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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 15:32

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Documentaire sur Antonio Gramsci

 

francesebienLa vie d’Antonio Gramsci est une vie de combats. Combat contre le fascisme, l’absurdité de la guerre et l’injustice. En 1926, alors secrétaire général du Parti communiste italien, il est arrêté par le régime fasciste.  À l’issue d’un procès où le procureur demandera que l’on « empêche ce cerveau de fonctionner », Gramsci est condamné à 20 ans de prison.

Depuis sa cellule, il poursuivra sous une autre forme son combat en faveur des classes subalternes en écrivant plus de 35 cahiers qui contiennent quelques-uns des concepts les plus novateurs du XXe siècle.

Le documentaire Antonio Gramsci, penseur et révolutionnaire, pénètre dans cette œuvre riche et passionnante en présentant les concepts gramsciens (hégémonie, bloc historique, Etat intégral, révolution passive…) qui sont aujourd’hui encore à travers le monde un instrument privilégié de transformation de la société. Car chez Gramsci la pensée et l’action sont inextricablement liées.

Avec la participation de : Alberto Burgio, Angelo d’Orsi, Fabio Frosini, Razmig KeucheyanGuido LiguoriDomenico Losurdo et André Tosel.

Vous pouvez commander en ligne le documentaire chez nos amis Les mutins de Pangée

 

Antonio Gramsci, penseur et révolutionnaire

FABIEN TRÉMEAU

Le sources de l’espoir 53′

Le refus de la défaite 52′

20 euros

Production : Éditions Delga, En attendant la suite et Les films des Trois Univers avec le soutien d’Archivio Audiovisivo del Movimento Operaio e Democratico, Casa Museo di Antonio Gramsci Ghilarza, Casa Natale Antonio Gramsci Ales et Terra Gramsci.

DVDCOVER 

 

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 15:01

 

 

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Tapis rouge en France pour Sissi, le sanguinaire dictateur égyptien
lundi 17 novembre 2014
             

Pas dégoûtés les "socialistes" au gouvernement, de recevoir en grandes pompes en France, les 20 et 21 novembre prochains, le maréchal Sissi, à la tête d’une dictature militaire qui massacre les manifestants, prononce des centaines de peines de morts d’opposants politiques, et se partage avec Israël le rôle de gardien du camp de concentration de Gaza !

Il parait que de gros contrats d’armements sont à la clé de cette visite officielle. Corvettes militaires, avions rafales...on est sûr que ce massacreur en fera bon usage.

La France grande donneuse de leçons de démocratie se compromet ainsi avec une dictature particulièrement sanglante.

Des manifestations de protestations sont prévues à Paris. Nous nous y associerions.

source: CAPJPO-Europalestine

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 14:48

                                                                    MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 

  pcp afficheLe Parti communiste portugais propose à l’Assemblée la « sortie de l’Euro et la nationalisation des banques »

 

Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

 

Les communistes portugais ne se posent la question de la sortie de l’euro, mais de comment la préparer. Ils ne se font d’illusions ni sur l’Euro, ni sur le rôle du parlement : y proposer la sortie de l’Euro, c’est une tribune pour les idées communistes, l’occasion de démasquer les faux amis du peuple portugais. A gauche aussi.

 

Critique depuis sa création d’une monnaie unique perçue justement comme outil d’imposition au Portugal de la casse des acquis démocratiques et sociaux, de paupérisation du peuple portugais, le PCP a longtemps été sceptique sur la faisabilité de la sortie de l’euro.

 

 « Sortir de l’Euro » : une position progressivement adoptée par le PCP

 

C’était avant. En décembre 2012, au dernier congrès du PCP, son analyse a été réaffirmée avec force : l’UE n’est pas réformable, comme l’Euro. Depuis, il a organisé plusieurs rencontres avec des économistes du parti ou non pour d’abord poser la question de la sortie de l’euro (mars 2013) puis envisager les conditions de sa sortie (septembre 2014).

 

En septembre 2014, les trois députés européens du PCP ont officiellement manifesté leur position consistant en une préparation du pays à la sortie de l’Euro, au vu de l’incompatibilité entre le maintien dans l’euro et la concrétisation d’une politique alternative et de gauche.

 

Ils se sont engagés à porter cette position à Bruxelles, à Strasbourg, au Parlement européen.

 

Le PCP a franchi une nouvelle étape le mois dernier. Le 15 octobre, le député Paulo Sá a proposé un projet de résolution à l’Assemblée de la République, en trois points : « renégociation de la dette, préparation de la sortie de l’euro et contrôle public des banques ».

 

Renégocier la dette, sortir de l’euro, nationaliser les banques

 

Renégocier la dette ? Oui, dans ses « délais, taux et montants » pour Paulo Sá car la « dette devient impayable » et surtout « plus on paye, et plus on doit ». Les intérêts s’élèvent à 7,7 milliards d’euros en 2014, 60 % de plus qu’en 2011. La dette a augmenté de 54 milliards d’euros en 3 ans !

 

Sortir de l’euro ? Clairement. Il s’agit de « se libérer de la soumission à la monnaie unique, de retrouver sa souveraineté monétaire, que le pays se prépare à cette nouvelle réalité ».

 

Après avoir rappelé les avantages économiques de la sortie, le député rappelle tout ce qu’a signifié l’Euro pour le Portugal : destruction de l’apparel productif, endettement externe, baisse des salaires, privatisation des entreprises.

 

« Il est impératif de libérer le Portugal de la contrainte de l’Euro », bien que le député évoque ensuite plusieurs scénarios – dont celui de la dissolution concertée, ou de la sortie unilatérale subie ou voulue –, le pays doit être prêt.

 

Nationalisation des banques ? Une évidence quand « les banques privées, reconstituées à partir des privatisations du secteur public, ne servent pas les travailleurs, les populations, les entreprises, les producteurs, l’économie nationale et le pays ».

 

Refuser la proposition du PCP, c’est « défendre un secteur bancaire qui continue à engraisser les profits des actionnaires, des spéculateurs, de quelques familles ».

 

Le PCP cite le cas des scandales financiers récents, dont celui de la Banque Espirito Santo, renflouée à coups de milliards par l’Etat portugais !

 

Une bombe dans l’hémicycle rejetée par la droite et le PS

 

 

Ce projet de résolution a été reçu comme une bombe dans l’hémicycle. Il a rencontré l’hostilité de la majorité de l’Assemblée, alors qu’il bénéficie du soutien de la majorité du peuple portugais.

 

Tel est la mission que le PCP confie à ses parlementaires. Point de « crétinisme parlementaire », d’illusion sur le fait de « pouvoir peser à gauche ». Le Parlement est une tribune pour déclarer la guerre au consensus dominant, l’occasion de révéler la contradiction entre les partis défendant le système et la volonté du peuple.

 

Sans surprise, on a retrouvé un vote unanime de la « troika », donc de la droite représentée par le PSD (Parti social-démocrate), le CDS (Centre démocratique et social), de la « gauche » incarnée par le Parti socialiste. Un vote contre les trois propositions, donc pour le maintien dans l’euro et des banques privées.

 

Le Bloc de gauche refuse de voter la sortie de l’Euro !

 

 

Plus éclairant, le vote du Bloc de gauche – soutenu par le PGE (Parti de la gauche européenne) – qui a voté la proposition du PCP sur la renégociation de la dette et sur le retour des banques dans le giron public.

 

Par contre, le Bloc de gauche a refusé de voter le projet de résolution, pourtant prudent, pour « préparer le Portugal à la sortie de l’Euro ». Le Bloc s’est abstenu.

 

La question européenne est une des questions qui fait le clivage entre le Bloc et le PCP : le Bloc de gauche a toujours été un parti pro-européen, défendant l’Euro et l’UE, même au nom d’une hypothétique « Europe sociale » à inventer.

 

D’autres questions séparent les deux partis : les alliances avec le PS, fréquentes pour le Bloc au niveau local, possibles au niveau national comme aux dernières présidentielles, où il s’est rallié dès le premier tour derrière le candidat PS !

 

Ou encore la question de classe, secondaire pour le Bloc de gauche qui mise plus sur les questions sociétales, tandis que le PCP – avec le syndicat CGTP, dirigé par un responsable communiste – met la priorité sur la lutte de classes, contre la politique anti-sociale du pouvoir.

 

Les communistes à 13 %, le Bloc à 4 % : la clarté paye !

 

Les Portugais ont fait leur choix. Longtemps au coude-à-coude dans les sondages, les urnes, depuis deux ans, c’est la Grande divergence en pleine crise de l’euro et de l’UE : en 2009 le Bloc et le PCP étaient au même niveau aux européennes, avec 11 % des voix.

 

En 2014, le PCP a réalisé son meilleur score depuis 20 ans, avec 13 % des voix. Le Bloc s’est lui écroulé, victime de ses propres contradictions sur l’euro dont il refuse d’envisager la sortie. Avec 4,5 % des voix, c’est son existence même qui est menacée.

 

Voilà de quoi nous inspirer. Combien de temps encore avant de se rallier à cette position de bon sens, correspondant à notre identité de communiste tout comme aux nécessités du moment ? Le PCP l’a compris, sa ligne paye et elle est utile au peuple portugais dans sa lutte quotidienne.

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 14:41

 

 

 

Chemins de Fer de la Corse : La ligne Purtivechju-Bastia de nouveau sur les rails ?


 par 16 Novembre 2014



La CTC et les Chemins de Fer Corses ont publié lundi dernier un appel public à la concurrence pour une étude de faisabilité sur la portion Monte-Poghju Mezana, préliminaire à une éventuelle ré-ouverture de la ligne ferroviaire qui reliait jadis Bastia à Purtivechju. Un pari audacieux, mais pas insensé selon le président des CFC, Michel Stefani.


Chemins de Fer de la Corse : La ligne Purtivechju-Bastia de nouveau sur les rails ?
La conjoncture économique globale de l’Île reste morose, mais certaines perspectives de relance sont étudiées de près. Alors que les ponts SNCM entre Corse et Continent semblent définitivement rompus, les corses risquent d’en voir ériger de nouveaux… sur la terre ferme. L’étude, qui doit durer entre 12 et 22 mois, ne fait pas que raviver la nostalgie des anciennes générations, qui ont connu le train corse sous plusieurs formes, et plusieurs lignes.

Parmi celles qui seront à l’étude bientôt, celle reliant l’extrême-sud à la base du Capicorsu, qui n’avait pas été rouverte depuis son bombardement en 1943, puis sa fermeture définitive dix ans plus tard, après plusieurs projets classés sans suite. Si l’étude s’avérait concluante, cela permettrait aux habitants de la Plaine Orientale et du Sud de rejoindre Bastia et ses environs de manière directe, mais aussi de créer une alternative à l’automobile sur la côte. Selon le président des Chemins de Fer de la Corse, Michel Stefani, le projet se veut actuel, et l’étude doit d’abord permettre de définir les besoins, croissants selon lui :
 
« La demande forte vient de la démographie, qui est en augmentation constante sur les dix dernières années entre Monte et Poghju Mezana, avec entre 15 et 20% de population supplémentaire. L’étude doit montrer tout d’abord ce qu’ile st possible de faire, dans le cadre du schéma d’investissement ferroviaire ».
 
Une demande actuelle qui n’empêche tout de même pas de se poser la question de l’intérêt économique d’une éventuelle ré-ouverture de la ligne, car si le bassin de population augmente, les déplacements aussi, de fait. La population reste attirée par l’urbain, et cela n’a pas échappé à Michel Stefani, qui compte bien capter une clientèle nouvelle. Depuis la mise en place de dessertes journalières en périphérie de Bastia, les usagers sont de plus en friands du train, et ce malgré l’ouverture récente de la déviation routière de Borgu.
 
« Cela est certainement dû au fait que l’on a investi ces dernières années sur plus de confort et plus de sécurité », en référence aux AMG 800 – encore aujourd’hui critiqués – ainsi qu’au renouvellement des rails depuis Juin 2010.« Je pense aussi que cela constitue un choix politique, car les routes son sursaturées, ce qui engendre de la pollution.  Ajouté à cela un manque évident de sécurité sur les routes, on peut donc imaginer que l’extension du réseau suscitera un intérêt ».

Les CFC, premiers propriétaires terriens de Corse

De fait, le projet semble en adéquation avec les engagements communs de la Région et des CFC en matière de développement durable, sur les gaz à effet de serre et aussi sur l’aménagement du territoire. La finalité serait de relier Bastia à Bunifaziu, à long terme…
Cependant, qui dit « étude » dit forcément « risques » que cela ne puisse pas se faire. Le relief n’a bien-sûr que très peu changé depuis 1943, mais certains problèmes de connexion des voies ferrées, des actuelles aux futures, demeurent. A titre conservatoire, l’étude prévoit également une ouverture sur Cervioni, en Costa Verde. Chose moins aisée, car il faut également inclure à l’étude de faisabilité le problème des emprises, à savoir : quelle portion appartient à qui ? Comment sont classés les terrains visés ? Et même jusqu’à imaginer des ponts à réaliser, là où un contournement serait trop coûteux, comme à Talasani ou encore Fulelli. Ensuite risque de se poser des questions éternelles, comme choisir entre pont et tunnel, entre longer ou traverser la route…
Une voie que Michel Stefani juge pourtant fiable, fort des 30 millions annuels de chiffre d’affaires en 2013 pour les Chemins de Fer Corses. Ceux-ci sont les premiers propriétaires terriens sur l'Île, et leur patrimoine pourrait donc s'étendre avec la réalisation de ce projet.
 
Enfin, à la question "peut-on relier Purtivechju à Aiacciu en passant par l’Alta Rocca ?", comme cela était envisagé "tempi fà" Michel Stefani répond en gardant les pieds sur terre.
 
« Vous savez, on n’en n’est pas là ! Pour l’instant, nous allons étudier les possibilités jusqu’à Bonifacio. D'ailleurs il faut reconnaître qu’à l’époque, la création du chemin de fer à cet endroit avait dynamisé les environs… Nous attendons pour l’instant de savoir si l’étude est concluante avant de nous projeter».

