui brûle » prévient un gamin avec un grand sourire. « L’air est empoisonné : beaucoup souffrent d’asthme et de maladies respiratoires », enchaîne Nesrine. Chômage, précarité des systèmes de santé, insalubrité des logements, fragilité des constructions, absence d’eau potable, de l’électricité six heures par jour : « nos conditions de vie ne font qu’empirer. Tout ce dont vous pourrez parler dans ce camp est un problème majeur », constate Abou Mujahid qui dirige le Children and Youth Center.

Les déshérités qui habitent Chatila ne sont pas tous Palestiniens. Les loyers très modestes attirent nombre de travailleurs émigrés et de Libanais sans ressources. Ici, un boulanger égyptien, là un faiseur de hommos syrien, dans cet immeuble, une famille du Sud déplacée par la guerre et l’occupation israélienne. Mais ce qui impressionne le plus dans toute cette misère, dans ces lieux marqués par les drames, ce sont les rires des enfants, la bonne humeur et la courtoisie des habitants, l’accueil chaleureux de l’étranger à qui, le matin même, les Beyrouthins des beaux quartiers déconseillaient formellement l’aventure. À quelques minutes des boutiques de luxe et des immeubles clinquants du centre-ville, un autre monde…

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Laurent de Saint Périer, envoyé spécial à Beyrouth

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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 10:45

 

Clio

Clio, la muse de l'Histoire

 


fernando-hernc3a1ndez-sc3a1nchez-guerra-o-revolucic3b3n-el.jpeg Entretien avec Fernando Hernandez Sanchez, auteur du livre 'Guerre ou révolution. Le PCE dans la guerre civile'

« Le PCE est devenu pendant la guerre le meilleur parti républicain de l'histoire de l'Espagne »

Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Mario Amorós / Le Monde Diplomatique (édition espagnole)

« Le PCE fut, sans aucun doute, une des colonnes maîtresses de la mobilisation de masse pour faire face à l'effort de guerre à l'ère de la 'guerre totale'. Il s'est érigé en pilier de l'effort de guerre républicain, contribuant à rendre possible ce qu'aucune autre nation européenne n'avait mis en œuvre avant elle : résister avec les armes à l'imposition du joug fasciste. Il est resté loyal jusqu'à la fin envers le gouvernement Negrin, qui se proposait de mener jusqu'au bout la bataille en sauvegardant la dignité nationale et les vies des combattants engagés. »

Voilà une des conclusions que Fernando Hernández Sánchez (Madrid, 1961), docteur en Histoire contemporaine pour l'UNED, expose dans la dernière partie de Guerre ou Révolution. Le Parti communiste d'Espagne dans la guerre civile (Critica). Fruit d'un travail de plusieurs années, avec un examen rigoureux de la documentation issu de neuf centres d'archives, de la presse de l'époque et d'une vaste littérature citée en 979 notes, ce livre de 574 pages, très bien écrit, met fin à 70 ans de manipulations et de propagande et est déjà l’œuvre de référence sur le sujet qu'il traite. Auteur également du livre sur le dirigeant communiste Jesús Hernández et co-auteur avec Angel Viñas de l'indispensable La Construction de la république. Hernández Sánchez, professeur à l'IES Sefarad de Fuenlabrada (Madrid) arrive à l'heure à notre rendez-vous aux Archives historiques du Parti communiste d'Espagne.

Avec la proclamation de la IInde République, le PCE a retrouvé la légalité, mais est une force marginale. Quelles raisons expliquent sa croissance dans la période suivante ?

C'est une histoire étonnante, le passage d'une position ultra-périphérique dans le système politique à une position centrale dans une période très courte, et cela a beaucoup à voir avec la dynamique de ce moment historique. Sur le plan de la politique communiste, il y eut plusieurs événements déterminants. D'une part, le remplacement en 1932 de l'ancienne direction qui restait attachée à l'idéologie radicale « classe contre classe » et du « social-fascisme », qui était alors la ligne de l'Internationale communiste, par la nouvelle direction de José Diaz, de la Pasionaria, d'Hernandez, d'Uribe... Et, d'autre part, le tournant d'une très grande importance qui se produisit en 1935 avec le VIIème Congrès de l'Internationale communiste et la constitution des fronts populaires. Le PCE a cessé d'être une force symbolique, qui entretenait un discours ultra-radical et idéaliste, pour adopter des positions plus pragmatiques et se rendre plus visible pour la classe ouvrière, surtout à partir de la revendication des événements d'octobre 1934 en Asturies.

Un parti ne conquiert pas seulement un espace politique parce qu'il le mérite, mais aussi parce que d'autres le lui cède. Dans ce cas-ci, le Parti socialiste et Largo Caballero ont renoncé concrètement à se revendiquer de ce qui s'était produit en Asturies, qui fut un exemple de résistance face à ce qui aurait pu être la mise en place d'un totalitarisme par la voie parlementaire, comme cela finit par arriver en Allemagne ou en Autriche. En revanche, le PCE a développé une campagne très intense et efficace d'agitation autour des prisonniers, de leurs familles, des orphelins... ce qui a commencé à en faire une force politique plus visible.

Que fut son rôle dans la naissance du Front populaire, créé pour les élections de février 1936 ?

