Le Parti communiste Espagnol va porter devant la justice l'affaire du dictionnaire biographique de l'Académie royale d'Histoire qui fait l'apologie de la dictature franquiste
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Le PCE va remettre entre les mains de la justice le Dictionnaire biographique élaboré par l'Académie royale d'histoire affirmant qu'il contient une apologie de la dictature franquiste, s'enthousiasmant pour des personnes-clés du régime, comme le dictateur Franco lui-même, Carrero Blanco et Alonso Camilo.
Le secrétaire-général du PCE, José Luis Centella, considère que nous ne sommes pas confrontés à une histoire de mauvais goût mais bien à une tentative de réviser l'histoire pour réhabiliter une interprétation de celle-ci disculpant clairement les bourreaux et incriminant les victimes tout en disqualifiant, par exemple, le Président Negrin, et en reprenant même le qualificatif de « bandits » pour les guérilleros républicains qui ont tenté de suivre en Espagne l'exemple de la résistance européenne face au nazisme et au fascisme.
Centella considère particulièrement grave que ce soit une institution qui essaie de se présenter comme la référence pour l'étude de notre historique qui avalise cette publication. Ne pas effacer ces éléments ferait école pour des avilissements futurs, puisque puiseront dans ce dictionnaire tant les manuels scolaires que les historiens futurs qui se retrouveront avec une histoire manipulée au service des héritiers politiques et idéologiques de la dictature.
En conséquence, en tant que PCE, cela va de soi qu'il n'est pas possible de croiser les bras et de regarder de l'autre côté, il faut agir, pointer des responsabilités et éliminer de l'édition tout ce qui peut être apologie de la dictature ou de ses dirigeants et remettre à leur juste place les représentants de la légitimité républicaine.
La responsable du Secrétariat de la Mémoire historique du PCE, Gloria Aguilar, s'est exprimé dans le même sens : appeler « Guerre de libération » ou « Croisade » la guerre civile contredit directement la Loi de Mémoire historique, tente d'effacer tous les symboles de cette Guerre étant donné qu'il s'agissait d'une rupture de l'ordre légal et légitime que représentait la IInde République Espagnole. Pour elle, il est plus que justifié que la justice fixe des actions à développer pour éviter que ne se poursuive cette déformation de notre histoire.
D'autre part, le PCE estime que le Gouvernement devrait également prendre ses responsabilités pour avoir subventionné à la hauteur de près de 6 millions d'euros une œuvre qui n'a aucunement été suivie, et dont résultat final n'a pas été revu. Il ne s'agit pas d'effectuer des censures préalables, mais tout simplement de vérifier que l'argent public ne soit pas utilisé pour manipuler notre histoire en contradiction flagrante avec la nécessité de retrouver notre mémoire pour remettre tout le monde à sa place, sans transformer les victimes en bourreaux et ces derniers en sauveurs de la Patrie.
Il est insultant, pour Gloria Aguilar que les centaines de milliers d'espagnols qui ont donné le meilleur de leur vie pour en finir avec la dictature franquiste et pour construire un système démocratique aient à subir aujourd'hui une telle peine en voyant leur histoire manipulée et leur lutte considérée comme du terrorisme ou du banditisme, renvoyant sous sa forme la plus pure au langage des années les plus dures de la répression.
Enfin, le PCE estime que cette audace des forces les plus fascistes de la culture espagnole est liée à l'offensive de la pensée réactionnaire qui cherche à renouer avec les valeurs du franquisme et à obtenir non seulement l’impunité des crimes du franquisme, mais aussi que ses auteurs passent à l'histoire comme des héros libérateurs de la patrie.