La CGT Strada Ferrata favorable au projet

Enfin, c’est sur la création de postes que le projet devrait aboutir. Car dans ces zones rurales de la Plaine, la desserte est à recréer entièrement, de l’agent de maintenance au chef de gare, en passant par les contrôleurs. Du côté des syndicalistes de la CGT, l’idée semble faire consensus. 
Ecoutez son délégué Barthélémy Luciani.

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16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 16:10

 

 

                                                                  Terre Corse

 

 

 

De nombreuses signatures en soutiens au salaries de la SNCM

image

La section PCF de Bastia en présence de marins a tenu un stand sur la place St Nicolas de Bastia, un excellent accueil de la population a permis en seulement 2 heures de recueillir 230 signatures. 

Pour rejoindre le comité de soutien —> http://13.pcf.fr/61724

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 18:37

 

  Faire l'acteur en Corse, ou pas...

 

Christophe Babier , "le médiacratique éditorialiste " de L'Express, comme disait l'Huma,

médiacratique éditorialiste de l'Express

  ne fera pas l’acteur à Bastia. Arte Mare a  renoncé à le faire venir . 

L'éditorialiste et chroniqueur devait jouer la pièce "Le Souper" au théâtre de Bastia ce samedi soir en ouverture du festival.


Le théâtre survivra certainement.


Le peuple corse et l’ensemble des travailleurs, dont cet individu n’était pas  l’ami, aussi.

 

                                                                                U Cursinu Rossuu-cursinu-rossu.jpg

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 16:15

 

 

 

 

Nombre d’entreprises, de Grandes Écoles et de cycles universitaires se livrent à la langue – non pas de Shakespeare, mais des « traders » et de la City.
Reprenons langue(s) !
Georges GASTAUD, Matthieu VARNIER

« A chaque fois qu’affleure, d’une manière ou d’une autre, la question de la langue, cela signifie qu’une série d’autres problèmes est en train de s’imposer : la formation et l’élargissement de la classe dirigeante, la nécessité d’établir des rapports plus intimes entre les groupes dirigeants et la masse nationale-populaire, c’est-à-dire de réorganiser l’hégémonie culturelle ». Antonio Gramsci.

Avec toute la perversité idéologique qui les caractérise, le capitalisme euro-mondialisé et ses collaborateurs hexagonaux présentent le basculement de la France au tout-globish et la relégation largement engagée du français, comme une « ouverture » sur la modernité et sur la pluralité des cultures. C’est également au nom de la diversité culturelle que les régionalismes les plus régressifs tentent d’imposer, Charte européenne des langues régionales et minoritaires à l’appui, la « co-officialité » du français – « langue de la République » au titre de la Constitution – et des langues de territoire au risque clairement assumé, voire revendiqué, d’ethniciser la citoyenneté française et de couvrir d’un voile « culturel » le repartage en cours de la France et son redécoupage en euro-Länder taillés sur mesure pour la « concurrence libre et non faussée » entre les « territoires ».

Comment alors réagir à cette sournoise agression linguistique qui vise à la fois la langue de Molière, la République une et indivisible issue de la Révolution française et – nous l’allons montrer tout à l’heure – toutes les conquêtes du monde du travail ? Car lorsque le français aura été réduit, en France même, au rôle subalterne de « langue domestique »[2], il sera encore plus aisé aux chasseurs de profits du M.E.D.E.F. et du grand capital mondialisé de diviser notre peuple, de dynamiter les avancées sociales et démocratiques de 1905, du Front populaire et du C.N.R., de briser l’aspiration au « tous ensemble » combatif des salariés, de casser les conventions collectives de branche, les statuts nationaux, les services publics et la fonction publique territoriale ou d’État, voire la Sécurité sociale et les retraites par répartition qui forment, aujourd’hui encore, le socle matériel de l’unité nationale-étatique de notre pays.

Pourtant, les résistances linguistiques sont encore faibles, éparses, voire inexistantes dans le mouvement ouvrier et populaire : contrairement à ce qui se passait encore lorsque le P.C.F. de Maurice Thorez et de Jacques Duclos, voire de Georges Marchais, prenait fièrement en charge l’indépendance nationale et la défense de la langue d’Aragon, la résistance à l’invasion du tout-anglais, ou plutôt du tout-américain, dans l’Hexagone, la défense de ce premier service public de France qu’est le français, reste sporadique si l’on excepte les efforts méritoires des associations de défense de la langue française ou ceux de certains syndicats ; on pense à certains dirigeants de la C.F.T.C., à la C.F.E.-C.G.C., ou à l’engagement permanent de la C.G.T.-Carrefour et de ses militants nîmois. Déjà nombre de grandes entreprises travaillent – illégalement ! – en anglais sur le sol même de l’Hexagone, notamment en région francilienne, ce qui occasionne discriminations et souffrance au travail de maints salariés, y compris parmi les cadres. Déjà, les grandes entreprises recrutent honteusement des cadres supérieurs English Mother Tongue[3], ce qui revient à instituer une préférence nationale inversée et à pratiquer une discrimination illégale à l’encontre des salariés dont la langue maternelle est le français ou une langue autre que l’anglais et le français. Comment prendre enfin conscience que, sans notre belle langue française illustrée par l’Édit de Nantes, par le Discours de la méthode, par L’Encyclopédie, par la Déclaration de 1789 et par celle de 1793, la loi laïque de 1905, par Les Jours heureux annoncés par le C.N.R. et par mille autres références lumineuses, la France globishisée ressemblerait bientôt à ce « couteau sans lame dont on a jeté le manche » qu’évoquait jadis Lichtenberg ?

I – Intégrer la dimension linguistique à nos résistances sociales et civiques !

Il faut d’abord prendre la mesure de l’arrachage linguistique en cours : ils arrachent notre langue comme ils virent nos usines, ferment nos hôpitaux, arrachent nos vignes ou éliminent nos exploitations agricoles quand Bruxelles et le M.E.D.E.F. jugent que c’est indispensable à la « profitabilité » du « site France ». Nous n’en sommes plus désormais au franglais, raillé naguère par Etiemble[4], ni à la multiplication des « emprunts » lexicaux à l’anglais. Quand toute la recherche – y compris peu à peu la recherche en sciences humaines, voire en littérature française – bascule à l’anglais, quand de plus en plus de Grandes Écoles et de cycles universitaires se livrent sans vergogne à la langue – non pas de Shakespeare, mais des « traders » et de la City – quand tant de jeunes chanteurs « français » chantent en mauvais anglais, quand tant de films « français », subventionnés par l’argent public, affichent des titres anglais, quand des enseignes « tricolores » comme Carrefour se rebaptisent « Carrefour-Market » ou « Carrefour-City », quand la Société « nationale » des Chemins de fer nomme ses « produits » T.G.V.-Night ou T.G.V.-Family, quand le président de cette société se glorifie d’offrir des cours d’anglais dans ses rames de T.G.V., mais que l’idée ne lui vient même pas d’offrir des cours de français aux étrangers circulant dans ses trains, on n’en est plus à « emprunter » à l’anglais des vocables qui manqueraient provisoirement au français (car des mots français existent depuis toujours, convenons-en, pour dire night, card, map, market ou access - comme on dit chez Total – ou everyone ajustable, comme le proclamait horriblement une pub d’Orange, anciennement « France »-Télécom !) ! En l’occurrence, il s’agit clairement de détruire notre langue nationale, de la polluer au maximum en la saturant et en l’enlaidissant d’anglicismes bas de gamme, de ridiculiser notre pays aux yeux des vrais anglophones, en un mot d’esquinter « ludiquement » notre langue nationale, qui est aussi celle de la Francophonie mondiale, avec des objectifs de classe politiques, économiques, culturels très précis : ringardiser la nation républicaine, éradiquer la fameuse « exception française » issue du Front populaire et de la Résistance antifasciste, insinuer à tout instant le contre-modèle anglo-saxon et néolibéral dans nos cerveaux, distinguer les travailleurs en catégories sociolinguistiques discriminantes[5], faire accroire au bon peuple qu’en un mot, il n’y a pas d’autre alternative que l’Empire euro-atlantique promis par les maîtres de l’U.E., de l’euro, de l’O.T.A.N. et du « Grand Marché Transatlantique » en construction…

Ce ne sont pas là des fantasmes, hélas : déjà en 2006 l’Union des industries de la Communauté européenne (UNICE), ancien nom de l’actuel syndicat patronal européen Businesseurope, promouvait à son de trompes cette politique de substitution et d’exterminisme linguistiques en déclarant, par la bouche de son tout nouveau président d’alors – le triomphant Baron Seillière, qui venait d’imposer en France une grave contre-réforme sur les retraites – que l’anglais serait désormais « la langue des affaires et de l’entreprise » dans toute l’U.E.[6]. Sciemment opérée par un grand patron français devant le Conseil des chefs d’État européens, cette déclaration déshonorante avait d’ailleurs provoqué la sortie immédiate de Jacques Chirac, un acte de dignité nationale qu’il serait naïf d’attendre des présidents de droite et de « gauche » qui lui ont succédé… Notons du reste que le nouveau nom du syndicat patronal, beaucoup moins francophone, est dû au même Ernest-Antoine Seillière...

Comment dans ces conditions ne pas fustiger la honteuse apathie des états-majors syndicaux qui laissent sereinement assassiner la langue de la République et de la Francophonie internationale pour ne pas compromettre leur insertion dans le « syndicalisme » jaune européen (C.E.S.) ou transatlantique (Confédération Internationale des Syndicats) ? Comment ne pas appeler les travailleurs en lutte pour l’emploi industriel en France, pour la défense des acquis de 1945-47, pour les services publics, l’école laïque et la Sécurité sociale, à se saisir enfin, en vrais partisans de la République sociale, souveraine et fraternelle, de ce combat linguistique proprement vital pour l’avenir de notre pays ? Un combat qui fait aujourd’hui cruellement défaut à la plupart des cahiers de revendications des agents des services publics, des travailleurs industriels, des défenseurs de l’Université au moment où les dirigeants de Renault, de Peugeot, de Citroën, d’Auchan, d’Air-France (devenu « Airfrance »[7]), d’EDF, voire de l’Éducation nationale (si friande de Learning Centers, entre autres…), massacrent notre langue en affichant ainsi leur mépris pour leurs salariés, leurs clients ou leurs usagers restés stupidement francophones ?

Au demeurant, la résistance ne saurait être purement collective. Chacun peut commencer par réagir individuellement en suscitant, par son attitude linguistiquement rebelle, la résistance collective à venir. Dire haut et fort « courriel » au lieu d’ « imeïlle » (ce qui écorche, non seulement le lexique français, mais les structures phonétiques de notre langue qui ne connaît pas le son « eïl’ »), cesser de dire à tout propos « OK » (voire, ridiculement, « OK d’accord ! »[8]), refuser de s’exclamer « yèèèèèèsss ! » à toute occasion, souhaiter « bon anniversaire » en chanson et non « happy birthday to you ! », c’est OSER, si peu que ce soit, marcher et parler à contre-courant, c’est offrir à l’auditeur – une fois la surprise passée et le débat civique et linguistique éventuellement lancé – un point de repère et de résistance structurant, c’est susciter la discussion contradictoire, ce havre de l’esprit républicain, en brisant le consensus linguistique (mais aussi culturel et idéologique) mortifère qui infiltre aujourd’hui nos cerveaux, nos cœurs et… nos cordes vocales ! Revivons l’échéance plutôt que la deadline, assumons d’être ou d’avoir un entraîneur plutôt qu’un coach, d’aimer le rétro plus que le vintage, de s’amuser franchement et sans « fun », d’assister à un tournée en direct, de trouver des coins sympa pour la course plutôt que des spot de running... Prenons un plaisir sobre à dominer nos mots, à maîtriser notre communication –à ne rien céder, ni à la mode, ni au conformisme, ni à la paresse. A utiliser ces mots droits et nets, précis et bien connus, qui savent ce qu’ils disent et osent être crûment eux-mêmes, sans se farder d’un latinisme marchand ou se gonfler avec fatuité des reflux de l’air du temps.

II – Vivent les langues régionales !

Entre la récente Loi Fioraso, qui a institué l’anglais comme langue universitaire en ridiculisant l’article II de la Constitution et la Loi Toubon de 1994, et la Charte européenne des langues régionales, qui tend à faire du français un idiome parmi d’autres sur l’ex-territoire national en voie d’euro-fédéralisation, notre langue nationale est délibérément prise en tenaille avec la complicité de François Hollande, en cela aussi digne continuateur de Sarkozy. Par tous les moyens le Parti Maastrichtien Unique a entrepris de banaliser et de désétablir le français, et cela au moment même où les négociations sur le Marché transatlantique menacent de mort l’ « exception culturelle » à l’échelle mondiale, européenne et française, face à la domination globalitaire de l’Oncle Sam. Le projet linguistique de « Charte » des langues minoritaires – dont les origines politico-idéologiques remontent à la pire période de l’histoire allemande[9] – répond clairement au projet politico-territorial porté par le M.E.D.E.F. dans son manifeste Besoin d’aire publié en décembre 2011 à l’initiative de Mme Parisot. Le haut patronat veut ouvertement en finir avec la République française souveraine (notamment avec son cadre territorial « jacobin » issu de la Révolution : communes, départements, État-Nation, tout cela s’insérant dans une Charte de l’O.N.U. proscrivant – au moins en principe – le prétendu « droit d’ingérence » des forts sur les faibles et proclamant au contraire le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes). Et pour cela, il faut dissoudre la République une, laïque, sociale, démocratique et indivisible que proclame – en théorie, nous sommes bien d’accord, mais la théorie n’est pas rien ! – la Constitution actuelle, dans l’U.E. des métropoles et des euro-régions, de préférence transfrontalières. Celles-ci seront centrées en apparence sur les langues régionales (breton, basque, etc.), et dans les faits, sur l’anglo-américain[10], soit –plus marginalement – en allemand[11].