La formation du Front populaire a bénéficié de ce changement de ligne politique des communistes à l'échelle internationale, mais étant donnée l'influence limitée qu'avait alors le PCE, il reposait essentiellement sur l'alliance des républicains et des socialistes. Dans le cadre de ce pacte, Largo Caballero a vu dans le rapprochement avec les communistes et les autres forces de gauche une façon de faire contre-poids aux traits réformistes que l'aile centriste de son parti et les républicains bourgeois désiraient imprimer au Front populaire. Comme il n'était pas assez fort pour lui apporter un contenu socialisant, l'engagement fondamental du PCE dans ce pacte fut de garantir, par son travail de mobilisation et d'intensification de sa présence, que son contenu réformiste soit mené à bien intégralement.

Dès les premières semaines de la guerre, le Parti communiste, qui avait créé le Cinquième régiment des milices populaires, avait misé sur la formation d'une Armée populaire avec discipline et unité de direction, la mise à niveau de l'industrie de guerre, l'organisation de fer des arrières pour assurer la production et l'approvisionnement...

Voilà peut-être une des clés de sa croissance considérable durant la guerre. Le Parti communiste a compris fort justement, avec le précédent de la Première guerre mondiale, qu'il s'agissait d'une « guerre totale », non d'un conflit classique d'armées contre armées, mais qu'il impliquerait toute la société et mobiliserait tous les secteurs pour atteindre l'objectif de la victoire face à un ennemi qui ne serait enclin à aucun type de négociation. Par conséquent, sa première décision fut de recréer une armée reposant sur une base populaire car il pensait que les milices étaient parfaites pour constituer le noyau dur de la première résistance, mais étaient insuffisantes pour faire face à une armée professionnelle qui comptait par ailleurs sur les unités d'élite de l'époque (la légion, les troupes régulières, les mercenaires marocains) et par la suite sur l'aide de la Légion Condor et des corps d'armée volontaires italiens.

Le PCE a proposé alors de dépasser le plus vite possible l'étape des milices et de mobiliser toute l'économie du pays, avec la création d'une industrie de guerre qui fournirait l'armement et la force matérielle nécessaire pour s'opposer au soulèvement, et logiquement cela supposait d'oublier pour le moment les expériences socialisantes et les collectivisations. Il défendit tout cela, par ailleurs, en mobilisant les ressources qu'il connaissait très bien et qu'il mettait en pratique avec beaucoup d'efficacité, l'agitation et la propagande, avec le mythe de la Révolution bolchévique, qui bénéficiait alors d'un prestige populaire certain.

Le 9 septembre, lors d'un rassemblement devant le Comité provincial de Madrid, Antonio Mije a parlé du « peuple travailleur » comme la base sociale – inter-classiste – que prétendait représenter le PCE. Comment ce discours se concrétisa-t-il dans l'action communiste ?

Le concept est intéressant, car lorsque j'ai analysé la composition sociale du PCE durant cette période, j'en arrive à la conclusion qu'elle était une reproduction, à l'échelle des classes travailleuses, de la société espagnole de la République. Alors, j'ai cherché le dénominateur commun qui pouvait unir toutes ces couches ; à savoir que comparé au concept de révolution prolétarienne, qui aurait mobilisé certaines couches mais en auraient démobilisé d'autres, les concepts employés par le PCE de « révolution démocratique », de « guerre national-révolutionnaire » et de « classes populaires » ou de « classes laborieuses » ont doté l'effort de résistance républicaine d'un dénominateur commun.

Cela s'est articulé autour d'une idéologie populaire de gauche créée par le républicanisme radical dès la fin du XIXème siècle, qui repose fondamentalement sur l'aspiration à des réformes sociales profondes, réformes économiques, éducation populaire, laïcité ou indépendance nationale. C'était une idéologie transversale capable de mobiliser divers secteurs qui partageaient l'idéal anti-fasciste. Cela devint son discours dominant pendant la guerre et ses traits patriotiques se sont même accentués à partir de 1938, lorsque l'idée s'installa de plus en plus selon laquelle nous n'étions pas seulement confrontés à une guerre face à un soulèvement fasciste, mais bien aussi face à une guerre d'occupation de la part des puissances de l'Axe.

Le 4 septembre, Largo Caballero devenait président du Gouvernement et pour la première fois dans l'histoire de l'Espagne (et de l'Occident) se trouvaient dans son cabinet des ministres communistes (Jesús Hernández à la tête de l'Instruction publique et Vicente Uribe à l'Agriculture)...

La première chose à dire, c'est que les communistes sont entrés au Gouvernement contre la volonté de Staline ; la décision a été prise par la direction du PCE en accord avec Largo Caballero et Staline a dû ensuite l'accepter.

Depuis sa position gouvernementale, le PCE a appelé à combattre aussi l'ennemi caché dans les arrières, une affaire bien compliquée...

C'est une question complexe, mais il ne faut pas avoir peur de l'aborder. Le soulèvement civico-militaire lancé par les secteurs ultra-conservateurs a désarticulé l’État républicain. En fait, dans les premiers mois l’État républicain a été pratiquement détruit, car il dût faire sans une bonne partie de l'armée et des forces de police, et logiquement la nécessité d'assurer l'ordre à l'arrière incombait alors à ces forces qui se montraient disposés à combattre d'une manière efficace la présence de l'ennemi.

Ce « nettoyage des arrières », comme on l'appelait à l'époque, fut mené par ces nouvelles forces qui ont contribué à la reconstruction des forces de l'ordre, comme les « milices des arrières », les organisations mêmes du Front populaire qui avaient acquis l'armement nécessaire pour la mener à bien et, il n'y a pas lieu de le nier, il y eut alors des excès, que tout le monde connaît bien. Des excès qui ont fait que ces mois furent ceux où la violence fut la plus concentrée et où s'accumula une répression à la marge des procédures légales, mais on y mit fin dans les premiers mois de l'année 1937 avec la reconstruction de l’État républicain et d'un appareil judiciaire et politique qui put récupérer ses compétences concernant l'ordre public et le monopole de la violence.