Face à cette grossière subversion de l’unité territoriale nationale qui revient à donner le pouvoir local à des groupes minoritaires d’euro-sécessionnistes, pour la plupart très réactionnaires (cf les Bonnets « rouges » bretons !), il serait à la fois injuste et maladroit de réagir par une crispation à l’encontre des langues régionales et des citoyens qui leur sont très légitimement et très honorablement attachés. Toutes, elles font partie de notre patrimoine national commun, comme l’atteste entre autres le rôle civilisateur éminent des troubadours médiévaux. Tout en promouvant partout le français comme langue commune de la République sociale, une France dirigée par le mouvement ouvrier révolutionnaire n’eût sans doute pas cherché à marginaliser les langues régionales comme l’ont fait la bourgeoisie bonapartiste, puis les notables radicaux de la Troisième République. Il n’est que de voir comment a procédé la jeune Union des républiques soviétiques sur le terrain linguistique : Lénine voyait certes dans le russe la langue incontournable des échanges entre les Républiques fédérées, mais il a rompu avec la russification imposée par les tsars et a fait donner aux langues des « allogènes » (langues du Caucase, de Sibérie, d’Asie centrale…) de larges moyens de se développer. Les Soviets ont même été jusqu’à créer des écritures, des grammaires et des dictionnaires là où ces langues n’avaient qu’une existence orale avant 1917 ; ils ont également suscité une puissante littérature nationale en langue maternelle pour permettre à chacun de ces peuples fédérés d’aller vers le socialisme universel en partant de ses traditions propres et en les revisitant, voire en les dépassant par leurs propres moyens et selon leur rythme propre. Comment ne pas penser ici aux admirables romans kirghizes de l’écrivain soviétique Tchinguiz Aïtmatov (Le premier Maître, Djamila…) ?

Il serait de plus très impolitique pour les défenseurs du français de prendre de front à la fois les tenants impérialistes du tout-anglais et les partisans républicains des langues régionales… tout au moins, ceux qui ne détestent pas « le » français parce qu’ils font la différence entre la langue de Victor Hugo et l’usage oppressif (pas seulement[12]…) qu’en a parfois fait la Troisième République. Rejeter les langues régionales serait d’abord faux dans le principe : de vrais internationalistes défendent tout naturellement le français contre le TOUT-anglais, mais ils ne seraient pas moins tenus de combattre le TOUT-français tel que le colonialisme a tenté de l’imposer en Afrique « au temps béni des colonies » (sic). Notons d’ailleurs que les peuples de l’ex-Empire colonial français ont intelligemment riposté au colonisateur en faisant du français – de LEUR français ! – une « prise de guerre », selon l’excellente expression de Kateb Yacine : loin de s’enfermer dans le « petit nègre » humiliant que leur enseignait le colonisateur, les ex-colonisés ont souvent mis un point d’honneur à cultiver un haut niveau de langue française dans leurs universités, notre enseignement actuel du français, ravagé par quarante ans de contre-réformes néolibérales faisant parfois pâle figure quand on se risque à la comparaison.

En outre, ce rejet prétendument républicain des langues régionales serait suicidaire politiquement pour la défense du français. Le fin marxiste que fut longtemps Mao nous a suffisamment appris, notamment dans son étude dialectique sur la contradiction, qu’il convient dans chaque lutte de distinguer l’ennemi principal de l’adversaire secondaire en réservant au premier l’essentiel de nos coups ; d’autant que souvent, tout ou parti de l’adversaire secondaire peut devenir un allié si l’on sait le dissocier de l’ennemi principal qui le manipule et ne cherche qu’à le poignarder dans le dos le moment venu. Enfin et surtout, il faut faire entendre aux tenants abusés des langues régionales que l’oppression linguistique et scolaire que ces langues ont subie hier (non par la faute de « la langue française », mais par celle de la bourgeoisie autoritaire), ne saurait justifier que leurs partisans actuels aident aujourd’hui à assassiner le français et la Francophonie internationale – ce ferment de résistance mondiale à l’américanisation générale – au profit d’un maître combien plus écrasant : le tout-anglais de l’Empire transatlantique et transpacifique en gestation[13], ce monstrueux totalitarisme planétaire que construisent l’Empire américain et l’Europe allemande en pleine expansion vers l’Est (cf l’actuelle extension de l’O.T.A.N. à l’Ukraine, en attendant qu’arrive le tour de la Biélorussie) : car la légitime dénonciation des crimes passés ne saurait légitimer la collaboration enthousiastes aux crimes présents et à venir !

Surtout, les défenseurs du français et les amis des langues régionales doivent se souvenir les uns et les autres d’une fable très « politique » de Jean de La Fontaine : se disputant un terrier, la belette et le petit lapin portent leur différend devant le Chat Raminagrobis. Feignant d’être sourd, le vieux matou leur demande de s’approcher et, quand ils sont à portée de ses griffes, il les happe et les dévore l’un après l’autre. Aujourd’hui, c’est le Raminaglobish transatlantique qui joue à opposer le français aux langues régionales ; mais une fois qu’il aura désétabli la « belette » francophone en se servant des petits lapins régionaux, qui peut croire qu’il laissera la moindre chance aux langues de territoire ? Si ce rempart mondial au tout-anglais qu’est (encore) la Francophonie internationale venait à sauter, il n’est pas difficile de comprendre que les langues régionales de France seraient encore plus vite englouties que ne l’ont été le gallois ou l’écossais celtique en Grande-Bretagne, ou les langues amérindiennes liquidées ou folklorisées par l’Empire yankee. Quand ce dernier aura finir d’utiliser les euro-sécessionnistes et les langues régionales pour dépecer les États italien, français, espagnol, voire britannique (mais pas la R.F.A., qui s’est « réunifiée » en phagocytant la R.D.A. et en divisant-satellisant les pays voisins, ex-Tchécoslovaquie, ex-Yougoslavie, États baltes, et demain sans doute la Belgique brisée par le « nationalisme » réactionnaire flamand), il aura tôt fait de régler leur compte à l’euzkara, au catalan, à l’alsacien, au corse, comme il l’a si efficacement fait avec le français de Louisiane et comme il s’emploie à le faire aujourd’hui, avec la complicité de Montréal et des gouvernants libéraux du Québec, par l’anglicisation galopante de Montréal[14].

C’est pourquoi tout vrai républicain devrait, au nom de la diversité indispensable à la culture mondiale, défendre TOUTES les langues de France et du monde contre la (non-) langue unique en marche, sans chercher cependant à briser le primat officiel de la langue nationale unifiée là où il en existe une[15]. Car à l’heure actuelle, les nations constituées (ou les États multinationaux hérités de l’histoire et brisés par l’Empire, comme la République socialiste fédérale de Yougoslavie) constituent des remparts pour la défense du droit des peuples à s’autodéterminer et à construire à égalité l’indispensable coopération mondiale entre les peuples.

Il est d’ailleurs surprenant que les organisations écologistes qui, à raison, défendent la biodiversité du vivant contre le rouleau compresseur du consumérisme capitaliste, restent de marbre quand disparaissent jusqu’à huit langues PAR AN et quand de grandes langues nationales et internationales porteuses d’une part majeure des Lumières mondiales, l’italien, l’allemand, le français, le polonais, le russe, sont rapidement boutées hors des secteurs décisifs de la communication mondiale : sciences, technologies, commerce, enseignes, cinéma, chanson, etc. Pourtant, quand une langue s’atrophie en perdant plusieurs fonctionnalités majeures, c’est une manière de vivre et de penser, c’est un regard et une sensibilité différents sur la vie qui plongent dans l’oubli, c’est un « esprit » qui meurt, ce sont des millions d’hommes qui sont subitement niés jusque dans leur histoire et dans leur identité la plus profonde, y compris celle de leur inconscient (que serait une psychanalyse en globish mondialisé ?) : en quoi serait-ce moins grave que de voir s’éteindre une sous-espèce de limaçons en Basse-Silésie ou un sous-groupe de poisson des abysses dans la fosse des Mariannes ?

Il faut donc à la fois défendre les langues régionales, qui devraient trouver place dans l’Éducation nationale partout où existerait une demande significative, et le primat de l’enseignement du français dont l’enseignement – rabougri et désossé par les contre-réformes libérales successives – doit être fortement revalorisé, étendu et requalifié de la maternelle à l’Université comme voie d’accès principale de tous les futurs citoyens-travailleurs aux « lumières communes » dont notre pays fut historiquement le pionnier de Descartes au plan Langevin-Wallon en passant par l’Encyclopédie de Diderot-D’Alembert.

III – Vive l’enseignement des langues de l’immigration de travail !

Curieusement, les mêmes qui s’enthousiasment pour la Charte européenne des langues au nom de la diversité et de l’égalité entre les parlers, ne trouvent rien à dire au fait que les langues de l’immigration de travail ne sont quasiment pas enseignées par l’école publique. C’est ainsi que pas un lycée de l’ex-bassin minier du Nord-Pas-de-Calais n’enseigne l’arabe comme LV 1 ou LV 2, alors que cette langue est parlée par nombre d’anciens mineurs marocains et leurs ayants-droit. Une étrange lacune qui semble ne choquer personne et qui ouvre un espace considérable aux intégristes pour accaparer l’enseignement de cette langue internationale sur des bases lourdement cléricales...

Si l’on voulait réellement accueillir et intégrer ces populations ouvrières, y compris en leur faisant aimer le français et la République, il conviendrait d’en finir avec cette exclusion linguistique par omission. Il faudrait pour cela affronter la députée Marion Maréchal-Le Pen et son prétendu front « national » : cette demoiselle n’a-t-elle pas exigé en 2012 à la tribune du Parlement que les rarissimes cours dispensés en arabe par l’école publique à des enfants d’immigrés primo-arrivants soient supprimés… et que les (très maigres) crédits qui sont alloués à ces cours de mise à niveau soient désormais affectés … au français[16] ? Nullement : à l’enseignement de l’anglais dès l’école primaire ! Bref, le FN n’est pas opposé à toute espèce de langue d’immigration et les mêmes xénophobes qui stigmatisent les populations prolétariennes issues de l’espace africain francophone, n’ont rien à redire contre la colonisation linguistique de l’Hexagone que pratique toute une partie de l’élite friquée venue de l’Europe du nord pour s’approprier des cantons entiers : comme si c’étaient les travailleurs étrangers qui délocalisaient nos usines à l’étranger, et non les P.D.G. « français » du C.A.C.-40, dont Le Monde nous apprend qu’une majorité réside désormais à New-York, et dont certains imposent le « travailler-en-anglais » dans nombre de sociétés franciliennes ! Pour mesurer l’aliénation nationale et l’humiliation linguistique que nous tolérons – et parallèlement l’ampleur du racisme pas seulement linguistique qui hante les meilleurs esprits en France – il suffit de s’imaginer comment réagirait la population française, intellectuels et « bobos » compris, si d’un seul coup toutes les enseignes et pubs en anglais qui nous assaillent étaient subitement écrites ou prononcées en arabe, en wolof ou en berbère ! Et pour mesurer à la fois l’islamophobie d’État et l’autophobie nationale dont font preuve certains dirigeants de la droite, il suffit de considérer la proposition délirante formulée par Jean-François Copé[17] : entre deux pains au chocolat, ce triste sire ne proposait-il pas récemment d’imposer le tout-français dans les mosquées de France, d’y proscrire l’arabe… et de passer désormais les films américains en V.O. de manière à imprégner d’anglais les enfants dès le biberon (plus facile que de créer des postes de français, d’anglais, d’allemand, d’espagnol, de russe, d’italien, etc. dans nos lycées !). Énorme veulerie et terrifiante vulgarité d’esprit qui conduit à vilipender les plus faibles et les plus en dangers – les ouvriers issus de l’immigration – et à ramper voluptueusement devant les plus forts, Européens du nord friqués refusant d’apprendre notre langue, investisseurs à milliards débarqués de Dallas ou du Qatar, U.E. imposant déjà de fait l’anglais comme sa langue officieuse unique en violation des traités européens qui font obligation à la commission européenne de respecter l’identité culturelle des États-membres.

IV – Vive(nt) le(s) français[18] !

Cette résistance linguistique tous azimuts n’implique aucun « purisme ». Comme toute langue vivante, le français comporte plusieurs niveaux d’usage et chacun d’eux est légitime et efficace pour la destination communicationnelle, poétique, professionnelle, nationale, qui est la sienne. Rappelons d’ailleurs que même Malherbe, le poète qui « épura » notre langue et notre littérature au Grand Siècle, se référait aux « crocheteurs des Halles » pour fixer le vocabulaire. La première des choses à faire pour encourager les travailleurs et d’abord, les militants politiques et syndicaux du mouvement ouvrier, à défendre leur langue, est de les convaincre qu’ils sont compétents en matière de « bon français » puisqu’ils se font clairement entendre de leurs pairs. Au demeurant, qui pourrait parler plus mal le français que les moulins à paroles des « merdias » capitalistes qui ne savent plus faire une liaison évidente, inverser le verbe et le sujet dans une interrogation directe, utiliser la double négation, qui abusent de la novlangue politicienne à la mode et qui – surtout à Paris intra muros – multiplient les anglicismes branchés sans le moindre souci du droit des auditeurs à comprendre ce que disent les chaînes qu’ils financent par leurs impôts ou par l’entremise des pubs (en réalité payées par les consommateurs) qui subventionnent les médias privés. Des études montrent d’ailleurs paradoxalement que les ados qui manient le langage SMS de la manière la plus drôle et la plus inventive sont souvent les plus performants dans l’usage du français « scolaire ». Fi donc des nouveaux puristes qui condamnent le langage des jeunes pour mieux cautionner l’invasion de l’anglo-américain : comme si les multinationales qui imposent d’en haut leur sabir avaient la même légitimité politique à changer la langue que le peuple, le monde du travail et la jeunesse qui, de Tunis au Caire crient en français « dégage ! » à Benali ou à Moubarak, que les syndicalistes de lutte qui se déclarent désobéisseurs et que tous ceux qui ont l’audace d’inventer les néologismes dont ils ont besoin pour dire présenter aux autres leur activité sociale innovante !