Cependant, dans ces premiers mois chaque force politique, rentrant parfois en contradiction avec les autres, a fait son possible pour assurer l'ordre aux arrières. Surtout, il faut prendre en compte un cas particulier, celui de Madrid, une des premières villes bombardées par voie aérienne, vers laquelle convergeaient alors les masses de réfugiés de la vallée du Tage et d'Extrémadure qui emportaient avec eux le récit de ce qui s'était produit derrière l'avancée de la colonne de Yagüe et de Castejón en direction de Tolède [NdT : Les généraux franquistes Yagüe et Castejón ont été auteurs de massacres de masse notamment dans la ville de Badajoz où plus de 4 000 civils auraient été tués par leurs troupes]. Cela a logiquement suscité un sentiment de terreur que l'on a tenté d'exorciser par l'élimination de possibles ennemis incrustés dans les arrières républicains.

Quelle importance a eu la Défense de Madrid (octobre-novembre 1936) pour le prestige du PCE ?

Ce fut un des moments qui se sont constitués comme un pilier fondamental de l'imaginaire communiste concernant la guerre. Le gouvernement s'est délocalisé à Valence, car, entre autres, une bonne partie de ses dirigeants, à commencer par Largo Caballero lui-même, pensait qu'aucune résistance n'était possible à Madrid, puisqu'il s'agit d'une ville qui manque des éléments naturels nécessaires à la défense. Le « miracle de Madrid », comme on le qualifiait alors, la résistance et le coup de frein porté à l'offensive des troupes franquistes contre la capitale fut un des éléments qui a contribué à rehausser le prestige du PCE. Qui plus est, cela se produit dans un moment charnière : les Brigades internationales entraient en scène et les premières avions soviétiques arrivaient, commençant à disputer l'espace aérien de Madrid aux bombardiers qui jusqu'alors avaient réduit la ville en cendres.

Vous analysez également en profondeur le niveau d'affrontement atteint durant les premiers mois de l'année 1937 dans les arrières républicains, qui a culminé dans les « événements de mai » à Barcelone...

Par rapport aux « événements de mai », j'ai tenté de les remettre en perspective, puisqu'il s'agit de faits très graves qui ont laissé une empreinte très profonde dans l'image forgée par la suite de la République en guerre, car ils furent le point culminant de toute période, qui découle des premiers moments de la guerre, de concurrence entre organisations qui aspiraient à imposer leur hégémonie. Ce conflit hégémonique, dont le PCE a pris l'initiative parmi les deux forces historiques du mouvement ouvrier, s'est manifesté fréquemment par des frictions violentes, surtout avec les anarcho-synidcalistes et essentiellement dans certaines régions, comme en Aragon, dans l'arrière-pays Catalan ou même parfois sur le front Madrilène.

Cet affrontement permanent a finalement éclaté en mai 1937, car ce fut le moment où il fallait opérer un choix dans le dilemme classique de la guerre : ou on approfondissait cette décentralisation ce qui supposait, à certains égards, le maintien du contrôle de secteurs-clés de l'économie par certaines organisations, ou alors on coordonnait l'effort de guerre pour diriger toutes les forces dans une seule et même direction, celle de la résistance, ce qui supposait logiquement que chacun renonce à une partie de ses positions pour reconstruire l’État républicain dans son intégralité. Comme les forces qui s'opposaient à cette centralisation avaient les forces potentielles suffisantes pour tenir la confrontation, celle-ci a éclaté.

La campagne de discrédit et la lutte contre le POUM (comprenant l’assassinat d'Andreu Nin par des agents soviétiques) est un des épisodes les plus négatifs de l'action du PCE durant la guerre civile ?

En effet, c'est une tâche, il était absolument absurde de porter de telles accusations... Et qui plus est, le POUM n'était même pas vraiment trotskiste, il avait été désavoué par Trotsky au début de l'année 1936 lorsqu'il a signé le pacte du Front populaire. Mais, en admettant qu'on puisse les qualifier de trotskistes, les accuser de « cinquième colonne du nazisme international » était absolument absurde. Ce fut la lutte typique entre deux secteurs qui étaient « faits de la même matière », qui se connaissaient depuis longtemps, qui avaient combattu pour l'hégémonie au sein même du PCE dans les années 1930 et, après avoir été mis en minorité Maurín, Nin et ceux qui allaient former le POUM, devinrent une force bien gênante en Catalogne pour l'hégémonie du parti communiste catalan, le PSUC.

Le POUM, qui maintenait le feu sacré du cycle révolutionnaire de l'Octobre soviétique, à mon avis, s'est trompé dans sa lecture de la guerre à plusieurs reprises et finit par se mettre lui-même hors sujet. Les événements de Barcelone, concrètement, furent décisifs, il ne les a pas impulsé, il ne les a pas mené, mais il a rejoint une initiative qui partait de secteurs mécontents de la collaboration des anarcho-syndicalistes au gouvernement. Bien qu'il s'agissait d'une erreur, ils ont rejoint l'insurrection, ils l'ont défendu, l'ont soutenu, s'en sont revendiqués. Dans un contexte comme celui de la guerre civile, cela signifiait se situer en point de mire et fournir à ses ennemis des arguments fallacieux, mais qui pouvaient alors apparaître à certains comme vraisemblables, qui alimentaient une entreprise d'affaiblissement de la République qui ne pouvait que bénéficier au camp opposé.

En mai 1937, eut également lieu le remplacement de Largo Caballero par Negrín à la tête du Gouvernement, un fait dont on accuse traditionnellement les communistes d'être à l'origine...

Au printemps 1937, l'image de Largo Caballero commençait à se dégrader à cause des erreurs commises dans la conduite de la guerre, qui avaient mené entre autres à la perte de Málaga, et les communistes ont commencé à prendre la tête d'un mouvement pour le remplacer à la tête du Gouvernement ou, tout du moins, à la tête du Ministère de la Guerre. Largo Caballero était un dirigeant peu flexible, et cela les communistes n'étaient pas les seuls à le dire, c'était le cas également d'Azaña et des républicains eux-mêmes. On a toujours attribué sa chute exclusivement aux communistes mais, même si ils ont joué le rôle de fer de lance, il y eut bien d'autres secteurs impliqués dans l'affaire.

Pourquoi Negrín? Parce que lui posait clairement comme priorité absolue la résistance tant que l'on ne parviendrait pas à passer à l'offensive, ayant en tête la possibilité que se produise une détérioration de la situation européenne qui conduise à une guerre de plus grande ampleur dans la quelle pourrait s'insérer la guerre civile européenne. En attendant, il croyait qu'il fallait mener la politique de guerre avec un puissant effort de centralisation qui dépasse les intérêts particuliers des partis et des syndicats, chose qui n'était pas aussi claire pour Largo Caballero. Et logiquement il y eut ici un rapprochement avec le PCE, mais pas du tout une subordination de Negrín aux communistes; c'est eux qui au contraire suivirent Negrín la plupart du temps.

Vous exprimez également votre accord avec Helen Graham (spécialiste renommée de l'évolution du PSOE pour ce qui est de cette période) en affirmant : « Le PCE devint pendant la guerre le meilleur parti républicain jamais connu dans l'histoire de l'Espagne »...

Le PCE a apporté pour la première fois un militantisme de masses à ce projet et il le fit en outre en le dotant de techniques de propagande d'avant-garde. C'était un parti de masses avec des organisations modernes qui agissaient, se déployaient dans la rue et mobilisaient par l'emploi du cinéma, des affiches, de la presse, de la radio... Il a apporté pour la première fois une base sociale importante à cette idéologie transversale, républicaine, patriotique, radicale, réformatrice... car les partis républicains avaient été des partis de notables, d'intellectuels comme Azaña, Giral ou Martínez Barrio.

Cependant, tout au long de l'année 1938, couvait « un isolement croissant du PCE ». Pour quelles raisons ?

Tout d'abord, lorsque non seulement on ne gagnait pas la guerre, mais que l'on commençait à perdre rapidement du terrain, la base sociale a logiquement vacillé. 1938 fut l'année de la rupture du front républicain : la Catalogne d'une part, et la région centre-sud d'autre part. Ce fut également l'année de la capitulation des démocraties face à Hitler et Mussolini à Munich et, donc, de l'abandon de la perspective selon laquelle la guerre aurait pu s'achever par une négociation dans les intérêts des républicains ou recevoir le soutien des démocraties occidentales. Le PCE, qui maintenait ce discours galvanisateur autour de la guerre, devint cela, le parti de la guerre, et comme les gens croyaient de moins en moins en la victoire, la confiance envers ceux qui défendaient la poursuite de la guerre a commencé se détériorer progressivement.

Par ailleurs, le parti a également commis des erreurs : une confiance en soi excessive en raison de l'explosion de ses effectifs militants l'année précédente, un traitement parfois dédaigneux de ses alliés potentiels, l'exacerbation d'une propagande omnipotente et omniprésente qui le fit apparaître comme une force étouffante et irrésistible... Lorsque dans les autres forces républicains on commença à envisager plus sérieusement la possibilité d'une armistice, celles-ci partirent de la nécessité que, si les deux piliers les plus solides de l'effort de guerre et ceux qui n'accepteraient jamais une capitulation étaient le PCE et Negrín, il fallait se débarrasser des deux et cela conduit à la mise en place d'une coalition de forces et de personnalités qui étaient présentes lors du putsch de Casado en mars 1939.

Pour les forces républicaines, la guerre civile s'est achevée de la pire des manières, non seulement en raison des événements dramatiques de mars 1939, mais aussi du boulet du ressentiment qui a plombé la période d'exil.

Le 22 février, le bureau politique du PCE avait publié un manifeste dans lequel il avertissait : « Le triomphe du fascisme dans notre pays ne sera pas une courte étape transitoire de gouvernement réactionnaire (…) Ce sera la fin de tout ce que les ouvriers ont gagné pendant des décennies d'efforts et de durs combats... »

Sans nul doute. Ce qui est impressionnant quand tu analyses les réactions ce certains des protagonistes de l'époque qui ont soutenu le putsch de Casado fut leur erreur d'appréciation considérable sur la possibilité d'une paix honorable.


Les “tuteurs” de l'Internationale

Guerre ou Révolution. Le Parti communiste d'Espagne dans la guerre civile démonte une bonne partie de la propagande qui sept décennies durant, et avec divers arguments, a diffamé les agissements du PCE entre 1936 et 1939, depuis la bibliographie franquiste jusqu'aux classiques de la littérature trotskiste comme La guerre civile espagnole: Révolution et contre-révolution de Burnett Bolloten. Une des idées-force qui traverse tous ces ouvrages, tout comme le discours de dirigeants socialistes importants en exil comme Indalecio Prieto, fut que le PCE n'était rien d'autre qu'une marionnette manipulée depuis Moscou par Staline à travers les agents de l'Internationale communiste avec l'intention d'instaurer un régime similaire à ceux qui après la Seconde guerre mondiale furent mis en place en Europe de l'Est.