Il est également nécessaire de faire de la Francophonie internationale non plus seulement cet espace guindé piloté par les gouvernements (hyper-angliciseurs pour beaucoup d’entre eux, à commencer par ceux de la France, de la Belgique et du Canada…), qui prend prétexte d’une langue commune, qu’ils ne servent guère, pour pontifier sur les problèmes mondiaux, mais un lieu vivant de résistance sociale, d’échange international, d’impulsion culturelle, d’émancipation nationale et de mise en commun linguistique permettant d’affronter à armes égales le rouleau compresseur des oligarchies américanolâtres arc-boutées sur l’exportation de leur langue, réduite au rôle une arme de « soft power » (car contrairement à nos gouvernants, qui considèrent comme un boulet une langue parlée sur les cinq continents, les élites anglo-américaines savent que la pénétration mondiale du globish constitue à long terme une arme économique et commerciale plus efficace que plusieurs alliances militaires ![19]). Face à un tel monstre nourri à la fois par Wall Street, par le Pentagone et par la City, il est vital pour le français d’échanger et de collectiviser la créativité africaine, l’esprit de résistance québécois, la force poétique haïtienne, etc.

Dans le même esprit le français moderne doit dialoguer avec et s’enrichir d’échanges, voire d’emprunts, aux autres langues de France, aux langues de l’immigration ainsi qu’aux autres langues romanes, espagnol, italien, portugais, roumain, qui sont confrontées aux mêmes problèmes d’arrachage linguistique (du moins en Europe) que notre pays, sans négliger bien entendu l’apport de l’espéranto. En un mot, internationalisons les résistances linguistiques et refusons que le tout-anglais règne dans le mouvement syndical international, dans les « alter-summits » (sic) ou dans certaines émissions de prétendue « Underground Democracy » qui, jusque dans leur dénomination, clament le caractère petit-bourgeois, ostentatoire et inoffensif de leur semi-révolte. Entendons enfin le conseil de Montaigne, auteur des Essais et maire de Bordeaux, qui déclarait déjà au 16ème siècle : « que le gascon y aille si le français n’y peut aller ! »…

Cette prise en compte de la diversité linguistique du ou des français n’interdit nullement de se réapproprier le français commun, y compris le vocabulaire et la grammaire – si évolutifs soient-ils – car ceux qui prétendent que tout cela n’est que vieillerie dépassée, qu’il n’y a pas de différence entre l’oral et l’écrit, qu’on peut parler n’importe comment en n’importe quel lieu, font en réalité tout le nécessaire pour se réserver l’écrit et le « bel usage », fût-il mâtiné d’expressions familières employées pour « faire peuple ». Quant à ceux qui défendent l’idée reçue qu’il n’y a pas de normes linguistiques et qu’il suffirait au linguiste de décrire l’état des lieux de la langue sans s’inquiéter de savoir si elle vit ou si elle dépérit, ils méconnaissent ce fait patent que la production de normes linguistiques est un fait langagier constant : celui qui maîtrise bien sa langue, dans quelque domaine que ce soit, et qui peut de ce fait s’en faire le poète, le virtuose et le transformateur actif, travaille et retravaille sans cesse la norme existante. Pour cette raison même, il lui faut bien connaître et manier sa langue, comme l’artisan connaît et manie parfaitement ses outils et sa matière première.

Conclusion - Les « élites » françaises – en réalité l’oligarchie transatlantique et ses collabos de la haute bourgeoisie « française » sacrifient cyniquement une langue dont ils ont profondément honte car elle porte l’inexpiable héritage d’une histoire populaire qu’ils abhorrent : l’héritage de Marat et de Toussaint Louverture, des Communards et du Front populaire, voire de l’Internationale communiste (dont le français était la langue de congrès) et des luttes de libération nationale d’Afrique. Marginaliser cette langue maudite est un enjeu central pour ceux qui veulent, comme le M.E.D.E.F., « reconfigurer les territoires », construire « l’Union transatlantique » et mettre en place « les États-Unis d’Europe, notre nouvelle patrie » - comme si l’on pouvait à son gré changer de patrie, c’est-à-dire de parents et d’histoire. Face à ce énorme parri- et matri-cide de classe et de caste, il revient d’abord aux progressistes d’imposer le débat politico-linguistique : car la substitution linguistique qui vise à exproprier le peuple de ses mots ne pourra l’emporter que si la classe travailleuse se laisse priver de débat sur sa langue. C’est pour la priver de parole à jamais, pour faire d’elle une classe mutique après avoir fait d’elle une masse précarisée et largement chômeuse, que le Parti Maastrichtien Unique, toutes tendances confondues, veut (se) défaire (de) la langue frondeuse de Villon, de Rabelais, de Voltaire, d’Eugène Pottier et autre Jean-Baptiste Clément, sans parler de Félix Leclerc, de Jacques Brel ou des incandescents Fanon et Aimé Césaire.

Première cible de l’exterminisme linguistique de l’oligarchie, la classe laborieuse. Ses organisations syndicales et politiques – et tout d’abord les militants qui ont pris conscience de la nécessité de marier l’émancipation sociale à l’affranchissement national et à la coopération internationale – ont un intérêt vital à engager la résistance linguistique en l’associant aux combats en cours pour le produire en France, les services publics, la protection sociale, la souveraineté nationale, la défense de la paix contre les aventures bellicistes dans lesquelles le Parti atlantique compromet régulièrement notre peuple. Chacun peut sans attendre engager cette résistance aux niveaux individuel, associatif, syndical, politique. Il s’agit moins d’ailleurs de « défendre la langue française » que de SE défendre AVEC la langue française ; c’est pourquoi ce combat a beaucoup à voir avec celui par lequel les résistants sociaux affrontent la novlangue néolibérale (celle qui, par ex. nomme « modernisation » les régressions sociales et « archaïsmes » les acquis sociaux) pour reconquérir un vocabulaire de classe permettant de nommer un chat un chat et M. Manuel Valls un laquais du capital. Il s’agit là d’un combat central et non d’un « à-côté » mineur du combat social : car lorsque les tenants de l’Empire euro-atlantique et de Businesseurope auront détruit nos langues, et avec elles, toute la mémoire consciente et inconsciente du mouvement ouvrier et jusqu’à l’A.D.N. républicain de la Nation, la « France des travailleurs » chantée par Jean Ferrat et l’idéal de République sociale dont notre pays est l’initiateur historique, auront définitivement sombré dans ce que Marx appelait naguère « les eaux glacées du calcul égoïste ». Est-ce vraiment cela que nous voulons pour nos enfants ?

Georges Gastaud e Matthieu Varnier, [1]
Et voir sur LGS : Quand Emmanuel, Macron prend une averse, de Bernard Gensane : http://www.legrandsoir.info/quand-emmanuel-macron-prend-une-averse.html


[1] Georges Gastaud est philosophe, président de l’association COURRIEL pour la résistance au tout-anglais impérial. Auteur notamment de Patriotisme et internationalisme (2011) et de la Lettre ouverte aux ‘bons’ Français qui assassinent la France (2005).
Mathieu Varnier est ingénieur, secrétaire général du COURRIEL.

[2] Et dans un second temps – ce serait sa seconde mort, ignominieuse ! – à l’état de parler aristocratique mondial des « élites mondialisées », dont la soif de distinction pourrait ne pas se satisfaire très longtemps du « globish » imposé partout ?

[3] « Anglais langue maternelle ».

[4] René Etiemble (1909-2002), écrivain et linguiste éminent, auteur notamment de Parlez-vous franglais ? (Gallimard, 1964).

[5] Au sommet, les English Mother Tongue venus d’ailleurs ou provenant des enfants de l’oligarchie « française » élevés directement en anglais, comme les collabos gaulois de César reniaient le celtique en élevant leurs enfants en latin. Au milieu, les « globishisants », parlant plus ou moins bien un anglais d’aéroport et destinés aux fonctions de cadres moyens. En bas, les francophones demeurés (c’est à dire ceux demeurés francophones...), cantonnés dans les tâches d’exécution et parlant un français appauvri et truffé d’anglicisme. Et dans les soutes, les travailleurs immigrés venus de l’espace francophone africain et subissant la double peine linguistique puisque parlant le français avec un accent (comme s’il existait un français sans accent…) et ne sachant pas encore la vraie langue du French Euroland en cours de recyclage linguistique total. Le schéma étant compliqué, notamment pour les travailleurs des services publics d’État, ou pour les enseignants, par la nécessité de parler le français, l’anglais et, si possible, plusieurs langues régionales s’ils veulent par ex. être mutés de la Bretagne à la Corse ou à Perpignan, lorsque le breton, le corse ou le catalan auront obtenu la co-officialité dans les actes publics… Vive la « modernité » ! Et tout cela, bien entendu, sans un euro supplémentaire sur la fiche de paie…

[6] http://www.lefigaro.fr/international/2006/03/23/01003-20060323ARTWWW90... et http://www.observatoireplurilinguisme.eu/index.php?option=com_content&...

[7] « France is in the air » remplaçant dans la foulée le célèbre slogan « Faire du ciel le plus bel endroit de la terre »...

[8] Et si « oui », « d’accord », « ça marche ! », « ça roule ! », « ça baigne ! », vous paraissent trop fades, pourquoi ne pas OSER « Oc » en occitan, « si como no ? », en castillan, etc. ? S’il faut emprunter, il est prudent de ne pas emprunter toujours à la World Company…

[9] Lire notamment : http://www.m-pep.org/spip.php?article3517 . La Charte a été rédigée par la FUEV (Föderalistische Union Europäischer Volksgruppen), groupe de pression directement héritier du pangermanisme allemand et d’une conception ethnique des populations ayant valu la reconnaissance du caractère nazi de certaines de ses formes antérieures.

[10] Déjà, en Catalogne ibérique, des Banques s’affichent uniquement en catalan et en anglais en proscrivant l’espagnol, seconde langue la plus parlée au monde, et le français, parlé de l’autre côté de la frontière !

[11] Arguant de la prochaine adoption de la Charte européenne par le Parlement français, le conseil municipal de Saverne a cru pouvoir annoncer que les séances du conseil municipal se tiendraient désormais en alsacien, avec des traducteurs français pour les non-locuteurs du dialecte, et que les comptes-rendus se feraient « en allemand, forme écrite de l’alsacien ». Fermez le ban ! Le patronat alsacien qui inspirait largement le projet (rejeté par l’électorat républicain alsacien) de fusion des deux départements et de la région Alsace, ne cachait pas que son but réel était de se fondre dans une grande euro-région transfrontalière avec le Bade-Würtemberg allemand. Des projets analogues sont couvés par les hiérarques féodal-« socialistes » du Languedoc-Roussillon, qui lorgnent sur la riche Barcelone, ou par Martin Malvy (Midi-Pyrénées) et Martine Aubry (la vraie patronne du Nord-Pas-de-Calais), qui veulent chacun leur région « transfrontalière ». C’est évidemment l’anglais, et non les langues régionales – purs prétexte d’un instant pour déconstruire mille ans de construction nationale française – qui fédérera ces regroupement clairement antinationaux dans lesquels le Code du travail, les statuts, le SMIG et les conventions collectives ne feront pas long feu.

[12] Poussée par le socialisme ouvrier naissant et encore portée par l’élan de la Révolution jacobine, cette bourgeoisie a AUSSI institué l’école laïque, gratuite et obligatoire, mis en place la loi de séparation de l’Église et de l’État, institué la loi passablement démocratique de 1901 sur les associations, interdit le travail du dimanche… Quelle différence avec l’oligarchie capitaliste actuelle et avec ses reptiliens serviteurs « socialistes » du type de Manuel Valls !

[13] Pressé d’équilibrer les BRIC, qui parlent portugais (Brésil), russe, mandarin ou hindi, l’Oncle Sam mène de front en ce moment deux négociations secrètes ; l’une avec les Européens (Union transatlantique) et l’autre avec les Japonais, les Coréens du Sud, etc. (Union transpacifique). Et quelle sera la langue officielle de l’Union transatlantico-pacifique quand ces négociations seront venues à leur terme et que Wall Street sommera la Maison Blanche d’unifier les deux Unions ? Alors que le système capitaliste fait fonds depuis cinquante ans sur une propagande « antitotalitaire » frelatée, il porte en ses flancs une pensée unique, une langue unique, une économie et une culture uniques qui battent d’avance tous les records de totalitarisme – si l’on tient à utiliser cette notion passablement floue – puisqu’elles s’étendront aux moindres recoins de la planète : plus la moindre île déserte, plus le moindre îlot d’Utopie où fuir ce « devenir-monstre » (dixit André Tosel) de la mondialisation capitaliste. Radicalisée, un tel système unique – heureusement traversé par bien des contradictions – signifierait la mort de l’humanité en tant qu’humaine : car UNE pensée, UNE culture, UNE langue, égalent nécessairement ZERO pensée, ZERO langue, ZERO culture pour peu que l’on ait compris que la pensée a besoin de diversité et de contradictions pour exister. Nous avons défendu par ailleurs la thèse selon laquelle « l’exterminisme est le stade suprême de l’impérialisme ». Mais il y a bien des moyens d’exterminer l’humanité en lui laissant l’illusion provisoire d’exister…

[14] Il faudrait aussi évoquer le sort des francophones belges. Violant les prétendues règles démocratiques de l’U.E., la droite dure flamande persécute les francophones qui résident au nord du pays, abandonne la Wallonie en crise à son sort et resserre son étreinte menaçante sur Bruxelles ; or, la seule réponse du chef de file socialiste des francophones, M. Elio Di Rupo, le premier ministre fédéral belge, est de s’adresser à l’ensemble de ses compatriotes en anglais !

[15] Y compris sans doute de l’anglais britannique, en passe d’être avalé par le globish et par l’américain, et dont il serait sans doute stupide de priver les Écossais et les Gallois, sans parler des Irlandais, pourvu qu’ils disposent tous des moyens de recouvrer leur langue historique.

[16] http://www.debunkersdehoax.org/depenses-ahurissantes-pour-les-cours-da...