Hernández Sánchez rappelle, tout d'abord, que le Komintern avait toujours envoyé en Espagne des « tuteurs » pour le PCE, qui s'auto-définissait alors comme la « Section espagnole de l'Internationale communiste ». En 1937 arrivèrent deux d'entre eux, le bulgare Stoyan Minev (Stepanov) et l'italien Palmiro Togliatti, dont la mission fondamentale fut, à mon avis, bien différente : « L'Union soviétique n'était pas intéressée par la mise en place du communisme en Espagne, comme l'a affirmé plus tard une certaine propagande ; l'URSS, fondamentalement, souhaitait que la guerre espagnole ne déséquilibre pas le système de sécurité collective européenne qu'il avait mis beaucoup de temps à redessiner et qui reposait sur le maintien d'un pacte avec la France et de fait avec l'Angleterre pour faire obstacle à l'expansionnisme allemand ou, en dernier recours, obliger Hitler à combattre sur deux fronts ».

« La guerre civile – conclut-il – déséquilibrait ce système de sécurité et mettait en danger son rapprochement avec les démocraties occidentales, ce qui fait que le travail fondamental des délégués de l'Internationale fut de maintenir le conflit espagnol dans ce cadre, en évitant les débordements, chose qu'il eut parfois beaucoup de mal à éviter ».

 

 

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24 janvier 2012 2 24 /01 /janvier /2012 10:29

 

                                                                  MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 

À Douma hier, plus de 150 000 personnes ont participé aux obsèques de 12 manifestants tués par les forces de sécurité syriennes.  Photo AFP

Damas qualifie le plan arabe d’« ingérence flagrante »

 Damas a qualifié hier la nouvelle initiative de la Ligue arabeannoncée dimanche au Caire et prévoyant à terme un départ du président Bachar el-Assad, « d’ingérence flagrante dans ses affaires intérieures ». Même l’opposition a tièdement accueilli ce nouveau plan. Toutefois, la Ligue a menacé d’en référer au Conseil de sécurité de l’ONU si son plan n’était pas appliqué.
ORIENT JOUR
                                                                    
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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 17:13

                                                              

 

Monde arabe : la révolution continue
Par Gilbert Achcar

Tandis que des voix s’élevaient de la droite et d’une partie de la gauche pour annoncer la fin du « Printemps arabe » et pour demander aux masses rebelles de rentrer à la maison, les événements des derniers jours ont abondamment démontré la poursuite et la vitalité du processus révolutionnaire dont l’étincelle a éclaté en Tunisie à la fin de l’année dernière. Ce processus connaît même un regain de vigueur avec une nouvelle impulsion, qui sera suivie d’autres sans aucun doute au cours des prochaines années.

Partout la révolution continue, défiant toutes les tentatives de la faire avorter ou de la détourner de son cours progressiste et libérateur. Ces efforts sont parrainés par les Etats-Unis, protecteurs de la plupart des régimes affectés ; ils sont supervisés par les bastions de la réaction arabe dans les Etats pétroliers du Golfe. Ceux-ci tentent vainement d’éteindre les flammes de la révolution en les arrosant de pétrodollars. Ils sont aidés et secondés dans cette entreprise, en échange de la promesse d’une part du gâteau, par les dirigeants des Frères Musulmans, soutenus par l’émirat du Qatar, et par les groupes salafistes, soutenus par la monarchie saoudienne.

Et pourtant, partout la révolution continue, comme au Yémen où « Notre révolution continue » est le nom qui a été donné aux rassemblements organisés le vendredi 25 novembre pour signifier le refus de l’accord de « compromis » au bas duquel le [Président] Saleh, le visage barré d’un large sourire, a apposé sa signature. La monarchie saoudienne tente d’imposer cet accord au peuple yéménite afin de perpétuer le régime de Saleh, à l’instar de celui de Moubarak en Egypte, Saleh lui-même continuant de tirer les ficelles dans les coulisses, depuis le Yémen même ou depuis le royaume Saoudien – ce sanctuaire des despotes corrompus, qui a donné refuge à Ben Ali, proposé à Moubarak de l’accueillir, et soigné Saleh après ses blessures.

Partout la révolution continue, comme en Égypte où les masses sont descendues dans la rue dans un nouveau soulèvement contre le gouvernement militaire. Ces masses ont compris que le commandement de l’armée, dont elles ont cru pour un temps qu’il était loyal envers le peuple, est une composante indissociable, en fait un pilier, du régime dont le peuple a réclamé la chute. La plus importante des révolutions arabes par son étendue et son importance a retrouvé sa vitalité. Les événements ont donné raison à tous ceux que leur vigilance et leur détermination ont poussés à poursuivre la lutte sans se décourager, malgré leur isolement temporaire. Ils ont gardé la certitude que l’énergie massive libérée le 25 janvier n’était pas épuisée et qu’elle doit continuer à s’investir dans les luttes démocratiques et sociales. La combinaison de ces deux types de luttes est une condition déterminante de leur succès. C’est cette combinaison qui a permis la chute du tyran, et if faudra qu’elle se renouvelle à plus grande échelle lorsque le mouvement des travailleurs aura consolidé sa nouvelle organisation.

Partout la révolution continue, comme en Tunisie, où ces derniers jours, les masses se sont soulevées dans le bassin minier de Gafsa, dont le soulèvement en 2008 a constitué un préambule à la révolution qui a éclaté deux ans plus tard à Sidi Bouzid. Les masses ont réitéré à Gafsa l’exigence originelle de la révolution tunisienne, le droit au travail. Elles n’ont pas été leurrées par la « transition dans l’ordre » organisée par « l’élite » sociale dominante dans le but de préserver son statut après avoir évincé Ben Ali en tant que bouc émissaire. Cette « élite » tente aujourd’hui de coopter les opposants d’hier.

Partout la révolution continue, comme en Syrie où la lutte du peuple s’intensifie, malgré la brutalité et l’atroce répression du régime. Un nombre croissant de soldats osent sortir des rangs de l’armée pour accomplir leur devoir de défense du peuple. Les appels de l’aile droite de l’opposition à une intervention militaire étrangère ont jusqu’à présent échoué. La droite espère qu’une intervention étrangère lui livrera le pouvoir sur un plateau d’acier, car elle craint que le soulèvement populaire n’arrive à renverser le régime par ses propres moyens.

Partout la révolution continue, comme en Libye où des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer les tentatives d’assujettissement du pays à la tutelle étrangère. Les révolutionnaires amazighs, qui ont joué un rôle important dans la lutte pour libérer le pays du tyran, ont refusé de reconnaître le nouveau gouvernement parce que celui-ci n’a pas reconnu leurs droits. Les revendications sociales se multiplient, tant dans les régions les plus défavorisées sous l’ancien régime qu’au cœur même de la capitale. Tout cela en l’absence d’un appareil détenant le monopole des armes et capable de protéger ceux qui ont accumulé richesses et privilèges sous le trop long règne de Kadhafi.

Partout la révolution continue, comme au Maroc où une majorité de la population a boycotté les élections au moyen desquelles la monarchie a essayé de contenir les revendications du peuple, dans l’espoir que ses valets de « l’opposition loyale » parviendront à apaiser le volcan. Mais il continue de gronder sous la forme de manifestations organisées par la véritable opposition. Et les conditions de vie intolérables rendent inévitable une éruption majeure.

Partout la révolution continue, comme au Bahreïn, où les masses rebelles n’ont pas été dupes de la farce de la « commission d’enquête » imposée au royaume par les États-Unis afin de faciliter la livraison d’armes qu’ils se préparent à lui faire. Les masses continuent de manifester et de protester jour après jour, convaincues qu’elles finiront par remporter une victoire que la dynastie Al Khalifa et ses protecteurs, la Maison des Saoud, ne parviendront pas à empêcher éternellement. Le jour approche inévitablement où ces derniers eux-mêmes devront rendre des comptes.

Partout la révolution continue, y compris à l’intérieur du royaume saoudien où le peuple de Qatif s’est soulevé il y a quelques jours sans être intimidé par la répression sanglante du régime. Ils poursuivront leur lutte jusqu’à ce que sa « contagion » s’étende à l’ensemble de la péninsule arabique et de son peuple, malgré l’abjecte propagande confessionnelle qui est devenue la dernière arme idéologique de la tyrannie des Saoud et de l’institution religieuse wahhabite obscurantiste qui, avec leurs protecteurs étasuniens, leur permet de se maintenir au pouvoir.

L’effondrement du trône des Saoud dans la péninsule arabique sera celui du principal bastion de la réaction arabe et du plus ancien allié et entremetteur de l’hégémonie états-unienne dans notre région (plus ancien même que l’allié sioniste). Ce jour-là, l’ordre autocratique et exploiteur arabe se sera entièrement écroulé.

Mais jusqu’à l’avènement de ce jour, la révolution doit continuer. Elle subira échecs, reculs, retours de bâton, tragédies, pièges et conspirations. Comme l’a énoncé le principal dirigeant de la Révolution chinoise : « La révolution n’est pas un dîner de gala ; elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s’accomplir avec tranquillité et délicatesse… » La révolution doit donc avancer sans relâche, en gardant à l’esprit une autre célèbre maxime d’un des dirigeants de la Révolution française : « Ceux qui font des révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. […] Ce qui constitue une république, c’est la destruction totale de ce qui lui est opposé. »

Gilbert Achkar est un intellectuel et écrivain libanais. Il est notamment l’auteur du livre Les arabes et la Shoah.

L’original de cet article est paru dans le journal Al-Akhbar de Beyrouth le 28 novembre 2011. Traduit de l’anglais par Antoine Dequidt. http://english.al-akhbar.com/conten...


                         site: lafauteadiderot.com


 

 

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 16:59

                                                                       

                                                      FRONTE DI MANCA

                                                                     

 

            PRENONS LE POUVOIR !

Chers-es Amis-es, Chers-es Camarades, Chers-es Sympathisants,

Dans un contexte de crise et de politique d'austérité, le FRONT DE GAUCHE, autour d'un projet politique centré sur "L'HUMAIN D'ABORD", propose la mise en oeuvre d'une véritable politique de gauche, anticapitaliste, sociale, écologiste et laïque.

Pour gagner ces élections et rendre LE POUVOIR AU PEUPLE, nous avons besoin d'un soutien populaire mais aussi de l'investissement de chacun dans la campagne.