[17] http://www.slate.fr/story/33579/francais-anglais-langues-etrangeres-ecole

[18] Rappel orthographique : le substantif « le(s) français » en minuscules désigne la langue française et, au pluriel, ses divers usages, hexagonal, québécois, romand, wallon, etc. ; le substantif le(s) Français, avec la majuscule, désigne le ou les citoyens de nationalité française, donc des personnes.

[19] Honte à ceux des officiers français qui acceptent sereinement, pour poursuivre leur brillante carrière au sein de l’O.T.A.N., que l’anglais devienne la « langue de travail » de l’armée « française ».

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 15:58

 

                                                                  cerveau animé

 

 

 

Palestine : un peuple vivant, un Etat virtuel (2)
Pierre VERHAS

Le ghetto colonialiste

Quand on entend les Israéliens parler de leurs voisins, ils disent « les Arabes ». Le vocable « Palestinien » pour eux semble maudit, ou bien n’existe pas. Ils pratiquent en quelque sorte la « novlangue » d’Orwell. En effet, pour bon nombre d’entre eux, les Palestiniens sont un non-peuple et chaque Arabe palestinien est un terroriste en puissance.

Certes, le terrorisme aveugle a émaillé l’histoire de l’Etat d’Israël et ce ne fut certainement pas la bonne stratégie pour la Résistance palestinienne. Et tout cela fut accompagné d’une propagande aussi haineuse qu’imbécile proclamant la volonté de « jeter les Juifs à la mer ». Ces attentats ne firent qu’accroître les tensions et renforcer les factions les plus extrémistes des deux camps.

À chaque attentat palestinien répondirent systématiquement des représailles disproportionnées dont l’objectif réel n’était pas d’éradiquer le terrorisme, mais d’affaiblir le peuple palestinien pour le rendre politiquement inopérant. On l’a vu récemment à deux reprises à Gaza lors des « opérations » dites « plomb endurci » fin décembre 2008 et « bordure protectrice » au mois d’août 2014.

Pourtant, il existe de rares voix israéliennes pour mettre en garde sur cette politique à terme suicidaire. Ainsi, l’historien Schlomo Sand, très controversé dans les milieux sionistes, déclare : « Comme Israélien et comme être humain, je n’aime pas les roquettes. Mais comme Israélien et historien, je n’oublie pas que ceux qui les lancent sont les enfants et petits-enfants de ceux qui ont été chassés de Jaffa et d’Ashkelon en 1948. Ce peuple de réfugiés, moi, Shlomo Sand, je vis sur la terre qui était la sienne. Je ne dis pas que je peux leur rendre cette terre. Mais que chaque offre de paix doit partir de ce constat. Quiconque oublie cela n’arrivera jamais à offrir une paix juste aux Palestiniens. »

C’est là l’ambigüité : le retour des réfugiés de 1948 signifierait la fin de l’Etat d’Israël, en revanche le refus de reconnaître la réalité de leur sort ne permettra jamais d’aboutir à une réelle solution négociée.

Et c’est sans doute là la véritable raison de l’installation des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Créer un fait accompli irréversible où à terme, Jérusalem Est et la Cisjordanie seraient annexées à Israël, la population palestinienne étant sous tutelle dans de véritables « bantoustans ».

Il y a différentes catégories de colonies : les colonies d’habitation qui sont essentiellement de nouveaux quartiers construits sur le territoire de la Cisjordanie autour de la partie orientale de Jérusalem, les colonies agricoles – plus rares – qui confisquent aux Palestiniens les terres les plus fertiles et les colonies religieuses du Goush Emounim, le bloc de la foi, qui est un très puissant groupe de pression en Israël. Hébron en est l’exemple.

La chape de plomb de l’occupation

En entrant dans Hébron, on sent immédiatement le poids de l’occupation. L’ambiance y est lourde, inquiétante. Même si on voit très peu de monde, on prend tout de suite conscience qu’un affrontement peut se déclencher d’un moment à l’autre.

Hébron a le malheur d’abriter le caveau des Patriarches avec la tombe d’Abraham. Une mosquée a été construite sur ce lieu saint pour les trois religions monothéistes. Auparavant, les adeptes de ces trois religions étaient libres de venir y prier. Depuis, se sont installées à Hébron quatre colonies juives composées en tout de 500 membres tous religieux intégristes qui se sont appropriés la moitié de la mosquée des Patriarches et l’ont transformée en synagogue. En réaction, les musulmans ont interdit à tout non musulman de pénétrer dans la mosquée.

Observons que les religieux juifs de Jérusalem appliquent la même stratégie à l’Esplanade des mosquées : ils souhaitent y construire une synagogue pour pouvoir y prier confisquant ainsi une partie de cet espace aux musulmans. C’est d’ailleurs la raison des heurts sanglants qui ont actuellement lieu à Jérusalem.

On voudrait déclencher une guerre de religions, on ne procéderait pas autrement !

Nous avons vécu un incident assez significatif. Nous montions vers l’esplanade de la mosquée des Patriarches lorsqu’un soldat israélien nous a intimé l’ordre de redescendre, sans aucun motif. Nous avons très vite compris qu’il fallait obtempérer. Ici la force règne en maître. Un gradé a rappelé brusquement à l’ordre un soldat qui devisait avec quelques membres du groupe. Une fois redescendus, les soldats ont placé des barrières et un véhicule blindé est venu stationner devant ce « barrage ».

Rien de bien sérieux, mais une ambiance lourde et une tension permanente.

À Hébron, les colonies sont protégées par 1.500 soldats de Tsahal. En outre, ces unités sont composées de soldats et d’officiers qui sont eux-mêmes issus de colonies. Dès lors, la répression à l’égard des habitants palestiniens y est spécialement dure.

Ainsi, la vie économique est volontairement sabotée. Ainsi, plus de 1.800 boutiques de commerçants palestiniens de la Vieille ville de Hébron ont été fermées après la deuxième Intifada. Les volets de ces magasins sont soudés de sorte que leurs propriétaires n’y ont plus accès. D’autres boutiques sont fermées pour des raisons économiques, l’économie locale étant gravement entravée par ces mesures coercitives.

Même la vie scolaire y est perturbée. Pour se rendre à l’école, les enfants de la Vieille ville doivent passer par un check point qui est parfois fermé par les Israéliens. Ainsi, en 2003, suite à ces fermetures, 67 jours scolaires ont été perdus pour chaque élève.

S’il n’y avait le contrôle familial, les jeunes traîneraient dans la rue à essayer de vendre des babioles aux touristes ou à effectuer des rapines. Très vite, ils lanceraient des cailloux sur les véhicules militaires israéliens. Il suffit d’une étincelle !

Sammer Kokaly qui est un militant palestinien et qui est directeur d’une agence de voyages destinée à amener des touristes en Palestine afin de leur faire prendre conscience du sort de son pays nous a racontés qu’à l’âge de quinze ans, à la sortie de l’école, il a jeté une pierre sur un véhicule de patrouille israélien. Un geste de gamin mais aux sérieuses conséquences ! Les soldats lui ont tiré dessus. Il a reçu une balle en plastique dans la fesse droite et une autre au talon de sa chaussure droite qui n’a heureusement pas pénétré le pied. Le plastique de ces balles était en réalité composé de grenailles. Il est resté à l’hôpital quelques jours. Heureusement, la balle a été extraite de sa fesse, mais bien que non touché, il avait un hématome au pied droit qui l’a empêché de marcher pendant près de trois semaines.

Voilà donc cette ville de Hébron qui tente pourtant de se redresser, d’avoir une vie la plus normale possible, placée sous la tutelle des Israéliens les plus fanatiques qui refusent en définitive de donner aux habitants le statut d’êtres humains.

Cependant, tous ceux avec qui nous avons parlé sont unanimes. Ils s’accrochent. Ils restent. Des liens de solidarités se tissent entre eux quelles que soient leur religion ou leurs idées politiques. Et le plus frappant, nous n’avons jamais entendu un propos judéophobe. C’est fondamental. C’est la volonté de devenir un peuple libre, d’obtenir justice qui l’emporte sur la haine, surtout de la part des jeunes.

Ces jeunes Hébronites nous ont donné une fameuse leçon !

Une crise du logement

Comme dans la plupart des villes européennes, il y a une crise du logement en Israël. Acheter aujourd’hui un bien à Tel Aviv ou à Jérusalem Ouest est hors de prix. Par contre, dans les colonies, le logement reste abordable. Aussi, pas mal d’Israéliens vont s’installer dans les colonies, non pas dans un but politique ou religieux, mais dans une optique purement économique, notamment autour de Jérusalem. Il y en a même qui ignorent qu’ils se trouvent dans une colonie !

Même des Arabes israéliens pour les mêmes raisons s’installent dans les colonies. Ainsi, ils disent avec leur humour particulier : « Nous colonisons les colonies ! ».

Nous avons rencontré l’Israélien, qui l’est devenu sans doute malgré lui, Michel Warchawski, journaliste, militant de la cause palestinienne.

Voici ce qu’écrit Mona Chollet au sujet de Michel Warschawski : « Fils du grand rabbin de Strasbourg, élevé dans une famille qui considérait que « l’identification avec les opprimés, les faibles et les humiliés faisait partie de son identité juive », et où « le soutien à l’indépendance algérienne était aussi évident que l’interdiction d’allumer la lumière le samedi », Michel Warschawski est parti à l’âge de seize ans poursuivre des études talmudiques à Jérusalem. « Jérusalem, pas Israël, précise-t-il d’emblée. Car j’avais bien senti qu’en Israël il y avait le centre israélien et la périphérie juive. Le centre, c’était Tel-Aviv : une ville moderne, laïque, occidentale. » Cette ville l’intimide tant, lors de sa première visite, que son cousin, qui y est né, le sermonne : « Cesse donc de te comporter comme un petit youpin, tu n’es pas à Strasbourg. » Ce qui lui fait dire : « C’est à Tel-Aviv que j’ai entendu pour la première fois une remarque antisémite.  »

Jérusalem, en revanche, lui apparaît comme « le négatif d’Israël, un microcosme de la diaspora, un ghetto juif à la frontière entre Israël et le monde arabe ». Au fond, affirme-t-il, les dirigeants travaillistes méprisent la Ville Sainte : « Avec ses synagogues, ses quartiers ghettos et son marché oriental, ses juifs en caftan et en chapeau de fourrure, elle leur rappelait trop la diaspora qu’ils haïssaient. Mais moi, c’est précisément ce que les pères fondateurs d’Israël méprisaient qui m’attirait dans cette ville. » Cette situation, cependant, ne durera pas : « Le 6 juin 1967, les parachutistes du colonel Mota Gour allaient mettre fin à cette spécificité.(...) La conquête de Jérusalem-Est allait aussi signifier la normalisation de Jérusalem, sa “naturalisation” israélienne. »

Et c’est cette « naturalisation » que Warschawski ne supporte pas. Aujourd’hui, les choses ont changé. La gauche israélienne est en pleine déliquescence. Elle avait créé un establishment ashkénaze – Juifs originaires d’Europe orientale et centrale – qui avait la main sur tout Israël, tandis que les Sépharades – Juifs méditerranéens et orientaux – formaient la classe ouvrière, le petit commerce, les laissés pour compte. Paradoxalement, c’est la droite qui les représentait. C’est l’arrivée massive de Juifs Soviétiques qui a bouleversé ce relatif équilibre. La société israélienne a vécu une véritable révolution qui a d’ailleurs modifié fondamentalement le projet sioniste.

Menahem Begin était le chef de la droite israélienne. Il avait été un des dirigeants de l’Irgoun, le groupe clandestin qui a commis des attentats terroristes contre les Britanniques avant 1948 et qui a été dissous par Ben Gourion lors de la proclamation de l’Etat d’Israël. Le groupe rival, la Haganah, l’a emporté et fut l’embryon de l’armée israélienne devenue la célèbre Tsahal. Mais il y a eu depuis une déchirure dans la société israélienne qui ne s’est jamais fermée.

Begin devint Premier ministre après la victoire du Likhoud aux élections de 1977. Il le resta jusqu’en 1983. C’est lui qui reçut Sadate et qui signa les accords de Camp David qui permirent la restitution du Sinaï à l’Egypte. Depuis lors, l’ennemi n’était plus les Etats arabes voisins d’Israël, à l’exception de la Syrie, mais les Palestiniens. La gauche israélienne ne s’est jamais remise de sa défaite de 1977, même si elle revint au pouvoir à plusieurs reprises.

En 1983, Begin démissionna suite à l’invasion du Liban décidée sans son accord par son ministre de la Défense, Ariel Sharon qui devint ainsi le maître du jeu en Israël

Des colonies avaient déjà été érigées en Cisjordanie dès 1967 et à Gaza, mais c’est à partir de Sharon que le mouvement prit de l’ampleur.

En effet, en novembre 1967, une colonie a été fondée au sud de Jérusalem : Kfar Etzion. Il s’agit de la reconstruction d’un kibboutz qui avait été pris par la Légion arabe en 1948 et que les Israéliens considéraient comme le symbole de leur défaite de Jérusalem, puisqu’ils n’avaient pas réussi à garder l’ensemble de la ville et de ses environs. En même temps, est appliqué le plan Allon – du nom du vice-premier ministre de l’époque, Ygal Allon – qui consistait à implanter des colonies dans des secteurs peu peuplés le long du Jourdain qui forme depuis la frontière avec la Jordanie. Cela s’inscrivit dans la stratégie politique du gouvernement israélien de l’époque : « disposer de frontières sûres ». Le Jourdain en est une. Mais l’idée qui n’a guère duré, était de ne pas s’implanter dans les territoires arabes de Cisjordanie.

C’est en 1977 que Menahem Begin étend la législation israélienne à la bande Gaza et à la Cisjordanie. Auparavant, le Goush Emounim fondé en 1974 avait construit des implantations sauvages en plusieurs endroits de Cisjordanie. Ainsi, l’influence des religieux commence à prendre de l’ampleur En mai 1977, il existe 31 colonies qui comprennent 4.400 habitants. Leur nombre ne cessera d’augmenter pour arriver en 1984 à 44.000 personnes.