Nous vous invitons à nous retrouver:

JEUDI 26 JANVIER à 18H00

Au siège du PARTI COMMUNISTE FRANCAIS

11, rue César Campinchi, BASTIA

Pour une réunion concernant l'organisation de nos initiatives pour la campagne Présidentielle 2012

                       VENEZ NOMBREUX

 

                   " FORTI SEREMU, SI SAREMU UNITI"

                                            drapeau rouge

 

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 16:51

Les morveux n'ont pas froid aux yeux et leur hargne envers les pays socialistes n'a aucune limite !!

A croire que plus l'être est petit par la taille, plus restreint est son cerveau et ses idées et d'autant plus grandes sont ses prétentions, sa hardiesse, sa méchanceté et sa bêtise,certainement comme compensation pour le reste.

 

Aboie, petit, aboie.....celui qui est au bout de sa laisse européenne ne peux en effet qu'aboyer quand le train qui mène les peuples vers le socialisme gage de liberté, d'autonomie et de dignité passe devant sa porte !!

 

Caroleone

 

 

chien_039.gif

 

 

Au Parlement Européen,


Cohen-Bendit insulte Castro et Chavez

Ce mercredi 18 janvier, le néo-fasciste mais premier ministre hongrois Viktor Orban, est venu plaider sa cause devant le Parlement Européen à Strasbourg. Fustigeant sa
politique liberticide, Cohen-Bendit, capable des pires amalgames, vociféra à la manière d'un Le Pen, devant les caméras de télévision qu'Orban devenait l'émule de
Chavez et de Castro, pas moins !

On sait que Cohen-Bendit ne s'embarrasse pas de subtilités quand il s'agit de se faire remarquer mais oser une telle bassesse, c'est se marquer d'une flétrissure
indélébile. Au mépris de l'histoire, tout lui est bon pour vomir sur des hommes respectés par leurs populations justement parce qu'ils ont su avec courage, débarrasser
leurs pays des politiques les plus répressives, réactionnaires et liberticides d'Amérique latine et Caribéenne en redonnant à leurs peuples la dignité, les droits humains
fondamentaux comme le droit pour tous à l'éducation, aux soins, au travail et par la promulgation de lois égalitaires anti-racistes, tout le contraire de ce qu'un Viktor Orban
a entrepris en Hongrie.


Cuba Si France, attachée à la défense de la Révolution Cubaine et à la poursuite de sa voie socialiste, proteste énergiquement contre les propos odieux et insultants du
tout petit Cohen-Bendit, aboyés contre ces grands Hommes qui bénéficient chacun d'un soutien populaire écrasant et du respect de tous les peuples latinos-américains.

Oui, M. Cohen-Bendit ! Orban est une créature de votre Europe anti-démocratique à la dérive, soumise au diktat de la finance qui asservit les peuples. Elle ne peut
qu'engendrer de dangereux apprentis sorciers comme Viktor Orban. Par vos vociférations anti-Chavez et anti-Castro, votre but est d'empêcher les peuples européens
d'entendre les belles espérances que des hommes comme, Castro à Cuba, puis Chavez au Venezuela, Ortega au Nicaragua, Moralès en Bolivie, Corréa en Equateur,
Mujica en Uruguay, Lugo au Paraguay, ou des femmes comme Cristina Kirchner en Argentine ont fait naître durablement en Amérique latine. Quant à vous, l'Histoire vous
enterrera.

Théodore Botrel dans sa chanson de la Fleur de Lys, dit :


"A la ville, tu peux faire un bon apprenti,
Mais pour Labourer la terre
T'es ben trop petit, mon ami,
T'es ben trop petit !
Dame, oui !"

Cuba si France


le 20 janvier 2012

 

                                                                   site: cocomagnanville
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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 16:37

 

 

Une chronique de Jean Lévy sur son blog/  canempechepasnicolas

 PETAIN-LE-PEN--2.jpg

Ne viser que le Front national et établir une frontière de fait entre le parti de Marine Le Pen et la droite de Sarkozy et du CAC 40, fait le jeu de l'extrême-droite ! 

 

par Jean LEVY

 

Face à l’audience inquiétante acquise par Marine Le Pen dans les couches populaires, et à travers elle, celle du Front National, la CGT et son Institut d’Histoire Sociale ont organisé un colloque sur l’Extrême-droite le 17 janvier. Le succès  remporté par cette initiative (plus de 300 militants rassemblés et interventions de haut niveau, tant à la tribune que dans l’assistance), montrent l’intérêt et la nécessité d’une telle rencontre. SARKOLEPEN

 

En effet, quand une épidémie menace « mieux vaut prévenir que guérir ».

 

Encore qu’une telle attitude suppose qu’on ne néglige pas pour autant de poursuivre et d’accentuer les soins concernant d’abord la maladie qui vous affecte aujourd’hui.

Car la population souffre depuis des années d’un mal qui la ronge : la politique poursuivie en France depuis des décennies, et singulièrement aggravée par la droite au pouvoir, avec Nicolas Sarkozy.

 

Dans ces conditions,  est-il utile d'établir une distinction  entre la droite et l’extrême-droite ?

Et plus encore de  "hiérarchiser" les dangers que l’une et l’autre font courir à notre peuple ?

L’histoire nous apprend que la droite porte en son sein son extrême.

Rapportons-nous au passé pas encore lointain.

Les hommes qui ont exercé le pouvoir à Vichy, de 1940 à 1944, ne sont pas tombés du ciel, au détour d'une défaite militaire. Ils occupaient déjà tout  l'espace politique, tant à droite qu'à l'extrême-droite, sous la Troisième République. Et ensemble, ils préparaient la défaite.

"Plutôt Hitler que le front populaire" était pour eux plus qu'un slogan : c'était une stratégie délibérée mise en musique par la grande bourgeoisie, et jouée par leurs fondés de pouvoir et leurs hommes de main.

Cette mise à l’étrier de leaders extrémistes par la droite dite "classique",  a pour bel exemple la nomination d’Adolf Hitler à la Chancellerie du Reich, le 30 janvier 33, par le maréchal Hindenburg, "conservateur pur sucre". Celui-ciavait été  élu président grâce au soutien des Sociaux-démocrates…pour empêcher le Führer nazi d’accéder à la magistrature suprême.

On sait ce qu’il advint. ARBEIT2 - 1

Mais revenons en France, il y a un tiers de siècle.

Qui a permis aux « chefs » des groupuscules, bottés et casqués, d’Occident,  les Madelin, Devedjian, Novelli ou Goasguen, entre autres, d’accéder aux marches du pouvoir,  aujourd’hui leaders UMP ?

Au début des années 70, Giscard d’Estaing les a recrutés pour assurer son "service d’ordre", lors de l’élection présidentielle de 1974. Pire, la métamorphose d’Alain Madelin s’est effectuée par la grâce de Georges Albertini, l’ancien dirigeant de la Collaboration (il fut secrétaire-général du RPN de Marcel Déat sous l’Occupation), qui fit de ce trublion un politicien bon chic, bon genre, en l’embauchant comme « journaliste » d’une de ses feuilles anticommunistes, puis le candidat de  la « droite » à Issy-les-Moulineaux , en 1973.

Mais au-delà des « liaisons dangereuses » entre droite et extrême-droite, il y a la convergence des idéologies.

Un exemple : dans les années 80, droite et extrême-droite se sont retrouvées au sein du Club de l’Horloge, une "boite à penser" (eux se définissent comme un Cercle de réflexion *), du grand-patronat, afin d’élaborer ENSEMBLE les thèmes, qui deviendront le programme de la droite au pouvoir, en particulier celui de Nicolas Sarkozy. Parmi les sujets traités, la Sécurité Sociale.

Le débat donna lieu à polémique entre Jean-Marie Le Pen et Jacques Garello, un professeur d’Economie à Marseille-Aix 3, animateur de l’Aleps, un groupe de fanatiques ultralibéraux mis en place, lui aussi par Georges Albertini, et tenant toujours assises au siège de l’UIMM, l’Union des Industries Minières et Métallurgiques.

Quel était le différent entre le chef du Front National et cet économiste, proche du CNPF, le Modef de l’époque ?

Jacques Garello écrit alors dans le bulletin de l’Aleps ;

« Le Pen veut interdire aux travailleurs étrangers de bénéficier de la Sécurité Sociale…Il a tort ! Ce qu’il faut, c’est la supprimer, pour tout le monde ! ».

En l’occurrence, qui est le « plus à droite », Le Pen ou Garello ?

Notre bataille doit être donc A LA FOIS (et sans la « hiérarchiser »), contre la droite et l’extrême-droite.

Se battre contre le seul Front national, conduirait à penser que l’UMP « est moins pire » que le parti de Marine Le Pen. Tracer la frontière entre les deux laisserait croire que le parti du Président et du CAC 40 fait partie du "la droite républicaine", expression qui permet à certains, à gauche, de faire ami-ami avec l'autre camp… 

Or, les salariés subissent de plein fouet, aujourd’hui, de la politique de Nicolas Sarkozy. Leur désigner comme ennemi principal le FN, donnerait à celui-ci toute chance de gagner encore plus d’audience dans les couches populaires. 

De plus, il n’est pas suffisant de dénoncer le Front national, en tant que force fascisante.  Il faut chercher POURQUOI nombre de salariés sont tentés par le vote Marine Le Pen. Ils semblent là  trouver réponse à leurs angoisses, à leur désespérance, à leur rejet de toutes les forces politiques, assimilées au SYSTEME, qu'ils rejettent de plus en plus .

Osons une image : quand un homme se voit couler à pic, et qu'il tente de s'accrocher à quelques branches, il ne suffit pas de le prévenir que ces quelques bois sont pourris,et qu'ilrisque la noyade,  il faut lui tendre une perche solide et visible, grâce  à laquelle il pourra sortir de l'eau.

La question est là, brûlante, lui tend-on une telle perche ?

Mais ceci est une autre histoire,  que « canempechepasnicolas » se promet de traiter ultérieurement.

 

* Le Club de l'Horloge estime  que "Tous les courants de la droite française peuvent s'unir et rassembler une majorité du peuple autour de ces valeurs"

 

** Pour plus d'informations sur "droite" et "extrême-droite", lire  pour la période 1930-1940 :

"DE LA REPUBLIQUE A L'ETAT FRANCAIS", "le chemin de Vichy

de Simon PIETRI et Jean LEVY

pour la période 1944-1983 :

"LE DOSSIER GEORGES ALBERTINI", une intelligence avec l'ennemi

de Jean LEVY

Ces deux ouvrages sont édités par L'Harmattan au prix de 25 euros chacun

Dimanche 22 janvier 2012 7 22 /01 /Jan /2012 08:50

La CGT, le Front national et la droite de Sarkozy et du CAC 40 , par Jean LEVY

 

Ne viser que le Front national et établir une frontière de fait entre le parti de Marine Le Pen et la droite de Sarkozy et du CAC 40, fait le jeu de l'extrême-droite 

 

par Jean LEVY

 

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