En 1992, lorsque les travaillistes reviennent au pouvoir, Yitzhak Rabin annonce un gel des colonies qui ne se réalisera pas. Un an plus tard, en dépit des accords d’Oslo, la construction de colonies se poursuit.

Le gouvernement construit en Cisjordanie pour relier directement les colonies à Israël, des routes de contournement réservées aux seuls colons dont le nombre est passé à 170.000 en 1995.

Sous le premier ministère de Netanyahu en 1996, le gel des colonies est levé et en 1998, Ariel Sharon, alors ministre des Affaires étrangères engage les colons à s’installer au sommet des collines de Cisjordanie. En 1999, lorsqu’Ehud Barak arrive au pouvoir, il y avait 180.000 colons répartis en 123 colonies.

Le mouvement ne s’arrêtera pas. En 2008, on compte 475.400 colons israéliens pour la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Rappelons qu’il y a 7,3 millions d’Israéliens et 2,3 millions de Palestiniens vivant en Cisjordanie.

En 2010, les colonies en Cisjordanie occupaient 42 % du territoire dans 121 colonies avec en plus une centaine de colonies dites « sauvages » et enfin les 12 faubourgs annexés par la municipalité juive de Jérusalem.

Cette colonisation est loin d’être anarchique. Elle répond à un plan bien déterminé visant en définitive à enfermer les Palestiniens dans des « bantoustans » relevant de l’Autorité palestinienne, totalement dépendants des autorités militaires israéliennes.

Le jeu de Go

Le jeu de Go est ce jeu de stratégie chinois qui consiste à placer des pions pour encercler ceux de l’adversaire. Eh bien, comme le dit Michel Warschawski, c’est sur le principe de ce jeu que sont édifiées les colonies israéliennes qui conquièrent peu à peu l’ensemble de la Cisjordanie. Il nous l’a montré avec ces fameuses colonies de logements autour de Jérusalem.

L’association de défense des droits de l’homme B’Tselem a publié un rapport qui décrit les mécanismes par lesquels l’Etat a peu à peu étendu son contrôle en Cisjordanie : les principales méthodes sont la réquisition de certaines zones au nom des « besoins militaires », leur classement en « terres d’Etat » ou l’expropriation pour « besoins publics ». Cette politique de colonisation systématique a été officiellement encouragée par des incitations financières et des avantages accordés aux colons encouragés à franchir la ligne verte. La plupart des colonies profitent du statut de « zones de priorité nationale » qui leur donne droit à des aides au logement et à l’éducation.

Concernant les Palestiniens, par le système du jeu de Go, on implante sur la route une station d’essence ou un petit zoning industriel qui sert de point d’attraction pour les colonies qui se construisent sur les sommets encerclant ainsi les villages palestiniens. En outre, les routes des colons se trouvent toujours au-dessus des routes palestiniennes. De plus, les Palestiniens ne peuvent exporter directement leurs productions via Israël pour accéder au port de Haïfa. Ils sont contraints de transvaser les marchandises transportées par camion dans des camions immatriculés en Israël qui, seuls, peuvent entrer en territoire israélien. Cela retarde considérablement le transport et cela augmente substantiellement les coûts.

L’objectif final de tout cela est bien entendu d’annexer à Israël la Judée (partie Sud) et la Samarie (partie Nord) qui composent la Cisjordanie.

Comme il est impossible d’expulser les Palestiniens, les Israéliens leur rendent la vie impossible espérant qu’ils partiront d’eux-mêmes.

Cependant, les Palestiniens connaissent trop bien le sort fait aux réfugiés et tiennent à rester chez eux et à vivre de leurs terres. Des résistances ont lieu. En effet, avec l’aide d’associations de solidarité, des paysans palestiniens ont déposé des plaintes devant les tribunaux israéliens et dans plusieurs cas ont obtenu gain de cause devant l’ultime instance de recours : la Cour suprême israélienne. Ce ne sont que de petites victoires, mais elles pourraient à terme considérablement gêner la poursuite de la colonisation.

Il faut bien se rendre compte que ce système est illégal aussi bien sur le plan du droit national israélien ou jordanien que sur celui du droit international

• le droit de propriété, en prenant le contrôle de vastes étendues de terres de la Cisjordanie en faveur des colonies ;

• le droit à l’égalité et d’une procédure régulière, en établissant des systèmes juridiques distincts, dans lesquels les droits de la personne sont basées sur son origine nationale, les colons étant soumis à un système juridique d’Israël, qui est basé sur les droits de l’homme et des valeurs démocratiques, tandis que les Palestiniens sont soumis le système juridique militaire, qui les prive systématiquement de leurs droits ;

• le droit à un niveau de vie suffisant, étant donné que les règlements ont été intentionnellement fixés d’une manière qui empêche le développement urbain des communautés palestiniennes, et le contrôle par Israël des sources d’eau empêche le développement de l’agriculture palestinienne ;

• le droit à la liberté de mouvement, au moyen des points de contrôle et autres obstacles aux déplacements des Palestiniens en Cisjordanie, qui sont destinées à protéger les colonies et les artères de la circulation des colons ;

• le droit à l’autodétermination, en rompant la continuité territoriale palestinienne et la création de dizaines d’enclaves qui empêchent la création d’un Etat palestinien indépendant et viable.

Alors, que faire ? Y a-t-il un espoir pour les Palestiniens ? Verra-t-on un jour la paix entre les deux peuples ? Nul n’a aujourd’hui de réponses à ces questions.

Cependant, des espoirs existent si le chemin nouveau ne passe plus par les routes des colons conquérants.

Prochain article : Deux Etats ? Impossible !

Le blog de Pierre Verhas

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 15:55

                                                                  cerveau animé

 

 

 

 

Palestine : un peuple vivant, un Etat virtuel (I)
Pierre VERHAS

Le Grand Soir propose le premier de trois articles rédigés par Pierre Verhas qui vient d’effectuer un reportage en Palestine.

En trois chapitres, voici la relation d’un voyage de conscientisation en Palestine, en la partie Cisjordanie et Jérusalem Est. Ce voyage s’est déroulé du 19 au 26 octobre 2014 et a été organisé par l’association S Académie, agence de voyages « seniors » dépendant de la Fédération des Mutualités Socialistes du Brabant. Notre guide, Madame Rebecca Lejeune, a admirablement réussi à nous faire prendre conscience de l’épouvantable réalité de la vie des Palestiniens dans les « territoires occupés » et, grâce à elle, nous avons pu rencontrer des Palestiniens et des Israéliens militants qui nous ont apporté beaucoup tant sur le plan humain que par leur connaissance du terrain et leur vécu.

Le premier chapitre est consacré au fameux Mur dit de « séparation » ou de « sécurité », en réalité de la honte.

Si les choses vues là bas nous ont profondément marqués, l’objectif de ce qui suit est avant tout de faire partager notre ressenti et notre analyse étayée par les informations qui nous ont été apportées.

Chapitre I : le boa en béton armé

Israël est un fait. Qu’on le considère comme légitime ou non, il serait stupide de remettre cet Etat en question. Il a été reconnu en 1948 par l’ONU et – c’est le plus important – par les deux grandes puissances de l’époque : les Etats-Unis et l’Union Soviétique.

Cependant, si un fait est indéniable, il en est autrement d’un fait accompli. Et depuis la guerre des Six Jours de juin 1967, Israël n’a cessé de poser des faits accomplis.

L’occupation illégale de territoires, la colonisation de ceux-ci, le mur appelé « clôture de sécurité » ou « mur de séparation » sont des faits accomplis. Il faut le voir – et mieux encore – le traverser à un des rares points de passage d’Israël à la Palestine comme le check point situé au mur sur la route de Jérusalem (occupée par Israël ayant entre autres annexé la tombe de Rachel) à Bethléem (Palestine). C’est là qu’on peut réellement sentir cette oppression.

Le check point sur la route de Jérusalem à Bethléem. Un des seuls points où il est possible de traverser le mur. On remarquera que seules les voitures immatriculées en Israël (plaques jaunes) sont autorisées à franchir le mur. En revanche, il est interdit aux Israéliens de franchir le mur par mesure de sécurité.

En le voyant pour la première fois, j’ai ressenti cette même colère, cette identique révolte qui m’ont envahies début juillet 1974 lorsque j’ai vu le mur de Berlin. Comment des hommes peuvent-ils enfermer d’autres hommes sous le seul et fallacieux prétexte de la sécurité ? N’est-ce pas avant tout parce qu’ils les considèrent comme leurs ennemis intérieurs et extérieurs ?

Le mur est présent tout au long des limites municipales de Bethléem avec le territoire israélien. Il fait partie de la vie des Palestiniens. Jusqu’à quand ?

En réalité, le mur de « sécurité » ne cache-t-il des objectifs inavouables comme la « ghettoïsation » des Palestiniens ?

Le mur est un boa en béton armé. C’est l’image qui m’est venue à l’esprit, surtout après les explications qui nous ont été données par le journaliste militant israélien Michaël Warschawski. Le boa est ce serpent non venimeux qui enroule sa proie afin de l’étouffer avant de la dévorer.

Les Palestiniens avec leur humour caustique ont baptisé la voirie qui longe le mur : Apartheid Avenue...

Un peu d’histoire

Après l’assassinat d’Yitzhak Rabin survenu à Tel Aviv le 4 novembre 1995, les accords d’Oslo signés en 1993 qui assuraient une cohabitation entre Palestiniens et Israéliens, furent progressivement démantelés par les gouvernements israéliens qui se sont succédé. L’année 2000 marqua un tournant. La violence qui avait diminué depuis Oslo, reprit de plus belle, suite à deux actes qui ne s’expliquent que par le refus d’aboutir à un compromis acceptable pour assurer une paix même relative.

En premier lieu, un rôle ambigu a été joué en 2000 par le Premier ministre de l’époque, le « travailliste » Ehud Barak. Le président Clinton avait organisé en juillet une conférence avec Ehud Barak et le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat. Barak refusa toutes les propositions palestiniennes, n’en fit aucune et annonça que c’était Arafat qui avait saboté la conférence !

Cela eut de fâcheuses conséquences pour l’Autorité palestinienne. L’opinion palestinienne estima qu’elle était impuissante à mettre fin à l’occupation israélienne. Ce fut évidemment une nouvelle source de tension.

Ensuite, Ariel Sharon intervint. Le général devenu chef du Likhoud, le principal parti de l’opposition de droite, avait la réputation de lancer ses unités dans des batailles illégales comme en Egypte en 1973 et au Liban en 1982 où eut lieu le massacre du camp de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila dont les responsabilités réelles n’ont jamais pu être établies.

La provocation de Sharon sur l’Esplanade des mosquées déclencha la deuxième Intifada. Il n’aurait pas fait mieux, s’il l’avait souhaitée !

Il souhaita visiter l’Esplanade des mosquées à Jérusalem appelée « Esplanade du Temple » par les religieux israéliens. Un conflit latent y existe depuis 1999 : le rabbinat de Jérusalem souhaite y bâtir une synagogue afin de permettre aux Juifs d’y prier, ce que refusent les autorités musulmanes qui considèrent que ce lieu leur appartient.

Malgré les mises en garde des autorités israéliennes qui craignent le déclenchement d’une révolte, Ariel Sharon qui n’est pas spécialement religieux, visite l’Esplanade le 28 septembre 2000 afin de démontrer que les Juifs ont le droit d’y prier. Cette provocation déclencha la seconde Intifada appelée aussi « Intifada Al Aqsa » du nom de la deuxième mosquée de l’Esplanade.


Entrée de la mosquée Al Aqsa sur l’Esplanade des mosquées. Depuis la provocation de Sharon, l’entrée de celle-ci est interdite à tout non musulman.

Les extrêmes s’alimentent.

L’échec des accords d’Oslo, la faiblesse de l’autorité palestinienne et la provocation de Sharon réveillèrent les groupes palestiniens les plus radicaux.

L’intifada « Al Aqsa » est armée et conduite par des militants opposés aux accords d’Oslo. Il y a des membres des branches militaires du Fatah et du Hamas, du FDLP, du FLP et du Djihad islamique. L’insurrection devient incontrôlable et particulièrement violente. Sharon succédera à Barak en février 2001 et considérera Arafat et l’Autorité palestinienne comme responsables de l’insurrection qui devient de plus en plus violente. Les attentats suicides se multiplient en Israël même. Ainsi, plusieurs bus bondés – le bus est principal moyen de transport public en Israël – explosent dans la région de Netanya, un attentat suicide eut lieu dans une boîte de nuit de Tel Aviv. Ces tragédies rendirent l’atmosphère irrespirable pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. En représailles, Tsahal procèda à des incursions meurtrières dans les territoires contrôlés par l’Autorité palestinienne.

Au printemps 2002, l’armée israélienne encercle le quartier général de Yasser Arafat à Ramallah, la capitale administrative de l’Autorité palestinienne. Il est accusé de soutenir les violences alors qu’il tente au contraire de calmer le jeu de peur de perdre les appuis internationaux dont il bénéficie. Et du côté des groupes palestiniens radicaux, il est taxé de faiblesse, voire de lâcheté. La violence reste donc maître, se poursuivra et est encore toujours latente aujourd’hui.

Un sérieux incident eut d’ailleurs lieu à Jérusalem à la fin de notre séjour. Une voiture conduite par un jeune Palestinien a foncé sur un groupe de Juifs israéliens près de la Vieille Ville. Le bébé d’une touriste colombienne a été tué. Le Palestinien a été abattu par la police des frontières. Le soir même, des heurts eurent lieu entre les forces de police et des jeunes Palestiniens voulant venger leur camarade. En même temps, ils s’attaquèrent à la ligne de tram qui longe la route Nord Sud qui sépare Jérusalem Ouest de Jérusalem Est, construite sur le no man’s land d’avant 1967. Ce tram représente un symbole de l’occupation.

Le président israélien Reuven Rivlin s’est ému de ces incidents sanglants. Il a rencontré les représentants de la communauté des Arabes israéliens et leur a déclaré qu’il avait honte des massacres Kafr Kassem, un village arabe proche de Tel Aviv, qui ont eu lieu en octobre 1956. En réalité, le président a fait ce geste pour tenter d’apaiser la communauté arabe israélienne qui représente 20 % de la population et qui vit essentiellement à Jérusalem et au nord d’Israël, de crainte qu’elle se rallie à la cause palestinienne.

L’intifada Al Aqsa est loin d’être terminée !

Le mur de « sécurité »

L’idée d’une séparation physique entre les Palestiniens et les Israéliens est assez ancienne. Yitzhak Rabin la défendait déjà au début des années 1990. Ce n’est d’ailleurs pas une innovation.

En effet, un premier mur avait été bâti autour de Gaza durant la première Intifada (1987-1993), lorsque l’Etat hébreu entoura cette zone d’une barrière électrifiée infranchissable. Celle-ci lui permit de maintenir son autorité sur ses seize colonies ainsi que de contrôler les mouvements de Palestiniens.

La construction du mur séparant la Cisjordanie du territoire israélien antérieur à 1967 est décidée en 2002. Il consiste en une clôture trois fois plus haute et deux fois plus large que le mur de Berlin. Israël va annexer unilatéralement une partie substantielle de la Cisjordanie et resserrer les barrages militaires autour des villes palestiniennes, en y enfermant ainsi les habitants.

Il est structuré en éléments en béton armé modulables le long des zones urbaines et en clôtures de barbelés électrifiés en zone rurale.

La première étape « consiste à séparer Israël de la majeure partie du nord de la Cisjordanie. La clôture suit les frontières de 1967 tout en y annexant de nombreuses colonies ; elle entoure étroitement plusieurs territoires-clés palestiniens et en découpe d’autres. Des zones palestiniennes comme le village de Qaffin se voient privées de 60 % de leurs terres agricoles, tandis que d’autres, comme la ville de Kalkilya, ne sont pas seulement privées de leurs terres, mais la clôture les coupe et de la Cisjordanie et d’Israël. Cette portion du mur coûte au gouvernement israélien plus d’un million de dollars le kilomètre et il est fortifié par des parois de béton de 8 mètres, des tours de contrôle tous les 300 mètres, des tranchées profondes de 2 mètres, des fils barbelés et des routes de contournement.

La première partie de ce mur « du Nord » s’étend sur 95 kilomètres de Salem à Kafr Kassem [le village où se perpétrèrent les massacres d’octobre 1956] et va aboutir de facto à une annexion de 1,6 % de la Cisjordanie incluant 11 colonies israéliennes et 10 000 Palestiniens.  » (Mattheuw Brubacher, Monde Diplomatique, novembre 2002)

Des femmes palestiniennes habitant Bethléem et venant de Jérusalem sont contrôlées au check-point "Gilo Checkpoint" situé à l’entrée de Bethléem. Outre l’évidente humiliation, ces check points affectent gravement l’économie de la région et menacent même la santé des Palestiniens en bloquant les ambulances ! Cette photographie m’a été offerte par le directeur d’une école palestinenne dont je parlerai au troisième chapitre.

Du côté de Jérusalem, la situation est spécifique. De nouvelles colonies ont été construites tout autour du « grand Jérusalem ». Le mur sépare ainsi la population juive des colonies, des Arabes de Jérusalem-Est.

Des non citoyens

Notons un aspect particulier. Il existe à Jérusalem-Est des camps de réfugiés palestiniens datant de la « nabka » de 1948. Après la conquête de la partie orientale de Jérusalem, ces réfugiés ont perdu toute nationalité. Ils ne sont pas Jordaniens comme les habitants de Jérusalem Est et ils ne sont pas reconnus comme relevant de l’Autorité palestinienne qui n’a d’ailleurs aucun pouvoir sur la partie arabe de Jérusalem. Aussi, il leur est impossible de disposer de papiers, de circuler, de franchir les check points, bref, d’avoir une vie normale et de bénéficier d’une protection juridique. Ils vivent uniquement de l’aide des Nations Unies et de quelques pays arabes et européens. En plus de l’aspect dramatique et intolérable de leur situation, il s’agit là d’un foyer de tensions qui n’est pas prêt de s’éteindre.

Vue panoramique du mur séparant le camp de réfugiés Palestiniens Shu’fat de la municipalité de Jérusalem. Ces réfugiés au statut indéfini n’ont aucune possibilité d’accéder aux services municipaux de la ville de Jérusalem. C’est de l’apartheid pur et simple ! Cette photo nous a été offerte par le même directeur d’école.

L’objectif réel du mur

Si le mur de « sécurité » a incontestablement mis fin aux attentats suicides, beaucoup d’Israéliens pensent qu’on aurait pu trouver une autre solution pour éradiquer ces attentats.

En réalité, le sécuritaire est un prétexte. Lisons encore Matthew Brubacher :

«  Pour l’instant [en 2002], Israël se focalise sur la construction de barrières pour couper les zones israéliennes de la population palestinienne. Dans le Nord, Israël a construit un mur qui traverse la zone de Qalandia afin de dissocier Jérusalem de Ramallah. A l’est, une paroi en béton a été érigée le long du mont des Oliviers pour couper les zones palestiniennes d’Abou Dis et d’Azzaria de Jérusalem. Dans le sud, un mur et une tranchée séparent Bethléem de Jérusalem et, de surcroît, entraînent l’annexion d’une partie considérable des dernières terres municipales palestiniennes. Israël annexe ainsi le site - sacré pour les juifs comme pour les musulmans - dit de la tombe de Rachel, pourtant situé bien à l’intérieur de Bethléem et bordé par deux camps de réfugiés.

Encouragé par l’absence de condamnation internationale de ces actions, le maire Ehud Olmert prépare également la construction d’un mur autour de Kufr Aqab et du camp de réfugiés de Qalandia. Situés dans la partie nord de la municipalité israélienne de Jérusalem, les habitants palestiniens de cette zone disposent de cartes de résidence de Jérusalem et paient des impôts, mais ils n’ont pas accès aux services municipaux. Au contraire, le check-point de Qalandia limite leurs possibilités d’entrer à Jérusalem. De plus, M. Olmert entend construire un mur additionnel pour couper ces zones de la Cisjordanie, enfermant ainsi leurs habitants dans une prison virtuelle.

Une fois le mur achevé, du nord de la Cisjordanie à Jérusalem, l’Etat hébreu aura annexé 7 % de la rive occidentale, dont 39 colonies israéliennes et environ 290 000 Palestiniens, 70 000 d’entre eux n’ayant pas officiellement le droit de résidence en Israël et donc pas le droit de voyager ou de bénéficier des services sociaux israéliens - alors même qu’Israël leur a supprimé tout moyen d’existence en Cisjordanie. Ces 70 000 Palestiniens connaissent une situation d’extrême vulnérabilité et seront sans doute progressivement forcés à émigrer. Si le mur s’étend vers le sud jusqu’à Hébron, on estime qu’Israël aura encore annexé 3 % supplémentaires de la Cisjordanie. » Ce texte a été publié en novembre 2002.

Le tracé du mur de "sécurité" ne suit pas la ligne verte. Son objectif réel est de séparer les colonies des villages palestiniens et de s’accaparer de l’eau et des meilleures terres de Cisjordanie. A noter que cette carte date de 2005.

Actuellement, le mur est long de 730 km, le parcours suivi par la barrière est complexe. La barrière suit la ligne verte – c’est-à-dire la frontière d’Israël et de la Cisjordanie d’avant 1967 – mais pénètre profondément à l’intérieur de cette même Cisjordanie pour intégrer des colonies juives.

Seulement 20 % du tracé du mur suit précisément la ligne verte qui est longue de 320 km. Le reste empiète dans le territoire cisjordanien pour englober la majeure partie des colonies israéliennes ainsi qu’une partie des puits les plus importants de la région. Elle s’écarte à certains endroits de plus de 23 kilomètres de la ligne verte.

Des sections de la barrière sont construites sur des terres confisquées à des Palestiniens. Dans un compte rendu récent, l’ONU a précisé que le tracé le plus récent de la barrière prévoit davantage de segments construits sur la ligne verte elle-même en comparaison aux précédentes ébauches de tracé.

Le mur a donc un double objectif : Primo, intégrer au territoire israélien les colonies juives et isoler et encercler les Palestiniens de Cisjordanie ; secundo, à terme, en leur rendant la vie impossible, faire partir les Palestiniens de Cisjordanie et annexer la totalité de ce territoire jusqu’au Jourdain qui longe la frontière jordanienne.

Mais, nous le verrons dans le prochain chapitre, les choses ne se déroulent pas tout à fait comme les Israéliens le souhaiteraient. Les Palestiniens s’accrochent et très peu envisagent de s’en aller.

Le mur de la fin ?

L’histoire a montré qu’aucun mur de séparation, qu’aucune muraille, qu’aucune forteresse n’a tenu. L’homme ne se protège pas en se barricadant.

La RDA a disparu suite à la chute du mur de Berlin. Israël pourrait bien ne pas se remettre de la fin du mur de séparation. Le projet sioniste qui, au départ, était animé par la volonté de libérer le peuple Juif en lui donnant une terre, est mort depuis longtemps. Il a été accaparé par les nationalistes et les religieux qui tiennent le haut du pavé. La société israélienne a profondément changé depuis 1967. Elle porte en elle de terribles contradictions qu’elle n’arrive pas à surmonter.

Est-ce irréversible ? Sans doute non, mais cela impliquera un profond changement culturel et moral.

Le bon sens montre qu’en emprisonnant le peuple voisin, on enferme son propre peuple. Ce mur est en outre une aberration morale. Il est insupportable, tout simplement.

Tout être vivant meurt bien un jour !

Le dernier soir, nous sommes allés « contempler » le mur une dernière fois. Nous avons rencontré un journaliste Palestinien de Bethléem. Il nous a expliqué toute la problématique du mur. Il est en quelque sorte le gardien de sa mémoire. En effet, il photographie tous les tags nouveaux, la répression de l’armée et des milices privées israéliennes. Il publie tout cela dans son journal. Notre guide Rebecca y a laissé la signature de notre groupe. Je lui laisse le soin de publier elle-même son « œuvre » que nous considérons comme une petite bouteille d’eau jetée sur un océan d’oppression.

Dans la soirée, Rebecca avait rendez-vous avec ce journaliste militant. Il est venu la chercher à l’hôtel avec sa voiture. Comme son véhicule est assez ancien, sa portière ne ferme plus très bien. En sortant près du mur, il utilise un couteau de cuisine pour enclencher la serrure. Voyant cela, une patrouille de la police israélienne les arrête. Le couteau de cuisine est une arme prohibée ! Les flics emmènent le journaliste et Rebecca de l’autre côté du mur en territoire israélien. Elle avait laissé son passeport à l’hôtel. Suite à cela, ils ont été retenus jusqu’à 1h du matin, puis ont été relâchés. Quant aux explications, on les attendra encore longtemps.

Ce petit incident est révélateur des méthodes de harcèlements des militaires, de la police et des milices privées israéliennes et de la tension permanente qui est entretenue non seulement par le mur, mais aussi par les incursions des forces israéliennes qui entretiennent la peur.

On constate que les tags sur le mur expriment aussi la solidarité internationale à l’égard du peuple Palestinien.

On constate que les tags sur le mur expriment aussi la solidarité internationale à l’égard du peuple Palestinien.

Un débat à propos du mur se déroule entre les Palestiniens : en taguant ce mur, ne donne-t-on pas la beauté à cette horreur ? En effet, il y a de véritables œuvres d’art dont l’une a été vendue à 500 000 Euros ! Voici la réponse à cette question, bien typique de l’esprit Palestinien : « En le peignant nous rendons ce mur vivant et tout être vivant meurt bien, un jour ! ».

Suite : Chapitre II : les ghettos colonialistes

Le blog de Pierre Verhas

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 15:51

 

                                                           cerveau animé

 

 

Palestine : un peuple vivant, un Etat virtuel (III)
Pierre VERHAS

Deux Etats ? Impossible !

J’ai posé la question suivante à Michel Warschawski : que pense-t-il de la thèse de Charles Enderlin exposée dans son récent ouvrage « Au nom du Temple » (Seuil, 2013), à savoir la mainmise du religieux sur la société et la politique israéliennes ?

Il marqua à ce sujet son désaccord avec Enderlin qu’il compte par ailleurs comme ami. Michel Warschawski estime que ce sont des politiques qui instrumentalisent la religion afin d’imposer leur politique discriminatoire à l’égard des Palestiniens et non la religion qui s’impose dans le conflit.

C’est en partie exact. Par exemple, Sharon s’est servi de revendications des religieux pour justifier sa « promenade » sur l’Esplanade des mosquées. Mais aujourd’hui, on peut se poser la question : Netanyahu qui n’est pas non plus spécialement religieux, n’est-il pas lui-même instrumentalisé par les groupes religieux ?

La société israélienne, nous l’avons déjà écrit, a profondément changé depuis une trentaine d’années. Prenons l’exemple de sa structure principale : l’armée, l’incontournable Tsahal qui est au centre de la vie israélienne. Voici ce qu’écrit le diplomate et historien Elie Barnavi dans son dernier ouvrage Dix thèses sur la guerre (Flammarion, Café Voltaire, 2014).

La délaïcisation de la société israélienne

« Pendant les deux premières décennies de l’Etat, avec l’hégémonie sans partage de l’establishment travailliste, l’armée a été largement dominée par la gauche, avec une présence disproportionnée de membres des kibboutzim. Dans un deuxième temps, l’arrivée aux affaires en 1977 du Likhoud porte-parole autoproclamé du « second Israël » des « Orientaux », des localités de la périphérie et des quartiers défavorisés des grandes villes, a commencé d’entamer la toute puissance travailliste, à l’armée comme ailleurs.

Troisième temps, enfin, celui de l’affaissement du sionisme séculier et de la montée en force du néosionisme religieux. A la faveur de la colonisation des territoires occupés, la vigueur de cette version messianique et millénariste du mouvement national juif, autrefois cinquième roue de la charrette sioniste, a propulsé les partisans de cette mouvance au cœur de l’Etat et, partant, de l’armée. La motivation de l’excellence militaire a changé de camp. (…)

L’armée aurait-elle viré à droite, un effet de plus de cette symbiose entre la société et son armée qui est la marque distinctive du militarisme à l’israélienne ? (…) En fait, à l’image de la société globale, au moins deux conceptions opposées de l’armée et de la guerre cohabitent au sein de Tsaha. Elles relèvent de visions du monde incompatibles. Pour l’une, toujours majoritaire – pour combien de temps ? -, « l’armée du peuple » est et doit rester séculière, intégrative et soumise au pouvoir civil. Pour l’autre, issue des yeshivot (académies talmudiques) du courant religieux-national, l’armée est certes « du peuple », mais celui-ci n’est pas souverain. Dieu seul est souverain, sa Thora est sa constitution et les rabbins sont ses interprètes. »

Ce sont donc deux sociétés qui cohabitent – elles n’en sont pas encore à l’affrontement - : la société laïque autrefois dirigée par l’establishment askénaze qui est manifestement en déclin, et la société messianique s’appuyant sur les sépharades, les juifs ex-soviétiques, la classe ouvrière, commerçante et paysanne non issue des kibboutzim, sans compter les laissés pour compte d’un pays particulièrement frappé par la crise.

Cette évolution est très dangereuse. Alors que l’ensemble du Moyen-Orient est confronté au fondamentalisme musulman, le messianisme s’installe en Israël et menace même ses fondements démocratiques.

Un débat se déroule en Israël. Il a été introduit par le philosophe Yoram Hazony, proche du mouvement messianique. Charles Enderlin le cite : « Kasher [Assa Kasher, un autre philosophe israélien nationaliste] affirme qu’un Etat « juif et démocratique » est un pays où la population est juive et l’Etat une démocratie universaliste. En d’autres termes, un Etat « juif et démocratique » est un Etat non juif. »

Ces propos sortent du cadre universitaire. Les idées exprimées se concrétisent dans l’armée. Barnavi le dénonce : « Cette dichotomie [l’armée séculière face à une armée soumise aux diktats religieux] n’a rien de théorique. Et il cite le rôle du rabbinat militaire qui ne devrait qu’assurer son rôle d’aumônerie religieuse. « … en fait, il inonde la troupe de propagande nationale – religieuse : sainteté et intégralité de la Terre d’Israël donnée une fois pour toutes en héritage inviolable et obligation de traiter les ennemis d’Israël selon l’injonction biblique « d’exterminer Amalek » ». Sans compter, bien entendu, comme dans tout système religieux, un statut inférieur pour la femme.

On devine ce qu’impliquent ce système de pensée : non seulement, le caractère démocratique de la société israélienne est menacé, mais son armée pourrait se livrer aux pires exactions au nom des prescrits religieux. Enfin, ce serait un sacrilège de céder le moindre pouce carré de terrain d’Eretz Israël, ce qui rend évidemment impossible toute négociation avec les Palestiniens considérés comme des intrus à chasser impérativement.

Et comme cela a été déjà dit : les extrêmes s’alimentent. Ce 5 novembre, c’est la deuxième « voiture bélier » conduite par un djihadiste palestinien qui a foncé sur la foule à la limite entre Jérusalem Est et Ouest. D’autre part, les Juifs extrémistes continuent à semer le trouble en tentant de « prier » sur l’esplanade des mosquées. Le gouvernement a fermé l’esplanade pendant quelques jours. Cela a provoqué la révolte des Palestiniens de Jérusalem et un incident diplomatique : la Jordanie a rappelé son ambassadeur. En effet, c’est le royaume hachémite qui a la responsabilité de l’esplanade des mosquées. D’autre part, la nouvelle Haute représentante aux Affaires étrangères de l’Union européenne, l’Italienne Frederica Mogherini se rend en Israël et en Palestine et plaide pour la reconnaissance de l’Etat palestinien et un minimum de tolérance de la part des Israéliens. Rappelons que la Suède, membre de l’UE, a tout récemment reconnu l’Etat palestinien.

Tout cela montre qu’il y a un changement après le lamentable échec de la mission du secrétaire d’Etat étatsunien John Kerry au Proche Orient. Ne boudons pas cette avancée diplomatique, mais elle est loin d’être un progrès significatif.

Une identité incertaine

En effet, on a la très nette impression que les Israéliens vivent dans un univers où l’Autre est absent, voire inexistant. Michel Warschawski parlant de sa jeunesse militante dit : « Nous découvrions ce que la culture israélienne faisait tout pour nous cacher : notre environnement arabe, sa réalité, ses espoirs, ses contradictions. Les Arabes que nous rencontrions commençaient, eux, à percevoir un autre Israël, plus compliqué que l’image unidimensionnelle qu’ils en avaient, plus prometteur aussi » Cela est frappant aujourd’hui : les Palestiniens que nous avons rencontrés connaissent bien mieux la complexe réalité israélienne que les Israéliens connaissent la leur. C’est une des clés du problème. Et cette complexité se trouve dans la difficulté à définir l’identité juive.

Schlomo Sand écrit dans son dernier ouvrage Comment j’ai cessé d’être juif (Flammarion, Café Voltaire, 2014). Il évoque l’Etat d’Israël comme étant une « ethnocratie » : « elle se dit « Etat juif » (…) mais elle n’est pas à même de définir qui est Juif. » Pour les religieux, spécialement les Juifs talmudiques, la chose est claire, est juif toute personne née d’une mère juive ou qui s’est converti selon la loi, et qui accomplit les préceptes essentiels. Mais, l’Etat d’Israël, dès sa création, a été confronté à une immigration juive diversifiée, composée même de couples « mixtes » - (un(e) Juif(ve) et un(e) non Juif(ve) - et de Juifs laïques. Sand ajoute : « Le sionisme avait de plus défini les Juifs comme un « peuple » d’origine unique, ce qui, comme le judaïsme avant lui, faisait redouter une « assimilation » des juifs avec les peuples voisins. »

Ce qui fait que l’Etat laïque israélien ne pratique pas le mariage civil. Ne peuvent se marier qu’un juif avec une juive, un musulman avec une musulmane, de même pour les chrétiens et les druzes. Il en est de même pour l’adoption.

Il y a là une contradiction manifeste qui empêche de définir précisément ce que signifie être juif ! De telles contradictions de telles tensions permettent-elles dès lors, en plus des entraves matérielles évidentes, de créer deux Etats ?

Deux Etats

En Occident, on n’évoque que la solution à deux Etats : Israël d’avant 1967 avec quelques « réajustements » et la Palestine sur les territoires occupés comprenant la Cisjordanie et Gaza.

Tous ceux qui expriment leur scepticisme sur le réalisme de cette solution, sont taxés de bellicistes, d’ignares, voire d’antisémites.

Or, créer un Etat palestinien aux côtés de l’Etat d’Israël est une aberration. Voici ce qu’en pensent Michèle Sibony de l’Union française Juive pour la Paix (UFJP) et Michel Warschawski au nom du Centre d’informations alternatives.

« Près de vingt ans de négociations… comme s’il n’était pas légitime de s’interroger sur le sens de ces négociations et leur résultat : démantèlement de l’intégrité territoriale de la Cisjordanie, séparation de celle-ci et de la bande de Gaza, colonisation massive, mur de séparation, annexion de Jérusalem-Est, siège de Gaza, puis bombardements, invasion et crimes de guerre, peut-être même crimes contre l’humanité, dit le rapport Goldstone. Tout cela ne s’est-il pas passé à l’ombre de négociations tronquées où les droits des Palestiniens n’ont pas été pris en compte mais progressivement réduits, et où les faits du terrain imposés par Israël ont été progressivement entérinés par la communauté internationale ? Et comment ne pas s’interroger sur la perspective de deux États, alors que la carte qu’Israël dessine sous nos yeux depuis dix ans, sans que personne ne tente sérieusement de l’arrêter, est celle d’un grand État juif de la mer au Jourdain avec quelques enclaves palestiniennes isolées, destinées à lui servir de bassin de main-d’œuvre sans droits ?  »

Et ils ajoutent :

« L’existence d’une Palestine indépendante aux côtés d’un État israélien n’a de sens pour UAVJ (Une Autre Voix Juive, association à tendance socialiste) que parce qu’elle garantirait la pérennité d’un État israélien, en tant qu’État (démographiquement) juif. Il faut pour cela interdire l’antisionisme, qui permettrait de remettre en question la nature actuelle d’Israël. Et l’antisionisme est renvoyé aux antisémites qui l’utilisent,« ce qui suffit à le disqualifier ».

En plus, cette idée s’inscrit dans la logique néoconservatrice dominante en Occident : le choc des civilisations.

« Ce discours-là ressemble à s’y méprendre à celui de certains « penseurs » français du choc des civilisations. Mais UAVJ va plus loin et n’hésite pas à lier les mouvements antisémites qui pourraient s’emparer du boycott avec les populations musulmanes : « Une telle orientation [celle d’un boycott universitaire culturel et sportif] serait un grave danger pour les forces progressistes françaises et israéliennes qu’elle isolerait. Elle pourrait aisément être endossée par des mouvements antisémites, et ainsi contribuerait à creuser, en France, le fossé entre les populations de culture juive et de culture musulmane. » Insupportable raccourci qui disqualifie pour le coup la suite de la tribune présentant le travail d’UAVJ. L’action politique des mouvements anticolonialistes en Israël et d’organisations juives progressistes en Europe, comme l’UJFP en France, où nous avons, dans nos pays respectifs, fait le choix de militer, est en effet l’inverse de celui-là, et répond à une double démarche : d’une part, défaire les liens insupportables qui devraient nous rendre a priori solidaires de notre « communauté », de ses porte-parole et d’un discours politique dont l’Alpha et l’Omega sont le soutien inconditionnel à Israël et la défense de son impunité ; d’autre part, développer des liens de solidarité et un combat commun avec tous ceux qui luttent contre le colonialisme et le racisme, et pour l’application du droit. Un tel combat ne peut, évidemment, être conduit sous le drapeau du sionisme. En Israël comme en France, nous combattons le discours de propagande (du Crif en particulier) qui identifie sionisme et judaïsme, et son corollaire infâme qui lie antisionisme et antisémitisme. Lien qui emprisonne les Juifs dans un soutien inconditionnel à Israël et qui interdit toute critique d’Israël comme antisémite, en désignant de plus les nouveaux antisémitismes : « les populations de culture musulmane ». »

Les Palestiniens que nous avons rencontrés à Hébron ne disent pas autre chose. Ils pensent aussi que la solution à deux Etats est non seulement impossible, mais guère souhaitable. Il suffit de voir sur le terrain. La Cisjordanie est devenue un « gruyère » où les trous sont les quelques enclaves palestiniennes dépendant de l’Autorité palestinienne.

Les Palestiniens ne disposent d’aucun accès à la mer, n’ont pas d’aéroport – celui de Gaza a été détruit -, il n’y a pas de réseau routier digne de ce nom qui leur est accessible. Rien ne garantit, en ce cas de figure, leur libre circulation. Bref, trop d’hypothèques pèsent sur cet éventuel « deuxième » Etat qui n’est de toute façon pas près de voir le jour.

Et on peut rejoindre cette analyse de Michel Warschawski : « L’idée d’un compromis territorial avait un sens dans un contexte historique donné. Ce contexte peut rapidement changer et rendre l’idée d’une partition obsolète. » (Entretien avec Maximilien Le Roy La boîte à bulles).

La clé du problème : les réfugiés

Ils prônent au contraire la solution à un Etat judéo-palestinien. Mais il reste un problème majeur qu’on élude comme toujours lorsque l’on se heurte à une difficulté insurmontable : la question des réfugiés.

Nous avons déjà évoqué l’absence de statut pour les réfugiés de la nabka de 1948 à Jérusalem. Les réfugiés palestiniens en Cisjordanie ne connaissent pas un sort plus enviable, même s’ils disposent d’une certaine liberté de circulation et peuvent peu ou prou trouver du travail. Mais, en dehors de la « charité » internationale et de l’aide de l’ONU, ils ne disposent d’aucune infrastructure qui pourrait leur permettre de se développer comme des écoles, des dispensaires, des ateliers, des commerces, etc.

La Cisjordanie compte 19 camps de réfugiés. Nous avons visité celui de Deischeh à Bethléem. Ce camp a été créé en 1949 et compte aujourd’hui quelque 4.700 habitants.

La peur de la Nabka

À la lecture de ces chiffres, la question des réfugiés est fondamentale et on ne pourra pas l’éluder. Mais, comme dit Warschawski : « Israël est une société malade, une société (…) violente. Au cœur de cette violence, il y a une peur. On parle de la peur de la Shoah, de l’Islam, mais il y a une peur beaucoup plus profonde : c’est ce que j’appelle les démons de la Nabka, les démons de 1948. C’est dans l’inconscient collectif. L’Israélien sait quelque part dans sa tête, même s’il ne connaît rien à l’Histoire qu’il y avait des gens avant. Il est dans cette angoisse du retour, cette angoisse de la vengeance, cette peur de celui qui n’est plus là. C’est ce qui, pour moi, travaille le plus profondément l’inconscient de la société israélienne.

Le deal d’Oslo, ça peut marcher dans la diplomatie, mais pas dans l’inconscient. L’Israélien ne sera pas libéré de ses démons, et donc du comportement fou qu’ils engendrent, tant que le réfugié ne pourra pas revenir. (…)

Toute solution se doit prendre à bras le corps cette question, non seulement pour faire justice aux Palestiniens, mais aussi pour débarrasser Israël des démons qui la hantent. »

Chasser les « démons », prendre à bras le corps la réalité avant tout humaine du problème sera enfin prise en compte. Est-ce irréversible. Michel Warschawski répond : « Une situation est irréversible uniquement quand ceux qui en sont victimes cessent de croire que ça peut changer. »

Des efforts, de petits efforts se font en Palestine. Nous les examinerons dans le quatrième et dernier volet de ce compte-rendu. Ils sont des gouttes d’eau dans la mer, mais ils permettent de penser que cela peut changer.

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